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Quatrième de couverture :
« Elle me fait promettre que je ne la forcerai pas à quitter sa maison. Je la rassure et, pour la première fois, je lui mens. Je l’embrasse tendrement et referme doucement la porte. Ça y est : le cancer s’apprête à nous emmener sur sa route et je n’ai pas d’autre choix que de l’y accompagner. »
C’est l’histoire d’une femme. Elle a soixante-dix-neuf ans. Elle est italienne. Immigrée. Témoin de Jehovah. On lui annonce un cancer des os. Durant une année, sa petite-fille va l’accompagner dans la maladie. Par des ponts lancés entre passé et présent, elle va tenter de comprendre le destin tragique de cette grand-mère discrète et courageuse qui payera de sa vie le poids de bien trop de non-dits.
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J’ai beaucoup aimé ce roman, bref mais bien mené, « achevé » dans ses 109 pages. Une jeune femme raconte le parcours de vie de sa Nonna, depuis sa petite enfance, sa jeunesse difficile en Italie, jusqu’à sa mort des suites d’un cancer des os. La grand-mère, la vieille femme confrontée à l’épreuve de la maladie et de la mort a d’abord été une petite fille, une adolescente trop vite grandie, une jeune mariée, une jeune femme immigrée dans la région de Liège, l’épouse mal assortie d’un homme qui ne la comprenait pas, elle a élevé deux fils très différents qui feront toute sa joie et sa douleur de mère. Sa vie a été faite de travail, de courage physique et moral, de blessures muettes sur lesquelles elle ne savait pas mettre de mots : parce que cela ne se faisait pas de « parler » et parce qu’elle ne disposait pas des mots nécessaires en italien et surtout en français pour nommer les choses. On dirait qu’elle a vécu de manière presque animale, à l’instinct, les souffrances de son histoire. Celles-ci n’ont pas manqué, il y a des familles comme ça où le malheur est tenace et teigneux. Si les hommes de sa vie ont trouvé refuge dans l’alcool, elle s’est tournée vers les témoins de Jehovah, qui ont su la comprendre à un moment crucial, et elle a servi ce Dieu avec toute la force de son instinct. Mais la maladie a eu raison d’elle, Jehovah a semblé bien silencieux face à la mort qui s’approchait…
Ce récit est mené en deux temps : la petite-fille raconte alternativement les derniers mois de sa grand-mère et le passé de cette femme à la fois simple et pleine de dignité. L’écriture est elle-même marquée de simplicité, de tendresse, de respect pour la Nonna.
Je l’ai trouvé touchant, ce livre, d’abord parce que l’histoire de cette femme venue d’Italie avec son mari est emblématique de cette immigration italienne qui a marqué l’histoire de la Wallonie (dans les années 1950, de nombreux Italiens sont venus, à la demande du gouvernement belge, travailller dans les charbonnages du Borinage, des régions de Charleroi et de Liège, ils ont vécu et travaillé dans des conditions souvent difficiles avant de s’installer durablement, jusqu’aux générations actuelles – le Premier Ministre belge est d’origine italienne…). Et puis, cette volonté de transmission, de mémoire de la petite-fille, qui veut garder le souvenir de sa grand-mère noyée de silence est elle-même belle et digne, toute ancrée dans le concret de la vie. Même si ce premier roman est largement autobiographique, il n’en a pas moins une dimension humaine dans laquelle beaucoup pourront se reconnaître.
Véronique GALLO, Tout ce silence, Desclée De Brouwer, 2012
Le site de l’auteur, comédienne et dramaturge belge
Un billet écrit bien sûr en toute indépendance d’esprit, et que j’inscris dans les challenges Premier Roman, Voisins voisines pour la Belgique, La littérature au féminin et 100 Pages. Et comme il est sorti le 6 septembre, il fait partie de la Rentrée littéraire 2012.
J’ai l’impression que les éditions DDB font du superbe boulot ! Je t’embrasse et à très vite.
Oui, jolis livres soignés, c’est du tout bon.
J’aime bien cette collection, Sylvie Germain a publié des livres chez eux. Bon we !
J’en ai lu de Sylvie Germain, en effet. J’en ai un autre récent, même éditeur, auteur belge aussi : Jolie libraire dans la lumière, de Frank Andriat. Tu connais ?
Ton billet est très beau, il donne envie de découvrir ce livre.
Merci, Sharon !
Pas joyeux jouyeux tout ça. Pourtant tu sais y faire pour donner envie de découvrir ce titre^^
Non, pas joyeux, la vie dans ce qu’elle a de rude parfois, souvent… mais c’est que j’ai été touchée, mon cher Jérôme… 😉
Oui, et accompagner quelqu’un qui a un cancer est malheureusement une expérience qui devient presque ordinaire et qui n’en reste pas moins très douloureuse. Enfin…
Oui, je connais bien cette situation…
Le côté immigration m’intéresse, celui maladie et Jéhovah beaucoup moins.
Pas sûre du tout que ce soit un livre pour toi 😉
Un peu plombant, surtout en cette période de Noël !
M’enfin, pourquoi qualifier de plombants des livres qui parlent de la vie, tout simplement ? Même à Noël il y a des gens gravement malades, mourants, tristes… on survit, on peut rester debout malgré tout 😉
Tu as raison sur le fond, mais vu que je n’aime déjà pas cette période, que je me prépare à quelques jours de stress familial et qu’en plus il fait un temps pourri, je préfère du léger !
Je comprends mieux ! Dans les derniers légers repérés sur les blogs, il y a « Demain j’arrête » et « La vie commence à 20h10 » si tu ne les as pas encore lus… Bon courage et bonne fin d’année quand même 😉
tentant mais j’ai lu plusieurs lectures ces temps sur ce thème… Je vais attendre un peu.
L’accumulation peut créer l’effet inverse, en effet… 😉
Ma famille maternelle, d’origine italienne, a migré, elle aussi vers la Suisse et la Belgique. Mais bien avant les années 50.(si tu croises « des » Romersa, tu penses à moi ;)).
Bon, ça c’est dit.
Le thème de ce roman m’attire ; ce qui m’intéresse, c’est « cette volonté de transmission » dont tu parles.
Tu as raison, il y en a eu avant 1950, bien sûr ! (comme les Polonais dans le Nord de la France, bien avant la guerre 40-45) C’est un petit livre, ce qu’on peut en dire révèle beaucoup de choses, mais cela ne le déflore pas pour autant.
Je note, merci ! Joyeux Noël à toi !
Tu me tentes. Aucun rapport avec Max gallo ?
Aucun ! Elle est bien belge et à ma connaissance, Max Gallo n’a pas encore demandé l’asile fis**l en Belgique 😉
j’avais lu dans cette collection chambre à part que j’avais adoré !!! je note
http://www.arbrealettres.com/9782220059464-chambre-a-part-catherine-ternynck/
Il traîne (encore et toujours) dans ma PAL… je ne doute pas qu’il soit très bien !
ZUt zut et rezut ! Mais voilà ce que je devais offrir à mon frère pour Noël ! Figure-toi que Véronique Gallo était prof de français dans mon collège. Je ne l’ai jamais eue en cours, mais mon frère l’a beaucoup apprécié. Je te conseille de découvrir ses spectacles !
*appréciée
😉
J’ai vu les articles sur ses spectacles sur son blog. A l’occasion… (je ne suis pas sûre qu’ils soient déjà passés à Tournai…)