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Archives de Catégorie: Des Mots français

Quinze kilomètres trois

14 vendredi Oct 2016

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots français

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Liana Levi, Martine Laval, Quinze kilomètres trois

Quatrième de couverture :

Quinze kilomètres trois. La distance qui les sépare du Cap Blanc-Nez. Cette échappée, c’est leur secret, aux petites. Ce matin, elles fuient l’ennui des jours, un avenir sans promesse. Elles s’en vont, légères. Dans le paysage à la fois brutal et magnifique de la Côte d’Opale, Martine Laval suit les deux adolescentes, espionne leur désœuvrement et fait entendre d’autres voix – une prof, un cousin, une voisine. Tous cherchent à comprendre le pacte qui les emmène à la falaise.

En quelques pages, Martine Laval se fait narratrice externe et tente de comprendre au plus intime ce qui a poussé deux jeunes filles à fuguer un beau matin sur les routes de la Côte d’Opale. Elle prend son vélo et suit les deux filles, elle donne la parole à des proches qui ne comprennent pas mieux mais sont marquées profondément par le drame vécu. Comment percevoir ce qui a enfermé ces filles anonymes dans leur bulle, sans se briser soi-même en mille morceaux ? Car en filigrane de ce court récit courent les voix du chômage, de la misère sociale et morale, de l’ennui, des rêves qui peinent à dépasser la ligne d’horizon de cette région sinistrée. L’écriture est sobre, parfois hachée, sensible. Elle participe de la douleur et de la douceur de cette petite perle grise.

Martine LAVAL, Quinze kilomètres trois, Liana Levi piccolo, 2011

Une mini-sortie de PAL pour ce mois d’octobre pour un livre gagné grâce à Jeneen. (Merci  !)

La belle Adèle

15 lundi Oct 2012

Posted by anne7500 in Des Mots en Jeunesse, Des Mots français

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Adèle, littérature jeunesse, Marie Desplechin

Quatrième de couverture :

Adèle en a assez. Pourquoi devrait-elle se donner du mal pour se maquiller et s’habiller, comme les filles de sa classe? Est-ce le plus sûr moyen de ne pas se faire remarquer? D’être normale ? Et Frédéric… Il est gentil, il est même tragiquement gentil. N’est- ce pas le pire des défauts pour un garçon ? Adèle et Frédéric doivent trouver d’urgence une stratégie de survie. Ils ont alors une idée lumineuse…

—————————–

Un petit roman jeunesse au rythme enlevé (il a d’abord été édité en chapitres à lire sur iPhone), qui commence sur une amitié, une jolie complicité entre deux jeunes ados qui vont devoir faire des choix : Adèle et Frédéric vont-ils garder leur originalité, qui les empêche d’être intégrés dans leur classe, comme de bons ados ordinaires et « sans histoire » ou vont-ils se laisser tenter par les attraits d’une bonne image, d’une image conforme à « la norme » ?

Cette image, Adèle s’en serait bien passée, mais voilà, elle s’est laissé traîner dans ce grand magasin par sa tante Sopha (oui, oui, prénom ridicule à souhait), jusqu’à ce rayon maquillage, et si elle avait mesuré toutes les conséquences de cet après-midi « peintures de guerre », elle serait restée planquée devant la télé, ou elle aurait révisé son contrôle de maths, bien au calme dans son appartement douillet…

Mais voilà, elle n’a pas osé dire non à Sopha l’envahissante, et même, au début, l’idée de sa tante a fini par avoir des avantages à ses yeux… Car c’est vrai, Frédéric et Adèle en avaient un peu marre de passer pour des extraterrestres auprès de leurs camarades de classe…

Mine de rien, ce court roman plein d’humour (l’humour désespéré d’Adèle et celui pétillant de Frédéric) finit par faire réfléchir sur l’image que l’on donne de soi, le choix ou le droit à la différence, la « normalité » adolescente, la solidarité. La fin (que je ne vous révélerai pas, bien sûr) aborde un autre thème grave de la société actuelle, trop grave peut-être pour le glisser en fin de roman, pour amener une fin où tout est peut-être un peu trop bien qui finit bien…

Mais le tout reste une lecture agréable pour ados de 13-14 ans ! Et c’est l’occasion de faire un clin d’oeil à la vraie Adèle qui lira bientôt ce livre… 😉

Marie DESPLECHIN, La belle Adèle, Gallimard jeunesse, 2010 (aussi en Folio Junior)

J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge de Calypso, Un mot des titres, session 11 (avec le mot « beau »), et c’est aussi mon prénom pour la ligne Jeunesse du Petit Bac.

       

Contrerimes – 2

23 dimanche Sep 2012

Posted by anne7500 in Des Mots en Poésie, Des Mots français

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Contrerimes, PJ Toulet, Poésie

Puisque tes jours ne t’ont laissé

Qu’un peu de cendre dans la bouche,

Avant qu’on ne tende la couche

Où ton coeur dorme, enfin glacé,

Retourne, comme au temps passé,

Cueillir, près de la dune instable,

Le lys qu’y courbe un souffle amer,

– Et grave ces mots sur le sable :

Le rêve de l’homme est semblable

Aux illusions de la mer.

Paul-Jean TOULET, Contrerimes, Poésie / Gallimard, 1979

Une vie à coucher dehors

10 lundi Sep 2012

Posted by anne7500 in Des Mots français

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nature, nouvelles, Sylvain Tesson

Quatrième de couverture :

« En Sibérie, dans les glens écossais, les criques de l’Egée ou les montagnes de Géorgie, les héros de ces quinze nouvelles ne devraient jamais oublier que les lois du destin et les forces de la nature sont plus puissantes que les désirs et les espérances. Rien ne sert à l’homme de trop s’agiter dans la toile de l’existence, car la vie, même quand elle ne commence pas très bien, finit toujours mal. Et puis une mauvaise chute vaut mieux qu’une fin insignifiante. » (Sylvain Tesson)

 

 

C’est pour une raison que certains pourront juger un rien sadique que j’ai été entraînée dans la lecture de ces nouvelles et dans la découverte  d’un livre de Sylvain Tesson : c’est mon collègue qui me l’a prêté, en me disant « C’est pas mal du tout ! » Il s’agissait de choisir une nouvelle à synthétiser pour l’examen de repêchage de quelques-uns de nos élèves en ce début septembre…

Je me suis donc embarquée sans savoir que j’apprécierais autant le voyage !

Plusieurs sources de plaisir et d’intérêt pour ouvrir ce livre : d’abord la variété des paysages, des univers, des histoires, des thèmes, des hommes et des femmes qui peuplent ces 205 pages. La course au progrès en Géorgie, un séjour forcé dans l’eau avec un top model de chez Gucci, des frères jumeaux qui reproduisent sans le savoir une histoire antique, un naufragé qui va peut-être revenir à la civilisation – ou pas, des ados écossais qui ont découvert un trésor enivrant… De ce point de vue, j’ai particulièrement aimé découvrir les héros des nouvelles Le lac et Le phare. La dérision de La fille m’a fait sourire.

Au coeur de la nature, des paysages intemporels, la main de l’homme se fait sentir, rarement avec bonheur : la première nouvelle, L’asphalte, m’a fait froid dans le dos (en fait de chute, elle est particulièrement abrupte) tandis que la deuxième, Les porcs, m’a proprement révulsée et dégoûtée. Je crois que je m’en souviendrai longtemps, de celle-là !

Les comportements humains sont peints sans détour, avec réalisme, mais sans moralisme. Jalousie, envie, machisme, indifférence… Sylvain Tesson constate. Et nous oblige à réfléchir à nos comportements humains. J’ai bien aimé le clin d’oeil aux femmes de la quatrième nouvelle, Le bug.

Dépaysement, prise de distance, interrogations, tranches d’humanité : voilà ce que vous apporteront ces nouvelles si vous vous y intéressez. Je vous les recommande bien volontiers, et vous savez pourtant que je ne suis pas une grande lectrice de nouvelles !

Sylvain TESSON, Une vie à coucher dehors, Gallimard, 2009 (et Folio)

L’avis de Clara

Et merci au prêteur de nouvelles !

L’enfant-rien

02 dimanche Sep 2012

Posted by anne7500 in Des Mots français

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enfant, Nathalie Hug

Quatrième de couverture :

« Aussi loin que je me souvienne, je l’attendais assis, le menton sur les genoux, les bras autour des jambes et le dos appuyé contre la porte du placard. »

Petit garçon étrange, Adrien guette chaque semaine l’arrivée du père de sa demi-sœur, dans l’espoir de recueillir un regard, une parole ou un geste tendre. S’il rêve d’un papa, Adrien veut surtout percer le secret de sa naissance, secret qu’il croit enfermé dans une boîte rouge, cachée hors de sa portée. Le jour où sa mère se fait renverser par une voiture et se transforme en « tas-de-fraises-à-la-crème », la possibilité d’une vie différente s’ouvre à lui. Mais Adrien, l’enfant-rien, peut-il vraiment trouver sa place dans une famille qui n’est pas la sienne ?

Voilà ma participation, un rien tardive, au challenge de Calypso, Un mot des titres, autour du mot « Enfant » pour cette dixième session.

J’ai choisi un roman assez court, pour ne pas louper le rendez-vous (humhum), un roman dont j’avais entendu parler sur les blogs (étonnant, n’est-ce pas ?) et quelle surprise !!

J’ai l’air de tourner autour du pot… et vous avez raison, car il me semble extrêmement difficile de parler de ce livre sans révéler son thème principal. Et la surprise de la dernière page doit être gardée dans son intégralité !

D’abord, je me suis attachée à ce petit garçon qui raconte son histoire, sa vie marquée par la séparation de ses parents, la dépression de sa mère, la maladie qui le touche. Ses efforts pour se faire adopter d’un père qui n’est pas le sien, ses colères, ses larmes, sa complicité avec sa soeur Isabelle sont vraiment touchants. On sourit aussi à ses remarques naïves, au portrait sans complaisance de « Tatie Barrettes » et on se demande s’il va réussir à faire retrouver un semblant de bonheur à sa mère et à lui-même.

Et puis, comme je l’ai déjà dit, quand on lit le dernier chapitre, déjà une petite sonnette s’allume dans le cerveau, car les premiers mots de ce chapitre ressemblent à ceux du premier… jusqu’à la « surprise », l’explication finale de qui est vraiment ce petit Adrien… et là, j’ai été soufflée… je me suis souvenue de certaines petites phrases qui disaient déjà tout… je me suis refait le parcours du roman dans la tête et le puzzle s’est mis en place… et j’étais toujours aussi bluffée !

Et je suis donc vraiment admirative de la précision et de la sensibilité avec Nathalie Hug, en ce roman assez court, construit son intrigue (mais il n’en fallait pas plus, cela se comprend très bien à la fin). Quelle intelligence pour aborder le thème qu’elle a choisi !

Une bien belle découverte, et me voilà d’autant plus attirée par son nouveau roman paru il y a quelques mois, La demoiselle des tic-tac !

Nathalie HUG, L’enfant-rien, Calmann-Lévy, 2011 (et aussi au Livre de poche)

L’avis de Noukette

Un livre qui s’inscrit à merveille dans La plume au féminin. 134 pages très aérées, c’est donc un titre de plus pour le Défi Cent pages.

          

Nous étions faits pour être heureux

23 jeudi Août 2012

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Paris, Rentrée 2012, Véronique Olmi

Nous étions faits pour être heureux

 

Quatrième de couverture :

« C’est étrange comme il suffit d’un rien pour qu’une vie se désaccorde, que notre existence, tellement unique, si précieuse, perde son harmonie et sa valeur. »

Quand Suzanne vient dans la maison de Serge à Montmartre, il ne la remarque pas. Elle accorde le piano de son fils. Elle est mariée, lui aussi, et à 62 ans il a ce dont rêvent les hommes : un métier rentable, une jeune femme parfaite, deux beaux enfants. Pourquoi soudain recherche-t-il Suzanne qui n’est ni jeune, ni belle, et apparemment ordinaire ? Pourquoi va-t-il lui confier un secret d’enfance dont il n’a jamais parlé et qui a changé le cours de sa vie ?

Pour évoquer la passion naissante, les vérités enfouies et coupables, l’absence, le désir et les peurs, l’auteure de Bord de mer, Premier amour et Cet été-là décline avec subtilité, en musique douce, juste et fatale, ces moments clefs où les vies basculent et cherchent désespérément la note juste.

Je n’avais jamais lu Véronique Olmi et j’ai donc été assez contente en ouvrant l’enveloppe de Libfly de découvrir ce roman en avant-première, d’autant plus quand j’ai compris qu’il était notamment question d’une femme accordeuse de piano.

Très vite, j’ai été embarquée dans l’écriture fluide et sensible, à fleur de peau de Véronique Olmi, et dans l’intimité de Serge, homme apparemment comblé par la vie, dont l’univers respire « le luxe, le calme et la volupté ». Mais c’est sans compter sur les migraines violentes qui le saisissent n’importe où, à n’importe quel moment, ni sur les regards inquiets que lui lance Théo, sur la relation pour le moins maladroite entre le père et son fils aîné. Les échos de blessures très anciennes traversent les heures de Serge, une mousseline jaune, le couvercle d’un piano qui se referme brutalement…

Pendant que Lucie, la jeune femme de Serge, poursuit une existence lumineuse et préservée, Suzanne initie son apprenti aux mystères de l’accord des pianos et son mari aux mystères du foot. On sent qu’elle s’ennuie, Suzanne, qu’elle se contient dans les plis étroits d’une existence un peu étriquée, qu’elle ne semble pas avoir choisie de plein gré. Et pourtant, elle respire la liberté, une liberté qui va un soir frapper Serge. Leur liaison semble d’abord purement charnelle, deux corps qui s’attirent et se trouvent, s’accordent et se parlent. Mais le désir parfait n’est rien sans l’accord des esprits, sans la note juste des mots échangés. Alors Serge parvient enfin à dire la blessure d’enfance qui a infecté toute sa vie, qui le rend incapable d’écouter son fils jouer du piano et le mure dans un silence inaccessible.

Cette histoire aurait pu être banale,celle de deux adultères croisés, d’un homme jaloux et d’un enfant blessé à jamais. Mais elle est baignée par La grande sonate de Liszt, une musique qui met à nu. L’auteure nous fait approcher au plus près des fêlures intimes de Serge et de Suzanne, sans jamais percer tout à fait leur mystère. Une proximité qui frôle parfois l’étouffement tant les personnages se débattent dans leurs contradictions, leurs désirs, leurs secrets.

D’un automne à l’autre, au long d’une année, nous accompagnons Serge, Lucie, Suzanne et les autres sur la Butte Montmartre, au Parc Monceau : la nature et les arbres endormis par l’hiver nous permettent de nous évader un instant des intérieurs et des coeurs étouffés mais ils cachent le feu sous la glace qui a saisi des enfances depuis longtemps enfuies.

Un roman intimiste, noir, qui cherche désespérément l’accord parfait, qui nous parle d’enfance et de paternité, d’amour fou et de trahison, de musique et de silences.

A écouter en lisant : La Grande Sonate pour piano, de Franz Liszt

Un très grand merci à Libfly, au Furet du Nord et aux éditions Albin Michel pour m’avoir permis de lire ce livre en avant-première de la Rentrée littéraire !

Les avis de Constance, de Jostein  et de Leiloona

Véronique OLMI, Nous étions faits pour être heureux, Albin Michel, 2012

Un roman de la Rentrée 2012 qui se passe essentiellement à Montmartre.

 

La joie est belle…

19 dimanche Août 2012

Posted by anne7500 in Des Mots français

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En ce dimanche, je vous propose un nouvel extrait du deuxième roman de Thomas Vinau, Ici ça va. Son écriture poétique convient tout à fait à un dimanche sur ce blog !

« La  joie est belle. La joie est simple. Avec le temps je vois ça comme une sorte de sport. De régime. Une discipline. Une acuité du coeur et de l’oeil. Il y a des ressources considérables à puiser là-dedans. De la force. De la beauté. De la vérité. Pourtant ce n’est pas une situation confortable. Elle demande de la vigilance. De la volonté. Pas de forcer les choses, non, mais de faire attention. Il est bien plus confortable d’être négatif. C’est naturel, et on trouve toujours de quoi faire pour se tirer vers le bas. Aujourd’hui je veux faire attention à ce que je vois. A ce que je touche. A ce que je goûte. Aux variations de la lumière. Aux odeurs. Aux mots. Tout à l’heure je suis allé à la pharmacie du village. Les enfants sortaient de l’école. Leurs cris remplissaient tout l’espace. Tout le ciel. Devant moi une petite fille racontait l’histoire d’un lapin à lunettes qui ne veut pas aller se coucher. Je ne suis pas entré à la pharmacie. Je les ai suivis tranquillement jusqu’à la fin de l’histoire. Du coup je me suis retrouvé à la boulangerie. J’y ai acheté des tartes au citron. Ema adore les tartes au citron. » (p. 66)

Thomas VINAU, Ici ça va, Alma Editeur, août 2012

Ici ça va

16 jeudi Août 2012

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Rentrée 2012, Vinau

Ici ça va

Quatrième de couverture(que j’ai un peu élaguée car je n’ai pas enie de tout révéler, le roman est déjà assez court comme ça…) :

Un jeune couple s’installe dans une maison apparemment abandonnée. L’idée ? Se reconstruire en la rénovant. Tandis qu’elle chantonne et jardine, lui – à pas prudents – essaie de retrouver ses souvenirs dans ce lieu qu’il habita enfant. (…). Dans ce paysage d’herbes folles et d’eau qui ruisselle, ce sont les gestes les plus simples, les événements les plus ordinaires qui vont réenchanter la vie : la canne à pêche, la petite voisine, les ragondins, la tarte aux fruits, l’harmonica. Petit à petit, il reprend des forces et se souvient.

D’abord je tiens à remercier tout particulièrement Libfly et Alma Editeur : il a suffi que je laisse un petit commentaire enthousiaste sur le forum de Libfly consacré aux lectures en avant-première de la Rentrée littéraire pour que je reçoive quelques jours après les épreuves non corrigées du deuxième roman de Thomas Vinau, dont le premier, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux m’avait beaucoup touchée.

Et en même temps, j’étais un peu anxieuse en ouvrant ce livre : de quoi allait nous parler Thomas Vinau cette fois ? Allait-il réussir à m’émouvoir, à me faire vibrer à nouveau, tout en me surprenant un peu (quand même) ? Tant de deuxièmes romans sont un peu décevants parfois, j’en ai encore fait l’expérience il y a peu…

Eh bien, c’est gagné, pour ce qui me concerne en tout cas ! Derrière ce titre pour le moins laconique, se cache une jolie histoire pleine de silenceet de douceur, de douleur et de discrétion… L’histoire d’un jeune homme dont nous ne connaîtrons pas le nom, venu habiter la maison de son enfance avec sa compagne Ema, une fille que l’on devine proche, attentive, sereine, une fille qui cherche la vie envers et contre tout. Et notre jeune homme est prêt lui aussi à re-chercher la vie, à re-construire quelque chose en lui en même temps qu’il retape la maison et la cabane dans le jardin. La blessure est bien sûr venue de l’enfance, et nous n’en saurons pas grand chose, nous ne ferons presque que deviner le vide que le jeune homme a essayé de masquer. Il va petit à petit se dépouiller de toutes les couches qui le protègent, il va laisser venir à lui les souvenirs, sans forcer, en travaillant la terre, en jouant du melodica, en consolidant un mur, en essayant de sauver quelques ragondins perdus (il a presque réussi à me les rendre sympathiques, ces rats d’eau, Thomas Vinau, c’est dire !) Et comme Ema et son compagnon réussissent à percer une trouée dans le mur de broussailles qui les empêche d’atteindre la rivière qu’ils entendent murmurer de chez eux, le garçon se permet de toucher du doigt sa blessure et de se laisser guérir grâce à l’amitié d’un vieux paysan, grâce à l’amour discret d’Ema.

Je vous dis chapeau, Monsieur Vinau ! J’ai l’impression que vous avez gagné en maturité, avec un roman plus construit, plus élaboré, un fil conducteur simple mais solide, et vous avez gardé en même temps votre poésie, votre attention aux toutes petites choses du quotidien qui redonnent le goût de vivre. Vous n’avez rien perdu de votre simplicité, de votre art de l’épure, non seulement dans l’écriture mais aussi dans la finesse d’approche des blessures d’enfance de votre « héros ». Merci pour cette légèreté qui n’enlève rien à la valeur des souvenirs, merci pour le bon sens qui guide vos personnages du côté de la nature, de la terre, du rythme des saisons, merci pour cette empathie qui semble tellement innée chez vous et qui fait du bien, qui nous guérit nous aussi.

C’est en tout cas tout le bonheur que je souhaite à ceux qui découvriront votre nouveau livre.

« La force des petits matins frais. Ema m’a répété cette phrase ce matin. J’ai la force des petits matins frais. Elle revit ici. C’est ce qui compte. Je n’ai pas envie de fouiller dans ma mémoire. De fourrer mes mains dans la plaie, Juste débrouqqailler. Retrouver un mur. Un visage. Nous sommes partis d’ici quand j’avais quoi, six ou sept ans. C’était devenu invivable pour ma mère. Ils avaient choisi cet endroit ensemble, avaient crépi les murs, réparé le toit, la route, la fosse septique.  Je ne sais pas pourquoi je me souviens de la fosse septique. Probablement parce qu’ils vaient construit au dessus une petite cabane pour les chiottes en attendant mieux. L’hiver le fond de la cuvette était gelé. Un étron figé oublié le soir qui se dressait comme un menhir nous avait bien fait rire. Mon esprit est un jardin désordonné. Une friche remplie de coton, de glace, de ronces et de fraises sauvages. » (p. 33)

« C’est comme s’enfoncer dans une forêt ébouriffée. Ou marcher au bord de la rivière. On arpente sa vie. On choisit un chemin. On s’y habitue. On tente de retenir la route. L’itinéraire. C’est normal, il faut un biais pour découvrir. Un plan. Le chemin devient familier. Rassurant. On élabore nos propres repères. A partir de ce que l’on connaît. Mais on ne connaît rien. Les vrais ignorants ignorent leur ignorance. C’est un peu comme voir le paysage par une petite, petite, toute petite fenêtre.Et finir par croire que le paysage se limite à ce qu’on voit par cette petite, petite, tout petite fenêtre. Au lieu d’essayer d’élargir la fenêtre. De casser les murs. On préfère réduire ce paysage. Penser qu’il n’est que ce que l’on en voit. S’en contenter. C’est plus confortable. Et puis un jour on se rend compte que le monde est plus grand que nos yeux. Et on reste là, perdus. Au bord du vertige. » (p. 47)

« (…) Nous dormons dans le salon. Il y fait plus chaud. Dehors l’eau nettoie tout. Elle prépare sa glace et le ciel fait sa vaisselle dans de grands éclats de lumière. » (p. 82)

Thomas VINAU, Ici ça va, Alma Editeur, 2012 (132 pages)

On vous lit tout ! (presque tout)

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Les années cerises

12 dimanche Août 2012

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Claudie Gallay, Hubert Nyssen

Présentation de l’éditeur :

Au village, on l’appelle l’Anéanti, parce que sa maison va bientôt disparaître avec la falaise qui s’effrite. Quand il en a marre des zéros à l’école et des claques de sa mère, il va retrouver Paulo et sa grande soeur, qui le fait rêver à l’amour.

Les années cerises, comme le montre sa jolie couverture (une photo de Kamil Vojnar), c’est une bulle.

Une bulle de bêtise, de méchanceté maternelle. Une bulle d’impuissance paternelle. Une bulle d’indifférence, de non assistance à personne en danger. Parce qu’on se demande ce qui motive la mère à être aussi cruelle et amorphe à la fois (on le devine à travers les mots naïfs de son fils). Parce qu’elle est tellement dominatrice, cette mère, qu’elle coupe la parole à tout le monde, même à ceux qui pourraient faire quelque chose pour ce petit garçon. C’est révoltant.

Une bulle de tendresse, de douceur, d’opiniâtreté, une bulle d’amitié. Parce que, grâce à Paulo et à sa magnifique soeur, grâce aux animaux de la ferme, grâce aux bonnes saucisses de Mémé, aux parties de pêche avec Pépé, au regard de Tonton François, ce petit garçon – dont nous ne saurons le nom que bien tard – s’accroche à la vie, grandit malgré tout. Même s’il collectionne les bulles à l’école. C’est surprenant et rafraîchissant.

Un joli petit livre tout simple, qui se lit la gorge serrée.

« Pépé est vieux et il va mourir. Comme Puce, le chien d’avant, comme Madame Ponce, la femme du rebouteux qu’on a retrouvée morte dans le jardin avec les limaces dessus.

Comme les enfants à la télé mais eux c’est plus facile, je ne les connais pas.

Je n’y vois plus rien. C’est les larmes qui font ça. J’en ai plein les yeux. Je renverse la tête pour qu’elles repassent dans mon cerveau. Il y en a trop. Ca fait une épaisseur d’eau qui ne sait plus où aller. » (p. 116)

Claudie GALLAY, Les années cerises, Editions du Rouergue, 2004 (réédité en Babel, 2011)

L’avis de Aproposdelivres

Ce livre est mon petit hommage à Hubert Nyssen, fondateur des éditions Actes Sud, et une participation au Petit Bac en catégorie Végétal.

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Un refrain sur les murs

01 mercredi Août 2012

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Un refrain sur les murs

Quatrième de couverture :

Austère, engoncée dans son morne quotidien de professeur de sciences physiques, Isabelle confie ses enfants à son ex-mari pour les grandes vacances. Seule, sans la moindre activité en vue, elle est terrorisée par la perspective de l?été. Jusqu?à ce que quelques notes flottant dans l?atmosphère retiennent son attention. C?est un musicien de rue au charme troublant qui l?aborde et lui propose un marché : réaliser de menus travaux dans son appartement, en échange d?un hébergement durant tout le mois d?août. Isabelle la timorée se surprend à faire entrer dans sa vie ce complet inconnu qui va bousculer ses habitudes, ses inhibitions, ses préjugés, et, à sa manière, modifier le cours de son existence. Trente ans plus tard, en revisitant sa chambre d?enfant, sa fille, Romane, se remémore la femme ennuyeuse, fade et rigide qu?était Isabelle. Mais un indice pourrait bien ébranler ses certitudes. Un indice qui va bouleverser sa vie. Sous les dehors d?un conte de la vie ordinaire, Murielle Magellan raconte l?étonnante renaissance de deux femmes blessées. Dans ce roman à deux voix en forme de portraits croisés, elle décrit ces minuscules déclics intérieurs, ces événements infimes qui peuvent faire bifurquer une vie. Drôle, inventive, toujours bienveillante, Murielle Magellan a l?art de ré-enchanter la monotonie du quotidien au gré de petits miracles qu?elle fait surgir au coin de la rue.

 

Bon, je vous le dis tout de suite, cette fois, j’ai laissé la quatrième de couverture en entier pour garantir une présentation cohérente de ce roman : je l’ai lu fin juin, il m’a plu mais il y a un certain temps qu’il est retourné à la bibliothèque, il s’est passé beaucoup de choses depuis et mes souvenirs se sont un peu envolés… Je vous livre donc quelques impressions un peu décousues…

Ce qui m’a vraiment plu dans ce roman, dès le début, c’est la musique de son écriture qui colle au plus près des émotions de ses personnages : enfermement intérieur, raideur, colère, chagrin incoercible, éveil timide ou vannes qui lâchent, et j’en oublie, toute cette palette de sentiments, d’états intérieurs est peinte avec beaucoup de sensibilité et d’acuité par Murielle Magellan.

L’histoire de cette mère et de cette fille qui se rejoignent « a posteriori » à trente ans de distance, c’est comme si quelqu’un décidait justement de détapisser une chambre très ancienne. Pour Isabelle, c’est So What qui va décoller les couches de papier peint qui ont étouffé son coeur, car cette femme s’est toujours coupée de ses émotions ; il travaille tantôt avec délicatesse, tantôt avec énergie, pour l’éveiller, la révéler à elle-même. C’est Romane elle-même qui arrache le papier peint sous lequel elle étouffe elle-même, cette frise d’angelots sur fond orange qui ravivent le feu qui la brûle.

Il y a de la violence dans ce récit : Murielle Magellan ne craint pas de malmener ses personnages, de les laisser éclater, se débattre derrière leurs murs intimes, réagir dans la démesure… Quant à So What, qui semble le plus équilibré malgré sa vie incertaine, il n’est forcément pas si lisse qu’il le paraît, mais j’aurais aimé en savoir un peu plus sur lui.

Un roman assez original pour que j’aie cédé à sa petite musique tout en me permettant de me reconnaître un peu en Isabelle… Voilà tout ce que je peux vous en dire aujourd’hui…

Murielle MAGELLAN, Un refrain sur les murs, Julliard, 2011

Pour vous faire une meilleure idée : les avis de Noukette, Choco, Mango, Fransoaz, Brize, Chiffonnette, Mirontaine, Leiloona, Liliba, Clara, Leiloona …

Un roman Biblioth_que_et_LAL  qui entre tout naturellement dans le challenge

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Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

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