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Présentation de l’éditeur :
12 janvier 2010, jour fatidique du séisme ravageur. Un survivant ténu – autoproclamé Bernard – rencontre Amore, Napolitaine œuvrant comme bénévole dans une ONG. Le coup de foudre sonne comme un regain. Pour sortir du grand chaos de la ville soliloque et disloquée, et aider Bernard à se délivrer de son effondrement, Amore, belle tigresse de Frangipane, lui propose un voyage à Rome.
À bord d’Ici-Bas Airlines, Bernard décolle, les yeux fermés. Une étrange mappemonde, entre autres belles merveilles – comme on dit l’extraordinaire dans le parler en Haïti –, se dessine dans la pensée de celui qui rêve de retourner au pays en héros…
Belle merveille est un roman flash. Qui nous dit, avec un humour et une causticité débridés, l’amour, le sexe salutaire, la confusion, la folie, et puis l’absurdité de l’aide internationale quand elle tire à elle la couverture des désastres. Écrit dans une langue syncopée, magnifiquement inventive, Belle merveille est un premier roman qui porte si bien son nom.
Pour cette deuxième étape en Francophonie et pour honorer mon contrat personnel « Un Zulma par mois » (sauf en avril), j’ai sorti de ma pile ce roman haïtien dont j’avais entendu parler par l’auteur lors du dernier Festival America en 2018. Las, il me faut admettre que la littérature haïtienne et moi ne faisons pas bon ménage, du moins jusqu’à présent : j’ai bien apprécié en son temps Les Immortelles de Makenzy Orcel mais j’ai dû m’y reprendre à deux fois et j’ai tout oublié de cette lecture ; j’ai abandonné Je suis un écrivain japonais de Dany Laferrière (peut-être pas le meilleur choix pour découvrir l’auteur, je retenterai avec un autre titre). Quant à Belle merveille… je l’ai abandonné à la moitié, je comptais bien ne jamais y revenir, puis j’ai lu autre chose et j’ai fini par le terminer, un peu en diagonale, je l’avoue.
Comme dans Les Immortelles, le contexte est celui du séisme qui a ravagé Haïti en 2010. Un survivant qui se fait appeler Bernard rencontre une travailleuse humanitaire, Amore et parle de façon totalement décousue de la catastrophe, de ses conséquences et notamment de l’aide humanitaire et de ses dérives (chacun voulant se tailler la part du « gâteau »). La quatrième de couverture nous explique qu’Amore emmène Bernard à Rome, mais est-ce un voyage réel ou imaginaire ? Je n’ai pas compris… Comme je l’ai dit, le récit – quoique j’ai eu vraiment du mal à saisir un fil, une trame – est éclaté et je ne suis pas parvenue à y trouver un sens, une direction : peut-être fallait-il simplement me laisser porter par certaines réflexions bien senties, par la langue rythmée de sons et de mots qui se répondent, par le « pap pap pap papillon » qui revient régulièrement ? La langue a beau être belle, le ton a beau être d’un cynisme désabusé et interpellant, si l’histoire n’y est pas… en tout cas, cela reste nébuleux pour moi. Je vous mets quand même quelques extraits notés, pour que vous puissiez vous faire une idée.
« Selon l’évangile des gens de lettres (ces gens qui lisent le cœur penché afin de parler en italique), la mort d’un homme c’est la mort de tous les hommes. Je ne suis pas calé en maths, mais si la mort d’un seul homme peut rendre si lyriques les amateurs de belles oraisons funèbres, que dire alors de la mort de trois cent mille âmes. » (p. 17)
« Le cœur de la ville est cassé, mais ne s’est pas arrêté de battre. Cassé dans les pierres, cassé dans les briques, cassé dans les plafonds, cassé dans les murs. La ville a le cœur cassé. C’est la première fois que la ville a fait une expérience si crue et si cruel, l’expérience de la mort brute, l’expérience d’une mort coulée dans le béton.
D’un quartier à l’autre se promènent des morts-vivants, des morts pas complètement morts, disons des corps sans âme, des présences tellement désarmées qu’elles se dirigent à pied vers les fosses communes creusées par les plus courageux d’entre nous. Partout, on peut voir marcher des corps qui promènent leur âme en pleine rue comme des ombres flottantes, des présences brumeuses, des êtres-là aux yeux vitreux, marchant de profil comme s’ils flanchaient au Moyen-Âge. Des êtres-là qui marchent de profil, par pudeur, la face couverte de poussière. » (p. 31)
« La misère n’est pas noire au pays de l’empereur, non, elle n’est pas noire, elle est goudron. Dire noir, ce serait mal connaitre les nuances du soir et de la nuit. La misère est goudron par ici, elle te fait éternuer, elle te colle à la peau pour te ronger comme un produit moderne, une arme chimique. Ici la misère court pieds nus, chemise débraillée dans les quartiers populaires, elle prend racine au fond des nombrils, vit dedans et prospère comme un ténia dans les pays en dehors et les sections communales. » (p. 99)
« Comment une aile de papillon peut-elle provoquer un tremblement de terre au Chili, tandis qu’un autre papillon muni d’une paire d’ailes et d’une puissance de vent n’arrive pas à endiguer une onde de choc en plein péril en la demeure ?
Comment un papillon frêle peut-il d’un seul coup d’aile provoquer un séisme dans un pays qui a déjà donné deux prix Nobel de littérature, sans oublier plusieurs de ses petites Copa America ? Un papillon des astres a naturellement pour devoir d’annoncer ce malheur à son collègue, ce malheur beaucoup trop grand pour l’âge d’un homme, beaucoup trop grand pour un seul peuple. Moi, papa, je ne connais pas l’âge du vent, pas plus que je ne connais l’âge impair des loas. » (p. 122-123)
James NOEL, Belle merveille, Zulma, 2017
Semaine Francophonie avec Marilyne qui vous parle du dernier roman d’Andreï Makine, L’ami arménien.
Un Zulma par mois
Challenge Petit Bac 2021 – Aliment (une merveille est un beignet du Sud-Ouest.)
J’avais du le lire quand j’avais été jurée du prix pour La Première…je te rejoins complètement! Et mes autres collègues n’avaient également rien compris.
Ouf je me sens moins seule 😉
Pas d’inquiétude pour ça 🙂
Je ne comprends déjà rien au résumé de l’éditeur… dommage, le titre est joli, et tentateur..
Haha tu es un peu dure, non ? Il faut croire que cela a séduit les éditions Zulma 😉
Bon, il nous reste le chouette souvenir de la rencontre à Festival América. Comme tu le sais, j’apprécie M.Orcel mais je n’ai pas tenté son livre pour cette semaine. Il m’impressionne un peu. Et je t’avoue que celui-ci me rend curieuse. Les extraits, sans fil narratif, me plaisent bien. Après, sur la longueur, j’imagine bien que ce n’est pas facile et frustrant s’il n’y a pas de réelle narration à laquelle se raccrocher.
On ne peut pas dire que ce soit si long que ça, 150 pages… Mais je n’ai jamais vraiment accroché. Je te le mets de côté, bien volontiers 😉
Ce sera parfait pour notre prochaine semaine francophone 😀
C’est raté dommage ! la bonne nouvelle c’est que je ne note rien 😉
Je suis ravie de te faire plaisir 😉
J’ai du mal pratiquement à chaque fois que je tente des romans des Caraïbes. Par extraits, à petites doses, ça va, mais sinon, l’aspect poétique de la langue me rebute. Ce qui semble être encore le cas avec ce roman, que tu as eu la gentillesse de tester pour nous. 😉
Si c’est pour rendre service… je vois ma lecture d’un autre oeil 😉
Je l’avais repéré en librairie il y a 3 ou 4 ans et il m’avait tenté. J’ai préféré toutefois attendre d’en avoir quelques échos et visiblement, bien m’en a pris.:)
Ce n’est que mon avis… (quoique Fanny pense un peu la même chose) 😉
Ca paraissait pourtant tentant, il faudrait que j’essaie si je le trouve en bibliothèque…
C’est la meilleure solution 😉