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Archives de Catégorie: Des Mots nord-américains

Les morts de Bear Creek

29 mercredi Juin 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Gallmeister, Keith McCafferty, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Les Montagnes Rocheuses livrent parfois de macabres trouvailles – comme les deux cadavres exhumés au dégel par un grizzly affamé. Rejetant la thèse d’un accident de chasse, le shérif Martha Ettinger se tourne vers Sean Stranahan, peintre amateur, guide de pêche et détective privé à ses heures perdues. Le même jour, Sean est embauché par un club de pêcheurs excentriques pour retrouver une précieuse mouche de pêche volée. Ces affaires vont se télescoper et exiger des deux partenaires une action aussi précise qu’un lancer de mouche et aussi rapide qu’une balle de revolver.

Un billet rapide pour rendre compte de mon Gallmeister du mois. Le thème de juin est Chasse et pêche : comment mieux l’illustrer qu’en repartant sur les rives e la Madison dans le Montana, en compagnie de Sean Stranahan, guide de pêche à la mouche, peintre amateur et enquêteur à ses heures. Dans cette deuxième enquête de la série, il y aura de la pêche, bien sûr (et que de poésie dans les noms de mouches et dans les lancers matinaux et vespéraux) mais aussi de chasse, une chasse à l’homme très particulière et assez glaçante. Une maman grizzly s’invite dans l’aventure dès le début du roman et ne facilitera pas la tâche de Martha Ettinger, la shérif et de ses adjoints. Il s’agit en effet d’identifier deux corps réduits quasiment à l’état d’ossements et de déterminer la cause de leur mort. Pendant ce temps, Sean rencontre également des membres du Club des menteurs et monteurs de mouche de la Madison qui le chargent de retrouver des mouches de collection disparues et très précieuses. Sur le plan personnel (c’est-à-dire amoureux), Sean subit les froideurs de Martha Ettinger mais il ose proposer un rendez-vous à la belle Martinique, jeune étudiante vétérinaire. Les personnages secondaires, la mécanique criminelle, la nature grandiose du Montana, l’humour, tout est à déguster dans ce roman, sans compter l’envie d’aller plus loin encore dans les criques à truites en compagnie de Sean Stranahan et de ses amis.

« – Ce pitoyable sac d’os était un pêcheur à la mouche plutôt bon autrefois. Il s’est mis à caresser la bouteille comme un véritable habitant du Montana. Son urine doit avoir une teneur en alcool de cinquante pour cent. S’il pisse sur votre feu de camp, toute la forêt s’embrase. »

Keith McCAFFERTY, Les morts de Bear Creek, traduit de l’américain par Janique Joui-de-Laurens, Gallmeister, collection Totem, 2020 (1è édition : 2019)

Une année avec Gallmeister (Juin : Chasse et pêche)

Petit Bac 2022 – Animal 3

Animaux solitaires

24 mardi Mai 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Bruce Holbert, Gallmeister, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Comté d’Okanogan, État de Washington, 1932. Russell Strawl, ancien officier de police, reprend du service pour participer à la traque d’un tueur laissant dans son sillage des cadavres d’Indiens minutieusement mutilés. Son enquête l’entraîne au cœur des plus sauvages vallées de l’Ouest, où le progrès n’a pas encore eu raison de la barbarie et où rares sont les hommes qui n’ont pas de sang sur les mains. Bien des mystères qui entourent le passé du policier et de sa famille vont ressurgir petit à petit sur son chemin. 

Premier roman remarquable, Animaux solitaires mêle avec brio les codes du western et ceux des plus grands romans noirs.

Nous sommes en 1932, dans l’état de Washington, au nord-ouest des Etats-Unis, dans le comté d’Okanogan, non loin du Canada. Le progrès (le New deal) a apporté la construction d’un barrage dans cette région sauvage, où les Indiens sont parqués dans des réserves et bien coupés de leurs racines par la catéchisation des prêtres blancs. L’ancien shérif Strawl reprend du service car il est le seul sans doute à pouvoir suivre la piste d’un tueur d’Indiens particulièrement cruel, qui met en scène les corps mutilés de ses victimes. Il est accompagné – sans l’avoir demandé – par son fils adoptif Elijah, un « prophète » dont le don d’écoute et d’attention à la nature est proche du sien.

Strawl est lui-même habité par une violence profondément ancrée en lui, presque le seul moyen pour cet homme profondément solitaire (même s’il a été marié deux fois et a deux enfants) de communiquer avec autrui. Au contact de la nature, sur la piste de celui qu’il croit être le tueur, on dirait que cette violence change, qu’elle devient plus proche de celle des Indiens de la région.

J’ai beaucoup aimé cette lecture très noire, qui trace le portrait d’un homme singulier, de son beau-fils tout aussi étonnant dans une nature dont il sait se faire l’allié malgré son hostilité, lien sublimé par la relation entre Strawl et son cheval Stick. Strawl est à la fois chasseur et chassé, complètement en décalage avec ses contemporains blancs. Il faut avoir le coeur bien accroché pour lire les descriptions des corps et le compte-rendu des tortures « raffinées » que fait subir Strawl à certaines personnes (bien que, je l’avoue, j’étais partagée entre horreur et fou rire tant cela relevait d’une folie très spéciale). Il me faut avouer aussi que la fin du roman m’a laissée un peu de côté : la quête de Strawl et d’Elijah revêt alors un côté mystique, philosophique que je n’ai pas vraiment compris mais cela ne m’a pas empêchée d’apprécier ma lecture. En lisant la biographie de l’auteur, qui connaît très bien cette région des Etats-Unis, j’ai été surprise de découvrir qu’un épisode familial a inspiré l’écriture de ce premier roman

« Strawl retourna les braises agonisantes du matin puis vida dessus le reste de son café. La journée était encore fraîche, l’atmosphère oppressante de la veille avait laissé la place aux hautes pressions et à un ciel bleu. Il ferma les yeux pour les reposer après leur avoir fait subir la fumée de son feu de bois. Il se rappela avec envie la vision que possédaient ses premiers éclaireurs indiens. Ils percevaient des nuances de marron et de vert que personne ne parvenait à distinguer à part eux, ainsi que les formes susceptibles de se déplacer et les espaces qu’elles traversaient. »

« Strawl regrettait d’avoir au-dessus de sa tête le toit et les solives de la grange. Une fois la saison des neiges terminée, il échangeait volontiers un toit contre le froid ambiant. Sous la voûte du ciel, le sommeil peut vous prendre sans que vous en ayez conscience, mais un toit vous passait l’envie d’être surpris. Enfant, il redoutait le souffle de son père qui éteignait la lampe à pétrole. Jusqu’à l’âge de sept ans ou presque, Strawl s’était réveillé en larmes chaque matin, et même si ses parents n’avaient vu en lui qu’un enfant au réveil bougon, ses sanglots étaient un soulagement après une nuit traversée en solitaire. Ses pleurs avaient cessé depuis bien longtemps, mais fermer les yeux et s’abandonner à lui-même exigeait encore trop d’efforts de sa part pour qu’il le fît en toute sérénité. »

« Strawl but le reste du soda et il regretta de ne pas pouvoir se lever et pisser dans cette bouteille de verre tout le venin qui était en lui, puis la reboucher et l’enterrer quelque part, dans un endroit qu’il pourrait oublier dans un jour ou un mois ou un an. »

« Strawl avait le sentiment qu’il en était arrivé à vivre son existence à l’envers, que les années le privaient de sa sagesse au lieu de la lui apporter. Il admettait cette vérité que doit accepter toute personne chargée de faire respecter la loi : même dans la plus vertueuse des existences était tapie l’anarchie, telle une cartouche en place dans la chambre d’un fusil armé, et à tout moment le percuteur pouvait frapper l’amorce et propulser dans n’importe quelle direction la balle de plomb tournant sur elle-même. »

Bruce HOLBERT, Animaux solitaires, traduit de l’américain par Jean-Paul Gratias, Gallmeister Totem, 2017 (Gallmeister, 2013)

Un Gallmeister par mois – Thème de mai : Il était une fois dans l’Ouest

Petit Bac 2022 – Animal 2

Assurance sur la mort

25 vendredi Mar 2022

Posted by anne7500 in Des Mots noirs, Des Mots nord-américains

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Gallmeister, James M. Cain, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Séduit par la troublante Phyllis Dietrichson, l’agent d’assurance Walter Neff conspire avec elle le meurtre de son mari après lui avoir fait signer une police prévoyant une indemnité pharaonique en cas de mort accidentelle. Évidemment, la compagnie d’assurance va suspecter la fraude, mais Walter et Phyllis sont intelligents, déterminés et totalement sans scrupules. Le crime parfait existe-t-il ? Peut-on vraiment échapper à une vie rangée pour éprouver le grand frisson aux côtés d’une femme fatale ?

Un roman qui fit scandale avant d’être à l’origine d’un des plus grands films noirs de tous les temps.

[N.B. Dans le roman, il est question de Phyllis Nirdlinger et de Walter Huff, noms que j’emploierai ici. La quatrième de couverture reprend peut-être les noms employés dans le film ?]

Dès les premières lignes de ce court roman publié en 1937, un effet de prolepse nous fait comprendre que les choses n’ont pas tourné comme prévu pour le narrateur, Walter Huff, agent d’assurances doué et zélé. C’est en démarchant monsieur Nirdlinger que Walter tombe sous le charme troublant de Phyllis, sa femme et qu’il comprend que celle-ci veut se débarrasser de son mari. Et comme nul n’est meilleur pour assurer tous les risques qu’un agent d’assurances hors-pair, Huff dresse un plan parfait pour assassiner le mari encombrant et toucher une substantielle prime d’assurance avec la veuve. On se croirait dans la série policière « Crimes parfaits » où le criminel croit n’avoir négligé aucun détail et où un enquêteur au flair aiguisé démonte le « crime parfait » et démasque le coupable. Pas de policier ici mais les soupçons – attendus – d’un haut responsable de la compagnie d’assurances et un troublant jeu de dupes : qui est le manipulateur réel ? qui tire vraiment les ficelles ? à qui se fier derrière des apparences qui se révèlent trompeuses ? quelles sombres passions oeuvrent au coeur des protagonistes ?

Autant de questions qui trouveront – ou non – leurs réponses au terme d’un roman à la construction impeccable, à l’écriture précise, aussi froide que le coeur de ses personnages principaux, et qui se permet une fin aux allures fantastiques. La couverture de ce Totem me paraît d’ailleurs très bien choisie ! Le livre a été adapté au cinéma par Billy Wilder, avec Barbara Stanwyck et Fred McMurray. James M. Caine est également l’auteur de Le facteur sonne toujours deux fois, également transposé au cinéma.

« C’est en me rendant à Glendale pour ajouter trois nouveaux chauffeurs de camion sur le contrat d’un brasseur de bière, que je me suis souvenu de cette police à renouveler vers Hollywoodland. J’ai décidé d’aller y faire un tour. Voilà comment j’ai atterri dans cette Maison de la Mort, celle dont vous avez entendu parler dans les journaux. La première fois que je l’ai vue, elle n’avait pas l’air d’une Maison de la Mort. C’était une construction de style espagnol, comme toutes celles qu’on voit en Californie, avec des murs blancs, un toit de tuiles rouges et un patio sur un des côtés. Elle avait été construite de guingois. Le garage se trouvait sous la maison, au-dessus il y avait le rez-de-chaussée et le reste était étalé sur le flanc de la colline, là où on avait pu le caser. Un escalier en pierre menait à la porte d’entrée, j’ai garé la voiture et gravi les marches. » (premières lignes)

« Dans ce métier, pour faire affaire, il faut entrer. Une fois que vous êtes entré, ils sont obligés de vous écouter, et on peut assez bien juger de la qualité d’un agent à la vitesse à laquelle il se retrouve assis sur le canapé du salon, avec d’un côté son chapeau et de l’autre ses petites fiches. » (p. 8)

James M. CAIN, Assurance sur la mort, traduit de l’américain par Simon Baril, Gallmeister Totem, 2017

Un Gallmeister par mois (thème de mars : roman noir / Etat : Californie)

Dites-leur que je suis un homme

21 lundi Fév 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Ernest J. Gaines, Liana Levi

Dites-leur que je suis un homme

Quatrième de couverture :

Dans la Louisiane des années quarante, Jefferson, un jeune Noir, démuni et illettré, est accusé à tort d’avoir assassiné un Blanc. Au cours de son procès, il est bafoué et traité comme un animal par l’avocat commis d’office. Incapable de se défendre, il est condamné à mort. Commence alors un combat pour que Jefferson retrouve, aux yeux de tous mais surtout de lui-même, sa dignité humaine. Un combat ené par la marraine du condamné qui supplie l’instituteur Grant Wiggins de prendre en charge l’éducation de Jefferson. Un face à face entre deux hommes que tout oppose commence alors…

Jefferson, un jeune Noir illettré, s’est trouvé en mauvaise compagnie, au mauvais endroit et au mauvais moment. C’est sa seule « faute » mais elle lui vaudra d’être accusé de meurtre, jugé de façon expéditive et condamné à la chaise électrique. Lors du procès, l’avocat commis d’office parle de lui comme d’un sous-homme, pas éduqué, dont le niveau est celui d’un porc et sa ligne de défense, c’est : « on ne met pas un porc sur la chaise électrique ». Les mots, d’une violence extrême, retentissent dans toute la plantation où travaillait Jefferson. Ils semblent confirmer que, quels que soient leurs efforts, les jeunes Noirs sont condamnés à finir mal, soit de la faute des Blancs, soit de leur propre violence. Si le pasteur espère sauver l’âme du jeune homme avant son exécution, c’est à l’instituteur Grant Wiggins que Miss Emma, la marraine de Jefferson, demande de l’accompagner jusqu’à la mort et de lui rendre sa dignité d’homme. Grant est éduqué, mais il se sent lui-même en porte-à-faux : il ne rêve que de partir, comme ses parents l’ont fait, le confiant à une de ses tantes, mais il est retenu par la femme dont il est amoureux, en instance de divorce et institutrice comme lui. L’amertume et le désespoir le guettent lui aussi. Aussi cette mission qu’il accepte à contrecoeur et qui semble d’abord vouée à l’échec – Jefferson s’étant enfermé dans le mutisme quand il ne se comporte pas exprès comme un cochon affamé – va lui offrir de réfléchir et d’agir comme jamais auparavant.

Dites-leur que je suis un homme est un roman qui se lit facilement mais qui nous présente une réalité tragique et poignante. La confrontation entre Grant et Jefferson – accompagnée des vexations habituelles des autorités blanches – va paradoxalement conduire l’un et l’autre vers une forme de grandeur, de liberté inouïes. Nous sommes dans les années 40 en Louisiane et le chemin que parcourent les deux hommes annonce les grands combats pour les droits civiques des années 50 et 60. Il n’est pas question de soulèvement organisé mais d’affirmer sans violence le droit au respect, l’égalité des chances pour des gens que tout sépare encore. Au point que cette humanité touche un des adjoints au shérif du lieu.

Né en 1933, Ernest J. Gaines a lui-même été ramasseur de pommes de terre dès l’âge de neuf ans. Il a quitté la Louisiane à l’âge de quinze ans et a fait des études littéraires. Il s’est mis à écrire des romans pour montrer la condition des Noirs dont on ne parlait alors pas en littérature. Il la raconte avec une simplicité et une absence de pathos d’autant plus percutantes. De cet auteur, j’ai déjà lu Par la petite porte et j’attendais de lire un roman plus long pour mieux l’apprécier. C’est chose faite avec Dites-leur que je suis un homme, un roman remuant mais nécessaire.

« Ça a continué encore une demi-heure. Le docteur Joseph [l’inspecteur scolaire ] appelait un enfant qui avait l’air à moitié idiot, puis il appelait un autre qui lui donnait l’impression d’être tout à fait le contraire. Aux classes supérieures, les cours moyen et de fin d’études, il posait des questions de grammaire, de calcul et de géographie. Et après avoir regardé les mains, il se mit à inspecter les dents. « Ouvre grand », « dis aaah », et il obligeait les pauvres petits à écarter les lèvres autant qu’ils le pouvaient pendant qu’il examinait l’intérieur de leur bouche. A l’université j’avais lui que les maîtres faisaient la même chose quand il achetaient de nouveaux esclaves, et que les éleveurs en faisaient autant en achetant des chevaux et du bétail. Au moins le docteur Joseph avait-il atteint le stade où il laissait les enfants ouvrir la bouche eux-mêmes, au lieu d’utiliser un instrument métallique grossier. J’appréciais son humanité. » (p. 68-69)

« J’ai souvent songé à partir, comme le professeur Antoine me l’avait conseillé. Ma mère et mon père m’écrivaient aussi que si je n’étais pas heureux en Louisiane, je devrais venir en Californie. Après être allé les voir l’été qui avait suivi ma première année d’université, j’étais revenu, ce qui avait fait plaisir à ma tante. Mais j’avais tourné en rond depuis, incapable d’accepter ce qui avait été ma vie, incapable de la quitter. » (p. 122)

« Tu sais ce que c’est qu’un mythe, Jefferson ? lui ai-je demandé. Un mythe est un vieux mensonge auquel les gens croient. Les Blancs se croient meilleurs que tous les autres sur la terre ; et ça, c’est un mythe. » (p. 226)

Ernest J. GAINES, Dites-leur que je suis un homme, traduit de l’américain par Michelle Herpe-Voslinsky, Liana Levi piccolo, 2019

Une nouvelle participation au Mois de l’Histoire afro-américaine chez Enna

Petit Bac 2022 – Verbe 2

Liana Levi piccolo fête ses vingt ans

Les douze tribus d’Hattie

14 lundi Fév 2022

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots nord-américains

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Ayana Mathis, Gallmeister, Un an avec Gallmeister

Les Douze Tribus d'Hattie

Quatrième de couverture :

Gare de Philadelphie, 1923. La jeune Hattie arrive de Géorgie en compagnie de sa mère et de ses sœurs pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une vie nouvelle, forte de l’énergie de ses seize ans, Hattie épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage. Douze enfants, douze tribus qui égrèneront leur parcours au fil de l’histoire américaine du XXe siècle. Cette famille se dévoile peu à peu à travers l’existence de ces fils et de ces filles marqués chacun à leur manière par le fort tempérament d’Hattie, sa froide combativité et ses secrètes failles.

Voilà un premier roman d’une force inoubliable. Hattie débarque donc de sa Géorgie natale à Philadelphie. Dès sa sortie de la gare, elle sait qu’elle ne retournera pas dans le Sud raciste, quoi qu’il arrive. Elle perd très vite sa mère et ses soeurs (la première meurt, les autres retournent en Géorgie), elle épouse August, un ouvrier, alors qu’elle a seize ans. Des jumeaux naissent, Philadelphie et Jubilee, de beaux bébés aux prénoms qui incarnent le rêve de nouveauté de la jeune mère. Ce premier chapitre du roman est déchirant : les enfants attrapent une pneumonie en plein hiver et on assiste, aussi impuissants qu’Hattie, à leur agonie dans une salle de bain à l’ambiance apocalyptique. Hattie ne se remettra sans doute jamais de cette mort, toute sa vie elle s’enveloppera de solitude et de rudesse pour affronter la vie sans espoir que lui procure August, qui change sans cesse de travail, dépense l’argent du ménage en soirées et en maîtresses. Et pourtant ils restent ensemble, et pourtant Hattie tente d’économiser un peu pour réaliser son rêve, acheter une petite maison.

Ce ne sont pas les neuf autres enfants qui naîtront de ce mariage qui guériront Hattie mais au fil des chapitres qui nous les font connaître, de 1923 à 1980, avec l’évolution de la société américaine, on découvre la vie de la famille, la pauvreté dans laquelle ils ont vécu enfants. Chacun des enfants, malgré ses tentatives de partir, de s’éloigner, voire de couper les ponts – ou même de retrouver le Sud -, est marqué par la rigueur maternelle. Certains en perdent même la raison. Mais on comprend aussi qu’Hattie n’a pas eu d’autre choix que de se montrer si rude car elle devait avant tout protéger ses enfants, tenter de survivre avec et pour eux et il n’y avait pas de place pour la tendresse dans cette survie. Mais Hattie a tenu bon, elle aura connu une longue vie et sa colère s’adoucira un peu grâce à sa petite-fille Sala.

Ayana Mathis a réussi un coup de maître avec ce premier roman longuement élaboré. Hattie n’est pas particulièrement attachante, forcément, mais les événements de sa vie et de celle de ses proches nous attachent à cette femme qui rêvait de liberté et à ses douze tribus.

« Hattie croyait en la puissance de Dieu, mais elle ne croyait pas en ses interventions. Au mieux, il était indifférent. Dieu était la dernière de ses préoccupations, comme elle était elle-même la dernière des préoccupations de Dieu. »

« Mon frère Six a une église, là-bas, faillit-elle lui dire. Cet idiot est marié depuis quinze ans, et il faudrait plus que les doigts d’une seule main pour compter les femmes auxquelles il a fait un enfant, mais ça ne l’empêche pas de raconter que le Seigneur améliorera le sort des Noirs si nous prions et si nous agissons correctement. »

« Toutes ces années de vie commune sans bonheur n’avaient en rien diminué le besoin physique qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Des journées entières s’écoulaient au cours desquelles elle disait à peine un mot à son mari, mais la nuit, c’était autre chose, et leurs corps racontaient une tout autre histoire. »

« Hattie savait que ses enfants ne la considéraient pas comme quelqu’un de gentil, et peut-être ne l’était-elle pas, mais quand ils étaient petits, il n’y avait pas beaucoup de temps pour les sentiments. Elle leur avait fait défaut dans des domaines essentiels, mais à quoi cela aurait-il servi de passer les journées à les serrer contre elle et à les embrasser s’ils n’avaient rien eu à se mettre dans le ventre? Ils ne comprenaient pas que tout l’amour qu’elle avait en elle était accaparé par la nécessité de les nourrir, de les habiller et de les préparer à affronter le monde. Le monde n’aurait pas d’amour à leur offrir; le monde ne serait pas gentil. »

Ayana MATHIS, Les douze tribus d’Hattie, traduit de l’américain par François Happe, Gallmeister, 2014

Une nouvelle participation au Mois de l’Histoire afro-américaine chez Enna

Petit Bac 2022 – Chiffre 2

Une vie inachevée

28 vendredi Jan 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Gallmeister, Mark Spragg, Un an avec Gallmeister

Une vie inachevée - Mark Spragg

Quatrième de couverture :

Dans un ranch délabré du Wyoming, Einar vit reclus depuis la mort de son fils, dix ans plus tôt. Aussi voit-il d’un mauvais œil resurgir sa belle-fille, Jean, qu’il tient pour responsable de l’accident qui a coûté la vie à son fils. Fuyant son compagnon violent, la jeune femme vient se réfugier chez lui. Einar découvre alors l’existence de sa petite-fille Griff, âgée de neuf ans. Le caractère bien trempé de l’enfant et la fascination qu’exerce sur elle la vie au ranch ne laissent pas le vieil homme indifférent. Mais alors qu’un équilibre fragile semble s’instaurer, l’ex-amant de Jean débarque en ville.

Nous sommes dans le Wyoming, un état peu peuplé, dans les environs de la petite ville d’Ishawooa, dans le ranch d’Einar Gilkyson qui vit seul ave son vieux copain Mitch. Le vieil Einar a peu à peu laissé tomber ses activités agricoles, il loue ses terres et garde son énergie pour s’occuper de Mitch, avec qui il a fait la guerre de Corée et qui est lourdement handicapé suite à une mauvaise rencontre avec un ours.

Nous suivons aussi Jean et sa fille Griff, qui fuient les coups de Roy. Elles espèrent aller loin, à l’aventure mais la vieille bagnole poussive ne les mènera pas très loin. Jean se voit contrainte de revenir à Ishawooa, sa ville natale, et de demander accueil à Einar, son beau-père. Ils ne se sont pas vus depuis dix ans, quand Griffin, le fils d’Einar, est mort, une mort qu’Einar reproche toujours à Jean. Le vieil homme découvre l’existence de Griff, sa petite-fille, neuf ans. La gamine est attachée à sa mère malgré les mauvais choix de celle-ci, elle a des antennes et une faculté d’adaptation incroyables : très vite, elle se coule dans la vie du ranch, elle se lie d’amitié avec Mitch sans aucune réticence, elle dépasse ses peurs pour apprendre tout ce qu’elle peut apprendre grâce à Einar. Sa mère ne veut pas s’attarder là mais la magie du lien entre cette petite fille et les deux hommes va faire évoluer, ou plutôt faire reprendre la vie des uns et des autres.

Ce roman qui était depuis longtemps dans ma PAL m’a procuré mon premier vrai frisson de lecture de l’année. Rien de grandiose dans ce vieux ranch mais une amitié et une fidélité plus fortes que la mort, le désir de stabilité et de bonheur d’une petite fille, une attention aux petites choses du quotidien, la capacité à avancer, à laisser le passé au passé, à se parler, à nouer de nouvelles relations : voilà ce qui va faire évoluer Einar, Mitch et Jean, sous le regard de la petite Griff, une gamine sacrément futée. Sans oublier un petit grain de folie qui va embarquer nos deux compères dans une fameuse équipée non loin des montagnes de l’Absaroka (clin d’oeil littéraire donc à Walt Longmire, shérif du comté d’Absaroka).

L’auteur a entre autres dédicacé son livre à Kent Haruf et c’est vrai que l’on peut penser au Chant des plaines, notamment pour les liens intergénérationnels si inspirants. Bref, que du bon dans ce roman de Mark Spragg dont j’ai bien envie de découvrir Là où les rivières se séparent (récit autobiographique) et De flammes et d’argile (qui reprend les personnages de ce roman-ci).

« Elle a la sensation que sa vie n’appartient qu’à elle. Elle n’a pas à sourire ou à être polie, elle n’a pas à répondre ce qu’il faut ni même à réfléchir à ce qu’il convient de dire pour qu’on ne se mette pas en colère, qu’on crie, qu’on l’expédie dans sa chambre. Elle n’a pas à se soucier de la manière dont les hommes regardent sa mère, ni à attendre avec angoisse la prochaine catastrophe. Elle noue ses bras sur l’oreiller qui gonfle sa veste et se promet de ne pas oublier cette nuit. Comme ça, quand elle sera une femme, ce sera son modèle. Il lui suffira de se rappeler cette nuit et elle saura comment se rendre heureuse. »

Mark SPRAGG, Une vie inachevée, traduit de l’américain par Niole Hibert, Gallmeister, llection Totem, 2012

Un an avec Gallmeister – Thème de janvier : C’est la vie – Etat du Wyoming

Défi Un hiver au chalet – Catégorie Dans l’bois, j’veux retourner dans l’bois ! (Nature, faune, écologie)

L’Indien blanc

15 lundi Nov 2021

Posted by anne7500 in Des Mots noirs, Des Mots nord-américains

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Craig Johnson, Gallmeister, Walt Longmire

L'Indien blanc

Quatrième de couverture :

Walt Longmire, le shérif du comté d’Absaroka, n’a pas pour habitude de s’éloigner de ses terres familières du Wyoming. Quand il décide d’accompagner son vieil ami Henry Standing Bear à Philadelphie, où vit sa fille Cady, il ne se doute pas que son séjour va prendre une tournure tragique. Agressée pour une raison inconnue, Cady se retrouve dans le coma. Ell est la première d’une longue liste de victimes, et Walt doit se lancer sur la piste d’un vaste réseau de trafiquants de drogue. Commence alors une longue errance urbaine sous la surveillance d’un mystérieux Indien blanc.

Ce nouveau volet des aventures de Walt Longmire nous entraîne dans une course-poursuite haletante au cœur de la Cité de l’amour fraternel.

Dans cette troisième enquête de Walt Longmire, le shérif au grand coeur (je sais, ça fait cliché mais il est comme ça, Walt), nous sommes à Philadelphie où Walt a accompagné son ami Henry Standing Bear pour une importante expo photos et en profite pour retrouver sa fille Cady, « la meilleure avocate du pays ». Ou plutôt c’est Cady qui profite de l’occasion pour lui présenter son compagnon, Devon Conliffe, une relation assez sérieuse pour le présenter à son père. A l’appartement de Cady, c’est Lena Moretti, la mère de Vic (l’adjointe du shérif dans le comté d’Absaroka, Wyoming) qui accueille Walt, une femme apparemment très libre et sensuelle, épouse et mère de plusieurs flics sauf un, cuisinier (le père chante aussi à l’opéra, c’est une famille assez originale). Hélas, Walt ne retrouvera Cady qu’à l’hôpital, dans un état critique : elle a été agressée en ville, à un endroit où elle n’était pas censée être et est dans le coma, victime d’un grave traumatisme crânien. Quelques jours plus tard, c’est Devon Conliffe, que tout accusait de l’agression envers sa « fiancée », qui est à son tour jeté d’un pont.

L’enquête des policiers de Philadelphie – que le shérif Longmire suit ou aide ou encombre, c’est selon les points de vue – et qui va le mettre lui-même en danger – va révéler un trafic de drogue dans lequel trempent des notables et où un « Indien blanc » joue un rôle d’abord difficile à saisir. Il s’avèrera qu’il a été positivement influencé par Cady, et que cela a déclenché un jeu de dominos, d’où les agressions violentes dont plusieurs personnes ont été victimes.

Dans cet opus, on retrouve la fraîcheur, l’humour, les collègues et amis fidèles de Walt Longmire, son intelligence, son courage, sa vulnérabilité face aux belles femmes de caractère mais surtout son amour tellement fort envers sa fille et le courage qu’il va déployer pour trouver qui l’a agressée sans devenir lui-même un assassin (merci, la Nation cheyenne) et aussi pour attendre que Cady se réveille peut-être un jour. Décidément, Walt Longmire est lui aussi en train de devenir un de mes amis de papier (je l’ai peut-être déjà écrit ?)

Dans la scène d’ouverture, très drôle, où Walt, pour assurer sa réélection, fait la lecture à des gamins :

« — Ça fait combien de temps que tu es shérif ?
— Vingt-trois ans.
Il me semblait que cela faisait plutôt un million d’années.
— Tu connais Buffalo Bill ?
C’était peut-être bien un million, finalement. »

« Je sais que c’est idiot… mais il n’y a pas une seule photo de moi. (Je m’éclaircis la voix, espérant que j’aurais peut être ensuite l’air moins stupide et pathétique). Pas de photos de moi, ni chez elle, ni ici.
Il resta silencieux tandis qu’il me regardait patauger dans la culpabilité de mes émotions mal placées comme un animal blessé.
Je pensais juste que j’étais assez important dans sa vie pour mériter une ou deux photos.
Il tendit lentement un bras par-dessus le bureau et appuya sur la barre d’espacement de l’ordinateur.
Je levai les yeux et la vague qui me submergea fut une déferlante d’émotions : ruisselante, profonde et très ancienne. Je restais là tandis que le flux redescendait, mais l’eau salée resta dans mes yeux et me brouilla la vue.
Le fond d’écran était une photo géante de moi, la tête contre celle de Cady, et il était évident, étant donné l’angle de la prise de vue, qu’elle avait pris la photo en tenant l’appareil à bout de bras. Nous souriions tous les deux et elle avait le nez collé dans mon oreille. »

« Il chuchota, la tête penchée vers moi.
– Où est-ce que vous avez trouvé cette idée pour le fort ?
Je chuchotai à mon tour.
– VTI.
C’est quoi ?
– Vieux Truc Indien. »

« Osgood lança un regard appuyé à Vic et la détailla de son tour du cou en turquoise jusqu’à ses bottes. J’avais une envie irrépressible de le balancer par dessus la balustrade.
– Alors vous venez du Wyoming ?
Elle finit son cocktail trouble et sortit une olive qui avait été empalée sur une minuscule épée en plastique.
– Je viens de la 9ème rue, espèce de sous-merde, et t’avise pas de l’oublier. »

« Je m’assis sur la chaise à côté du lit et contemplai son visage immobile et les objets cheyennes disposés tout autour d’elle, et je me mis à pleurer. Je ne pouvais plus m’arrêter. Toute l’émotion accumulée durant la dernière semaine fissura mon personnage de gros dur, qui commença à craquer comme un morceau de glace jeté dans un seau d’eau chaude. Je sentais le flot de larmes sur mes deux poings réunis. Je ne me rendis pas compte que Michael bougeait, mais je sentis sa main se poser sur mon épaule. La vilaine  bogue de cynisme qui avait tenu Cady à distance et qui m’avait préparé à la laisser partir se délitait. Je passai rapidement de l’abattement au soulagement et lorsque mes yeux parvinrent à s’ouvrir à nouveau je remarquai que j’avais littéralement écrasé l’attelle de mon doigt. » (p. 253-254)

« Comme beaucoup de choses dans ma vie, je l’avais usé jusqu’à la corde, mais c’est l’amour qui l’avait usé, et c’est la meilleure usure qui soit. Peut-être sommes nous comme toutes ces voitures délabrées, ces outils cassés, ces vêtements usés, ces disques rayés et ces livres cornés. Peut-être que la mort n’existe pas, peut-être que la vie nous use à force d’amour, c’est tout. » (p. 346-347)

Craig JOHNSON, L’Indien blanc, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, Gallmeister, collection Totem, 2013

Petit Bac 2021 – Etre humain 5

La couleur des sentiments

26 vendredi Fév 2021

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots nord-américains

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Editions Jacqueline Chambon, Kathryn Stockett, Mississipi, ségrégation raciale

Quatrième de couverture :

Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.

Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l’a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.

Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.

Je dois être une des dernières à lire La couleur des sentiments, publié en 2010, l’année où j’ai ouvert mon blog, et sans doute découvert à cette occasion (une des premières tentations sur la loooongue liste liée aux blogs). Je l’avais offert à ma maman, qui me l’a prêté et… oui, honte sur moi, je le lis seulement maintenant.

Nous sommes en 1962, à Jackson, Mississipi. Elles sont trois, deux Noires et une Blanche, trois femmes unies par un sentiment d’injustice, une colère sourde, trois femmes qui vont s’atteler à un projet commun et qui vont comprendre que les limites déterminées par la couleur de peau ne sont que des barrières extérieures, qu’on peut les empêcher de vous pourrir la tête. Elles, ce sont : Aibileen, la bonne des Leefolt, déjà d’un certain âge, qui se sent pousser une petite graine dure comme pierre depuis la mort accidentelle de son fils ; Minny, cinq enfants, un mari alcoolique et violent, toujours en colère, la bonne qui n’a trouvé du travail que chez une jeune femme étrangère à la ville, Miss Celia, qui – heureusement – ne comprend rien aux codes et aux diktats de la Ligue des femmes, même si elle voudrait tant en faire partie ; Skeeter, jeune diplômée blanche qui vit toujours chez ses parents, sur la plantation de coton, et qui est encouragée par une éditrice new-yorkaise à écrire sur un sujet fort qui lui tient à coeur. 

Et c’est ainsi que naît ce projet d’un livre de témoignages des bonnes noires sur leur travail et leurs relations avec les familles blanches chez qui elles travaillent, particulièrement les femmes et les enfants. N’oublions pas qu’on est en 1962 seulement et que, s’il venait à être découvert, ce projet coûterait cher aux bonnes. Car si les hommes blancs règlent brutalement leurs comptes à coups de poings ou de revolver, (le Ku Klux Klan n’est jamais loin), les femmes blanches – du moins les plus influentes, les plus racistes (ou les plus frustrées ?) – s’y entendent vicieusement bien pour détruire peu à peu la vie des Noires si nécessaire.

Le roman alterne les points de vue des trois principales protagonistes, tout en dressant un portrait rapproché d’autres femmes, Miss Leefolt, Miss Hilly ou la mère de Miss Skeeter, sans oublier Constantine, l’ancienne bonne de Skeeter dont celle-ci est sans nouvelles. Les pages se tournent toutes seules, on rit, on a la gorge serrée, on espère avec nos trois héroïnes que leur livre sera bien édité mais on tremble des conséquences qu’elles pourraient subir. Et puis ne croyez pas que tout est manichéen, il y a beaucoup de nuances dans ce roman qui montre que les relations entre les maîtresses de maison et leurs bonnes oscillent entre mépris racial et amour, avec surtout beaucoup d’amour, même s’il est fondé sur des rapports de ségrégation. Il porte aussi le message que l’on peut trouver sa place dans la vie, même si on n’est pas né au bon endroit dans les bonnes conditions ou si on ne se sent pas bien dans sa peau : c’est un message commun à Aibileen, Minny, Skeeter et bien d’autres, si elles veulent bien le comprendre.

Kathryn Stockett explique à la fin comment elle s’est inspirée de sa propre nounou noire, Demetrie, et combien elle s’est sente marcher en équilibriste sur le fil de son roman, puisqu’elle a osé se mettre dans la peau de deux femmes noires et parler à leur place, en quelque sorte. Pari audacieux, mais réussi.

« Je suis revenue à la maison ce matin-là, après qu’on m’a renvoyée, et je suis restée dehors avec mes chaussures de travail toutes neuves. Les chaussures qui avaient coûté autant à ma mère qu’un mois d’électricité. C’est à ce moment, je crois, que j’ai compris ce qu’était la honte, et la couleur qu’elle avait. La honte n’est pas noire, comme la saleté, comme je l’avais toujours cru. La honte a la couleur de l’uniforme blanc tout neuf quand votre mère a passé une nuit à repasser pour gagner de quoi vous l’acheter et que vous le lui rapportez sans une tache, sans une trace de travail. »

« La laideur, on l’a en dedans. Être laid, ça veut dire être méchant et faire du mal aux autres. Alors, t’es comme ça toi ?
– Je ne sais pas… Je ne crois pas », sanglotais-je.
Constantine s’assit à côté de moi à la table de la cuisine. J’entendis craquer ses articulations enflammées. Je sentis son pouce s’enfoncer dans la paume de ma main, ce qui, nous le savions elle et moi, signifiait, Ecoute. Ecoute-moi bien.
« Chaque jour de ta vie, jusqu’à ce que tu sois morte et enterrée, tu devras te poser cette question et y répondre. »
Constantine était si près que je voyais la noirceur de ses gencives.  » Tu devras te demander, est-ce que je vais croire ce que ces crétins diront de moi aujourd’hui? »

« N’était-ce pas le sujet du livre ? Amener les femmes à comprendre. Nous sommes simplement deux personnes. Il n’y a pas tant de choses qui nous séparent. Pas autant que je l’aurais cru. »

Plein d’avis et de citations sur Babelio

Kathryn STOCKETT, La couleur des sentiments, traduit de l’anglais (Etats-Uis) par Pierre Girard, Editions Jacqueline Chambon, 2010 (Babel, 2012)

African American History Month Challenge – Journée spéciale Héroïnes

Petit Bac 2021 – Couleur

Défi Un hiver au chalet : Patiner sur le lac (un livre réconfortant)

50 états, 50 romans : Mississipi

Challenge Grand prix des lectrices de Elle

 

Trouver l’enfant

02 mardi Fév 2021

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots nord-américains

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Rene Denfeld, Rivages noir

Quatrième de couverture :

Il y a trois ans, Madison Culver a disparu dans la forêt nationale de Shookum, Oregon. Elle aurait aujourd’hui huit ans. Certains que quelqu’un l’a enlevée, les Culver se tournent vers Naomi. Enquêtrice connue de la police comme « la femme qui retrouve les enfants », Naomi est leur dernier espoir. Elle comprend des êtres comme Madison parce qu’elle aussi a été portée disparue. Alors que Naomi suit la piste de l’enfant, les fragments d’un rêve sombre transpercent ses défenses, lui rappelant une perte terrible depuis longtemps refoulée.

Encore une lecture de saison (et décidément j’enchaîne les bonnes surprises en ce moment) avec ce roman à la fois policier et noir qui se passe en Oregon, un état immense du nord-ouest américain couvert de nombreuses forêts et dont le climat est particulièrement rude en hiver. Un pays de trappeurs et de forestiers aussi rudes que le temps.

C’est ici que Naomi, l’enquêtrice, « la femme qui retrouve les enfants », a ses racines, du moins sa famille adoptive et une amie très chère. Elle ne se lie pas avec grand monde, Naomi, elle n’accorde pas facilement sa confiance. On l’a appelée en désespoir de cause pour tenter de retrouver Madison, une petite fille de cinq ans disparue trois ans auparavant dans la forêt et dans la neige. Pour beaucoup de gens, il ne fait aucun doute que la gamine est morte de froid et qu’on ne retrouvera jamais son corps. Mais Naomi, à la fois réaliste et déterminée, se met sur la piste de la petite fille, qui adore les contes.

Bientôt, on demandera à la jeune femme de rechercher un autre enfant disparu dans la même petite ville, un bébé dont tout le monde croit que la mère, déficiente, l’a tué.

Parallèlement à l’enquête, le lecteur est transporté dans les rêves de Naomi, qui font peu à peu émerger un secret enfoui lié à sa propre disparition lorsqu’elle était enfant, dans la vie qu’elle a réappris à vivre à la ferme de Mrs Cottle, sa mère adoptive, avec Jerome, l’autre enfant adopté, et il est aussi amené à découvrir ce qui est arrivé à Madison depuis trois ans (et qui m’a un peu fait penser, à hauteur d’enfant, à Lettre à mon ravisseur).

Ces aller et retours entre passé et présent, rêve et réalité, ville et forêt, créent un rythme palpitant et ce roman, où la nature souvent hostile est omniprésente, est passionnant, les pages se tournent toutes seules. C’est à la fois sombre et lumineux grâce à la personnalité très attachante et mystérieuse de Naomi. J’ai hâte de connaître la suite (quand elle paraîtra en poche : La fille aux papillons), car on comprend bien à la fin que Naomi va partir sur les traces de son propre passé d’enfant enlevée et cela nous promet encore bien du suspense.

« Elle voyait de tout petits oiseaux à gorge rouge dans la neige. Elle entendait le bruit sonore du battement d’ailes d’un grand-duc dans les arbres noirs. Au-dessus de sa tête, des rapaces décrivaient des cercles, se déplaçaient si lentement qu’ils semblaient faire partie du ciel. A plusieurs reprises elle avait vu des aigles à la gorge aussi blanche que la neige en contrebas.
La forêt était vivante. »

« Parfois, au milieu des ténèbres, des éléments de la forêt venaient à elle. Des rameaux pénétraient son corps, s’insinuait en elle, dans les endroits les plus intimes. Son corps appartenait à la forêt et si, parfois, la forêt venait et s’insinuait en elle… c’était le prix à payer, non ?
A payer pour quoi? interrogeait son cœur.
A payer pour vivre, répondait son âme. »

« Longtemps elle avait pensé qu’il n’est pas de lieu sûr, même dans nos pensées. Même là, il peut exister des pierres. Au détour du chemin on peut trouver un secret qui moisit dans le noir tel un champignon vénéneux. Le rêve était tel un sombre démon qui traînait derrière lui des lambeaux du passé. Il était difficile de différencier ce qui était squelette qu’il fallait enterrer et trésor qu’il fallait révéler. »

« Tu dis ça pour que je t’accepte dans mon lit ? lui demanda-t-elle d’une voix débordant d’émotion.
– Non. » D’un ton affectueux.  » je dis ça pour que tu m’acceptes dans ton cœur. »

« Elle me dit que ce sont des gens comme nous qui sauveront le monde : ceux qui ont marché du côté du chagrin et qui ont vu l’aube. »

Rene DENFELD, Trouver l’enfant, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Bondil, Rivages/Noir, 2020 (Rivages, 2019)

L’avis de Kathel et d’Aifelle

Défi Un hiver au chalet, catégorie Attache ta tuque avec d’la broche ! (un livre à la couverture enneigée)

Challenge Petit Bac 2021, catégorie Etre humain

Les sortilèges du Cap Cod

15 mardi Déc 2020

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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10/18, Richard Russo

Quatrième de couverture :

Il suffit d’un mariage pour que celui de Joy et Jack Griffin, la soixantaine, vole en éclats. Un an plus tard, les noces de leur propre fille au cap Cod scellent leurs retrouvailles. De retour sur les lieux de son enfance, Jack vient y disperser les cendres de ses impitoyables et défunts parents. Le contexte invite à la crise existentielle. Et le bilan des ratés est lourd !

De Richard Russo, je n’ai lu jusqu’à présent – et il y a longtemps – que Le déclin de l’empire Whiting, dont je n’ai que le souvenir de l’avoir beaucoup aimé, au point d’acheter d’autres romans de l’auteur sans leur accorder de temps… Shame on me ! Aussi quand Ingamnic a proposé une LC Richard Russo pour ce 15 décembre, j’ai sauté sur l’occasion. J’ai choisi ce roman pour son format assez court (327 pages), je crois que j’aurais eu du mal à m’arrimer à un roman plus log en ce moment. Et la magie Russo (et Cap Cod) a fonctionné !

Deux mariages, une rupture, des souvenirs en masse, il ne se passe pas grand-chose dans Les sortilèges du Cap Cod, mais le regard à la fois acéré et empathique de l’auteur vous embarque dans l’histoire de ses personnages : le couple Jack Griffin et sa femme Joy, leur fille Laura et ses amis Kelsey et Sunny Kim, le fiancé de Laura, le coscénariste de Jack, Tommy,  et surtout les parents de Jack et de Joy.

Les parents du premier sont des universitaires aigris de nature, qui ont tenté de compenser les années académiques qu’ils jugeaient pourries dans des vacances annuelles au Cap Cod, dans des locations plus ou moins chic selon l’état annuel de leurs finances. Jack a gardé en mémoire la valeur symbolique attachée à cet endroit et aussi les émotions liées à la rencontre un été d’une vraie famille bien plus aimante que la sienne. Quant à Joy, elle vient d’une famille nombreuse où tout le monde porte un prénom en J (je me rends compte en écrivant qu’elle a épousé un homme en J) et où la carrière universitaire importe bien moins que la convivialité, l’attachement, la fidélité indéfectible. Jack et Joy veulent construire leur vie de couple de façon personnelle, ils bâtissent leur parcours en tentant de rester fidèles à « la convention de Truro » qu’ils ont établie lors de leur voyage de noces. Mais quand vient le temps du mariage de leur fille unique, il faut se rendre à l’évidence : les modèles de leurs parents ont influencé, consciemment ou non, leur propre mode de vie de couple. A l’instar de sa mère, snob universitaire invétérée, Jack ne peut s’empêcher de mépriser sa belle-famille tout en acceptant, la mort dans l’âme, son aide financière et Joy souffre de la raideur affective de son mari.

Le mariage de Kelsey, un an avant celui de Laura, fait éclater les ressentiments dans le couple. Et remonter les souvenirs d’enfance, de jeunesse des uns et des autres à la surface. C’est par le regard de Jack Griffin que nous suivons ce remue-ménage psychologique. Un an plus tard, alors qu’il transporte toujours les cendres de ses parents, à disperser quelque part au Cap Cod, le mariage de Laura va dénouer tous les noeuds dans un dîner de répétition apocalyptique : qu’est-ce que j’ai ri, qu’est-ce que c’était bien fichu !

C’est un roman sur le couple, la famille, l’héritage plus ou moins encombrant des parents pour leurs enfants. Les sortilèges du Cap Cod sont à prendre à double sens : magie de l’enfance, magie du souvenir qui jette aussi un voile falsifié sur les personnages devenus adultes. Richard Russo nous emmène au coeur de ces sortilèges dans une construction impeccable, avec empathie et ironie mêlées. De quoi me donner envie de continuer à le lire !

« Pour Griffin, qui avait maintenant cinquante-sept ans – à peu près l’âge de ses parents lorsqu’il avait épousé Joy -, les noms de localités du cap avaient gardé toute leur magie : Falmouth, Woods Hole, Barnstable, Dennis, Orleans, Harwich. Ces toponymes le ramenaient à son enfance, au siège arrière de la voiture familiale, où il avait passé une bonne partie de sa jeunesse, sans ceinture, les bras posés sur les sièges avant, à tendre l’oreille pour attraper des bribes de ce qu’ils se disaient sans jamais essayer de l’inclure dans leurs conversations. Non pas qu’elles l’aient intéressé tant que ça, mais il était conscient que se prenaient là des décisions ayant des conséquences directes sur sa vie, et, s’il les interceptait assez tôt, peut-être aurait-il l’opportunité de donner son avis. Malheureusement, le simple fait que son menton soit posé sur l’appuie-tête semblait l’exclure d’emblée. Dans l’ensemble, les informations qu’il glanait ne valaient pas tant d’efforts. « Wellfleet, disait par exemple sa mère, le nez dans un atlas routier. Pourquoi est-ce qu’on n’a jamais essayé Wellfleet ? » L’année où Griffin entra en seconde, celle de leur dernier séjour au cap, ils avaient déjà ratissé les locations saisonnières de la région. Chaque été, au moment de rendre les clés à l’agence, on leur demandait s’ils envisageaient de revenir l’année suivante. Ils répondaient toujours par la négative, et Griffin commençait à douter que cet endroit rêvé existe pour de bon. Il finit par conclure que le chercher leur suffisait peut-être. »

« C’était au sujet de l’endroit où ils passeraient leur lune de miel qu’ils avaient connu leur premier vrai désaccord. Elle penchait pour les côtes du Maine où elle allait en vacances quand elle était petite. Chaque été, la famille louait la même vieille baraque à moitié en ruines non loin de l’endroit où sa propre mère avait grandi. Les huisseries laissaient passer les courants d’air, la charpente craquait, et le parquet était tellement voilé que si un pion des petits chevaux tombait de la table de la cuisine, on courait après jusque dans le salon pour le récupérer. Mais ils y étaient habitués, et il y avait assez de place pour loger les parents, les cinq enfants et les éventuels visiteurs du week-end. Joy se souvenait des dîners en famille et des excursions le soir vers un parc d’attraction de la région, des parties de Monopoly et des tournois de Cluedo qui duraient la journée entière quand il pleuvait. Même après la mutation de son père dans l’Ouest, ils retournaient passer le mois de juillet dans le Maine, malgré les plages de galets et l’eau trop froide pour s’y baigner. Joy était allée jusqu’à suggérer de louer cette même maison pour leur lune de miel. Ce qui appelait la Grande Question numéro un : pourquoi Griffin l’avait-il convaincue d’aller au cap à la place ? Puisque l’opportunité leur était donnée de suivre les traces d’un mariage heureux – celui des parents de Joy l’avait été, sans l’ombre d’un doute -, pourquoi choisir l’exemple misérable donné par ses propres parents ? »

« Griffin était obligé de reconnaître que la côte déchiquetée du Maine était époustouflante, et sa lumière d’une telle pureté qu’elle en était presque douloureuse. Il ne pouvait s’empêcher de se demander comment les choses auraient évolué si ses parents étaient tombés amoureux de cette partie du monde plutôt que du cap Cod. L’immobilier y aurait été beaucoup moins cher, d’où la question suivante : se seraient-ils satisfaits d’une propriété dans leurs moyens ? En définitive, tout l’attrait du cap, ou presque, résidait dans son inaccessibilité scintillante, sa capacité magique à leur échapper d’année en année, cette fameuse étoffe dont sont faits les songes. »

Richard RUSSO, Les sortilèges du Cap Cod, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, 10/18, 2012 (Quai Voltaire, 2010)

LC Richard Russo :

Retour à Martha’s Vineyard chez Ingamnic, Kathel, Krol, 

Le déclin de l’empire Whiting chez Aifelle, 

Et m…! chez Lilly, 

 

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