• Anniversaires Maisons d’édition
  • Je remplis ma PAL…
  • Je vide ma PAL…
  • Le Mois belge
  • Lectures thématiques
  • Mémoire 14-18
  • Mots amis à visiter
  • Présentation et contact
  • Quelques projets et challenges

~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Catégorie: Des Mots irlandais

Petite musique des adieux

30 mardi Oct 2018

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots irlandais

≈ 20 Commentaires

Étiquettes

10/18, Irlande, Jennifer Johnston, Petite musique des adieux

Quatrième de couverture:

Lorsqu’ils se croisent par hasard sur les hauteurs de Dublin, Clara et Lar sont deux êtres meurtris, éprouvés par l’existence. Pour le reste, tout les sépare : la politique, la religion, leurs tempéraments respectifs. Instinctivement, chacun se méfie du miroir que le malheur de l’autre lui tend. Pourtant, la rencontre aura lieu, pleine de tensions, d’incompréhension, mais aussi d’espoir. Une de ces rencontres qui, insensiblement, modifient le cours de nos destinées? Dans un style limpide, Jennifer Johnston, considérée comme l’un des plus grands écrivains irlandais contemporains, nous offre avec Petite Musique des adieux une magnifique composition à deux voix.

Pour terminer ce mois irlandais, je me suis tournée vers une romancière dont j’ai lu pas mal de titres bien avant le blog, Jennifer Johnston dont j’ai aimé sans réserve tout ce que j’ai lu et j’avais donc une petite appréhension : le charme allait-il toujours opérer ? La réponse est oui, ô joie.

Rien que la couverture de cette édition me plaît déjà : une vitre couverte de pluie à travers laquelle on devine en contrebas une rue dans un mélange de couleurs sombres et claires. Rien ne dit qu’on est en Irlande mais cette image correspond bien à l’atmosphère qui baigne ce roman : la pluie tombe souvent et symbolise le chagrin, le deuil que les deux personnages vivent, les larmes qui coulent ou qui restent bloquées à l’intérieur.

Clara a longtemps vécu à l’étranger pour échapper à une mère étouffante, elle est revenue vivre à Dublin après une rupture amoureuse qui l’a blessée jusque dans sa chair. Lar (Laurence) a fui l’Irlande du Nord sur un coup de tête après la perte de sa femme et de sa fille. Les deux se rencontrent par hasard et sur un malentendu sur Killiney Hill, elle l’invite à passer quelques jours chez elle pour se poser. Tous deux sont tellement écorchés vifs qu’ils s’accrochent régulièrement mais la rencontre a lieu, une sorte de reconnaissance éphémère et finalement bienfaisante de deux douleurs, de deux personnalités très différentes. Le récit passe d’un point de vue à l’autre, sans changement de chapitre il se déroule d’une traite en nous donnant aussi accès au roman que Clara a commencé, dans lequel elle dévoile peu à peu ce qui s’est passé à New York, et aux souvenirs de Lar avec sa femme Caitlin.

J’ai retrouvé la plume sensible, à fleur de peau de Jennifer Johnston, une écriture qui fait toujours place aux déchirements internes de l’Irlande et sait se faire acérée au besoin : j’ai adoré le mordant de certains dialogues, l’humour, l’auto-dérision dont fait preuve Clara. La pluie, la nature qui renaît au printemps, les ombres et les rayons dorés du soleil et aussi la musique de Schubert, accompagnent à merveille cette démarche de deux êtres humains sur le point, peut-être, de renaître.

« Comme j’aime la pluie irlandaise. Grâce à elle on a la peau douce et les cheveux brillants, c’est du moins ce qu’on disait : je doute qu’on le dise encore longtemps. Enfant, j’en étais si convaincue que j’avais coutume de courir dans le jardin lorsqu’il pleuvait et de lever le visage vers le ciel, laissant les gouttes éclater sur ma peau et rouler le long e mon cou et de mes épaules. Quelqu’un mettait toujours vite fin à cet innocent plaisir. Je ris quand je pense à ce que font les gosses de quatorze ans aujourd’hui. » (p. 45)

« – Oublier quoi ?

-L’Irlande. Ce bordel dans lequel nous vivons. Ce morceau de haine. Oui, de haine. Peut-être, me disais-je alors, peut-être ne reviendrai-je jamais. Je deviendrai quelqu’un d’autre, dans un autre pays, et quand on me demandera d’où je viens, je dirai un autre nom. Pas de l’Irlande du Nord – l’Ulster – appelez-la comme vous voulez. Je prétendrai n’avoir aucun lien avec ce pays. Je me sentirai neuf. J’avais vraiment envie de me sentir neuf » (p. 75)

« Je crois que j’écris des inepties dignes d’un roman de gare, mais j’irai jusqu’au bout, de mes notes au moins, pour pouvoir considérer avec une certaine froideur comment je me suis laissé berner et ensuite… ensuite… quel mot devrais-je employer ? Celui me vient à l’esprit est « détruire » mais c’est bien trop fort. « Abîmer » serait plus adapté. Et bien sûr il y a la question de mon avenir, de mon immortalité, que je suis seule à pouvoir assurer aujourd’hui.

A quoi bon de toute façon ?

L’immortalité.

Indispensable vanité.

Quoi qu’il en soit, je veux me soigner – pas seulement les blessures physiques,mais celles de mon coeur et de mon âme. Mon ventre peut toujours porter une cicatrice, je ne vois pas pourquoi je devrais en tolérer d’autres ailleurs, dans mon être. » (p. 155)

« Je vais lui dire toute la vérité ce soir, décida-t-il. Que sa mère aille au diable. Je vais m’asseoir dans ce restaurant et, avec Caitlin à mon côté, je lui dirai tout. Sur l’amour, la haine, le désespoir, sur la nuit qui a recouvert ma vie depuis deux ans. Peut-être posera-t-elle la main sur moi, et à l’endroit o se poseront ses doigts l’obscurité se détachera comme une vieille peau usée. Oui, c’est ce que je vais faire. » (p. 236)

Jennifer JOHNSTON, Petite musique des adieux, traduit de l’anglais (Irlande) par Anne Damour, 10/18, 2004 (Belfond, 2003)

Fin (provisoire) de la balade irlandaise

 

La bruyère incendiée

26 vendredi Oct 2018

Posted by anne7500 in Des Mots irlandais

≈ 13 Commentaires

Étiquettes

10/18, Colm Tobin, Irlande, La bruyère incendiée

Quatrième de couverture :

Chaque été, le juge Eamon Redmond quitte Dublin avec sa femme pour la petite ville de Cush. Là où la mer et le vent semblent avoir le dernier mot, il vient oublier les hommes, et leurs déchirures entre croyances, justice et engagement. Du moins le croit-il. Car si certains souvenirs échappent à la mémoire comme s’effondrent sous la poussée des eaux des pans entiers de la falaise, d’autres résistent à l’érosion. A travers la conscience d’un homme, Colm Toibin explore les vicissitudes du temps, inexorable bâtisseur de destinées. 

La vie du juge Redmond peut se résumer en quelques mots: indépendance, principes, engagement mais aussi solitude. Colm Toibin nous raconte la vie de ce juge dont l’enfance de fils unique, orphelin de mère tout à sa naissance, a été marquée par la figure paternelle, celle d’un professeur austère, militant pour l’indépendance irlandaise. Les étés étaient rythmés par les vacances à Cush, au bord de la mer. Les chapitres alternent les étapes de formation de l’enfance et de l’adolescence d’Eamon Redmond et sa vie d’adulte, de juge qui approche la retraite et se souvient. Les correspondances entre le passé et le présent sont fortes : les mêmes baignades estivales, la présence de la famille, la même maladie qui a frappé et frappe le père et l’épouse du juge, la place de la lecture, l’influence de la religion. A l’instar de la falaise qui s’effrite d’année en année, les convictions morales évoluent avec la société irlandaise, marquée par la puissance de l’Eglise. De même, le juge (qui appartient à une génération à qui on n’a jamais appris à parler de ses ressentis) ne trouve pas les clés pour communiquer émotionnellement avec sa femme et ses enfants devenus adultes. Le corset de ses habitudes va se fissurer petit à petit, notamment à l’approche de la mort.

Ce deuxième roman de Colm Toibin prend son temps, ne donne pas de clés explicites sur la personne du juge Redmond, il laisse pour cela une grande place à la nature, à la mer, au sable, au vent qui balaie la côte irlandaise et ses bruyères. Au temps qui creuse intérieurement les fondations d’un homme.

« La plupart des questions soulevées par cette affaire étaient d’ordre moral  le droit d’une éthique à prévaloir sur celui d’un individu. Au fond, on lui demandait de juger de quelle manière il convenait de mener sa vie dans une petite ville. Il sourit intérieurement à cette pensée et secoua la tête.

En travaillant à son jugement, il se rendit compte plus que jamais qu’il n’avait pas de fortes convictions morales, qu’il avait cessé de croire à quoi que ce fût. Mais au moment de le rédiger, il veilla à n’en rien laisser paraître. Ce jugement était le seul qu’il pût rendre : il était pertinent, bien argumenté et surtout, il était plausible.

Il retourna à la fenêtre et resta un moment à regarder dehors. Comme il était difficile d’être sûr ! Ce n’était pas seulement cette affaire, et les questions qu’elle soulevait à propos de la société et de la morale, c’était le monde dans lequel ces choses se produisaient qui le mettait mal à l’aise, un monde dans lequel des valeurs opposées vivaient si près les unes des autres. Lesquelles pouvaient à juste titre prétendre à être défendues ? » (p. 107)

Colm TOIBIN, La bruyère incendiée, traduit de l’anglais par Anna Gibson, 10/18, 2005 (Flammmarion, 1996)

Balade irlandaise – 3

L’herbe maudite

12 vendredi Oct 2018

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots irlandais

≈ 19 Commentaires

Étiquettes

Actes Sud, Anne Enright, Irlande, L'herbe maudite

Quatrième e couverture :

Cette année, les quatre enfants de Rosaleen Madigan retournent fêter Noël en Irlande, dans la maison de leur enfance. Ce sera la dernière fois. Leur mère, veuve depuis quelques années, a décidé de la vendre.
Constance, l’aînée, arrive avec les courses et toute sa famille. Dan rentre de Toronto, sans son copain Ludo, dont il vient pourtant d’accepter la demande en mariage. Leur cadet, Emmet, qui coordonne des opérations humanitaires, traîne un chagrin d’amour. Et la benjamine, Hanna, actrice à la capitale, apporte ses doutes et ses joies face à sa maternité toute récente.
Anne Enright examine cette réunion familiale et le passé de la fratrie avec une formidable acuité psychologique et son franc-parler réjouissant. Elle insuffle dans son roman une profonde empathie pour ces êtres qui négocient chacun un tournant délicat de la vie.

Amateurs d’action et de suspense, passez votre chemin. Par contre, si vous aimez les romans d’atmosphère, si vous aimez la verte Irlande, les études psychologiques, les histoires de famille, ce roman est fait pour vous.

Je découvre l’univers d’Anne Enright avec ce roman dont le titre original est The Green Road, Le chemin vert, qui était peut-être moins attirant en français mais qui représente un peu plus le livre et une de ses héroïnes, Rosaleen, la mère de famille. Au fil des chapitres qui s’intéressent chacun à leur tour à un de ses quatre enfants, à des périodes différents de leur vie, on apprend à connaître cette femme, cette mère devenue veuve et qui est restée attachée à sa maison, ne voyageant jamais, n’entretenant que des contacts épisodiques avec ses enfants, sauf avec Constance, celle qui habite près de chez elle et qui gère sa famille et l’attention à sa mère âgée. On se rend compte que chacun des enfants a du mal à trouver ou à prendre sa place dans sa vie adulte. Est-ce dû à Rosaleen, peut-on qualifier cette mère de toxique ? Ce n’est pas évident, elle semble si tranquille dans sa maison qui vieillit avec elle, elle paraît tellement comprendre de l’intérieur chacun de ses enfants..

En tout cas, Anne Enright dresse de chacun, à travers son destin individuel, un portrait psychologique plein de finesse. Et c’est infiniment touchant. Dan, qui voulait devenir prêtre, a vécu à New York au début des années 1990 alors que le sida faisait encore rage, et il a du mal à nouer une relation solide. Emmett tente de lutter contre la faim dans le monde dans un poste humanitaire et ne parvient pas à exprimer ses sentiments intimes. Constance semble la plus heureuse, mariée, trois enfants, un mari qui lui offre une belle aisance matérielle, mais on la sent submergée par cette famille à qui elle ne sait pas dire non. Hanna, la plus jeune, peine à vivre de son métier d’actrice. Elle est alcoolique et fragilisée par sa maternité toute récente. On sent que les quatre ont une certaine familiarité avec la mort, ou tout au moins qu’ils ont une conscience aiguë que l’on meurt un jour, dans leur vie quotidienne mais aussi dans le souvenir de leur père, mort d’un cancer. Ce qui les relie aussi, c’est la maison familiale dans la lande irlandaise et c’est au moment où leur mère veut la vendre qu’il se passe quelque chose de marquant dans leur vie. Le dernier repas de Noël qu’ils vont y vivre cristallise leurs peines, leurs souvenirs, leur mal être secret et révèle à nos yeux de lecteurs les liens qui unissent inconsciemment la fratrie Madigan. En filigrane, au cours d’un épisode nocturne sur la lande, on comprend aussi que Rosaleen a sans doute été davantage épouse que mère et que cela explique bien des choses.

« Et Dan avait oublié un instant qu’il était un prêtre raté avec une licence en littérature anglaise se préparant à rentrer au pays, après son année à l’étranger, pour y passer un diplôme de bibliothécaire. Il avait oublié qu’il était un vendeur de chaussures, ou un barman, ou même un immigrant. Pendant un instant, Dan avait été un espace ouvert qu’entourait un avenir différent de celui avec lequel il avait franchi la porte. » (p. 63)

« Ils n’étaient pas insensibles à l’humour de la situation, au fait que chacun de ses enfants appelait une femme différente. Ils ne savaient pas qui elle était – leur mère, Rosaleen Madigan – et ils n’avaient pas besoin de le savoir. C’était une femme âgée qui avait désespérément besoin de leur aide et qui, alors même que son absence grandissait au point d’occuper tout le versant glacé de la montagne, rapetissait, n’avait plus que la taille d’un être humain – de n’importe quel être humain – frêle, mortel, vieux. »

Anne ENRIGHT, L’herbe maudite, traduit de l’anglais (Irlande) par Isabelle Reinharez, Acts Sud, 2017

Actes Sud a quarante ans cette année !

Le beau billet de Nadège sur ce roman

Balade irlandaise – 1 – Marilyne m’accompagne dans le voyage, elle vous propose aujourd’hui Rien d’autre sur terre de Conor O’Callaghan.

Un ciel rouge, le matin

17 vendredi Oct 2014

Posted by anne7500 in Des Mots irlandais

≈ 27 Commentaires

Étiquettes

Albin Michel, Irlande, Paul Lynch, Pennsylvanie

Quatrième de couverture :

Tableau âpre et ténébreux de l’Irlande du XIXe siècle et de sa brutale réalité sociale, Un ciel rouge, le matin possède la puissance d’évocation des paysages du Donegal où il se déroule en partie. Le lyrisme sombre et poétique de Paul Lynch, qui signe là un remarquable premier roman, en exprime la force autant que les nuances, entre ombre et lumière.

Printemps 1832. Coll Coyle, jeune métayer au service d’un puissant propriétaire anglais, apprend qu’il est expulsé avec femme et enfants de la terre qu’il exploite. Ignorant la raison de sa disgrâce, il décide d’aller voir l’héritier de la famille, qui règne désormais en maître. Mais la confrontation tourne au drame : Coll Coyle n’a d’autre choix que de fuir. C’est le début d’une véritable chasse à l’homme, qui va le mener de la péninsule d’Inishowen à Londonderry puis aux États-Unis, en Pennsylvanie. Pleine de rage et d’espoirs déçus, son odyssée tragique parle d’oppression et de vengeance, du lien viscéral qui unit les hommes à leur terre.

Ce premier roman m’a d’abord prise à la gorge rien que dans les descriptions somptueuses et âpres de ses premières pages. Apres et somptueuses comme la terre d’Irlande, ses landes, ses tourbières, la pluie qui colle au paysage comme une peau grise. Il m’a ensuite emportée au rythme de la folle cavale de Coyle pour fuir son coin de terre, l’intendant Faller qui le poursuit impitoyablement avec ses acolytes. Puis ballottée au rythme de l’exil et d’un voyage interminable vers l’Amérique, vers une terre inconnue. Et enfin presque martelée comme la terre qu’arrachent ces hommes qui travaillent à la construction du chemin de fer autour de Philadelphie.

Marquée par la violence de la terre d’Irlande, par la rudesse du travail, par les ravages des maladies qui frappent aveuglément – j’avais l’impression d’être écrasée par tous ces éléments, d’être dans le brouillard -, je l’ai aussi été par la violence des hommes : celle que subit Coyle dans sa condition de paysan à la merci d’un maître fou, dans sa fuite, dans sa douleur de perdre une famille, une enfant, un pays, une terre et la violence aveugle qui habite Faller, qui semble le constituer « naturellement »(l’homme est un loup pour l’homme, ce proverbe latin s’applique parfaitement à cet homme-là). La couleur rouge n’est pas seulement celle des matins radieux, des soleils resplendissants, mais aussi, bien sûr celle du sang qui coule, celle de la vie rude, celle de la mort qui hante ce récit.

C’est le lien entre la nature et l’homme qui m’a le plus touchée dans ce roman, et plus encore : l’immuable souveraineté de la nature quand l’homme (on n’est qu’en 1832) plie et rompt face aux assauts du mal, de la maladie, de la mort. Paul Lynch l’exprime dans une langue poétique, visuelle, somptueuse, d’une beauté à couper le souffle. Il faut souligner le travail remarquable de la traductrice Marina Boraso, qui nous livre un texte français splendide ! C’est un roman profondément masculin aussi (mais pas macho ! on n’est qu’en 1832, je le répète, et une voix de femme restée au pays nous murmure un contrepoint discret) , qui exprime la profonde solitude de l’homme face aux éléments et à l’Histoire. Et pour montrer cette « toute-puissance » de la nature, l’auteur n’utilise aucun signe de ponctuation pour introduire les dialogues et les pensées des personnages, ni guillemets, ni tirets : cela m’a un peu désarçonnée au début, mais je m’y suis habituée. Coyle est un être assez taciturne et s’il s’ouvre un peu au fil du temps, ce sont surtout ses compagnons de voyage et de misère qui parlent. Comme pour sceller son accord de silence avec la terre et le ciel, le dernier paragraphe clôt le roman comme une musique puissante qui s’achève dans le calme et la méditation…

« Le jour s’achève sous un ciel muet. Le forgeron lève les yeux vers les rougeurs du couchant. A l’ouest une estampe d’ombres sur le ciel, et les nuages embusqués, avec leur provision de pluie. Le vent exhale de longs soupirs, les feuilles tiennent fermement aux branches, seul l’automne les décrochera. Le monde s’enfonce dans la nuit, les oiseaux enfouissent la tête sous leur aile. Il règne un grand silence jusqu’à ce que les nuages crèvent, et un déluge descend sur la terre impassible, la vieille terre tremblante qui tourne le dos au soleil couchant. » (p. 282-283)

Paul LYNCH, Un ciel rouge, le matin, traduit de l’anglais (Irlande) par Marina Boraso, Albin Michel, 2014

L’auteur parle de son roman et se ses choix d’écrivain sur le site de l’éditeur (je le verrais bien dans un roman à la Jane Austen…).

Avec ce titre  je clos ma série de romans « en rouge ».

Petit Bac 2014    50 états, 50 billets

(Moment et Pennsylvanie)

A travers les champs bleus

18 lundi Mar 2013

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots irlandais

≈ 27 Commentaires

Étiquettes

Claire Keegan, nouvelles

Présentation de l’éditeur :

« Plus tôt, les femmes étaient venues avec des fleurs, chacune d’une nuance de rouge plus foncée. Dans la chapelle, où ils attendaient, leur parfum était fort. L’organiste a lentement joué la toccata de Bach, mais un frémissement de doute se répandait sur les bancs. »
Dès l’initiale de la nouvelle titre, avec ce « frémissement de doute », Claire Keegan parvient à suggérer un trouble, que confirmeront les premiers balbutiements du prêtre au moment de célébrer le mariage.
Les huit nouvelles de ce recueil, pour l’essentiel enracinées dans la terre d’Irlande, évoquent le pouvoir dévastateur des mots (La Mort lente et douloureuse), les relations des pères et de leurs filles (Le Cadeau d’adieu, La Fille du forestier), les amours impossibles (À travers les champs bleus, Chevaux noirs, La Nuit des sorbiers), la force des préjugés (Près du bord de l’eau) ou le poids des traditions (Renoncement).
Tout comme dans L’Antarctique (2010) et Les Trois Lumières (2011), le regard acéré et les phrases ciselées de l’écrivain en imposent. Sans jamais rien affirmer, Claire Keegan parvient, dans ses textes d’une beauté lapidaire, à susciter d’inoubliables émotions de lecture.

J’ai lu ces nouvelles de façon un peu dispersée, mais le sentiment général qu’elles ont suscité en moi, c’était principalement de retrouver l’univers de Claire Keegan, découvert dans Les trois lumières, un univers où les sentiments sont suggérés, où l’auteur dévoile délicatement des pans d’histoires personnelles. Les gens simples que Claire Keegan met en scène sont marqués par un amour impossible ou blessé ou blessant, par des rêves plus ou moins lointains, et surtout par cette terre d’Irlande tout entière au pouvoir du vent et de la pluie qui façonne les êtres et dont il est difficile de s’arracher.

J’ai particulièrement apprécié la première nouvelle, La mort lente et douloureuse, où une écrivain règle ses comptes par mots interposés, elle était vraiment bien placée en premier. A travers les champs bleus et La fille du forestier sont sans doute celles qui m’ont le plus remuée intérieurement. Ces histoires d’hommes qui tentent de composer avec la vie, avec les femmes une partition tellement malhabile, qui vivent les choses de manière brute, dans les non-dit, ces hommes et ces femmes qui vivent des vies parallèles, insatisfaites, qui tentent de se donner une seconde chance en se racontant des histoires… c’était très touchant.

J’ai aimé aussi me laisser à la fois porter par le vent et les esprits et m’enfoncer dans la tourbe de la dernière nouvelle, La nuit des sorbiers, même si je me sentais parfois un peu étrangère aux superstitions de Margaret, mais quelle liberté opiniâtre chez cette femme !

Les autres nouvelles sont belles aussi, mais plus courtes ou un peu plus éloignées de la terre d’Irlande, elles m’ont un peu moins marquée.

Cette lecture me prouve s’il en était besoin que je peux continuer de m’intéresser à ce genre de la nouvelle dans ses multiples variantes… et ma PAL a quelques réserves intéressantes !

Claire KEEGAN, A travers les champs bleus, nouvelles traduites de l’anglais (Irlande) par Jacqueline Odin, Sabine Wespieser éiteur, 2012

L’avis de Marilyne et de Philisine Cave, celui de Jérôme et de Clara

J’aurais pu faire l’effort de rédiger mon billet pour la Saint-Patrick, date limite aussi du challenge Lire sous la contrainte – Couleur. J’espère que Philippe m’acceptera quand même, et bien sûr voilà une lecture de plus pour le challenge de Lune. Et c’est un livre – féminin – de la Rentrée littéraire 2012 !!

Lire sous la contrainte Couleur   logo Je lis des nouvelles

logo Rentrée littéraire 2012   logo La plume au féminin

Les trois lumières

14 dimanche Août 2011

Posted by anne7500 in Des Mots irlandais

≈ 42 Commentaires

Étiquettes

Claire Keegan

Les trois lumières

Un homme conduit sa fille chez les Kinsella, des fermiers du Wexbridge. Il s’agit de soulager la mère, de nouveau enceinte, et qui doit gérer sa famille nombreuse et la ferme. A l’arrivée, on sent bien quelques tensions inexpliquées entre le « couple d’accueil » et le père. Celui-ci repart en oubliant la valise de l’enfant dans son coffre…

Je n’ai pas envie d’en dire beaucoup plus… Ce récit, très court, raconté à hauteur d’enfant, m’a bouleversée, je l’ai terminé avec de grosses larmes qui ont jailli dans les trois dernières pages. Et pourtant, tout est ici en retenue, dans le non-dit. Il suffit de se laisser conduire par cette petite fille (dont on ne connaît le prénom que bien tard), qui découvre un mode de vie radicalement différent de celui de sa famille, qui se laisse apprivoiser par John et Edna. Elle est déstabilisée par le changement, dont on ne lui a rien dit ou presque, elle voudrait se raccrocher à ce qu’elle connaît de la vie de famille, mais elle se laisse doucement entrer dans la chaleur du couple. Car, comme l’a remarqué Edna, elle « a juste besoin d’attention ». Au fil du temps, dans cette maison lumineuse, ordonnée, un secret va faire surface, une blessure encore vive.

Il y a quelques semaines, je râlais sur le titre La délicatesse, n’appréciant pas des situations qui me paraissaient artificielles. Eh bien, hier soir, quand j’ai refermé ce livre, je me suis dit avoir touché du doigt la vraie délicatesse : nourrie de simplicité, ancrée dans un réel ordinaire, quotidien, dans une vraie attention à l’autre, qu’il soit adulte ou enfant. A travers les yeux de cette enfant, nous redécouvrons le plaisir de tirer un seau d’eau claire du puits, sentir l’odeur de la tarte à la rhubarbe juste sortie du four, se laisser coiffer, enfiler des vêtements propres… Et si les sentiments ne sont pas exprimés verbalement ici, sans doute parce qu’on n’en a pas l’habitude, ou que cela ne se fait pas, ils affleurent au fil de l’écriture limpide, douce et légère, de Claire Keegan. J’aimerais découvrir davantage de textes de cette auteure !

Un petit bijou, une petite lumière irlandaise, conseillée par les libraires de chez Tirloy à Lille, dans leurs coups de coeur pour l’été.

« Les champs de Kinsella sont larges et plats, divisés en bandes avec des clôtures électriques qu’elle me dit de ne pas toucher, sauf si je veux recevoir une décharge. Quand le vent souffle, des zones d’herbe haute se courbent, prennent des reflets argentés. Sur une bande de terrain, de grandes vaches frisonnes broutent tout autour de nous, tranquilles. Certaines lèvent la tête à notre passage mais aucune ne s’éloigne. Elles ont des pis gonflés de lait et de longs trayons. Je les entends arracher l’herbe à la racine. La brise, qui frôle le bord du seau, chuchote pendant que nous marchons. Nous ne parlons pas ni l’une ni l’autre, comme les gens se taisent parfois quand ils sont heureux. Dès que cette pensée me vient, je m’aperçois que le contraire est vrai aussi. Nous escaladons un escalier et suivons un sentier sec creusé dans l’herbe. Le sentier serpente dans un champ allongé que de papillons blancs rapides effleurent, et nous arrivons près d’un portillon métallique où des marches en pierre descendent vers un puits. La femme laisse le seau dans l’herbe et descend avec moi. » (p. 30)

Claire KEEGAN, Les trois lumières, Sabine Wespieser éditeur, 2011

L’avis de Fransoaz, celui de Krol, un blog découvert hier, celui de Leiloona, de Clara et de MimiPinson entre autres.

Kathel a lu les nouvelles de Claire Keegan, L’Antarctique.

Un livre qui relance un peu mon challenge de littérature irlandaise et qui est une étape de plus chez nos voisins voisines d’Europe  !

Best Love Rosie

13 mercredi Avr 2011

Posted by anne7500 in Des Mots irlandais

≈ 40 Commentaires

couverture

Rosie Barry a quitté l’Irlande et sa famille quand elle était encore adolescente. Son père venait de mourir, et sa tante Min, qui lui avait tenu lieu de mère, ne l’avait pas retenue dans son giron. Rosie a voyagé, travaillé, aimé, et sa liaison avec Leo s’étiole quand elle décide de rentrer en Irlande pour s’occuper de Min, qui, déprimée, perd un peu trop souvent le contrôle en rentrant du pub…

Rosie a cinquante ans, sa tante quinze ans de plus seulement. La nièce renoue avec ses copains et copines de toujours, Peg et Tess, Andy et Monty, et aussi avec Markey, un ancien ami émigré aux Etats-Unis, elle se met à écrire des chroniques « pour bien veillir ». Les deux femmes partent aux USA pour négocier le contrat en vue d’un livre. A New York, Min se crée des relations, décide de profiter de son visa touristique et refuse de rentrer à Dublin. Alors que la tante semble ressusciter sans plus se soucier de sa nièce, Rosie sombre à son tour dans la mélancolie. Elle reprendra petit à petit goût à la vie en découvrant Stoneytown, et la maison natale de Min, dont celle-ci n’avait jamais parlé, sinon avec dédain.

Il me faut l’avouer, j’ai un peu de mal à organiser mes idées pour parler de ce beau roman. Je l’ai peut-être lu un peu trop vite, dans la journée du R-A-T ?

J’ai lu qu’à travers le personnage de Rosie, c’est Nuala O’Faolain qui met en scène ses propres préoccupations, ses interrogations sur le vieillissement, le désir d’aimer et d’être aimée, la solitude, l’absence de mère, les racines et l’exil. Il me semble que Rosie et son expérience singulière sont emblématiques de l’Irlande et de son histoire : un pays qui a connu l’occupation, la pauvreté, dont les traces de la guerre civile sont encore palpables à l’époque du roman (même si les attentats du 11 septembre le situent très près de nous), dont les habitants se sont exilés pendant longtemps, aux USA ou en Angleterre le plus souvent. Un pays aux paysages magnifiques, à la nature sauvage et splendide à la fois, comme la côte de Stoneytown.

« J’ai prié pour retrouver mon enfance, et elle est revenue, et je sens qu’elle est toujours dure comme autrefois et qu’l ne m’a servi à rien de vieillir. » (citation de Rilke par Rosie – p. 172-173)

J’ai aimé Rosie, son humour à la limite du désespoir, ses tailleurs inadaptés, ses blessures d’enfant, sa nostalgie et ses enthousiasmes. J’ai aimé ses amis et leur fidélité parfois absurde mais tellement attachante à l’Irlande et à leur famille. J’ai aimé avec elle cette maison de pierre qui l’enracine et l’attache elle aussi à sa terre.

« J’ai passé en revue le toit de la maison et la petite plage, la jetée éboulée et la rangée de maisons croulantes, les rochers et la boue luisante de l’estuaire où la marée pénétrait en assauts écumants, le cours d’eau profond qui séparait cette rive et Milbay familièrement blotti sur la sienne. Des échassiers pataugeant dans la boue lançaient des appels dédespérés et un guillemot aux ailes neigeuses descendait du ciel en poussant un cri rauque, tel un contremaître apostrophant ses ouvriers. Tout ce vaste panorama fourmillait de vie. La maison si vétuste et délabrée fût-elle, était vivante, ainsi que le rivage où des cormorans se tenaient sur de noirs rochers, la colline avec sa crête de velours et ses flancs entaillés, et le pré verdoyant, et les hêtres étincelants, et même les vieux bureaux et dortoirs du camp d’aviation. Quant à moi, le monde me faisait don d’un nouveau lien avec lui. Je vibrais de vie, moi aussi. » (p. 185)

Un portrait de femme émouvant et drôle, des personnages secondaires bien campés, des femmes qui renaissent à la vie chacune à leur façon, une intrigue qui suit le fil des saisons et s’achève dans la douceur et l’apaisement… : un roman qui foisonne de vie !

Nual O’Faolain, Best love Rosie, Sabine Wespieser éditeur, 2008 et 10/18, 2010

Une lecture commune avec Véro (Le port de l’encreuse), Anne (De poche en poche), Valou et Sharon

Un livre pour le challenge de littérature irlandaise de Valou (deuxième livre lu) 

et le challenge Voisins voisines de Kathel (7e livre européen)

Un autre amour

03 dimanche Avr 2011

Posted by anne7500 in Des Mots irlandais

≈ 24 Commentaires

Étiquettes

Kate O'Riordan

un_autre_amourAlors qu’ils allaient passer un week-end « en amoureux » à Rome, Connie rentre seule à Londres, sans Matt. Elle raconte à leurs trois garçons que leur père est resté quelques jours de plus en Italie. Mais les garçons, ainsi que Mary, la meilleure amie de Connie, devinent que le couple est en danger.

En réalité, Matt a retrouvé Greta, un amour de jeunesse. Connie va se battre, avec ses propres armes, pour faire revenir celui qu’elle aime depuis l’enfance…

J’ai eu un peu de mal à lire ce livre, ma lecture a sans doute été trop « hachée » pour que je l’apprécie suffisamment. Au début, j’ai trouvé les personnages principaux, Matt et Connie, dont nous suivons tour à tour le point de vue, assez énervants : Matt par son indécision, Connie par ses petits mensonges, sa main-mise sur toute sa famille. Et puis il m’a bien fallu me laisser retourner complètement par la maîtrise de l’auteur, sa capacité à mener son intrigue de bout en bout, à doser les mystères et le suspense jusqu’à une révélation très surprenante. Aucun personnage n’est tout à fait ce qu’on pense, aucun n’est tout noir ou tout blanc, et les personnages secondaires (Mary, les enfants du couple) sont traités avec une grande subtilité.

Etonnant comme le triangle amoureux « classique », le mari, la femme, la maîtresse est ici traité par Kate O’Riordan. Etonnant comme finalement, on en revient toujours à l’enfance pour expliquer les blessures du présent. Etonnant comme on ferait tout pour dessiner les contours du futur après des déchirures mortelles…

Le titre du roman original est « Loving him ». La traduction française offre de nombreuses interprétations à ce récit : quitter un amour, en vivre un nouveau après une séparation, faire vivre le même amour d’une autre façon… Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris de cette histoire, des liens entre ces personnages, ils me semblaient soulever des abîmes de violence, de complexité que je ne soupçonnais pas. Il y a un côté diabolique à la manière dont Connie se bat pour faire revenir celui qu’elle aime… Au final, je suis sortie de ma lecture avec de la compassion, un mot qui revient souvent sous la plume de Kate O’Riordan. Une auteur dont j’aimerais découvrir d’autres livres, même si cette première lecture ressemble plus à un énorme questionnement qu’à un coup de coeur.

Kate O’Riordan, Un autre amour, Editions Joëlle Losfeld, 2010

Parmi tant d’autres, l’avis d’Antigone, de Kathel, de Cathulu…

Un titre de la Rentrée littéraire 2010

C’est ma première lecture pour le challenge de Littérature irlandaise de Valou et une lecture de plus pour le challenge Voisins voisines 2011 de Kathel

C’est (encore) jeudi !

31 jeudi Mar 2011

Posted by anne7500 in Des Mots irlandais

≈ 2 Commentaires

Vite, vite, avant la fin officielle du jeudi, une petite citation sur la solitude de Mary, amie de Connie, héroïne de Un autre amour de Kate O’Riordan. C’est à la page 118 et c’est la première fois que quelque chose me touchait vraiment dans ce livre… Au début, j’ai plutôt été surprise, fâchée par les réactions de Matt et Connie. J’attends la suite quand même (j’aurai un peu plus de temps demain).

 

« Oh oui, Mary connaissait bien cette solitude, une vieille amie, tapie dans l’obscurité, découpant les dimanches en tasses de thé, tantôt un biscuit, tantôt un bain, un mot ave cle père Alexander, peut-être deux s’il trouvait le temps, regardant l’heure et comptant les minutes qui la séparaient du déjeuner et d’une visite, et qui fondait comme la cire avec soulagement dans le chaos organisé de la cuisine de Connie. »

 

Le jeudi c'est citation.gif

La citation du jeudi : une invention de Chiffonnette !

De grâce et de vérité

15 vendredi Oct 2010

Posted by anne7500 in Des Mots irlandais

≈ 2 Commentaires

De grâce et de vérité

« Tu n’as pas de père. » C’est ce que Sally s’est toujours entendu répondre par sa mère chaque fois qu’elle lui a posé la question du nom de son père. Ce secret familial a empoisonné la vie de Mame, qui a fini par se suicider, et la vie de Sally. Elle est devenue actrice, elle connaît le succès et l’exaltation grâce à ce métier.

 

« Je peux tout oublier dans les mots des autres. Je peux emplir mon cerveau de leur chant. Jour après jour, nuit après nuit. Des milliers et des milliers de mots.

Est-ce là que se trouvent les réponses ?

Dans ces mots ?

Peut-être n’y a-t-il pas de réponses.

Seulement des questions.

Des questions.

En quête. »

 

Le jour où son mari, Charlie, lui annonce qu’il la quitte, Sally se rend compte qu’elle n’a jamais été heureuse. Elle revoit son enfance irlandaise, sa jeunesse terne et enfermée auprès d’une mère dépressive, elle relit sa difficulté à nouer des relations stables avec les hommes, son mariage avec Charlie, son refus d’avoir des enfants. Elle décide alors de se tourner vers la seule personne qui pourrait lui apporter LA réponse qu’elle espère tant : son grand-père, qu’elle n’a plus vu depuis la mort de sa mère. Un vieil évêque protestant, veuf, froid et rigoriste, qui garde ses distances au début, mais qui convoque ensuite sa petite-fille à des rencontres très formelles et finit par lui confier un cahier dans lequel Sally va découvrir l’histoire de sa famille…

 

J’ai déjà lu plusieurs titres de Jennifer Johnston, La femme qui court, Un homme sur la plage, Des ombres sur la peau. J’ai retrouvé ici son goûtpour des vies ordinaires marquées par l’extraordinaire de l’Histoire ou d’une histoire particulière. Au moment où Sally affronte la solitude (après avoir mis son mari volage à la porte), elle se gave d’images télévisées sur la guerre en Irak. Le cahier de son grand-père est marqué par la fin de la seconde guerre mondiale. Sans doute ces conflits violents symbolisent-ils la violence intérieure que doivent vivre les personnages.

Le livre se lit très facilement, l’auteur va directement à l’essentiel, un peu trop peut-être : j’avais bien davantage apprécié sa sensibilité, sa compassion dans les titres précédents déjà cités. Cependant on ne peut qu’admirer Sally, dans son désir de connaître la vérité, dans la résolution avec laquelle elle la recherche et l’aborde. Et encore une fois, par la magie de l’écriture, se laisser envoûter par le charme de l’Irlande…

 

Jennifer Johnston, De grâce et de vérité, Belfond, 2007 – et en poche, en 10/18

 

Un livre lu dans le cadre du Challenge Tour du monde  2/50

 

 

← Articles Précédents

"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

Les mots en cours

Le Poète

Les challenges maison !

Le Mois belge d'Anne et Mina
Cliquez sur le logo pour accéder au récapitulatif 2022 et déposer vos liens


Mémoire 14-18


Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et recevoir des notifications de nouveaux articles par mail.

Rejoignez 252 autres abonnés

Articles récents

  • Bénis soient les enfants et les bêtes
  • Bonnes vacances
  • Les morts de Bear Creek
  • Son espionne royale mène l’enquête
  • Le Bureau du mariage idéal

Vos mots récents

anne7500 dans Bénis soient les enfants et le…
anne7500 dans Bénis soient les enfants et le…
anne7500 dans Bénis soient les enfants et le…
anne7500 dans Bénis soient les enfants et le…
anne7500 dans Bénis soient les enfants et le…

Les catégories de mots

Les Mots d’archives

Méta

  • Inscription
  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • WordPress.com
Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs

Étiquettes

10/18 14-18 2013 2015 2016 Actes Sud Agatha Christie Agatha Raisin enquête Albin Michel Anne Perry Argentine Armel Job Babel bande dessinée BD BD du mercredi Camille Saint-Saëns Casterman Concours Reine Elisabeth Dargaud Didier Jeunesse Editions Bruno Doucey Editions Luce Wilquin Emile Verhaeren En train Esperluète éditions Flammarion Folio Gallimard Gallmeister Guy Goffette haïkus hiver Jacques Brel Jazz Jean Sébastien Bach Le Livre de poche Le mois anglais Le Mois belge Le Mois belge 2020 Le mois belge d'Anne et Mina Leonard Bernstein Liana Levi Ludwig von Beethoven Maurice Ravel Mozart Mémoire d'encrier Métailié nouvelles Noël nuit Paris Paul Verlaine piano Pieter Aspe Pocket Points polar Poésie Premier Roman Première guerre mondiale printemps Prix Première Quadrature Québec Rentrée littéraire 2012 Rentrée littéraire 2013 Rentrée littéraire 2014 Résistance violoncelle Weyrich Wilfred Owen Xavier Hanotte Zulma étoiles

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

  • Suivre Abonné
    • desmotsetdesnotes.wordpress.com
    • Rejoignez 252 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • desmotsetdesnotes.wordpress.com
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
 

Chargement des commentaires…