Cézembre noire

Quatrième de couverture :

Que se trame-t-il à Cézembre, cette île mystérieuse de la côte bretonne ? Petite terre, riche d’Histoire et, interdite aux touristes. Cette question, Berty, tueur à gages intérimaire, vieux rocker parisien, tourmenté et endetté jusqu’au cou, ne se la pose pas. Sa cible il devra l’atteindre coûte que coûte. « Il n’y a pas un chat sur ce foutu rocher en plein hiver ! » lui avait dit Kolo. « C’est du billard ! », lui affirma-t-il. En effet, il n’y avait presque personne sur les dix-huit hectares de l’île. Hormis deux agents de la C.I.A., cinq officiers de la Police Judiciaire, un ancien para de Diên Biên Phu, des séminaristes et une famille d’accueil particulièrement troublante. Devra-t-il tuer la douce Daphné ? Ou Hale le boiteux ? Plus sûrement un des flics ? À moins que ce ne soit un des agents américains ? Ou encore le mystérieux Noël ? Peut-être le PDG de cette famille en séminaire ? Ce qui est sûr, la photo de la victime apparaîtra sur l’écran de son portable. Et, là, il n’aura plus qu’à viser et tirer… Mais mon Dieu, que ce commissaire Workan l’ennuie.

Derrière cette magnifique couverture, se cache le deuxième roman de l’éditeur Pascal Galodé chroniqué sur ce blog, après Bayard et le crime d’Amboise, et surtout le livre breton envoyé par Jeneen, dans le cadre de notre échange à trois avec Somaja. (Petit rappel de l’origine de ce trio ici.)

J’avoue que dès les premières pages, j’ai craint pour la santé mentale de Jeneen, je me suis demandé si elle ne profitait pas de cet échange pour révéler sa véritable opinion et torpiller définitivement les Bretons. Jugez-en plutôt :

« Il (Berty) embraya et appuya à fond sur l’accélérateur. Hélas, ce qu’il craignait depuis Paris était en train de se réaliser. Il ne voulait pas aller chez les bouseux, et pourtant il plongeait direct chez les Bretons. Ses chances de survie s’amenuisaient. Il reprit espoir en pensant que les Rennais étaient à peu près civilisés, mais plus loin c’était le Far West. Des vaches, des pourceaux, des chapeaux ronds, des épagneuls, des bagads de tueurs : il allait se faire défoncer la gueule à coups de biniou. » (p. 17)

Voilà d’entrée de jeu un aperçu de l’humour d’Hugo Buan, l’auteur de ce polar très ciblé sur l’île de Cézembre, petite île (dont j’ignorais totalement l’existence avant de lire ce livre) au large de Saint-Malo. Qui dit humour dit forcément Jeneen (et cela vous rassure sur sa santé mentale… c’était pour rire, ma Bigoudène !!)

Bon, cela précisé, il me faut avouer que je n’ai pas été complètement séduite par cette lecture… Plusieurs bémols que je vous livre rapidement :

Les nombreuses mini-digressions où Hugo Buan semble s’arrêter et faire des réflexions d’humour à deux balles sur certains détails de son histoire m’ont un peu lassée à la longue… (pour tout dire, j’ai pensé à David Foenkinos, et j’ai commencé à paniquer sur l’avenir de lecture de ce roman )

L’intrigue, le fin mot de l’histoire m’ont paru un peu légers… Certes, tous les éléments sont réunis pour ménager un bon suspense puisque les personnes présentes sur l’île ont toutes un fort potentiel d’aventure et de mystère mais au bout du compte, le fin mot de l’énigme est à la fois mince et un peu déplacé dans un roman aussi déjanté : c’est d’une histoire intime très touchante qu’il s’agit, et avec le recul, le mélange des genres est peut-être un peu artificiel…

Le personnage de Lucien Workan ne m’est pas apparu très sympathique… et pas assez « brossé », ceci expliquant peut-être cela. Peut-être son portrait, son histoire personnelle sont-ils plus complets dans le premier numéro de la série ? Je ne l’ai en tout cas pas trouvé assez consistant ici, trop caricatural. Vous me direz, c’est le cas d’un peu tous les personnages…

MAIS quand même, cette lecture atteint son objectif de connaître un peu mieux la Bretagne, puisque manifestement, l’auteur veut rendre hommage à Cézembre, qui faisait partie du Mur de l’Atlantique imaginé par Hitler pour contrer toute tentative de débarquement allié, et qui a, si j’en crois le roman, été bombardée au napalm pour forcer les Allemands, qui résistaient comme de beaux diables, à se rendre. Ce n’était pas encore la bombe atomique mais c’était déjà un fameux déluge de violence pour gagner la guerre.

Et puis l’histoire se déroule le temps du week-end du 11 novembre, en pleine tempête, et c’était vraiment tonique (et rafraîchissant, en ces jours de forte chaleur) d’affronter les éléments déchaînés, de contempler la mer démontée et de crapahuter sur les rochers de Cézembre en compagnie de Lucien Workan et de ses collègues.

Je suis désolée, Jeneen, j’espère que tu ne m’en veux pas trop de ne pas avoir apprécié plus que cela, et toi, Somaja, j’espère que tu n’es pas trop effrayée à l’idée de le lire ! (Tu peux toujours essayer d’imaginer Workan sous les traits d’Armi, ça t’aidera peut-être ??)

Allons voir ce que Somaja a pensé du livre que je lui ai envoyé, et Jeneen de celui envoyé par Somaja (que je lirai à mon tour pour la mi-octobre à peuprès)…

Hugo BUAN, Cézembre noire, Pascal Galodé éditeurs, 2010

Ce livre breton, je le fais participer aussi au challenge du Petit Bac d’Enna pour la couleur, et au challenge Thrillers et polars de Liliba. Et il valide ma participation au challenge des Iles de Géraldine.

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Challenge Thrillers et Polars