• Anniversaires Maisons d’édition
  • Je remplis ma PAL…
  • Je vide ma PAL…
  • Le Mois belge
  • Lectures thématiques
  • Mémoire 14-18
  • Mots amis à visiter
  • Présentation et contact
  • Quelques projets et challenges

~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Tag: Xavier Hanotte

Soit dit entre nous… Je suis un ours

21 mardi Avr 2015

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Non Fiction

≈ 12 Commentaires

Étiquettes

Le Mois belge, Non-fiction, Ours, Xavier Hanotte

Quatrième de couverture :

Soit dit entre nous… La série dans laquelle les auteurs, avec le soutien de brillants illustrateurs, se livrent de A à Z sans rien cacher. Confidences, réflexions (im)pertinentes et souvenirs défilent sous vos yeux. Soit dit entre nous, c’est un livre pour vous !

Depuis son roman Ours toujours, paru en 2005, Xavier Hanotte ne cache pas le goût qu’il a pour les ursidés. Nous apprendrons ici qu’il appartiendrait lui-même à cette famille. En tout cas, c’est en tant qu’ours qu’il nous emmène sur la piste des humains et de leurs bizarreries. Ses coups de patte et ses coups de griffe ne sont pas rares ; ses coups de cœur non plus.

Avec des pantomimes de Muriel Logist.

Pas de mois belge sans Xavier Hanotte… ce serait une hérésie ! (Et surtout il m’a fourni une idée de billet non-fiction assez rapide et facile à lire…)

Le voici donc qui se livre sous forme d’abécédaire, exercice que, personnellement, j’aime beaucoup, et dans la peau d’un ours. Et là, ce billet va partir en c… tourner à l’hymne plein d’émotion parce que … qu’est-ce que je me reconnais dans cet animal et dans de nombreuses réflexions de Xavier Hanotte, avec qui j’ai un autre point commun : nous sommes Scorpion tous les deux et, tout comme lui, je ne me reconnais pas du tout certains traits de caractère soi-disant attribués aux Scorpions ! Vous comprenez que mon p’tit coeur de beurre a fondu plus d’une fois à la lecture de ce petit ouvrage agrémenté d’illustrations naïves de Muriel Logist (qui ne m’ont pas vraiment convaincue parce que purement illustratives, elles n’apportent rien de spécial au texte, mais bon… l’intérêt du livre n’était pas du tout là pour moi !)

Xavier Hanotte présente ses traits de caractère et les valeurs importantes pour lui, celles que l’on peut déjà deviner dans ses premiers romans Manière noire et De secrètes injustices :  la lenteur, la timidité, la fidélité, l’honnêteté, l’amitié… Les entrées Flandre et Wallonie sont l’occasion de parler de sa belgitude, une notion qui a bien évolué de réforme en réforme de l’Etat. La nostalgie n’est jamais loin chez l’écrivain… qui, bien sûr, consacre de nombreux mots à ce qu’il ne conseille pas comme un métier : « Ecrire, pour moi, ne saurait être un métier. Je n’écris pas pour vivre. Je vis pour écrire, nuance. » (p. 46) Différentes entrées nous parlent ainsi de l’auteur Xavier Hanotte mais sans tout nous dire, c’est sûr que ce timide gardera ses secrets : l’écriture, la littérature, la guerre,  les lecteurs, la marche à pied qui lui permet de mettre ses idées en forme et de trouver l’inspiration, les rêves qui sont une manière de parler du réalisme magique qu’il affectionne, sa poésie dont les textes sont des romans en prototypes (comme il me l’avait écrit en dédicace de son recueil Poussière d’histoires).

Je ne peux pas dire que j’ai découvert des choses extraordinaires sur mon écrivain chouchou préféré, non que ce petit livre n’ait aucun intérêt mais que l’homme Xavier Hanotte se devine derrière l’écrivain et à travers certains de ses personnages (Barthélémy Dussert, pour ne pas le nommer). Et quelques courtes conversations avec lui dans les quelques occasions où il sort de sa tanière m’ont déjà émerveillée fait deviner le prénom de la « petite dame blaireau » ou révélé son étonnement intact devant le fait que, oui, ses romans ont trouvé des lecteurs ! C’est l’extrait que je vous propose pour terminer ce billet culte. Vous y goûterez comme moi, j’espère, l’auto-dérision et la bienveillance de monsieur Ours Xavier Hanotte.

« LECTEURS

Surtout, ne pas penser à eux lorsqu’on écrit. A vrai dire, ce n’est pas trop difficile. Fidèle à sa nature, l’ours plumitif se passe de public et ne rédige pas ses oeuvrettes dans les cafés à la mode. Bien au contraire, il échafaude ses rêveries littéraires dans les confortables profondeurs de son antre. Le lecteur apparaît plus tard, à l’extrême fin du processus. Et enore, tout dépend du bon vouloir de cet anonye. A supposer qu’il tombe par hasard sur votre marchandise, dans les rayons surchargés d’une librairie ou sur les étals poussiéreux d’un bouquiniste, rien ne l’oblige à s’arrêter. Je suis donc chaque fois surpris.

Pour apprécier mes livres, j’imagine que ce généreux lecteur doit me ressembler un peu. Mes chiffres de ventes pourraient donc fournir une statistique de la population ursidée lisante, hors zoos et parcs naturels. Ce qui tendrait à prouver que, certes en diminution, l’ours européen n’est pas encore tout à fait éteint sous nos latitudes. » (p. 39-40)

Xavier HANOTTE et Muriel LOGIST, Soit dit en passant… Je suis un ours, Le Castor astral, 2012

Les Lieux communs

25 mardi Nov 2014

Posted by anne7500 in De la Belgitude

≈ 18 Commentaires

Étiquettes

14-18, Les Lieux communs, Xavier Hanotte, Ypres

Quatrième de couverture :

Deux bus roulent vers un même lieu des environs d’Ypres, mais à des époques différentes. En 1915, le bus amène des combattants canadiens à Frezenberg, enjeu de féroces combats contre les Allemands. Aujourd’hui, ce lieu s’appelle Bellewaerde et des employés vont passer une journée au parc d’attraction. Deux univers apparemment étrangers. Des passerelles s’établissent cependant entre eux : le jeune Serge s’étonne de la présence d’un jardinier pas comme les autres. Un roman sur l’horreur de la Grande Guerre. Sur la nécessité de préserver la mémoire de cette époque. Sur la fidélité à la parole donnée qui défie le temps. Trois nouvelles proposent d’autres facettes de ces thématiques.

J’ai relu ce livre parce que je l’ai fait lire à mes élèves en ce mois de novembre et je dois avouer que j’avais un peu peur de cette relecture : ce n’était pas mon roman préféré (de mon auteur chouchou) à l’époque où il est paru et je me demandais s’il passerait le cap douze ans après.

Eh bien je peux dire que je l’ai davantage apprécié en 2014 : je me souviens que le personnage de Bérénice, jeune femme ambitieuse mais presque servile, qui profite de tout ce qui passe sans vouloir s’attacher, me paraissait hautement insupportable. Je suis moins sévère avec elle, sans doute m’a-t-elle plus touchée grâce au regard de son jeune neveu, Serge, le narrateur de la partie contemporaine du roman. Le regard d’un neveu sur sa tante jeune et sympa, qui l’emmène faire plein d’activités (ça me fait penser à quelqu’un, ça…)

Quant à la partie « 1915 », dans la deuxième bataille d’Ypres que les Anglais épuisés tiennent à bout de baïonnette, je l’ai redécouverte sous le regard mélancolique, sensible et lucide de Pierre Lambert. Et je n’ai pu m’empêcher d’admirer à nouveau le jeu d’échos et de doubles qui traversent le roman, d’un chapitre à l’autre, d’une époque à l’autre. Une construction très habile qui perce des passages entre les deux : le jeune garçon « voit » le soldat d’il y a cent ans, il se laisse toucher, intriguer par cet homme, grâce à la touche de réalisme magique dont Xavier Hanotte a le secret. Et à travers Pierre Lambert qui erre à la recherche de son ami, à travers le garçon qui écoute sonner le Last Post à la Porte de Menin sans savoir ce que cela représente, à travers aussi ces deux femmes oublieuses des hommes qui les ont vraiment aimées, c’est toute l’importance de la mémoire, en particulier celle de la Grande Guerre, que le romancier met à l’honneur.

En refermant le roman, je me suis dit que c’est vraiment Xavier Hanotte qui a éveillé, nourri mon intérêt, ma passion pour cette Première guerre mondiale, avec notamment sa traduction des poèmes de Wilfred Owen, le poète qui apparaît dans les rêves de son personnage de roman Barthélémy Dussert et bien sûr avec le roman Derrière la colline qui se passe durant la bataille de la Somme en 1916 et qui m’a fait parcourir les lieux du souvenir le livre à la main. J’ai pris plaisir dans Les Lieux communs à retrouver l’univers et les thèmes du romancier : le souvenir, la mémoire, l’amoureux éconduit, l’amitié, la poésie, le réalisme magique, la promesse, le retour. Et l’émotion des retrouvailles avec un auteur que j’aime tout particulièrement.

Xavier HANOTTE, Les Lieux communs, Belfod, 2002 (Espace Nord, 2013)

L’avis d’Argali

PS : J’ai bien conscience de ne pas beaucoup aider ceux qui souhaitent un avis bien construit sur le roman. Que voulez-vous, avec Xavier Hanotte, je perds toute objectivité. On n’est pas sérieux quand on est « amoureux »…

Poppy Thiepval

Petit Bac 2014

 

Les Anges de Mons

23 samedi Août 2014

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots en images

≈ 14 Commentaires

Étiquettes

14-18, Claude Renard, Les Anges de Mons, Xavier Hanotte

Ce samedi 23 août est un autre jour de mémoire important en Belgique. Je pense à la ville de Dinant dont la population a payé un horrible tribut à la folie meurtrière des Allemands : 674 civils, hommes et femmes, enfants et vieillards, ont été tués en représailles de tirs de soi-disant « francs-tireurs » qui attaquaient les soldats allemands.

Le 23 août marque aussi le premier combat de l’armée britannique venue au secours de la petite Belgique. C’est à Mons que les deux armées s’affrontent, au Pont de Nimy plus exactement. Malgré leur courage, les Anglais sont complètement débordés par la supériorité numérique et le « courage insensé » des Allemands, ils sont obligés de reculer. « Les fameux Anges de Mons seraient apparus durant ce recul et auraient permis aux Britanniques de transformer cette défaite en une victoire tactique. » (source : site de la ville de Mons) En novembre 1918, ce sont aussi les Anglais qui libèrent la ville, qui est toujours connue en Grande-Bretagne comme « The First and the Last » de la Grande Guerre.

Voici les explications sur cette légende trouvés sur le site de Mons 2015 (la ville sera Capitale culturelle de l’Europe) : « Arthur Machen, écrivain fantastique britannique qui, le 29 septembre 1914, publie dans le London Evening News, une nouvelle qui raconte qu’un soldat britannique, lors d’une bataille contre des soldats allemands, invoqua saint Georges. Aidés d’archers revenus directement de la bataille d’Azincourt, le saint patron de l’armée britannique mit en déroute l’armée allemande. L’auteur stipula, peu de temps après la parution de son œuvre, qu’il s’agissait d’une pure fiction qu’il avait écrite afin de soutenir le moral de ses compatriotes.

La rumeur se propagea rapidement en Angleterre. Durant les mois qui suivirent, de nombreux articles et ouvrages parurent relayant les témoignages de soldats ayant participé à la Grande Retraite. La légende prit diverses formes. Les anges apparus aux troupes britanniques étaient présentés de différentes manières : nuage lumineux, cavalier, chevalier ailé, etc. Des revues spiritualistes s’emparèrent du phénomène, tout comme l’Eglise protestante. Des sermons racontant la légende
et l’intervention divine furent diffusés sur le front comme à l’arrière. Des artistes peignirent le phénomène et des œuvres musicales furent composées. La légende
avait véritablement imprégné la société britannique, avec le soutien probable des autorités qui y voyaient un moyen de soutenir l’effort de guerre. »

Les Anges de Mons, tableau de Marcel Gillis

Xavier Hanotte et son complice Claude Bernard se sont emparés de la légende et ont créé un roman graphique qui met en scène deux soldats, le Private Arthur Newman (1894-1916) et le Lieutenant Reginald H. Watkins (1893-1979).

Les Anges de Mons 1

Le récit alterne, de double page en double page, les jours d’août 1914, écrasés de soleil et encore marqués par la ferveur populaire et les jours de novembre 1918, noyés de pluie et d’un soulagement qui peine à se muer en vraie joie tant les morts et les douleurs ont fait des ravages durant ces 51 mois de guerre. Le soldat Newman a participé à la bataille de Mons, il a vu les anges se déployer mystérieusement au dessus du champ de bataille, indiquant le chemin pour se sauver aux soldats en déroute. Il sait qu’il reverra un jour cet ange qui « brandissait une longue épée »… Il racontera cette vision au Lieutenant Watkins lors de la bataille de la Somme, en juillet 1916. En novembre 1918, arrivé à Mons, Watkins part sans le savoir sur les traces de l’ange…

On retrouve avec plaisir les mots de Xavier Hanotte qui donne vie à ces deux soldats : « Leur visage, petit à petit, est sorti de l’ombre pour entrer, via notre imaginaire, dans la lumière d’une histoire qui, autant que nécessaire, respecte l’Histoire. » explique-t-il dans l’introduction à l’ouvrage, publié en ouverture des festivités liées à Mons 2015. Comme d’habitude, le réel côtoie l’imaginaire, dans ce réalisme magique que l’auteur affectionne tout particulièrement dans sa quête des traces du passé.

Quant au dessin de Claude Bernard, il est tout simplement sublime : pastel et aquarelle, crayon et plume, les techniques et les couleurs se mélangent harmonieusement et rendent à merveille la chaleur et l’enthousiasme des premiers jours de la guerre, le feu de la bataille, l’apparition miraculeuse, la grisaille et la mélancolie profonde qui marquent les derniers jours du conflit. Ses planches sont de vrais tableaux très documentés pour respecter les lieux et les hommes tout en laissant place à la poésie et à l’imagination du lecteur. Une merveilleuse alliance graphique et narrative dont j’essaye de vous rendre compte par ces quelques photos que j’ai prises moi-même de l’album (désolée pour la qualité pas terrible).

A noter que l’introduction et les textes sot traduits en néerlandais en fin d’ouvrage.

Claude RENARD et Xavier HANOTTE, Les Anges de Mons, Fondation Mons 2015 Editions, 2013

Ce samedi 23 août, toute une série de commémorations et d’animations sont organisées à Mons. Le programme complet de toutes les festivités 2014 à Mons se trouve sur cette page.

Poppy Thiepval

Les Anges de Mons 2

Les Anges de Mons 3

Les Anges de Mons 4

Les Anges de Mons 5

Les Anges de Mons 6

Un goût de biscuit au gingembre

12 samedi Avr 2014

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Non classé

≈ 29 Commentaires

Étiquettes

Claude Renard, Un goût de biscuit au gingembre, Xavier Hanotte

 

Présentation de l’éditeur :

… Bien sûr, j’aurais pu m’en aller, fuir l’Allemagne. J’avais bien quitté Coventry, quelques années plus tôt. Partir, rester… Jamais je n’avais su m’y résoudre au moment crucial…

Un goût de biscuit au gingembre est l’adaptation du roman court, L’architecte du désastre, qui a donné le titre à un recueil de textes paru chez Belfond à l’automne 2005. L’action se passe en 1941 et met en scène un officier allemand, architecte de métier chargé d’évaluer l’intérêt artistique d’un monument aux morts – des gazés à l’Ypérite de 14-18 – promis à la destruction. Sur le thème de cet homme qui va révéler à lui-même son passé, ce roman est sans doute (selon Télérama) le plus douloureusement lumineux dans l’oeuvre du romancier. Pour l’adaptation en CL(Carnets littéraires), Hanotte a revu le texte publié chez Belfond et écrit un épilogue inédit. Le travail graphique à la mine de plomb de Claude Renard, qui a fait de ce roman une lecture très personnelle et engagée, ainsi que l’édition de ce texte majeur en un volume isolé des autres nouvelles avec lequel il était initialement paru lui donnent une force nouvelle.

L’écrivain : Xavier Hanotte
Né en 1960, en Belgique.
À l’instar de Tardi, son thème de prédilection est la Première Guerre mondiale avec de temps à autres des détours par la Seconde. Mais plus qu’une familiarité avec ces conflits mondiaux, il faut voir dans cette «obsession» une quête inlassable de la mémoire. Imprégné du réalisme magique de romanciers belges qu’il affectionne, son oeuvre est aussi teintée d’un humour subtil qui la tient à l’écart de la morosité. Il est entre autres l’auteur de Derrière la colline et des Lieux communs (Belfond).

Le dessinateur : Claude Renard
Animateur de l’atelier R, Claude Renard guida les premiers pas d’auteurs aussi célèbres que Swolfs, Schuiten, Sokal, Berthet, Francq… à l’institut Saint-Luc à Bruxelles. C’est sous sa houlette que ces jeunes talents publièrent leurs premiers travaux sous le titre de 9e rêve. Avec Schuiten, il réalise pusieurs albums dont Aux médianes de Cymbolia. Il fait aussi des albums en solo tel L’Evasion d’Ivan Casablanca. Depuis la fin des années 80, il a abandonné la bande dessinée pour se tourner vers le récit illustré comme : Galilée, journal d’un hérétique en 2001 (texte d’Yves Vasseur). Il travaille aussi à la réalisation de costumes et de décors pour le théâtre, le cinéma et les spectacles d’arts vivants.

L’Estuaire est une maison d’édition belge. Fondée en 2004 par Didier Platteau et Régine Vandamme, elle publie des carnets littéraires alliant les talents d’un écrivain et d’un artiste (peintre, photographe, graveur), dans un format original. (NDLR : Je ne crois pas que la maison publie encore aujourd’hui, le site internet est vide…)

—–

Gros soupir de bonheur en commençant à rédiger ce billet ! Bonheur évidemment et d’abord de (re)lire un texte de Xavier Hanotte : je l’ai déjà lu dans L’architecte du désastre il y a longtemps, je n’en avais pas vraiment de souvenir… ce fut donc quasiment une découverte. Ce n’est pas du tout péjoratif, mais c’est comme de se glisser dans des pantoufles connues, confortables, de retrouver toutes les sensations qui font que vous aimez cet auteur-là, et en particulier son humanité ! Le lieutenant qui est envoyé ce jour-là (en 1941 vraisemblablement) à Steenstraete pour donner un avis d’expert sur la démolition d’un monument glorifiant les soldats gazés par l’ennemi en 14-18 était dans le civil un architecte qui désormais, assume son appartenance à l’armée mais porte au coeur des souvenirs, des doutes, des regrets, une blessure secrète qui prendra sens lors de cette petite expédition légèrement dérisoire en terre flamande.

Tout ce qui fait le talent et, je me répète, l’humanité de Xavier Hanotte est là ; un héros pas figé dans les certitudes, l’audace de se mettre dans la peau d’un officier allemand, un mélange subtil de références à de vrais épisodes tristement célèbres de la Première et de la Seconde Guerre mondiale (l’utilisation du gaz moutarde, le bombardement et la destruction de Coventry et de Dresde) et la convocation d’éléments imaginaires (une troisième ville au patrimoine précieux, une actrice oubliée prêtant ses traits à un des personnages) qui laissent au lecteur une part d’initiative, de rêve, d’espoir. L’écriture est belle, élégante, les mots sont choisis, la mélancolie n’est jamais loin, cachée derrière une pointe d’humour qui laisse affleurer les émotions.

Dans cette lecture, ont résonné pour moi les échos d’Un bouquet de coquelicots et de La Langue de ma mère, dans l’évocation d’un nationalisme flamand naissant en 14-18, exacerbé en 39-45. Et coïncidence encore plus étonnante, Xavier Hanotte cite l’anecdote célèbre de trois poilus, deux frères flamands et un soldat wallon morts ensemble et dont on n’a su vraiment « départager » les corps, ils furent donc tous trois enterrés au mémorial flamand de Dixmuide. J’ai lu un article sur cet épisode récemment : à l’époque, les Flamands ne se réjouissaient pas du tout de ce compagnonnage forcé, aujourd’hui on y voit un symbole de l’union des Belges contre l’envahisseur allemand… relecture de l’histoire… complexité des sentiments, des influences, des comportements en temps de guerre que Xavier Hanotte s’attache à décrire avec intelligence, sans lourdeur dans ce « roman bref ».

Le plaisir de lecture a été doublé par les dessins, les croquis de Claude Renard, puisque c’est le principe de ces Carnets littéraires hélas disparus. On peut deviner le caractère d’un homme à son trait, m’a dit un jour une collègue prof de croquis : le moins que l’on puisse dire, c’est que Claude Renard dessine avec élégance, d’un trait affirmé sans être trop appuyé, son dessin est juste dans tous les sens du terme. On sent dans ce travail une belle complicité entre les deux créateurs qui se présentent l’un l’autre à la fin de l’ouvrage avec pudeur et humour !

« J’aurais dû monter à l’arrière mais, selon moi, jamais les privilèges liés au grade n’avaient aboli le ridicule de certaines situations. Jouer les condottiere à bord d’une petite Kübelwagen pétaradante, surtout décapotée, faisait appel à un sens de l’humour que j’avais perdu. En tout cas, si ce produit du génie aryen remplissait un jour, sous des atours plus civils, sa mission annoncée de voiture du Peuple, on pouvait escompter avant mille ans un durcissement des postérieurs allemands propre à réjouir les eugénistes au pouvoir. (…)

Aucun véhicule ne nous croisait. Par prudence, le chauffeur avait laissé les phares allumés. Sous leurs paupières métalliques, ils n’éclairaient pas grand-chose. De part et d’autre de la grand-route, telle une lente marée, la brume matinale recouvrait les prairies humides, d’où émergeaient ça et là les ducs-d’albe de maigres bosquets noirs. A ce paysage sans véritable relief, elle prêtait pour un temps un double fond inattendu, où le mystère trouvait refuge en brouillant les formes du quotidien. Perdues dans leurs pensées, quelques vaches fatalistes ne daignaient pas lever les cornes sur notre passage et ruminaient sans appétit l’herbe des fossés de drainage. Plus haut, des clochers pointus dressaient les rares amers d’une côte ennuagée, où aucune falaise ne barrait la vue. » (p. 55-56)

Xavier HANOTTE et Claude RENARD, Un goût de biscuit au gingembre, Carnets littéraires, Estuaire, 2006

A écouter en lisant : le War Requiem de Benjamin Britten, créé pour la commémoration du bombardement de Coventry (qui eut lieu le 19 novembre 1940) et dont le livret est constitué notamment de poèmes de Wilfred Owen (poète pacifiste mais soldat britannique mort le 4 novembre 1918 et dont les textes ont été traduits par… Xavier Hanotte)

Mois belge Logo KhnopffPetit Bac 2014     Objectif PAL

 

Londres en novembre

18 dimanche Nov 2012

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots en Poésie

≈ 14 Commentaires

Étiquettes

Londres, Poésie, Xavier Hanotte

Des perruques rebelles

Volent par les venelles

Et les squares du Temple.

 

Près des Inns of Court

Un dragon enrhumé

Crache courtoisement

Ses glaviots d’argent.

 

Les marchandes des quatre saisons

Pleines de componction

Vendent des melons

Venus du Japon.

 

Des nuages distingués

S’accrochent aux terraces

Telles des tasses à thé

Sur leurs soucoupes.

 

Assis sur un banc,

Inigo Jones et Richard Wren

Discutent dômes, coupoles

Et fers à friser.

 

Dans deux ou trois heures

A sa boutonnière

Le soleil piquera

Un coquelicot rouge.

 

Saint-Paul brûlera

Une fois encore

 

Et la marée mauve

Noiera la Tamise

Et ma vie lointaine

Au-delà des ponts.

 

Xavier HANOTTE, Poussières d’histoires & bribes de voyages, Le Castor Astral, 2003

 

Pour le fun, pour les poppies et pour une petite nostalgie de London…

Etrange rencontre

11 dimanche Nov 2012

Posted by anne7500 in Des Mots britanniques, Des Mots en Poésie

≈ 14 Commentaires

Étiquettes

Première guerre mondiale, Thiepval Memorial, Wilfred Owen, Xavier Hanotte

En ce 11 novembre, vous ne serez sans doute pas étonnés que je vous propose un poème de Wilfred Owen traduit par Xavier Hanotte. Je suis un peu paresseuse, je ne reproduis que la dernière strophe en anglais, à la fin. Ce poème a été utilisé par Benjamin Britten dans son War Requiem. Il a très certainement influencé son traducteur dans un de ses propres romans, Derrière la colline, et particulièrement la scène « fantastique » après la bataille du 1e juillet 1916 dans la Somme. Les photos sont (encore, aussi) des vues du Mémorial de Thiepval (cadre du roman).

Etrange rencontre / Strange meeting

Il m’a semblé que j’échappais à la bataille

Par quelque tunnel profond et sombre, creusé depuis longtemps

Dans des granits qu’avaient voûtés des guerres titanesques.

 

Mais là aussi, couchés en tas, des dormeurs grognaient

Trop enfoncés dans leurs pensées ou leur mort pour s’émouvoir.

Alors, tandis que je tâtonnais, l’un d’eux bondit et me lança

Un regard fixe où se lisaient reconnaissance et pitié

Et dans ses mains, levées comme pour bénir, la détresse.

A son sourire, je reconnus ce lugubre séjour –

A son sourire mort, je sus qu’ici était l’Enfer.

 

Mille souffrances dardaient la face de cette apparition,

Mais aucune goutte de sang ne coulait plus ici,

Aucun canon ne cognait, ni ne faisait gémir aucun conduit.

« Etrange ami, dis-je, pour quelle raison te lamentes-tu ?

– Aucune, dit l’autre, sauf les années perdues,

Le désespoir. Quelle que puisse être ton espérance,

Ma vie en était faite aussi. Je chassais gaiement

La plus sauvage beauté du monde

Loin des yeux calmes et des cheveux tressés,

Celle qui méprise le cours régulier des heures

Et quand elle pleure, c’est avec plus de faste qu’ici.

Car par ma joie beaucoup d’hommes auraient ri.

Et de mes sanglots quelque chose est resté,

Qui doit mourir à présent. J’entends la vérité celée,

L’horreur de la guerre, l’horreur qu’elle distille.

Maintenant les hommes se satisferont de notre gâchis

Ou, mécontents, laisseront parler le sang et sront répandus.

Ils seront vifs comme la tigresse.

Aucun ne rompra les rangs, les nations fuiraient-elles le progrès.

J’avais le courage et j’avais le mystère,

J’avais la sagesse et j’avais la maîtrise :

J’aurai manqué le départ en ce monde en retraite

Pour de vaines citadelles auxquelles manquent les murs.

Alors, beaucoup de sang ayant bloqué les roues de leurs chariots,

Je me serais levé, je les aurais lavées à l’eau douce des puits,

A coups de vérités trop profondes pour qu’on les souille.

J’aurais versé mon âme sans hésiter,

Mais pas par mes blessures, pas sur le fumier de la guerre.

Les fronts des hommes ont saigné sans plaies.

 

Je suis l’ennemi que tu as tué, mon ami.

Je t’ai reconnu dans cette obscurité : car ton regard fut pareil

Hier quand tu me perças, me tuas.

Je parai, mais mes mains étaient lasses et froides.

Dormons, maintenant… »

« I am the enemy you killed, my friend.

I knew you in this dark : for so you frowned

Yesterday through me as you jabbed and killed.

I parried : but my hands were loath and cold.

Let us sleep now… »

Wilfred OWEN, Et chaque lent crépuscule, Poèmes et lettres de guerre traduits par Xavier Hanotte, Le Castor astral, 2001

Saint-Idesbald

22 dimanche Juil 2012

Posted by anne7500 in Des Mots en Poésie

≈ 8 Commentaires

Étiquettes

Xavier Hanotte

Lendemain de 21 juillet… un poème de Xavier Hanotte à nouveau à l’honneur sur ce blog, un poème qui évoque une petite station balnéaire belge, non loin de La Panne et de Coxyde (et son Abbaye Notre-Dame des Dunes) où j’allais en vacances avec mes grands-parents il y a… très longtemps ! J’aime la France et sa culture d’un amour profond, mais lire certains textes de monsieur Hanotte me ramène sans faille à mon pays et à ses traditions simples et solides.

Voici comment Xavier Hanotte introduit le poème :

« Avant de repartir, reprendre le chemin des terres du milieu et quitter à regret la station éponyme, boire une Saint-Idesbald s’impose. Je ne sais si j’y goûte davantage d’images que de parfums, de rumeurs que d’arômes. Mais cela chauffe le coeur et dessine une carte connue – qui n’est pas celle du Tendre, mais d’un pays intime et à l’abri de tous. La mer devient musique, le ciel se fait rupestre, et le palais résonne d’accords lents comme une chambre d’ambre. »

Et voici le poème… (Asphodèle, si tu passes par ici, c’est pour toi !)

Un vieux père abbé

Sorti de sa bière

En odeur de sainteté

Patronne la mienne

Où je voudrais plonger.

Sur la grève en zinc

Laissée aux pluviers

Flegmatiques et sobres

A l’heure du thé

Les vagues de mousse

Eclaboussent.

Le Grand Cafetier

A ouvert les pompes

La digue mouillée

Luit comme un évier.

De La Panne au Zoute

Les statues s’arc-boutent

Un roi en jaquette

Y a pris perpète.

Derrière les carreaux

La tempête hurle

Un vent d’entre-portes

Voudrait l’imiter.

Ma trappiste tremble

Et sa mince écume

Découvre en silence

Des haut-fonds ambrés.

Et la douce ivresse

Me fait approcher

La tête un peu lasse

Du soleil cuivré

Qu’on nomme Amitié.

L’Abbaye des Dunes

Peut bien s’envoler

La villa Merouche

Offre le coucher.

Xavier HANOTTE, Poussières d’histoire et bribes de voyage, Le Castor astral, 2003

La nuit d’Ors

21 samedi Juil 2012

Posted by anne7500 in De la Belgitude

≈ 10 Commentaires

Étiquettes

Wilfred Owen, Xavier Hanotte

Quatrième de couverture :

Ors (Nord), 3 novembre 1918. Offensive finale. La nuit est tombée sur le Bois-l’Évêque. Quelques sapeurs achèvent de construire les passerelles qui, dès le petit matin, doivent permettre aux troupes britanniques de franchir le canal de la Sambre à l’Oise sous le feu de l’ennemi. La guerre touche à son terme. Qui sera le dernier à mourir ? C’est dans cette ambiance tendue, étrange que débarque un personnage encore plus étrange… Sans doute, le sapeur Smith ne sait pas tout, mais il en sait beaucoup. D’où lui vient donc la prescience dont il fait preuve, cette faculté qu’il a de deviner les pensées secrètes de ses nouveaux camarades et de leurs officiers ? Le sapeur Smith, c’est sûr, a une mission. Mais laquelle ? La première consiste à retrouver le lieutenant Wilfred Owen et à faire avec lui, l’air de rien, plus ample connaissance. Bien sûr, Smith a déjà lu l’œuvre de ce poète encore inconnu de tous… D’ailleurs, les poètes, Smith, ça le connaît ! Combien, et de célèbres, n’en a-t-il pas déjà « fait passer », comme il dit, puisque c’est son métier ? Peu à peu, entre l’officier-poète et l’homme qui n’en est peut-être pas un, se noue l’étonnante complicité d’une dernière nuit terrestre, placée sous le signe des grandes questions et des réponses qui se dérobent…

Et voilà le deuxième texte belge que je vous propose en ce 21 juillet de fête nationale. Celui-ci, c’est pour le plaisir, c’est un petit livre doudou sur lequel je me suis jetée quand je l’ai découvert chez mes libraires il y a quelques semaines. Un livre doudou puisqu’il s’agit d’un texte de Xavier Hanotte, mon écrivain belge préféré, et un texte sur Wilfred Owen, ce poète anglais mort une semaine avant la fin de la guerre 14-18 en franchissant le canal de la Sambre à Ors, un petit village français entre Landrecies et Le Cateau-Cambresis.

J’ai laissé la quatrième de couverture en entier, elle en dit long certes mais je crois que Xavier Hanotte a écrit cette mini-pièce de théâtre en trois tableaux pour mettre en valeur les lieux où le poète est tombé, et particulièrement la maison forestière du Pommereuil où il a passé sa dernière nuit, en compagnie de ses frères d’armes ; cette nuit-là, il a écrit sa dernière lettre à sa mère, lettre qui n’arrivera à Shresbury qu’après sa mort, alors que les cloches anglaises sonnent la fin de la guerre.

Le sapeur Smith est en réalité un passeur, qui accompagnera le moment venu le lieutenant Owen vers on ne sait quel au-delà… Et comme les passeurs ne sont pas des « anges » dénués de sentiments, celui-ci fait connaissance avec le jeune lieutenant, ils parlent poésie, guerre, solitude et promiscuité des soldats, tandis que passent sur la scène deux officiers typiques des portraits déjà tracés par Xavier Hanotte dans d’autres romans : le major Waters, homme simple venu du civil, soucieux du meilleur bien-être possible pour ses hommes, et le lieutenant-colonel Marshall, vieux routard scrogneugneu, ont paraît-il réellement existé, tout comme Wilfred Owen.

« S’il n’y a plus de beauté en ce bas monde, la poésie peut encore témoigner, dénoncer. » (p. 48) « Voyez, la nuit est belle. Elle voile toutes les horreurs mais elle ne les nie pas… (…) La poésie ressemble peut-être à cette nuit ? Une façon de fermer les yeux pour mieux voir ? De laisser venir à soi les rêves et les cauchemars ? » (p. 49)

On le devine, écrire cette pièce a été une façon nouvelle pour Xavier Hanotte, traducteur de Wilfred Owen, de rendre hommage au poète à la voix singulière, trop tôt emporté par la guerre. Une manière de célébrer sa poésie, de lui offrir un nouveau lieu de mémoire vivante, et surtout de rejoindre par-delà les années l’homme qui est certainement devenu pour lui un vieil ami, avec qui, j’en suis sûre, il parle à bâtons rompus, comme le sapeur Smith et le lieutenant Owen…

Un petit ouvrage qui n’apporte sans doute rien de neuf dans l’oeuvre de Xavier Hanotte mais qui est très touchant

En même temps que ce texte est aussi parue une édition revue et augmentée des poèmes de Wilfred Owen, Et chaque lent crépuscule, également au Castor astral.

Xavier HANOTTE, La nuit d’Ors, Le Castor astral, 2012

Quand aura retenti l’éclair à l’orient,

La bruyante fanfare des nuages, le Trône du Chariot,

Quand auront roulé puis cessé les tambours du temps

Et que l’occident de bronze aura sonné la longue retraite,

La vie renaîtra-t-elle dans ces corps-là ? En vérité,

Frappera-t-elle toute mort de nullité, apaisera-t-elle toutes les larmes ?

Où emplira-t-elle ces veines vides d’une nouvelle jeunesse ?

Lavera-t-elle l’âge d’une eau immortelle ?

Quand je demande au vieux père Temps, il dit que non :

« Ma tête ploie sous la neige. »

Et quand j’écoute la Terre, elle dit :

« Mon coeur de feu s’éteint dans la douleur. C’est la mort.

Mes vieilles cicatrices resteront sans gloire

Et mes larmes titanesques, les mers, rien ne les sèchera. »

 

Thiepval Memorial

13 dimanche Nov 2011

Posted by anne7500 in Des Mots en Poésie

≈ 2 Commentaires

Étiquettes

Xavier Hanotte

En écho à  Derrière la colline, voici le poème de Xavier Hanotte sur ce lieu de mémoire.

La brique rouge accouche

Un gros soleil fauve

Entre les jambes

Du monument

Vers la vallée

Aboie un mâtin routinier

Dans une ferme sombre.

Lui seul le sait :

Les ombres harassées

Rentrent au bivouac.

C’est l’heure.

Sous la voûte ouverte

Aux noms des absents

Souffle une bourrasque

De souvenirs lents.

Et les noms s’accrochent

Depuis tout ce temps.

On n’est jamais seul

Dans cette campagne :

Les fantômes lisent

Par-dessus l’épaule.

Il faudrait acheter

Si c’était possible

Le Times ou le Sun,

Laisser le vnt

Tourner les pages

Puis s’en aller

Sur la pointe des pieds

Prendre le thé

Même en sachet

Dans un café picard

Aux parfums de bières

Et raconter

La chope en main

Des histoires de Leeds,

Salford ou Leicester.

Xavier HANOTTE, Poussières d’histoire et bribes de voyage, Le Castor astral, 2003

Derrière la colline

11 vendredi Nov 2011

Posted by anne7500 in De la Belgitude

≈ 16 Commentaires

Étiquettes

Xavier Hanotte

Xavier Hanotte - Derrière la colline

Quatrième de couverture :

Dans un coin perdu de Picardie, non loin des forêts de croix de bois, un homme se souvient.
Ses années de jeune professeur londonien, ses premiers succès de poète et d’écrivain. Un chagrin d’amour, brutal, inguérissable. La rencontre avec William Salter, son compatriote jardinier, auprès de qui il décide de rejoindre les troupes britanniques engagées dans la bataille de la Somme. A cet instant, peu lui importe de vivre ou de mourir. Mais dans la boucherie sanglante des tranchées, le destin lui offre une solution inattendue.

En ce 11 novembre, j’avais envie de vous parler de ce livre de Xavier Hanotte, son troisième roman publié, mais le premier titre que j’ai découvert de lui. Une lecture qui m’avait touchée, captivée, et quand je reprends le livre en main, certaines pages s’ouvrent presque d’elle-mêmes, je relis et l’émotion monte toujours autant… C’est impossible de raconter ce qui se passe vraiment entre ces deux hommes que l’engagement dans le 2d Pal’s de Salford fait se rencontrer, eux qui étaient d’univers et de sensibilité tellement différentes et qui nouent une amitié aussi forte qu’improbable.

Lors de la guerre 14-18, plusieurs Britanniques ont constitué des unités à partir de bureaux, d’ateliers, les « Pal’s », c’étaient des régiments de copains qui se sont bravement engagés en croyant, comme les supérieurs le leur disaient, que la guerre serait réglée en trois semaines.

Nicholas et William vont participer à la bataille de la Somme qui commence le 1e juillet 1916. Les Alliés donnent l’assaut à la colline de Thiepval, croyant conquérir facilement ce terrain sur les Allemands. Mais ces derniers se sont enfoncés dans la colline, bien à l’abri dans les galeries qu’ils avaient creusées. Quand les Anglais sortiront de leurs tranchées, ils se feront réduire en bouillie par les tirs allemands, bien plus efficaces. La bataille durera plusieurs jours. 20 000 hommes murent rien que le 1er juillet.

Le Monstre dont il est question dans Derrière la colline, c’est le monument commémoratif édifié après la guerre sur la colline de Thiepval et inauguré en 1932. 70 000 noms y sont gravés, ceux des soldats dont on n’a jamais retrouvé le corps sur les champs de bataille alentour. C’est un lieu de mémoire très émouvant : fascinée par l’univers, les personnages, le contexte de cete guerre, et tellement fan de Xavier Hanotte qui a écrit beaucoup de choses en lien avec cette période, je suis allée visiter le coin, le village d’Authuille où l’un des deux héros vit encore après la guerre, les tranchées de Beaumont-Hamel, et le mémorial de Thiepval. C’est comme si William et Nicholas venaient me chuchoter à l’oreille à travers les pages du livre.

                             

Ce roman parle d’amitié, d’amour, de fidélité, d’identité, de violence et de mort. Faut-il trahir pour vivre ? se demande l’un d’eux. Xavier Hanotte a répondu à cette question de façon bouleversante dans c très beau roman. Où il réussit, clin d’oeil touchant, à mettre un peu en scène le poète Wilfred Owen qu’il aime tant (quelques infos ici et là).

Malheureusement, je crois que le livre n’est plus disponible dans sa version poche.

Sur le mémorial de Thiepval : des infos en français ici.

Xavier HANOTTE, Derrière la colline, Belfond, 2000 (et Pocket)

Un livre pour le mois Fritissime et le challenge Voisins voisines

← Articles Précédents

"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

Les mots en cours

C'est dur de mourir au printemps

Les challenges maison !

Le Mois belge d'Anne et Mina
Cliquez sur le logo pour accéder au récapitulatif 2022 et déposer vos liens


Mémoire 14-18


Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et recevoir des notifications de nouveaux articles par mail.

Rejoignez les 252 autres abonnés

Articles récents

  • La troisième fille
  • Les notes du jeudi : Alors on danse… (3) Alexandre Glazounov
  • 20 ans avec mon chat
  • Les indiscrétions d’Hercule Poirot
  • Garçon ou fille

Vos mots récents

ToursEtCulture dans La troisième fille
aifelle dans Les notes du jeudi : Alors on…
anne7500 dans 20 ans avec mon chat
anne7500 dans 20 ans avec mon chat
anne7500 dans Les blablas du lundi (39) : Re…

Les catégories de mots

Les Mots d’archives

Méta

  • Inscription
  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • WordPress.com
Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs

Étiquettes

10/18 14-18 2013 2015 2016 Actes Sud Agatha Christie Agatha Raisin enquête Albin Michel Anne Perry Argentine Armel Job automne Babel BD BD du mercredi Camille Saint-Saëns Casterman Concours Reine Elisabeth Dargaud Didier Jeunesse Editions Bruno Doucey Editions Luce Wilquin Emile Verhaeren En train Esperluète éditions Flammarion Folio Gallimard Gallmeister Guy Goffette haïkus Hercule Poirot hiver Jacques Brel Jazz Jean Sébastien Bach Le Livre de poche Le mois anglais Le Mois belge Le Mois belge 2020 Le mois belge d'Anne et Mina Leonard Bernstein Liana Levi Ludwig von Beethoven Maurice Ravel Mozart Mémoire d'encrier Métailié nouvelles Noël nuit Paris Paul Verlaine piano Pieter Aspe Pocket Points polar Poésie Premier Roman Première guerre mondiale printemps Prix Première Quadrature Québec Rentrée littéraire 2012 Rentrée littéraire 2013 Rentrée littéraire 2014 Résistance violoncelle Weyrich Xavier Hanotte Zulma étoiles

Propulsé par WordPress.com.

  • Suivre Abonné∙e
    • desmotsetdesnotes.wordpress.com
    • Rejoignez 252 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • desmotsetdesnotes.wordpress.com
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné∙e
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
 

Chargement des commentaires…