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Archives de Tag: Stock

Trouble

27 samedi Avr 2019

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Anvers, auteur flamand, Deuxième guerre mondiale, Jeroen Olyslaegers, Stock, Trouble

Quatrième de couverture :

Anvers, 1940. Wilfried Wils, 22 ans, a l’âme d’un poète et l’uniforme d’un policier. Tandis qu’Anvers résonne sous les bottes de l’occupant, il fréquente aussi bien Lode, farouche résistant et frère de la belle Yvette, que Barbiche Teigneuse, collaborateur de la première heure. Incapable de choisir un camp, il traverse la guerre mû par une seule ambition : survivre. Soixante ans plus tard, il devra en payer le prix.
Récompensé par le plus prestigieux prix littéraire belge, Trouble interroge la frontière entre le bien et le mal et fait surgir un temps passé qui nous renvoie étrangement à notre présent.

Quand j’ai entendu l’auteur en interview lors de la dernière Foire du livre (qui mettait les Flamands à l’honneur), la journaliste a fait référence à Guerre et térébenthine de Stefan Hertmans. Certes il y a bien le point commun de la relation entre un grand-père (ou arrière-grand-père ici) et son (arrière-)petit-fils mais le point de vue de Jeroen Olyslaegers est radicalement différent. L’aïeul de Stefan Hertmans a combattu toute la première guerre sur le front de l’Yzer, de façon tout à fait patriotique et c’est le petit-fils qui cherche les traces de son grand-père à travers souvenirs de famille et carnets du jeune soldat. Ici c’est l’arrière-grand-père parvenu à un âge avancé qui s’adresse à son arrière-petit-fils qu’il lui est interdit de voir désormais, on comprendra pourquoi au fil de la lecture. Wilfried Wils était policier à Anvers en 1940. Avec le recul, tout le monde sait bien que la police belge a collaboré avec l’occupant nazi notamment dans la traque des Juifs, bien présents à Anvers dans le commerce du diamant. Et donc, avec ce recul, on se dit que Wilfried Wils est un collabo. Mais ce n’est pas si simple et Jeroen Olyslaegers va s’employer de façon magistrale à semer le doute (le trouble) dans la tête de son héros et dans celle de ses lecteurs. Car Wilfried s’adresse directement à son arrière-petit-fils en « tu » et le lecteur est donc confronté d’office aux actes et aux pensées, aux doutes, aux incompréhensions, aux justifications de ce narrateur qui cache au fond de lui son double, un poète bien malmené en ces temps extraordinaires. 

Jeroen Olyslaegers a écrit un roman brillant, interpellant, un grand roman qui exhibe un pan de l’histoire belge par le biais de la fiction. Une fiction qui part d’un fait bien réel, un « incident » (que je vous laisse découvrir en lisant) lors de l’arrestation d’une famille juive qui habitait la même rue que l’auteur aujourd’hui et retrouvé aux archives par un de ses amis. Une fiction qui convoque le début de l’Iliade « Chante, ô Muse, le ressentiment… » et Margot la Folle pour expliquer les agissements d’une frange d’Anversois (et donc de Belges) sous l’Occupation. Une fiction qui montre à merveille les zones grises, la frontière souvent poreuse entre résistance et collaboration. Une fiction qui nous interpelle, nous bouscule sur nos choix, nos compromissions, nos motivations profondes. Car, si certaines scènes sont insoutenables, le lecteur peut sans peine s’identifier à Wilfried, c’est le brio de l’auteur, et s’interroger à son tour : qu’aurais-je fait en pareilles circonstances ? Qu’est-ce qui distingue un salaud d’un héros ? Qui sont les vrais salauds ? Qui est vraiment Wilfried ? Autant de questions qui se confrontent à l’actualité belge et qui roulent sous la plume gouleyante de Jeroen Olyslaegers (Nadège vous en propose plusieurs extraits dans son billet ici). A souligner aussi, la qualité de la traduction.

Ce sera certainement une des lectures les plus marquantes de ce mois belge et de cette année 2019.

Jeroen OLYSLAEGERS, Trouble, traduit du néerlandais (Belgique) par Françoise Antoine, Stock, 2019

 

Une forêt de laine et d’acier

18 mardi Sep 2018

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots d'Asie

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Natsu Miyashita, piano, Stock, Une forêt de laine et d'acier

Quatrième de couverture :

« Un parfum de forêt, à l’automne, à la tombée de la nuit. Le vent qui berçait les arbres faisait bruisser les feuilles. Un parfum de forêt, à l’heure précise où le soleil se couche. À ceci près qu’il n’y avait pas la moindre forêt alentour. Devant mes yeux se dressait un grand piano noir. Pas de doute possible : c’était bien un piano, laqué et imposant, au couvercle ouvert. À côté se tenait un homme. Il m’adressa
un regard furtif, sans un mot, avant d’enfoncer une touche du clavier. De la forêt dissimulée dans les entrailles de l’instrument s’élevèrent une nouvelle fois ces effluves de vent dans les feuilles. La soirée s’assombrit un peu plus.
J’avais dix-sept ans. »

« Une forêt de laine et d’acier », ce sont les sons, les résonances, l’accord produit par un piano. C’est l’histoire d’une révélation, d’une vocation, c’est un chemin d’apprentissage, celui de Tomura, adolescent insignifiant, lycéen originaire d’un obscur village de montagne qui, un jour, assiste à l’accordage du piano de son école et voit (ou plutôt entend) un univers s’ouvrir devant lui. Il suit donc des études d’accordeur et poursuit son initiation chez son mentor, monsieur Itadori, sous l’égide de Yanagi. Son chemin est semé d’observations, de découvertes, de rencontres mais aussi de doutes, de questions voire de tentations d’abandonner. Mais le souvenir de la forêt, le souffle du vent dans la montagne, le son moelleux des feuilles sous les pas du promeneur, toutes ces images resteront toujours présentes au coeur de Tomura pour parvenir à ce qu’il imagine la quintessence de son art : cela lui sera confirmé lors d’un retour dans son village, il comprendra que ces éléments naturels qui font partie de son histoire coïncident parfaitement avec ce qu’il a appris pour faire de lui un accordeur digne de ce nom. (C’est magnifique quand quelque chose de l’ordre du rêve, ou de la foi, des aspirations profondes se trouve confirmé dans le quotidien de la vie, non ? Ou quand ce que vous saviez être une vocation grandit, s’épanouit, s’enrichit et se confirme, vous procurant, tel l’accord parfait, une harmonie intérieure que rien ne pourra altérer.)

Accorder un piano, ce n’est pas seulement une question de technique et d’oreille, il faut y associer du goût pour l’histoire des pianos et la fréquentation des grands pianistes mais aussi une attention particulière à l’environnement du piano à accorder et aux attentes de celui qui en joue. Attentes que l’accordeur doit être capable de décrypter, de deviner parfois. Au cours de son apprentissage, Tomura sera particulièrement impressionné par la rencontre de deux jeunes pianistes, Yuni et Kazuné, des jumelles. Tomura, qui se croit insignifiant et peu doué, est attiré par le jeu de la plus discrète des soeurs. Natsu Miyashita, l’auteure, aurait pu tomber dans une certaine facilité avec une histoire d’amour mais elle est bien plus subtile. Même si je connais très peu et très mal la littérature japonaise, j’imagine que la clé du roman réside dans une recherche d’ordre philosophique : la quête de la beauté, de la justesse (justesse de l’accord, être accordé à soi-même), de la vertu, justement exprimée dans la métaphore du mariage à la fin du roman (pas celui de Tomura, c’est plus subtil, disais-je 😉 )

«  »Beauté » comme « justesse » étaient des mots nouveaux pour moi. Jamais je ne m’étais préoccupé de belles choses avant de rencontrer le piano. Non que je n’en connaisse pas; au contraire, j’en étais entouré. Simplement, je n’y prêtais guère attention. Pour preuve : depuis ma rencontre avec l’instrument, je découvrais quantité de pépites parmi mes souvenirs. » (p. 24)

« Un style nostalgique, lumineux, qui s’éclaire discrètement. Un style qui exprime des choses dures et profondes en les adoucissant quelque peu. Un style beau comme un rêve mais indéniablement réaliste. » (p.236)

Natsu MIYASHITA, Une forêt de laine et d’acier, traduit du japonais par Mathilde Tamae-Bouhon, Collection La Cosmopolite, Stock, 2018

Merci à Marilyne pour cette très belle découverte – Brize a aimé aussi.

Tout ça me donne envie de relancer la lecture de romans en lien avec la musique…

 

L’arbre du pays Toraja

10 mercredi Août 2016

Posted by anne7500 in Des Mots français

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amitié, L'arbre du pays Toraja, mort, Philippe Claudel, Stock

Quatrième de couverture :

« Qu’est-ce que c’est les vivants ? À première vue, tout n’est qu’évidence. Être avec les vivants. Être dans la vie. Mais qu’est-ce que cela signifie, profondément, être vivant ? Quand je respire et marche, quand je mange, quand je rêve, suis- je pleinement vivant ? Quand je sens la chaleur douce d’Elena, suis-je davantage vivant ? Quel est le plus haut degré du vivant ? »
 
Un cinéaste au mitan de sa vie perd son meilleur ami et réfléchit sur la part que la mort occupe dans notre existence. Entre deux femmes magnifiques, entre le présent et le passé, dans la mémoire des visages aimés et la lumière des rencontres inattendues, L’Arbre du pays Toraja célèbre les promesses de la vie.

Avertissement préalable : je me suis demandé si j’allais chroniquer cette lecture…

Le sujet est loin de me déplaire ou de me faire peur. A la cinquantaine bien sonnée, un homme (narrateur qui restera anonyme, selon le choix de l’auteur) revisite sa vie, ses amours, son travail ou plutôt sa création de cinéaste, tout ce qui nourrit cette vie d’artiste, à la lumière de l’amitié d’Eugène, son producteur, mort d’un cancer deux ans auparavant. Ce décès est l’occasion d’une méditation sur l’amitié, sur l’irruption de la mort dans la vie, sur la manière dont chacun appréhende cette réalité, par le déni, la fuite, l’acceptation, l’angoisse ou l’apprivoisement progressif. Tout au long de son récit, notre narrateur est confronté à cette question à travers d’autres expériences, d’autres facettes comme celle de sa mère qui, déjà retirée de la vie, s’éteint peu à peu dans une maison de retraite, ou celle d’un enfant mort-né.

Cette méditation, cette relecture, Philippe Claudel la mène à la façon d’un cinéaste (ce qu’il est aussi), avec des retours en arrière, des zooms sur des moments ou des visages précis, des descriptions très cinématographiques de certaines situations (comme ce qu’il voit à  travers les fenêtres de sa voisine d’en face). Le propos est clair et élégant, la réflexion est profonde, humaniste, le parcours du deuil de l’ami trop tôt disparu est pudique et digne. L’image de l’arbre du pays Toraja, tradition indonésienne, est belle : les vivants, « ceux qui restent », continuent à grandir en englobant dans leurs racines et leurs branchages le souvenir vivant des disparus.

Mon bémol ou ma perplexité ? C’est que, ayant entendu Philippe Claudel parler de son livre (pour une fois que je suivais un peu l’actualité littéraire à la télé), j’ai sans cesse eu à l’esprit la situation réelle, la part d’autobiographie du livre, c’est-à-dire la douleur pour Philippe Claudel d’avoir perdu son ami et éditeur, Jean-Marc Roberts, et que, même en ayant bien conscience du travail de relecture, de distance, de recomposition (« Vivre, en quelque sorte, c’est savoir survivre et recomposer »),  j’avais du mal à accepter l’étiquette de « roman » apposée sur la couverture (très jolie et paisible au demeurant). Les amateurs ou connaisseurs d’auto-fiction ne seront sans doute pas ennuyés par la chose, moi cela m’a un peu gênée aux entournures. Ceci dit, je me suis fait la réflexion que Philippe Claudel a beau aborder sereinement cette présence grandissante de la mort dans la vie à mesure que l’on avance en âge, il n’en garde pas moins une certaine angoisse ; cette vision romancée de son histoire est sans doute un des derniers masques qu’il veut garder, qu’il s’autorise pour conjurer cette peur bien naturelle de la mort.

« Je me rends compte qu’écrire est une inhumation qui ensevelit tout autant qu’elle met de nouveau au jour. le cinéma n’opère pas de la même façon, mais il est vrai qu’il n’est pas constitué non plus de la même matière. » (p. 139)

« La mort d’Eugène ne m’a pas seulement privé de mon meilleur et seul ami. Elle m’a aussi ôté toute possibilité de dire, d’exprimer ce qui en moi s’agite et tremble. Elle m’a également fait orphelin d’une parole que j’aimais entendre et qui me nourrissait, qui me donnait, à la façon dont opère un radar, la mesure du monde que, seul désormais, je ne parviens à prendre qu’imparfaitement. « (p. 141)

Je suis quand même bien contente d’avoir trouvé ce livre sur les étagères de ma bibli !

Philippe CLAUDEL, L’arbre du pays Toraja, Stock, 2016

Selon Vincent

20 mercredi Août 2014

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Christian Garcin, Rentrée littéraire 2014, Selon Vincent, Stock

Présentation de l’éditeur :

Dans les années 1990, un homme qui se croit possédé quitte métier, maîtresse, femme et enfants pour s’exiler au bout du monde. En 1812, juste avant le passage de la Bérézina, un soldat napoléonien est fait prisonnier par les Russes et confie à des feuilles volantes le détail de ses deux terribles années de captivité. En 2013, deux amis, l’un franco-chinois, l’autre franco-argentin, partent en Patagonie à la recherche de l’oncle de l’un d’eux, disparu depuis vingt ans, et rencontrent le propriétaire de la Lune. En 1882, un médecin astronome participe à une expédition internationale vers la Terre de Feu pour observer les mouvements de la planète Vénus, et établit des contacts avec les Indiens Yahgans, dont le peuple fut exterminé quelques décennies plus tard. Ces histoires n’en forment qu’une, qui rebondit de chapitre en chapitre autour d’un drame inavoué, entre Marseille et Punta Arenas, la Russie et les paysages grandioses du sud de la Patagonie.

Je ne connaissais rien de l’auteur Christian Garcin et je découvre donc un roman dans lequel on entre à la fois de plein pied et lentement : Rosario, avec l’aide de son ami Paul, part en Patagonie à la recherche de son oncle Vincent, disparu vingt ans plus trop. Entrée de plein pied parce que l’objet de la « quête » est clairement défini dès le départ et lentement parce qu’il faut d’abord lire une longue lettre de Vincent où il explique les circonstances de sa disparition (sans tout dévoiler, il y est question de chamanisme et cela a failli me laisser sur le bord du chemin d’entrée de jeu).

La structure du roman est assez complexe car, sur la recherche de Rosario et de son ami Paul, se greffent, outre la lettre de Vincent, le témoignage d’un soldat de Napoléon fait prisonnier lors de la campagne de Russie, le journal de voyage d’un médecin lors d’une expédition en Patagonie en 1882, l’histoire du propriétaire de la Lune, un autre carnet de Vincent. Autant d’histoires qui semblent isolées les unes des autres mais qui se relieront, évidemment, autour d’un secret lié à la Terre de Feu et à l’histoire, avec ou sans H.

Narrateurs multiples, variété des typographies suivant les récits, flash-back et sauts dans le temps, la lecture est exigeante mais si on se laisse porter par ces différents personnages et surtout par le magnétisme puissant de cette terre du bout du monde, on se laisse happer jusqu’à l’explication finale, que je croyais deviner un peu mais qui a gardé une part de surprise. J’aurais aussi un petit bémol sur ce personnage central de Vincent (le disparu/l’absent donne quand même son titre au roman), que l’auteur ne rend ni attachant ni sympathique. Cependant la qualité principale du roman, outre ses multiples références littéraires (notamment Baudelaire) est ce talent de Christian Garcin à construire son intrigue comme une toile d’araignée complexe !

Un tout grand merci à Libfly, au Furet du Nord et aux éditions Stock qui m’ont offert de lire ce roman de la rentrée 2014 en avant-première.

Christian GARCIN, Selon Vincent, Stock, 20 août 2014

Libfly logo_OKrentreelitt2012   Challenge Rentrée littéraire 2014

Petit Bac 2014

(Prénom)

 

Le bruit des autres

23 vendredi Mai 2014

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots nord-américains

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Amy Grace Loyd, Le bruit des autres, Stock

Présentation de l’éditeur :

Depuis la mort de son mari, Celia tient le monde à distance. Propriétaire d’un immeuble à Brooklyn, elle a choisi ses locataires pour leur discrétion.
Puis il y a l’arrivée de Hope, une belle femme un peu perdue, fuyant un mari infidèle. Lorsque Hope entame une liaison dangereuse et qu’un de ses locataires disparaît soudainement, Celia voit ses murs vaciller. L’équilibre précaire qu’elle était parvenue à construire vole en éclats et l’oblige à sortir d’elle-même.
Amy Grace Loyd ausculte le bruit des autres à travers les murs d’un brownstone et guette les désordres, les désirs de ce petit monde. Une exploration sans tabou du deuil, du sexe et des petits arrangements avec la vie dans un New York voluptueux et brûlant.

Ce (premier) roman est un roman d’ambiance, presque un huis clos qui se déroule dans un « brownstone »,  immeuble à appartements en briques, à Brooklyn (un immeuble à taille humaine, comme nous l’a montré Kathel), un huis clos qui joue sur les relations entre la propriétaire et ses locataires, tout en laissant entrer l’air du dehors pour pimenter le tout.

La propriétaire c’est Celia, une « jeune » veuve encore profondément habitée par l’amour de son mari : elle a survécu, elle s’est donné le projet de rénover et de faire de cet immeuble un lieu humain et harmonieux mais elle garde ses distances avec tout le monde, y compris avec elle-même. L’arrivée de Hope, qui sous-loue un des appartements, va la forcer à sortir d’elle-même, à se pencher sur son chagrin enfoui. A se réveiller d’un long engourdissement…

Amy Grace Loyd mène son histoire avec beaucoup de subtilité : ce réveil de Celia coïncide avec l’arrivée du printemps sur Brooklyn, une saison où la nature reprend vie, offre une profusion de couleurs et de fleurs mais reste aussi très frileuse certains matins. Les frasques de Hope la bien nommée va bouleverser la routine bien entretenue, le quant-à-soi dans lequel Celia s’est repliée. Le métro, le ferry qui relie New York au New Jersey, les rues d’Atlantic à Pacific Street vont révéler une géographie humaine et urbaine tantôt fiévreuse et passionnée, tantôt solitaire et désolée. De la fête d’arrivée à la fête de départ, le récit va ainsi développer ses harmoniques, ses personnalités, les bruits qui vous trahissent et vous révèlent, qui vous font sortir de vos gonds ou vous terrer au fond de votre appartement, qui vous forcent à prendre position, à vous situer. A savoir vivre avec vous-mêmes et donc avec les autres.

Il y avait « Le goût des autres », il y a désormais « Le bruit des autres » et sa belle galerie de personnages. C »est un magnifique roman  au vaste pouvoir évocateur sur le deuil, sur les relations amoureuses et sexuelles, sur New York. Encore un premier roman américain très réussi !

« Je savais certaines choses sur la question, l’altitude particulière du chagrin, combien il pouvaitt être déroutant ; la descente, la plongée pouvaient durer, encore et encore. On se retendrait à n’importe quoi. » (p. 46)

« Ce que je savais et qu’ignorait l’inspecteur, c’est qu’il n’y avait aucune chance pour que Mr Coughlan rentre sain et sauf ou en morceaux tant que l’immeuble était dans cet état. Pour trouver plus et mieux ailleurs, George avait ouvert une porte et laissé entrer quelqu’un et un phénomène physique cahotique avait pris le pouvoir, encouragé par le printemps, mélangeant les appétits humains avec les taillis, avec un vent changeant et une végétation si éclatante que l’on avait du mal à y croire. » (p. 172)

Amy Grace LOYD, Le bruit des autres, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Esch, Stock, 2014

Si la qualité de la traduction contribue au plaisir de lecture, j’ai déploré trois ou quatre fautes d’orthographe ou de concordance des temps qui me hérissent toujours un peu.

Un tout grand merci aux éditions Stock et à Libfly qui a voulu mettre la nouvelle maquette de la collection La Cosmopolite à l’honneur par cette opération.

Les avis de Keisha et de Cathulu

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"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

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