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Quatrième de couverture :
Franky a tout pour être heureuse : un père riche et célèbre, une mère artiste et adorable, une somptueuse maison. Elle voue à son père Reid Pierson, un reporter sportif célèbre, une véritable vénération. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Sous ses airs de jeune fille sage, ne cache-t-elle pas elle-même une adolescente rebelle, assoiffée de justice qu’elle surnomme Zarbie ? En fait, Franky sent bien que quelque chose ne va pas. De là à imaginer le drame qui se prépare sous son toit… Il faudra beaucoup de courage à Franky pour laisser Zarbie lui ouvrir les yeux sur la vérité.
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Quel bonheur de retrouver Joyce Carol Oates dans son deuxième roman jeunesse (après Nulle et Grande gueule, et avant Un endroit où se cacher, tous deux lus bien avant le blog).
Dans ce suspense psychologique très fort, JC Oates tisse les relations entre une fille adolescente et son père, un homme célèbre, adulé, ancien champion reconverti en journaliste sportif. Il a réussi à construire une image parfaite à l’extérieur et entend bien que la vie familiale confirme ce scénario parfait. Mais c’est en réalité un homme violent, narcissique, manipulateur… Le portrait qu’en dresse la romancière est glaçant. Cet homme parvient à entretenir une ambivalence perverse, son autorité sur ses filles est implacable et terriblement bien déguisée et sa femme ne peut rien ou presque contre ses exigences.
Face à lui, Franky, la narratrice, ne peut vivre que dans l’ambivalence également : repousser sa mère comme le père l’y incite, aimer son père qui semble le seul être solide, capable de la protéger… mais aussi laisser parler Zarbie, la rebelle, celle qui laisse remonter à la surface certains souvenirs ou objets enfouis… Samantha, la petite soeur, ne peut que souffrir et ressentir le manque comme un petit animal privé d’amour et de repères. Quant à Todd, le frère aîné, il semble être entré parfaitement dans le modèle paternel.
On retrouve dans Zarbie les yeux verts une des thématiques de Nulle et grande gueule : le besoin d’être populaire, d’être aimé qui animait Grande gueule et qui a tourné au narcissisme exacerbé et toxique chez Reid Pierson.
Même si elle se termine relativement bien (ou plutôt : si elle se termine sur une forme de résolution, de rééquilibrage), c’est à une véritable descente aux enfers que nous convie Joyce Carol Oates. Son étude psychologique est magistrale, la construction du récit est émaillée d’interviews, d’extraits de journaux intimes qui font avancer l’action avec une belle variété de moyens narratifs.
Bien sûr, pendant cette lecture, je n’ai pu m’empêcher de penser à certaines affaires célèbres de violences familiales cachées derrière une façade glamour (il y avait justement sur Arte, la semaine dernière, une émission sur les rapports tumultueux entre Richard Burton et Elizabeth Taylor). Mais ce qui est surtout très efficace avec la romancière américaine, c’est la force du suspense, la description des sentiments : j’ai souvent eu le ventre noué, comme Franky, face aux agissements de son père, et j’ai mieux compris les mécanismes de défense, de protection qui peuvent se mettre en place chez un enfant, un ado pris au piège entre des parents qui se détruisent.
Le « portrait » de ce roman ne serait pas complet si je ne saluais pas aussi l’art de Mrs Oates de camper en quelques mots la vie d’une petite communauté artistique à Skagit Harbor, ou la maison prétentieuse de Reid Pierson à Seattle.
Une nouvelle démonstration du talent de JC Oates, auteur dont décidément, je dois absolument explorer davantage l’univers littéraire, et un de mes coups de coeur 2012 en matière de littérature jeunesse !
Joyce Carol OATES, Zarbie les yeux verts, Scripto, Gallimard Jeunesse, 2005 (ce titre est également disponible en Folio)
Une participation au challenge Joyce Carol Oates de George, l’occasion de terminer mon challenge Petit Bac jeunesse avec la Couleur et de renouer avec le challenge 50 états, 50 billets puisque l’histoire se passe à Seattle et à Skagit Harbor, dans l’état de Washington.
Tu me donnes envie de le lire ! Il est dans ma PAL.
Comme beaucoup d’autres… 😉
J’ai lu « Un endroit où se cacher » qui ne m’a pas autant plu que ses romans adultes. Il faudrait d’ailleurs que j’en mette un au programme de cette année, un JCO par an, ça ne peut pas faire de mal…
Il faut aussi que je continue à explorer sa littérature adulte…
J’ai aimé tout ce que j’ai lu d’elle et cela fait longtemps que je n’ai pas lu d’autre roman. Cela me manque un peu à te lire.
En adulte, je n’ai lu que « Les Chutes ». J’ai « Nous étions les Mulvaney » et « Délicieuses pourritures » dans la PAL.
je ne connaissais pas son univers jeunesse ! j’aime aussi tout ce que j’ai lu d’elle, à suivre donc…
Je n’ai jamais été déçue non plus jusque là 🙂
J’avais lu Nulle et grande gueule aussi mais je n’en garde pas un grand souvenir… Celui là me semble pas mal du tout !
Les deux sont quand même différents. Mais mes souvenirs de Nulle et Grande gueule ne sont plus très frais non plus, même si je le conseille toujours à mes élèves.
Comme Ys, il faudrait que je relise JCO, mais plutôt avec un roman « adulte »… la couverture de celui-ci est trop laide ! 😉
Elle fait aussi peur que le père du roman, c’est vrai !
Jamais lu un roman jeunesse de Oates. Il y a déjà tellement à faire avec sa production « adulte ».
Les « jeunesse » sont réédités en Folio, c’est à la fois commercial et … pas idiot, je les apprécie tout autant.
J’avais beaucoup aimé, notamment à cause du père de Franky, quel abominable personnage !
On n’a même pas envie de le détester tant il est horrible, n’est-ce pas !
Jamais rien lu en roman jeunesse alors que c’est une de mes auteurs préférées mais si tu à envie de t’attaquer à sa production adulte voilà quelques titres qui j’en suis sur ne te décevront pas : « les chutes », « Mère disparue », « la fille du fossoyeur », « Fille noire, fille blanche »…
J’ai lu et adoré « Les Chutes », je peux me faire prêter « Fille noire, fille blanche » et j’en ai deux autres dans la PAL 🙂
Déjà lu, j’ai adoré !
Il est très bon, c’est certain !
Je vois qu’elle excelle autant dans les livres jeunesse qu’adulte et je ne peux que t’encourager à continuer d’explorer son univers. C’est vraiment ma romancière américaine favorite !
Tu peux lire dans les autres commentaires que j’en ai quelques-uns en vue 😉
Je me rends compte que j’ai lu ce roman à sa sortie alors que je ne connaissais pas du tout l’auteur. Et c’est en lisant ton billet que je me rends compte que c’était quand même Joyce Carol Oates qui l’avait écrit ! Quelle ignare j’étais à l’époque ! En tout cas, je garde un très bon souvenir de cette lecture qui ne laisse pas indemne.
J’espère que tu as continué à la découvrir depuis ! 😉
Je tenterai peut-être, ma première approche de Oates ayant été plutôt moyenne. Hop, billet ajouté ! Bon week-end.
Jusque là, j’ai apprécié tout ce que j’ai lu d’elle. Il y a tant de livres dans sa bibliographie, tu tomberas peut-être sur celui qui te convient !