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Arnljotur, jeune Islandais de 22 ans, s’apprête à quitter son pays natal, ses champs de lave, son vieux père et son frère jumeau « qui a un problème » pour aller sur le continent travailler dans une célèbre roseraie,un jardin de moines, « le Merveilleux Jardin des Roses célestes ». Il emporte avec lui des boutures d’une rose exceptionnelle à huit pétales, que sa mère a réussi à cultiver en Islande. Ce goût pour les plantes, les roses, les jardins, lui vient justement d’une forte affinité avec cette mère, morte brutalement dans un accident de voiture, et qui, avant de mourir, a téléphoné ses dernières recommandations à son fils. Le jeune Lobbi (un des surnoms que lui donne son père) a aussi une petite fille, Flora Sol, fruit des amours furtives d’Arnljotur et d’Anna, un soir au fond de la serre maternelle.
En chemin, Lobbi subit une opération de l’appendicite, rencontre une jeune apprentie comédienne à qui il peut raconter son histoire, et arrive au monastère où il est accueillipar frère Thomas, l’abbé cinéphile, qui devient en quelque sorte son père spirituel. Il lui confie ses pensées sur le corps, le sexe et la mort, et sa quête de lui-même. De ce nouveau cocon qu’est l’abbaye, Lobbi sortira pour devenir et grandir…
Un jeune homme qui entreprend un voyage initiatique à la recherche de la beauté, de l’identité, un jardin de moines qui respire la magnificence et la sensualité des roses, un moine qui apprécie les liqueurs et les films : c’est à une explosion des sens que nous convie Audur Ava Olafsdottir. Le parfum des roses, les odeurs de cuisine autour du monastère, le goût des alcools de frère Thomas, les silhouettes de jeunes femmes à deviner, les formes potelées d’un petit corps d’enfant à toucher, et j’en oublie, il y a beaucoup de choses à sentir, à toucher, à regarder, à goûter dans ce livre. Le tout dans une forme assez simple, très contenue, marquée sans doute par la fraîcheur des températures islandaises.
Le livre m’a paru plaisant, plein de charme, un peu léger cependant. Pourtant, ce joli passage (p. 160) exprime sans doute la métaphore de cette rose extraordinaire et du jeune homme, qui a dû quitter son pays pour prendre le temps de s’ouvrir au monde et à lui-même :
« Tandis que je le parcours avec lui, le Merveilleux Jardin des Roses Célestes, tel qu’il est nommé dans les vieux livres, prend corps peu à peu dans mon esprit. Il va falloir commencer par arracher les mauvaises herbes et tailler les plantes – ce qui pourrait prendre deux semaines en travaillant dix heures par jour ; ensuite il faudra élaguer et planter à nouveau. Je choisis déjà un endroit abrité et ensoleillé pour la nouvelle variété de rose que je vais ajouter. Elle ne sera peut-être pas très visible au début et ne fleurira pas tout de suite, mais ici sont justement réunies les conditions et la lumière pour qu’une nouvelle variété de rose inconnue se mette à pousser dans le terreau fertile. Il n’est pas possible de s’en remettre plus longtemps aux fioles de l’hôpital, on ne peut pas cultiver éternellement la vie dans du coton. Je décide de ne pas tarder davantage à mentionner la rose à huit pétales qui se trouve sur l’appui de la fenêtre de la pension, et je sors la photo d’une rose épanouie dans une serre. »
J’ai bien aimé aussi le mystère qui plane sur les lieux, on ne sait pas très bien où se trouve ce jardin merveilleux, j’ai été touchée par le personnage de frère Thomas, le moine si humain qui aime les films d’art et essai et les alcools fruités (au passage, merveilleux résumé de Bleu). Un court passage qui m’ beaucoup touchée :
« Lorsque je reviens à la pension, je tombe sur frère Thomas dans l’entrée.
– Tu es le bienvenu, si tu veux passer voir les regrets avec moi.
– Les quoi ?
– La nostalgie. Il faut regarder la souffrance dans les yeux pour pouvoir partager celle de ceux qui souffrent. » (p. 171)
D’autres avis enthousiastes chez Griotte, Kathel, Cathulu, Clara…
Antigone l’a laissé tomber…
Audur Ava Olafsdottir, Rosa Candida, Editions Zulma, 2010
Un livre lu dans le cadre du challenge Rentrée littéraire 2010 (4/7) et Voisins voisines
Un tout petit peu léger, certes, mais qui fait du bien… Je suis contente que tu l’aies aimé !
C’était une lecture bien faite pour mon état du moment ! Et, me connaissant, son charme va agir petit à petit, de sorte que j’en parlerai avec plus d’enthousiasme encore !
Il est sur ma PAL depuis ma rencontre avec l’auteure et je compte le lire très bientôt.
Je serai curieuse de lire ton billet, parleras-tu de la rencontre avec Audur Ava Olafsdottir ?
Coup de coeur pour ce roman, j’ai été transportée par cette histoire emplie de douceur.
Je vais faire un lien avec ton article alors ! Il m’a échappé, excuse-moi ! Et je vais réfléchir au tag que tu m’envoies, accorde-moi au moins un jour de réflexion !
j’ai noté ce titre, j’espère le lire bientôt!
J’espère que tu te laisseras séduire toi aussi ! (Il fait couler de nombreux commentaires en tout cas…)
Je ne pense pas parler de la rencontre non, je n’ai pas pris de note, et puis surtout, je la revoie au printemps prochain et ce sera plus intéressant puisque j’aurai lu son livre.
D’accord, prends d’abord du plaisir à le lire et à (j’espère) céder à son charme. Chouette que tu la revoies !
je viens de le recevoir en livre voyageur…
Je te souhaite beaucoup de plaisir, Lystig, je viendrai lire ton billet avec intérêt !
Je lirais volontiers ce livre si je le vois à la bibliothèque. Le sujet me plaît bien!
Il plaît à de nombreuses blogueuses ! Un petit livre assez facile à lire, une évasion idéale pour fin d’années surchargées !
Je bien aimé ce voyage, ce jardin qui sont plus profonds qu’il n’y parait au premier abord…
Un voyage initiatique vers une abbaye, avec une rose à huit pétales qui rappelle une mère aimée : on est entre ciel et terre.