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Archives de Tag: Donald R. Pollock

Une mort qui en vaut la peine

15 mardi Nov 2016

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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1917, Albin Michel, Donald R. Pollock, Etats-Unis, Ohio, Une mort qui en vaut la peine

Quatrième de couverture :

Après Le Diable, tout le temps, couronné par de nombreux prix, Donald Ray Pollock revient avec une fresque grinçante à l’humour très noir.

1917. Quelque part entre la Géorgie et l’Alabama. Le vieux Jewett, veuf et récemment exproprié de sa ferme, mène une existence de misère avec ses fils Cane, Cob et Chimney, à qui il promet le paradis en échange de leur labeur. À sa mort, inspirés par le héros d’un roman à quatre sous, les trois frères enfourchent leurs chevaux, décidés à troquer leur condition d’ouvriers agricoles contre celle de braqueurs de banque. Mais rien ne se passe comme prévu et ils se retrouvent avec toute la région lancée à leurs trousses. Et si la belle vie à laquelle ils aspiraient tant se révélait pire que l’enfer auquel ils viennent d’échapper ?

Fidèle au sens du grotesque sudiste de Flannery O’Connor, avec une bonne dose de violence à la Sam Peckinpah mâtiné de Tarantino, cette odyssée sauvage confirme le talent hors norme de Donald Ray Pollock.

Comme Purge de Sofie Oksanen, voilà encore un bouquin dont je me souviendrai immanquablement du début : les odeurs corporelles et animales, les suggestions visuelles, le portrait des trois frères Jewett et de leur vieux toqué de père sont inoubliables ! Dès le début, on a à la fois le sourire et la grimace de dégoût aux lèvres tant Donald Ray Pollock a de talent et d’humour très noir pour lancer ses personnages dans leur vie romanesque. En alternance avec les trois frères, nous entrerons aussi dans l’intimité d’Ellsworth et Eula Fiddler, un vieux coupe de paysans grugés par un escroc et dont le fils a disparu, le lieutenant Bovard, pressé de partir en Europe pour combattre dans les tranchées viriles, Jasper Cone, inspecteur des sanitaires au pénis surdimensionné, et bien d’autres encore qui, tous, au terme d’une construction impeccable (qui fait un peu penser aux feuilletons du 19è siècle), participeront au final en apothéose de ce western moderne.

Moderne… prenons l’expression avec des bémols : certes nous sommes en 1917, la modernité du vingtième siècle est en marche avec l’entrée en guerre des Etats-Unis, l’apparition de plus en plus répandue des voitures automobiles et des WC individuels, mais nous sommes aussi dans l’Ohio et dans un roman de Donald Ray Pollock dont les personnages, marqués de vieilles croyances, de préjugés, voire de folies en tous genres qui les tiennent carrément à l’écart du monde nouveau en train d’émerger, à l’image des Fiddler qui ne savaient même pas que l’Allemagne existait et encore moins où la situer.

Si Pollock était profondément noir dans Le Diable, tout le temps, son premier roman, il l’est tout autant dans cet opus mais son regard est assorti d’une causticité et d’une imagination féroce. Ca crisse, ça croque sous la dent, ça pétarade, ça sent le vomi, la pisse, l’alcool et la sueur, le sperme et la merde, c’est loqueteux, hallucinant… en un mot, c’est jubilatoire !

Les frères Jewett seront-ils admis au banquet céleste ? Vous le saurez en lisant Une mort qui en vaut la peine !

« J’ai encore vu deux de ces nègres la nuit dernière, annonça Pearl en regardant par l’ouverture grossière qui faisait office d’unique fenêtre. Là-bas, assis dans le tulipier, à chanter leurs chansons. Et ça y allait ! « 
D’après le propriétaire du terrain, le major Thaddeus Tardweller, les derniers locataires des lieux – une famille entière de mulâtres de Louisiane – avaient été décimés par la fièvre il y a plusieurs années de cela et ils étaient enterrés à l’arrière, parmi les mauvaises herbes, en bordure du périmètre de l’enclos à cochons aujourd’hui désert. La hantise que cet endroit où s’étaient mélangés Noirs et Blancs soit toujours contaminé était telle que le major n’avait pu convaincre personne de s’y installer jusqu’à l’arrivée du vieux et de ses fils l’automne précédent, affamés et en quête de travail. Depuis quelques temps, Pearl voyait leurs fantômes partout. Hier matin encore, il en avait compté cinq. Avec son visage émacié et ses cheveux grisonnants, sa mâchoire inférieure pendante et le devant de son pantalon jauni par une vessie incontinente, il avait l’impression d’être à tout instant sur le point de les rejoindre sur l’autre rive. » (p. 10)

« La veille au soir, comme chaque fois ou presque que Pearl s’endormait comme une masse sur sa couverture avant qu’il fasse trop sombre pour y voir, Cane avait lu à ses frères un extrait de « La Vie et les aventures de Bloody Bill Bucket », un roman de gare en lambeaux, aux pages gondolées, qui chantait les exploits criminels d’un ancien soldat confédéré semant la terreur dans tout l’Ouest après s’être converti au braquage de banque. A la suite de quoi les songes de Chimney avaient été peuplés de fusillades dans des plaines désertiques brûlées par le soleil et de foufounes au goût de miel. Il jeta un coup d’œil sur ses frères, qui étaient en train de bâiller en se grattant comme des chiens et mastiquaient ce qui pourrait s’apparenter des morceaux d’agile tandis qu’ils écoutaient l’autre vieux cinglé dégoiser sur ses potes noirs du monde des esprits. » (p. 12-13)

Donald Ray POLLOCK, Une mort qui en vaut la peine, traduit de l’américain par Bruno Boudard, Albin Michel, 2016

Merci à Aurore Pelliet (partie sous d’autres cieux éditoriaux) et à Albin Michel pour l’envoi de ce livre. Désolée pour le temps que j’ai mis à le chroniquer.

Le Diable, tout le temps

03 jeudi Oct 2013

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

≈ 39 Commentaires

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Albin Michel, Donald R. Pollock, Le Diable tout le temps, Premier Roman

Présentation de l’éditeur :

Dès les premières lignes, Donald Ray Pollock nous entraîne dans une odyssée inoubliable, dont on ne sort pas indemne.
De l’Ohio à la Virginie Occidentale, de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 60, les destins de plusieurs personnages se mêlent et s’entrechoquent. Williard Russell, rescapé de l’enfer du Pacifique, revient au pays hanté par des visions d’horreur. Lorsque sa femme Charlotte tombe gravement malade, il est prêt à tout pour la sauver, même s’il ne doit rien épargner à son fils Arvin. Carl et Sandy Henderson forment un couple étrange qui écume les routes et enlève de jeunes auto-stoppeurs qui connaîtront un sort funeste. Roy, un prédicateur convaincu qu’il a le pouvoir de réveiller les morts, et son acolyte Théodore, un musicien en fauteuil roulant, vont de ville en ville, fuyant la loi et leur passé.
Toute d’ombre et de lumière, la prose somptueuse de Pollock contraste avec les actes terribles de ses personnages à la fois terrifiants et malgré tout attachants. Le diable tout le temps n’est pas sans rappeler l’univers d’écrivains tels que Flannery O’Connor, Jim Thompson ou Cormac Mc Carthy.

Comment vous exprimer les multiples sentiments par lesquels ce livre m’a fait passer ? Je l’avais emprunté en bibliothèque après avoir été (quand même) quelque peu titillée par les nombreux avis lus ici et là, et par son classement comme meilleur livre de l’année 2012 par la revue Lire (oui, tout cela est subjectif et relatif, mais quand même…) (ah je me répète dans les « Quand même », j’ai trop regardé le Secrets d’histoire sur Sarah Bernhardt !). Bref, multitude de sentiments, disais-je. Il faut dire que juste avant, j’avais lu Le Père de la petite, et que le contraste a été… violent.

J’ai d’abord été médusée par la violence, le fanatisme, la folie qui se dégageaient des agissements de Willard Russell dès le début du roman, par tout ce qu’il fait subir à son gamin. Mais impossible de se détacher de ce roman : en sept parties (un chiffre parfait, aux connotations très bibliques, plus divines que diaboliques… tiens, tiens) Donald Ray Pollock mène son intrigue tambour battant, il nous emmène à la suite de personnages tous plus allumés les uns que les autres, hallucinés et surtout hallucinants, il nous fait assister à leurs agissements déviants, complètement barrés dans une ambiance de crasse, de sueur et autres sécrétions corporelles dont je vous passe le détail. C’est mieux de goûter par soi-même ! Et quand il y en a un ou une qui semble plus innocent que les autres, elle (Lenora) est tellement peu « éduquée » qu’elle en devient une proie facile, ou bien son sens de la justice (Arvin) l’amène à une spirale sans fin… diabolique elle aussi.

Alors autant le dire, au final, ma première réaction a été assez primaire : les hommes sont tous (ou presque) des connards et des salopards pervers, surtout quand ils portent un insigne de shérif ou quand ils occupent un logement de fonction dans une paroisse. Et les femmes sont leurs pauvres et innocentes (enfin pas toujours) victimes. Mais ma conscience morale (de blogueuse) m’a conseillé de réfléchir un peu plus.

Donc j’ai continué à admirer la maîtrise narrative de Donald Ray Pollock, qui, pour un premier roman, réussit franchement un coup de maître, semblant abandonner un ou deux personnages pour mieux les retrouver plus tard, et bien sûr faire se croiser leurs routes. De l’installation de Willard Russell à Knockenstiff au retour de son fils sur les ruines de la maison familiale, la boucle est bouclée. Et quelle boucle : de celles qui défrisent, si je puis me permettre…

Et j’ai admiré aussi l’habileté de l’auteur à placer son récit dans l’époque qu’il a choisie : de la fin de la deuxième guerre mondiale aux années 1960. On peut se dire que ce furent des années auréolées de gloire pour les Etats-Unis avec la victoire de 1945, l’influence grandissante du pays au niveau mondial. Mais les personnages que Donald Ray Pollock met en scène révèlent un autre visage du pays, une Amérique rurale, pétrie de superstitions, de rancoeurs, de racisme ordinaire, de mépris pour tout qui n’est pas dans la norme, de corruption. Des gens usés par la misère morale et l’alcool. Des proies faciles pour le diable, tout le temps. Un visage qui, finalement, n’a pas tellement changé, je crois (il suffit de se rappeler les images de George W. Bush en prière pour se faire élire…) (même chez nous, en Europe, ça existe, les fanatiques, les tueurs en série, les…). Et c’est toute la force de Pollock de nous envoyer ce paquet sanglant à la figure. Dans l’Amérique d’aujourd’hui.

Un roman fascinant. A découvrir absolument.

Donald Ray POLLOCK, Le Diable, tout le temps, traduit de l’américain par Christophe Mercier, Albin Michel, 2012

De nombreux avis (dont Jérôme, Clara, Jostein…) sur Libfly. Et un magnifique billet, comme toujours, ici.

Une participation au Mois américain que j’inscris au challenge 50 états, 50 billets pour l’Ohio.

50 états, 50 billets   Défi PR1   challengeus1

"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

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