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Quatrième de couverture :
« Irina sait qu’elle a menti. Un peu. Rien de très grave.
Mais menti quand même. Certes, elle a bien vingt-six ans… Mais elle n’a jamais travaillé au Grand Café Pouchkine, comme elle l’a écrit à Enzo. »
Elles sont des centaines à rêver d’une autre vie. Mais pour Irina, rêver ne suffit pas. De Moscou, le Riviera Express doit la conduire à Nice, jusqu’à Enzo. Elle est prête à saisir sa chance. N’importe quelle chance. Mais sait-on vraiment ce qui nous attend ?
Irina n’a jamais entendu parler d’Anna Alexandrovna, jeune aristocrate russe, ni de son long voyage en train, en sens inverse, de la côte d’Azur à Saint-Pétersbourg, un huis clos où les événements tragiques se succèdent. Qui s’en souvient ? Un siècle les sépare, et pourtant leurs histoires sont liées à jamais.
Après un détour par Constantine durant la seconde guerre mondiale, nous repartons en train en compagnie de deux femmes qui font le trajet entre Nice et Moscou, l’une en 1881, l’autre en sens inverse et en 2012.
En quelques pages, Gaëlle Josse réussit à rendre vivantes et proches ces deux jeunes femmes, à la fois si différentes dans leurs origines, leur histoire, le sens qu’elle veulent donner à leur vie, et si proches dans leur rapport compliqué à leur mère et aux hommes et surtout dans leur maladroite quête de bonheur. Petit à petit se révèlent les parcours de la jeune aristocrate russe qui aspire à retrouver les grands espaces et ses chers chevaux après une saison hivernale oppressante à Nice et de la jeune femme moderne qui, au contraire, souhaite de toutes ses forces fuir le froid et la violence d’un homme blessé par la guerre. Le lecteur peut ainsi tisser les liens qui unissent ces deux histoires, s’ouvrir à l’inconnu du voyage et passer avec elles par toute une gamme d’émotions très variées et parfois surprenantes !
J’avoue que je me serais bien passée du tout dernier chapitre qui explique vraiment le lien « historique » entre Anna Alexandrovna et Irina. Certes, le roman aurait été encore plus court, certes certains lecteurs aiment que l’auteur leur explique tout jusqu’au bout, mais ça ne m’a pas paru indispensable. J’aurais limite préféré un bond dans le temps et une évocation de ce que les deux héroïnes deviennent quelques années après ce voyage en train.
Mais ce petit bémol n’enlève rien au talent de Gaëlle Josse à nous raconter une histoire tirée de l’observation du réel, du quotidien (on la sent interpellée par les sites de rencontres, en particulier ceux où de nombreuses jeunes Russes s’exposent et nouent des liens plus ou moins tarifés avec des Occidentaux), à tracer le portrait de personnages attachants dans leurs fêlures et à croiser des destins qui paraissent bien éloignés mais se rejoignent dans ce huis-clos qu’est un long voyage en train.
« Le train poursuit son avancée dans la nuit, comme s’il ouvrait la route droit devant lui, rejetant les ténèbres de part et d’autre de la voie. La nuit est noire, d’un noir dense, serré, d’où toute trace de gris a disparu.
De loin en loin, le halo clair tracé par les lumières d’une ville devinée, comme un témoignage de vie, ou la possible existence d’une galaxie proche, quelque part dans des espaces interstellaires, et l’idée que les hommes n’ont pas renoncé à exister là, pas encore. Cela dure quelques secondes, puis la nuit reprend possession des espaces brièvement concédés. Le train continue sa course, sans arrêt, avec de simples ralentissements dans des gares inconnues, avec leurs panneaux illisibles, leurs quais grisouilles et leurs réverbères transis. » (p. 52-53)
Gaëlle JOSSE, Noces de neige, Editions Autrement, 2013
J’ai apprécié aussi cette lecture !
Ca ne m’étonne pas !
Je ne connais ni l’auteur ni le titre mais ce que tu en dis m’interpelle (la Russie, des destins croisés …).
Alors, Mrs Figg, il faut vite faire la connaissance de Gaëlle Josse. Elle est presque devenue (oserais-je l’affirmer) une auteure contemporaine incontournable !
Et elle est très sympa !
Ce n’est pas mon préféré de Gaëlle Josse, dont je garde toujours en tête l’émotion de Les heures silencieuses, son premier roman, mais je n’ai pas encore lu le dernier, qui a beaucoup plu aussi.
Pour le moment, je suis une inconditionnelle des textes de Gaëlle Josse. J’ai bien dit « pour le moment »
Tu as tout lu ? Moi j’aime bien sa petite musique intérieure dans les trois romans lus mais je garde une préférence pour le premier.
Ca me donne tres envie cette lecture, tout a fait ce qui pourrait me plaire! Je le note merci
J’ai beaucoup aimé cette lecture et je ne me souviens pas avoir été dérangée par la fin.
J’ai bien aimé, c’est juste un petit bémol…
J’avais beaucoup beaucoup aimé ses deux premiers romans. Et puis, celui-ci ne m’avait pas spécialement attirée. Sensation appuyée par l’avis mitigé de Mina sur ce titre. Son dernier titre Le dernier gardien d’Ellis Island est chez moi, je comptais le lire en vacances. C’est une prochaine lecture. Mais ton billet me donne le petit coup de pouce pour me diriger lentement vers lui (et en plus, il est en poche désormais).
Je ne sais pas quand je lirai le quatrième (j’aime bien m’en garder un sous le coude au cas où il faut attendre longtemps une nouvelle parution), il a été fort apprécié de ses lecteurs et des libraires. Celui-ci est quand même bien, on y reconnaît la voix originale de Gaëlle Josse.
Elle est jolie la couverture !
Oui, jolie photo !
Ce n’est pas mon favori non plus, j’ai préféré la partie contemporaine de ce roman, celle » historique » m’a paru plus convenu. Comme toi, cela n’empêche pas que j’apprécie particulièrement la plume de Gaëlle Josse, sans avoir encore lu son dernier roman non plus, trop vu, tu me connais… ^-^ ( quant à mon favori, c’est » Nos vies désaccordées « , si… vibrant )
Pour l’instant, je garde un faible pour Les heures silencieuses, d’ailleurs c’est celui des deux premiers dont je garde les souvenirs les plus précis. Et je me connais,, je vais garder le 4 en réserve jusqu’à ce qu’un nouveau roman sorte…
Nous en avions discuté, j’étais un peu plus mitigée quant à ce roman-ci : la petite musique y était, mais avec moins de charme (ou d’effet sur moi ?) que dans les deux précédents. Comme Marilyne, une préférence pour Nos vies désaccordées, bien que Les heures silencieuses garde la saveur particulière de la première lecture de l’auteure et de la découverte.
Concernant la fin, elle m’a paru si peu indispensable que je l’avais oubliée… Quelque chose de plus subtil m’aurait sans doute davantage convenu.
Je crois sentir ce qui vous a tant plu dans Nos vies désaccordées 😉 J’espère, je pense que Le dernier gardien d’Ellis Island me fera vibrer aussi, mais je suppose que tu es moins intéressée par le sujet.
J’espère aussi être à nouveau emportée par Le dernier gardien d’Ellis Island, mais j’attends la sortie en poche. Comme tu l’as deviné, le sujet m’inspire peu (davantage depuis ma lecture du Soleil des Scorta, mais sans plus encore).
La sortie poche ou le prêt d’une copine 😉