Étiquettes

La Fille du samouraï de Dominique Sylvain

Quatrième de couverture :

Au dernier étage d’un palace, Alice Bonin se prépare avant son spectacle, en compagnie d’une bouteille de champagne. Par la fenêtre ouverte, il lui semble voir flotter dans les airs la chanteuse dont elle incarne le sosie. Intriguée, elle s’approche… L’enquête conclut au suicide. Amies de la famille, Ingrid Diesel et l’ex-commissaire Lola Jost découvrent peu à peu les preuves d’une manipulation…

Voici le titre que j’ai choisi pour le challenge de Calypso Un mot, des titres : pour cette session, c’est le mot « fille » qui avait été tiré au sort. Mais j’avais aussi envie de retrouver le duo Lola Jost – Ingrid Diesel, découvert il y a longtemps dans Passage du désir et retrouvé avec bonheur dans  Manta corridor.

Toute l’énigme tourne autour de l’image, de l’apparence, de la télé-réalité, de la surexposition à la lumière sans concession des caméras. Et puis on est en pleine campagne pré-électorale, le président français qui sera élu en 2007 pourrait bien être une femme, qui répond au doux nom aristocratique d’Hélène Plessis-Ponteau… (si, si, je vous assure, vous ne rêvez pas)

Au début, Lola hiberne devant un puzzle des sakura (les cerisiers en fleurs du Japon) – message subliminal qui traduit qu’elle se languit de son fils et de ses petits-enfants partis vivre au Japon. Heureusement, Ingrid vient la tirer de sa léthargie pour la forcer à enquêter sur la mort d’Alice Bonin, fille (au tempérament de feu) d’un des clients de son salon de massage. Le père n’est pas moins flamboyant, qui fracassera à coups de sabre les téléviseurs qui ont exposé la mort de sa fille au monde entier (euh pardon, à la France entière). Au fil de l’enquête, le doute s’installe : cette fille chérie par son père est-elle aussi honnête qu’il le pense ? Et qui est vraiment ce bel infirmier dont elle était raide amoureuse ?

Dans ce livre, un petit « détail » montre qu’il précède Manta corridor, mais cela ne m’a pas gênée : c’est en effet dans cette aventure qu’Ingrid perd son travail de strip-teaseuse, ce qui la fera bien déprimer dans l’épisode suivant. Mais ici elle n’a pas vraiment le temps de s’apitoyer sur son sort car les situations rocambolesques s’enchaînent. Sous la plume de Dominique Sylvain, vous pouvez imaginer sans peine Ingrid et Lola fuyant en petite tenue et en pleine nuit, perdues à Montrouge, et devant escalader le mur d’un cimetière pour échapper à leurs poursuivants : ça vaut son pesant de cacahuètes (ou de pétales de cerisiers), croyez-moi ! Les fausses pistes s’accumulent pour arriver, semble-t-il, à une impasse totale. Bien sûr, les deux femmes ne renonceront pas… D’ailleurs leur amitié se renforce joliment dans ce roman.

Cependant, si on retrouve l’humour, les réflexions marquées au coin du bon sens, la causticité de Lola et l’énergie d’Ingrid, l’écriture parfois lyrique de Dominiqiue Sylvain, j’ai été un peu moins séduite par ce numéro de la série, dont  l’intrigue tourne un peu trop en rond à mon goût. Peut-être que j’espérais aussi un peu trop retrouver tout le pittoresque du passage Brady ; or on s’éloigne un peu du canal Saint-Martin et de ce quartier si chaleureux. Mais cela ne m’empêchera pas de retrouver encore Lola et Ingrid dans d’autres aventures !

« Pour Ingrid, la politique française était un domaine encore plus impénétrable que celui des puzzles de sept mille pièces, mais elle se souvenait d’avoir lu qu’Hélène Plessis-Ponteau était la mieux placée dans la course à la présidentielle 2007. Sa popularité avait grimpé à l’occasion de son coming out devant les caméras. Tuant la rumeur dans l’oeuf, la ministre avait révélé la dépendance à la drogue de son fils et sa bataille pour l’aider à s’en sortir. » (p. 36)

« L’odeur l’assaillit avant le porche. Des effluves soi-disant propres mais qui n’évoquaient que des images sentant le décomposé. Pour l’Américaione, un hôpital avait le potentiel pour se métamorphoser en un tableau de Jérôme Bosch. Tout paraissait sous contrôle mais ce n’était qu’apparence, dans un recoin mal balayé un vortex vibrant attendait d’aspirer sa prochaine victime pour l’aspirer dans le cinquième cercle de l’enfer. Le visiteur, ah ! le pauvre innoent, croyait percevoir un monde visible blanc et vert mais sous cette réalité, un monde rouge et brun et suintant palpitait en parallèle. » (p. 44)

Dominique SYLVAIN, La fille du samouraï, Editions Viviane Hamy, 2005 (et Points n° 2292)

Allons découvrir chez Calypso tous les titres lus pour cette session.

C’est aussi un métier, le samouraï !

laurier-couronne-fdb39

Et c’est l’occasion de commencer mon challenge Paris !