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~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Tag: Editions Luce Wilquin

Seules

24 mercredi Avr 2019

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions Luce Wilquin, Lucioles, Michelle Fourez, Seules

Quatrième de couverture :

Suite à une blessure à l’œil, une femme sans enfant est emmenée d’urgence à l’hôpital, les yeux bandés. Dans le lit à côté du sien gît une femme silencieuse, à qui personne ne rend visite.
Confrontée au silence de l’autre, la nouvelle arrivée se résout à dialoguer avec elle-même, renouant ainsi avec la solitude existentielle dont elle souffre et jouit à la fois.
Mais sa compagne de chambre entre soudain en logorrhée comme si elle éprouvait le besoin de se raconter sa vie…

C’est le dernier petit livre qu’il me restait à lire de Michelle Fourez dans la collection Lucioles de Luce Wilquin. Pas de mois belge sans éditions Luce Wlquin qui malheureusement a dû cesser ses activités en 2018 sans trouver de repreneur.

Ce sont encore une fois des femmes qui sont à l’honneur dans Seules, l’une en mal d’enfant, l’autre qui a eu un fils, a été très vite abandonnée par son mari et a consacré sa vie à ce fils, Alexandre. C’est elle qui raconte son histoire de femme et de mère. Très vite on se retrouve dans l’univers familier de Michelle Fourez : une vie à la campagne, avec des racines solides et une ouverture sur le monde, de la noblesse d’âme, des sentiments profonds entre les personnages, une mère et son fils qui vivent une relation très forte, presque fusionnelle. La mère laissera Alexandre prendre son envol quand il devient adulte mais on sent bien que, dans sa volonté de discrétion et de respect du jeune homme, elle a comme perdu une aile.

J’ai eu l’impression, malgré tous ces éléments connus et « confortables », que Michelle Fourez voulait évoquer beaucoup de choses dans ce court roman (90 pages) : deux narratrices, le goût des voyages, la relation mère-fils, l’amour des livres, le lien à la nature, et cela disperse un peu le fil principal. La fin m’a paru un peu artificielle. Ce ne sera pas mon préféré de l’auteure même si ma lecture était agréable.

« L’un des plus beaux voyages que nous ayons faits ensemble, c’est à Bruxelles. Bruxelles, résumé du monde. Comme d’autres grandes villes, mais Bruxelles est petite, en quelques heures on la traverse à pied de part en part. Dans le métro, on parle autour de nous français, flamand, arabe, espagnol, polonais. Des femmes voilées de noir jusqu’aux pieds en côtoient d’autres, marocaines comme elles, en jupes courtes, à la longue chevelure bouclée, aux bras bruns où brillent des bijoux en or. D’autres encore, opulentes, venues du Sénégal, avec leur foulard coloré, leurs yeux de cuivre. Elles sont debout dans le métro. Alexandre me regarde, me demande. On n’a pas voyagé encore en Afrique, à ce moment-là, il ne sait pas. « 

« Don Quichotte n’existe pas, Maman.
Je me suis sentie pâlir : c’était vrai, don Quichotte était né seulement de la force des mots, et moi je l’avais oublié, ou bien je ne l’avais jamais su. Alexandre avait compris, lui, pour Excalibur, pour le roi Arthur, pour Lancelot du Lac, qu’ils existaient seulement par la force des mots. 
Pour moi, quelle blessure, don Quichotte n’existait donc pas, le ciel s’était assombri tout à coup, la pluie menaçait le feu. Mon enfant me ramenait à la raison. 
Il faut que nous rentrions, Alexandre, et je te lirai l’histoire d’un autre qui n’existe pas, c’est sûr, mais le temps de l’histoire, tu y croiras comme moi, tu auras peur, tu voudras savoir, et nous aurons huit ans tous les deux. Sa Majesté des Mouches. 
Et nous avons pleuré quand le capitaine est arrivé sur l’île, enfin. »

Michelle FOUREZ, Seules, collection Lucioles, Editions Luce Wilquin, 2010

Adrienne ne m’a pas écrit

02 lundi Avr 2018

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions Luce Wilquin, Le Mois belge, Michelle Fourez

Quatrième de couverture :

Je ne vous ai vue qu’une seule fois, Adrienne, au hasard d’une rencontre mondaine après l’un de mes concerts. […] Non, je ne me souviens pas vraiment de votre visage.
De votre voix, oui.
Je me souviens que vous n’êtes pas très jeune, pas très belle, mais il me semble que personne, jamais, n’a compris ma musique comme vous l’aviez comprise, ce soir-là.

Des vies meurtries
La puissance de la musique
Un amour purement épistolaire qui se concrétisera enfin par-delà les peurs et les pudeurs.

Il est pianiste, il joue dans les salles du monde entier. Il est marié, son fils a disparu, le chagrin a dévasté son couple. Elle est retraitée de l’enseignement, veuve, elle mène une vis simple, elle a un fils parti vivre aux Etats-Unis. La vie ne les a épargnés ni l’un ni l’autre. Ils ne se sont rencontrés qu’une fois, à l’issue d’un concert à Berne. mais ils se rejoignent désormais tous les jours par les mots, par les mails échangés et une compréhension réciproque unique qui se mue en un sentiment qu’ils sont incapables de nommer. Alors elle a quitté sa maison près de la frontière française et elle est partie marcher seule sur les sentiers de la Côte d’Opale, alors qu’il va venir jouer à Bruxelles et qu’il espère enfin la rencontrer à nouveau.

Je me rends compte que ce résumé peut paraître nunuche mais je vous assure qu’il n’en est rien. Parce que c’est Michelle Fourez qui écrit et qu’elle le fait avec sa délicatesse coutumière, sa finesse, sa simplicité et son bon sens campagnard. Elle se glisse tour à tour dans la tête, dans le coeur d’Adrienne et de Friedrich, les aidant à révéler petit à petit les douleurs de leur vie, leurs doutes, leurs désirs. Sa plume est douce, fraîche, nourrie de références poétiques et romanesques, musicales aussi puisque Friedrich joue Rachmaninov, Prokofiev et qu’Adrienne s’essaye au piano en amateur (une autre forme d’amour). J’ai l’impression que Michelle Fourez a semé de nombreux petits cailloux personnels dans ce court roman rempli de mots, de musique, de mer, de résilience, de re-connaissance, et même d’un petit chat qui clôt le livre avec tendresse.

Je suis heureuse de commencer ce Mois belge par un coup de coeur.

« Quelques phrases qui disent combien Adrienne (et donc Michelle Fourez) aime la vie dans ce qu’elle a de simple et beau :

« J’ouvre la fenêtre donnant sur le jardin, je rends grâce à la vie d’être là, face à la beauté du monde. » (p. 27)

« Je me lave les cheveux, me douche longuement, bois l’eau tiède à même le pommeau de la douche. Je ris. Je donne en offrande à la vie la fatigue de ce jour, la beauté des chemins parcourus, le chant de l’alouette. » (p. 46)

« Etrangement, mon sac ne me pèse pas. Je marche l’âme légère, le pas léger. La mer est proche et tranquille. Alouettes, bruants des roseaux, paons du jour. 

Et c’est la joie qui me saisit, une joie inattendue. Je marche vers les vagues par des chemins solitaires o chaque pas est un bonheur, une jouissance.

Soudain, le foisonnement rouge d’un champ de coquelicots. » (p. 54)

« J’ai juste envie que la maison ‘enveloppe, envie du silence de la maison, envie que le chat heureux de mon retour frôle mes chevilles, me mordille les jambes. » (p. 67)

Michelle FOUREZ, Adrienne ne m’a pas écrit, Editions Luce Wilquin, 2015

 Prénom  

Le hasard a un goût de cake au chocolat

03 mercredi Mai 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions Luce Wilquin, Valérie Cohen

Quatrième de couverture :

Le hasard existe-t-il ? Les coïncidences peuvent-elles avoir un sens ?
Impossible, vous dirait Roxanne. La charmante jeune femme vit aux côtés d’un compagnon peu loquace, d’une mère angoissée et d’une inséparable sœur. Lorsqu’elle reconnaît, sur un marché aux puces, une photographie de son arrière grand-oncle, ses certitudes sont ébranlées. Cette improbable rencontre la bouleverse.
Persuadée que les signes du destin guident ses pas, sa tante Adèle mettra tout en œuvre pour en convaincre sa protégée. Entre simples coïncidences et clins d’œil de l’existence, le quotidien tranquille de la jeune femme vacille…

Un roman plein d’humour et de tendresse sur les synchronicités et les hasards qui n’en sont peut-être pas. Un récit qui fait du bien, au cœur et à l’âme.

Bon, il me faut l’avouer et je ne ferai pas dans la guimauve : je n’ai pas aimé ce dernier roman de Valérie Cohen. Je suis un peu déçue, parce que j’avais beaucoup aimé Nos mémoires apprivoisées, mais je n’ai pas encore lu les romans intermédiaires, donc je ne jette certainement pas le bébé avec l’eau du bain !

Après avoir tout lu, je me suis dit que l’argument romanesque tenait vraiment à presque rien. J’attendais la révélation d’un secret de famille, de liens particuliers après cette découverte par Roxanne du portrait de son aïeul dans une brocante et la répétition insistante du fait que sa tante Adèle veut protéger ses petites-nièces jusqu’au bout. Finalement, la « révélation » des derniers chapitres est décevante. Toutes ces répétitions sur l’état d’esprit de chacune des femmes de cette famille à qui Valérie Cohen donne successivement la parole, sur les hasards de la vie auxquels on croit ou on ne croit pas, ce rythme leeent,  ce sentiment d’ennui qui m’a souvent prise (et pourtant le roman n’est pas long) : : tout ça pour ça ??  L’intérêt pour les hasards et les synchronicités, les romans étiquetés « feel good », déjà ça ne ma branche pas trop, mais si c’est creux, non merci. Même le style m’a paru mièvre et convenu…

Je suis désolée de ne pas avoir aimé…

Les premières lignes (déjà le coup des pieds gonflés, ça ne m’a pas plu…)

« « Tu es certaine que tu vas bien ? Chérie, regarde-moi. »
Certaines choses ne changeront donc jamais, soupire Adèle en ébauchant un sourire rassurant en direction de son époux. La couleur incertaine des yeux d’André, par exemple, lorsque l’inquiétude s’empare de lui. Ses prunelles vertes se voilent alors d’une nuance de gris, et elles lui font immanquablement penser à un océan avant la tempête. Adèle a toujours adoré l’océan, ses embruns et le bruit de ses colères. L’Atlantique, surtout. Peut-être, parce que c’est le seul dont elle a foulé les plages. Un peu de sable, recueilli dans une bouteille à sirop en verre, traîne depuis des années dans un tiroir de la cuisine. Elle ne sait qu’en faire et rechigne à le jeter. On ne se débarrasse pas si facilement d’un souvenir.
Consciente des regards trop appuyés du notaire et de son époux, Adèle repose le stylo avec délicatesse sur la table en verre. « Une ineptie, ce mobilier moderne », se dit-elle avec aigreur. La vue de ses pieds gonflés par la chaleur et sanglés dans des sandales ouvertes lui paraît éminemment intime, et elle replie, un peu plus encore, les jambes sous la chaise en cuir noir. Un décor minimaliste, savamment étudié pour ne pas laisser trop de place aux émotions. Une étude notariale, antichambre des événements marquants d’une existence, ne peut absorber qu’un quota limité de plaintes et de larmes. »

Valérie COHEN, Le hasard a un goût de cake au chocolat, Editions Luce Wilquin, 2017

Maman Jeanne

28 vendredi Avr 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Daniel Charneux, Editions Luce Wilquin, Maman Jeanne

Présentation de l’éditeur :

Jeanne la femme sans grâce, Jeanne qui a aimé d’un amour interdit, Jeanne qui a donné naissance à l’enfant du péché ne trouvera comme solution à son malheur que l’abandon. Elle s’abandonne elle-même. Elle s’offre à la folie.
L’auteur donne la parole à Jeanne, un siècle après. Rend la vie à celle qui n’a jamais vécu vraiment. Écrit pour la faire exister.

Après Nuage et eau, que j’avais beaucoup aimé, Daniel Charneux a publié ce très court et simple roman, pourtant d’une densité très touchante. C’est le roman d’une femme déshéritée, dépossédée du peu qu’elle a eu, et pendant si peu de temps : une enfant née d’un amour interdit, qu’elle croyait authentique. Une femme du siècle passé, d’avant la guerre de 14, d’abord soumise à son père puis à son premier mari, qui lui a donné trois garçons avant de mourir prématurément et d’obliger Jeanne à se mettre « en service » pour assurer la subsistance de ses enfants. C’est ainsi qu’elle est devenue bonne du curé. Un curé, c’est censé être juste, droit, sincère… Jeanne lui a fait confiance, elle lui a toujours été fidèle, même quand elle a dû quitter le presbytère…

Avec une grande économie de moyens, Daniel Charneux raconte l’histoire de cette femme simple, soumise aux hommes, à la religion, à une époque où les femmes avaient peu de droits et sûrement pas droit à la parole. Une femme dont la vie a été dure, d’ailleurs est-ce une vie, elle ne sait en parler qu’en mettant le mot en italiques. Une femme mise entre parenthèses, une femme effacée, oubliée. Ca m’est difficile d’en dire beaucoup, la fin est bouleversante, ce  roman m’a fait penser à Chercher Sam, de Sophie Bienvenu, ou encore Les Demeurées, de Jeanne Benameur, avec des différences, bien sûr. Il montre aussi l’étendue du talent et des centres d’intérêt de Daniel Charneux, et son regard plein de sensibilité sur le réel.

« Marguerite. Mar-gue-ri-te. Il faut que je l’articule, ce prénom, que je le mâche, que j’en imprègne mes joues, mon palais, pour me rappeler qu’elle a existé, qu’elle a trente-deux ans, qu’elle ne m’a jamais dit « maman ». Camille m’a dit. A son mari, à son fils, jamais elle ne parle de moi. Elle serre les lèvres, elle crispe les mains. Personne ne prononce plus le nom de Jeanne. Jamais. » (p. 19)

Daniel CHARNEUX, Maman Jeanne, Editions Luce Wilquin, 2009

Et un de plus pour les 30 ans des éditions Luce Wilquin

Ana

08 samedi Avr 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Ana, Editions Luce Wilquin, Michelle Fourez

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Présentation de ‘éditeur :

Ana a quitté un mari, une villa, un commerce ambulant florissant – bref, une vie cossue, mais morne – sur un coup de tête, après avoir rencontré sur un marché un fonctionnaire retraité portant beau, Édouard. Mais la vie que celui-ci lui impose, dans une maison décrépite, est celle d’une servante corvéable à merci… Rattrapée par ces réalités à la limite du sordide, Ana commence par se résigner, avant de trouver au bout de quelques années la force de tout quitter à nouveau pour vivre dans le calme d’une solitude acceptée. Un texte sobre, épuré, comme Michelle Fourez sait les faire, sur les illusions perdues d’une femme plus très jeune…

C’est mon Michelle Fourez annuel 😉 Après celui-ci, il me reste un petit Lucioles et deux autres romans, le plus ancien et le plus récent en grand format. J’ai choisi Ana parce que ce personnage est flamand et cela fait un petit lien avec ma lecture précédente.

On retrouve dans ce texte court le cadre et des éléments familiers à Michelle Fourez : une vie à la ferme, une maison dans ce qu’on imagine être le Pays des Collines (près de Frasnes, où habite l’auteure), un prof, un personnage un peu en décalage avec son entourage, un secret enfoui, la présence apaisante de la nature.

Ici, Ana a quitté son mari et son univers rassurant mais morne sur un coup de tête, elle s’est laissé séduire par Edouard, croyant vivre enfin une vie plus cultivée, plus exaltante. Mais elle se retrouve bien mal traitée par ce vil séducteur dont la naissance porte un secret. En est-i conscient ? Ce secret détermine-t-il son caractère et sa manière de vivre ? Ce sont des questions dont nous n’aurons pas la réponse, et pourtant elles sont posées par la narratrice, qui donne des cours de conversation espagnole à Ana. La lecture se termine sur une forme de frustration : certes on est rassuré de savoir qu’Ana a réussi à échapper à Edouard mais nous n’avons pas toutes les réponses aux interrogations posées, c’est peut-être ce qui fait que c’est le texte publié dans la collection Lucioles qui me plaît le moins. Mais la plume de Michelle Fourez, précise et sensible, est toujours bien présente : j’aime comme elle sait faire percevoir les sentiments en évoquant la nature, par exemple lorsque la narratrice regrette l’absence d’Ana en observant qu’un oiseau n’est pas revenu au printemps ou quand le brouillard accompagne l’expérience traumatisante d’une enfant.

Même si j’ai un petit bémol pour ce récit en particulier, je ne me lasse pas de l’univers de Michelle Fourez…

« C’est en octobre 1995 que j’ai rencontré Ana pour la première fois. J’étais assise à la terrasse de notre jardin, tout en haut de la colline. Une terrasse en bois qui ressemble à une scène de théâtre villageoise. Je goûtais les derniers soleils, à la tombée du jour, et un écureuil devait m’avoir distraite : bien que je l’attendisse vraiment, je ne m’étais pas aperçue de la présence d’Ana dans le petit chemin qui monte chez nous, tout en haut de la colline boisée, là où s’arrête le village… L’écureuil avait disparu derrière un tronc et mes yeux étaient revenus au chemin. » (p. 5)

« Février 1998. La neige recouvre la terrasse, et j’attends en vain les deux sittelles torchepot qui nichaient l’an dernier dans le jardin. Cette année, rienque des mésanges, un pic épeiche et des pinsons. Pas les verdiers. Pas le geai. Pas les sittelles torchepot.

Je ne sais ce qu’est devenue Ana. Je ne pense pas qu’elle soit encore au village. Je ne la croise plus jamais, grande sur son vélo trop petit. » (p.7)

Michelle FOUREZ, Ana, Collection Lucioles, Editions Luce Wilquin, 2005

Outre-Mère

01 samedi Avr 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Dominique Costermans, Editions Luce Wilquin, Outre-Mère, secret de famille

Présentation de l’éditeur :

Outre-Mère est moins le récit de la véritable histoire de Charles Morgenstern, juif, bruxellois, enrôlé dans l’armée allemande puis indicateur au service de la Gestapo, que celui de son dévoilement, malgré le silence imposé qui règne encore dans sa famille deux générations plus tard. Que faire des secrets ? De la famille, de la guerre et de ses monstres ? Du silence de la mère ?
Ces questions provoquent tout autant l’enquête de Lucie que l’écriture envoûtante de ce texte. (…)

Dominique Costermans signe ici son premier roman, après avoir publié plusieurs recueils de nouvelles chez Luce Wilquin et chez Quadrature. Je découvre sa plume avec ce texte et il me faut avouer que je suis sous le charme…

J’adore le thème des secrets de famille : celui dont il est question ici, c’est l’engagement pro-nazi d’un Juif bruxellois dont la femme et les deux jeunes enfants ont lourdement payé le prix de son arrogance, c’est la « collection » de demi-soeurs et de cousins dont Charles Morgenstern a parsemé son chemin après la guerre, comme autant de souffrances et de mystères infligés à ses « proches ». Celle qui dévoile petit à petit ces secrets, c’est Lucie la bien nommée, la fille d’Hélène (fille aînée de Charles).C’est le décès de la mère biologique d’Hélène qui entrouvre la porte du secret à Lucie, cela commence à mettre des mots, des formes sur un ressenti confus et oppressant depuis son enfance. A force de recherches, de patience, de questions, de rencontres avec les différents protagonistes, Lucie reconstitue les pièces du puzzle et réussit à faire parler sa mère, levant un tant soit peu le lourd fardeau que « l’auteur de ses jours » lui fait porter depuis si longtemps.

L’auteure donne la parole tantôt à Lucie, tantôt à un narrateur externe qui s’attache principalement à la jeune femme. Le récit est aussi émaillé de passages en « vous », dans un registre judiciaire, directement adressés à Charles Morgenstern. Si l’on est un peu perdu dans sa lecture, un tableau généalogique (signalé dès le début du livre) permet de se repérer entre les personnages. Ainsi ce n’est pas tant l’histoire complète de ce collabo qui importe mais la manière dont le secret se révèle progressivement, les implications qu’il porte sur plusieurs générations (principalement féminines), le questionnement de Lucie face à la « nécessité » de coucher son histoire familiale par écrit. J’ai trouvé le ton de Dominique Costermans particulièrement juste, à la fois lucide et sensible. L’écriture fluide accompagne bien cette forme de résilience vécue par ses personnages.

Ce premier roman est particulièrement réussi.

« C’est un rapport de forces chaque fois renégocié. D’un côté, Hélène et sa souffrance initiale, indicible, incommensurable. Hélène qui attire toute la lumière à elle. De l’autre, moi, et le refus systématique d’entrer dans l’orbite d’Hélène. Mais aussi mon obsessionnelle volonté de savoir.

Plus que mes lectures et mes recherches, c’est parfois une phrase sibylline, au détour d’une rencontre, qui débloque quelque chose. Cette semaine, quelqu’un m’a dit : « Le titre de père, ça se mérite. » La petite phrase a fait son chemin en moi comme la goutte d’eau dans le calcaire. En début de soirée, j’ouvre mon ordinateur et je décide d’écrire à Hélène. Dans cette faille e ma propre conscience de sa souffrance, parce que ses larmes de ce matin m’ont touchée ; dans cette faille de l’histoire de cette Cléo de Mérode, qu’elle a bien voulu me livrer et qui, je le sais, a ouvert une porte et engage Hélène. Se glisser là-dedans avant que les portes se referment et que les ponts se relèvent. » (p. 109)

Dominique COSTERMANS, Outre-Mère, Editions Luce Wilquin, 2017

Merci à Babelio (c’était l’opération Masse critique de janvier et mon avis est depuis le 10 février sur le site) et à l’éditeur pour l’envoi de ce livre.

Belgique : entre collabos et résistants, lecture 1

Les éditions Luce Wilquin ont trente ans cette année, je suis ravie de commencer ce mois belge avec un de leurs romans !

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Les blablas du lundi (26) : Foire du livre 2017 et idées folles

13 lundi Mar 2017

Posted by anne7500 in La vie des mots et des notes, Les blablas du lundi

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Editions Luce Wilquin, Eva avian, Foire du livre Bruxelles, Luis Sepulveda, Quadrature, Québec

Quelle merveilleuse journée à la Foire du livre ce samedi ! C’était bien trop court pour profiter de tous les exposants et éditeurs.

Cette année, j’ai fait pas mal d’éditeurs jeunesse parce que j’étais accompagnée pour la première fois de la jeune demoiselle nièce qui aura bientôt 15 ans et qui cherche son bonheur de lecture avec une certaine exigence et un enthousiasme qui font bien plaisir à Tatie (« Ma tante est un cachalot » c’est Alice Jeunesse qui le dit). Superbe découverte : La Joie de lire (que je connaissais de nom bien sûr) et les deux romans d’Els Beerten (auteure belge flamande) vantés par une très chouette libraire « Ca va vous plaire à toutes les deux, les adultes comme les ados aiment ces romans » (oh oui, oui, oui, ça a tout pour me plaire). Les titres : Nous voulons tous le paradis et Nous voulons tous les paradis – Le procès (je ne peux vous les montrer, ils sont déjà emportés par la jeunette mais j’aimerais lire au moins le premier pour le Mois belge.) Nous avons fait une looongue file pour la dédicace du deuxième tome de La fiancée de l’hiver, de Christelle Dabos (au moins l’attente permet à la miss de dominer – un peu – le frisson d’aborder l’auteure dont on a dévoré le tome 1). J’ai aussi eu la joie d’échanger quelques mots avec Eva Kavian, que j’avais envie de rencontrer depuis longtemps parce que j’aime beaucoup les romans jeunesse que j’ai lus d’elle et j’en ai profité pour lui faire signer La dernière licorne, paru chez Mijade.

La Foire, c’est bien sûr les retrouvailles avec les copines blogueuses, lectrices et/ou libraire passionnées elles aussi. La tradition du rendez-vous pique-nique et les rendez-vous programmés ou improvisés chez les éditeurs.

Retrouvailles aussi avec des éditeurs connus, appréciés, aimés :

– Chez Quadrature, les soeurs Pingault (Véronique y publie son premier recueil, Gaëlle y poursuit son joli parcours), Catherine Deschepper qui a convaincu son éditeur de publier pour la première fois des textes et des photos (mais chut, c’est une surprise). Gaëlle et Catherine m’ont reconnue, la seconde se souvenait même de mon prénom et de mon blog, j’étais médusée et très touchée.

– Chez Luce Wilquin (qui fête ses 30 ans cette année), des mots chaleureux échangés avec Valérie Cohen, Françoise Houdart, j’ai glané aussi le roman de Jean Jauniaux que j’ai très envie de lire et pour les 30 ans et deux bouquins achetés, on recevait La cerise sur les mots – Recettes littéraires, un recueil de nouvelles écrites par les auteurs maison (et ce n’est pas un vain mot). J’ai malheureusement raté Dominique Costermans, dont j’ai beaucoup aimé le premier roman (que je vous présenterai en avril).

– Evidemment, je n’ai pas oublié les éditeurs et auteurs du Québec, la classe de Larry Tremblay, le sourire et le rire de Kim Thuy et les beaux yeux bleus de Joséphine Bacon qui m’a conseillé les romans de Michel Jean (et ô miracle, il y en avait sur le stand) et la poésie de Thomas King  : le bonheur à l’état pur avec ces deux grandes dames adorables et déterminées.

Kim Thuy et Larry Tremblay parlent de leurs derniers romans et de leurs habitudes d’écrivains.

Ces retrouvailles renforcent le sentiment que la visite annuelle à la Foire fait partie de mes rituels familiers de lecture, que j’y retrouve une de mes familles de coeur, celles des livres. J’y ai retrouvé un regain de motivation à entendre certains auteurs dire leur intérêt pour nos blogs et le goût de faire connaître les auteurs et maisons d’édition belges notamment.

J’ai aussi devancé Quais du polar en achetant et en faisant signer La fin d’une histoire, le nouveau roman de Luis Sepulveda (dont la jeune demoiselle a choisi, sur les conseils d’un libraire avisé, Le vieux qui lisait des romans d’amour... soupir d’aise).

Cette journée du bonheur de lire et de parler des livres qu’on aime et qu’on a envie de partager m’a donné des idées folles : essayer de lire cette année plusieurs livres des éditions Luce Wilquin et La joie de lire, qui fêtent leurs trente ans, mais aussi des romans de chez Sabine Wespieser qui fête ses quinze ans d’édition en 2017. Pour Luce Wilquin, ça ne devrait pas poser de problème car j’en présenterai l’un ou l’autre en avril mais pour les autres, me tiendrai-je à l’idée, ne me laisserai-je pas tenter par tant d’autres sirènes livresques ?? En avril, je pourrais exhumer de ma PAL un roman de Diane Meur, auteure belge publiée chez SW. Si cette idée un peu éparpillée vous intéresse, n’hésitez pas à m’accompagner, je créerai un onglet Anniversaires d’éditeurs pour y noter nos idées de lecture !

Les profonds chemins

29 vendredi Avr 2016

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions Luce Wilquin, Françoise Houdart, Le Mois belge, Les profonds chemins, Victor Regnart

Quatrième de couverture :

Françoise Houdart se livre ici, dans son quinzième roman, au délicat travail d’exploration des profonds chemins de l’âme et de l’inspiration d’un artiste, dont la modestie naturelle, l’authenticité et l’attachement fidèle qu’il témoignait au lieu où il vécut ne peuvent préjuger de l’élévation de la vision qu’il avait et professait de son art.
Un petit maître oublié de la peinture du XXe siècle retrouve vie et grandeur sous la plume d’une romancière: le peintre et graveur hennuyer Victor Regnart (1886-1964).

Françoise Houdart s’est intéressée au peintre Victor Regnart, peintre et graveur à tout le moins méconnu, qui a vécu toute sa vie à Elouges, dans le Hainaut.  Profondément attaché à sa mère, Victor quitte le cocon familial  pour épouser sa cousine germaine, Marie, dix ans plus jeune que lui. D’un naturel discret, il n’a guère quitté son village ; il devint professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Mons pour s’assurer un revenu stable, même s’il a connu un certain succès grâce à son travail artistique. D’une classe sociale relativement aisée, il n’a jamais cessé d’observer avec attention ses contemporains, pour la plupart mineurs de fond, petites gens, ouvriers, habitants des courettes qu’il a constamment peintes (même si on ne peut le réduire à cela), buveurs de bière qui allaient oublier dans les estaminets la pénibilité de leur travail et la misère de leur foyer.

Mais il y a aussi des oeuvres dont la genèse est peu voire quasiment pas connue, comme L’Escappé ou les illustrations pour le roman de Radiguet, Le bal du comte d’Orgel (un livre que j’ai dû lire en secondaire, cela m’a rappelé de bons souvenirs). Aussi Françoise Houdart a-t-elle mené des recherches approfondies auprès de parents, de voisins (et leurs descendants), de collègues de Regnart avant de raconter son histoire. Au fait, elle n’écrit pas le roman d’une vie, elle donne la parole à plusieurs personnes (ou personnages quand elle comble les blancs du texte), ou elle procède par petites touches, pour le dire en langage pictural, elle joue sur les retours en arrière, les divers témoignages pour dresser le portrait subtil d’un homme, d’un artiste secret qui valait bien la peine d’être mis en lumière par l’écrivain.

Victor Regnart ne sera pas mis à nu par Françoise Houdart, pour reprendre aussi un genre de tableau, elle lui laisse bien évidemment son mystère, elle continue peut-être à se perdre en ses tableaux, tout comme l’homme aimait se perdre dans les profonds chemins de son village, à la limite du Borinage et des Hauts-Pays. Profonds chemins d’une vie, d’une inspiration, d’une humanité que la romancière a su restituer avec finesse et élégance.

Une belle rencontre entre deux artistes. Une belle rencontre avec ce livre.

La première page :

« Il est des cieux vivants, des cieux habités d’âmes brillantes qui célèbrent à l’infini le mystère de l’univers. Les fresques fabuleuses qu’elles déploient composent aux nuits de ce monde le décor intemporel de l’histoire des hommes. Ici-bas, le théâtre de la vie se joue en continu, au corps à corps : l’incessante transmission du rôle d’exister sans que jamais le rideau ne tombe. Innombrables sont les acteurs appelés à se succéder, mais le rôle – unique pour chaque être – reste inchangé. Il s’agit de naître, vivre et mourir sous le même ciel étoilé. L’âme, encore tout imprégnée du souffle recueilli aux lèvres devenues pierre, largue la fragile amarre, s’éloigne et se perd dans les profonds chemins des constellations.
Est-ce à cela que pense Andréa en cette calme nuit du 9 novembre 1964 ? Il est un peu plus de vingt-trois heures. Rien ne trouble l’eau sombre du silence si ce n’est l’imperceptible miroitement des étoiles.
Il fait un peu froid ce soir. Andréa a jeté un châle de laine sur ses épaules avant de refermer sans bruit la porte de sa maison et de se laisser glisser sur la pierre du seuil.
Quelque chose est arrivé ce soir et le ciel s’en émeut. La mort d’une seule étoile parmi des milliards d’autres peut-elle ainsi bouleverser l’ordre de l’univers ? La mort d’un seul homme parmi des milliards d’autres peut-elle changer celui du monde ?
Andréa ne le sait pas. Ni si là-haut une étoile est morte dont la lumière pourtant ne cessera de briller encore longtemps. Ce qu’elle sait, c’est qu’ici, dans sa petite maison, un peintre est mort cette nuit.
Et qu’il s’appelait Regnart. »

Françoise HOUDART, Les profonds chemins, Editions Luce Wilquin, 2013

L’avis de Mina sur ce livre – Je partage avec elle une dernière lecture commune autour de Françoise Houdart, vous découvrirez chez elle son dernier roman paru, Retour à Domme.

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Georges et les dragons

23 samedi Avr 2016

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Editions Luce Wilquin, Georges et les dragons, Jean-Pol Hecq, Le Mois belge, Premier Roman

Quatrième de couverture :

À l’été 1927, Maximilien Jelgersma débarque à Mons. Ce journaliste néerlandais prétend faire des reportages sur le Borinage, la reconstruction de l’après-guerre et la réalité sociale de la région montoise.
Sa motivation est toutefois plus personnelle : il recherche Georges, un de ses cousins disparu pendant la guerre. Au cours de son enquête, Max croise notamment le cinéaste Joris Ivens, en repérage pour son film Misère au Borinage, et Stefan Zweig, le célèbre écrivain autrichien. Il reçoit l’aide d’un sous-officier véreux, côtoie un drôle de psychiatre franc-maçon et la supérieure d’un couvent. Mais, surtout, il se lie d’amitié avec un homme paisible qui prétend avoir vu de ses propres yeux saint Georges voler au secours des Britanniques au plus fort de la bataille d’août 1914…
Qu’a réellement vu cet homme ce jour-là ? Et pourquoi y a-t-il tant de chevaux dans cette affaire ? Ils peuplent les cauchemars de Max, tirent le Car d’Or dans la Procession de la Trinité, sont les montures de saint Georges et des hommes du 2e régiment de Chasseurs à cheval ; ils forment les attelages des livreurs de bière… Peut-être sont-ils en fin de compte au cœur de l’énigme ?

Les traditions de Mons, la bataille de Mons des 23 et 24 août 1914, la légende des Anges de Mons… il n’en fallait pas plus pour me donner envie de découvrir ce premier roman, qui plus est publié par une maison dont j’apprécie le travail (et euh… bémol, j’ai repéré trois coquilles, je n’avais jamais vu ça chez Luce Wilquin).

Le contexte dans lequel Jean-Pol Hecq situe son roman est banal : bien des années après les faits, le narrateur/auteur prétend avoir retrouvé un cahier aux pages remplies d’une écriture serrée et des lettres dans une « cabane au fond du jardin » et il se fait un devoir de nous les restituer. Il s’agit donc d’un journal tenu par Maximilien Jelgersma lors d’un séjour à Mons à l’été 1927. Max recherche quelqu’un et on sent qu’il cache la véritable raison de cette enquête, il se fait passer pour un journaliste. Pour donner un peu de suspense (preuve s’il en était besoin que l’auteur a inventé toute son histoire), des rapports de police sont intercalés entre les pages du journal, qui demandent de surveiller les activités « d’éléments bolcheviques » dans la région montoise.

Au cours de ses recherches, Max rencontre des habitants du cru (et il ne comprend pas grand-chose au patois borain) mais aussi rien moins que l’écrivain Stefan Zweig, qui lui raconte notamment son amitié avec Emile Verhaeren, coupée nette par la guerre, et le cinéaste Joris Ivens (qui sera, bien après la deuxième guerre mondiale le mari de Marceline Loridan-Ivens, dont j’ai lu le bouleversant Et tu n’es pas revenu).

Max recherche donc un certain Georges, qui fut soldat dans l’armée belge et qui disparut lors de la bataille de Mons. J’ai craint que les rencontres et dialogues de Max ne soient que prétexte à raconter les traditions folkloriques de Mons (le Doudou, le combat de saint Georges contre le dragon, la montée du Car d’or sur la rampe de Sainte-Waudru) et cette fameuse légende de saint Georges apparaissant avec ses anges dans la nuit du 23 au 24 août 1914 pour permettre aux soldats britanniques encerclés par les Allemands de s’enfuir et de se regrouper au sud de la ville. Bien sûr, je connais déjà ces histoires et cela ne me dérange pas d’en apprendre quelques détails nouveaux, mais cela ne fait pas matière à un roman captivant.

Mais finalement, le dénouement de la quête de Max, un brin rocambolesque (je visualisais presque les scènes en format BD), et le dévoilement très touchant de l’identité réelle de Georges m’ont offert un petit pincement au coeur. Et j’ai trouvé l’explication psychanalytique de la légende des anges de Mons très intéressante (voire convaincante…)

Ce n’est pas le roman du siècle mais il m’a fait passer un bon moment et donné envie de me balader à Mons.

« Cette histoire est étrange. Il est fort possible que personne n’y accorde du crédit ou même que l’on m’accuse de supercherie ; j’en accepte le risque.
Après avoir longtemps gardé secret ce « dossier » constitué de bric et de broc, je me suis décidé à le dévoiler. Ce n’est ni de la littérature, ni une enquête policière. Tout au plus une échappée dans un défaut de la cuirasse du réel. Que celui qui lira les lignes qui suivent se forge sa propre opinion.
Cependant, pour commencer, je dois donner quelques explications sur la manière dont j’ai découvert cette affaire.
C’était il y a une vingtaine d’années, j’habitais alors un appartement situé dans le centre historique de Mons. » (Premières lignes)

Jean-Pol HECQ, Georges et les dragons, Editions Luce Wilquin, 2015

Billet spécialement programmé en la fête de saint Georges ce 23 avril

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Nos mémoires apprivoisées

02 samedi Avr 2016

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions Luce Wilquin, Le Mois belge, Nos mémoires apprivoisées, Valérie Cohen

Présentation de l’éditeur :

Audrey, 20 ans, est sacrée Miss SDF. Peut-être un nouveau départ pour celle qui a tout perdu en fuyant sa mère, adepte des Témoins de Jéhovah. Contrainte de revenir à Nice en compagnie de Claire, une journaliste chargée de réaliser un téléfilm sur sa vie, elle est hébergée par Jacques Goldstein, le père de celle-ci. Étrange attitude de la part de ce sexagénaire taciturne. Cet enfant caché, qui a échappé de justesse à la déportation en 1944, affectionne la solitude.
L’arrivée de la jeune femme le bouleverse, tout comme la présence de Betty, la tante d’Audrey, volubile et attachante. Son passé longtemps enfoui refait peu à peu surface. À quelques kilomètres des siens, Audrey va, elle, tenter de s’imaginer un futur. De devenir quelqu’un.
De ces deux êtres écorchés vifs naît une relation singulière. Une amitié improbable que le hasard ne suffit pas à expliquer. Deux humains qui réalisent que le bien et le mal peuvent prendre un même visage. Deux mémoires qui s’apprivoisent doucement autour des fourneaux d’une cuisine pour, qui sait, se créer un avenir commun…

Le point de départ de ce deuxième roman de Valérie Cohen peut paraître très choquant (et il l’est) : on annonce les résultats du concours Miss SDF ! Un concours poussé dans le cerveau d’un patron de télévision privée, qui assurera peut-être la sécurité d’une pauvre fille pendant un an, mais fera surtout les choux gras de la chaîne et donnera de la crédibilité à Claire, la journaliste de référence et petite amie du patron. Par un hasard étonnant, Jacques, le père de Claire, homme solitaire et taciturne, accepte d’héberger Audrey, la gagnante du concours, le temps que celle-ci rassemble ses souvenirs pour préparer un téléfilm.

Ce départ peut donc paraître totalement improbable mais il permet à Valérie Cohen de construire tout en nuances la rencontre et le portrait de deux êtres que la vie n’a pas épargnés. Elle procède à petites touches, par petites révélations, mettant Jacques et Audrey face à leurs souvenirs douloureux, qui osent remonter peu à peu : elle aide ses personnages en faisant intervenir des personnages secondaires savoureux, chaleureux comme Betty ou Gaston ou encore le jeune Josh. Mais c’est bien Audrey Piaget et Jacques Goldstein qui doivent trouver les clés de la résilience et s’aider l’un l’autre à assigner une place aux fantômes et à permettre aux vivants de se réapproprier la leur, pleinement.

J’ai beaucoup aimé ce roman, que j’ai lu quasiment d’une traite, tant j’avais envie d’accompagner ces deux êtres blessés dans leur évolution, dans leur renaissance. C’est tout le talent romanesque et la sensibilité de l’auteure dont on devine le goût pour la bonne chère, l’humour léger et surtout l’infinie attention aux êtres qui l’entourent à travers ce beau livre. J’aurai vraiment plaisir à la retrouver, maintenant que j’ai enfin découvert l’univers de Valérie Cohen.

« Et la gagnante est…
Le présentateur fait durer le suspense. Debout sur l’estrade, Audrey attend. Pâle, les cheveux relevés. La jeune femme se dit que la vie ressemble à une ligne en pointillé. Une traversée du désert ponctuée d’oasis. Elle a soif.
Les murmures s’estompent. Le public soudain se tait, impatient d’entendre le verdict.
La soirée a démarré sur les chapeaux de roue. Reportages, témoignages, volées de question. Quelques bribes de vies narrées. Des spectateurs attentifs et des femmes sans fard qui attendent de savoir qui sera l’élue. Une seule sera reçue avec mention.
Sur le podium, elles ne sont plus que dix. Jocelyne, Alexandra, Mylène, Chantal et Marie-Charlotte se sentent déjà éliminées. Elles font bonne figure, sourient faiblement au public qui les encourage. Les salves d’applaudissements chaleureux n’y changent rien. D’instinct, elles savent. Recalées, pas à la hauteur. Elles n’ont pas su répondre aux attentes du jury. Non que leur chair soit moins ferme que celle des autres ou leurs mensurations moins parfaites, l’enjeu est autre, loin de leur tour de taille ou de leurs dents correctement alignées. » (p. 11-12, premières lignes)

Valérie COHEN, Nos mémoires apprivoisées, Editions Luce Wilquin, 2012

PS : Peut-être que cette lecture a été particulièrement douce parce que je l’ai faite dans les jours qui ont suivi les attentats de Bruxelles. Et ces deux êtres réservés qui ont souffert de diverses formes de croyances et font pourtant preuve d’ouverture, de respect, de tolérance  m’ont donné, je crois, un peu de confiance et d’espoir. J’en remercie d’autant plus Valérie Cohen.

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