Étiquettes
Quatrième de couverture :
Hospitalisée dans un coma profond, Alice se souvient : de l’amour fou avec John, un journaliste, fils d’un juif intégriste qui l’a renié ; de l’étrange enfant, puis de l’adolescente fragile et rebelle qu’elle a été ; de l’affection de sa grand-mère Elspeth et des heurts avec sa mère, Ann, beauté froide et énigmatique. Et tandis que toute la famille guette le moindre signe d’espoir, la genèse du drame affleure.
J’ai commencé à lire ce livre lentement, un peu au rythme d’Alice que l’on sent profondément triste et désorientée au début, sans bien savoir pourquoi. Et puis dès les premières pages, elle se jette sous les voitures à un passage pour piétons londoniens et se retrouve dans le coma. Dès lors la narration va se placer tantôt du point de vue interne, dans les pensées d’Alice, ou plutôt ses ressentis depuis les limbes où elle s’est « réfugiée », tantôt de divers points de vue externes, dans d’incessants aller et retour entre l’enfance, l’adolescence, la vie étudiante puis adulte d’Alice, entre Londres et North Berwick (Ecosse), jusqu’à son « accident ».
Alice est « l’enfant du milieu » dans une famille de trois soeurs, fille d’un Ecossais discret et d’une Anglaise qui ne s’est jamais vraiment faite à la vie d’une petite ville de bord de mer. Toute la famille vit dans la maison de la grand-mère paternelle, Elspeth. On sent bien le lien particulier qui unit Alice et sa grand-mère et le lien tout aussi particulier (très conflictuel) qui unit Alice à sa mère Ann. Enfant et ado rebelle, la jeune fille peine pourtant à s’affirmer tout en s’échinant à garder le contrôle de sa vie. Et puis un jour c’est l’amour fou avec John, la certitude d’avoir trouvé l’homme de sa vie. Malgré la douleur de voir le père de John, juif très pieux, refuser cette relation et couper les ponts avec son fils.
La force de ce (premier) roman, c’est sa narration éclatée, c’est la maîtrise avec laquelle Maggie O’Farrell mène son récit en distillant les révélations au compte-goutte. C’est aussi sa profonde capacité d’empathie avec un personnage principal auquel je me suis de plus en plus attachée au fil des pages. C’est un roman sur la famille, sur l’amour, sur le deuil, le chagrin qu’on boit jusqu’à la lie. Mais il n’y a pas pour autant de pathos manipulant les émotions du lecteur – sans doute grâce à cette narration éclatée qui nous pousse à lire toujours plus pour savoir ce qui s’est passé dans cette famille, dans ce couple, ou ce qu’on espère voir venir). La fin imaginée par Maggie O’Farrell est très fine, je trouve.
Vous l’aurez compris, j’ai vraiment aimé cette lecture. Après Isabelle Monnin et Craig Johnson, Maggie O’Farrell est la troisième auteure que je découvre cette année après avoir laissé croupir plusieurs de ses romans dans ma PAL et c’est une troisième très belle surprise.
Maggie O’FARRELL, Quand tu es parti, traduit de l’anglais par Marianne Véron, 10-18, 2003 (Belfond, 2000)
A part le fait que son auteure soit née en Irlande du Nord, ce roman n’a pas gand-chose d’irlandais. Marilyne est beaucoup plus dans la note avec Les disparus de Dublin de Benjamin Black.
Oui on comprend que tu as aimé, et ça rend curieuse aussi… J’ai l’impression, en te lisant, que justement la découverte « en escalade » de ce qui s’est passé se fait sans l’agaçante « suspensefull music » des films américains, qui exagère tout, mais avec de simples fausses notes ici et là, on sait que quelque chose ne va pas, mais on supporte la discordance jusqu’au jour où…
Merci pour cette présentation…
Ce n’était pas aussi manigancé qu’avec une musique spéciale, je n’ai pas ressenti ça, plutôt une empathie grandissante avec Alice. Ca m’a vraiment beaucoup plu.
Merci pour cette découverte, je vais voir de ce pas s’il est à la bibliothèque. Il a tout pour me plaire.
Bonne lecture 😉
Voilà une sortie de PAL fructueuse ! J’ai eu des hauts et des bas avec cette auteure, Quand tu es parti est mon préféré, je crois…
J’ai bien choisi mon titre, donc. 😉 Celui avec Esme Lenox a eu beaucoup de succès, semble-t-il.
Tu as fait le bon choix ! Jamais lu cette auteure, il faudrait que je me promène dans sa bibliographie ( en réalité, il faudrait moult thématiques irlandaises pour que je découvre tous les auteurs que j’ai notés )
Ce roman m’a beaucoup touchée. C’est comme avec les auteurs sud-américains, ça me rappelle quelque chose… (Et j’ai encore plusieurs Irlandais dans la PAL…)
Ha c’était son premier roman? J’en ai lu un autre il y a longtemps
Oui, le premier, surprenant de maîtrise.
J’avais aimé cette lecture, mais mon préféré de l’auteure reste « La disparition d’Esme Lennox ».
Ce titre est déjà dans ma PAL 😉
Aaah encore des histoires de famille…^^ Ceci dit, j’avais beaucoup aimé La disparition d’Esme Lennox, et le style de Maggie O’Farrel!. Je comprends ton enthousiasme du coup.
Oui, j’aime les histoires de famille, je ne m’en lasse pas 😉 Et je lirai La disparition d’Esme Lennox.
Une auteure avec laquelle j’ai du mal. Je vais devoir m’accrocher sans doute, car tu sembles convaincu par elle.
Je l’ai lu et n’en garde pas un grand souvenir.
On verra s’il dure dans le temps mais il m’a beaucoup plu.