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Intérieur avec femme jouant de l’épinette, c’est le tableau de Emmanuel de Witte, peintre ayant vécu à Delft, qui est le point de départ de ce premier roman.
La femme que l’on voit de dos, c’est Magdalena, épouse de Pieter Van Beyeren, administrateur de la Compagnie des Indes orientales à Delft. Nous sommes en novembre 1667, Magdalena a trente-six ans et commence à se confier à son journal intime. Elle y raconte son enfance, ses souvenirs de jeune fille, de jeune femme. Aînée d’une famille de cinq filles, à la grande déception du père, elle a cependant appris de lui les finesses du métier, elle a su mériter sa confiance et son estime pour l’aider à administrer la Compagnie des Indes orientales, elle est familière du monde maritime, des bateaux, elle connaît bien les épices et autres produits précieux ramenés de Chine, du Japon, de la côte de Coromandel, elle sait flairer les modes et faire évoluer le commerce de l’époque.
Elle a fait un bon mariage avec Pieter Van Beyeren, capitaine de bateau, elle a connu les joies et les affres de la maternité en ce siècle où les petits enfants sont facilement emportés par un simple refroidissement. Elle parle avec simplicité de sa condition de femme aisée, qui était assez compétente et avisée pour succéder à son père mais qui a dû se contenter de la vie au foyer. Une soumission « obligée » à l’homme, le père ou le mari, mais des aspirations modernes dans ce récit.
Dans son journal, elle conte ses secrets, ses douleurs, ses déceptions et ses désirs. Elle explique pourquoi elle a voulu se faire représenter de dos, alors que la toile est censée mettre en valeur la richesse de la famille.
Voilà un roman très court, et cependant riche de l’évocation d’une compagnie maritime et d’un intérieur au 17e siècle, empli de la bonté et de la sensibilité de Magdalena. Un texte au phrasé élégant, qui accompagne à merveille la délicatesse, la fraîcheur de son héroïne. Sa mélancolie aussi…
Magda fait référence au maître Vermeer de Delft et à quelques-unes de ses toiles les plus célèbres. Je n’ai pu m’empêcher de penser à La jeune fille à la perle bien sûr, mais ici le point de vue et le contexte sont très différents.
Une belle découverte, un premier roman tel un bijou fin et délicat, qui augure un bel avenir à celle qui est déjà l’auteur de plusieurs recueils de poésie. Cela se ressent avec bonheur dans son écriture.
« Du plus loin que je me souvienne, les histoires de marine et de négoce m’ot tenu lieu de contes, et je m’endormais bercée par des songes peuplés de navires, d’océans, d’îles, de cités lointaines, d’animaux et de peuples extraordinaires.
Dois-je confesser ici que je prenais le plus grand plaisir aux conversations sérieuses qui me grandissaient aux yeux de mon père, et me tenaient éloignée des choses de la maison ? » (p. 47 dans l’édition de La Loupe)
La musique à écouter pendant ou après : Les quatre saisons de Vivaldi, et plus particulièrement L’hiver
L’avis de Manu (Chaplum) , de Clara, de Fransoaz, de Mimipinson
Gaëlle JOSSE, Les heures silencieuses, Autrement, 2011
Grâce à ce livre j’entame officiellement le défi Premier Roman !
J’ai lu ce livre il y a quelques mois déjà et je trouve que votre commentaire est plein de justesse .C’est un petit bijou, court mais qui décrit bien la vie d’une femme née dans la bourgeoisie marchande de la hollande du XVIIe siecle,ses frustations ,ses peines interieures.Comme vous le faites remarquer c’est un roman tres riche
Il a plu à tout le monde, dirait-on, tant mieux pour son auteur !
Je l’ai lu cet été, il m’avait aussi charmée http://leblogdemimipinson.blogspot.com/2011/07/les-heures-silencieuses.html
Je vais ajouter ton lien !
Je sens que ça pourrait me plaire ! Et hop ! Dans la wish-list 😉
A découvrir, c’est sûr !
Je croyais ma semaine de tentations finie ! Il est noté.
Je suis sûre qu’il te plaira !
Un très joli roman en effet, qui m’a plu malgré qu’il soit loin de loin univers de prédilection.
Comme quoi il suffit d’un bon livre pour ouvrir nos horizons…
TOn billet me donne très envie de découvrir cette femme! Je n’ai jamais rien lu qui se passe à cette époque-là dans ce pays. Je note! Bonne année!
Bonne année, Choupynette, et bonnes découvertes !
Beaucoup aimé aussi l’élégance de ce texte, son atmosphère particulière et ce choix original de narration à travers le tableau. Comme tu le soulignes, il y a une poésie dans ces mots là, c’est évident.
Déjà vu et repéré… Tu enfonces le clou! 🙂
Héhé…
Intéressant ! Je note car j’aime parfois prendre congé des romans noirs et faire ce genre de découvertes. Merci, Anne !
C’est en effet un univers radicalement différent, mais auquel tu seras sûrement sensible.
Un très bon premier roman!
Une belle surprise, et j’espère que nous pourrons encore goûter l’univers si raffiné de cette romancière.
je le note ! je suis déjà séduite !!! entre art, beauté de l’écriture et sujet, tout me plait. merci pour le découverte, je verrai si ma BM l’a aussi ! biz
Je crois aussi qu’il te plaira ! Bises !
A la bibli, je sais, mais ne laisse -til pas une impression de trop court?
Je crains que tu ne te sentes frustrée, en effet ! Mais c’est bien quand même, il y a presque comme un sentiment d’achèvement dans le parcours de l’héroïne.
Bonsoir Anne! Merci pour ce billet qui me tente bien. Je note ce livre pour une prochaine série!
Il en vaut vraiment la peine et te plaira sûrement !
J’ai adoré ce livre… je l’ai offert
Je l’avais emprunté à la bibli mais j’y penserai pour un cadeau ou l’autre, bonne idée.
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