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Archives de Tag: Jean Désy

Me voici…

18 dimanche Nov 2018

Posted by anne7500 in Des mots du Québec, Des Mots en Poésie

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Chez les ours, Jean Désy, Mémoire d'encrier, Poésie

Me voici

voyageur obstiné

ne trouvant le repos qu’en présence du péril

disposé entre les pierres chutées par milliards

dans la toundra

—

Me voici

saltimbanque obligé

dans la splendeur juteuse des camarines

attentif aux simulies en quête de sang

de cou et d’oreilles

amoureux d’une perdrix aux yeux noirs

de chaque truite qui cherche à mordre mon canot

—

Me voici

coureur de froid et de nord

avec une histoire de parlures métissées

histoire cassée de bois et de portageurs

cherchant les paroles qui jouent avec le vent

—

Dans une tente ronde

je rêve de la meilleure métisserie qui soit

mangeant du lagopède

cuit par une grand-mère ridée sur un feu d’amour

—

Me voici

dans ma langue à venir

univers d’épinettes serrées

—

Enlacé aux écorces

j’attends le meilleur pour courir chanter frémir

voler dans de grands canots rouges

vers les plus divins enchantements

—

Jean DESY, Chez les ours, Mémoire d’encrier, 2012

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Le coureur de froid

14 mercredi Nov 2018

Posted by anne7500 in Des mots du Québec

≈ 29 Commentaires

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Bibliothèque québécoise, Jean Désy

Présentation de l’éditeur :

Médecin venu du Sud, Julien soigne les gens du Nord avec compassion, « à l’ancienne », en ayant autant à cœur la personne que le traitement de la maladie qui l’affecte. Mais il lui manque quelque chose, dans ce Nord : sa fille, restée au Sud. Sur un coup de tête, il entreprend d’aller la retrouver en motoneige, de traverser l’implacable désert blanc, qui, soudain, brise l’élan de son rêve fou. Incapable de poursuivre son voyage à cause d’un bris mécanique, il apprend à survivre seul dans ce froid immense, mais à quel prix ? Se nourrir, se réchauffer, croire en soi afin que l’impossible printemps arrive et permette de terminer son périple.

Peut-être aussi que, pour survivre à un tel froid, il faut la chaleur d’une certaine foi. Et la présence d’un certain renard, qui ressemble à s’y méprendre à celui d’un certain Petit Prince…

C’est l’histoire d’un honnête homme qui a déjà trouvé des réponses à une part de son « mal être » (il quitte régulièrement le Sud du pays pour aller pratiquer la médecine dans le Nord, de manière plus humaine, en communion aussi avec la nature) mais qui n’a pas encore trouvé l’équilibre qui comblera ses béances. Ecartelé entre ce Nord où une compagne aimante lui demande un enfant et ce Sud où vit sa petite fille Marie, qu’il veut rejoindre sur un coup de t^te, il se retrouve suite à un accident plongé dans l’entre-deux, perdu dans une étendue glacée immense. Confronté à ses limites, il réussit à tenir pendant deux mois en chassant, en trouvant une cabane pour s’abriter, et aussi avec l’aide mystérieuse d’un renard presque apprivoisé qu’il surnommera Alex. A ce moment-là, sa communion forcée mais toujours poétique avec la nature tient d’une spiritualité bien nécessaire pour survivre.

Quand il décide de repartir, avec un traîneau qu’il a bricolé lui-même, le renard semble le conduire vers une autre cabane (plus proche de la « civilisation ») où vit un homme seul. Et c’est cette rencontre qui donnera à Julien la clé de cet équilibre dont il a soif depuis si longtemps.

Bon, il me faut avouer que j’ai trouvé le personnage un peu exalté et certaines coïncidences un peu téléphonées mais ce lien à la fois poétique et sauvage à la nature (Jean Désy est médecin et écrivain, poète aussi), cette quête de sens qui trouve sa réponse à la fin sont particulièrement touchants, interpellants. C’est la juste place de la mort dans la vie qui ouvre le sens à Julien. Je relirai la poésie de Jean Désy pour y puiser là aussi de la nourriture spirituelle.

« Quand je me laisse emporter par le tourbillon de la vie humaine, je me sens exactement comme ce grand brûlé. Je n’ai plus d’âme ; je cours après mes jouissances dans des centres commerciaux et après mon repos dans des vidéos. Il suffit que certains patients passent tout près de leur mort et que je me sente responsable de leur mort pour que, chaque fois, j’aie envie de me rapetisser, de me sauver, de me libérer de ce poids de souffrance qui m’écrase le coeur et la tête jusqu’à la nausée. » (p. 22-23)

« Pour rendre visible la splendeur des lacs enneigés et empêcher qu’il soit totalement absurde de s’y perdre les jours de grands froids, il faut la parole et ses lumières, plus un peu de pain à portée de la main. Et la prière. » (p. 47)

« Alex à mes côtés, sous l’appentis, accroupi devant un feu de petite joie fait de branches d’épinette, j’ai senti que ce n’était plus la conviction de ma survivance qui me dirigeait, mais ma fille à aimer, tout comme j’aimais le monde inuit. L’idée ne suffit pas pour survivre ; il faut la foi, irrationnelle foi en la folie amoureuse qui mène toute vie. » (p. 73)

Jean DESY, Le coureur de froid, Bibliothèque québécoise, 2018 (Les Editions XYZ, 2001)

La Bibliothèque québécoise fête ses 30 ans cette année.

Chez les ours

08 dimanche Nov 2015

Posted by anne7500 in Des mots du Québec, Des Mots en Poésie, Non classé

≈ 18 Commentaires

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Chez les ours, Jean Désy, Mémoire d'encrier, Poésie, Québec

Présentation de l’éditeur :

Avec Chez les ours, nous explorons la nordicité, arpentons la terre et les mythes fondateurs. L’auteur Jean Désy passe sa vie à voguer dans le monde de l’autochtonie. Sa poésie est expérience du voyage et usage du Nord. Puisque, « nous voyageons pour manger des fruits immortels. »

Nous voyageons pour apprendre à nommer les choses de la vie, pour agrandir en nous la nature, pour mêler nos corps au parfum des bois et de la glace, dans l’espace absolu. Pour invoquer la parole nue au fond des cabanes.

Chez les ours nous embarque vers le Nord, empruntant le kayak ou la route, gardant en nous l’âme des coureurs de froid. Une plongée dans cette « nature dense et
patiente », et nous voilà reliés à l’esprit du Nord, « là où jamais ne se termine ni la course ni la vie/ ni le rire ni la mort. »

Accompagné des photographies de Isabelle Duval.

Né au Saguenay en 1954, Jean Désy est écrivain, médecin et voyageur. Il vogue entre le Sud et le Nord, entre les mondes de l’autochtonie et de la grande ville, la haute montagne et la toundra, l’écriture et l’enseignement universitaire, la pratique de la médecine et la poésie.

——–

La poésie de Jean Désy (du moins dans le peu que j’ai découvert dans Chez les ours), c’est une plongée dans le grand Nord, une ode à la nature, aux forêts, à la variété des arbres, à la faune, au froid. Un chant aux routes aussi, aux chemins, aux sentiers parcourus dans la neige, au bivouac par moins trente degrés, au courage des hommes qui osent parcourir ces chemins. Un hommage aux Cris, aux Innus, aux Inuits et à bien d’autres qu’il a croisés durant ses voyages.

On sent chez le poète un désir de communion, une reconnaissance envers cette nature, une humilité face à la toundra, où il est si difficile pour l’homme de vivre.

Les photos en noir et blanc d’Isabelle Duval accompagnent les textes de Jean Désy de leur aspect végétal et minéral.

Je vous propose deux textes, le tout premier du recueil, qui me semble refléter son esprit général et un autre sur les ours.

—

Quand on a mené sa barque sur des milliers de kilomètres

pour enfin toucher à la limite

ni pont ni poussière

—

Quand on a fini par emprunter toutes les routes

—————– bûchées défrichées roulées

il reste un dernier chemin à parcourir

la toundra profonde

une voie que nul n’a connue

sauf peut-être une femelle caribou

un ours noir un couple de carcajous discrets

une sterne acrobate

—

Une fois inventé le pays du sud

asphalté carbonisé divisé l’espace disponible

on arrive aux portes de la virginité

là où tout l’avenir est flou

et les coureurs de froid naviguent librement

—

Ebahi on réalise que les nuages flottent différemment

le vent reste seul maître des collines

comme des rochers noirs disséminés sur la mousse

le soleil se fait tendre tandis qu’il frotte sa joue sur l’orizon

—

A genoux

on se dit qu’il vaut la peine de prier

(Page 15)

—

Au bout du monde laisse entrer un ours dans ta ouache

ne fais ni un ni deux quand il s’avancera dans ta cuisine

raconte-lui une histoire

—

Pactise avec Nanuq le puissant blanc à la patte de velours

nageur émérite grand traverseur des baies

————————- d’Hudson et d’Ungava

offre-lui des arpiks comme dessert

—

Dis à l’ours noir que la vie au grand air

est une denrée nécessaire pour la survie

sois fier si pour t’amuser il te lèche un lobe d’oreille

—

Fais entendre une cantate de Bach à une femelle

—————— venue te visiter

parle-lui tout de même de la mort

—————— d’un travailleur forestier

tué par un gros mâle bourru réveillé de travers

—————— un vendredi saint

—

A chacun des ours présents offre à souper

dévorez à pleine gueule de l’esturgeon

—————— de l’omble arctique et du brochet grillé

tout à fait convaincus qu’il reste de la place pour tous

das cette contrée qui est la vôtre

—

Composez un hymne à l’espace vital

pour tous les nanuqs et les humains de la terre

bêtes brillantes et gens sensés

—

Puis la nuit venue

sortez dehors vous asseoir dans la neige

et attendez la prochaine aurore boréale

(page 50)

Arpik (mot inuit) : plaquebière (ou « ronce petit-mûrier », plante typique des pays nordiques)

Nanuq (mot inuit) : ours blanc

 

Jean DESY, Chez les ours, Mémoire d’encrier, 2012

Un billet dédié à Marilyne grâce à qui j’ai découvert ce poète et chez qui vous trouverez d’autres textes

Québec en novembre Désy

 

"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

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