Quatrième de couverture :
Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l’a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.
Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.
Je dois être une des dernières à lire La couleur des sentiments, publié en 2010, l’année où j’ai ouvert mon blog, et sans doute découvert à cette occasion (une des premières tentations sur la loooongue liste liée aux blogs). Je l’avais offert à ma maman, qui me l’a prêté et… oui, honte sur moi, je le lis seulement maintenant.
Nous sommes en 1962, à Jackson, Mississipi. Elles sont trois, deux Noires et une Blanche, trois femmes unies par un sentiment d’injustice, une colère sourde, trois femmes qui vont s’atteler à un projet commun et qui vont comprendre que les limites déterminées par la couleur de peau ne sont que des barrières extérieures, qu’on peut les empêcher de vous pourrir la tête. Elles, ce sont : Aibileen, la bonne des Leefolt, déjà d’un certain âge, qui se sent pousser une petite graine dure comme pierre depuis la mort accidentelle de son fils ; Minny, cinq enfants, un mari alcoolique et violent, toujours en colère, la bonne qui n’a trouvé du travail que chez une jeune femme étrangère à la ville, Miss Celia, qui – heureusement – ne comprend rien aux codes et aux diktats de la Ligue des femmes, même si elle voudrait tant en faire partie ; Skeeter, jeune diplômée blanche qui vit toujours chez ses parents, sur la plantation de coton, et qui est encouragée par une éditrice new-yorkaise à écrire sur un sujet fort qui lui tient à coeur.
Et c’est ainsi que naît ce projet d’un livre de témoignages des bonnes noires sur leur travail et leurs relations avec les familles blanches chez qui elles travaillent, particulièrement les femmes et les enfants. N’oublions pas qu’on est en 1962 seulement et que, s’il venait à être découvert, ce projet coûterait cher aux bonnes. Car si les hommes blancs règlent brutalement leurs comptes à coups de poings ou de revolver, (le Ku Klux Klan n’est jamais loin), les femmes blanches – du moins les plus influentes, les plus racistes (ou les plus frustrées ?) – s’y entendent vicieusement bien pour détruire peu à peu la vie des Noires si nécessaire.
Le roman alterne les points de vue des trois principales protagonistes, tout en dressant un portrait rapproché d’autres femmes, Miss Leefolt, Miss Hilly ou la mère de Miss Skeeter, sans oublier Constantine, l’ancienne bonne de Skeeter dont celle-ci est sans nouvelles. Les pages se tournent toutes seules, on rit, on a la gorge serrée, on espère avec nos trois héroïnes que leur livre sera bien édité mais on tremble des conséquences qu’elles pourraient subir. Et puis ne croyez pas que tout est manichéen, il y a beaucoup de nuances dans ce roman qui montre que les relations entre les maîtresses de maison et leurs bonnes oscillent entre mépris racial et amour, avec surtout beaucoup d’amour, même s’il est fondé sur des rapports de ségrégation. Il porte aussi le message que l’on peut trouver sa place dans la vie, même si on n’est pas né au bon endroit dans les bonnes conditions ou si on ne se sent pas bien dans sa peau : c’est un message commun à Aibileen, Minny, Skeeter et bien d’autres, si elles veulent bien le comprendre.
Kathryn Stockett explique à la fin comment elle s’est inspirée de sa propre nounou noire, Demetrie, et combien elle s’est sente marcher en équilibriste sur le fil de son roman, puisqu’elle a osé se mettre dans la peau de deux femmes noires et parler à leur place, en quelque sorte. Pari audacieux, mais réussi.
« Je suis revenue à la maison ce matin-là, après qu’on m’a renvoyée, et je suis restée dehors avec mes chaussures de travail toutes neuves. Les chaussures qui avaient coûté autant à ma mère qu’un mois d’électricité. C’est à ce moment, je crois, que j’ai compris ce qu’était la honte, et la couleur qu’elle avait. La honte n’est pas noire, comme la saleté, comme je l’avais toujours cru. La honte a la couleur de l’uniforme blanc tout neuf quand votre mère a passé une nuit à repasser pour gagner de quoi vous l’acheter et que vous le lui rapportez sans une tache, sans une trace de travail. »
« La laideur, on l’a en dedans. Être laid, ça veut dire être méchant et faire du mal aux autres. Alors, t’es comme ça toi ?
– Je ne sais pas… Je ne crois pas », sanglotais-je.
Constantine s’assit à côté de moi à la table de la cuisine. J’entendis craquer ses articulations enflammées. Je sentis son pouce s’enfoncer dans la paume de ma main, ce qui, nous le savions elle et moi, signifiait, Ecoute. Ecoute-moi bien.
« Chaque jour de ta vie, jusqu’à ce que tu sois morte et enterrée, tu devras te poser cette question et y répondre. »
Constantine était si près que je voyais la noirceur de ses gencives. » Tu devras te demander, est-ce que je vais croire ce que ces crétins diront de moi aujourd’hui? »
« N’était-ce pas le sujet du livre ? Amener les femmes à comprendre. Nous sommes simplement deux personnes. Il n’y a pas tant de choses qui nous séparent. Pas autant que je l’aurais cru. »
Plein d’avis et de citations sur Babelio
Kathryn STOCKETT, La couleur des sentiments, traduit de l’anglais (Etats-Uis) par Pierre Girard, Editions Jacqueline Chambon, 2010 (Babel, 2012)
African American History Month Challenge – Journée spéciale Héroïnes
Petit Bac 2021 – Couleur
Défi Un hiver au chalet : Patiner sur le lac (un livre réconfortant)
50 états, 50 romans : Mississipi
Challenge Grand prix des lectrices de Elle
Un excellent souvenir, et je le relirais bien, tiens!
Il passera le cap de la relecture, c’et sûr.
J’avais vraiment apprécié cette lecture, j’en garde un bon souvenir.
Ce roman sera inoubliable, j’en suis certaine.
Un très bon roman, et comme tu le soulignes, rien de manichéen entre ses pages !
Je me souviendrai longtemps de ces trois femmes (et pas que, j’ai adoré Miss Celia et son Mr Johnny aussi).
Je garde un super souvenir de lecture en LC (c’était vraiment génial)
Génial, oh oui !
Ah un très bon souvenir !
Excellent !
Un thème délicat, abordé avec pudeur et vérité. Ta chronique le fait bien ressortir.
L’auteure a réussi son pari !
Je voulais le lire et puis le temps a passé … je ne sais pas si je le lirai maintenant, tant d’autres sont parus depuis. J’avais aimé le film qui en a été tiré.
Tiens, j’aurais parié que tu l’avais lu 😉
dire que je ne l’ai toujours as lu… alors qu’il est dans ma PAL!
Toi non plus ? Quand son tour viendra, tu ne le lâcheras pas !
Cette fois, c’est sûr, nous sommes les dernières, Aifelle et moi ;). As-tu lu Un autre tambour de Willima Melvil Kelley ? Magnifique, écrit en 1962, premier roman.
Je note ce titre, tu en avais fait un billet, n’est-ce pas ?
Oui, un billet enthousiaste 🙂 ( cette fois j’écris le nom de l’auteur correctement : William Melvin Kelley )
Je ne l’ai pas lu…. Cela me semble bien dommage…
BONHEUR DU JOUR (http://bonheurdujour.blogspirit.com)
Heureusement avec les livres, il n’est jamais trop tard, ils ne se périment pas 😉
Un roman dont je garde un souvenir très fort. Le film est très bien aussi !
Je vais peut-être attendre avant d’essayer de voir le film, tant le roman est fort.
Excellent billet pour une lecture inoubliable.
Merci, Suzanne ! Bon dimanche à toi.
J’en garde un très bon souvenir et le film est excellent (excellentes actrices!) Merci de ta participation! (ou je devrais dire TES participations 😉
Merci à toi pour la proposition de challenge et pour l’organisation. Je rempilerai avec plaisir l’année prochaine, je me rends compte que j’ai encore de quoi faire dans mes romans américains en attente.
Il faut absolument que je sorte ce livre de ma PAL un jour. « Malheureusement », j’ai vu le film depuis, ce qui me motive moins à me précipiter sur le roman. Beaucoup aimé le film en passant.
Je comprends, ça m’arrive aussi de voir le film d’abord, alors je laisse passer un loooong temps avant de lire le roman.
je l’ai lu en livre audio et j’y ai pris un grand plaisir même si il y a des passages un peu forcés mais il ne faut pas faire la fine bouche les bons sentiments ça fait du bien de temps en temps
je n’ai pas lu le livre à l’époque, mais j’en ai vu le film… Grandiose, magnifique…
Décidément, il va falloir que je cherche à voir ce film 😉