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Quatrième de couverture :
Le meilleur de la nuit
Se prend à pleines lèvres
A corps perdu
A brassées d’herbes et de brumes
Avec les gestes du dénouement
Avec l’oreille du loup
En écho à notre premier rendez-vous poétique avec Marilyne (qui vous présentait le Petit éloge de la poésie de Jean-Pierre Siméon), je vous propose aujourd’hui ce recueil consacré à la nuit. Difficile de ne pas craquer devant ce magnifique objet-livre, à la couverture à rabats bleu nuit et argent, au papier épais, du « papier recyclé Keaykolour poussière de lune et Keaykolour bleu de Chine 120g », illustré des images lunaires de Yann Bagot.
La citation épigraphe nous donne la clé de ce recueil : « La nuit est notre vérité, elle nous invite à rejoindre un lieu plus ancien qu’on appelle parfois l’âme, et dont la langue nous est indéchiffrable. » (Anne DUFOURMANTELLE, Eloge du risque) Silence, profondeur, lenteur, retrait et compréhension intime, réflexion paradoxalement plus éclairée qu’en plein jour, voilà ce que permet la nuit, « jamais seulement l’extinction du jour ».
La nuit parfois est cette eau très pure
Qui donne raison
A notre soif d’amour (p. 13)
La poésie c’est la nuit
Bergère des ombres
Et des clartés égarées
Etoile des étoiles
Dans l’abîme des villes
Et le lit des massacres
C’est la nuit
Dans sa chevelure de branches
Et de rivières dormantes
Elle ferme nos paupières
Pour que s’entende
Enfin
Le bruissement de l’âme (p. 17)
Les textes, les vers sont courts, imagés avec simplicité : « La nuit / La vraie / Très simple : / Un enfant / Pieds nus dans l’herbe / Avec le chat / L’oeil rond » (p. 38) Poésie dépouillée, minimaliste, nourrie pourtant de multiples références artistiques à Michaud, Reverdy, Soulages, aux contes ou à la mythologie. Jean-Pierre Siméon évoque toutes les nuits, de printemps, d’hiver, à l’hôpital, de violence, entre autres.
Toutes les nuits
La nuit comme une forêt
Qui avale
La nuit comme une colline
Où le ciel repose
La nuit comme une mer
Par gros temps
La nuit comme une frondaison
La nuit comme un rivage aux oiseaux
La nuit comme un cri sans fond
La nuit comme une joue aimée
La nuit comme un seuil
Vers plus de nuit
La nuit qui abandonne
Ou qui embrasse
Toutes les nuits
Sont dans la nuit (p. 50-51)
Le livre se termine sur une coda manuscrite mais je vous laisse en compagnie de ce court texte pour conclure :
Nous n’aimerons bien le jour
Que pour avoir aimé
La nuit (p. 57)
A contempler pour accompagner cette lecture : cette toile de Pierre Soulages datée de 1975, en écoutant un Nocturne de Chopin.

Jean-Pierre SIMEON, A l’intérieur de la nuit, Images de Yann BAGOT, Cheyne, 2021
Marilyne vous emmène aujourd’hui dans une anthologie consacrée aux Poètes en partance.
Petit Bac 2022 – Couleur 1
Quel beau choix. » la nuit est parfois cette eau très pure « . Les vers sont très évocateurs, ce recueil semble de toute beauté. Un recueil de J.P.Siméon m’attend encore, souvenir du dernier Marché de la Poésie, pas aussi séduisant pour l’objet livre ( qui est l’un des charmes de l’édition poétique aussi ), rien que le titre me réjouit : » Politique de la beauté « .
» comme extraire du langage sa pulpe de silence « .
Un artiste unique, Jean-Pierre Siméon ! J’aime cet oxymore.
C’est le genre de poésie qui me parle « Elle ferme nos paupières/pour que s’entende/Enfin/Le bruissement de l’âme ». Si en plus l’objet livre est beau ..
c’est magnifique, je connais Siméon mais pour d’autres livres ce recueil à l’air splendide je crois qu’il rejoindra bientôt ma biblio poétique
Il est fait pour toi 😉
C’est fou mais comme je disais chez Marilyne, mon cerveau bugue vraiment quand je lis des poèmes. Peut-être des réminiscences des années collège/lycée.^^
Ce n’est pas grave, il y a tant de choses intéressantes que tu présentes, auxquelles je ne penserais même pas et pour lesquelles tu ne bugges absolument pas 😉
Merci pour ce joli moment !
C’est le genre de livre auquel je ne peux pas résister…