Présentation de l’éditeur :
Arsène Le Rigoleur est un paysan breton, madré et attaché à sa terre comme un renard. Des citadins viennent s’installer dans la ferme voisine avec leurs deux enfants et commencent à empiéter sur son territoire, sans se douter qu’Arsène n’est pas le simplet que l’on pourrait croire… Ce roman singulier, entre naturalisme et onirisme, composé dans une langue brute, parfois drôle et souvent violente, a notamment reçu le prix Ouest France Etonnants voyageurs et le prix Emile Guillaumin.
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Que voilà un roman étrange et troublant, qui vous fait frémir, frissonner de peur, de colère, de rage… Une belle découverte que je viens de lire grâce à notre ronde belgo-franco-bretonne ! Il se fait que j’avais trouvé le broché dans les bacs à 1 et 2 euros de la F**c lors de la Braderie de Lille, mais Jeneen m’a fait parvenir l’édition poche dont je trouve la couverture beaucoup plus jolie et plus symbolique. Une jeune fille en robe blanche, accrochée à une branche d’arbre, sur fond de ciel troublé, un arbre qui se détache au loin sur le fauve du soleil couchant… De nombreux éléments du livre sont rassemblés là : le lien à la nature, les hêtres qui poussent sur la propriété d’Arsène Le Rigoleur, les deux enfants qui viennent habiter à côté de chez lui, la couleur fauve de certains yeux, et surtout celle des renards…
Les renards, ils ont joué un grand rôle dans la vie d’Arsène, ils se sont manifestés à des moments clés de sa vie, de celle de ses parents ; lui a hérité de leur rouerie, de leur rapidité, il sait apparaître quelque part et se fondre dans le paysage, ni vu ni connu…
Petit à petit, on apprend à le connaître, on peut apprécier sa discrétion, son bon sens paysan, son amour filial envers la Mère, sa fidélité brute aux gens qu’il a choisis et à sa ferme, on se dit qu’il a bien raison de résister à madame Maffart, mais on découvre aussi ses secrets, on distingue les trous, les failles qui émaillent sa vie, qui l’ont rendue cassante, rude, anguleuse… et on frémit devant le récit de cette obsession, de cette folie, on se demande comment tout cela va se terminer, dans un suspense final étouffant.
Fabienne Juhel n’ a pas hésité à se glisser dans la caboche du Rigoleur, sa voix singulière est à découvrir. On dirait même qu’elle a l’instinct du renard, le sauvage, qui devient un personnage à part entière, qui va et vient, et communique sa fièvre à Arsène…
A l’angle du renard, c’est une histoire qui parle d’un fils face à son Père, de frères (et de sœurs), d’une Mère qui ne veut plus cueillir de mûres, d’une vieille villageoise qui connaît tous les secrets des autres… C’est un texte râpeux, brûlant, sensuel, un roman pétri de terre et de racines, parfumé à la bouse de vache et à la senteur fauve du renard, un livre qui fait la part belle aux légendes, aux vieilles croyances, aux feux follets, un roman enfoncé dans la Bretagne profonde, butée comme le granit.
Merci, Jeneen !
« C’est tranquille les vaches, pacifique, pas des violentes, presque muettes. Suffit de voir leurs yeux, y a pas plus doux comme regard, je trouve.Un beau regard noisette qui vous parle direct au cœur. En plus, les vaches, ça fait pas d’histoire. Elles se contentent de pâturer l’herbe du bon Dieu et de fabriquer ensuite le lait dans leur petite usine à elles. Peut-être qu’elles organisent aussi des concours de pis, à celles qui aura les plus gros kilos de lait tout chaud, et puis des concours de pisse aussi, et que je te pisse dru le plus longtemps possible, et qu’elles se complimentent ensuite sur l’originalité des taches sur leur robe. » (p. 176)
Fabienne JUHEL, A l’angle du renard, Le Rouergue, 2009 (et Babel, 2012)
Les avis de Jeneen sur le livre envoyé par Somaja, et celui de Somaja sur le livre que je lui ai envoyé
La couverture est aussi belle que ton billet (pas tout à fait 🙂 ) mais je ne note plus rien en ce moment ! Jolie découverte à ce que je vois ! Ca sent le terroir !!! 😉
C’est sympa, rien qu’à la vue et à l’odeur, hein !
Non mais Anne, tu es enrhumée ??? Pour l’odeur, tu repasseras… 😆 A petites doses le bousin !!!^^
Mais je parlais du renard, ma pauvre, beaucoup plus sensuel quand même (même si ça pue la rage, c’est le cas de le dire)
C’était ma première rencontre avec F. Juhel et j’avais beaucoup aimé!
Moi aussi, je suis très contente !
Je ne connais pas encore Fabienne Juhel mais j’en entends de plus en plus parler… Sûrement un signe ! 😉
Note dans ton carnet, note ! 😉
Cela fait frissonner en tout cas davantage, en ces temps de froidure.
Mon rouquin à moi, c’est mon chat, et il sent la neige…
C’est vrai que la couverture poche est très joli. Mais surtout c’est l’auteur qui m’intrigue, voilà plusieurs titres d’elle que je note dans ma LAL sans jamais me décider… Celui là me tente beaucoup
Cette première découverte ne m’a pas déçue, loin de là !
Beau billet (et qui donne envie !).
Merci, Jérôme ! Surtout fais-toi plaisir ! (cela pourrait bien te plaire, d’ailleurs…)
On croirait qu’elle est pendue. (Pas par les mains). Beau billet en effet et il me rappelle la campagne où je suis où des Arsène regardent de travers les « pas d’ici » qui viennent s’installer.
Il y a des mentalités paysannes « indécrottables » !!
Je ne lis qu’en diagonale pour ne pas influencer ma lecture. J’y reviendrai . Mais j’ai comme l’impression que je vais aimer parce que j’aime l’odeur de la bouse de vache !
Je le posterai demain, du moins j’espère que j’aurai le temps, l’enveloppe est prête.
Chouette ! tu as aimé ! et tu en parles bien ! J’adore ‘extrait choisi, plusieurs passages m’avaient bien plu. Je n’ai pas tout à fait fini mon billet, ce sera pour demain. biz et merci pour ta participation
J’hésitais à repérer un passage par manque de temps en ce moment, mais celui-là me plaisait particulièrement ! Encore merci pour la découverte 🙂 (et pour les autres aussi – tu n’as pas répondu à mon mail, vilaine ;-))
Je l’ai noté depuis sa sortie, j’espère ne pas être trop déroutée par l’écriture de l’auteur, qui a l’air assez particulière.
Comme le narrateur est Arsène, le style est un peu familier, l’homme est un peu brut de décoffrage, certes, mais ça passe assz bien, je crois que tu peux te rassurer.
Un roman glauque, dont al couverture poche rend bien l’atmosphère, je trouve.
Je ne le qualifierais pas de glauque… rude, oui.
Mazette ! …:)
( ah, les couv’ Babel ^^ )
Très poétique, celle-ci, n’est-ce pas !
Je n’ai jamais lu cette auteure, il faudrait que je m’y mette.
Si tu en as vraiment envie, n’hésite pas !
Une auteure, une femme pétillante que j’apprécie même si je suis restée en dehors de son dernier roman.
C’était le premier que je lis d’elle. Tu m’en conseilles un autre quand même ?
J’ai lu ton billet en diagonale (mais j’ai vu que tu avais aimé) car depuis ma très bonne lecture des « oubliés de la lande » ce titre est sur ma PAL !
Je ne connais pas encore les autres livres de Fabienne Juhel… mais je vais me soigner 😉
J’ai fait une tentative pour lire cet auteur qui m’intriguait, c’était avec Les hommes sirènes, mais j’ai abandonné… le roman me mettait trop mal à l’aise, sans que j’ai d’autres reproches à lui faire.
Le renard nous fait déjà frémir intérieurement, alors si l’auteur instille cette ambiance dans tous ses romans et que cela nous atteint, nous malmène, je comprends que tu passes ton tour…
Alors là, je note de suite… surtout que je m’apprête à faire une sortie en librairie, et à rencontrer des blogueuses…. Bon we à toi !
Mouarf, et après tu diras que c’est de ma faute ! Toutes les excuses sont bonnes, je vois (et comme je te comprends…)
Ton choix d’extrait me va droit au coeur 😉 Parce qu’entre les vaches et moi (ou plutôt entre moi et les vaches), c’est une longue et douce histoire d’amour. Je sais vers quel livre, mardi à la librairie, je vais me diriger.
Quel beau billet ! Et comment donc, quand j’aurai lu ce roman, vais-je oser le chroniquer après toi ? Tu es trop forte 😀
Je suis ravie, Martine ! Je crois que les bons textes méritent et inspirent les meilleurs commentaires possibles !
Bien mystérieux tout ça mais je ne suis pas sûre que ça me plaise.
Je ne crois pas non plus… on se comprend 🙂
hmm…..Entre « Ouest » de Vallejo et « Raboliot » , on dirait ?
Tout me tente là-dedans , je note !
Merci pour ce repérage
MIOR
Un bon conseil de lecture, j’espère ! Merci de ton passage 😉
Le livre ne m’intéresse pas vraiment mais par contre, la couverture, je la trouve vraiment superbe… *_* (appelle-moi la fille superficielle).
Non, non, tu sais bien que je craque aussi sur une simple couverture…