Étiquettes
Quatrième de couverture :
Vous êtes Viviane Élisabeth Fauville. Vous avez quarante-deux ans, une enfant, un mari, mais il vient de vous quitter. Et puis hier, vous avez tué votre psychanalyste. Vous auriez sans doute mieux fait de vous abstenir. Heureusement, je suis là pour reprendre la situation en main.
————————————–
Voilà un premier roman étonnant, déroutant parfois, amusant parfois, surprenant toujours.
C’est l’histoire d’une femme en instance de divorce, elle vient d’emménager dans un appartement rempli de cartons, avec un bébé, une fille de trois mois. Elle va bientôt reprendre son emploi de chargée de communication pour les Bétons Biron. Elle consulte régulièrement un psy, deux fois par semaine, apparemment les séances ne permettent pas d’exprimer vraiment les angoisses de cette femme. Sont-elles réelles, d’ailleurs, chez cette femme que personne ne remarque jamais ?Dans cette vie « normale », voilà que tout dérape quand elle tue le psy, le docteur Sergent, d’un coup de couteau qu’elle a reçu en cadeau de mariage.
Et puis… et puis rien ne se passe ou presque. Comme d’habitude, on ne la remarque pas, personne ne fait attention à elle. On la convoque bien sûr à la police, comme simple témoin, mais elle n’est pas vraiment inquiétée. Alors elle se met à suivre toutes les personnes qui ont trait, de près ou de loin, à l’enquête, se faisant appeler tantôt Elisabeth, tantôt Viviane. Je ne voudrais pas vous en révéler plus, à vous de découvrir ce roman de 154 pages seulement …
On se rend rapidement compte que tout ne va pas bien dans la tête de cette femme, qui change de prénom suivant les circonstances. L’histoire elle-même est racontée successivement à la deuxième (vous ou tu), à la première ou à la troisième personne. On se prend sans cesse à se demander qui elle est vraiment, j’ai imaginé une histoire de jumelles, jusqu’à pencher définitivement pour la folie. Mais quelle folie, au vu de la surprise dévoilée dans les dernières pages ?
Si le psychisme de cette femme est à la dérive, le reste du décor est d’une grande rigueur. Julia Deck nous emmène dans Paris, à la suite de son héroïne, dans des itinéraires de métro très précis, sur la ligne 5 ou 8 notamment, dans les rues du cinquième arrondissement, autour du Palais de justice et de l’Hôtel-Dieu aussi. On peut ressentir les mouvements de la ville, des passants, dans la fraîcheur de novembre, on peut s’imaginer aisément à la nuit tombée, dans les ombres des rues, des portes cochères, pénétrant des cours intérieures, tapant des digicodes qui ouvrent sur des appartements aux parquets moulurés.
J’ai tourné les pages de ce roman avec avidité, voulant savoir qui était vraiment cette Viviane Elisabeth Fauville, et c’est tout l’art de la jeune romancière, qui brouille les pistes en utilisant une série de procédés qui maintiennent sans cesse la distance (on sent que même l’héroïne est quelque part en dehors de sa propre vie) mais qui réussit à nous tenir en haleine, à nous faire accompagner une femme qui gardera jusqu’au bout son mystère…
Un premier roman original, et finalement assez jubilatoire !
Julia DECK, Viviane Elisabeth Fauville, Les éditions de Minuit, 2012
Les avis de Clara, Cathulu et Ys
Je me tâte encore pour le lire…
C’est un excellent premier roman, je le conseille !
Je pense que je ne vais pas me tâter longtemps, parce que l’ambiance que tu décris, le personnage que tu décris rentrent bien dans ce que j’aime lire.
PS – Anne, je n’ai pas encore pu posté l’enveloppe qui t’es destinée. Mais je ne t’oublie pas !
Il y a du mystère, de l’invention, du jeu littéraire dans ce court roman, je me suis bien amusée ! (pas de souci pour l’enveloppe, je ne suis pas sans rien…)
Oui roman jubilatoire .Même si on est pas mal désorientée, on tourne les pages , intriguée .Je l’ai lu d’une traite , une nuit d’insomnie,il y a 2 mois . Et je suis encore partagée entre 2 hypothèses : elle est schizophrène ou alors elle est innocente et va se réveiller dans un monde normal …..En tout cas : a lire !
Chut, il ne faut pas trop en dire, Dom !! Je n’aime pas l’explication du rêve, c’est trop facile, et d’ailleurs l’auteur ne tombe pas (et ne nous fait pas tomber) dans ce piège-là.
non , j’emploie le mot réveiller dans le sens , reprendre ses esprits , revenir à la réalité, après un épisode de cofusion psychique .Mais comme dit Ysppadaden, la fin est un peu abrupte …..peu importe j’ai beaucoup aimé .A bientôt pour un autre roman
OK, je comprends mieux. Un premier roman, demain ou jeudi, je crois !
Jubilatoire ? J’hésite pourtant…
Jubilatoire au sens de ingénieux, inventif… et ironique parfois ! Suis ton instinct, ne le lis pas si ça ne te dit rien, ou emprunte-le en bibliothèque, sans risque…
Un titre pareil se retient donc je ne note pas et s’il me passe entre les mains… mais pas tout de suite tout de suite !!!^^
Oui, tu as un gros travail avec ta couronne de Noël d’abord, non ? 😉
C’est fou comme cette 4ème de couv est accrocheuse ! puis ton billet est mystérieux. Il me plairait bien de le lire. Je note !
J’ai oublié d’ajouter des logos sur Paris, premier roman et la plume au féminin !! Mais ce n’est pas cela le plus important… lis-le, découvre si tu as l’occasion !
J’adore ces recherches dans la narration. C’est bien d’être surpris. Je viens de terminer Julie Otsuka et c’est magnifique, absolument.
Il y a aussi dans ce roman une mystérieuse relation mère-fille… Beaucoup de richesses cachées sans aucune lourdeur. (Et pas encore pris le temps de lire Julie Otsuka…)
C’est noté. Merci et bon dimanche.
Merci à toi ! Bonne nuit…
Je l’ai déjà noté chez Clara, je pense que la bibliothèque l’aura.
Ca devrait t’intéresser, je pense !
Repéré déjà, j’attends, comme Aifelle, la bibli.
Vive les biblis, quand elles sont bien fournies !
Décidément, beaucoup d’avis positifs pour ce roman. Il ne m’attirait pas spécialement mais ça commence à changer.
Héhé, un roman français qui t’accrocherait enfin, qui sait !
Il m’intrigue beaucoup, ce roman… J’aime bien que tu n’en dises pas trop !
Je n’aime pas en lire trop chez les autres (ça arrive, les bavardages ;-)), donc je n’en révèle pas trop chez moi.
Bon, bon, bon, le sujet de m’emballe pas, c’est même un euphémisme mais c’est que tu es très convaincante quant au style…
Beaucoup de recherches, très intéressantes, sans lourdeurs, et ce style fait partie intégrante du contenu, si je puis m’exprimer ainsi…
Allez pourquoi pas, si il croise ma route ! 😉
Mais oui, laisse-toi tenter… J’espère que dans le Prix Première, nous aurons encore des surprises originales de ce genre…
Je suis une adepte des éditions de Minuit et ton billet est plutôt tentant ! Je note !
Déjà une bonne surprise dans ce jury. Bonne découverte !
Je pense le rencontrer à la biblio et je le lirai en pensant à vous toutes qui m’avez motivée à le découvrir. Bisous
On n’en a pas parlé tant que ça sur les blogs, mais je suis sûre que cette romancière nous offrira d’autres belles surprises.
Vous avez l’air toutes d’accord.
Tu as le droit de jouer les contradictoires 🙂
J’ai trouvé la fin vraiment abrupte…
Ca ne m’a pas choquée…
Je le découvrirai bien celui-ci. Je note.
Bonne découverte.
Juilatoire, étonnant, surprenant et donc tellement attirant. Je l’ai lu et j’ai beaucoup aimé.
Il sera excellent pour le club de lecture du mois consacré aux « romans du divan ».
Pingback: Les mots de novembre «
Bonsoir anne7500, j’ai personnellement beaucoup aimé cette façon d’écrire à la 2ème personne du pluriel. Je ne savais pas que Michel Butor avait fait la même chose. Bonne soirée.
Bienvenue ici, Dasola ! Moi non plus, j’avoue, je n’ai pas lu La Modification…
Voilà, lu (trouvé à la bibli cette semaine) et chroniqué (pour les premiers romans, voici le lien: http://www.les-lectures-de-cachou.com/viviane-elisabeth-fauville-julia-deck/).
J’ai moins aimé, surtout à cause de cette fin donc, mais aussi de ce qui l’annonce, dans la dernière partie à l’hôpital, qui m’a complètement perdue alors que j’appréciais plutôt la chose avant (même si je l’ai trouvée assez froide).
Il est noté dans le récap !