Quatrième de couverture :
Charmante écervelée, Viola Wither se retrouve veuve à vingt et un ans. Frivole et sans le sou, elle n’a qu’une porte de sortie : quitter Londres et emménager chez sa belle-famille. Entre ennui mortel et hystérie, la vie à la campagne est tristement cocasse. Jusqu’au jour où elle s’éprend du plus beau parti de la région, promis à une autre. Et qu’elle flirte avec lui…
Une comédie pétillante et poivrée, dans la lignée d’une Jane Austen qui aurait revisité Cendrillon.
Comme le dit le commentaire de cette quatrième de couverture, oui, nous pouvons penser à Jane Austen en lisant ce roman mais on peut aussi penser (un tant soit peu) à Downton Abbey : nous sommes à Sible Pelden, un petit village de l’Essex, et la jeune Viola, sans aucune ressource après le décès de son père et de son mari, vient se réfugier chez ses beaux-parents, Mr et Mrs Wither. Ils vivent aux Aigles avec leurs filles, Madge et Tina, deux vieilles filles qui subissent le mode de vie terne et radin de leur père. De l’autre côté du bois vivent les Spring, la mère, le fils, sa cousine orpheline et son amie d’enfance que tout le pousse à épouser. Ils sont riches, entreprenants, ils vivent dans le luxe et les plaisirs (le travail aussi pour Victor), sauf pour la cousine, intellectuelle incomprise qui n’attend que sa majorité pour décamper. Entre les deux, il y a les domestiques, notamment Saxon, le chauffeur de Mr Wither (quand je vous disais qu’il y avait un peu de Downton Abbey).
Différences de classes sociales, rêves et désillusions, transgressions, veuves joyeuses (ou pas), couples rassis, ragots de village, tout y est, y compris le final conte de fées pour un des couples. Ce roman parle des femmes et de l’amour, de toutes les aspirations en ce domaine au cours des années 30 (le roman a été publié en 1938) : vendeuses, midinettes, intellectuelles en mal de reconnaissance, servantes, ladies campagnardes, fortunées étourdies de plaisirs frivoles, Stella Gibbons nous en présente une belle brochette, non sans une pointe de causticité parfois. Amour amitié, amour coup de foudre, amour envers un animal de compagnie, amour languissant, amour constant, là aussi la palette est variée. Les hommes doivent soutenir ces dames, leur apporter le confort matériel, la sécurité, les plaisirs qu’elles attendent de la vie, tout en les laissant combler des aspirations qui ne portent pas encore le nom de féminisme, loin de là. Finalement, femmes et amour se conjuguent avec argent, et je me demande si la romancière n’a pas voulu créer un livre autour de ce moteur fondamental des relations sociales.
Stella Gibbons peint ces différents tableaux dans un récit construit, où les détails apparemment sans importance auront des conséquences, prévisibles ou inattendues. Elle émaille son texte de réflexions sur la vanité de certains comportements frivoles, alors que l’époque des années 30 est troublée, mais il n’y a aucune allusion vraiment historique.
Je découvrais l’auteur avec ce titre. En fait, la lecture n’a pas été désagréable, je suis allée au bout des 500 pages sans déplaisir (malgré quelques longueurs) mais… il m’a manqué un petit quelque chose, je ne sais trop quoi, pour être vraiment emportée. Ca ne m’empêchera pas de tenter un autre titre comme Westwood ou Le Célibataire.
« Tina s’avança vers la fenêtre et regarda un instant les nuages éclatants de blancheur derrière les branches vert sombre de l’araucaria. Le monde lui paraissait si jeune, ce matin, que sa propre peau lui semblait soudain flétrie. Elle avait conscience de chacune des rides de son visage, malgré les crèmes et les massages, du durcissement de ses os. Et sur cette terre baignée d’une jeune lumière, toutes ses pensées, toutes ses aspirations étaient tendues vers l’amour. »
« Ce mot [affectation] avait un sens spécial pour elle, assez vaste pour englober tout comportement différent du sien. Il était donc affecté d’aimer la lecture, de ne pas souffrir de la solitude, de faire du sport en professionnel ou de s’habiller en suivant trop strictement la mode. Rechercher avec constance des plaisirs conventionnels, brefs et coûteux, telle était aux yeux de Phyllis la façon idéale de mener sa vie. »
« Tina avait entretenu son intelligence en lisant des livres indigestes, qui n’étaient pas toujours pleins de sagesse mais du moins ne ressemblaient pas à ces liqueurs douceâtres, à ces meringues intellectuelles que sont les romans. »
« Aux Aigles, la famille s’était rassemblée au salon en cette heure morne où le thé est passé depuis longtemps sans que le dîner soit encore en vue. C’était une scène tranquille, qui aurait irrité un communiste. Cinq membres improductifs de la bourgeoisie étaient assis dans une pièce immense, où ils respiraient davantage d’air, se chauffaient à plus de feu et tiraient plus de plaisir et d’agrément des tableaux et des meubles qu’il n’était strictement nécessaire. Au sous-sol, dans la cuisine, trois membres de la classe laborieuse trimaient ignoblement pour leur préparer leur dîner, acheté avec les revenus d’un capital. »
Stella GIBBONS, Le bois du rossignol, traduit de l’anglais par Philippe Giraudon, Points, 2014 (éditions Héloïse d’Ormesson, 2013)
C’est le rendez-vous Campagne anglaise aujourd’hui dans le Mois anglais.
Cryssilda a dit:
Ce titre revient souvent lors du mois anglais, il va bien falloir que je m’y plonge un jour !
anne7500 a dit:
Tu n’as jamais lu Stella Gibbons ?
keisha41 a dit:
Parfait pour le mois anglais, en tout cas!
anne7500 a dit:
Oh ça c’est certain !
nath a dit:
La référence à Downtown abbey m’a eue ! allez hop, dans la liste d’envies 🙂
anne7500 a dit:
Ca ne se passe pas dans un milieu aussi prestigieux, attention, et il n’y a que quelques points de ressemblance 😉
rachel a dit:
et bin cela se laisse tenter..meme s’il manque le petit grain…en tout cas cela semble assez cynique..trop bien quoi….;)
anne7500 a dit:
Et il y a quand même quelques scènes d’anthologie ou où on rit de bon coeur 😉
missycornish a dit:
Si c’est une lecture légère, je pense qu’il ne faut pas espérer de découvrir d’après ce que tu en dis un grand roman.
anne7500 a dit:
Jane Austen, Barbara Pym, Nancy Mitford font un peu dans le même créneau, en étant plus resserrées dans l’intrigue ou encore plus féroces.
Lili a dit:
Je me rappelle avoir vu pas mal défiler ce titre lors du mois anglais 2016 ! Je me rappelle aussi l’avoir noté quelque part… Ton billet ravive ce souvenir : l’ambiance très british a l’air charmante. Ce serait un bon roman de vacances !
anne7500 a dit:
Je me suis épatée moi-même à lire deux fois en suivant ou presque deux romans de 500 pages, ça ne m’était plus arrivé depuis longtemps. Celui-ci se lit très bien, c’est une bonne idée de vacances, en effet.
mrspepys a dit:
Pas sûre d’avoir envie de faire un tour dans cette campagne anglaise : tes réticences me feront trouver d’autres chemins anglais à explorer d’ici la fin du mois.
anne7500 a dit:
Je ne regrette quand même pas d’avoir découvert la dame.
missycornish a dit:
Ce roman à l’air très bien. J’aime ce style très austenien. Je le note sans plus tarder! Je ne connaissais pas du tout cette auteure.
anne7500 a dit:
C’est le mois anglais 2016 qui me l’a fait découvrir. On redécouvre des auteures oubliées…
Tiphanie a dit:
Ton avis pas tout à fait enthousiaste ainsi que celui de Fondant me rassurent en quelque sorte, j’avais peur d’être complètement passée à côté de quelque chose, mais vos deux lectures ne me tentent pas spécialement. Ce n’est pas grave il y a encore beaucoup d’autres choses à lire 🙂
anne7500 a dit:
J’essaye d’atteindre ton billet du jour mais on dirait que canalblog déconne ce soir ?
aifelle a dit:
Je l’ai lu l’an dernier, avec les mêmes impressions que toi. Je relirai volontiers autre chose de l’auteur, c’est une bonne récréation pour les vacances 😉
anne7500 a dit:
« Le Célibataire » doit être pétillant 😉
hélène a dit:
Personnellement je n’ai pas eu ton courage, je l’ai abandonné en cours de route;;.
anne7500 a dit:
Figure-toi que ça m’a tentée au début. Je ne regrette quand même pas de m’être accrochée.
alexmotamots a dit:
Jane Austen qui aurait revisité Cendrillon : le pitch était plaisant.
Alexielle a dit:
Aoutch ! ça avait l’air sympa mais les longueurs et le petit quelque chose qui manquait, ça me renvoie à mon autre lecture de l’auteur : La Ferme de cousine Judith que, pareil, j’avais lu sans déplaisir mais avec cette même sensation finale. Du coup, pas sûre de retenter cette auteur ^^
anne7500 a dit:
On dirit que ces deux titres nous laissent mi-figue mi-raisin… Je tenterai quand même Westwood ou Le célibataire.
Margotte a dit:
Je n’ai jamais lu cette romancière. Cela ne semble pas désagréable !
anne7500 a dit:
Ah mais pas du tout, ça se laisse lire avec le sourire aux lèvres.
A_girl_from_earth a dit:
Ah moi j’aime vraiment beaucoup la plume de cette romancière. Je m’étais régalée avec Cold Comfort Farm, livre avec lequel je l’avais découverte l’année dernière. J’avais trouvé ça plus que sympathique même s’il y a un petit côté gentillet (surtout sur la fin). Il faudra que j’en tente un autre pour voir si le charme opère toujours autant. Le Célibataire me dit bien aussi.^^
anne7500 a dit:
J’aime ton enthousiasme, A Girl !
northangerlit a dit:
Hop, ajouté à la wish-list 😉 Merci !