• Anniversaires Maisons d’édition
  • Je remplis ma PAL…
  • Je vide ma PAL…
  • Le Mois belge
  • Lectures thématiques
  • Mémoire 14-18
  • Mots amis à visiter
  • Présentation et contact
  • Quelques projets et challenges

~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Tag: Résistance

Les notes du jeudi : D-Day (2)

13 jeudi Juin 2019

Posted by anne7500 in Des Notes de Musique

≈ 4 Commentaires

Étiquettes

Le chant des partisans, Les Stentors, Résistance

Le Débarquement allié en Normandie et la libération de la France n’auraient pu avoir lieu sans la Résistance française, dot voici l’hymne, le Chant des partisans dont la musique a été composée par Anne Marly et les paroles ont été écrites par Joseph Kessel et Maurice Druon.

Voici la version du groupe Les Stentors.

Nous voulons tous le paradis – Le procès

14 lundi Août 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

≈ 5 Commentaires

Étiquettes

1940-1945, Belgique, Collaboration, Els Beerten, La Joie de lire, Nous voulons tous le paradis tome 2, Résistance

Quatrième de couverture :

1947, la guerre est finie depuis deux ans. Ward décide de rentrer en Flandre pour se constituer prisonnier. Il sait qu’il va devoir affronter son passé de collaborateur et qu’il sera jugé. 

Il apprend en prison qu’on l’accuse ‘avoir tué Théo, un membre de la Résistance, lors d’une permission.

Le procès qui s’annonce devrait faire surgir la vérité.

Voici la suite du roman que je vous ai présenté en avril, lors du Mois belge, et que La Joie de lire a décidé de publier en deux tomes.

Toutes les questions posées ou suggérées dans la première partie vont évidemment trouver leur réponse (si vous avez envie de lire ce roman, ne lisez pas ce qui suit…) : pourquoi Jef était si malade à l’idée de recevoir une médaille de la Résistance, ce que Ward a vécu sur le front de l’Est, pourquoi il a changé d’identité, comment il a été blessé à la jambe, ce qu’est devenue sa mère à la fin de la guerre. En cette année 1947, une fois de plus, les moindres choix des uns et des autres pendant le conflit vont peser lourdement sur le cours de leurs vies et ils devront à nouveau décider dans quel camp ils se situent. L’amitié, l’honneur, la trahison, le courage, la lâcheté, la responsabilité prendront tout leur sens au cours de ce procès tant attendu. pendant ce temps, les parents de Jef, Renée et Rémi soutiennent indéfectiblement leurs enfants, Renée tente de se convaincre qu’elle a oublié Ward, Rémi, « le petit homme providentiel », grandit, accompagne Gust dans ses derniers instants et renoue avec Jeanne aux mille taches de rousseur.

Ce personnage de Rémi apporte la fraîcheur et la grâce qui font cruellement défaut à d’autres, pas seulement les personnages principaux mais aussi tous ces anonymes qui, après avoir plus ou moins subi la guerre, participent avec « enthousiasme » aux procès et persécutions contre les collaborateurs des nazis.

Dans cette deuxième partie, j’ai vraiment été touchée par le destin de Ward. Car, si les héros de ce roman pensent se situer clairement dans un camp ou dans l’autre, nous nous rendons bien sûr compte que rien n’est manichéen, que la vérité intime de chacun est bien plus subtile que les apparences ne le laissent croire. La fin, inattendue en ce qui me concerne, m’a paru un peu rapide, j’aurais aimé savoir ce que deviennent d’autres personnages que les membres de la famille Claessen, mais elle se comprend tout à fait dans l’optique d’un roman jeunesse.

Encore une fois, je vous recommande chaudement cette lecture et, même si mes souvenirs du premier étaient encore bien frais, je vous conseille de lire les deux tomes à la suite !

Els BEERTEN, Nous voulons tous le paradis – Le procès, traduit du néerlandais par Maurice Lomré, La Joie de lire, 2016 (édition originale en 2008)

La Joie de lire fête ses 30 ans cette année.

Nous voulons tous le paradis

05 mercredi Avr 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots en Jeunesse

≈ 12 Commentaires

Étiquettes

1940-1945, Belgique, Collaboration, Els Beerten, La Joie de lire, Nous voulons tous le paradis, Résistance

Quatrième de couverture :

1943 en Flandre. Les Allemands ont besoin de jeunes hommes pour se battre contre les Russes sur le front de l’Est. Ward et son ami Jef aimeraient devenir des héros. Ward décide de partir, mais le père de Jef oblige son fils à rester en Flandre. Il veut protéger sa famille et la tenir à l’écart du conflit. Renée, la soeur de Jef, est amoureuse de Ward et de sa merveilleuse façon de jouer du saxophone. Elle-même joue de la trompette avec son père et son frère dans la fanfare locale dont Ward fait également partie. Lorsque Ward s’en va, les gens du village le considèrent comme un collabo. Son départ signe aussi la fin de son histoire d’amour avec Renée…
Nous voulons tous le paradis est un roman ample et ambitieux, que La Joie de lire a décidé de publier en deux parties. Un roman qui parle sans fard de la Deuxième Guerre mondiale et de tout ce qui l’accompagne : l’horreur du conflit, la résistance, la collaboration, la haine, la méfiance, les règlements de compte.

Ce roman nous a été chaudement recommandé, à la Miss nièce et à moi, par une libraire du Rat conteur qui tenait le stand de La Joie de lire lors de la dernière Foire du livre. « Cela vous plaira à toutes les deux, adulte comme ado. » Argument tentant, d’autant que ce roman est sélectionné pour le Prix Farniente, c’est un gage de qualité. Heureusement que j’ai acheté la suite, car je ne savais pas que les deux tomes sont un seul roman…

J’ai tellement d’envies pour ce mois belge que je ne vous présenterai peut-être pas la suite en avril, mais ça viendra très vite… Vous comprendrez aussi très vite le lien avec mes deux premières lectures de cette édition 2017.

Nous sommes en Flandres, dans un petit village du Limbourg dont on sent les habitants tiraillés entre la résistance à l’occupation allemande, la collaboration plus ou moins active ou l’indifférence, le retrait pour sauver sa peau (et celle de sa famille). Cette dernière option est celle choisie par le père de Jef, Renée et Rémi mais il suit quand même les recommandations des résistants, il ne croit en rien aux promesses que font miroiter les Allemands aux Flamands pour attirer les jeunes combattants sur le front de l’Est.

Les héros de ce roman, c’st un trio de jeunes gens, Jef, qui ne sait trop quel sens donner à sa vie, Renée, sa soeur, passionnée de musique (elle a décidé de travailler la trompette, choix peu courant pour une jeune file de l’époque) et Ward, l’ami de Jef, qui tombera vite amoureux de Renée (et c’est réciproque), un saxophoniste très doué. Très vite, on comprend que Jef a commis un acte héroïque pour la Résistance, qui n’est pas encore précisément raconté dans cette première partie mais dont on sent qu’il « encombre » le jeune homme qui refuse d’être honoré pour ce fait. On devine aussi que Ward a fait le choix inverse, au grand dam de ses amis. Renée, Ward et Jef donnent tour à tour leur point de vue sur le événements, sans oublier la voix de Rémi, petit garçon de dix ans à qui personne ne veut rien expliquer mais dont les oreilles et le coeur ressentent bien plus qu’on ne veut le croire.

Ce choix polyphonique et les aller-retour entre les années de guerre et l’après rendent ce roman à la fois complexe, complet et subtil : de nombreux aspects de la Seconde guerre mondiale en Belgique sont évoqués, et particulièrement dans une Flandre encore engoncée dans des traditions religieuses prégnantes et dont une certaine frange, représentée par le VNV, voit dans cette guerre l’occasion d’exacerber le nationalisme flamand. (Pour ceux qui ne connaîtraient pas bien l’histoire belge, à l’époque, et pour le dire très rapidement, la Flandre était encore minoritaire sur le plan politique et économique, la situation a commencé à s’inverser après la guerre.)

C’est aussi un roman sur les choix que doivent poser les jeunes gens, comment Jef, Renée et Ward tentent de se construire dans une période troubl(é)e. Rien n’est simple et rien n’est manichéen : Els Beerten montre combien ces choix peuvent être compliqués et influencés par des éléments qui dépassent infiniment ces jeunes. Rémi sera lui aussi amené à grandir plus vite que prévu dans ces circonstances. On sent de la part de l’auteure une grande tendresse pour ses personnages, une belle sensibilité, manifestée aussi par les caractères attachants des parents de Jef, Rémi et Renée.

Ce livre conviendra aux jeunes lecteurs à partir de 15-16 ans, ils demanderont peut-être des explications sur le contexte ou sur certains détails, et bien sûr aux adultes. Il demande un peu d’attention, à cause des changements rapides de personnages et d’années, mais il est passionnant, les pages se tournent toutes seules. J’ai hâte de connaître la suite !

Els BEERTEN, Nous voulons tous le paradis, traduit du néerlandais par Maurice Lomré, La Joie de lire, 2015 (édition originale en 2008)

Belgique : entre collabos et résistants, lecture 3

La Joie de lire fête ses 30 ans cette année.

Un hiver avec le diable

25 vendredi Nov 2016

Posted by anne7500 in Des Mots français

≈ 9 Commentaires

Étiquettes

Alsace, Collabration, Michel Quint, Oradour, Presses de la Cité, Résistance, Un hiver avec le diable

Quatrième de couverture :

D’un regard, il a perçu derrière son incroyable allure de « Garbo brune  » un secret, une fêlure. Robert Duvinage est un escroc à la petite semaine, avec le charisme du diable. Hortense Weber a tout pour l’intriguer. Que cache cette institutrice célibataire, une Alsacienne venue s’exiler à Erquignies, avec son bébé sous le bras ? 

Huit ans après la Libération, en pleine guerre d’Indochine,suspicions et plaies de l’Occupation couvent toujours dans ce bourg près de Lille. A la veille du procès d’Oradour, les tensions sont ravivées par un incendie criminel dans une ferme voisine, qui tue deux élèves d’Hortense.

Parce qu’il veut confondre l’assassin et parce qu’il veut veiller sur Hortense, en proie à une peur permanente, Robert suspend un temps ses activités louches et  joue l’épicier du bourg. Serait-ce ainsi pour lui un moyen de soulager sa conscience ?

Qu’et-ce qui pousse Robert Duvinage à sans cesse mentir, monter des escroqueries à la petite semaine grâce à son talent de photographe ? En tout cas, une fois qu’il se laisse aller à rendre service à Hortense Weber, la ramenant de la maternité à Erquignies, les tragédies semblent se déchaîner sur ce paisible petit village à la frontière franco-belge. Pas si paisible que ça, la bourgade dont le maire communiste côtoie un curé aux manières un peu trop onctueuses. Ce village du Nord symbolise la France entière et les luttes qui la déchirent encore huit ans après la Libération : luttes sourdes entre anciens collabos amnistiés par la loi de 1951 et anciens résistants, luttes attisées par ce procès qui s’ouvre à Bordeaux pour juger les bourreaux d’Oradour.

Michel Quint connaît très bien cette région nordiste, son écriture est très évocatrice des lieux si on les connaît un peu, même s’ils ont bien changé depuis 1953. Il s’est aussi très sérieusement documenté sur le sort du journal La Voix du Nord et son réseau de résistants, sur la loi d’amnistie de 1951, ainsi que sur le procès d’Oradour et la guerre d’Indochine, symbole de la guerre froide. Son roman est donc assez dense, d’autant qu’il faut passer par le filtre de son écriture abondante, de son phrasé complexe, attentif au moindre détail à rapporter à son lecteur. Le roman n’en est pas pour autant difficile mais il fournit une masse de faits et d’informations en plus des rapports compliqués entre les habitants d’Erquignies.

Les secrets et les mensonges ne se révéleront qu’à la fin (évidemment), fin du roman et fin du procès d’Oradour. A travers cette narration complexe, maîtrisée, on a fini par s’attacher à Robert « le Diable », celui qui a mis en lumière les divisions du village, avant de s’unir à sa belle Hortense.

Michel QUINT, Un hiver avec le diable, Presses de la Cité, 2016

Merci à l’éditeur et à Babelio pour l’envoi de ce livre !

Gabrielle Petit (20 février 1893 – 1 avril 1916)

01 vendredi Avr 2016

Posted by anne7500 in De la Belgitude

≈ 22 Commentaires

Étiquettes

Gabrielle Petit, Première guerre mondiale, Résistance, Tournai

Si je choisis de démarrer ce mois belge avec un billet historique (à ranger au coin bonus donc), c’est parce qu’on commémore aujourd’hui le centenaire de la mort de Gabrielle Petit, qui fut fusillée par les Allemands au petit matin du 1e avril 1916. La jeune femme était originaire de ma petite ville de province, Tournai, où elle est née le 20 février 1893 (dans un quartier très proche de celui de mon enfance).

DSCN2914

Plaque apposée sur la maison du quai du Luchet d’Antoing, détruite lors de l’élargissement de l’Escaut (Maison tournaisienne)

L’ambiance familiale était assez misérable, aussi son père l’a-t-il envoyée à Brugelette dans une institution religieuse. C’est là qu’elle forge son esprit patriotique car elle ne peut guère compter sur sa famille (elle essaye bien de retrouver son père, qui s’est remarié, mais ils ne s’entendent pas vraiment). Elle ira vivre à Bruxelles où elle enchaînera les « petits boulots » pour vivre. La jeune fille demandera de l’aide à « son cher bienfaiteur », Charles Bara, pour pouvoir faire des études d’institutrice.

Elle se fiance à Maurice Gobert, mais ce temps de tendresse est interrompu par la guerre. Son fiancé est blessé dès août 1914 à Hoofstade. Gabrielle s’engage alors auprès de la Croix-Rouge : c’est là qu’elle est recrutée pour mener des missions d’espionnage. Elle sera formée en Angleterre et opèrera sous le pseudonyme de « Mademoiselle Legrand » jusqu’en février 1916 où elle est dénoncée et arrêtée. « Elle écrivait les renseignements sur du papier très fin, comme du papier à cigarette. Elle décapait ensuite des cartes postales illustrées, c’est à dire qu’elle retirait la surface. Elle glissait ensuite le document à l’intérieur, recollait le tout et l’envoyait, au nez et à la barbe des Allemands. » (extrait d’un livre sur Gabrielle Petit écrit par Pierre Ronvaux)

DSCN2896

Dernier message d’espionne rédigé avant son arrestation le 2 février 1916 et que Gabrielle n’a pu envoyer (Maison tournaisienne)

Le 3 mars 1916, un tribunal militaire allemand la condamne à mort. Dans la prison de Saint-Gilles, Gabrielle écrit à ses proches et espère que sa peine sera commuée en prison à perpétuité (comme Louise de Bettignies, une autre jeune espionne arrêtée à Froyennes, un village proche de Tournai). Elle est si jeune… Mais le 1e avril elle est conduite au Tir national à Bruxelles où elle est fusillée à 6h40.

DSCN2906

Photos, livres, médaille « Gaby » qui témoignent que Gabrielle est devenue une figure patriotique après sa mort (Maison tournaisienne)

En 1919 on célèbre des funérailles nationales en présence de la Reine Elisabeth, qui sera là aussi lorsqu’on inaugure un monument à la mémoire de Gabrielle Petit dans sa ville natale, en 1924. La statue est située au chevet de l’église Saint-Brice et a fait l’objet d’une restauration en l’honneur du centenaire de la mort de cette héroïne de la résistance lors de la première mondiale. Une statue lui est dédiée place Saint-Jean à Bruxelles et une place de Tournai porte également son nom, comme d’autres rues à Molenbeek (eh oui), à Rouveroy et à Roux.

DSCN2919 DSCN2922

Le monument restauré près de l’église Saint-Brice (photos personnelles)

Ce vendredi 1e avril, un hommage particulier est rendu à Gabrielle Petit. Une expo lui est consacrée jusqu’en novembre 2016 dans une salle de la Maison tournaisienne (ou Musée de folklore) : bon, modeste, l’expo, d’autant que le musée vivote faute de moyens, mais l’initiative a le mérite d’exister.

Gabrielle Petit était belle, son regard était franc et direct, elle avait des convictions, un idéal patriotique. On peut se demander si l’exemple de la jeune Tournaisienne inspirerait encore des jeunes aujourd’hui dans des circonstances similaires… il faut l’espérer.

Mois belge Logo Khnopff

Poppy Thiepval

La Fille qui tombe du ciel

06 samedi Juin 2015

Posted by anne7500 in Des Mots britanniques

≈ 17 Commentaires

Étiquettes

La Fille qui tombe du ciel, Le Cherche-Midi, Le mois anglais, Résistance, Simon Mawer

Quatrième de couverture :

Après Le Palais de verre, Simon Mawer nous offre un magnifique portrait de femme dans la France de l’Occupation.

1941. Élevée à Genève et parfaitement bilingue, Marian Sutro, révoltée par la situation en Europe occupée, est la recrue idéale pour les services secrets anglais. Après quelques hésitations, la jeune fille accepte de tout quitter et de disparaître dans la clandestinité. Durant son entraînement en Angleterre, elle rencontre Benoît, un résistant français au charme duquel elle n’est pas insensible, qui va l’accompagner dans sa mission.
Parachutée dans le sud-ouest de la France, Marian rejoint la Résistance avec pour objectif de gagner Paris afin de convaincre son amour d’adolescence, Clément Pelletier, un physicien dont les travaux sont d’une importance cruciale pour la suite du conflit, de venir en Angleterre. Commence alors un long périple dans une France désolée, où de nombreux dangers la guettent. C’est également le début d’un dilemme amoureux entre Benoît, le compagnon des jours difficiles, et Clément, qu’elle n’a jamais réussi à oublier.

Simon Mawer rend ici un brillant hommage aux trente-neuf femmes qui, entre 1941 et 1944, ont été parachutées en France par les services secrets anglais. Entre violence et amour, passion et trahison, La Fille qui tombe du ciel est aussi le magnifique portrait d’une femme ordinaire confrontée à des situations extraordinaires.

Attention, page-turner en vue… Dans la petite pile que j’ai préparée pour le Mois anglais, avait atterri ce livre ; comme j’avance bien dans mes lectures (et que j’attends avec impatience la diffusion des derniers épisodes d’Un Village français), je me suis dit que ça tombait bien pour célébrer l’anniversaire du Débarquement en Normandie, il m’est donc tombé dans les mains avant-hier et je ne l’ai plus lâché (heureusement que j’avance à peu près bien dans mes corrections aussi).

On est bien loin du 6 juin 1944 encore, les Français qui accueillent Alice (le nom de guerre de Marian) demandent avec insistance quand aura lieu le Débarquement et se moquent un peu des tas de précautions théoriques qui sont enseignées aux agents anglais lors de leur formation. Le roman raconte donc comment Marian est recrutée puis formée (avec Yvette, qui devient son amie), entraînée à tous les aspects d’une mission, militaire, physique, psychologique, apprendre à se servir d’une arme, à se taire, à manipuler une radio, à sauter en parachute, à créer des boîtes aux lettres et des coupe-circuit, à résister aux interrogatoires… Lorsqu’elle est envoyée en France, Alice est vraiment opérationnelle. De plus, elle a reçu une mission supplémentaire des services secrets britanniques : approcher Clément Pelletier, un scientifique français qui travaille avec Frédéric Jolliot et Irène Curie au Collège de France. On sait que Clément est l’amour de jeunesse de Marian-Alice : elle sera plus efficace pour le convaincre d’aller travailler en Angleterre avec d’autres scientifiques.

Ce qui était passionnant dans ce récit, c’est bien sûr tout cet aspect de formation, d’entraînement des Résistants, les risques permanents auxquels ils doivent faire face (s’ils ne sont pas sans cesse sur leurs gardes, ils peuvent devenir leur meilleur propre ennemi), tout le travail sur le terrain, le danger, les filatures, les messages radio… et je ne vous en dis pas trop pour garder le suspense. Après avoir travaillé dans le Sud-Ouest de la France, Alice découvre la misère dans laquelle vivent les Parisiens, oh pas seulement la misère de ne pas manger à sa faim et de se faire contrôler régulièrement, non, une misère morale aussi, la masse grise de ceux qui ne sont pas franchement collabos mais vendraient leur âme pour se débarrasser des emm… que sont les Juifs et les Anglais. On sent à travers ces péripéties la méfiance instinctive que les Anglais ressentaient vis-à-vis des Français pendant la guerre, et Alice, qui connaît très bien la France, ressent cela, elle est « prise entre le marteau et l’enclume » comme elle l’était dans les jeux de son frère Ned et de Clément avant la guerre. Mais on sent bien aussi le courage de tous ceux et celles qui agissent pour la liberté, sans réfléchir, parce qu’il faut le faire.

Le récit est vif, rythmé, on suit avec angoisse les tribulations d’Alice dans les trains, dans les gares,  dans les rues de Paris et le suspense est présent jusqu’à la dernière ligne (que d’émotion m’a procurée cette fin). On suit aussi une jeune femme qui évolue, se transforme, à la fois sur le plan du courage et sur le plan de la féminité.

Ce n’est pas le roman du siècle, on devine certaines « ficelles » (qui sera le traître ?) et Marian-Alice est sans doute l’archétype de ces femmes parachutées en France par le Special Operations Executive, un service créé par Churchill pour soutenir la résistance européenne, il n’en reste pas moins que La Fille qui tombe du ciel m’a fait passer un très bon moment de lecture !

Simon MAWER, La File qui tombe du ciel, traduit de l’anglais par Karine Lalechère, Editions du Cherche-Midi, 2014 (et aussi en poche chez Pocket)

C’est chez Keisha que j’ai découvert l’auteur, dont Le Palais de verre figure également au catalogue du Cherche-Midi.

Logo Mois anglais 2015 1

Comme en Quatorze

16 samedi Août 2014

Posted by anne7500 in Des Mots en images

≈ 5 Commentaires

Étiquettes

14-18, BD du mercredi, Comme en Quatorze, forts de Liège, Résistance

Aujourd’hui, 16 août, on commémore la fin de la bataille de Liège en 1914 : « Au lendemain de l’explosion du fort de Loncin par les Grosse Bertha allemandes, le dernier fort liégeois à résister, celui de Hollogne s’est rendu le matin du 16 août.. La bataille de Liège, la première menée par l’empire allemand durant la Première Guerre Mondiale, s’est terminée ce jour-là. » (Source : L’Avenir, 16 août 2014)

Je pensais présenter cette BD plus tard mais je fais une exception à la pause pour être en adéquation avec la date anniversaire (de toute façon le billet était déjà rédigé).

Présentation de l’éditeur :

La Première guerre mondiale a débuté par l’attaque allemande sur la Belgique. Au fort d’Embourg (Liège), deux frères sont envoyés en mission périlleuse par leur commandant. Nécessité militaire ou cynisme d’un gradé issu d’une famille de patrons à l’encontre de subalternes agitateurs sociaux et militants du suffrage universel avant-guerre ? Le frère cadet de ces derniers se persuade qu’il doit « faire justice » en retrouvant le commandant replié avec ce qui reste de l’armée belge, près de Dunkerque. Sa mère et sa soeur, désormais seules, se lancent à sa poursuite… Un passé et des antagonismes plus lointains vont resurgir mais la guerre bouleverse les destinées. La vengeance a-t-elle encore un sens ?

Cette BD de fiction puise dans l’Histoire belge pour mettre en scène une famille d’ouvriers avant et pendant la Grande Guerre. Elle exploite la résistance des forts de Liège dans les premiers jours de la guerre, la Belgique seul pays occupé par les Allemands en 14-18, le cordon de barbelés que ceux-ci avaient établi sur la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas pour empêcher toute tentative d’évasion (y compris la Meuse barrée d’un câble électrique pour repousser les bateaux) mais surtout les luttes et tensions socio-politiques qui agitaient aussi la Belgique avant 1914 et que la guerre a exacerbées : les ouvriers réclamaient le droit de vote à l’égal des patrons, des riches qui disposaient alors de trois bulletins de vote contre un pour les petits. (Dès la fin de la guerre, le roi Albert Ier incitera d’ailleurs le Parlement belge à adopter le suffrage « égalitaire ».)

A travers la famille Dejardin, qui a perdu trois de ses hommes et dont les femmes cherchent courageusement à comprendre ce qui s’est passé, ce sont aussi quelques figures belges qui ont osé résister à l’ennemi que nous découvrons dans cet album. Philippe Brau, auteur des textes, explique tous les liens entre histoire réelle et anecdotes de fiction à la fin de l’ouvrage.

Si le scénario souffre à mon sens de petites longueurs, il n’en est pas moins bien construit et très intéressant. Malgré la dureté des faits et du contexte, le dessin en noir et blanc de Georges Van Linthout, tout en nuances grisées de crayon et aquarelle, lui apporte ce qu’il faut de sobriété et de sensibilité.

Encore une découverte inattendue et très instructive sur la Grande Guerre en Belgique et du côté de Liège.

Georges VAN LINTHOUT (dessin) et Philippe BRAU (textes), Comme en Quatorze, Des ronds dans l’O, 2014

Poppy Thiepval

Dans la gueule de la bête

14 mercredi Mai 2014

Posted by anne7500 in De la Belgitude

≈ 30 Commentaires

Étiquettes

Armel Job, Dans la gueule de la bête, Liège, Occupation, Résistance

Présentation de l’éditeur :

Qu’est-ce qu’elle peut bien y comprendre, Annette, à ces rendez-vous du mercredi après-midi, à l’abri des regards indiscrets, chaperonnée par des bonnes soeurs au regard doux et préoccupé ? Peut-être que si elle ne s’appelait pas en réalité Hanna, peut-être que si elle n’était pas juive, la fillette pourrait voir ses parents autrement qu’en catimini…
Le peuple de Liège a beau renâcler devant la rigueur des lois antijuives, les rues de la ville, hérissées de chausse-trapes, n’en demeurent pas moins dangereuses. Un homme, en particulier, informateur zélé de l’occupant allemand hantant les bas-fonds de la cité, exilerait volontiers les parents d’Hanna vers des cieux moins cléments. Mais la trahison ne vient pas toujours du camp que l’on croit.

Comment réagissent des gens ordinaires confrontés à une situation extraordinaire ? Quelle est la frontière entre le bien et le mal, entre un héros et un salaud ? Inspiré de faits réels, Dans la gueule de la bête saisit toutes les nuances de l’âme humaine, tour à tour sombre et généreuse, et invite chaque lecteur à se demander : « Et moi, qu’aurais-je fait pendant la guerre ? »

Quel magnifique roman, qui me donne envie de me précipiter en librairie pour trouver d’autres oeuvres d’Armel Job ! De lui j’ai lu il y a déjà quelques années le superbe Helena Vannek et j’ai vraiment eu plaisir à retrouver ici sa plume élégante et très évocatrice.

Mais l’intérêt principal du roman, bien sûr, c’est de découvrir comment des hommes et des femmes ont osé s’organiser à Liège pour sauver des Juifs au nom de la liberté et du respect des droits humains, au nom de leurs valeurs catholiques : Armel Job l’a expliqué à La librairie francophone, dont il était l’invité le week-end dernier, que, si l’Eglise catholique n’a pas pris position officiellement contre la déportation, l’évêque de Liège, Mgr Kerkhofs, avait donné des directives aux prêtres et religieux pour cacher des Juifs, notamment des enfants. Après les rafles de 1942, des indics continuent à traquer les Juifs et à les « vendre » à l’administration allemande.

« Qu’est-ce que ce monde où des gens s’acharnent à exterminer des gens dont ils ne savent rien, que d’autres, qui n’en savent pas davantage, sont prêts à sauver au prix de leur vie ? » (p. 167) C’est cela qu’Armel Job nous conte, en mettant en scène Volko, Fannia et leur petite Hanna, José Kaiser et sa femme Léa ou plutôt Laja, qui se croyait à l’abri par son mariage et ses « vrais faux papiers ». Dans la ville de Liège, l’abbé Müller et Maître Vandenbergh s’activent et donnent des consignes strictes pour leur sécurité. Le clerc de notaire Oscar Lambeau est un maillon du réseau tandis que son patron, Me Desnoyer s’efforce de faire preuve de courage en prenant Fannia (devenue Nicole) à son service.

Mais le hasard des rencontres, les angoisses liées à l’Occupation, des intérêts divers constituent autant de petits grains de sable qui s’enchaînent et vont mettre en danger plusieurs des protagonistes : ils devront faire des choix, souvent dans l’urgence, dans la précipitation, et la morale enseignée en chaire de vérité sera de bien peu de poids face à la barbarie. Comme le dira l’un des personnages, il n’y a plus à choisir entre le bien et le mal, mais entre deux maux. Et suivant sa situation familiale, suivant ses idéaux, ses intérêts, ses attachements, sa personnalité, son histoire, chacun fera des choix : trahir ou secourir, agir ou laisser faire, se taire ou parler. Le moindre mal, celui qui permettra de se regarder encore dans la glace si on en réchappe…

Le drame se noue, le récit est rythmé, nous laissant à chaque fin de chapitre brûlants de savoir le sort qui attend tel ou tel personnage car Armel Job passe de l’un à l’autre, construisant habilement sa narration en tissant petit à petit, en une géographie très précise de la ville de Liège et de ses banlieues, la toile dans laquelle certains seront pris au piège et en offrant parfois de petites lueurs d’espoir au lecteur. Jamais il ne juge ses personnages, il les montre dans leur humanité complexe et amène bien sûr le lecteur à se poser la question : qu’aurais-je fait dans ces circonstances ? C’est facile d’être brave et idéaliste avec le recul mais qui aurions-nous rejoint en 1942-43 ? La résistance, la collaboration ou la foule des sans opinion, de ceux qui subissaient certes de mauvaise grâce mais passivement l’occupation allemande ?

« Jamais, nulle part, il ne faut se fier au pouvoir, ni maintenant ni plus tard. Le pouvoir corrompt infailliblement. Quiconque, si généreux soit-il, met le pied dans le marécage public ne peut prétendre en ressortir net.

Il n’y a que des inconnus ça et là en qui l’on puisse espérer, d’humbles épicières à la retraite, des notaires de banlieue, des bistrotiers calembouristes. Les obscurs ont toujours sauvé les meubles. Ils sont l’honneur de l’humanité que les honorables ne cessent de déshonorer.

Volko ouvre les yeux. Au comptoir, le patron essuie la vaisselle. Ce geste si soigneux, songe furtivement Volko, pourrait contenir à lui seul toute la dignité de l’humanité. » (p. 241-242)

Armel JOB, Dans la gueule de la bête, Robert Laffont, 2014

Petit Bac 2014

 

"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

Les mots en cours

C'est dur de mourir au printemps

Les challenges maison !

Le Mois belge d'Anne et Mina
Cliquez sur le logo pour accéder au récapitulatif 2022 et déposer vos liens


Mémoire 14-18


Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et recevoir des notifications de nouveaux articles par mail.

Rejoignez les 252 autres abonnés

Articles récents

  • La troisième fille
  • Les notes du jeudi : Alors on danse… (3) Alexandre Glazounov
  • 20 ans avec mon chat
  • Les indiscrétions d’Hercule Poirot
  • Garçon ou fille

Vos mots récents

ToursEtCulture dans La troisième fille
aifelle dans Les notes du jeudi : Alors on…
anne7500 dans 20 ans avec mon chat
anne7500 dans 20 ans avec mon chat
anne7500 dans Les blablas du lundi (39) : Re…

Les catégories de mots

Les Mots d’archives

Méta

  • Inscription
  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • WordPress.com
Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs

Étiquettes

10/18 14-18 2013 2015 2016 Actes Sud Agatha Christie Agatha Raisin enquête Albin Michel Anne Perry Argentine Armel Job automne Babel BD BD du mercredi Camille Saint-Saëns Casterman Concours Reine Elisabeth Dargaud Didier Jeunesse Editions Bruno Doucey Editions Luce Wilquin Emile Verhaeren En train Esperluète éditions Flammarion Folio Gallimard Gallmeister Guy Goffette haïkus Hercule Poirot hiver Jacques Brel Jazz Jean Sébastien Bach Le Livre de poche Le mois anglais Le Mois belge Le Mois belge 2020 Le mois belge d'Anne et Mina Leonard Bernstein Liana Levi Ludwig von Beethoven Maurice Ravel Mozart Mémoire d'encrier Métailié nouvelles Noël nuit Paris Paul Verlaine piano Pieter Aspe Pocket Points polar Poésie Premier Roman Première guerre mondiale printemps Prix Première Quadrature Québec Rentrée littéraire 2012 Rentrée littéraire 2013 Rentrée littéraire 2014 Résistance violoncelle Weyrich Xavier Hanotte Zulma étoiles

Propulsé par WordPress.com.

  • Suivre Abonné∙e
    • desmotsetdesnotes.wordpress.com
    • Rejoignez 252 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • desmotsetdesnotes.wordpress.com
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné∙e
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
 

Chargement des commentaires…