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Un homme conduit sa fille chez les Kinsella, des fermiers du Wexbridge. Il s’agit de soulager la mère, de nouveau enceinte, et qui doit gérer sa famille nombreuse et la ferme. A l’arrivée, on sent bien quelques tensions inexpliquées entre le « couple d’accueil » et le père. Celui-ci repart en oubliant la valise de l’enfant dans son coffre…
Je n’ai pas envie d’en dire beaucoup plus… Ce récit, très court, raconté à hauteur d’enfant, m’a bouleversée, je l’ai terminé avec de grosses larmes qui ont jailli dans les trois dernières pages. Et pourtant, tout est ici en retenue, dans le non-dit. Il suffit de se laisser conduire par cette petite fille (dont on ne connaît le prénom que bien tard), qui découvre un mode de vie radicalement différent de celui de sa famille, qui se laisse apprivoiser par John et Edna. Elle est déstabilisée par le changement, dont on ne lui a rien dit ou presque, elle voudrait se raccrocher à ce qu’elle connaît de la vie de famille, mais elle se laisse doucement entrer dans la chaleur du couple. Car, comme l’a remarqué Edna, elle « a juste besoin d’attention ». Au fil du temps, dans cette maison lumineuse, ordonnée, un secret va faire surface, une blessure encore vive.
Il y a quelques semaines, je râlais sur le titre La délicatesse, n’appréciant pas des situations qui me paraissaient artificielles. Eh bien, hier soir, quand j’ai refermé ce livre, je me suis dit avoir touché du doigt la vraie délicatesse : nourrie de simplicité, ancrée dans un réel ordinaire, quotidien, dans une vraie attention à l’autre, qu’il soit adulte ou enfant. A travers les yeux de cette enfant, nous redécouvrons le plaisir de tirer un seau d’eau claire du puits, sentir l’odeur de la tarte à la rhubarbe juste sortie du four, se laisser coiffer, enfiler des vêtements propres… Et si les sentiments ne sont pas exprimés verbalement ici, sans doute parce qu’on n’en a pas l’habitude, ou que cela ne se fait pas, ils affleurent au fil de l’écriture limpide, douce et légère, de Claire Keegan. J’aimerais découvrir davantage de textes de cette auteure !
Un petit bijou, une petite lumière irlandaise, conseillée par les libraires de chez Tirloy à Lille, dans leurs coups de coeur pour l’été.
« Les champs de Kinsella sont larges et plats, divisés en bandes avec des clôtures électriques qu’elle me dit de ne pas toucher, sauf si je veux recevoir une décharge. Quand le vent souffle, des zones d’herbe haute se courbent, prennent des reflets argentés. Sur une bande de terrain, de grandes vaches frisonnes broutent tout autour de nous, tranquilles. Certaines lèvent la tête à notre passage mais aucune ne s’éloigne. Elles ont des pis gonflés de lait et de longs trayons. Je les entends arracher l’herbe à la racine. La brise, qui frôle le bord du seau, chuchote pendant que nous marchons. Nous ne parlons pas ni l’une ni l’autre, comme les gens se taisent parfois quand ils sont heureux. Dès que cette pensée me vient, je m’aperçois que le contraire est vrai aussi. Nous escaladons un escalier et suivons un sentier sec creusé dans l’herbe. Le sentier serpente dans un champ allongé que de papillons blancs rapides effleurent, et nous arrivons près d’un portillon métallique où des marches en pierre descendent vers un puits. La femme laisse le seau dans l’herbe et descend avec moi. » (p. 30)
Claire KEEGAN, Les trois lumières, Sabine Wespieser éditeur, 2011
L’avis de Fransoaz, celui de Krol, un blog découvert hier, celui de Leiloona, de Clara et de MimiPinson entre autres.
Kathel a lu les nouvelles de Claire Keegan, L’Antarctique.
Un livre qui relance un peu mon challenge de littérature irlandaise et qui est une étape de plus chez nos voisins voisines d’Europe !
Je le lirai prochainement. Pour le challenge Littérature irlandaise, je ne parviens pas à caser un livre dans mon planning de septembre – trop d’incertitude encore pour celui d’octobre.
Il ne prend vraiment qu’une heure de lecture (plus le temps de le laisser descendre en soi, de le savourer) mais maintenant que tu as visé le chiffre 12, tu ne peux pas le dépasser, sinon tu perds des points… (peux pas comprendre ce truc, excuse-moi)
http://leblogdemimipinson.blogspot.com/2011/06/les-trois-lumieres.html Un bijou précieux ce livre. J’ai aussi beaucoup apprécié de le lire
Je vais ajouter ton lien, alors ! Un autre titre paraîtra en 2012, je ne sais plus chez qui j’ai lu ça !
l’histoire de fixer son nombre de livres, et de perdre des points quand on lit plus……tu as raison, c’est un truc de fou.
On me l’a toujours dit, et j’en suis absolument convaincue, je suis plus forte en français qu’en math, alors… 😉
je ne sais pas à quelle adresse te joindre alors je le signale ici: ma première participation à ton challenge est publiée aujourd’hui sur mon blog http://adrienne.skynetblogs.be/archive/2011/08/13/m-comme-musique-en-litterature.html merci pour l’idée et bonne journée!
Merci, Adrienne. Il suffit d’aller dans la colonne droite du blog, sous le logo du challenge, il y a le lien pour déposer les billets dans le billet récapitulatif, tu n’as qu’à cliquer et déposer ton lien dans les commentaires de cet article. Je vais y noter le Proust !
Il est là, au pied de mon lit, avec le recueil de ses nouvelles (tant qu’à faire, autant lire tout…)
C’est bien, j’ai regretté de ne pas en avoir d’autres sous la main samedi soir !!
j’aime beaucoup ce que fait Sabine Wespieser (une ancienne d’Actes Sud) et son travail d’éditrice est admirable en témoigne ce livre dont tu parles avec tant « d’émotion »
Il y a en effet de belles découvertes à faire dans cette maison ! (Nuala O’Faolain entre autres)
Je l’avais déjà repéré ici et là et ton avis encore plein d’émotions me le fait souligner 3 fois (au moins!)
Ca se lit tout seul et ça met des étoiles dans le coeur à la fin…
Tiens, tu es chti ? moi aussi mais je n’y habite plus. Superbe livre effectivement ;-D
Chti côté Belge, le patois du côté de Tournai est picard, assurément. Un très beau texte, oui !
J’ai adoré cette nouvellemoi aussi et j’ai très envie de lire d’autres récit de cette auteur. Tu as parfaitement raison quand tu parles de délicatesse, son écriture fait affleurer les mondes intérieurs, avec une retenue exquise. J’ai adoré.
Un nouveauroman sortira en 2012, j’espère trouver les nouvelles assez vite.
Noté, bien sûr, après l’enchantement qu’a été la lecture de « L’Antarctique » !
J’imagine que tu ne seras pas déçue ! On peut d’ailleurs considérer Les trois lumières comme une longue nouvelle.
Voilà un roman qui a l’air touchant et beau ! Je note ! 😉
Il devrait te plaire à toi aussi, je pense…
Il est noté depuis quelques temps sur ma LAL en attendant de passer dans ma PAL en poche bien évidemment.
Oh il est tout petit et tellement beau en grand format, tu es sûre qu’il passera en poche ?? (ahem)
Mais oui, bien sûr, qu’il va sortir en poche car j’en ai décidé ainsi ; tu ne vas pas me mettre la « scoumoune » dans mon désir de faire une collection spéciale livres de poche, tout de même ?!
lol ! (je dirais même plus : lol !)
J’ai préféré ce roman à son recueil de nouvelles.
J’aimerais quand même le lire, à l’occasion. Et j’attends 2012 pour le suivant, de toute façon !!
Il faut absolument que je le lises celui-là !!!!!
Ah oui, celui-là, s’il ne te touche pas, je t’offre des pralines ! (je ne crois pas prendre de grands risques à faire ce pari…)
Je ne suis pas aussi enthousiaste: trop court, trop de non-dits et une fin trop ouverte.
Dommage ! C’est court, oui…
Ah ! Tu as aimé aussi. Merci pour le lien. A bientôt, j’attends ton mail pour l’envoi de la maison au citronnier, Nymphette est ok !
Oh oui, j’ai aimé ! Il est déjà chez môman, même. Je t’envoie un mail, j’arrive !!
Et bien, il n’a pas l’air de passer inaperçu ce roman…quand tu dis court ça fait combien de pages? L’histoire à l’air intéressante, je vais juste patienter un peu pour être apte vraiment à lire un roman qui donne pareil effet 😉 merci pour ta contribution et à très vite sur les terres irlandaises…
Non, en effet, il a beaucoup de succès sur les blogs, mais je l’ai choisi sur conseil de libraire, d’abord ! Il fait une centaine de pages, mais si tu connais cette maison d’édition, la présentation est assez aérée. Il se lit en deux heures à peine (en prenant le temps de la « contemplation »).
Je connais cette maison d’édition et en effet les livres sont agréables à feuilleter, à contempler…j’ai moi aussi une librairie près de chez moi qui conseille personnellement des ouvrages, ce ne sont pas des copies de critiques sur la toile comme dans les fnacs ou virgin…les choix sont souvent éfficaces !
Bien dit ! Ici ce sont des libraires assez classiques (il n’y a plus que des femmes d’ailleurs, c’est amusant) mais je m’y retrouve bien.
Bonjour, je suis tombée sur cet article après être allée prendre du « challenge irlandais » sur le blog de Valou. J’ai lu « les trois lumières » au printemps et je me souviens aussi d’un vrai moment de bonheur et de limpidité qui fait du bien par les temps qui courent. Amitiés Esclarmonde
C’est chouette que ce billet attire encore de la visite ! Je viens justement d’en finir un qui est dans cet esprit « positif ». Avis dans deux jours !
J’en garde un doux souvenir aussi !
C’est un souvenir tellement marquant que je peux l’inscrire dans LES lectures de ma vie de lectrice 😉