Vincent creuse avec ses doigts dans la terre du talus. Il regarde ses ongles noircis. Il goûte la terre du bout de sa langue. Il se demande si son père y a goûté, du fond de son cercueil. Il voudrait le voir, là, à ce moment-ci, précisément, pour lui demander comment on fait, avec des enfants à venir. Il lui demande : me reconnais-tu comme un des tiens ? Mais il ne tient que de la terre au bout de ses doigts noircis et c’est peu, de la terre, pour parler à son père.
Vincent a vingt ans. Sa compagne, Romy, est enceinte. Il est terrifié. Allongé dans un talus le long du chemin de fer, à quelques mètres de la maison dans laquelle ils viennent d’emménager, entre Namur et Gembloux, Vincent se souvient, Vincent doute, Vincent convoque les absents, son père, notamment. Comment fait-on pour être père quand on n’a pas eu d’exemple ?
Difficile d’en dire plus, sans en dire trop. Daniel Adam nous offre un roman plein de sensibilité sur le thème de la paternité, les questionnements d’un futur père, perdu face à cet événement qui va changer sa vie à jamais, terrifié face à ce ventre qui s’arrondit et lui rappelle des souvenirs douloureux, provoque en lui une angoisse profonde. La fuite ? Il y pense, bien sûr. Et pourtant, il reste là, accompagne Romy aux cours prénataux, observe, s’interroge.
Le personnage de Vincent m’a beaucoup touchée. L’écriture également. Et je me réjouis de rencontrer l’auteur prochainement. Pour ceux et celles que cela intéresse, il sera à la librairie Antigone de Gembloux ce mercredi 29 avril à 19h45 (réservation souhaitée : 081/600 346).
L’occasion pour moi également de découvrir une autre maison d’édition belge : ONLIT Editions, dont les publications sont disponibles à la fois en version numérique et en version papier.
Daniel ADAM, Eaux perdues, ONLIT Editions
Par ailleurs, puisqu’on est dans le mois belge et que « jamais deux sans trois » : auteur belge, maison belge et musicienne belge… Kathy Adam, la nièce de l’auteur si je ne me trompe, est violoncelliste. La voici en duo avec le fabuleux Didier Laloy : https://www.youtube.com/watch?v=VxWG6Qnawes
Très chère Nadège. J’apprécie énormément la qualité de tes critiques et la délicatesse avec laquelle tu « descends un auteur » quand sa publication ne te plait pas.
Bravo et au plaisir de te rencontrer lors de la soirée du 29 avril.
Merci, Eveline. Ton commentaire me touche beaucoup. Au plaisir de te voir mercredi 🙂
Je viendrai à la soirée du 29 pour entendre l’auteur au sujet de son projet d’écriture, qui me semble très intéressant d’après ce que tu en dis. Peut-être sera-t-il celui qui me fera dépasser mes préjugés quant à Onlit (je déteste leurs couvertures, entre autres).
Un autre auteur de Onlit sera présent : Lorenzo Cecchi. Je pense que la soirée sera intéressante et je serai ravie de t’y voir 🙂
Bonjour à toutes. Je ne sais plus qui est qui. Nadège si j’ai bien compris est belge. Mina aussi ? Et vous Anne7500 vous êtes française ? Bon, tout ça n’est pas très important quand on parle de bouquins mais j’aime assez les repères géographiques. Mina, je suis tout à fait d’accord avec vous quand vous dites que les couvertures de Onlit (le titre aussi d’ailleurs) sont détestables mais frappantes, leur seul mérite. Luc Delfosse, que vous connaissez peut-être vient de faire paraitre un roman chez eux. . Je ne l’ai pas encore lu cet opus de l’ex vice-rédacteur en chef du Soir dont j’apprécie la plume corrosive. La libraire de Gembloux m’est familière mais comme je suis de LLN, je n’y vais pas souvent. Tenez-nous au courant. Et merci pour ce billet du jour.
Anne et moi n’avons jamais caché vouloir faire découvrir « la littérature de notre pays », nous sommes belges toutes deux, ainsi que Nadège et d’autres participants du Mois belge (heureusement, pas tous, quelques Français nous ont rejoints). 😉
Des couvertures frappantes, oui, mais dans le mauvais sens pour moi, et je ne suis peut-être pas la seule à les repérer ainsi de loin et à les fuir…
J’espère qu’après la soirée, tu ne les fuiras plus. Je les ai moi aussi longtemps évitées. A tort… !
Ca m’avait pourtant l’air évident que je suis bien Belge ! 🙂
On n’est pas sur facebook, mais imagine un « like » 🙂
Je n’aime pas trop non plus les couvertures de Onlit, mais je suis en train de lire un deuxième titre de cette maison et je pense que je vais la suivre de bien plus près…
C’est vrai ça mais pas tant que ça. En tout cas, je m’y retrouve dans vos billets (doux). Et ça, c’est déjà une appartenance !
Nadège, ton billet est très intéressant : il donne envie de découvrir ce roman, sans en dire de trop. C’est une maison d’édition dont j’ai déjà repéré quelques titres en bibliothèque et dans Livrés à domicile. Je retiendrai donc ce titre présenté.
Tu m’en vois ravie, Laeti !