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« J’observai la mer et songeai au manque que la plupart des gens venaient combler ici, chaque année, à la même saison, en pratiquant des activités nouvelles, en contemplant les vagues, eux aussi, jusqu’à l’étourdissement. Et c’est en guettant cette ligne d’horizon que j’entendis la voix dans mon dos. »
Cet été-là, dévasté par la maladie de sa mère, Jacques part dans les Landes. La plage semble être un lieu de prédilection pour cet homme, un lieu de l’expérience, où tout se révèle à lui mais aussi où tout lui échappe.
Mélange de douceur et d’implacable lucidité, Si j’y suis parvient à condenser en quelques tableaux les enjeux d’une vie. Tout dans ce roman contribue à imposer la voix d’un nouvel écrivain.
Né en 1980, Erwan Desplanques a grandi à Reims. Il est journaliste à Télérama.
Si vous avez envie de lire ce roman, ne lisez mon avis qu’en diagonale parce que je ne l’ai guère apprécié et je risque de vous décevoir en révélant des éléments de la fin du roman…
D’abord il faut reconnaître que ce court roman (105 pages) est construit : il est divisé en trois parties « Là-bas », « Ici », « Ailleurs », la première et la troisième se passant principalement sur une plage, une sorte d’inclusion ouverte puisque le début est dans les Landes, la fin à Hanoi. Rien n’est fait au hasard, tout semble très maîtrisé sous la plume de l’auteur, qui est critique littéraire à Télérama.
Oui mais…
On peut penser que certaines oeuvres littéraires très connues valent la peine d’être revisitées, rajeunies par des auteurs contemporains, qu’elles peuvent devenir une source d’inspiration pour de jeunes écrivains. On peut penser aussi que les classiques sont suffisamment parlants par eux-mêmes, que leur statut de classiques leur a donné une notoriété, voire une perfection qu’il serait téméraire de vouloir imiter. Je suis peut-être trop classique, je respecte peut-être trop des oeuvres immensément connues : en tout cas, c’est la deuxième option que je choisis dans le cas de ce livre. D’autre part, j’ai peut-être été trop influencée par ma relecture en janvier de L’étranger de Camus. En tout cas, j’ai dès le début été perturbée par le fait que Erwan Desplanques semblait reprendre les thèmes et péripéties du premier roman d’Albert Camus, avec lequel il y a énormément de similitudes.
Il s’agit d’un homme dont la mère est en train de mourir, il assiste impuissant à la déchéance physique de cette femme et se réfugie quelques jours, sans savoir pourquoi, auprès de son ex-femme qui s’appelle Marion et dont on confond le prénom avec Marie, tout comme l’amie de Meursault dans L’étranger. Cet homme, Jacques, subit les évènements, se laisse porter au gré des désirs et décisions des autres, il est spectateur de sa propre vie, comme Meursault. Quand sa mère meurt, il coupe tous les liens qui le retiennent en France et part à Hanoi (on ne sait pourquoi non plus) où il va se laisser entraîner dans une course vers une plage, un accident avec un chien va faire basculer le fragile équilibre qui était le sien, et le roman va se terminer abruptement, alors qu’il s’est laissé enterrer dans le sable par une fille qui le laisse seul devant la marée montante. Non sans avoir lu avant cela une séance de violence envers le chien assez insupportable et gratuite.
Le lien avec Camus est même carrément cité lorsque, dans la partie centrale, Jacques accompagne un collègue à un match et précise que Camus aimait le football. (Ce moment d’amitié entre les deux homme est d’ailleurs pour moi un des jolis moments du livre.)
Ce roman traite d’un deuil impossible, du lien entre une mère et son fils, la référence à la mort est très présente. Ce n’est pas cela qui me gêne, au contraire, mais plutôt l’impossibilité à coller au personnage, son « absence », le côté décousu des choses malgré une construction apparemment rigoureuse. Sans compter ces références à l’univers de Camus, qui me paraissent assez gratuites puisqu’elles ne servent aucun projet philosophique. J’ai conscience en écrivant cela de mon manque d’objectivité, mais Camus fait tellement partie de mon panthéon personnel que ce roman ne restera vraiment pas longtemps dans ma mémoire…
Erwan DESPLANQUES, Si j’y suis, Editions de l’Olivier, 2013
Bon, ça va… je n’avais pas envie de lire ce roman. De ce fait, j’ai pu lire ton billet. Et c’est bien comme ça !
Quand je ne suis pas embarquée dans une bonne histoire, je ne suis pas facile à convaincre…
Ca tombe bien, je ne comptais pas le lire.
Ouf 🙂
C’est que Camus est grand et vaste son ombre autour de lui, pas facile de s’y faire une place…
Je suis consciente de cela, mais je ne suis quand même pas convaincue…
Bon ben, quand c’est loupé c’est loupé !!!!
Ou : quand on n’aime pas, on n’aime pas !
Je ne pensais pas lire ce livre, cela tombe bien, on dirait… (on n’est pas là pour tout lire, ni pour tout aimer, n’est-ce pas ?)
C’était une lecture obligée… heureusement pas trop longue !
Un de moins! 😉
Pour combien de pus piochés ailleurs ? 😉
Merci pour cette analyse critique très éclairante.
Et une critique est forcément subjective… sinon, pourquoi la faire?
Merci, Mimi ! J’en connais au moins un qui a aimé le livre…
Décidément, pas de chance, heureusement qu’il n’était pas long. Moi je passe, pas du tout mon genre et la scène que tu cites avec le chien me décourage définitivement !
Je n’aime pas non plus quand on maltraite le animaux, et encore moins quand un enfant subit des maltraitances.
Moi, ça me fait plus penser à Jean-Philippe Toussaint. J’ai trouvé ça beau, tendre. Il y a du Camus, oui, mais en plus minimaliste, façon Minuit.
Je n’ai jamais lu Jean-Philippe Toussaint, je ne eux pas comparer… et de toute façon, ça ne m’aurait sans doute pas plu davantage…
Je n’ai pas du tout envie de lire ce roman. Par contre, j’ai envie de relire Camus.
Ou un meilleur roman sur le deuil… (pour ce qui me concerne)
Exactement le même constat pour moi.
Je suis resté complètement en dehors. Ce roman m’a semblé insipide, et j’imagine que le status de journaliste de l’auteur a du beaucoup l’aider
Mais la référence avec Camus m’a échappée
Noann
Cet homme qui perd sa ère sans réagir de façon vraiment « appropriée » et qui subit la scène finale sans réagir non plus, ça ressemblait fort à L’étranger, non ?
Curieux, mon message a été supprimé ?
Censure ?
Non, la première fois qu’un visiteur dépose un commentaire sous wordpress, il doit d’abord être approuvé. Une fois que c’est fait, il n’y a plus de « censure ».
Je vois qui vous êtes à présent.
Je vous ai envoyé mon livre en 2011… Début 2013 vous ne l’aviez pas encore ouvert
Et aujourd’hui vous me boycottez mes commentaires
Quel mépris des auteurs et des personnes qui laissent des messages.
Vous devez être quelqu’un de particulièrement imbu pour avoir un si piètre égard pour les autres
Quelle susceptibilité mal placée !! Je pense que ce blog ne reflète pas mon « mépris des auteurs et des personnes qui laissent des messages ». D’autre part, je ne suis pas perpétuellement branchée sur internet pour répondre immédiatement à tous les commentaires, il y a d’autres choses à vivre. Si vous voulez, envoyez-moi votre adresse par mail (voir dans la rubrique « Présentation et contact ») et je vous renverrai votre livre, qui n’est pas perdu, c’est déjà ça.