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Quatrième de couverture :
Comment en est-on arrivé là? C’est la question que se pose Jonathan Coe dans ce roman brillant qui chronique avec une ironie mordante l’histoire politique de l’Angleterre des années 2010. Du premier gouvernement de coalition en Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des jeux Olympiques de 2012 au couperet du référendum sur le Brexit, Le cœur de l’Angleterre explore avec humour et mélancolie les désillusions publiques et privées d’une nation en crise.
Dans cette période trouble où les destins individuels et collectifs basculent, les membres de la famille Trotter reprennent du service. Benjamin a maintenant cinquante ans et s’engage dans une improbable carrière littéraire, sa sœur Lois voit ses anciens démons revenir la hanter, son vieux père Colin n’aspire qu’à voter en faveur d’une sortie de l’Europe et sa nièce Sophie se demande si le Brexit est une cause valable de divorce.
Au fil de cette méditation douce-amère sur les relations humaines, la perte et le passage inexorable du temps, le chantre incontesté de l’Angleterre questionne avec malice les grandes sources de crispation contemporaines : le nationalisme, l’austérité, le politiquement correct et les identités.
J’ai lu ce livre entre fin décembre et début janvier, juste au moment où Boris Johnson se réjouissait haut et fort de l’accord qu’il avait obtenu de l’Union européenne et de la sortie définitive du Royaume-Uni hors de cette Union. Pendant ce temps, sûrement, beaucoup se désolaient de ce Brexit, même si on le sait, on ne peut plus revenir en arrière. Depuis j’ai vu un documentaire sur le Premier ministre britannique, assez accablant sur l’intelligence mêlée d’opportunisme et de cynisme de cet homme et sur les conséquences de la sortie de la Grande-Bretagne. A vrai dire, comme Jonathan Coe l’expliquait en 2019 à la sortie de son livre en français, il y a longtemps que l’action d’une certaine classe politique et d’autres causes ont entraîné la GB dans cet engrenage infernal (du point de vue d’un auteur clairement anti-Brexit). Il a parlé de la génération Thatcher dans Bienvenue au club et Le cercle fermé qui mettaient déjà en scène les protagonistes du Coeur de l’Angleterre (et que j’ai envie de relire maintenant !). Dans ce dernier roman traduit en français, il permet de comprendre relativement facilement comment les Britanniques des années 2010, héritière des années 80, en sont arrivés à se déchirer et à se diviser profondément sur la question du Brexit qu’un homme politique (David Cameron) a agitée à leur nez à des fins électoralistes et comment le résultat du référendum a obligé la classe politique à bricoler une sortie de l’Europe à laquelle, dirait-on, personne ne s’attendait.
A travers le destin des Trotter, frère et soeur, Benjamin et Lois, qui tentent de vivre la meilleure vie possible loin de l’agitation du monde, de leur père qui ne comprend plus ce monde dans lequel il vit, de Doug, éditorialiste politique, de Sophie, la nièce de Benjamin, universitaire qui se marie avec un homme totalement différent, Jonathan Coe nous fait saisir les mille et une nuances de la sensibilité britannique (nuances cruellement absentes dans la réflexion politique, faut-il le souligner) et les cassures de la société anglaise : fossé entre générations, fracture sociale criante que rien ne semble pouvoir réparer, divergences intellectuelles irréconciliables. L’auteur brosse un portrait sans concession, mais avec l’art du rythme et de la construction, une finesse psychologique et un sens de l’humour que j’adore définitivement ! Les conversations ubuesques entre Doug et son informateur, une certaine scène dans une penderie constituent des perles romanesques inoubliables !
Je ne vous en dirai pas plus sur ce coup de coeur qui commençait bien l’année, c’est toujours difficile de parler d’un livre tellement riche et tellement apprécié.
De nombreuses citations sur Babelio
Jonathan COE, Le coeur de l’Angleterre, traduit de l’anglais par Josée Kamoun, Gallimard, 2019
Challenge Petit Bac 2021 : Lieu
Il est sur ma liste de lecture, mais à lire ton billet, je me demande si je ne devrais pas commercer par « bienvenue au club » et « le cercle fermé »
Je n’avais quasiment aucun souvenir des dux autres, celui-ci peut se lire indépendamment.
De toute façon, il faut lire coe! ^_^
Parfaitement ! Coe, c’est le bien. 😉
Un très bon roman, et surtout cet humour ! 🙂 (bien sûr, il ne faut pas le réduire à ça)
Drôle, intelligent, on ne demande que ça 😉
Ah ! comme j’ai aimé ce roman !
Je comprends !
J’ai aussi beaucoup aimé ce livre lu en 2019, du coup en 2020 j’ai lu les 2 précédents Bienvenue au Club et le cercle fermé où on voit la jeunesse des mêmes personnages. Comme j’ai environ le même age cela m’a rappelé certains souvenirs assez similaires parfois. J’en lirai encore certainement d’autres, j’aime beaucoup ses personnages, très humains.
Oui, on sent que l’auteur aime ses personnages. Si j’ai le temps, je relirai les deux autres.
Comme je te le disais ailleurs, cela fait longtemps que je n’ai pas lu cet auteur que j’adore. Il va falloir que je prenne le temps.
J’ai encore au moins La pluie, si elle tombe et Numéro 11 à lire en attendant le prochain en traduction.
Je pense qu’il ne devrait pas trop tarder à sortir en poche.. j’ai lu début 2020 Bienvenue au club et Le cercle fermé, histoire de faire une séance de « rattrapage » avent d’attaquer celui-là, et je suis impatiente de savoir ce que deviennent les Trotter..
Ce sera sans doute cette année, la sortie en poche ? Espérons !
Je n’ai lu que celui-ci, peu après sa parution, pour découvrir l’auteur. J’ai apprécié le ton mais j’avoue que ça n’a pas été une lecture coup de coeur. Je sais bien que je suis à contre courant. Peut-être que je me déciderai plus tard pour un autre titre ( il me semble que c’est Testament à l’anglaise qui m’a été recommandé ).
Je te l’ai peut-être déjà dit, j’ai préféré La maison du sommeil à Testament à l’anglaise dont tout le monde parle. Il faudrait que je le relise aussi ?? (Heeeeelp !!!!)
J’ai tellement envie de lire ce roman mais il faudrait que je lise Bienvenue au Club ou Testament à l’anglaise avant !
Comme je disais à Aifelle, je pense que celui-ci peut se lire indépendamment. Te connaissant (un peu), je te conseillerais bien La vie très privée de Mr Sym.
Je n’ai encore jamais lu cet auteur et ce roman, lors de sa parution a été pas mal chroniqué sur la blogo. D’un seul coup, avec la façon que tu as de le présenter, son intérêt me semble évident et assez incontournable. je note donc !
Oui, c’est un excellent auteur, ais attention, ce livre fait pus de 500 pages 😉
Déjà noté, je lirai ça avec une grande curiosité. Merci, Anne.
Il ne va pas tarder à être en poche, j’espère.