Étiquettes

,

Quatrième de couverture :

Voici un texte qui alterne poésie douce et drôlerie franche.
Par la voix d’une très vieille dame sur son lit demort, et par celle de son arrière-petite-fille, une jeune femme que la vie moderne bouscule, cinq générations parlent. Face aux duretés de la vie, face à la mort qui sème la zizanie, leurs histoires transmettent une gaieté indéfectible.
Un premier roman, un récit court qui traverse le siècle, réussite rare de vigueur et de simplicité.

Voilà un sujet original, me semble-t-il, ou du moins une romancière qui ne manque pas d’audace : oser mettre en scène une très vieille femme, et une vieille femme qui va mourir. A côté de Juliette, son arrière-petite-fille, Fanny, l’accompagne en silence. Toutes deux se remémorent leurs souvenirs, leurs conversations, les vacances ensemble, la complicité qui les unissait. La vieille dame finit ses jours dans une maison de retraite, et les yeux fermés, revoit sa vie entière : son enfance auprès d’une mère qui ne lui a jamais manifesté de tendresse, son mariage avec Louis, un militant qui a fait passer les luttes ouvrières et la résistance bien avant sa femme, l’enfance de sa propre fille, Jacqueline, et les trois générations qui ont suivi. Car Fanny a elle-même une petite fille, Mélina, et pense à se séparer de son compagnon.

Dans cette famille, c’est une affaire de femmes : elles élèvent seules leurs filles, ou plutôt ce sont les grands-mères qui élèvent leurs petites-filles, tentant de nouer avec celles-ci des liens qu’elles n’ont pas toujours su vivre avec leurs propres filles.

Bien que Juliette ne parle plus à l’approche de la mort, ses souvenirs et ceux de Fanny se croisent, se rejoignent et tissent le fil d’une vie marquée par les malheurs, mais aussi par un solide bon sens, la simplicité, une joie de vivre qui l’emporte malgré tout. Juliette se connaît bien, elle accepte ses limites de femme qui n’a pas été longtemps à l’école, qui n’y connaît rien au monde intellectuel prisé par Fanny. Elle jette sur sa propre histoire un regard plein de bienveillance envers les autres mais aussi envers elle-même, et c’est sans doute cette liberté intérieure qui pousse inconsciemment Fanny à faire des choix qui l’amèneront à davantage de vie (même si elle reproduira sans doute le même schéma que les générations qui l’ont précédée).

Fanny Saintenoy a écrit ce livre il y a longtemps, elle l’a écrit et réécrit, et cela se sent. Pour un premier roman, on sent l’authenticité, l’empathie avec ses personnages, auxquels on ne peut que s’attacher. Un bien joli ouvrage, qui parle tout simplement de la vie. A déguster avec bonheur.

Un très très grand merci à Jeneen, qui fait voyager ce livre (plein de pensées pour toi, ma belle !) Lisez aussi l’avis de Sharon, de Liliba et de Sophie. Et aussi Clara

La musique à écouter : encore une chanson d’Yves Montand, A bicyclette

Fanny SAINTENOY, Juste avant, Flammarion, 2011

Un premier roman et un livre de la Rentrée littéraire 2011