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Archives de Tag: bande dessinée

Melvile L’histoire de Samuel Beauclair

30 vendredi Avr 2021

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des mots en images

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bande dessinée, Le Lombard, Melvile, Romain Renard

Melvile, tome 1 : L'histoire de Samuel Beauclair par Renard

Présentation de l’éditeur :

Après un premier roman, Samuel Beauclair s’installe à Melvile dans une maison ayant appartenu à son père, lui-même romancier. En proie à une dépression créative et amoureuse, il ne parvient plus à écrire. Il espère trouver dans les lieux de son enfance une nouvelle sérénité, loin des noirceurs du passé. A la suite d’une double rencontre, celle des frère et soeur, Rachel et David, Samuel ouvrira des portes trop longtemps restées closes. Mais c’était sans compter qu’ici, à Melvile, certains démons, certaines légendes prennent chair et corps bien plus facilement qu’ailleurs…

Pour marquer le dernier jour officiel du Mois belge 2021, une fois n’est pas coutume, je vous présente une BD. Pendant les vacances de Pâques, je suis allée au Centre belge de la BD où une nouvelle expo temporaire venait de démarrer : United Comics of Belgium, où neuf commissaires, dessinateurs bien installés dans le paysage belge, présentent les nouveaux talents de la bande dessinée en Belgique. Parmi eux, j’ai été subjuguée par les planches en noir et blanc exposées par Romain Renard, artiste polymorphe et auteur de deux tomes (un troisième va normalement paraître en septembre) consacrés à Melvile.

Melvile est un lieu non situé explicitement mais on peut se croire en Amérique, aux USA ou au Canada, dans une région de forêts. C’est là que s’est réfugié Samuel Beauclair, en panne d’inspiration après avoir publié un premier roman. Il est un peu aux abois, « harcelé » par son éditeur, des créanciers et même sa femme. Pour arrondir ses fins de mois, il répond à une petite annonce et se met à faire des travaux de peinture chez Rachel et David, un frère et une soeur avec qui il lie rapidement amitié (et plus). Mais en réalité, la forêt de Melvile est peuplée de légendes et de fantômes, notamment celui du père de Samuel, personnalité écrasante, lui aussi écrivain.

Je ne vous en dis pas plus. Sachez simplement que le dessin, les couleurs et la mise en page de Romain Renard sont (à mon goût) sublimes : des tons de terre, de bois, des sépias, des bleu nuit profonds, pour accompagner notamment la dépression de Samuel, mais avec toujours une source lumineuse qui laisse une ouverture. Les ambiances sont à la fois sombres et profondes, avec cette ouverture de lumière malgré tout, le découpage est tantôt classique, tantôt déployé sur la page, tantôt resserré en longues bandes rectangulaires superposées. Je m’attendais à des planches en noir et blanc, comme celles du projet en cours (le troisième tome) dans l’expo, mais je ne suis pas déçue par cette version couleur. Et si vous avez l’occasion de passer au Musée de la BD, profitez de ce noir et blanc d’une intensité somptueuse. (Il y a aussi jusqu’au 30 mai une tout aussi belle expo sur Juanjo Guarnido, le créateur entre autres de Blacksad.)

Vous pouvez feuilleter quelques pages de ce premier tome de Melvile sur la page du livre chez l’éditeur.

Romain RENARD, Melvile L’histoire de Samuel Beauclair, Le Lombard, 2013

Le Mois belge 2021 – catégorie A suivre

Petit Bac 2021 – Prénom

Les chemins de Compostelle, tome 1 – Petite licorne

15 samedi Avr 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des mots en images

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bande dessinée, Jean-Claude Servais, Les chemins de Compostelle

Présentation de l’éditeur :

Lieu hautement symbolique, Compostelle attire chaque année des milliers de pèlerins à travers l’Europe. Blanche, Céline et Alexandre vont, eux aussi, emprunter ce chemin à un moment de leur vie. Dépositaire d’un savoir précieux auquel son grand-père alchimiste l’a initiée, Blanche part de Belgique sur ses traces, après qu’il eut été retrouvé sans vie sur une plage près de Compostelle.

Le point de départ de Céline se situe au Mont-Saint-Michel, où elle a commencé son noviciat. Quant à Alexandre, guide de montagne dans les Alpes suisses, c’est le décès de Margaux qui va le jeter, lui aussi, sur cette route pleine de questions, mais peut-être aussi de réponses.

Au fil de ces voyages initiatiques et de ces destins croisés, Jean-Claude Servais nous emmène avec lui, pour un récit en sept albums, sur les chemins de France et nous fait découvrir des paysages sublimes et des lieux nourris de culture, d’histoire et de mystères.

Alors que le tome 3 vient de paraître, je démarre seulement la découverte de ces Chemins de Compostelle mais je retrouve Jean-Claude Servais dont j’ai lu, bien sûr, il y a tellement longtemps, Tendre Violette à laquelle il fait référence en ces pages.

Ce premier tome met en place les quatre personnages que nous allons suivre au long du pèlerinage vers le Campo stellae, le champ des étoiles. Dans ce premier volet, un accent particulier est mis sur Blanche, la Belge, qui démarrera de la Grand-Place de Bruxelles. Dès son enfance, Blanche a été nourrie des histoires et des traditions alchimistes transmises par son grand-père brasseur (à qui le vrai Bernard Tirtiaux a bien voulu prêter ses traits). J’ai été assez ébahie par une visite de la fameuse Grand-Place sous l’angle des symboles de l’alchimie.

Les trois autres marcheurs sont Céline, novice au Mont Saint-Michel (saint Michel terrassant le dragon se trouve aussi au sommet de la flèche de l’Hôtel de ville de Bruxelles), Alexandre, poussé à partir de Suisse après plusieurs décès de proches, et Dominique qui, pour des raisons encore mystérieuses, démarre du Finistère breton pour arriver au Finisterre espagnol. C’est l’occasion pour Jean-Claude Servais de montrer à quel point le pèlerinage initial, qui existe depuis le Moyen Age (où il a connu son apogée du XIè au XVè siècle), s’est renouvelé, a repris des couleurs différentes depuis les années 1980. L’auteur veut également évoquer d’autres mystères que ceux de la foi, qui expliqueraient cet engouement pour le Camino : il montre les similitudes architecturales, symboliques entre différents lieux européens, qui « supposent peut-être la présence antérieure, sur les chemins, d’une civilisation gréco-latine ou celte, que l’Eglise aurait cherché, par le mythe de Saint-Jacques, à récupérer et à christianiser. » « Pour d’autres, ce voyage vers la Galice espagnole porte avant tout la trace d’un voyage initiatique qui prend ses sources dans l’Alchimie. » (Source : explications en fin d’album)

Quel bonheur de retrouver le dessin de Jean-Claude Servais, sublimé par les couleurs de Raives. Finesse, raffinement des détails, beauté des visages, ampleur des paysages, jeux de lumière, tout est au service du récit, très bien documenté (on parcourt à travers cet album plusieurs monuments du patrimoine et c’est magnifique), et des personnages.  Une profonde humanité se dégage de ces planches aux dialogues parfois un peu bavards, c’est mon seul bémol, mais il faut bien expliquer au lecteur novice les secrets de l’alchimie. Quant aux secrets des quatre marcheurs, ils se révéleront sûrement dans la suite que j’ai hâte de lire.

Jean-Claude SERVAIS, Les chemins de Compostelle, tome 1 – Petite licorne, Editions Dupuis, 2014

(La toute première planche)

Paul dans le Nord

08 mercredi Mar 2017

Posted by anne7500 in Des mots du Québec, Des mots en images

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bande dessinée, La Pastèque, Michel Rabagliati, Montréal, Paul dans le Nord, Québec

Présentation de l’éditeur :

Été 76. Paul a 16 ans et ne rêve que d’une chose : une motocyclette Kawasaki KE100 pour fuir son quotidien et ses parents envahissants. Avec Ti-Marc, un nouvel ami rencontré à sa polyvalente, Paul traversera cette période difficile de son adolescence avec un peu plus de légèreté. Voyages en auto-stop, soirées arrosées entre copains et expériences nouvelles seront au rendez-vous. Le tout, sur fond de jeux olympiques, de musique de Peter Frampton et de Beau Dommage…

Dans cette série, je n’ai lu que Paul à Québec jusqu’à présent, où il était bien adulte et confronté à la fin de vie de son beau-père. Ici, Paul est un ado un peu boutonneux, qui se retrouve presque fils unique après le départ de sa soeur, entre un papa qui ne comprend pas grand-chose à la crise adolescente et une maman poule qui se préoccupe aussi pas mal de ses rides. Et non, contrairement à cette situation de départ, cette BD n’est absolument pas bourrée de clichés ! Elle se décline en chapitres, entre le chalet de vacances dans le Nord, la rentrée des classes à Montréal, une nouvelle amitié avec Ti-Marc, les après-midi entre potes à écouter de la musique, fumer des joints, refaire le monde, le travail avec le gaillard oncle Raynald pour gagner de quoi se payer une moto, une virée « sur le pouce » au Mont-Laurier, le premier amour…

Le tout est bourré de vitamines, j’ai souvent souri et même ri aux aventures de Paul (les efforts de Raynald pour l’initier aux choses du sexe, la naïveté du jeune homme dans l’expédition au lac Rond (ou Long ou Bleu ou…?) et j’ai compati aussi à ses divers déboires. On sent qu’il y a vraiment du vécu dans le scénario de l’auteur ! Même si, parfois, j’ai un peu de mal avec le dessin de Michel Rabagliati (le dessin des visages, les silhouettes aux pieds en canard), il faut reconnaître que le découpage, les cadrages, le rythme de ses planches accompagne à merveille le quotidien d’un ado, ses rêves, ses colères, ses accès d’adrénaline ou de mélancolie, la montée des hormones aussi. En filigrane, l’actualité du Canada et de Montréal en 1976 : on voit des pubs pour Union Carbide ou la GM, témoins d’une époque insoucieuse, on assiste à la construction (déjà en retard à l’époque) des installations olympiques et des JO. avec cet incroyable 10/10 récolté par Nadia Comaneci.

Le tout forme un album rafraîchissant et réjouissant !

Michel RABAGLIATI, Paul dans le Nord, La Pastèque, 2015

La Foire du livre de Bruxelles ouvre ses portes ce soir, elle met notamment à l’honneur la ville de Montréal (youpiiiie !) : c’est l’occasion pour moi de vous proposer quelques livres qui se passent là-bas d’ici la fermeture lundi prochain.

Léa ne se souvient pas comment fonctionne l’aspirateur

01 mercredi Mai 2013

Posted by anne7500 in Des mots en images

≈ 41 Commentaires

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aspirateur, bande dessinée, Corbeyran, Gwangjo, Léa

Présentation de l’éditeur (en partie) :

Louis Levasseur est un homme de lettres. Mais l’écrivain est en panne d’inspiration depuis une éternité.
La découverte d’un journal intime pourrait bien le tirer de cette mauvaise passe. Ce journal c’est celui de Léa, une jeune femme mariée qui vient de déménager de l’immeuble où habite Louis. A priori rien d’extraordinaire dans ce journal qui n’est qu’une accumulation de lieux commun et de considérations sans intérêt sur la vie.
Rien d’intéressant donc, si ce n’est qu’un matin, subitement, Léa a oublié comment fonctionnent tous les appareils électroménagers de la vie de tous les jours. Pourquoi n’arrive-t-elle plus à lire les modes d’emplois ? Il faut qu’elle trouve une solution, son mariage est en jeu…

—

Toujours à la recherche de découvertes (et de titres intéressants pour le Petit Bac, j’avoue), j’ai pioché cette BD en bibliothèque. C’est le dessin qui m’a séduite, et c’est toujours lui qui l’emporte au final.

Pour ce qui est du scénario, écrit par Corbeyran, il y a du bon et du moins bon. Le point de départ est intéressant, celui d’un écrivain raté qui trouve une idée grâce à un journal intime trouvé dans une poubelle, ainsi que la mise en abyme : un livre dans le livre (et même à partir d’un troisième texte, le journal intime), c’est une idée qui n’a pas encore lassée, et le scénariste en joue en liant ce thème à celui de la célébrité toute nouvelle (et relative) de son personnage romancier. Mais la véritable histoire de Léa, je l’avais à moitié devinée… un mari qui réagit si gentiment face aux errances d’une jeune épouse bouleversée par son incompétence ménagère, c’était bien trop poli pour être honnête ! L’effet de « suspense » a donc été inopérant pour moi. Je ne vous dirai pas de vive voix cette véritable histoire, mais il me faut avouer que je l’ai même trouvée un peu trop simple (quoiqu’il ne faille pas la banaliser), et la réaction du romancier limite macho…

Par contre, le dessin de Gwngjo, quelle merveille ! Tout est au crayon, et ce choix du gris et de ses nuances correspond à merveille à l’histoire de cette jeune femme discrète, effacée (au double sens du terme : qui s’efface et qu’on efface). Mais il n’y a pas que la douceur du gris : il y a aussi dans le trait de Gwangjo une force, une précision, un sens du détail dont l’oeil du lecteur se régale. J’ai admiré la beauté des visages et les ambiances urbaines très réussies.

Il y a donc un véritable charme dans cette BD et dans le personnage de Léa, dans lequel je n’ai pas marché à fond, mais qui ne m’a pas déplu du tout…

GWANGJO et CORBEYRAN, Léa ne se souvient pas comment fonctionne l’aspirateur, Dargaud, 2010

Noukette est plus positive que moi.

J’inscris cette BD aux mercredis BD de Mango, bien sûr, et au Petit Bac d’Enna, ligne BD, catégorie Objet

Logo BD Mango bleu (1)   logo Petit Bac 2013

Daytripper – Au jour le jour (BD du mercredi, 3)

20 mercredi Fév 2013

Posted by anne7500 in Des mots en images

≈ 48 Commentaires

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bande dessinée, BD du mercredi, daytripper

Quatrième de couverture :

Les mille et une vies d’un aspirant écrivain… et ses mille et une morts. Brás de Oliva Domingos, fils du célèbre écrivain brésilien, passe ses journées à chroniquer les morts de ses contemporains pour le grand quotidien de Sao Paulo… et ses nuits à rêver que sa vie commence enfin. Mais remarque-t-on seulement le jour où notre vie commence vraiment ? Cela commence-t-il à 21 ans, lorsque l’on rencontre la fille de ses rêves ? Ou au crépuscule de sa vie…

Il faut se laisser porter par les huit premiers chapitres de cette étonnante BD avant de comprendre dans « Le rêve » et enfin le dixième chapitre que Bras de Oliva Domingos a longtemps rêvé sa vie plutôt que de la goûter vraiment. Apprécier les choses simples de la vie de famille, de la vie amoureuse, de son monde professionnel, tout en faisant sans doute preuve d’une imagination sans limite pour désirer mourir brutalement à n’importe quel âge et renaître pour une vie meilleure. Une imagination qui nourrit aussi sa vocation d’écrivain. Mais c’est aussi une histoire qui montre qu’une vie n’est jamais toute tracée d’avance, que l’on peut aller de l’avant malgré les échecs. C’est du moins ainsi que je l’ai compris… J’avoue que cela m’a un peu désarçonnée… avant ce chapitre 9 où j’ai commencé à comprendre.

Mon appréhension, qui me retenait un peu de lire des BD jusqu’ici, s’est révélée bien réelle ici : l’impression de déconnecter texte et image, de passer mon temps à lire, à essayer de comprendre l’histoire sans apprécier les images dans le même mouvement de lecture. Solution : soit j’apprends à faire les deux en même temps, soit j’accepte cette lecture en deux temps ! En tout cas, quand j’ai observé les images, j’ai particulièrement aimé la douceur du visage de Bras, la finesse, la justesse des visages en général, les décors brésiliens, les couleurs posées sur la page, jamais en aplat mais tout en nuances, la lumière qui se dégage des pages… Les planches à une seule image sont très belles, j’ai bien aimé celles qui séparent les différents chapitres, dans les tons sépia. Un sentiment de justesse, d’empathie se dégage de ce roman dessiné, de cette vie en images qui fait aussi la part belle à l’enfance.

Fabio MOON et Gabriel BA, Daytripper – Au jour le jour, traduit par Benjamin Rivière, Editions Urbancomics, 2012

Les avis de Cachou et de Noukette, de Jérôme, de Choco et de Brize, entre autres !

C’est ma BD du mercredi, chez Mango.

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Les ignorants (BD du mercredi, 2)

06 mercredi Fév 2013

Posted by anne7500 in Des mots en images

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bande dessinée, BD du mercredi, Etienne Davodeau, Les ignorants, Richard Leroy

Présentation de ‘l’éditeur :

Un vigneron chez Jean-Pierre Gibrat ou chez Emmanuel Guibert, et un auteur de bande dessinée dans la vigne : mais qui sont-ils ? Deux ignorants !
Comment, pourquoi, et pour qui faire des livres ou du vin ? Les réponses à ces questions forment le récit vivant et joyeux d’une initiation croisée. 

Par un beau temps d’hiver, deux individus, bonnets sur la tête, sécateur en main, taillent une vigne. L’un a le geste et la parole assurés. L’autre, plus emprunté, regarde le premier, cherche à comprendre « ce qui relie ce type à sa vigne », et s’étonne de « la singulière fusion entre un individu et un morceau de rocher battu par les vents ».
Le premier est vigneron, le second auteur de bandes dessinées.
Pendant un an, Étienne Davodeau a goûté aux joies de la taille, du décavaillonnage, de la tonnellerie ou encore s’est interrogé sur la biodynamie.
Richard Leroy, de son côté, a lu des bandes dessinées choisies par Étienne, a rencontré des auteurs, s’est rendu dans des festivals, est allé chez un imprimeur, s’est penché sur la planche à dessin d’Étienne…
Étienne et Richard échangent leurs savoirs et savoir-faire, mettent en évidence les points que ces pratiques (artistiques et vigneronnes) peuvent avoir en commun ; et ils sont plus nombreux qu’on ne pourrait l’envisager de prime abord…

J’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé cette grosse BD de 268 pages, bien abritée dans sa couverture cartonnée qui nous entraîne déjà dans le style clair, aéré et très évocateur d’Etienne Davodeau.

Ayant reçu une bonne éducation, je suis donc (logique) amatrice de vins, pas des grandes bouteilles hors de prix, mais les vins de plaisir, ceux qui nus plaisent d’abord et avant tout. Pour les grandes vacances, j’ai souvent été attirée par des régions où la vigne pousse, dans les Côtes-du-Rhône villages, le Mâconnais, les Côtes de Blaye, le Minervois, par exemple… La découverte du travail d’un vigneron m’intéressait donc tout particulièrement. Et comme vous l’avez lu ou deviné, j’ai décidé de m’intéresser de plus près à la BD en 2013, alors quelle plus belle introduction que l’initiation croisée menée par Etienne Davodeau auprès de son copain Richard Leroy, vigneron de Loire !

Le travail au fil des saisons, la taille de la vigne, qui semble l’activité principale et inépuisable de Richard, les techniques de culture bio, la biodynamie (dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à présent !), la caresse du soleil sur les ceps, la grande fête des vendanges, la patience et l’attente du vin qui mûrit, qui se construit dans l’obscurité du chai… autant d’étapes dans la vie du viticulteur, autant de moments de bonheur à découvrir sous le trait d’Etienne Davodeau. Cependant, il me faut avouer que cette BD est extrêmement frustrante : le nombre de bouteilles que Richard fait goûter sans qu’on puisse ne serait-ce que humer le parfum du vin !! Grrr 🙂

Côté bande dessinée, même plaisir en entrant dans les coulisses d’une imprimerie, en suivant la chaîne d’impression, en retrouvant la frénésie d’un salon du livre, en rencontrant d’autres dessinateurs qui partagent avec Etienne et Richard leur sens créatif.

Ce qui m’a surtout plu, c’est l’amitié qui lie les deux compères, le partage qui se construit entre eux, teinté d’humour, de franchise et de tendresse bourrue. Ainsi, des liens évidents, de subtils accords se dessinent entre le vin et la bande dessinée, entre les livres et les flacons, nourris par les échanges : La dégustation d’un livre est peut-être plus solitaire que celle d’un vin. Mais ils ont ceci de commun que leur goût se déploie et s’affine à la discussion » souligne par exemple Etienne Davodeau page 230. Ce qui est important aussi pour chacun d’eux, c’est la transmission, le partage d’un savoir-faire, d’un terroir, de techniques parfois ancestrales, et cette proximité à la nature, au « sang des cailloux » et à l’encre des pages fait du bien.

J’ai bien aimé aussi le travail graphique, l’usage du noir et blanc, tantôt net, précis, tantôt fondu dans les tons de gris, comme aquarellés, qui rendent tellement bien l’ambiance de la vigne, la beauté d’un cep, des feuillages de septembre, quand les grappes sont prêtes à être vendangées…

Pour calmer les frustrations éventuelles, l’auteur a eu la bonne idée de citer à la fin du livre tous les vins goûtés et toutes les BD prêtées par Etienne à Richard. Autant dire que je dois absolument photocopier cette page avant d’offrir cette BD à mon frangin, qui a dû patienter le temps que je la lise avant lui : je sais, je suis une horrible sans-gêne, mais c’est pour la cause de la BD, je n’ai absolument pas regretté de l’avoir lue ! C’est même carrément un coup de coeur, ma découverte du genre commence bien !

Etienne DAVODEAU, Les ignorants, Récit d’une initiation croisée, Futuropolis, 2011

Logo BD Mango bleu (1)chez Mango

Le site de l’auteur

Chroniques de Jérusalem

08 lundi Oct 2012

Posted by anne7500 in Des mots du Québec, Des mots en images, Non Fiction

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bande dessinée, guy delisle, Jérusalem

Voici une présentation de l’auteur et de cette BD trouvée ici :

Et si le meilleur guide de voyage était… une bande dessinée ? Ou, plus précisément, les albums de Guy Delisle ? Ce dessinateur canadien, issu du film d’animation, a longtemps bourlingué : appelé à superviser à différents endroits de la planète la réalisation de dessins animés, il en a profité pour prendre des notes – sous forme de dessins, bien sûr – qui, à son retour en France, ont donné naissance à quelques BD savoureuses. La première d’entre elles fut Shenzen, fruit d’un séjour en Chine. Puis il enchaîna avec ce qui reste probablement son album le plus abouti, Pyongyang, dans lequel il raconte la vie quotidienne dans la capitale de la Corée du Nord. Un récit inspiré par son séjour dans un studio coréen – car les producteurs de dessins animés font volontiers appel aux « petites mains » de ce pays pour des raisons économiques – qui oscille entre le burlesque et le tragique, entre culte de la personnalité et pénuries, entre envie de rire et envie de pleurer.
Delisle enchaîna ensuite avec Chroniques Birmanes, un album moins réussi et qui correspondait chez lui à un changement de « statut » : désormais, il ne voyageait plus pour des raisons professionnelles mais en tant qu’accompagnateur de sa femme, salariée d’une organisation humanitaire. Cette fois, toujours réduit à ce rôle en apparence secondaire – mais bien pratique, Delisle passe ses journées à s’occuper de ses enfants et à déambuler dans les rues, carnet de croquis à la main -, le voilà à Jérusalem. Une ville pour le moins compliquée, comme il le raconte avec son air de ne pas y toucher et son humour coutumier dans ce nouvel album. Compliquée car au cœur d’un nœud inextricable de religions et de politique, ce qui fournit au chroniqueur matière à observations qu’il consigne dans ses petits carnets, pour le plus grand bonheur des lecteurs que nous sommes. Car, mine de rien, Guy Delisle est un fin observateur des sociétés qu’il explore et ne perd pas une miette de leurs contradictions ni de leurs tensions, derrière ses airs de ne pas y toucher – et quoi de plus inoffensif, en apparence, qu’un jeune type en train de dessiner, là où un photographe suscite immédiatement la méfiance, voire l’hostilité ? Delisle se rend à Hébron, s’étonne de la liberté de ton des journalistes israéliens, essaie de s’y retrouver dans la complexité des fêtes religieuses afin de jongler avec les différents calendriers et s’interroge aussi avec humour sur lui-même (« j’ai comme l’impression de pas trop faire le poids comme grand reporter »). Et quand il s’arrête dans Jérusalem-Est pour manger une spécialité du moyen-orient, le vendeur, à qui il explique que sa femme travaille pour Médecins sans frontières, lui répond « il y a toujours des frontières ». « C’est assez fatigant comme pays, je trouve », conclut Guy Delisle, quelque peu désorienté par les contradictions et les tensions qui font le lot quotidien du pays…

————————

Si vous avez déjà parcouru ce blog, vous aurez compris que « je ne suis pas très BD », et il ne vous aura pas échappé que cela fait une semaine que je n’ai pas publié de billet de lecture… J’ai passé vaguement mes soirées à lire en tout et pour tout ces Chroniques de Jérusalem… elles m’intéressaient avant de commencer, rassurez-vous (si cela est nécessaire…)

Je n’en parlerai guère au plan graphique, je ne me sens pas très douée pour le faire. J’imagine que j’ai apprécié la lecture de ce pavé parce que la mise en forme en est très classique, une planche, des vignettes, pas de sortie de cadre, pas d’originalité particulière dans la mise en page. Guy Delisle a un dessin assez simple, il colore ses pages dans des tons très neutres, des valeurs de gris, de sable qui ne distraient pas trop le regard des textes. Ceux-ci par contre sont assez présents, expliquant les tournées de Guy Delisle dans la vieille ville de Jérusalem, ses voyages en Cisjordanie et les passages des check-points, les difficultés des humanitaires à atteindre Gaza, les fêtes juives, les divisions de la ville…

Avec son regard candide de gars qui joue le rôle d’home à la maison pendant que Madame travaille pour MSF, Guy Delisle parvient à nous faire capter toutes les contradictions, les complexités de la vie en Israël, les bâtons dans les roues surréalistes que se jettent parfois les diférentes confessions religieuses, les freins perpétuels et incompréhensibles (même pour les gens du crû) à négocier un processus de paix digne de ce nom. En même temps, j’ai parfois été un peu frustrée par ce point de vue de « Candide » qui me semblait un peu court. Par exemple, quand il va visiter la synagogue dont les vitraux ont été dessinés par Chagall, à l’intérieur du grand Hôpital universitaire Hadassah, il nous explique : « On apprend que sur le dernier il a dessiné Jérusalem sans ses murs car pour lui, la ville sainte devait être ouverte à toutes les nations. » Et Delisle met dans sa propre bouche cette réflexion : « Eh ben, il doit se retourner dans sa tombe, ce brave Chagall. » Ca manque un peu trop à mon goût d’approfondissement culturel, cette remarque… Mais bon, j’en demande peut-être un peu trop…

J’ai été heureuse de retrouver sous le trait fin de Guy Delisle les principaux lieux de Jérusalem et des environs que j’ai moi-même visités en juillet 2011 : la basilique du Saint-Sépulcre (et mon étonnement semblable au sien devant le lieu supposé du tombeau du Christ – pareil à Bethléem dans la basilique de la Nativité : je préfère m’imaginer les lieux et les évènements moi-même plutôt que de garder en tête ce que les gardiens des lieux saints en ont fait, des lieux sombres, enfumés d’encens, surchargés de décorations baroques), le Mur des Lamentations, l’esplanade des Mosquées (le plus bel endroit de Jérusalem, le plus apaisant, le plus silencieux), la forteresse de Massada, la Mer Morte… Parfois la page s’ouvre, les cases s’agrandissent, alors on respire, on goûte la beauté de cette ville et de ses lieux saints, on apprécie la finesse et la précision du trait.

Un éclairage différent sur ce pays déchiré dont on croit comprendre les difficultés, avant qu’un nouvel évènement, une nouvelle rencontre fasse voler en éclat les idées reçues. Guy Delisle le fait bien percevoir !

Guy DELISLE, Chroniques de Jérusalem, Editions Delcourt (Fauve d’or du meilleur album à Angoulême 2012)

Le billet d’Argali et celui d’Antigone

"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

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