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Quatrième de couverture (en partie) :
Dans une petite ville d’Alabama, à l’époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 – au cœur de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis –, connut un tel succès.
J’ai reçu ce livre l’année passée, lors du swap Fais-moi plaisir avec Argali et je l’ai enfin sorti de ma PAL grâce au club de lecture de ma bibliothèque : le thème de ce mois était le classique américain De sang froid de Truman Capote, pour lequel je n’étais pas très inspirée a priori (et je n’avais guère de temps pour lire le pavé non plus…) ; comme Harper Lee était amie d’enfance avec Truman Capote, on m’a gentiment suggéré de lire son livre. Et comme Enna avait l’intention de lire ce roman en V.O., nous avons décidé de publier notre billet le même jour !
Que dire de ce classique américain, roman culte aux Etats-Unis, souvent proposé en lectures scolaires ados ? Il me faut avouer que je l’ai découvert grâce aux blogs… je ne connaissais pas ce titre « avant » !
Je retiendrai d’abord le climat du livre : la voix de Scout n’est pas le moindre de ses charmes, qui nous raconte trois années de sa vie d’enfant, avec son père, Atticus Finch, son frère Jem et son ami Dill, qui vient passer les vacances à Maycomb, petite ville du Sud de l’Alabama. Comme dans Seul le silence, on retrouve une petite ville où tout le monde se connaît, où les différences sociales sont bien établies, et où évidemment la ségrégation raciale sévit : les Noirs et les Blancs ne sont pas censés se mélanger, même si les femmes noires travaillent dans nombre de maisons blanches comme cuisinières ou gouvernantes. Une ville et des habitants dont les traditions et les préjugés ne demandent qu’à sortir sur la place publique. Certes, le propos est ici plus « léger » que dans le roman d’Ellory à cause de l’âge de la narratrice, de sa naïveté, de sa fraîcheur, de l’humour involontaire avec lequel elle raconte la vie de son quartier et de sa famille.
Dans la première partie, le décor se plante petit à petit et on peut ressentir aisément la chaleur du Sud, respirer l’odeur de la poussière qui colle aux pieds nus des enfants, on peut s’imaginer se balançant dans un fauteuil à bascule sur une véranda équipée d’une moustiquaire, comme il se doit quand on en a les moyens. Mais ce n’est pas que l’ambiance qui compte, même si le décor est important : dans les jeux des trois enfants, qui sont à la fois attirés et effrayés par leur voisin le plus proche, Boo Radley, qu’ils n’ont jamais vu mais dont ils ont entendu parler en termes de « légende », on peut lire la genèse, la métaphore de l’événement qui va secouer Maycomb l’année suivante et va bouleverser la famille Finch. Dans leurs peurs, les on-dit autour d’Arthur Radley (un Blanc !), on peut deviner les préjugés, les violences, le racisme qui s’exercent et s’exerceront contre la communauté noire en général et contre Tom Robinson en particulier.
Mais attention, le message du livre n’est pas de stigmatiser la ségrégation, mais plutôt de promouvoir un vivre ensemble harmonieux entre tous, de laisser sa chance à chacun, de garder sa capacité de réflexion même quand l’opinion générale est à l’opposé de la vôtre. A l’image d’Atticus, qui élève ses enfants de façon peu conventionnelle mais tellement ouverte et respectueuse des autres.
Ambiance, thématique, tout cela me plaisait déjà, sans compter la narration qui a tout pour me séduire aussi : non seulement le point de vue choisi par Harper Lee est intéressant, , celui d’une enfant de six ans au départ, qui sait lire avant d’aller à l’école et est intéressée par tout écrit qui traîne à sa portée, mais en plus la romancière sait mener son histoire : à peine la dernière ligne lue, je relisais le début, puisque les deux se répondent, et j’aime ça dans la construction d’un récit !
Je retiens aussi la fraîcheur, l’intégrité des personnages, l’apprentissage de la vie qu’ils seront forcés d faire à travers le procès de Tom Robinson, mais aussi grâce à leurs propres transgressions, la tendresse vécue entre le frère et la soeur, entre les enfants et le père : je retiendrai longtemps l’image de Scout glissant sa tête sous le menton d’Atticus, et comment elle construit petit à petit l’image de ce père un peu déconcertant pour elle, mais si grand et si attentif en fin de compte !
Dans mon édition de poche, il faut lire la postface d’Isabelle Hausser, qui a revu la traduction originale en français et qui apporte un éclairage intéressant sur l’auteur et sur le contexte dans lequel le livre a été publié aux Etats-Unis, en 1960, en pleine conquête des Droits civiques par les Noirs.
Cette petite ville de Maycomb est le symbole de l’Amérique tout entière. Ce roman correspond à toutes les images que j’ai reçues des Etats-Unis dans ma jeunesse, un pays à la fois monstrueux et grandiose depuis que Rosa Parks a un jour osé refuser de céder sa place à un Blanc dans un bus. Il n’est pas démodé du tout, à l’heure où « les gens de couleur » sont encore stigmatisés par certains, n’ont pas tout à fait – dans certains cas – les mêmes droits en matière de justice, par exemple… et sontmême encore aujourd’hui victimes de crimes racistes.
Un roman qui fait du bien, tout simplement, et sans être gnangnan !
Je remercie donc tout particulièrement Argali de m’avoir offert ce roman, car je ne savais pas à quoi m’attendre et ce fut une bien belle lecture, de celles que l’on n’oublie pas.
Et j’ai très envie maintenant de voir le film adapté de ce roman (avec Gregory Peck dans le rôle d’Atticus, de lire La couleur des sentiments et … De sang froid aussi finalement !!
« Dill était reparti. Tant de jolies choses flottaient dans son esprit rêveur. Il était capable de lire deux livres entiers le temps que j’en lise un, mais il préférait la magie de sa propre imagination. Il savait calculer à la vitesse de l’éclair mais il préférait son propre monde crépusculaire, un monde où les bébés dormaient en attendant d’être cueillis comme les lis du matin. Il se parlait lentement pour s’endormir et m’emportait avec lui mais, dans la quiétude de son île de brume s’éleva l’image fanée d’une maison grise aux tristes portes marron.
– Dill ?
– Hein ?
– D’après toi, pourquoi Boo Radley ne s’est jamais enfui ?
Il poussa un long soupir et me tourna le dos.
– Peut-être parce qu’il n’a nulle part où aller… » (p. 225)
Harper LEE, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, Le livre de poche, 2005
L’avis d’Enna, qui a publié son billet avant de partir au Marathon de Paris, et celui d’Asphodèle, entre autres
Un premier roman qui se passe en Alabama, dont le titre contient un nom d’animal, et qui compte pour mon challenge Partage lecture !
Merci pour ta participation au challenge ! Il y a quelques années, mes élèves lisaient encore ce genre de livres. Maintenant, ce n’est plus le cas.
J’aimerais le conseiller aussi, mais… en espérant que les bons lecteurs le choisisent pour leur plaisir de lire !
Tout bon pour les challenges, dis donc! Un chouette roman, et je te signale qu’il a été adapté au cinéma!
Ce n’est pas le nombre de logos que je retiendrai, mais la qualité du roman. Je viens de combler une grosse lacune culturelle 😉 Le film, j’aimerais le trouver, oh oui (avec Gregory Peck, tu penses !!)
ah j’aime tellement ce livre !!!!!! et comme je regrette qu’Harper LEE (amie et secrétaire de Truman Capote …. dont les mauvaise langues disent qu’il n’a pas bien supporté le succés de son ami (prix PULITZER quand même !!!) et lui aurait enjoint de cesser d’écrire ……) j’obligerai mes enfants à le lire lorsque’ils seront assez grands pour ça. j’en retiens deux phrases merveilleuses : “je voudrais pas que tu crois que le courage c’est un homme avec un fusil à la main, le courage c’est savoir qu’on part battu d’avance mais y aller quand même … » et « les avocats aussi ont été des enfants » ah j’envie ceux qui ne l’ont pas encore lu ….
Truman Capote racontait beaucoup d’histoires et ses versions varient d’un jour à l’autre, je ne suis pas sûre qu’on peut lui faire entièrement confiance… La phrase sur le courage est très chouette en effet !
Très beau roman, un coup de coeur !
Moi aussiiii !!
J’espère que tu le trouveras (je l’avais emprunté)
Avec notre médiathèque parfois capricieuse, c’est pas gagné…
Encore une lacune que je devrais combler ! Mais j’ai un peu peur du style. Quand tu dis que le point de vue est celui de l’enfant, c’est un enfant narrateur tout au long du roman ? Et-ce que le ton n’est pas un peu trop enfantin ?
Oh non, c’est pas gnangnan, fais-moi confiance, tu ne dois absolument pas craindre cela ! C’est un livre écrit par une adulte, et Scout se rappelle ses souvenirs bien longtemps après. Un livre à découvrir absolument !
J’ai vraiment adoré cette lecture… Pour moi il y a vraiment deux parties distinctes dans ce roman, la première très douce et tendre avec l’enfance avec Scout et Jem, et l’autre plus douloureuse avec l’histoire du procès… Le père des enfants est un homme que l’on voudrait connaitre : un homme très bien…
Il paraît que c’est un vrai héros aux Etats-Unis !
Kathryn Stockett fait plusieurs allusion à ce roman dans La couleur des sentiments. Je n’ai pas encore lu ce livre culte, il va me falloir remédier à cela…
Je l’ai emprunté à môman, c’est dit, je le lirai au mois de mai !! Et de ton côté, fais une place à cet oiseau moqueur…
Ce fut un coup de coeur pour moi aussi. Je suis contente qu’il t’ait plu. Bon week-end.
Encore un tout grand merci à toi (j’ai oublié d’en écrire un grand sur l’article, je vais le faire) !! Bon week-end
un livre que j’ai beaucoup aimé et que j’avais présenté dans le cadre d ‘une lecture commune il y a 2 ou 3 ans
Il faut l’avoir lu !
tout le monde me dit de le lire…il attend son heure chez moi….mais à force de le voir je pense que je ne vais plus retarder ce moment trop longtemps !
Oh oui, donne-lui sa chance ! Tuas de la chance, tu ne le connais pas encore…
Certainement un de mes romans préférés dans l’absolu! Tu me donnes envie de le relire! Surtout le début d’ailleurs, la vie des enfants avec leurs peurs irraisonnées et l’atmosphère de la petite ville à cette époque. C’est un magnifique roman!
Une belle réussite, oh oui.
Et un roman qui marche assez bien auprès des élèves.
Bonne nouvelle ! 🙂
Depuis que je lis les blogs, ce titre a rejoint ma liste des « livres cultes » à lire. Comme toi, je ne le connaissais pas vraiment « avant ». Ta critique fait envie, en tout cas ! Mais j’ai toujours une pointe d’inquiétude en entrant dans des classiques tels que celui-ci : peur d’être déçue ou de ne pas apprécier un livre adulé par tant de lecteurs…Mais je tenterai !
Ca pourrait arriver, en effet, mais je ne peux que te conseiller de le lire !
C’est aussi par les blogs que j’ai ai beaucoup entendu parler, il va falloir que je le lise un jour.
Ca alors, tu ne connais pas ncore ce roman, je suis surprise ! (et heureuse que tu puisses encore le découvrir)
Voilà qui me donne très envie de découvrir ! Hop, billet ajouté !
Un livre à lire de toute urgence !! Merci, Sofynet.
J’ai adoré ce roman. Ce qui m’a le plus touché quant à moi c’est le personnage de cet homme, ange gardien, cloîtré depuis des années, victime de sa famille. C’est ce qui m’a le plus touché je crois. Et le moment où le père affronte à lui seul tout un tas d’hommes venus à la prison.
Avec sa célèbre phrase « En êtes-vous certain ? » bien sûr ! Quelle force dans cette scène, en effet.
Un magnifique roman. Le film n’est pas mal non plus. Je peux te le prêter.
Une excellnte histoire américaine, rien de moins. Tu me tentes très fort, là ! Je ne dis pas non…
Je dois le lire prochainement pour le challenge Partage-Lecture. Je n’ai donc que parcouru ton avis pour ne pas en connaître davantage ni être influencée mais, je repasserai une fois lu 😉
Oui, reviens me dire ce que tu en as pensé, je suis curieuse !!
sans en faire un coup de coeur, j’avais beaucoup aimé ce roman plein de sagesse.
Pour moi c’est un coup de coeur 🙂
Un très beau roman, je l’ai adoré aussi !! Sur des valeurs que l’on oublie souvent. C’est exactement ça, il fait du bien !
Une fameuse découverte !
C’est cent coudées au-dessus de « La couleur des sentiments », je ne vois même pas comment on peut les comparer. Et l’adaptation avec Gregory Peck est juste parfaite.
J’ai quand même envie de lire La couleur des sentiments !!
j’ai très envie de le lire, même si je n’ai pas été emballée par la couleur des sentiments.
Si tu as lu le commentaire d’Ys, tu peux espérer ne pas être déçue… 🙂
Un magnifique roman ! Un « classique » que je n’hésite pas à conseiller autour de moi.
J’en parlerai aussi, c’est sûr !
Bonjour Anne, J’ai très envie de lire ce roman, qui est dans ma PAL depuis quelques semaines ! J’ai publié récemment un billet sur « La Couleur des Sentiments », que j’ai apprécié, à quelques réserves près (une lecture agréable, mais il n’y a pas non plus de quoi s’extasier). Je découvre ton blog. Je vois que nous sommes inscrites à plusieurs challenges communs (les 12 d’Ys, le Petit Bac, Challenge victorien, God save the livre, Challenge austenien). Je participe aussi à la lecture commune de Purge, à laquelle tu es semble-t-il inscrite. Je reviendrai te lire ! A bientôt.
Bienvenue ici, Miss Leo, fan de challenge aussi, dirait-on ! Oui, je vais enfin lire Purge ! Je m’en vais te rendre une visite (quand j’aurai répondu aux nombreux commentaires !)
il est sur l’étagère depuis…. je n’ose pas le dire !
Noooon, pas toi !! Moi qui croyais que tu avais lu avant moi tous les livres que j’aime 😉 J’suis déçue, m’man !
Quel billet ! Je suis ravie qu’il t’ait plu ! J’ai beaucoup aimé le procès, magistral et où l’on ressent jusqu’à la chaleur poisseuse du petit tribunal… Je vais l’offrir aussi ce livre quand j’en aurai l’occasion !
Oh oui, je l’ai aimé ce livre !! La première partie amène à merveille le procès, j’ai tout aimé !!
Je suis revenue du marathon et je prends enfin le temps de venir te voir 😉 J’ai beaucoup aimé ce roman et tous ce qu’il implique dans la société du sud des Etats Unis! C’est roman d’autant plus fort qu’il a une voix d’enfant qui sonne juste.
Tu es en vacances, j’espère ! Je rêve de voir le film maintenant 😉
oui! le calendrier m’était favorable 😉 Moi aussi j’aimerai voir le film d’autant que j’en ai entendu du bien!
Ce livre est un de mes livres préférés. Je l’ai lu il y a des années maintenant (bien avant le blog) et j’en garde encore un souvenir vivace… Un livre à conseiller assurément et à relire surement ! A l’époque, j’avais noté un passage qui est devenu comme une devise pour moi, je te la livre : « Le courage, c’est savoir que tu pars battu, mais d’agir quand même sans s’arrêter. Tu gagnes rarement mais cela peut arriver. »
C’est effectivement une phrase et une lecture inoubliables !
Dans ma PAL, j’ai hâte de découvrir aussi à mon tour ce roman culte !
Je suis prête à parier que tu y seras très sensible !
Un très bon roman, qui m’a autant plu pour l’atmosphère que pour la fraîcheur et la scène du tribunal. J’ai cependant trouvé qu’il y avait pas mal de longueurs, notamment au début du récit. Mais cela reste une très bonne lecture.
Il était parfait pour moi.