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~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Catégorie: Des Mots italiens

Quand je reviendrai

17 mardi Mai 2022

Posted by anne7500 in Des Mots italiens

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Marco Balzano, Philippe REy

Quatrième de couverture :

Un matin, Manuel, seize ans, et Angelica, vingt-quatre ans, découvrent que leur mère Daniela est partie en pleine nuit, sans prévenir personne, pas même leur père, un homme désœuvré, au chômage depuis des mois. Comme de nombreuses femmes de sa génération, elle s’est résolue à quitter la Roumanie post-communiste pour l’Italie, où il serait possible de s’enrichir très rapidement. Elle espère pouvoir ainsi payer des études à ses enfants et leur offrir un avenir.

Mais la réalité est bien différente, et les mois d’absence deviennent des années. Le fossé se creuse entre Daniela et ses enfants qui, malgré la nouvelle et relative aisance matérielle offerte par l’exil de leur mère, se sentent abandonnés. Jusqu’au jour où Daniela est précipitamment rappelée en Roumanie à la suite d’un événement tragique.

Il y a un an, j’ai lu le premier roman de Marco Balzano traduit en français et Je reste ici était une de mes meilleures lectures de 2021. Avec Marilyne, nous avons décidé de faire aujourd’hui une lecture commune « auteur » : elle vous présente Je reste ici et je vous propose un avis sur Quand je reviendrai.

Etrange résonance entre ces deux titres, du moins en français (pour ce deuxième roman, c’est la traduction exacte de l’italien) : et de fait, si dans le premier, c’est une mère qui parle à sa fille qui a été enlevée par sa tante, ici c’est une mère roumaine qui décide de quitter sa famille et son village sans rien dire pour aller trouver du travail en Italie, à Milan, croyant ainsi gagner de quoi faire vivre décemment ses deux enfants, leur permettre des études correctes et revenir plus riche à Radeni. Daniela va se heurter à la réalité de plein fouet : les seuls emplois accessibles aux Roumaines (et à d’autres étrangères venues de l’est) sont des postes de garde-malades, d’auxiliaires de vie pour des personnes âgées atteintes de maladies comme Parkinson ou Alzheimer. Leurs employeurs ne les déclarent pas toujours et leur espoir de rentrer rapidement au pays s’éloigne de jour en jour. Quand elles rentrent pour les vacances de Noël par exemple, elles mesurent l’éloignement physique et psychologique qu’elles subissent et qu’elles font subir à leur famille – avec les meilleures intentions du monde.

C’est ce que déploie Marco Balzano à travers ce roman choral qui donne ‘abord la parole à Manuel, le cadet, lycéen que l’argent gagné par Daniela parvient à faire inscrire dans un lycée huppé qui ne lui convient pas du tout. Le garçon va « mal tourner » jusqu’à ce que son grand-père lui redonne une certaine stabilité affective. Mais la mort du grand-père va gravement perturber Manuel, qui se retrouve à l’hôpital dans le coma après un grave accident.

La deuxième partie – la plus longue – nous fait entendre Daniela, revenue au chevet de son fils. Elle va lui raconter ce qu’elle a fait à Milan, pour qui elle a travaillé, révélant ainsi les trésors d’humanité et de « prendre soin » dont font preuve ces travailleuses immigrées envers des personnes dépendantes dont les proches ne savent pas ou ne veulent pas s’occuper. Cela n’empêche pas Daniela de se sentir écartelée entre ce désir de donner le meilleur d’elle-même à ses enfants à travers l’argent gagné dans ce travail ingrat et l’éloignement, la solitude, le burn-out (le « mal d’Italie ») qui guette les femmes comme elle.

La dernière partie donne la parole à Angelica, la fille aînée, huit ans plus âgée que Manuel et qui a dû assumer la vie de famille tout en continuant ses études et en cherchant à se construire sa propre vie. Une autre forme de manque et de ressentiment contre sa mère qui la poussera elle aussi à s’éloigner du village et de la Roumanie.

Dans ce roman, pas de fond historique particulier comme dans Je reste ici mais une réalité sociale et humaine bien précise. Au départ, Marco Balzano voulait écrire un roman sur ces migrantes qui viennent travailler en Italie et assumer un travail difficile, dans l’ombre. Un voyage en Roumanie lui a fait découvrir l’autre « maillon » de la chaîne : les enfants et adolescents restés au pays, parfois confiés à des institutions quand la famille restante ne peut s’en occuper. Il a alors compris qu’il devait donner la parole aux unes et aux autres. Il le fait une fois de plus sans pathos, nous donnant à sentir les aspirations, les frustrations, les rêves et les déceptions des uns et des autres, nous montrant les conséquences des choix effectués. Il donne ainsi une belle dignité à ses personnages et offre un point de vue inattendu sur l’exil et sur l’amour maternel.

Marco BALZANO, Quand je reviendrai, traduit de l’italien par Nathalie Bauer, Philippe Rey, 2022

Au prince

09 mercredi Mar 2022

Posted by anne7500 in Des Mots en Poésie, Des Mots italiens

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Ennio Morricone, Pier Paolo Pasolini

Pour ce rendez-vous poétique avec Marilyne, je vous propose un seul poème de Pier Paolo Pasolini, né il y a cent ans le 5 mars 1922.

Si le soleil revient, si le soir descend
si la nuit a un goût de nuits à venir,
si un après-midi pluvieux semble revenir
d’époques trop aimées et jamais entièrement obtenues,
je ne suis plus heureux, ni d’en jouir ni d’en souffrir ;
je ne sens plus, devant moi, la vie entière…
Pour être poètes, il faut avoir beaucoup de temps ;
des heures et des heures de solitude sont la seule
façon pour que quelque chose se forme, force,
abandon, vice, liberté, pour donner un style au chaos.
Moi je n’ai plus guère de temps : à cause de la mort
qui approche, au crépuscule de la jeunesse.
Mais à cause aussi de notre monde humain,
qui vole le pain aux pauvres et la paix aux poètes.

Pier Paolo PASOLINI, La persécution – Une anthologie (1954-1970), traduit de l’italien par René de Ceccatty, Points Poésie, 2014

A écouter en lisant : une musique d’Ennio Morricone, ami de Pasolini.

Allons voir le choix de Marilyne qui nous propose des haïkus de printemps.

Lectures d’été 1

20 vendredi Août 2021

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques, Des Mots italiens

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10/18, Commissaire Ricciardi, Helen Simonson, Paula Hawkins, Pocket, Rivages noir

Cet été, j’ai voulu sortir de la PAL quelques titres contenant le mot « été » (ou pas…). Une thématique… de saison !

Quatrième de couverture :

En ce mois d’août 1931 à Naples, les fêtes populaires où se côtoient danses endiablées et dévotions à la Vierge battent leur plein. Mais il n’y a pas de trêve estivale pour le crime. Pour le commissaire Ricciardi et son adjoint le brigadier Maione non plus. Ils travaillent même le dimanche, et on ne tarde pas à les prévenir que la duchesse de Camparino a été découverte sans vie dans sa somptueuse demeure. Une balle tirée à travers un coussin a suffi à la tuer. Si, pour le médecin légiste et la police, l’acte criminel ne fait aucun doute, il est en revanche plus difficile d’isoler un suspect. Le commissaire Ricciardi possède le don peu commun de voir, comme en un flash, les derniers instants des morts. Et ce qu’il perçoit le laisse perplexe : la duchesse parle d’un anneau qu’on lui aurait volé…

J’ai beaucoup aimé cette troisième enquête du commissaire napolitain, une enquête délicate où les femmes et la jalousie jouent un grand rôle, tant au niveau professionnel que dans la vie privée de Ricciardi. Si vous n’avez jamais lu cette série, attention, je risque de vous dévoiler certains éléments (il vaut mieux les lire dans l’ordre).

La duchesse de Camparino, seconde épouse du vieux duc, a été assassinée : elle trompait depuis longtemps son vieux mari agonisant avec un journaliste et les suspects sont nombreux. Le commissaire Ricciardi devra faire appel à toute son intelligence et à son fameux sixième sens pour dénouer tous les liens à la fois retors et finalement si prévisibles de ce crime.

Autour du commissaire, son adjoint Maione, qui se laisse mourir de faim par jalousie envers sa femme (qui est elle aussi jalouse de lui…) et un jeu (délicieusement mené par Maurizio De Giovanni) entre les deux femmes qui prennent de plus en plus de place dans la vie du policier taciturne, Enrica sa voisine d’en face dont il est secrètement amoureux et Livia, la veuve du ténor assassiné dans la première enquête, venue en vacances à Naples et qui ne le laisse pas non plus indifférent. Ricciardi commence à prendre conscience que peut-être, il n’est pas condamné éternellement au malheur et à la souffrance pesante que lui font subir tous les morts de mort violente croisés en chemin. Cette part de vie privée n’enlève rien à l’intérêt de l’enquête policière mais elle est bien palpitante dance ce roman et participe au charme de la série et de son héros.

Ce troisième roman de la série est marqué par le fascisme qui s’immisce davantage dans l’enquête : on découvre la police secrète du régime, un des suspects écrit des discours officiels pour le parti et comme on le devinait déjà dans la saison Hiver, le docteur Modo, le légiste, a intérêt à tenir sa langue s’il veut éviter les ennuis (mais après tout, heureusement que ce personnage résistant existe). Malgré les multiples tensions, l’humour subtil est toujours bien présent et l’évocation de Naples sous la chaleur estivale, un tableau aux couleurs et aux parfums étourdissants. Vivement l’automne pour la suite des aventures de ce commissaire si attachant !

« La faim, l’amour ; le désir de possession, l’attrait du pouvoir, le mensonge, l’infidélité. Le délits dont Ricciardi était quotidiennement le témoin naissaient de tout cela. »

« Alors qu’il marchait dans le soleil couchant, il pensait que l’amour est une racine empoisonnée qui cherche son chemin pour survivre : une maladie mortelle évoluant lentement à laquelle on peut s’adapter, et qui fait préférer la souffrance au bien-être, la douleur à la tranquillité, l’illusion à la certitude. »

« Le vendredi après-midi, la ville se moque de la chaleur, comme elle se moque du froid, de la pluie ou du vent.
La ville, le vendredi après-midi, a une ambiance qui n’appartient qu’à ce jour-là. C’est l’ambiance de l’attente délicieuse de deux journées dans lesquelles l’emprise du travail se relâche, dans lesquelles chacun peut enfin penser un peu à soi. Des jours pour les rencontres, la messe et le bal… La ville, le vendredi après-midi, comble ses rues par l’attente : c’est tellement mieux d’attendre le samedi tous ensemble, au lieu de rester enfermés à la maison. La via Toledo se remplit de voix et de bruits : le vendeur de pastèques qui promet la fraîcheur de sa marchandise, le marchand de café qui roule son pot géant sur un chariot, le marchand de citrons avec ses fruits qui pendent du décor de feuillage de son éventaire. Et les fouaces aux anchois frais, les fruits de mer, les jolies paysannes tenant d’une main une chèvre en laisse et de l’autre un broc en fer pour y recueillir le lait.
La ville, le vendredi après-midi ne veut pas entendre parler de pauvreté ou de faim. »

Maurizio DE GIOVANNI, L’été du commissaire Ricciardi, traduit de l’italien par Odile Rousseau, Rivages/Noir, 2019

Petit Bac 2021 – Météo 4

La Fille du train

Quatrième de couverture :

Entre la banlieue où elle habite et Londres, Rachel prend le train deux fois par jour : à 8 h 04 le matin, à 17 h 56 le soir. Et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants : Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait. Heureux, comme Rachel et son mari ont pu l’être par le passé, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte.
Jusqu’à ce matin où Rachel voit Jess dans son jardin avec un autre homme que Jason. La jeune femme aurait-elle une liaison ? Bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, Rachel décide d’en savoir plus. Quelques jours plus tard, elle découvre avec stupeur la photo d’un visage désormais familier à la Une des journaux : Jess a mystérieusement disparu…

Non, le mot « été » ne figure pas dans ce titre mais l’histoire se passe notamment en juillet et le train est un bon moyen pour partir en vacances, non ? Mais de vacances, il n’en est pas question dans ce thriller, c’est plutôt la routine, le train-train quotidien (sans vouloir faire de mauvais jeu de mots) de Rachel, un quotidien chaotique marqué par la séparation conjugale, la perte de sa maison, de son travail, et même de sa mémoire parfois, car depuis longtemps, déjà avant sa séparation avec Tom, Rachel a sombré dans l’alcoolisme (on comprendra pourquoi dans le roman mais je ne veux vraiment pas en dire trop). Elle est tellement atteinte par le divorce et l’alcool qu’elle harcèle parfois son ex-mari et sa nouvelle compagne, Anna. Sa seule distraction, dans les trajets qu’elle fait tous les jours en train, c’est d’observer les maisons dans le quartier où elle habitait « avant » et d’imaginer une vie au couple idéal qu’elle observe dans son ancienne rue. Ceux qu’elle a baptisés Jess et Jason sont en réalité Megan et Scott, un couple pas si parfait que cela (évidemment). Quand Megan disparaît, Rachel intervient, se mêle de cette disparition : ça parait totalement invraisemblable au lecteur, cette « audace », cette intrusion dans les affaires de parfaits inconnus, mais c’est le début d’un enchaînement inéluctable dont la fin vous scotche et vous sonne durablement. L’histoire progresse à travers les voix des trois personnages féminins (être dans la tête de Rachel et vivre son alcoolisme est édifiant) et les aller-retours entre passé et présent de ce premier roman époustouflant !

Paula HAWKINS, La Fille du train, traduit de l’anglais par Corinne Daniellot, Pocket, 2016 (Sonatine, 2015)

Petit Bac 2021 – Voyage 4

L'été avant la guerre

Quatrième de couverture :

Été 1914. Beatrice Nash, jeune professeure, découvre le village de Rye et sa gentry locale. Elle a fait vœu de célibat et se rêve écrivain – des choix audacieux dans la société conservatrice de ce début de siècle, que l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne vient bouleverser. Les hommes s’engagent, et Beatrice voit partir Hugh, le neveu de sa chaperonne, avec un étrange sentiment… Helen Simonson signe un roman pétillant et mordant, entre comédie de mœurs, tableau romantique et portrait féministe, Downton Abbey et Jane Austen. Lumineux et… so british !

Voici le roman d’été qui m’a fait passer par toute une gamme d’émotions et a fini par me chavirer le coeur ! Je savais que ça ne pouvait que me plaire mais je ne m’attendis pas à sourire et à sangloter à ce point. Ce roman c’est…

C’est d’abord le portrait d’une jeune femme, Beatrice Nash, qui vient de perdre son père bien-aimé et se veut indépendante, malgré la curatelle imposée sur son héritage (dont elle ne pourra disposer pleinement qu’à son mariage) et qui obtient non sans difficulté le poste d’institutrice de latin dans la petite ville de Rye, dans le Sussex. Nous sommes au tout début d’août 1914 et très vite l’entrée en guerre et l’invasion de la Belgique agitent rapidement toute la ville. Le patriotisme anglais se réveille et se révèle dans des nuances parfois bien étroites d’esprit.

C’est donc aussi le portrait de la société anglaise, la « bonne société », et parmi eux ceux et celles qui s’efforcent avec honnêteté de faire avancer leur époque, comme Agatha et John Kent et leurs neveux Hugh et Daniel, et ceux qui sont corsetés dans leur code moral fermé… et font écrire à l’auteure des scènes et des dialogues pleins de piquant… ou à pleurer de bêtise. Dans cette ville de Rye, il y a aussi des réfugiés belges et des romanichels toujours en butte aux préjugés des bien-pensants, mais qui feront évoluer les mentalités de Beatrice et de Hugh. C’est aussi un état des lieux de la condition féminine anglaise en 1914, avec une diversité bien croquée de personnages féminins.

Au delà des descriptions bucoliques de cet été resplendissant, au delà de la peinture de la société anglaise, ce roman parle aussi de façon très concrète de la guerre en France, en emmenant ses personnages, leurs qualités, leurs fragilités, leurs contradictions sur les champs de bataille. Je me demandais comment Helen Simonson allait terminer son roman mais je dois avouer que la dernière partie et l’épilogue sont très habilement amenés et m’ont arraché de grosses larmes inoubliables.

« Ma chère enfant, je crains que nous ne soyons tous les esclaves de la société. Il n’y a pas moyen d’y échapper. S’agissant de vous, c’est parce que Lady Emily a approuvé votre embauche que les administrateurs de l’école se sont laissés convaincre alors que moi, qui suis également membre titulaire de ce conseil, j’avais été incapable de l’emporter. J’ai bien peur que votre indépendance aussi bien que mes tentatives pour faire évoluer les choses ne dépendent de notre amie titrée et des petits cartons d’invitation ornés de son chiffre qu’elle nous fait l’honneur de nous adresser. »

« Agatha n’empruntait ce passage que de très bonne heure et jamais elle ne se sentait plus chez elle dans sa propre demeure que lorsqu’elle glissait la tête par la porte de la cuisine pour demander à la cuisinière une tasse de thé de la grosse théière brune tenue au chaud toute la journée pour le personnel. Pendant un bref instant, dans la cuisine carrelée de noir et blanc, avec ses hautes fenêtres ensoleillées et son fourneau à gaz flambant neuf, rien ne les obligeait à être patronne et domestique, régnant sur des domaines distincts de part et d’autre d’une porte matelassée. Elles pouvaient se retrouver comme deux femmes, levées avant le reste de la maisonnée et ayant grand besoin de leur première tasse de thé de la journée. »

« Il s’était pris à espérer que la salle de classe, dont les contraintes étaient pourtant aussi pesantes que des chaînes, lui apporterait la clé de l’évasion.
Il comprenait désormais que jamais il ne pourrait échapper à la prison de sa condition. Ces gens-là auraient beau lui sourire, leurs yeux diraient toujours « sale romanichel ».
Il était condamné à vivre et à mourir à quelques kilomètres seulement de la forge fuligineuse de son père, et toute son instruction ne ferait sans doute que donner à penser aux autres qu’il était plus rusé et plus fourbe que son père qui n’avait jamais appris à lire. »

« Une fine veine de chagrin courait néanmoins sous son bonheur , dont des millions de femmes souffriraient comme elle durant de longues années . Ce chagrin n’empêchait pas leurs pieds de marcher, il ne leur interdisait pas d’accomplir les tâches quotidiennes de la vie; mais il parcourait la population comme les câbles de cuivre du réseau téléphonique, reliant toutes ces femmes les unes aux autres, les rattachant à la tragédie qui avaient dévasté leurs cœurs comme elle avait dévasté les champs qui s’étendaient devant sa fenêtre. »

Helen SIMONSON, L’été avant la guerre, traduit de l’anglais par Odile Demange, 10/18, 2017 (Nil éditions, 2016)

Le Pavé de l’été chez Brize fête ses 10 ans ! (671 pages dans l’édition 10/18, y compris les très beaux et intéressants remerciements de l’auteure à la fin)

Et aussi une première participation au challenge organisé par Blandine De 14-18 à nous

Entre deux eaux

31 lundi Mai 2021

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots italiens, Des Mots noirs

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Commissaire Brunetti, Donna Leon, Points, Venise

Entre deux eaux - Donna Leon - Babelio

Quatrième de couverture :

Venise en hiver. Une archéologue de renommée internationale, est agressée avant un rendez-vous capital avec un directeur de musée. Une rencontre définitivement manquée puisque, à sa sortie d’hôpital, on retrouve ce dernier assassiné… Dans les coulisses du monde de l’art, le commissaire Brunetti enquête sur un terrain nouveau : celui des antiquaires et autres collectionneurs, parfois prêts à tout pour obtenir des œuvres inestimables ou placer des « faux » à prix d’or…

Brett Lynch, spécialiste des céramiques chinoises, est sévèrement passée à tabac dans son appartement de Venise. On la menace de pire encore si elle rend visite à Semenzato, le directeur du musée du Palais des doges où a eu lieu une immense exposition consacrée aux céramiques chinoises anciennes un an auparavant. Même si ce n’est pas de sa compétence, Brunetti s’intéresse déjà à l’agression dont a été victime Brett, à la fois par amitié et parce que le maire de Venise a sommé le vice-questeur Patta de tout faire pour cette bienfaitrice de la ville. C’est ainsi qu’il apprend que certaines des pièces de l’expo retournées en Chine étaient des faux et que l’assistante de Brett à Xi’an est morte dans un bizarre accident sur le chantier de fouilles. Brett se sent totalement responsable, à la fois parce que sa carrière est menacée et parce qu’en réalité, elle a délégué le retour des céramiques pour passer plus de temps avec sa compagne, la soprano Flavia Petrelli. Et voilà que le directeur du musée est retrouvé assassiné, conduisant Brunetti dans le monde des collectionneurs et des antiquaires plus que mordus d’oeuvres d’art.

J’ai apprécié cette enquête pour plusieurs raisons : le monde de l’art, le monde très pointu des spécialistes des céramiques chinoises, la fabrication des faux, les coups tordus auxquels sont prêts les collectionneurs, tout le contexte était intéressant et évoquait une fois de plus les petits ou grands arrangements avec la loi typiques de certains Italiens en général, de certains Vénitiens en particulier. L’amitié de Brunetti pour Brett Lynch, la relation complexe que Brett et la diva Flavia entretiennent constituaient de bons ressorts psychologiques. Evidemment, au bureau, Patta est égal à lui-même et la signorina Ellettra déploie ses talents « cachés » pour aider Brunetti dans son enquête (j’adore comme il cache bien son ébahissement derrière ses bonnes manières). Quant à Venise, nous la découvrons en hiver, sous une pluie battante et le phénomène de l’acqua alta donne un final palpitant et même angoissant à cette enquête rondement menée.

« Pour les non-vénitiens, Venise est une ville ; ses habitants, eux, savent bien que la Sérénissime n’est qu’un gros bourg assoupi, où l’on est curieux et friand de commérages, et où l’étroitesse d’esprit est la même que celle qui règne dans les patelins perdus de la Calabre ou de l’Aspromonte. »

« Non seulement la signorina avait réussi à obtenir les copies des relevés bancaires de La Capra, mais elle s’était arrangée pour fournir aussi des relevés de cartes bancaires aussi complets que ceux concernant Semenzato. Parfaitement conscient du temps qu’il aurait fallu pour se procurer ces informations par la voie officielle, Brunetti dut se résoudre à reconnaître qu’elle avait procédé de manière non officielle, ce qui voulait probablement dire illégale. Cela admis, il poursuivit sa lecture. »

« En face de lui, de l’autre côté de la place, se levait le palazzo Priuli, édifice laissé à l’état d’abandon depuis si longtemps que Brunetti ne se souvenait pas de l’avoir vu autrement. Ce palais était l’enjeu d’une bataille de succession féroce autour d’un testament contesté. Si bien que pendant que les différents héritiers putatifs s’en prenaient les uns aux autres, tous sûrs de leur bon droit, le Palazzo, de son côté, indifférent aux querelles et prétentions des héritiers, menait à bien avec une détermination farouche la tâche qu’il s’était fixée : l’autodestruction. De longues traînées de rouille coulaient des grilles censées en interdire l’accès et déparaient les murs de pierres ; le toit prenait une inclinaison curieuse et s’affaissait par endroits, se trouant même de lucarnes imprévues ici et là qui permettaient au soleil d’assouvir sa curiosité pour ce que contenaient les greniers, fermés depuis tant d’années. Brunetti avait souvent songé que le palazzo serait le lieu idéal où enfermer une tante folle, une épouse récalcitrante ou encore une héritière rebelle. Par ailleurs, son côté pratique de bon Vénitien lui permettait de voir le bâtiment comme un placement immobilier de choix et d’en étudier les fenêtres en essayant d’imaginer comment diviser l’intérieur en appartements, bureaux et ateliers.« 

« Un coup d’œil à la carte d’Italie suffisait à comprendre combien ses frontières était perméables. Des milliers de kilomètres de côtes, truffées de baies abritées, de criques discrètes, d’estuaires… ou, pour ceux qui étaient bien organisés ou qui disposaient des bonnes relations, il y avait les ports et les aéroports, par lesquels on pouvait faire transiter n’importe quoi sans beaucoup de risques. Les gardiens de musée n’étaient pas les seuls à être mal payés. »

Donna LEON, Entre deux eaux, traduit de l’anglais par William Olivier Desmond, Points, 2000 (Calmann-Lévy, 1999)

Dernière participation au Mois italien  chez Martine avec une étape à Venise

Petit Bac 2021 – Aliment/Boisson

Je reste ici

28 vendredi Mai 2021

Posted by anne7500 in Des Mots italiens

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Marco Balzano, Philippe REy

Je reste ici par Balzano

Quatrième de couverture :

Trina s’adresse à sa fille, Marica, dont elle est séparée depuis de nombreuses années, et lui raconte sa vie. Elle a dix-sept ans au début du texte et vit à Curon, village de montagne dans le Haut-Adige, avec ses parents. En 1923, ce territoire autrichien, annexé par l’Italie à la suite de la Première Guerre mondiale, fait l’objet d’une italianisation forcée : la langue allemande, qu’on y parle, est bannie au profit de l’italien. Trina entre alors en résistance et enseigne l’allemand aux enfants du bourg, dans l’espoir aussi de se faire remarquer par Erich, solitaire aux yeux gris qu’elle finira par épouser et dont elle aura deux enfants, Michael et Marica.

Au début de la guerre, tandis qu’Erich s’active dans une farouche opposition aux mussoliniens et au projet de barrage qui menace d’immerger le village, la petite Marica est enlevée par sa tante, et emmenée en Allemagne. Cette absence, vive blessure jamais guérie chez Trina, sera le moteur de son récit. Elle ne cachera rien des fractures apparaissant dans la famille ou dans le village, des trahisons, des violences, mais aussi des joies, traitées avec finesse et pudeur.

Un roman magnifique, mêlant avec talent la grande et la petite histoires, qui fera résonner longtemps la voix de Trina, restée fidèle à ses passions de jeunesse, courageuse et indépendante.

Trina adresse son histoire à sa fille Marica, depuis longtemps partie loin de son village natal alors qu’elle était encore enfant et dont elle n’a plus jamais eu de nouvelles. Rassurez-vous, il n’y aura aucun pathos dans cette histoire pourtant tourmentée, liée à l’histoire de cette région du Haut-Adige ou Tyrol du Sud, autrefois autrichien et « gagné » par l’Italie à la fin de la première guerre mondiale. Les habitants étaient marqués par leurs racines autrichiennes et avaient encore le droit de parler allemand. C’est d’ailleurs la langue dans laquelle Trina fait ses études d’institutrice et elle espère bien pouvoir l’enseigner. Mais l’arrivée de Mussolini et des fascistes au pouvoir provoque l’italianisation forcée de la région, tandis qu’un projet de barrage émerge (si je puis dire), menaçant la vallée et les villages de Curon et Resia entre autres. Trina paie de sa personne la résistance à l’italien quand elle fait l’école en allemand en cachette. On sent qu’à la fois elle est attachée à cette terre et qu’elle rêve d’ailleurs, d’émancipation. Elle est aussi attirée par Erich, un paysan viscéralement attaché à son village. Elle l’épouse et ils ont deux enfants, un garçon et une fille.

Quand la deuxième guerre mondiale éclate, on sent les tensions entre les habitants, certains fidèles au pouvoir italien, d’autres attirés par Hitler dont ils croient qu’il va les délivrer des fascistes. Et quand Mussolini sera balayé du pouvoir, les divisions vont se creuser : les premiers resteront au village, les seconds partiront en Allemagne à la recherche du bonheur espéré… Erich et Trina, comme quelques autres qui ne peuvent accepter ni les fascistes ni les nazis, font le choix de prendre le maquis, de se cacher dans la montagne pendant le reste de la guerre : une existence rude, marquée par la peur, la faim, le froid mais aussi une grande solidarité. Quand ils redescendent en 1945, l’Autriche est vaincue, tout comme les nazis : le seul avantage de leur présence aura été d’avoir arrêté les travaux du futur barrage mais ceux-ci reprennent très vite, amenant sur le gigantesque chantier des ouvriers italiens du Sud, au mépris des habitants locaux. Erich va alors se faire le défenseur désespéré de Curon et des villages menacés par la mise sous eau. Trina l’aide en écrivant des lettres, en tentant d’opposer des mots à la bureaucratie aveugle qui a décidé de loin la construction de ce barrage.

Pour ma part, je ne connaissais pas du tout l’histoire de cette région, dont le barrage, qui n’alimente que peu de foyers italiens parce que l’électricité achetée en France est moins chère, existe vraiment. L’auteur Marco Balzano a découvert le lac, très touristique, et le clocher d’une ancienne église qui émerge de façon pittoresque. Comme il l’explique à la fin du livre, il a su ne pas s’arrêter à ce côté touristique et s’est intéressé à l’histoire de la région, au jeu des frontières et des langues, à l’incurie du pouvoir et il a placé au coeur de la grande Histoire l’histoire de Trina et d’Erich. Le récit de Trina est sobre, à l’image de son histoire rude, sans pathos, car comme le lui répétait sa mère, « les pensées sont des tenailles, laisse-les tomber » et elle ne pensait qu’à aller de l’avant. On ne peut qu’admirer le combat désespéré d’Erich et on sent bien que Trina se demande s’il est légitime jusqu’au bout mais elle croit toujours au pouvoir des mots, même si la vie lui a appris ou l’a forcée à se dépouiller.

C’est le genre de bouquin dont la couverture me fait craquer mais le contenu était tout aussi bon !

« Je me levais à la nuit avec Erich, lui préparais une soupe au lait et, quand il en avait besoin, l’aidais à traire les bêtes, à distribuer le foin. Me lever de bonne heure ne me pesait pas. Une fois seule, je me préparais une autre tasse de café d’orge, puis rejoignais les enfant. Le curé m’avait attribué une cabane à outils, derrière la boucherie. Désormais je n’avais plus que trois élèves. Les fascistes avaient effectué de nouvelles perquisitions dans la vallée, arrêté et frappé d’amendes d’autres instituteurs. Seuls les prêtres parvenaient encore à enseigner l’allemand grâce au prétexte du catéchisme.

Une fois la classe terminée, j’allais déjeuner chez mes parents. Je restais un moment chez eux ou rentrais et me mettais à lire. Ma ne supportait pas que je perde du temps de la sorte. Lorsqu’elle me voyait, penchée sur un volume, elle disait dans des marmonnements que j’emporterais mes livres en enfer et me chargeait des besognes domestiques, sans cesser de répéter que je devais apprendre à coudre pour le jour où j’aurais des enfants. »

« Ta grand-mère était difficile et sévère, elle avait les idées claires sur tout, distinguait avec aisance le blanc du noir et n’avait aucun scrupule à trancher à coups de hache.
Moi, je me suis perdue dans une gamme de gris. D’après elle, à cause des études. Elle voyait dans les gens instruits des êtres inutilement compliqués. Des fainéants, des pédants, qui coupent les cheveux en quatre.
Je pensais, pour ma part, qu’il n’y avait pas de plus grand savoir que les mots, en particulier pour une femme.
Evénements, histoires, rêveries, il importait d’en être affamé et de les conserver pour les moments où la vie s’obscurcit ou se dépouille.
Je croyais que les mots pouvaient me sauver. »

« Alors la vallée serait devenue au fil du temps un carrefour de gens capables de se comprendre de plusieurs manières, non un point incertain d’Europe où tout le monde se regardait de travers .Mais l’italien et l’allemand constituaient des murs de plus en plus élevés. Désormais les langues étaient des signes raciaux. Les dictateurs les avaient transformées en armes et en déclarations de guerre. »

« Un jour l’envie d’écrire me prit. Je m’assis à la table avec une feuille blanche. J’écrivis que les industries traitaient Curon et la vallée comme un lieu sans histoire. Nous étions pourtant des agriculteurs et des éleveurs. Notre terre était riche et paisible. Sacrifier tout cela pour un barrage était un acte de sauvagerie. Il est possible de construire un barrage ailleurs, mais un paysage dévasté ne peut renaître. Un paysage ne se répare ni ne se recopie. »

Marco BOLZANO, Je reste ici, traduit de l’italien par Nathalie Bauer, Philippe Rey, 2018

Etape dans le Haut-Adige pour le Mois italien chez Martine.

Le Tribunal des âmes

24 lundi Mai 2021

Posted by anne7500 in Des Mots italiens, Des Mots noirs

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Donato Carrisi, Le Livre de poche

Le Tribunal des âmes

Quatrième de couverture :

Rome. Sa dolce vita, son Capitole, ses foules de pèlerins, ses hordes de touristes. Sa pluie battante, ses sombres ruelles, ses labyrinthes souterrains et ses meurtriers insaisissables. Marcus est un homme sans passé. Il y a un an, il a été grièvement blessé et a perdu la mémoire. Aujourd’hui, il est le seul à pouvoir élucider la disparition d’une jeune étudiante kidnappée. Sa spécialité : analyser les scènes de crime. Sandra est enquêtrice photo pour la police scientifique. Elle aussi recueille les indices sur les lieux où la vie a dérapé. Il y a un an, son mari est tombé du haut d’un immeuble désaffecté. Elle n’a jamais tout à fait cru à un accident. Leurs routes se croisent pour les conduire chacun au carrefour où il faut choisir entre la vengeance et le pardon.

Tout le monde sauf moi connaît Le chuchoteur et c’est avec Le Tribunal des âmes que je découvre, sur les conseils d’un libraire, la plume de Donato Carrisi. Quand il m’a dit que ça avait rapport avec le Vatican, je n’ai pas hésité une minute. Et comme tout est basé sur une organisation secrète du Vatican, ça ne va pas être simple de vous parler de ce roman !

Le polar commence quand un homme victime d’une crise cardiaque appelle les secours romains et que les ambulanciers envoyés sur place découvrent dans sa villa des trophées ayant appartenu à quatre jeunes filles enlevées, séquestrées puis assassinées par un tueur en série. La médecin envoyée avec les secours se trouve être la soeur jumelle d’une des jeunes filles et elle est confrontée à un choix : sauver ou laisser mourir le tueur, en d’autres termes choisir entre la justice ou la vengeance. Elle décide d’intuber Jeremiah Smith (j’adore ce nom improbable). On découvre assez vite qu’une cinquième jeune femme a été enlevée mais comme le tueur est dans un coma apparemment irréversible, une course contre la montre s’engage pour retrouver Lara.

Dès lors, on suivra trois personnages qui n’ont pendant longtemps aucun rapport physique entre eux : Sandra, qui travaille pour la police scientifique à Milan et qui ne se remet pas de la mort soi-disant accidentelle de son mari David, grand reporter ; Marcus, qui a perdu la mémoire un an avant le début du roman et qui est à nouveau entraîné à analyser des scènes de crimes non ou mal résolus, à y traquer les anomalies ; et un mystérieux chasseur qui parcourt le monde, du Mexique à Prague en passant par Pripiat. Sandra et Marcus ont pour points communs une acuité visuelle très performante et une grande solitude. Les différents crimes qu’ils vont être amenés à examiner ont, eux, pour point commun d’offrir aux « parties civiles » de choisir elles aussi entre la justice ou la vengeance. Sandra y sera elle aussi confrontée quand elle découvrira que son mari n’est pas mort accidentellement.

Quand on découvre le rôle, la mission de Marcus liée à des archives secrètes du Vatican, le suspense prend encore de l’épaisseur et l’intrigue va nouer des fils de plus en plus serrés entre les différents crimes examinés, qui nous baladent dans différents quartiers et églises de Rome. Les 540 pages se lisent rapidement, Donato Carrisi nous garde dans ce suspense complexe grâce à des rappels efficaces et la fin laisse un sentiment de vertige, d’inconnu qui me donne très envie de lire la suite, Malefico, et ensuite Tenebra Roma, pour savoir qui est vraiment Marcus et comment vont évoluer ses liens avec Sandra.

« Dans la société moderne, la spiritualité est souvent tournée en ridicule, considérée comme l’opium du peuple ou encore comme une pratique new age. Les individus ont perdu la distinction élémentaire entre le bien et le mal. Ce qui a conduit à offrir Dieu aux intégristes…. Tout ceci a produit une incapacité à regarder à l’intérieur de soi, au-delà des catégories de l’éthique et de la morale, pour trouver la dichotomie essentielle qui permet de discerner et évaluer tout comportement humain. »

« Toutes les personnes impliquées jusque-là avaient subi un préjudice qui avait changé le cours de leur vie. Le mal ne les avait pas seulement frappées, sur son passage il avait aussi semé des spores. Certaines avaient pris racine, infectant leur vie. Comme un parasite silencieux, le mal avait grandi dans les métastases de la haine et de la rancoeur, transformant son hôte. C’était ainsi qu’il accomplissait ses métamorphoses. Des individus qui n’avaient jamais pensé pouvoir enlever la vie à un congénère étaient frappés par un deuil violent et ceci, avec le temps, les transformait à leur tour en tueurs. »

« Il existe un lieu où le monde de la lumière rencontre celui des ténèbres. C’est là que tout se produit: dans la terre des ombres, où tout est rare, confus, incertain. Nous sommes les gardiens de cette frontière. Mais parfois, quelque chose réussit à passer. Et moi, je dois le renvoyer dans l’obscurité. »

Donato CARRISI, Le Tribunal des âmes, traduit de l’italien par Anaïs Bokobza, Le Livre de poche, 2013 (Calmann-Lévy, 2012)

Je suis ravie que le Mois italien  (étape à Rome) m’ait donné l’occasion de découvrir un nouvel auteur !

Battement d’ailes

18 mardi Mai 2021

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots italiens

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Le Livre de poche, Milena Agus

Battement d'ailes - AGUS MILENA - 9782253129677 | Catalogue | Librairie  Gallimard de Montréal

Quatrième de couverture :

Un lieu enchanteur en Sardaigne. sur la colline qui domine la mer, au milieu des terres arrachées au maquis, se tient la maison de Madame, dernier bastion de résistance aux barres à touristes. seule, décalée dans ses robes bizarres cousues main et dans son naïf refus de l’argent, Madame n’est pas conforme. elle dérange, mais pas sa jeune amie fantasque, pas le grand-père moqueur, ni le fils aîné des voisins. eux savent…

Ce livre traîne dans ma PAL depuis très longtemps, je l’ai sans doute acheté dans la foulée de la lecture de Mal de pierres. Sa couverture me plaît beaucoup et je me suis rendu compte que Milena Agus me l’a signé : aucun souvenir et aucune date… c’était peut-être au Salon du livre de Paris ou à la Foire du livre de Bruxelles. Elle a écrit en italien : « Tant de magie et rien ne fait peur. »

Nous sommes en Sardaigne, dans la propriété de Madame, qui résiste envers et contre tout aux promoteurs immobiliers qui veulent acheter ce dernier morceau de maquis du coin pour y construire un village de vacances en béton. « Notre position est 39°9’ au nord de l’équateur et 9°34’ à l’est du méridien de Greenwich. Ici, le ciel est transparent, la mer couleur saphir et lapis-lazuli, les falaises de granit or et argent, la végétation riche d’odeurs. Sur la colline, dans les lopins de terre arrachés au maquis qu’on cultive entre leurs murets de pierre sèche, le printemps resplendit du blanc des fleurs d’amandiers, l’été du rouge des tomates et l’hiver de l’éclat des citrons. «  Malgré l’âpreté des éléments et la difficulté de vivre parfois, Madame vit, Madame se préoccupe des autres, de ses voisins aux nombreux enfants, de ses amants qu’elle tente de retenir. Madame, cet être fantasque et original, cherche à être aimée, elle cherche le bonheur et glisse un rituel de magie dans tous les actes de son quotidien.

Madame subjugue la narratrice, une adolescente de quatorze ans, dont le père est parti et la mère malade. Son grand-père est le meilleur ami de Madame et la raccroche sans doute à la terre quand ses rêves d’amour se fracassent. La nuit, la jeune fille sent autour un battement d’ailes, la présence mystérieuse de son père disparu.

Il y a de la magie, voire de l’ésotérisme, un mélange aussi d’érotisme et de rudesse, une nature qui ne vous donne qu’une envie, celle de goûter au soleil et à la mer sur la côte sarde, limite d’accepter de porter des robes frustes pour goûter les tomates de Madame. Il y a aussi la transmission d’un héritage immatériel fait de nature et de vent, de murets en pierre et de sel de mer, un goût de résistance et de naturel qui vous apaise. Et il est bon de goûter à de tels moments.

« Nous aimons Madame. Difficile de ne pas l’aimer, quand elle nous apporte du pain et des pâtes faits maison, des gâteaux et, en été, des tomates qui ont le goût de quand les adultes étaient petits. Mais nous pensons qu’elle est dérangée, car elle suit une idée fixe, sauver à elle seule la Sardaigne du béton, ne pas vendre, rester pauvre et nous empêcher nous aussi de devenir riches. »

« Ce que je n’aime pas chez Dieu, c’est qu’Il a peut-être tout organisé de la meilleure façon possible, comme dit Leibniz, mais qu’ensuite Il est parti en nous laissant seuls. Alors que j’aimerais qu’Il s’attarde sur le fond de toutes les questions, qu’on puisse discuter avec Lui. »

« Grand père dit que Madame est « l’homme nouveau », l’unique type humain qui pourra survivre à la catastrophe actuelle car elle sait distinguer entre les babioles et ce qui compte dans a vie. Madame doit défendre cet endroit. Et elle le défendra sans violence. Avec sa détermination courtoise. Parce que c’est l’arme du futur. Et le futur, c’est Madame. »

Milena AGUS, Battement d’ailes, traduit de l’italien par Dominique Vittoz, Le livre de poche, 2010 (Editions Liana Levi, 2008)

Première participation au Mois italien  chez Martine.

Le Ladies Football Club

08 lundi Mar 2021

Posted by anne7500 in Des Mots italiens

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éditions du Globe, football, football féminin, Stefao Massini

Quatrième de couverture :

Comment est né le football féminin en Angleterre ? Par ce hasard qui ne fait jamais rien au hasard.

Le 6 avril 1917, à la pause déjeuner de l’usine de munitions Doyle & Walkers, à Sheffield, Royaume-Uni, Violet Chapman, ouvrière, prise d’une inspiration subite, donne un coup de pied dans l’espèce de balle qui se trouve au milieu de la cour en brique rouge de 330 pieds de long par 240 pieds de largeur.

Aussitôt, les dix autres femmes présentes lâchent leurs casse-croûtes et sautent du muret où elles étaient assises en rang d’oignons pour se mettre à courir elles aussi.

Ce simple coup de pied aurait pu les tuer. Car la balle est un prototype de bombe légère destinée à calculer la trajectoire de chute, avant de massacrer l’ennemi. Mais la bombe n’explose pas. C’est leur cœur qui le fait. Ce coup de pied vient de leur sauver la vie, à toutes.

Elles jouent pendant plus d’une demi-heure.

Et recommencent le lendemain. Et encore, et encore. (…)

Je poursuis ma série Foot en cette journée internationale des Droits de la femme avec la naissance du premier club de foot féminin, à Sheffield en Angleterre, en avril 1917. Encore une liberté, une avancée – et une forme d’ironie – due à la guerre. Ce sont des ouvrières d’une fabrique de munitions qui se mettent à taper dans un ballon pendant une pause : il faut bien que les femmes travaillent à la place des hommes partis combattre, elles contribuent à l’effort de guerre et il s’avère que le ballon en question est en fait un prototype de bombe. Ouf il n’explose pas et jusqu’à la fin de la guerre, cette équipe improbable de Sheffield va continuer à jouer, de vais matches avec des adversaires surprenants et des maillots tout aussi improbables. Jusqu’à ce que les hommes reviennent du front.

Oh il n’y a rien de revendicatif dans le roman de Stefano Massini. Juste onze femmes qui, en quelque sorte, se réveillent – se révèlent – grâce au ballon rond. Nous suivons ainsi les onze joueuses, celle qui se demande pourquoi elle s’est retrouvée dans les filets du gardien de but, celle qui fuit un père et un mari pasteurs asphyxiants, celle qui joue comme une déléguée syndicale, celle qui inspire ses coéquipières à coups de citations « originales », celle qui « voit » ce qui va arriver, celle qui fonce comme une bête indomptée, celle qui ne supporte aucun symbole à caractère religieux, celle  qui s’enfuirait bien avec le ballon… jusqu’à celle que personne ne voyait jamais et qui éclate au grand jour et se retrouve… capitaine de l’équipe.

C’est à la fois léger et sérieux, tendre et doux-amer et la forme du roman écrit en vers libres accompagne vraiment bien le propos.

« Le 6 avril 1917
la radio du front annonçait de nouveaux morts.

Le 6 avril 1917
les États-Unis entraient en guerre.

Le 6 avril 1917
Lénine préparait la révolution russe.

Mais, surtout,
le 6 avril 1917
durant la pause-déjeuner
onze ouvrières de Doyle & Walker Munitions
se mirent à courir derrière un ballon. » (p. 11)

« Il ne faut pas confondre balle et ballon.

Le ballon, c’est pour le football, pour jouer.
La balle non : n’importe quelle sphère en est une. » (p. 15)

Stefano MASSINI, Le Ladies Football Club, traduit de l’italien par Nathalie Bauer, Globe, 2021

Petit Bac 2021 – objet (un club est un accessoire de golf)

Le printemps du commissaire Ricciardi

22 vendredi Mai 2020

Posted by anne7500 in Des Mots italiens, Des Mots noirs

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Commissaire Ricciardi, Maurizio De Giovanni, Naples, Rivages noir

Quatrième de couverture :

Luigi Alfredo Ricciardi, commissaire à la questure royale de Naples, a un don particulier : il voit la souffrance des morts et les entend parler. Aidé de son fidèle adjoint, il enquête dans les quartiers pauvres de la ville où on a découvert le corps de la vielle Carmela Calise, cartomancienne et usurière à ses heures. Que va révéler la morte au commissaire ? Les secrets de ses clients sont bien gardés. En ce printemps de l’année 1931, la ville de Naples a l’odeur de la haine, du sang et des amours déçues. 

On pourrait croire que le meurtre d’une vieille femme malade d’un quartier très populaire de Naples, qui se révèle être une usurière et une mystiicatrice sur son soi-disant don de lire dans les cartes, n’a pas beaucoup d’importance. Sûrement pas pour le commissaire Ricciardi : riche ou pauvre, célèbre ou invisible, le moindre mort n’est laissé pour compte par le commissaire, qui a un don particulier pour ressentir la souffrance des morts par violence et pour être longtemps hanté par leurs dernières parole, leurs derniers sentiments. L’enquête piétine pendant pas mal de temps mai le printemps adoucit les moeurs au coeur de Naples. Parallèlement à cette enquête pour meurtre, le (tout aussi sensible) brigadier Maione cherche à savoir pourquoi la plus belle femme des « bas » quartiers a été lacérée au visage.

Bon, je dois avouer que j’ai traîné ans ma lecture. Peut-être ce roman a-t-il souffert de mon enthousiasme pour ma précédente lecture,ui sait ? Mais quand même, il a fallu plusieurs pages très éclatées entre divers personnages de la Sanita avant de découvrir le meurtre de Carmela Calise et l’enquête a piétiné pendant pas mal de temps.Vous allez dire que je suis une épouvantable voyeuse mais c’est quand la vie privée (les amours très secrètes) et la vie professionnelle du commissaire se téléscopent que mon intérêt s’est réveillé et est resté en alerte jusqu’à la fin.

« Le printemps s’installa à Naples, le 14 avril 1931, peu après deux heures du matin.
Il arriva en retard et, comme toujours, poussé par un vent nouveau qui soufflait du sud et succédait à une averse. Les premiers à s’en apercevoir furent les chiens, dans les cours des fermes du Vomero et dans les ruelles proches du port. Ils levèrent le museau, humèrent l’air, puis après avoir soupiré, se rendormirent.
Son arrivée passa inaperçue pendant que la ville prenait deux heures de repos entre nuit noire et premières lueurs de l’aube. Il n’y a eu ni fête ni regrets. Le printemps ne prétendît pas qu’on lui fît bon accueil, il n’exigea pas d’applaudissements. Il envahit les places et les rues. Et, patient, s’arrêta au seuil des maisons, et attendit. » (p.19)

Au final, c’est Naples au printemps qui ressort de cette lecture. Et l’amitié teintée d’humour noir entre le médecin légiste et le commissaire. Et la vie qui renaît dans le foyer de Luca Maione. Et bien sûr, l’espoir plus réel et la fenêtre toujours ouverte sur une petite main qui brode…

Maurizio DE GIOVANNI, Le printemps du commissaire Ricciardi, traduit de l’italien par Odile Rouosseau, Rivages/Noir, 2013

Mai en Italie avec Martine

L’éblouissante lumière des deux étoiles rouges

12 mardi Mai 2020

Posted by anne7500 in Des Mots en Jeunesse, Des Mots italiens

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1941, Davie Morosinotto, L'école des loisirs, Leningrad, URSS

Quatrième de couverture :

1941. Hitler décide d’envahir l’Union soviétique. Les chars allemands progressent sur l’immense territoire russe, vers le Nord, en direction de Leningrad. Dans la précipitation, avant que la ville soit encerclée, on organise l’évacuation de milliers d’enfants. Viktor et Nadia sont parmi eux. Mais, pour la première fois de leur vie, les voilà séparés. Viktor est envoyé dans un kolkhoze à Kazan, pendant que Nadia se retrouve bloquée à proximité du front des combats. Désormais, Viktor n’a plus qu’une idée en tête : traverser le pays dévasté par la guerre, les bombardements et la faim, pour retrouver sa soeur. Et pour cela, il doit être prêt à tout. Car, dans un pays en guerre, nécessité fait loi.

Oh le magnifique livre que voilà !! L’objet livre déjà est très beau : couverture à rabats, typographie en relief sur la couverture, les pages intérieures présentent un aspect un peu sali comme les cahiers de Viktor et Nadia qui ont subi moult tribulations, encre bleue pour Nadia, rouge pur Viktor et dans les marges, de nombreuses inscriptions « manuscrites » de l’officier du Commissariat du peuple aux affaires intérieures qui lit les cahiers pour décider si les deux ados sont coupables ou innocents, il y a aussi es cartes, des photos et dessins qui permettent de situer les différents lieux et l’évolution du siège de Leningrad en 1941. (Voyez ci-dessous quelques exemples de pages.)

Viktoret Nadia sont jumeaux, ils ont douze ans quand leurs parents obéissent aux autorités et les font évacuer avec des centaines d’autres enfants quand l’avancée des troupes allemandes qui foncent vers Leningrad pour l’encercler est inéluctable. Sûrs de tenir bon car ils ne peuvent être séparés et parce qu’ils ont toujours respecté les injonctions du pouvoir, Viktor et Nadia quittent leurs parents avec la promesse d’écrire leurs aventures dans des cahiers d’écoliers. Mais dès la gare de départ, ils sont séparés, ils ne font pas partie du même train. Viktor atterrit dans un kolkhoze près de Kazan tandis que le train de Nadia reste bloqué en pleine voie à proximité de Leningrad.

Je n’ai pas envie de vous raconter toutes leurs aventures, mais sachez qu’elles seront faites de courage, d’audace, d’angoisse et de peur aussi, avec un soupçon d’espionnage et de trahison, et que l’amitié et la solidarité des groupes d’enfants y jouera un grand rôle. Même quand la propagande soviétique fait croire que le train de Nadia a été bombardé et que tous les enfants sont morts, le frère et la soeur restent intimement persuadés l’un que Nadia est toujours en vie, l’autre que Viktor tentera envers et contre tout de la rejoindre. Ils passent du musée de l’Ermitage où travaille leur mère à un kolkhoze, un goulag, une forteresse isolée, tout cela en suivant tant bien que mal les nouvelles de l’encerclement de Leningrad et en affrontant l’hiver russe, qui fut particulièrement mordant cette année-là.

C’est donc un roman d’aventures, un roman de guerre où les ados apprennent que rien n’est tout noir ou tout blanc et où ils comprennent que la vérité soviétique n’est pas aussi reluisante que ce que le camarade Staline en laisse croire. Il y a aussi tout l’art subtil de la mise en abyme des cahiers dans le roman. C’est aussi un roman d’initiation que nous offre Davide Morosinotto, auteur italien marqué par les récits e son grand-père qui fit partie de l’Armée italienne de Russie, « à ses yeux (…) un endroit immense, glacial et terrible, où la nature elle-même semblait devenir un ennemi. » Eh bien, c’est un bel hommage et une belle réussite qui m’a emportée (j’ai dévoré les 514 pages en peu de temps).

« J’ai toujours cru dans la force des histoires et dans l’importance des livres. Et, comme le dit Nadia à un moment donné, je crois que nous avons le devoir de nous rappeler ce qui s’est passé. Et de nous battre pour que cela ne se reproduise plus. »

« Finalement, c’est ça la guerre: des personnes normales qui commettent des choses atroces sans trouver ça anormales. »

« L’hiver arrive, et avec l’hiver, l’ennemi.
Il balaie tout.
Les gens, les pensées, ce qui était mon univers
et ce qu’il ne sera jamais plus.
Tout est détruit, tout.
Mais je suis encore en vie.

J’attendrai sous la première neige,
comme la braise cachée
sous un voile de cendres.
Je suis Nadia.
Et je suis là… »

« Je voulais juste être un bon frère.
Un bon Pionnier.
Un bon fils, un bon écolier. Un bon camarade.
L’ennui, c’est que je fais n’importe quoi.
Ou peut-être pas.
C’est peut-être le monde qui fait n’importe quoi. Mais je ne m’en étais jamais aperçu avant… »

Davide MOROSINOTTO, L’éblouissante lumière des deux étoiles rouges, traduit de l’italien par Marc Lesage, L’école des loisirs, 2019

Mai en Italie avec Martine

 

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