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Si tu as perdu ton nom,
nous irons au fil des rues les plus seules
pour t’appeler sans te nommer.
Si tu as perdu ta maison,
nous dérouterons les gardiens de la prison
jusqu’à les laisser avec leur ombre et sans leurs murs.
Si tu as perdu l’amour,
nous publierons un grand ban de colombes nues
pour retarder la vie et te donner du temps.
Si tu as perdu tes limites d’homme,
nous irons jusqu’au bout du labyrinthe sanglant
pour faire surgir du fond une autre forme.
Si tu as perdu tes échos ou ton origine,
nous les chercherons, mais vers l’avant,
dans le temple final des origines.
C’est seulement si tu as perdu ta perte
que nous couperons le fil
pour tout reprendre à neuf.
Roberto JUARROZ, Poésie verticale, traduit de l’espagnol (Argentine) par Roger Munier. Fayard, 1989
Pour ce rendez-vous poétique de février avec Marilyne, j’ai choisi ce poème de l’Argentin Roberto Juarroz, qui inaugure aussi le Mois latino chez Ingamnic.
Robeto Juarroz a dû s’exiler sous le régime de Péron. En publiant ce billet, je ne vous propose pas de contrepoint pictural mais je pense à Olivier Vandecasteele, un travailleur humanitaire belge de 43 ans, originaire de ma région, détenu depuis un an en Iran dans des conditions inhumaines et de façon tout à fait arbitraire. Il est accusé d’espionnage (à tort, bien évidemment) et a été condamné lors d’un simulacre de procès à 40 ans de prison et 74 coups de fouet. Cela fait froid dans le dos… J’espère que le gouvernement belge fait vraiment tout ce qui est possible pour faire libérer cet homme le plus vite possible.
Marilyne participe à une semaine sur les camps et l’Holocauste et vous présente aujourd’hui un recueil de Edith Bruck.
Haut les coeurs, malgré ces sujets difficiles !
C’est très beau… merci Anne, j’ai bien récupéré ton lien.
Merci !
j’aime ce poète et j’ai fait un copier coller de ce poème qui me plait beaucoup
si tu as perdu tes limites d’homme,
nous irons jusqu’au bout du labyrinthe sanglant
pour faire surgir du fond une autre forme.
cela me parle particulièrement en participant comme Marilyne aux lectures sur l’holocauste
C’était normal de trouver un thème compatible avec le choix de Marilyne.
Tu sais comme j’aime la poésie de Roberto Juarroz, et celle-ci est magnifique. Gardons espoir.
Oui, espérons…
Magnifique poème ! un poète que j’apprécie beaucoup. Espérons que le travailleur humanitaire sera libéré, d’une manière ou d’une autre, et sans trop tarder.
Indispensable Juarroz pour rester humain.
Bonheur du Jour (http://bonheurdujour.blogspirit.com)
En effet.