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~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Tag: Esperluète éditions

La Théo des fleuves

15 mercredi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Esperluète éditions, Jean-Marc Turine, La Théo des fleuves, Le Mois belge 2020, tsiganes

Quatrième de couverture :

La vieille Théodora ne marche plus, elle ne voit plus. Mais elle se souvient et raconte. Elle nous parle de sa vie, de ses rencontres, ses amours, ses espoirs, mais aussi ses errances, ses drames et ses désillusions.
Théodora est une enfant du fleuve. Née Rom, elle a voyagé au gré des vents. Traversant le temps, elle a vécu plusieurs vies. Née à l’aube du XXe siècle, elle le traverse tout entier. Temps de guerres, de communisme, d’oppressions répétées, l’histoire des Roms se révèle au fil du roman et se confond avec celle du siècle.

Dans ma série « Mémoire et personnes âgées », après Une vie pour rien et …née Pélagie D., j’ai sorti de la PAL ce roman paru chez Esperluète et qui a été sélectionné pour le Prix des Cinq continents de la Francophonie en 2018.

Théodora appartient au peuple tsigane, elle est née dans un pays d’Europe de l’Est (qui n’est pas nommément cité par l’auteur, pas plus que les faits historiques évoqués dans le livre mais ils sont assez faciles à décrypter). Après de longues années d’exil, elle est revenue dans son pays natal pour y retrouver le fleuve qui l’a toujours portée (le Danube) et y mourir. Naître femme Rom, ce n’est pas un destin très enviable. Malgré son amour secret pour le musicien Aladin, son père l’obligera à se marier à un homme rude (et à se lier à une belle-famille méprisante). Dans ce monde, les femmes sont à la merci des pères et des maris. Mais Théodora se libérera de la violence et reviendra vivre avec sa petite fille Carmen dans sa famille d’origine. Elle apprend à lire et à écrire, elle écrit régulièrement dans un cahier tenu secret. Mais cette forme de liberté ne tiendra guère face aux exactions commises par les forces de l’ordre, au nom des lois de plus en plus répressives envers les Roms. Encore une fois, les femmes paient durement ce déchaînement de violences. C’est bientôt la deuxième guerre mondiale, l’exil forcé, la faim, le froid, les camps, l’extermination des Tsiganes. Théodora survivra, elle aura perdu sa fille mais gagné un fils adoptif, Nahum. Elle n’aura de cesse de retrouver Aladin et de construire sa vie. L’amour d’Aladin, de Nahum et de Joseph, un marin idéaliste, émailleront sa vie de lumière.

C’est vraiment un personnage attachant, Théodora, jusqu’à la fin de sa vie elle attire les gens autour d’elle, adultes ou enfants. Elle est le symbole d’un peuple fondamentalement libre mais hélas rejeté, discriminé, persécuté encore aujourd’hui. Le récit de Jean-Marc Turine est à la fois réaliste et poétique, presque onirique par moments, notamment quand il évoque le fleuve, la mer, le voyage et cela montre bien cette ambivalence entre liberté et oppression. On sent la proximité de l’auteur avec ce peuple Rom, à qui il prête sa plume. La musique, avec l’accordéon, le piano et le violon, accompagne et rythme le voyage.

« Je n’ai qu’un livre, celui que m’a donné ma mère à ma naissance et que j’ai donné à mes enfants le jour de leur naissance, la vie. Mon livre rendu fertile par la terre sur laquelle je marche en traversant les saisons. La terre me nourrit de ses fruits et me procure des plantes pour soigner nos corps, la terre qui accueille nos défunts. Mon livre se remplit de l’eau de la rivière dans laquelle je me lave et attrape les poissons, de l’eau des cascades dans laquelle jouent nos enfants nus en été et de l’eau des sources qui nous abreuvent. Je lis mon livre dans les chants et les légendes qui naissent et se recomposent autour du feu qui nous réchauffe en hiver, dans les travaux des femmes lorsque le feu cuit nos repas de tous les jours. Mon livre dit que le Tsigane ne quitte rien ni ne va quelque part, le Tsigane parcourt sa demeure, les terres qu’il traverse. La foulée tsigane est une quête infinie. »

« Théodora marche et, marchant, redonne du souffle à sa vie, elle se fait être en chemin comme une réfugiée qui porte l’avenir du monde. Théodora marche pour dompter l’espace et soumettre le temps à ses interrogations, à ses désillusions. Plus elle marche, plus elle se vide de toute pensée claire, elle crée à chaque fois un dialogue entre son corps et les sensations qu’il recueille. Le corps comme expression de l’esprit, comme exubérance de l’âme. Elle le sent : le corps vulnérable engendre les forces de l’esprit, dans la marche, en chemin, son corps à la fois puissant et fragile. Elle fuit ce qu’elle ne pourra pas oublier. Elle marche jusqu’à manquer d’air. » 

Jean-Marc TURINE, La Théo des fleuves, Esperluète, 2017

E 411 (petites autoscopies)

01 lundi Avr 2019

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des mots en images

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E 411, Esperluète éditions, Geneviève Casterman

Présentation de l’éditeur :

Après avoir posé, dans Rue de Praetere, un regard tendre et amusé sur son voisinage, Geneviève Casterman observe une autoroute : la E411, qui va de Bruxelles à Luxembourg. Des voitures, des camions, une dépanneuse, un bus scolaire… Tous ces véhicules sont sur la route à la queue leu leu et leurs occupants sont finement observés! Les uns se disputent, les autres tombent en panne, les enfants s’amusent, le jardinier est très cool, les camions ont des inscriptions rigolotes et tous, ou presque, arrivent à bon port.

Geneviève Casterman, infatigable observatrice du quotidien, a tout vu! Elle croque, analyse et restitue une tranche de vie, un bout de route…

C’est parti, on prend la route pour le Mois belge en prenant avec Geneviève Casterman la E 411, une autoroute qui relie Bruxelles au Luxembourg, une autoroute souvent bien chargée comme on peut le voir au fil des pages de ce livre-accordéon qui se déplient. Comme dans Costa Belgica, l’auteure a choisi le noir et blanc pour faire défiler voitures, camions, camping-cars, bus, motos, autant de véhicules pittoresques tous conduits et occupés par des personnages non moins typés. Geneviève Casterman observe et retranscrit des situations familières, des enfants en voyage scolaire, un papa qui donne à manger aux enfants dans la voiture pendant que maman pilote la voiture, un peu stressée, de joyeux camionneurs, un motard pressé…

Les textes défilent eux aussi au bas des pages, les verbes s’énumèrent, les jeux de sonorités vrombissent, complétés par de petits textes humoristiques et poétiques placés au-dessus des véhicules.

« Roméo se fait la Belle

au Bois dormant.

Cendrillon, sans ses haillons,

la route est carrossable.

Coccinelle, demoiselle, 

tu n’es pas vendable. »

« La réunion ? l’ordre du jour ?

Type con, type lourd, type long, type court… »

Bref, pour passer le temps dans les bouchons, on lit, on sourit et on arrive « côte à côte, coûte que coûte, vaille que vaille »… au bout de la route.

Par solidarité avec le secteur du tourisme touché par la peste porcine, cette autoroute sera rebaptisée Autoroute du Sanglier.

Geneviève CASTERMAN, E 411, collection Accordéons, Esperluète éditions, 2005

Comme un air de tendresse au bout des doigts

27 vendredi Avr 2018

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Annabelle Guetatra, Esperluète éditions, Frédérique Dolphijn

Quatrième de couverture :

Cent pas ou mille? à cette question, Cheyenne et Abeille opposent la même réponse, quelle importance.

Elles sont sœurs. Au gré des moments de la vie, elles s’éloignent, elles se retrouvent. 
Elles sont femmes. Leurs chemins se construisent en parallèle. Leur vie se nourrit au terreau de l’enfance… chacune à sa manière…

Avec beaucoup de douceur et un brin de mélancolie, Frédérique Dolphijn esquisse des personnages entiers et passionnés, dont le corps et la sensualité affleurent.
Les peintures d’Annabelle Guetatra, légères et poétiques, traduisent cette sensualité des corps et la sensibilité qui les anime.

C’est un peu difficile de parler de ce roman, il faut être délicat comme l’est l’approche de Frédérique Dolphijn.

Il est question de deux soeurs, Abeille et Cheyenne, déjà originales par leurs prénoms, deux filles qui sortent des sentiers tracés, sans doute à cause de leur enfance. Une enfance qu’elles ont passée ensemble, très proches, complices, unies contre le « crocrodile ». Plus tard, leurs chemins se sont un peu écartés, mais elles semblent toujours avoir ce point commun de la solitude, une solitude habitée malgré tout par l’autre soeur.

Il est question du corps, des sens, de la sensualité, de la sexualité. Abeille apprend le braille à des personnes qui deviennent aveugles, elle guide leurs doigts du bout de ses propres doigts. Cheyenne soigne des grands brûlés, le toucher et la relation sont compliqués par la souffrance. Elle travaille souvent de nuit et rejoint un homme, toujours masqué, qu’elle a contacté sur un site de rencontres.

Frédérique Dolphijn ne dévoile rien de cru, de complet, elle suggère les choses, les événements, pour ne rien déflorer qui ne soit déjà abîmé par la vie. Au fil de ce récit, en alternant les points de vue sur Abeille, sur Cheyenne, en revenant à l’enfance de Petite Abeille et Petite Cheyenne, elle nous fait percevoir à bas bruit ses personnages, les fait évoluer doucement vers une libération intérieure.

Accompagnant ce texte poétique, les silhouettes d’Annabelle Guetatra se posent elles aussi avec délicatesse sur la page blanche, des corps nus, d’enfants ou d’adultes (parois même entre adulte et enfant) dans des postures ou avec des détails (herbes, papillon, cage, arbre…) qui rappellent le récit. Sans trait qui les délimite avec précision, avec leur absence de détails marquants et leurs couleurs douces, ces images s’accordent parfaitement au côté suggestif de l’écriture de Frédérique Dolphijn.

Une lecture à fleur de peau, tout en douleur et en douceur.

« Lorsqu’elle sort de l’immeuble, la pluie aboie sa soif de la rajeunir de quelques milliers d’années. Ses crépitements tigrent la danse de ses hanches, et l’odeur du ciel fanfaronne comme un essaim d’abeilles. »

« Sa nuit recèle un secret.
Laisser le temps effacer de son disque dur la férocité. Laisser le temps effacer le souffle laid qui courts dans ses os. Ce morceau d’histoire bien réel qui ne s’évapore pas. Qui résiste à ses nouvelles mémoires. »

« Avec le temps, pense-telle, les choses devraient se tapir, peut-être s’oublier. C’est ce qu’elle espère, mettre le chagrin au fond d’une poche, en coudre les bords et enfermer le vêtement dans un placard aux lourdes portes. »

Frédérique DOLPHIJN et Annabelle GUETATRA, Comme un air de tendresse au bout des doigts, Esperluète, 2013

Rendez-vous Au féminin

Aérer la maison

12 mercredi Avr 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des mots en images

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Aérer la maison, Anne De Roo, Esperluète éditions, Luc Stokart

Présentation de l’éditeur :

Anne De Roo est peintre et dessinatrice, elle sait donc ce que bricoler veut dire. Elle invite les lecteurs à lʼaccompagner dans ses jeux.
Aérer la maison offre une succession de rituels de « rien du tout », une liste de stratégies inventées tantôt pour évoquer le passé, tantôt pour affronter la vie, ou encore pour conjurer lʼennui.

A la manière des rites de passage ou de certains jeux dʼenfant, ces bricolages saisissent à bras le corps la peur du monde.

Aérer la maison voudrait nous dire : allez jouer dehors, soyez curieux, touchez au cœur des choses et approchez cette qualité de présence qui manque dans les vies quʼon mène.

Que voilà un petit livre étrange, surprenant…

A travers les textes d’Anne De Roo et les photos de Luc Stokart, il y a de la nostalgie d’enfance, de l’ennui, de l’envie de se couper de la réalité pour se re-créer un monde à soi farfelu, faits de petits riens, de menus plaisirs comme triturer la terre, collectionner les cailloux et les insectes, plonger dans une flaque de boue. Il y a le goût d’observer et de ressentir le réel, le vent, l’air, la pluie, la terre, en osant se défaire des pelures de l’habitude, de la bienséance, en osant une forme de désappropriation.

De ces textes courts, de ces fragments, de ces images du quotidien le plus banal au point de développer l’insolite, le nouveau, il se dessine une esthétique de l’abandon, du déchet, de la récupération. Une forme de créativité qui joue sur la dépossession et rend le bonheur d’être au monde et à soi dans les éléments les plus simples. Un nouvel art de vivre sans doute…

« Prenez vos plus belles tasses à thé, celles qu’on n’emploie jamais, avec leur sous-tasse, s’il y en a, le sucrier, s’il existe, les petites cuillers en argent (ou en inox) et la théière remplie de thé chaud, ainsi qu’une boîte de biscuits fins, et allez dehors. Cherchez un endroit de terre ou d’herbe rare, si possible bien boueux, et asseyez-vous à même le sol. Posez entre vous les tasses sur leur sous-tasse, la théière, un peu de guingois, les cuillers par terre, le sucrier et les biscuits. Servez le thé sans attendre, il doit être bien chaud. » (p. 9)

Anne DE ROO et Luc STOKART, Aérer la maison, Collection L’Estran, Esperluète éditions, 2008

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L’histoire du Géant

12 mardi Avr 2016

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin, Des mots en images

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Anne Herbauts, Esperluète éditions, L'histoire du Géant, Le Mois belge

Présentation de l’éditeur :

Que je vous conte l’histoire, l’épopée du Géant! Si vous voulez l’entendre, ce que l’on dit de lui, ce qui par vint des halliers. Elle est si vraie, l’histoire du Géant Tombé, que la forêt garde encore dans ses troncs et ses branches la plainte-mélopée. Qui sait l’entendre, cette  parabole du Colosse éconduit, a connu l’amour et le chagrin. A dansé par-dessus les feux une nuit de Saint-Jean, a pleuré des larmes de plaisir, d’allégresse, de détresse. A mordu le suc sucré et amer des amants. Mais que je vous conte l’histoire, plutôt! Elle est fort belle.
Écoutez donc ! Oyez ! L’épopée du Géant…

D’emblée le ton est donné, il s’agit bien d’une épopée à la langue riche et soignée qui emmène les petits et les grands au fond de la forêt à la recherche d’un être gigantesque. Tout le monde en parle, tout le monde sait qu’il est là, mais personne ne l’a jamais vraiment vu… Asseyez-vous, écoutez donc, laissez-vous bercer par le rythme des mots et entrez dans cette forêt-personnage qui enveloppe tout.

Le texte d’Anne Herbauts coule comme une plainte et ses peintures à l’huile envahissent les pages. Le livre progresse du noir au doré et le conte, à la fois poétique, lumineux et grandiose, nous dit qu’il est possible de tomber d’amour et de se relever dans la lumière, plus grand, peut-être, heureux, sûrement.

—

Je connaissais Anne Herbauts dans des albums plus enfantins, où ses illustrations, plus accessibles au jeune public, mélangeaient les techniques. Ici, dans cette Histoire du Géant, elle investit le conte, dans une langue poétique, musicale, qui bruisse d’échos, un peu comme dans une grande forêt, et elle utilise une seule technique picturale (je croyais que c’est de l’aquarelle, mais la présentation de l’éditeur parle de peinture à l’huile, admettons) qui fait de chaque page ou double page un tableau à la fois riche de sens et mystérieux.

La polysémie vaut aussi pour l’histoire de ce Géant, dont on ne sait finalement si c’est un arbre tombé, brûlé lors des feux de la Saint-Jean (sens le plus évident de prime abord) ou un homme abattu par les chagrins. Ce géant, tout le monde le connaît, tout le monde le devine, mais on ne sait pas exactement où il est, perdu au fond de la forêt. On n’ose l’approcher, on ne sait comment le consoler. Il faudra le temps d’une année, le passage des quatre saisons pour que le géant reprenne vie, se redresse peu à peu.

Une histoire de mort de vie, de deuil et de résilience, dont les couleurs illustrent le passage de l’obscurité à la lumière retrouvée. Une belle histoire que les grands aideront les petits à apprivoiser.

Anne HERBAUTS, L’histoire du Géant, Esperluète, 2015

Rendez-vous Jeunesse de ce Mois belge

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Les Cerfs

04 lundi Avr 2016

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Alexandra Duprez, Esperluète éditions, Le Mois belge, Les Cerfs, Véonika Mabardi

Présentation de l’éditeur :

C’est arrivé peu après la mort de la mère. Blanche n’a plus parlé. En dernier recours, le père l’a confiée à Annie, qui vit dans une petite maison, loin de la ville. Un robinet qui fuit, l’odeur du pain qui cuit, un renard aux aguets sous le saule, un cheval dans l’enclos, les cerfs cachés entre les arbres, un amoureux inquiet dans la menuiserie, les silences compliqués et ceux qui sont simples comme l’air… Là-bas, entre la prairie et la forêt, entre Annie et son homme, Blanche retrouvera peu à peu le chemin des mots.

Veronika Mabardi explore dans son premier roman les thèmes qui lui sont chers : la parole qui guérit, l’enfance et la nature, les filiations qui nous construisent… Alexandra Duprez l’accompagne de ses dessins. Leurs univers se croisent à merveille et une véritable connivence formelle se construit, entre elles deux, au fil des livres et du temps.

Blanche ne parle plus depuis la mort de sa mère, alors son père et son frère, qui ne savent que faire pour guérir la petite de sa détresse, la confient à une femme qui vit à la campagne, une ancienne institutrice. Annie est volubile (ce moulin à paroles cache une anxiété, un manque que nous découvrons petit à petit) mais ses milliers de mots vont sans doute aider Blanche à sortir du mutisme.

« C’est peut-être ça. Les mots informulés, dont on perd le contrôle aussitôt qu’on les a mis en route, des phrases dont le mouvement s’empare de vous pour vous faire voler en éclats. Une vérité intime irrecevable ? La petite saurait quelque chose qu’elle refuse de formuler, qui la mettrait en danger de fragmentation ? Depuis quand ? A quel moment est-ce qu’elle s’est tue ? Tuée. Tue. Une lettre fait la différence, est-ce que ça a un sens, ou est-ce un pur hasard de sonorités ? Ce soi-disant hasard qui préside aux rencontres ? Annie ne comprend plus rien et Monamour rit. » (p. 52-53)

Les mots d’Annie mais aussi (surtout) la relation qui s’établit peu à peu entre la petite fille et « Monamour », le presque fiancé d’Annie. Alors que le propre père de Blanche ne trouve ni les mots ni les gestes pour qu’elle traverse le deuil, alors qu’Annie va un peu perdre les pédales devant ce compagnon insaisissable, c’est lui, Ian, qui parvient à ancrer l’enfant, à l’arrimer à la vie, à lui redonner le goût de rire, de parler, le temps d’un été et d’un automne. Peut-être parce qu’il est sensible à la présence de la mort dans le quotidien.

Il n’y a pas que cet homme : la nature, la forêt dans laquelle on peut se perdre mais qu’on peut apprivoiser peu à peu, les cerfs qu’on entend crier d’amour en ce mois de septembre. « Les cerfs, ils perdent leurs bois au printemps, mais les bois ça repousse. Sauf si on n’a plus besoin de se battre, ou d’aimer. Alors il chuchote un truc qui intéresse Blanche : quand on coupe le sexe des cerfs, qu’on les empêche d’aimer, leurs bois ne poussent plus. Ils deviennent des ombres. Ils ne crient plus. » (p. 172)

Un seul petit bémol : le personnage d’Annie semble abandonné à sa souffrance à la fin, on ne sait ce qui adviendra d’elle, en bien ou en mal. Mais que de trésors symboliques dans ce premier roman à l’écriture fine et poétique. Je n’ai pu m’empêcher de penser au Petit Prince de Saint-Exupéry, au Petit Chaperon rouge de Myriam Mallié et aussi aux Trois lumières de Claire Keegan. De leurs entrelacs en gris, noir et blanc, les illustrations d’Alexandra Duprez dialoguent avec le texte de Véronika Mabardi avec beaucoup de finesse.

Une belle réussite des éditions Esperluète que je vous recommande !

Véronika MABARDI et Alexandra DUPREZ, Les Cerfs, Esperluète, 2014

Comme dans Nos mémoires apprivoisées, encore une belle histoire de rencontre, de résilience que j’ai le plaisir de partager avec ma complice Mina (qui a une explication intéressante au « silence » d’Annie à la fin).

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Le Petit Chaperon Rouge

16 samedi Jan 2016

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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conte, Esperluète éditions, Le Petit Chaperon Rouge, Myriam Mallié

Quatrième de couverture (rédigée par Myriam Mallié) :

Tout le monde connaît le Petit Chaperon Rouge, et son histoire.
Ce que l’on connaît, en réalité, c’est la version de Charles Perrault, celle qui se termine en substance par : « Gardez vos filles chez vous, surtout si elles sont jeunes et jolies. Le monde est plein de loups. » Mais comment les filles pourraient-elles apprendre à vivre selon ce qu’elles savent de leurs propres forces, si « on » élimine autour d’elles toute occasion de désir et de peur ?

Or il existe une autre version du conte, plus ancienne, plus trouble, et qui finit bien.

Une histoire, où les femmes se passent le flambeau. Les filles y marchent là où la vie les invite à marcher, rencontrent qui elles doivent rencontrer, se mesurent à qui elles doivent se mesurer, avant de rejoindre la communauté des femmes – et des hommes bien entendu – et d’y prendre leur place. 

Avec cette réécriture du célèbre conte Le Petit Chaperon Rouge, je découvre Myriam Mallié et… qu’il y a bien d’autres versions que celle de Charles Perrault ! (Oui, on peut dire que je suis carrément inculte en ce genre littéraire.)

La conteuse belge nous explique d’abord que, justement, la version de Perrault n’est pas un conte, genre dont la fonction est « d’apprendre à vivre ». Comment vivre vraiment si l’on ne doit jamais sortir ni traverser aucune forêt et se protéger constamment des loups dangereux qui infestent le monde ? Myriam Mallié s’est inspirée de la « collecte nivernaise d’A. Milien » : ici il est surtout question de femmes, des filles, des mères, des grand-mères, de femmes, de transmission et de rupture, mais une rupture féconde.

Tous les lieux, les couleurs, les objets symboliques du conte sont racontés, déroulés (pour ne pas employer le terme « analysés », un peu froid et incongru ici) et, tout en gardant leur part de merveilleux, prennent encore davantage leur force de symbole, au sens étymologique du mot : « ce qui est jeté ensemble » donc ce qui relie, rassemble, permet de se re-connaître. « La forêt, c’est un bonheur ». Le rouge, c’est une couleur de vie, le chaperon tendrement brodé de fils rouges reliera la jeune fille à sa mère et la protégera dans l’épreuve initiatique.

Finalement le Petit Chaperon Rouge (tous les mots sont importants, qui portent chacun une majuscule) prendra sa place dans la communauté des femmes, non plus petite, mais femme à son tour, à la fois autonome et reliée aux autres. « Grande maintenant, libre d’aller, emportant avec elle son histoire comme un gué de mots à jeter sur la surface mouvante de ses jours quand une traversée s’avère nécessaire. »

Une lecture dynamique, dynamisante, rafraîchissante, illustrée par les illustrations de lits en rouge et noir de Myriam Mallié elle-même. Un texte qui fait goûter à la plénitude d’être fille et femme. Féministe donc, dans un bon sens positif. Cela fait du bien !

Myriam MALLIE, Le Petit Chaperon Rouge, Esperluète Editions, 2009

J’accompagne (un rien) Mina dans son Heure du conte. Elle présente aujourd’hui les Contes de fées de Madame d’Aulnoy, des « contes féminins et subversifs ».

Mina et Martine ont lu aussi l’ouvrage de Myriam Mallié et en parlent bien mieux que moi.

L’orient des chemins

02 dimanche Août 2015

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots en Poésie

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Esperluète éditions, Jacques Vilet, L'orient des chemins, Photographie, Poésie, Serge Meurant

La Quatrième de couverture propose la première partie de ce texte à quatre mains proposé intégralement sur le site d’Esperluète:

sous le voile noir
le photographe
ébloui
—
J’ai photographié le présent. Le présent n’est pas que l’instant de la prise de vue, le présent est aussi les deux pommes ou le sentier ou la montagne ou Sara trouvés devant moi. Je me pose souvent la question du pourquoi et du comment ils se sont offerts à ma boîte obscure. Ces instants sont éternels.
—
le soleil aveugle
la page blanche
où je trace un chemin
—
Le verre dépoli est le lieu où se rencontrent le monde tangible, palpable, et mes aspirations, mes rêves. A sa surface intouchable, au compte-fil, je pince un à un tous les rayons de lumière. L’image que j’obtiens sur le papier sensible est l’inénarrable métaphore, où je viens lire le dialogue secret entre deux mondes.
—
la voix murmure
et s’éteint
silence le noir est paisible
là où personne ne pénètre
quelqu’un attend

Serge Meurant
Jacques Vilet

——–

La photo de couverture de ce recueil à quatre mains, les unes poétiques, les autres photographiques, a été prise en Provence, à Fontvieille. Ce mur aux lignes obliques et horizontales me semble une métaphore de la rencontre entre les deux auteurs : c’est le même mur mais les deux parties en sont bien distinctes, comme les photos et les textes qui se succèdent en groupes bien séparés. A la fois nu et marqué de fines zébrures, comme les marques du temps ou des personnes qui se sont arrêtées là, il augure bien de la démarche proposée par les deux artistes : le photographe semble accueillir la richesse du sujet, du présent offert à son objectif tandis que les mots se coulent avec parcimonie sur la page blanche en vers courts, comme s’ils étaient ouverts eux aussi à l’inattendu de la rencontre.

Quatre thèmes, quatre chemins nous sont proposés par Jacques Vilet, du quotidien des visages et des objets aux paysages et panoramas. Un index des photos, toutes en noir et blanc, est disponible en fin d’ouvrage. Si les portraits d’enfants et les « silences » d’adultes sont « posés », ils offrent cependant le mystère d’une moue enfantine, la profondeur d’une intériorité, la poésie d’une lumière. Les objets ou paysages du quotidien constituent des natures mortes épurées avant que notre regard s’élargisse sur des paysages extérieurs aux lumières changeantes.

Les poèmes de Serge Meurant en contrepoint sont épurés. En strophes courtes et en brefs vers libres, ils racontent des instants fugitifs, des plongées dans l’enfance, des échos intimes, au croisement des chemins et des lumières.

l’enfant précipice 

retourne en moi

commencement et fin

—

je me parle en lui

volubile sans voix

je me plains et jubile

—

—

ne laisse pénétrer

personne

dans la chambre secrète

—

que personne

ne te surprenne

à sourire

—

en cette solitude

sans secours

—

—

Chemin pour une fuite

jonché de branches

—

la lumière miroite là-haut

griffe l’air

de ses hampes

—

plusieurs

prirent la fuite

par l’étroite trouée

—

Serge MEURANT et Jacques VILET, L’orient des chemins, Esperluète éditions, 2012

A la découverte des éditions Esperluète avec Mina qui a elle aussi présenté cet ouvrage, parfait pour mes balades d’été. Marilyne a apprécié aussi.

Où que j’aille

15 vendredi Mai 2015

Posted by anne7500 in Des mots en images, Des Mots en Poésie

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Albane Gellé, Anne Leloup, Esperluète éditions, Où que j'aille

« Tu voyages avec moi, tu n’es pas encombrant.

Où que j’aille. »

Ainsi commence et se termine ce texte en prose poétique d’Albane Gellé. Un récit d’apprentissage et de compagnonnage : apprendre la perte du « tu » auquel s’adresse le texte, la ressentir dans la vie de tous les jours, pressentir qu’on n’a pas encore tout traversé de l’absence, du manque. Mais marcher, même à pas hésitants continuer à avancer dans la certitude d’une présence légère, intime à ses côtés. Redessiner les contours des paysages, des lieux familiers en apprivoisant cette absence.

Pour accompagner ce voyage, les traits souvent abstraits (je l’avoue, ils me restent souvent incompréhensibles)  d’Anne Leloup dessinent sur la page des formes tantôt fermées, repliées, tantôt ouvertes. On devine des silhouettes, des formes végétales, des traces de pas, parfois appuyées mais surtout très fines, au crayon de bois, une technique épurée qui complète l’impression de légèreté apportée par le texte. Cette luminosité est d’ailleurs exprimée dans le choix du jaune vif qui souligne la couverture de ce petit opus délicat.

« Tu te moques des grandes pluies, tu ne te perds jamais dans les labyrinthes, et tu n’attends pas ton tour au bout des files d’attente. Tu te fais oublier. Pendant que je m’affaire à fermer un manteau, à cueillir des cerises, à seller un cheval. Pendant que je t’écris des livres. »

Albane GELLE et Anne LELOUP, Où que j’aille, Collection Cahiers, Esperluète éditions, 2014

A la découverte des éditions Esperluète avec Mina

Bateau-ciseaux

17 vendredi Avr 2015

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin, Non Fiction

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Bateau-ciseaux, Christine Van Acker, Esperluète éditions, Le Mois belge

Présentation de l’éditeur :

Au gré des moments quotidiens ou des événements exceptionnels se tisse une réalité particulière, celle d’une enfance sur une péniche. C’est un milieu simple où le travail occupe toute la place et que les livres viennent bousculer.

Ce récit raconte l’enfant dans sa construction vers l’âge adulte : sur la péniche, au pensionnat, avec ceux « d’à-terre »… et surtout à travers la découverte de la lecture. Ce cheminement, de l’apprentissage à l’exploration personnelle, nous touche par sa fragilité, ses tâtonnements mais aussi par sa détermination à étancher une soif de découvertes initiée par la lecture.

Le passé avance. Issue de cette matière agitée, hissée par le vivant, je suis née.
Des oubliés m’ont portée à terme. Ma nature profonde en porte les semis, dormants ou prolifiques. La mémoire trace ses sillons, égratigne au passage, s’étrangle ou se répand.

Les livres appartiennent à ces invisibles qui m’ont faite. Ils sont la connivence quand je n’en avais avec personne.  Ils sont le voyage quand je ne pouvais pas encore tenter l’évasion. Ils sont ces parts de moi-même que j’aurais pu ne pas voir. Ils m’ont amenée ici.

Une femme berce son fils d’histoires venues de sa propre enfance sur une péniche. Elle raconte ses souvenirs, la vie à l’étroit mais chaleureuse, la vie au fil de l’eau et des écluses, l’anxiété de trouver du fret à transporter pour vivre, l’intimité trahie par la promiscuité. Le père qui lui apprend à compter, la mère si proche. Les livres qui ouvrent une bulle d’oxygène, d’évasion de cette cabine dont on touche les murs avec les deux mains.

Mais ce qui m’a surtout frappée et touchée, ce sont les séparations de la fillette avec ses parents, si bien marquées par le titre qui n’est pas qu’une comptine enfantine qu’on chante sans réfléchir. Dès qu’ils sont en âge scolaire, les enfants de bateliers vont à terre, dans des pensionnats spécialement faits pour eux, ou dans la famille, chez les grands-parents ou les tantes. La narratrice a souffert physiquement de ces séparations, jusqu’à en être malade, Devenue femme et mère, elle s’interroge sur ce que ressentait vraiment sa mère, qui cachait sans doute son chagrin derrière le « il faut » des contraintes de la vie de batelier.

Il y a une autre coupure dans cette vie d’enfant, brutale, un événement violent, et je me suis demandé pourquoi elle ne semblait qu’un épisode un peu éphémère dans la vie de la narratrice. Heureusement les livres la guérissent de beaucoup de choses. Devenue adulte et sédentaire, elle est à la fois coupée du monde nomade des péniches et indéfectiblement reliée à lui par ces fils d’enfance inoubliables.

Ces coupures, ces blessures d’enfance sombres, cette difficulté à se faire un chemin propre, c’est sans doute ce que veut symboliser Véro Vandegh avec ses dessins sombres, aux visages un peu indifférenciés, lourdement cernés de noir. C’est en tout cas ce que j’y lis. Ils apportent une obscurité complémentaire à l’écriture légère et poétique de Christine Van Acker.

« Un jour, ma mère dit : ‘Ca y est, elle sait lire !’

Soudainement, c’était clair, cohérent.

Comme ça, d’un coup, tombée dedans.

Arrive ce moment où l’enfant accepte de lâcher ça, l’intuition du livre. 

Il cède à la pression.

Il s’ouvre à un monde délivré de l’un de ses secrets. Il entre dans sa nouvelle vie à dos d’alphabet. » (p. 26)

Christine Van ACKER et Véro VANDEGH, Bateau-ciseaux, Esperluète éditions, 2007

Projet Non-Fiction avec Marilyne / A la découverte des éditions Esperluète avec Mina

C’est aussi le rendez-vous Femmes auteurs du Mois belge et je partage cette lecture avec Laeti. Et un tout grand merci, Mina, pour cette jolie découverte.

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"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

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