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Archives de Catégorie: Des Mots hongrois

L’Analphabète

24 mercredi Mar 2021

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots européens, Des Mots hongrois, Non Fiction

≈ 16 Commentaires

Quatrième de couverture :

Agota Kristof est née en 1935 en Hongrie, à Csikvand. Elle arrive en Suisse en 1956, où elle travaille en usine. Puis elle apprend le français.

En 1987, elle devient célèbre avec son premier roman, Le Grand Cahier, qui reçoit le prix du « Livre européen ». Deux autres livres suivent, La Preuve et Le Troisième Mensonge, une trilogie traduite dans trente langues. Elle publie encore Hier, puis C’est égal et de nombreux textes pour le théâtre. Elle est décédée en juillet 2011.

L’Analphabète est son seul récit autobiographique.

Onze chapitres pour onze moments de sa vie, de la petite fille qui dévore les livres en Hongrie à l’écriture des premiers livres en français. (…)

D’Agota Kristof, je n’ai lu pour l’instant que Le Grand Cahier, que j’ai beaucoup aimé. Après la lecture de ce court récit autobiographique (55 pages), promis, je lirai la suite !

Onze chapitres courts, denses, d’autant plus émouvants qu’ils sont pudiques, onze chapitres qui permettent d’appréhender la trace inoubliable de l’enfance, l’exil à la fois hors d’un pas et d’une langue, l’ennui, la force de l’écriture. Agota Kristof se souvient de sa découverte précoce de la lecture et de l’écriture en Hongrie, l’écriture qui sera la seule barrière au chagrin lorsqu’elle sera placée dans un internat public o elle est séparée de sa famille et où elle éprouve le froid et la faim. Elle raconte le passage hors de Hongrie en 1956 avec son mari et une petite fille de quelques mois, les seuls bagages que le couple emporte sont les affaires du bébé et un sac de dictionnaires. Arrivés en Suisse, ils sont répartis dans le pays, on leur offre un logement, un travail (où là aussi la monotonie des jours est « compensée » par l’écriture de poèmes), mais rien ne peut combler le vide de l’exil, la « perte » de la langue maternelle et le choix d’écrire en français, la langue apprise.

J’ai vraiment été très touchée par cette histoire écrite avec pudeur mais sans détours, dans un style direct que l’on retrouve dans les fictions de l’autrice. J’avais envie de noter beaucoup de choses au fil des pages ! J’ai souri au tout début : je me suis tellement reconnue dans le fait de lire au lieu de faire des choses jugées plus utiles. (Je précise que cela ne m’a jamais été reproché par ma mère, merci à elle !)

« Mise à part cette fierté grand-parentale, ma maladie de la lecture m’apportera plutôt des reproches et du mépris :
« Elle ne fait rien. Elle lit tout le temps. »
« Elle ne sait rien faire d’autre. »
C’est l’occupation la plus inactive qui soit.
C’est de la paresse.
Et surtout : »Elle lit au lieu de… »
Au lieu de quoi?
« Il y a tant de choses plus utiles, n’est-ce pas? »

Encore maintenant, quand la maison se vide et que tous mes voisins partent au travail, j’ai un peu mauvaise conscience de m’installer à la table de la cuisine pour lire les journaux pendant des heures, au lieu de … de faire le ménage ou de laver la vaisselle d’hier soir, d’aller faire les courses, de laver et de repasser le linge, de faire de la confiture ou des gâteaux…
Et surtout, surtout! Au lieu d’écrire. » (p.8)

« A l’exaltation des jours de la révolution et de la fuite se succèdent le silence, le vide, la nostalgie de nos jours où nous avions l’impression de participer à quelque chose d’important, d’historique peut-être, le mal du pays, le manque de la famille et des amis. » (p. 42-43)

« Comment lui expliquer, sans le vexer, et avec le peu de mots que je connais en français, que son beau pays n’est qu’un désert pour nous, les réfugiés, un désert qu’il nous faut traverser pour arriver à ce qu’on appelle « l’intégration », « l’assimilation ». A ce moment-là, je ne sais pas encore que certains n’y arriveront jamais.
Deux d’entre nous sont retournés en Hongrie malgré la peine de prison qui les y attendait. Deux autres, des hommes jeunes, célibataires, sont allés plus loin, aux Etats-Unis, au Canada. Quatre autres, encore plus loin, aussi loin que l’on puisse aller, au-delà de la grande frontière. Ces quatre personnes de mes connaissances se sont donné la mort pendant les deux premières années de notre exil. Une par les barbituriques, une par le gaz, et deux autres par la corde. La plus jeune avait dix-huit ans. Elle s’appelait Gisèle. » (p. 44)

« Comment devient-on écrivain?
Il faut tout d’abord écrire, naturellement. Ensuite, il faut continuer à écrire. Même quand cela n’intéresse personne. Même quand on a l’impression que cela n’intéressera jamais personne. Même quand les manuscrits s’accumulent dans les tirois et qu’on les oublie, tout en en écrivant d’autres. » (p. 45)

« Cinq ans après être arrivée en Suisse, je parle le français, mais je ne le lis pas. Je suis redevenue une analphabète. Moi, qui savais lire à l’âge de quatre ans. Je connais les mots. Quand je les lis, je ne les reconnais pas. Les lettres ne correspondent à rien. Le hongrois est une langue phonétique, le français, c’est tout le contraire. » (p. 52)

Agota Kristof, L’Analphabète, Zoé, 2004

Semaine Francophonie avec Marilyne  – arrêt entre Suisse et Hongrie, entre langue maternelle et le français comme langue d’écriture et d’exil. 

Le grand cahier

18 mercredi Oct 2017

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots européens, Des Mots hongrois

≈ 13 Commentaires

Quatrième de couverture :

Klaus et Lucas sont jumeaux. La ville est en guerre, et ils sont envoyés à la campagne, chez leur grand-mère. Une grand-mère affreuse, sale et méchante, qui leur mènera la vie dure. Pour surmonter cette atrocité, Klaus et Lucas vont entreprendre seuls une étrange éducation. Dans un style enfantin et cruel, chaque événement de leur existence sera consigné dans un « grand cahier ».

Enfin j’ai lu Le grand cahier. Je ne sais plus très bien chez qui, sur quel blog j’ai découvert l’auteure, hongroise d’origine. Sans doute chez Marilyne, qui m’accompagne à l’Est en vous présentant aujourd’hui un recueil de nouvelles d’Agota Kristof, intitulé C’est égal.

Première surprise, Agota Kristof (1935-2011), exilée en Suisse après l’écrasement de la révolution par les chars soviétiques en 1956, écrit directement en français : c’est donc la langue de l’exil pour elle. Et sans doute ce qu’elle fait écrire par les jumeaux à propos du grand cahier dans lequel ils consignent leur histoire est-il valable pour elle, les mots doivent juste dire les choses dans une sorte de « vérisme », d’écriture purement factuelle qui tient les émotions à distance.

« Mais il y a les mots anciens.
Notre Mère nous disait :
-Mes chéris ! Mes amours ! Mon bonheur ! Mes petits bébés adorés !
Quand nous nous rappelons ces mots, nos yeux se remplissent de larmes.
Ces mots, nous devons les oublier, parce que, à présent, personne ne nous dit des mots semblables et parce que le souvenir que nous en avons est une charge trop lourde à porter. » (p.27)

« Pour décider si c’est «Bien» ou «Pas bien», nous avons une règle très simple: la composition doit être vraie. Nous devons décrire ce qui est, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous faisons.
Par exemple, il est interdit d’écrire: «Grand-Mère ressemble à une sorcière»; mais il est permis d’écrire: «Les gens appellent Grand-Mère la Sorcière.»
Il est interdit d’écrire: «La Petite Ville est belle», car la Petite Ville peut être belle pour nous et laide pour quelqu’un d’autre.
De même, si nous écrivons: «L’ordonnance est gentil», cela n’est pas une vérité, parce que l’ordonnance est peut-être capable de méchancetés que nous ignorons. Nous écrirons simplement «L’ordonnance nous donne des couvertures».
Nous écrivons: «Nous mangeons beaucoup de noix», et non pas: «Nous aimons les noix», car le mot «aimer» n’est pas un mot sûr, il manque de précision et d’objectivité. «Aimer les noix» et «aimer notre Mère», cela ne peut pas vouloir dire la même chose. La première formule désigne un goût agréable dans la bouche, et la deuxième un sentiment. 
Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues; il vaut mieux éviter leur emploi et s’en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c’est-à-dire la description fidèle des faits. » (p. 33)

Le langage garantit donc une certaine objectivité mais son usage même est sujet à caution, il peut être trompeur, le lecteur doit interpréter les émotions cachées sous cette plume aride, sèche, peu attrayante à première vue. Il faut dire qu’Agota Kristof ne fait rien pour rendre son livre aimable : certes nous comprenons que c’est une fable, un conte cruel sur la guerre, mais nous ne pouvons qu’être perturbés, horrifiés, dégoûtés parfois devant ce qu’elle fait vivre à ses héros, deux jeunes enfants qui semblent très mignons mais qui s’imposent un cruel entraînement de « désensibilisation » (ne plus pleurer, rester immobile, jeûner…). Deux innocents qui s’imprègnent de la guerre avec son cortège de violences, de saletés, de privations et qui semblent s’y adapter pour en tirer tout le parti possible. Face à eux, des personnages bien typés, la grand-mère « sorcière », le curé et sa servante accorte, l’officier occupant et son ordonnance, et j’en oublie, tantôt pervers, tantôt méchants, sans états d’âme ou presque. Des personnages qui se révéleront parfois ambivalents et qui montrent ce à quoi la guerre peut réduire l’être humain. Non loin du village et de la Petite Ville, la frontière : on ne sait trop finalement si le pays voisin est un ami ou un ennemi (métaphore sans doute des liens entre l’ex URSS et ses pays satellites) et on ne sait trop où Agota Kristof fixera la limite de l’horreur et de la douleur…

Ce roman est le premier d’une trilogie dont je suis curieuse de lire la suite, même si je me suis sentie souvent mal à sa lecture. Quand j’ai publié au début du mois un poème d’Agota Kristof, beaucoup de commentaires ont dit être agréablement surpris alors que les romans semblaient souvent imbuvables. Comme je l’ai dit, l’auteure ne fait rien pour rendre son travail attrayant. Mais les moyens littéraires qu’elle utilise pour dénoncer la guerre, la dictature, le déracinement ne sont-ils pas efficaces ?

Agota KRISTOF, Le grand cahier, Points, 1995 (Première édition au Seuil, 1986)

Les mouettes

27 vendredi Déc 2013

Posted by anne7500 in Des Mots européens, Des Mots hongrois

≈ 19 Commentaires

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Albin Michel, Sandor Marai

Présentation de l’éditeur :

« Pendant des dizaines d’années, j’ai traversé ce pont deux fois par jour et c’est la première fois que je prête attention aux mouettes, songe-t-il. Je les regarde avec les yeux de cette femme. Elle a les mêmes yeux gris vert que l’autre… des yeux d’oiseau ou d’animal. »
Lorsqu’il accueille dans son bureau du ministère la réfugiée finlandaise venue demander un permis de séjour et de travail, le haut fonctionnaire est saisi : il croit reconnaître une jeune fille jadis aimée et qui s’est donné la mort cinq ans plus tôt par amour pour un autre. Simple hasard ou signe du destin ? Qui est cette « mouette » venue de si loin et qui prétend se nommer Aino Laine, « vague unique » en finnois ? 
Cette rencontre énigmatique, dont la tension est accrue par l’imminence de la guerre et l’attente d’un coup de téléphone, crucial pour l’homme comme pour le sort du pays, pourrait déboucher sur une révélation, à moins qu’elle ne fasse qu’épaissir le mystère des êtres.
Comme dans Les Braises, écrit un an plus tôt, ou Divorce à Buda, ce roman où s’exprime la subtilité du grand écrivain hongrois confronte un homme et une femme à leur passé dans un de ces face à face somnambuliques et prenants dont Márai a le secret.

Ils sont deux, un homme et une femme, un couple improbable. Ils se rencontrent à Budapest à un moment charnière de l’histoire du vingtième siècle mais leur face à face prend ses racines dans un autre temps, puisque lui croit reconnaître un amour passé, mort, et elle traverse l’Europe avec au coeur des images de dévastation en Finlande t des moments de cruelle insouciance quelque part en France. Leur rencontre, qui va se dérouler sur vingt-quatre heures à peine, est comme un pont entre Buda et Pest : lien fragile entre deux époques, deux pays, deux êtres qui se guettent, épient le mystère de l’autre, deux êtres que tout sépare et rassemble.

Je me réjouissais de retrouver la plume de Sandor Marai, dont j’ai déjà lu l’un ou l’autre titre (il y a si longtemps que je ne me souviens plus exactement de ce que j’ai lu). Le plaisir de l’écriture est certes intact, avec cette recréation d’un monde perdu et de sentiments que l’on prend le temps d’analyser, de détailler. Mais, si le mystère d’Aino Laine garde de son intérêt et de son épaisseur jusqu’à la fin, je me suis aussi un peu ennuyée dans ces tours et détours de l’âme, relatés quasi uniquement dans les monologues des deux personnages.

Peut-être la période ne se prêtait-elle pas à cette lecture contemplative… Cela ne m’empêchera pas de découvrir d’autres textes qu’Albin Michel et Le Livre de poche publient à nouveau.

Sandor MARAI, Les mouettes, traduit du hongrois par Catherine Fay, Albin Michel, novembre 2013

Un tout grand merci à Claire Mignerey et aux éditions Albin Michel pour l’envoi de ce livre !

Le beau billet de Jostein

Un quatrième titre avec lequel je décide de clôturer le challenge Animaux du monde chez Sharon.

Logo Animaux du monde

"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

Les mots en cours

Un mariage royal par Montclair

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