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~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Tag: Norvège

Les notes du jeudi : Cap au Nord (2) Edvard Grieg

11 jeudi Jan 2018

Posted by anne7500 in Des Notes de Musique

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Edvard Grieg, Norvège, Suite Du temps de Holberg

Après la Suède de Franz Berwald, partons pour la Norvège retrouver un compositeur et pianiste beaucoup plus connu : Edvard Grieg (1843-1907), né et mort à Bergen. Wikipedia nous dit : « Sa découverte en 1863 du folklore norvégien et de ses danses paysannes en fera toute sa vie un militant inépuisable d’un art musical national. »

Je vous épargnerai le célèbre Concerto pour piano et les suites Peer Gynt, même si je les aime beaucoup : je vous propose la Suite pour cordes « Du temps de Holberg » écrite en 1884 afin de célébrer le bicentenaire de la naissance du dramaturge et auteur danois Ludvig Holberg, né en 1684 dans la même ville que Grieg. Elle a d’abord été composée pour le piano mais la version la plus connue est orchestrale. Elle comporte cinq mouvements : Prélude, Sarabande, Gavotte, Air et Rigaudon (ce dernier contient des éléments folkloriques norvégiens).

C’est l’Orchestre de chambre des Pays-Bas qui joue, emmené par son « concertmeister » et premier violon Gordan Nikolic.

Les notes du jeudi : Cap au Nord (1) Franz Berwald

04 jeudi Jan 2018

Posted by anne7500 in Des Notes de Musique

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Concerto pour piano, Franz Berwald, Musique scandinave, Norvège

En ce mois de janvier (censé être froid), je vous emmène en Scandinavie pour accompagner le Challenge de littérature nordique de Margotte.

Partons d’abord en Suède avec Franz Berwald (1796-1868), qui a exercé plusieurs métiers (il a été orthopédiste, industriel.. la musique n’a pas toujours pu occuper la première place dans sa vie). Il a laissé quatre symphonies, trois cncertos, des pièces pour piano et de la musique de chambre.

Je vous propose d’écouter son Concerto pour piano en ré majeur (1855) : Niklas Sivelöv est accompagné par le Helsingborgs Symfoniorkester dirigé par Okko Kamu.

Le Palais de glace

22 vendredi Déc 2017

Posted by anne7500 in Des Mots norvégiens

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Babel, Le Palais de glace, Norvège, Tarjei Vesas

Quatrième de couverture :

Dans un paysage de légende façonné par le froid et la glace, au coeur de l’interminable automne norvégien, deux fillettes se découvrent et se reconnaissent. Siss et Unn, Unn et Siss. De caractère apparemment opposé, elles s’attirent et se troublent, jusqu’au soir où, les yeux plongés dans un même miroir, elles scellent un pacte, un lien aussi indéfectible qu’inexplicable, ténu comme un cristal de givre et puissant comme le palais de glace figé au pied de la cascade. Le lendemain, Unn disparaît… Le Palais de glace, chef-d’oeuvre intemporel plein de poésie et de sensualité, approche avec une rare acuité l’intensité bouleversante des secrets et le sérieux insondable des émotions enfantines.

C’est grâce à Margotte, qui en a proposé une lecture commune dans le cadre du Challenge nordique, que j’ai découvert ce classique de la littérature norvégienne, paru en 1963 et redécouvert par les éditions Cambourakis.

C’est forcément une lecture de saison puisque ce mystérieux palais de glace se forme sur une cascade, à la fin de l’automne et d’une période de gel particulièrement puissant. Puissant et mystérieux comme le lien qui unit Siss et Unn, mystérieux comme la disparition de cette dernière, puissant comme le chagrin qui étreint Siss durant ce long hiver. L’auteur nous introduit au coeur des amours enfantines, aussi secrètes que les multiples chambres qu’abrite le palais de glace.

La langue de Tarjei Vesaas est poétique pour évoquer les couleurs de la neige, les reflets de la lumière hivernale, le grondement de la rivière, les dentelles de glace, le parfum de la terre qui se réveille au printemps. Dans ce texte qui tient du conte et du roman, la nature est omniprésente, les hommes sont reliés à elle, dépendants d’elle dans la puissance intemporelle de l’hiver. Le poids du secret que s’impose Siss après la disparition d’Unn pèse aussi lourd que la glace figée durant de longs mois. 

Un hiver pour apprendre à se délier d’une promesse, à dire adieu sans jamais oublier, à rejoindre le monde des vivants, pour laisser son coeur se dégeler peu à peu comme la glace fond sourdement, souterrainement. C’est une métaphore très forte, magnifique.

« A certains endroits, que l’eau avait abandonnés, l’oeuvre, terminée, était brillante et figée. Ailleurs, dans un nuage de vapeur, on voyait l’eau se souder en glace bleu-vert.
Un palais ensorcelé. Il fallait essayer d’y pénétrer si, toutefois, on pouvait trouver une entrée ! On y découvrirait sûrement une quantité de passages et de portails étranges. Il fallait y aller. Pour Unn, tout s’effaçait devant cette apparition. Elle n’avait plus qu’une idée en tête : pénétrer dans ce palais de glace.
Ce n’était pas facile d’y parvenir. Souvent, elle croyait trouver une ouverture, mais ce n’était qu’une illusion. Elle ne voulait, à aucun prix, abandonner. Finalement, elle trouva une petite fente par où l’eau coulait et qui était assez large pour lui laisser le passage. »

« Donc, pas moyen d’oublier Unn. Cela prit forme dans la chambre de Siss. C’est là que se forgea l’intangible promesse.
Au bout de huit jours, Siss eut le droit de se lever. Une semaine où, de sa fenêtre, elle vit tomber une neige incessante et où les nuits lui réservèrent quelques belles heures. Elle avait le sentiment que ces chutes intarissables avaient pour but d’effacer Unn. De l’effacer. Pour souligner qu’elle était partie pour toujours et qu’il serait inutile de la rechercher.
Dans ces moments, il lui arrivait cependant de se révolter. Les promesses prenaient toute leur force. Elles s’affirmaient davantage au fur et à mesure que les recherches se faisaient plus rares, lorsque les espoirs s’évanouissaient. 
Non, elle ne disparaîtra pas. Elle ne peut pas disparaître. Dans sa chambre, Siss se le répétait sans cesse. »

Tarjei VESAAS, Le Palais de glace, traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud, Babel (Actes Sud), 2016 (Cambourakis, 2014)

 

Voici un lieu…

17 dimanche Sep 2017

Posted by anne7500 in Des Mots en Poésie

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Harald Sohlberg, Norvège, Olav Nygard, Poésie

Voici un lieu où se repose l’âme,

Un lieu où doucement la houle avance

Vers le rivage. Pourquoi se hâter

Quand l’éternité chante sa berceuse

Dans le parler des elfes, quand le temps

Du joug si lourd libère les épaules,

Quand tout se meut au rythme de la danse

Sous le feuillage saupoudré d’argent.

—

C’est printemps et automne en un soupir ;

Un pré blafard dort entre les montagnes,

Avril se mêle au calme de septembre,

Bourgeons et feuilles mortes vont de pair.

Un air plaintif résonne sourdement,

Un deuil surgit des profondeurs des eaux ;

Mais les flambeaux des jours ensoleillés

Percent de leur éclat l’obscurité.

—

Olav NYGARD, extrait de Dikt i samling, traduit du norvégien par Terje Sinding

Poème découvert dans le roman de Tomas Espedal Marcher (ou l’art de mener une vie déréglée et poétique).

Harald Sohlberg (1869-1935), La cabane du pêcheur, 1921

Marcher (ou l’art de mener une vie déréglée et poétique)

12 mardi Sep 2017

Posted by anne7500 in Des Mots norvégiens

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Babel, Marcher, Norvège, Tomas Espedal

Quatrième de couverture :

Un beau jour, Tomas sort de chez lui et, poussé par une envie soudaine, décide de poursuivre son chemin. Laissant derrière lui sa femme et sa maison, avec pour seule feuille de route l’envie et le rythme, il s’embarque dans une promenade improvisée de plusieurs mois qui le conduit à travers la Norvège, au pays de Galles, à Paris, à Istanbul et dans les montagnes de la Transylvanie. Au fil de son escapade physique et spirituelle, le narrateur itinérant puise ses forces dans les oeuvres de nombreux écrivains marcheurs :  comme à un instrument philosophique : Whitman, Rousseau,  Kierkegaard, Hölderlin,  Rimbaud, Lawrence, Thoreau, Chatwin… la littérature jouant pour lui le rôle d’indispensable carburant.

Roman dénué d’artifice, quête des plaisirs simples, Marcher est un véritable hymne à la liberté, à la poésie et aux rencontres fortuites. Une vivifiante bouffée d’oxygène.

Ce livre de Tomas Espedal (auteur norvégien que je ne connaissais absolument pas avant de craquer pour ce titre et cette couverture) est un roman mais on peut en douter jusqu’aux dernières pages où on peut se demander si les voyages de Tomas ne se font pas uniquement en chambre, ce qui justifierait l’appellation de « roman ». Car tout au long des 246 pages sur 249, on croit accompagner le narrateur, Tomas, en Norvège dans la première partie et dans divers pays européens dans la seconde, comme dans un vrai récit de voyage.

Le voyage pour Tomas semble spontané : un beau jour il décide de partir d’une rue banale de sa ville (cela fait un peu penser au personnage d’Harold Fry ans le roman de Rachel Joyce). La simplicité de son matériel, son sens du détachement s’accompagnent d’un brin de fantaisie atypique : il voyage en complet, chaussé de bottes, un signe vestimentaire qui le fait distinguer des gens qu’il croise ou de ceux chez qui il s’arrête. S’il simplifie au maximum le contenu de son sac à dos, il n’oublie jamais des livres d’écrivains voyageurs, à commencer par Jean-Jacques Rousseau. Quand il s’arrête pour faire des provisions, il se fournit aussi en livres.

Il voyage seul à travers les fjords et montagnes de Norvège, et aussi en France où il suit les traces d’Eric Satie (qui parcourait chaque jour douze kilomètres pour aller boire dans un café où il arrivait déjà imbibé car il faisait plusieurs chapelles en route… et il en repartait donc dans un état assez avancé) et d’Arthur Rimbaud entre Charleville-Mézières et Paris, il évoque aussi les sculptures de Giacometti. Bon, il est vrai qu’il est déjà venu à Paris quand il était beaucoup plus jeune, en compagnie de sa petite amie et il raconte une scène torride dans un hôtel du Quartier latin (bon là, ok, c’est sans doute un peu romancé aussi).

Dans d’autres pays européens (le pays de Galles, la Grèce) et en Turquie,  il est accompagné de son ami Narve, l’un marchant devant l’autre à tour de rôle, pour que le premier exerce ses talents d’orientation et de décision et que le second puisse penser tranquillement en marchant. Les deux hommes font des rencontres à la fois banales et peu ordinaires (et pas seulement des humains) et l’alcool tient aussi une place non négligeable dans leurs pérégrinations. Au contraire de son ami, Tomas a une vision assez optimiste de la nature bien qu’il observe que l’intervention humaine gâche le paysage et l’écologie à long terme en Norvège, il sait qu’il trouvera (toujours plus haut dans la montagne) des lieux qui lui permettront de rêver.

Bon, il me faut avouer que je ne retiendrai sans doute pas grand-chose de ces voyages marqués de fantaisie et de multiples références artistiques mais la marche n’a pas été désagréable, sans doute aussi grâce à la qualité de la traduction.

« Le plaisir que vous procure une maison n’a rien à voir avec la satisfaction de posséder un logement, il est plus profond, il réside dans le fait d’avoir trouvé un lieu où se reposer, où il y a de la chaleur et de la lumière, où on peut s’asseoir près de la fenêtre pour regarder dehors; être dedans. Le plaisir de la maison, c’est le plaisir d’être dedans. Le plaisir d’être dehors découle du fait d’avoir trouvé une maison, elle n’a pas besoin de vous appartenir. » (p. 76)

« Mais en ce moment précis de ma vie je n’ai pas de chez moi. J’ai un endroit où habiter, j’habite seul, dans une chambre avec un matelas par terre, un bureau, une chaise, c’est tout. Une chambre d’attente. J’attends un changement, non, j’attends une transformation, quelque chose d’entièrement nouveau, une nouvelle vie ? J’attends quoi ? Cela commence aujourd’hui, la nouvelle vie, les nouvelles possibilités, il suffit de se lever, de se redresser, de secouer le sable et les rêves, d’enfiler son complet, d’endosser son sac et de s’en aller sur la piste ouverte. » (p. 137)

« Giacometti aimait marcher, il sillonnait les rues de Paris, il dessinait et prenait des notes. Pour lui, l’homme qui marche semble être une sorte d’archétype; une image originelle ou un modèle: l’être en mouvement, le personnage qui allonge le pas en balançant les bras, où va-t-il ? Que voit-il ? Nous le reconnnaissons, nous allons vers d’autres destinations, nous voyons autre chose, mais les sculptures de Giacometti illustrent et approfondissent deux états fondamentaux de la nature et de l’être humain: bouger et rester immobile. » (p. 156)

Tomas ESPEDAL, Marcher (ou l’art de mener une vie déréglée et poétique), traduit du norégien par Terje Sinding, Babel, 2015 (Actes Sud, 2012)

Troisième livre de voyage et une étape norvégienne pour le challenge de Margotte

Je refuse

02 mercredi Mar 2016

Posted by anne7500 in Des Mots norvégiens

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Gallimard, Je refuse, Norvège, Per Petterson

Quatrième de couverture :

Jim et Tommy ne se sont pas revus depuis plus de trente ans. Tous deux ont grandi dans la même petite commune près d’Oslo : Jim couvé et protégé par une mère très pieuse, Tommy abandonné par sa mère, malmené par un père violent, puis séparé de ses trois sœurs placées dans des familles d’accueil et obligé de travailler dans une scierie. Pourtant, c’est bien Tommy qui fait carrière dans la finance, alors que Jimmy vivote, entre son travail de bibliothécaire et des arrêts maladie de longue durée. Quand ils se retrouvent par hasard, sur ce pont menant à la capitale où Jim s’est installé pour pêcher, les souvenirs resurgissent…
Je refuse est un roman poignant sur l’amitié entre deux hommes, qui sont aussi deux êtres cabossés par la vie. Leurs échecs sentimentaux, leur colère et leur volonté de survivre sont admirablement mis en scène dans un livre polyphonique d’une incroyable justesse.

Comme dans Pas facile de voler des chevaux, Per Petterson fait voyager ses personnages entre passé et présent, entre ombre et lumière. Il suffit d’une rencontre, d’une minute au petit jour, sur un pont, pour que Jim et Tommy remontent le fil du temps jusqu’à cette année 1966 où leur amitié adolescente était solide et leur permettait de transcender le quotidien. La mère de Tommy était partie sans prévenir, son père le battait, lui et ses soeurs, Jim ne connaissait pas son père et vivotait dans le cocon maternel. Un jour, de façon inattendue, Jim est interné au « Bunker », un hôpital psychiatrique. C’est à partir de là que l’amitié entre les deux garçons va se défaire. Tommy, qui semblait avoir moins de chance, retrouvera une figure paternelle dans sa vie et grimpera les échelons de la réussite. Au moment où ils se retrouvent par hasard sur ce pont, ils ne sont pas au mieux de leur forme et tous deux arrivent à un point crucial de leur vie, un choix s’impose à eux : avancer ou baisser les bras.

Le récit mené par Per Pettersen donne tour à tour la parole à plusieurs personnages, principalement Jim et Tommy, dont le mystère s’éclaircit progressivement mais pas complètement : des blancs, des questions sans réponse subsistent tout comme la fin reste ouverte, au lecteur de choisir la version pessimiste ou optimiste. Peut-être la noirceur du roman fera-t-elle pencher la balance. Il ne cesse de nous interroger sur le retentissement des choix de jeunesse jusque dans notre vie d’adulte, sur la valeur ou le poids du temps qui passe, mais nous fait aussi prendre conscience que ces choix ne peuvent nous retenir dans les liens du passé, sous peine de mort. Le titre emblématique, Je refuse, trouve d’ailleurs divers échos dans le roman.

« Le temps était-il un sac dans lequel on pouvait enfouir tout ce qu’on voulait ? Et s’il décrivait un mouvement circulaire au lieu de parcourir une ligne droite, nous ramenant sans cesse à notre point de départ ? » (p. 214)

J’ai apprécié de retrouver l’auteur et je continuerai à le lire avec plaisir mais Pas facile de voler des chevaux garde la première place dans mon coeur de lectrice en termes d’émotions.

Per PETTERSON, Je refuse, traduit du norvégien par Terje Sinding, Gallimard, 2014

Les avis d’Aifelle et de Jérôme

Un livre enfin disponible à la bibliothèque, qui me permet de commencer le Challenge nordique et dont l’auteur est aussi dans Lire le monde.

Lire-le-monde   Challenge nordique 2016

Pas facile de voler des chevaux

21 mardi Jan 2014

Posted by anne7500 in Des Mots norvégiens

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Gallimard, Norvège, Per Petterson

Quatrième de couverture :

A soixante-six ans, Trond se retire près d’un lac au nord-est de la Norvège. Son rêve de quiétude et de solitude est en passe de se réaliser, mais un soir il fait la connaissance de son voisin Lars. Cette rencontre le replonge dans l’été de ses quinze ans, en 1948. A l’époque, en vacances seul avec son père, il retrouve son camarade Jon. Ensemble, ils « volent des chevaux » par petites échappées. Une fois pourtant, il se blesse puis assiste, impuissant, à une étrange explosion de rage chez Jon. Trond se souvient de l’effroyable accident survenu dans la famille de Jon, du passé insoupçonné de son père, révélé par un voisin ; il ne se doutait pas alors que les événements dramatiques survenus pendant la Seconde Guerre mondiale  allaient jeter leur ombre sur sa propre famille et lui ravir son père.

De Per Petterson, j’ai déjà lu Maudit soit le fleuve du temps, roman publié après celui-ci et où l’auteur s’intéressait à la relation d’un fils de famille nombreuse avec sa mère et aux liens entre Norvège et Dannemark.

Dans Pas facile de voler des chevaux, son roman précédent, un homme vieillissant se souvient de l’été exaltant de ses quinze ans, en 1948 et de la relation à la fois lumineuse et mystérieuse entre lui et son père. Il est aussi question de frontière, celle entre la Norvège et la Suède, celle que traverse la rivière qui passe devant leur chalet de montagne. L’eau et la forêt occupent une grande place dans cette histoire, éléments naturels grâce auxquels le narrateur retrouve son équilibre après un deuil bouleversant et qui ont joué un rôle important en 1948 et (surtout) quelques années auparavant.

C’est un magnifique roman, qui parle parfois en creux d’amitié, de courage, de paternité et de filiation, de deuil, de nature, de fjords, de soleil et de neige. Trond évoque des moments forts, physiques, de complicité, vécus avec son père, qui compensaient sans doute des mots qui n’ont jamais été exprimés et qui ont laissé des questions béantes, jamais vraiment résolues.

Le jeu délicat et éprouvant entre le passé et le présent fait remonter les souvenirs à la surface, laisse entrevoir des réponses fragiles, trace le portrait de deux personnages, Trond et son père, attachants dans leurs failles et leurs ombres. Un homme et un adolescent devenu un adulte qui ont dû composer avec les non-dits, la solitude, l’absence (malgré la présence de la délicieuse chienne Lyra).

Un roman sur les traces du temps, tout en retenue, en silences, un lyrisme contenu et émouvant qui me laissera peut-être un souvenir plus fort que Maudit soit le fleuve du temps, que j’avais pourtant déjà fort apprécié.

« (…) Je m’occupe à remettre en état cette maison. (…) J’essaie de faire le maximum tout seul. Je pourrais me payer un menuisier, je suis loin d’être sur la paille, mais cela irait trop vite. J’ai envie de prendre le temps qu’il faut. Le temps, maintenant, je me dis que c’est important pour moi. Qu’il passe vite ou lentement n’est pas le problème ; l’essentiel c’est le temps lui-même, cet élément dans lequel je vis et que je remplis d’activités physiques qui le rythment, le rendent visible et l’empêchent de s’écouler sans que je m’en aperçoive. » (p. 16-17)

« Eclairée par le soleil, la claie jetait une grande ombre et avait l’air de faire partie du paysage depuis toujours, elle épousait chaque anfractuosité du terrain et n’était que pure forme. Une forme originelle. Même si, à l’époque, cette expression ne m’est pas venue à l’esprit. Mais j’avais du plaisir à la regarder. Il m’arrive encore aujourd’hui d’éprouver ce même sentiment, quand je découvre la photo d’une claie dans un livre. Mais tout ça n’existe plus. Ici, plus personne ne pratique les vieilles méthodes ; aujourd’hui chaque homme est seul sur son tracteur, on fait sécher le foin en meules, on utilise des faneuses métalliques et des presses à ballots et son se retrouve avec du fourrage ensilé et qui pue, emballé dans du plastique blanc. Et ma joie cède devant le sentiment du temps qui passe. Tout cela est si loin, et je m’aperçois soudain que je suis vieux. » (p. 84-85)

Per PETTERSON, Pas facile de voler des chevaux, traduit du norvégien par Terje Sinding, Gallimard, 2006 (et aussi en Folio)

Un tout grand merci à Asphodèle qui a fait voyager ce livre ! Et Kathel a beaucoup aimé aussi.

Petit Bac 2014(Catégorie Animal)

"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

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