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~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Tag: Editions Luce Wilquin

Les années Guerre (Salle des pas perdus I)

28 mercredi Avr 2021

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Editions Luce Wilquin, Genèse édition, Michel Claise

Les années guerre par Claise

Quatrième de couverture :

Tout commence à Bruxelles au Vieux Schaerbeek, un café où les clients forment comme une famille. Il y a les Van Steenkiste, des gens plutôt aisés, madame Fernand et son fils, Jean-Marie, un adolescent un peu complexé surnommé le « rouquin », Marcel et Julienne, leurs filles jumelles, Hélène et Marcelle, et les amis de celles-ci, le journaliste Charles Renard, l’avocat David Zimmerman et le professeur Pierre Dessart. De 1936 à 1945, tout ce petit monde va se côtoyer dans une Belgique d’abord neutre, puis plongée dans la guerre – de la campagne des dix-huit jours à l’Occupation et jusqu’à la Libération. Mais certains connaîtront aussi l’Italie de Mussolini, l’Allemagne nazie, le front russe…

Michel Claise est un auteur de romans et de polars mais il est d’abord juge d’instruction à Bruxelles, spécialisé dans la criminalité en col blanc. J’ai eu l’occasion de le rencontrer à la Foire du livre de Bruxelles sur le stand de Luce Wilquin (sa première éditrice) et c’était un bonheur de parler avec ce monsieur qui vous donne l’impression que vous êtes la personne la plus importante au monde au moment où vous lui parlez alors que vous êtes bien insignifiante face à sa carrière et son intelligence. Enfin je découvre sa plume (plusieurs livres de lui traînent dans ma PAL) avec le début de cette saga belge (trois volumes en sont parus pour le moment) que j’ai dévoré assez rapidement.

Michel Claise a manifestement l’art de raconter des histoires et il s’est bien documenté pour narrer les vies de ses personnages, qui gravitent autour du café Le vieux Schaerbeek.

Marcel et Julienne Leroy, un couple uni, lui comptable revenu de la guerre 14-18 les poumons endommagés, elle couturière élevée socialement par son mariage et très soucieuse des apparences mais finalement mère aimante avant tout. Leurs filles, des jumelles, la belle Hélène qui épousera un prof de latin et de grec idéaliste mais peu doué pour l’action, et l’ensorcelante Marcelle qui cherche la liberté dès l’adolescence et vivra des aventures et des amours à la fois mystérieuses et tapageuses.

Le journaliste Charles Renard qui deviendra chef de réseau dans la Résistance. Les Van Steenkiste qui passeront la guerre bien au chaud grâce à la boucherie familiale qui vend de la viande aux Allemands. L’avocat David Zimmermann qui choisit l’exil en Suisse pour mieux aider, croit-il, ses frères Juifs pourchassés dans toute l’Europe. Le jeune Jean-Marie qui participe à la campagne des dix-huit jours (au bout desquels la Belgique capitule) et qui s’engagera ensuite dans la légion de Degrelle par dépit amoureux…

Autant de personnages qui incarnent différentes manières de vivre la guerre, de choisir comment réagir face à la violence, à l’antisémitisme, et qui vivent leurs histoires avec leurs grandeurs et leurs failles, leurs désirs et leurs peurs intimes. J’ai été très intéressée par le travail de David Zimmermann en Suisse et par ses réactions quand il découvre la réalité des camps, j’ai été émue par le destin de Pierre et passionnée par les jumelles Hélène et Marcelle, cette dernière étant particulièrement attachante dans son parcours ambigu. Michel Claise aime ses personnages, il ne les juge pas, on sent sa connaissance de l’humain à travers eux.

Plusieurs de ces personnages se croisent dans la salle des pas perdus de la gare du Midi à Bruxelles, leurs destins individuels se dessinent sur l’histoire de la Belgique et je les retrouverai avec plaisir dans la suite de leurs aventures après la guerre, dans Les années Paix (qui ne furent pas une partie de plaisir en Belgique).

Michel CLAISE, Les années Guerre (Salle des pas perdus I), Genèse éditions, Collection Poches belges, 2020 (Luce Wilquin, 2007)

Le Mois belge 2021 – Catégorie Esperluète et Impressions nouvelles / Et tout tourne autour de Bruxelles.

Rien n’arrête les oiseaux

10 samedi Avr 2021

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Editions Luce Wilquin, François Salmon, Le Mois belge 2021, nouvelles

Quatrième de couverture :

Qu’elles parlent d’amour, de haine, de chaussure gauche ou de microbiologie, les huit nouvelles de ce recueil jouent à ouvrir des brèches dans le quotidien, pour y laisser filtrer le vent grisant de l’imaginaire.

Des histoires comme des bulles de savon qui volent à la dérive dans notre quotidien.

Le premier recueil de François Salmon s’intitulait Rien n’est rouge, voici maintenant Rien n’arrête les oiseaux. Il me faut l’avouer, j’ai du mal à me souvenir des nouvelles précises mais pas de l’impression générale que les recueils me donnent, et le premier de François Salmon m’avait laissé une impression réjouissante. Celui-ci est tout aussi jubilatoire ! Son titre ne correspond à aucun des neuf textes du livre : à chaque lecteur d’en chercher une interprétation personnelle.

Parmi toutes les nouvelles que j’ai particulièrement appréciées :

La première, Le nom des courants d’air, où un homme qui cultive tranquillement son jardin loin du monde se laisse bousculer par une inconnue tombée du ciel à qui il prescrit, pour la guérir, des potions littéraires.

« Il entreprit alors de lui faire la lecture. Deux chapitres de Rabelais, d’abord, pour tonifier le sang, et puis Dostoïevski (pour la tension), une tirade d’Andromaque (rien de tel que l’alexandrin classique quand il s’agit de soutenir le rythme cardiaque). Il ajouta dix sonnets de Verlaine, comme du linge frais sur une peau meurtrie et termina par deux nouvelles macabres de Jean Ray car, il le savait bien, les plus puissants remèdes tirent toujours leur vigueur de poisons virulents. »

Des amours observe des couples soudain en rupture dans différents pays du monde : la chute nous permettra de comprendre le pourquoi de ces séparations.

Sur le champignon met en scène la concurrence entre deux microbiologistes invités à un congrès scientifique.

« Quelle recrue dans ce cénacle très masculin, on pouvait difficilement l’ignorer. Avec ses grands yeux bleus-je-veux, ses talons aiguilles et son chemisier rouge déboutonné jusque-là, elle semblait tombée d’un de ces assortiments de petits chaperons apéritifs qu’on trouve près du comptoir dans les night-shops pour méchants loups. »

Les lois de la pesanteur, à la fin délicieusement fantastique et fantaisiste.

Dans Les listes de Mathilde, une institutrice retraitée et veuve relit (relie) le fil de sa vie à travers ses carnets de listes, qu’elle a tenues chaque jour depuis son adolescence pour endiguer sa peur de l’inconnu, de l’imprévu. La vieille dame parviendra-t-elle à retrouver la spontanéité des amours de jeunesse malgré tout ce temps passé à cocher des cases ?

« Elle pourrait s’arrêter là, refermer le carnet, reposer le couvercle, mais il semble qu’elle n’en n’a pas encore son compte, de ce vieux chagrin séché entre les pages. Elle reprend par le début, explore à présent les jours d’avant la chute, voudrait trouver dans les derniers moments partagés un parfum d’absolu. Elle aimerait que l’amour transpire à travers les mots. Mais non. Les jours qui ont précédé le départ de Martin furent des jours ordinaires, et l’amour, elle le sait, avait laissé la place aux lois de l’habitude, à l’usure, aux griefs. Tout un chapelet de vieilles fatigues, des neuvaines de petites haines quotidiennes, infiniment ressassées. »

« La dernière liste qu’elle a rédigée aux côtés de son homme, tandis qu’adossé à son oreiller, il terminait sans doute les mots croisés du Journal, immuable rituel du coucher contre lequel elle a tant lutté – un journal dans le lit, ça n’était pas propre. Elle se dit qu’aujourd’hui c’était ça,  l’image de leurs vieux jours : chacun noircissait ses propres cases sur ses propres feuillets. Ils traçaient des vies parallèles qu’ils ne prenaient plus la peine d’épier par-dessus l’épaule de l’autre. »

Un truc incroyable raconte les aventures incroyables d’un homme à qui il arrive sans cesse des « trucs incroyables » et qui en a fait son métier : « modèle littéraire vivant » pour écrivains en panne d’inspiration.

« Après avoir tenté vainement d’exercer diverses professions ordinaires, pour lesquelles il s’était rapidement confirmé qu’il n’avait aucune compétence, après s’être donc fait renvoyer d’une brasserie, d’un bureau de comptabilité, du guichet d’un cinéma et d’une entreprise de plafonnage, il s’était résigné à gagner sa vie en pratiquant la seule chose pour laquelle il était doué : s’attirer des emmerdes et des péripéties. Notons tout de même que ce don très particulier n’aurait jamais été de nature à générer un salaire s’il n’avait existé sur terre une autre catégorie d’êtres pourvus d’un seul talent – mais cyniques, ceux-là, sans scrupules, prêts à vendre père et mère pour une bonne histoire : les écrivains en mal d’inspiration. »

« Pour tout dire il se méfie des gens qui lisent. Oui, les lecteurs l’agacent, avec leurs airs entendus, leurs lunettes, la façon grossière dont ils s’absentent de toutes les sociétés, se retranchent dans un prétendu monde intérieur. Et ce halo de superbe dont ils se nimbent dans les parcs et les métros, comme si la fréquentation des romans les élevait à une forme d’ aristocratie joliment surannée. Vraiment, lui qui ne lit pas, il enrage de ce mépris discret que lui réserve le cénacle des bibliophages, alors qu’ils ne sont eux-mêmes qu’un petit peuple frileux qui se protège de la vraie vie derrière des paravents de papier. »

La dernière nouvelle, A pieds joints, la plus longue, qui fait un clin d’oeil cocasse à un personnage d’une autre nouvelle, réussit à réconcilier un Juif et un Iranien grâce à une marchande de chaussures.

Comme on peut le lire dans les extraits, François Salmon aborde de nombreux thèmes, qui se rattachent sans doute au principal : celui de l’amour, jamais une bluette ou une romance indigeste, non, l’amour inattendu, exigeant, l’amour finissant, l’amour en allé, enfoui sous les couches de l’habitude, l’amour qui réconcilie, ou encore l’amitié, un autre nom de l’amour. Les personnages qu’il croque sont tout à la fois drôles et touchants, des gens ordinaires, avec leurs petits grains de folie, leurs manies, leur solitude, leur désir. Cerise sur le gâteau (autre clin d’oeil), François Salmon a beaucoup d’humour, un humour subtil, et il écrit bien, avec des images, des références, des trouvailles et de la légèreté. Comme les oiseaux.

J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à cette lecture qui m’a donné le sourire !

Rien que pour le plaisir, un dernier extrait de la nouvelle Oedipe comédie : « « Vous avez tué votre père ? Parfait. C’est un bon début. Vous connaissez la suite, je pense. Quand vous aurez réussi à coucher avec votre mère, revenez me trouver. Je vous expliquerai la procédure la plus simple pour vous crever les yeux. »
Quel panache, ce psy ! Quel sens de la formule ! »

François SALMON, Rien n’arrête les oiseaux, Editions Luce Wilquin, Collection Euphémie, 2017

Le Mois belge 2021 – catégorie La Lettre volée

Challenge Petit Bac 2021 – animal

Seules

24 mercredi Avr 2019

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions Luce Wilquin, Lucioles, Michelle Fourez, Seules

Quatrième de couverture :

Suite à une blessure à l’œil, une femme sans enfant est emmenée d’urgence à l’hôpital, les yeux bandés. Dans le lit à côté du sien gît une femme silencieuse, à qui personne ne rend visite.
Confrontée au silence de l’autre, la nouvelle arrivée se résout à dialoguer avec elle-même, renouant ainsi avec la solitude existentielle dont elle souffre et jouit à la fois.
Mais sa compagne de chambre entre soudain en logorrhée comme si elle éprouvait le besoin de se raconter sa vie…

C’est le dernier petit livre qu’il me restait à lire de Michelle Fourez dans la collection Lucioles de Luce Wilquin. Pas de mois belge sans éditions Luce Wlquin qui malheureusement a dû cesser ses activités en 2018 sans trouver de repreneur.

Ce sont encore une fois des femmes qui sont à l’honneur dans Seules, l’une en mal d’enfant, l’autre qui a eu un fils, a été très vite abandonnée par son mari et a consacré sa vie à ce fils, Alexandre. C’est elle qui raconte son histoire de femme et de mère. Très vite on se retrouve dans l’univers familier de Michelle Fourez : une vie à la campagne, avec des racines solides et une ouverture sur le monde, de la noblesse d’âme, des sentiments profonds entre les personnages, une mère et son fils qui vivent une relation très forte, presque fusionnelle. La mère laissera Alexandre prendre son envol quand il devient adulte mais on sent bien que, dans sa volonté de discrétion et de respect du jeune homme, elle a comme perdu une aile.

J’ai eu l’impression, malgré tous ces éléments connus et « confortables », que Michelle Fourez voulait évoquer beaucoup de choses dans ce court roman (90 pages) : deux narratrices, le goût des voyages, la relation mère-fils, l’amour des livres, le lien à la nature, et cela disperse un peu le fil principal. La fin m’a paru un peu artificielle. Ce ne sera pas mon préféré de l’auteure même si ma lecture était agréable.

« L’un des plus beaux voyages que nous ayons faits ensemble, c’est à Bruxelles. Bruxelles, résumé du monde. Comme d’autres grandes villes, mais Bruxelles est petite, en quelques heures on la traverse à pied de part en part. Dans le métro, on parle autour de nous français, flamand, arabe, espagnol, polonais. Des femmes voilées de noir jusqu’aux pieds en côtoient d’autres, marocaines comme elles, en jupes courtes, à la longue chevelure bouclée, aux bras bruns où brillent des bijoux en or. D’autres encore, opulentes, venues du Sénégal, avec leur foulard coloré, leurs yeux de cuivre. Elles sont debout dans le métro. Alexandre me regarde, me demande. On n’a pas voyagé encore en Afrique, à ce moment-là, il ne sait pas. « 

« Don Quichotte n’existe pas, Maman.
Je me suis sentie pâlir : c’était vrai, don Quichotte était né seulement de la force des mots, et moi je l’avais oublié, ou bien je ne l’avais jamais su. Alexandre avait compris, lui, pour Excalibur, pour le roi Arthur, pour Lancelot du Lac, qu’ils existaient seulement par la force des mots. 
Pour moi, quelle blessure, don Quichotte n’existait donc pas, le ciel s’était assombri tout à coup, la pluie menaçait le feu. Mon enfant me ramenait à la raison. 
Il faut que nous rentrions, Alexandre, et je te lirai l’histoire d’un autre qui n’existe pas, c’est sûr, mais le temps de l’histoire, tu y croiras comme moi, tu auras peur, tu voudras savoir, et nous aurons huit ans tous les deux. Sa Majesté des Mouches. 
Et nous avons pleuré quand le capitaine est arrivé sur l’île, enfin. »

Michelle FOUREZ, Seules, collection Lucioles, Editions Luce Wilquin, 2010

Adrienne ne m’a pas écrit

02 lundi Avr 2018

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions Luce Wilquin, Le Mois belge, Michelle Fourez

Quatrième de couverture :

Je ne vous ai vue qu’une seule fois, Adrienne, au hasard d’une rencontre mondaine après l’un de mes concerts. […] Non, je ne me souviens pas vraiment de votre visage.
De votre voix, oui.
Je me souviens que vous n’êtes pas très jeune, pas très belle, mais il me semble que personne, jamais, n’a compris ma musique comme vous l’aviez comprise, ce soir-là.

Des vies meurtries
La puissance de la musique
Un amour purement épistolaire qui se concrétisera enfin par-delà les peurs et les pudeurs.

Il est pianiste, il joue dans les salles du monde entier. Il est marié, son fils a disparu, le chagrin a dévasté son couple. Elle est retraitée de l’enseignement, veuve, elle mène une vis simple, elle a un fils parti vivre aux Etats-Unis. La vie ne les a épargnés ni l’un ni l’autre. Ils ne se sont rencontrés qu’une fois, à l’issue d’un concert à Berne. mais ils se rejoignent désormais tous les jours par les mots, par les mails échangés et une compréhension réciproque unique qui se mue en un sentiment qu’ils sont incapables de nommer. Alors elle a quitté sa maison près de la frontière française et elle est partie marcher seule sur les sentiers de la Côte d’Opale, alors qu’il va venir jouer à Bruxelles et qu’il espère enfin la rencontrer à nouveau.

Je me rends compte que ce résumé peut paraître nunuche mais je vous assure qu’il n’en est rien. Parce que c’est Michelle Fourez qui écrit et qu’elle le fait avec sa délicatesse coutumière, sa finesse, sa simplicité et son bon sens campagnard. Elle se glisse tour à tour dans la tête, dans le coeur d’Adrienne et de Friedrich, les aidant à révéler petit à petit les douleurs de leur vie, leurs doutes, leurs désirs. Sa plume est douce, fraîche, nourrie de références poétiques et romanesques, musicales aussi puisque Friedrich joue Rachmaninov, Prokofiev et qu’Adrienne s’essaye au piano en amateur (une autre forme d’amour). J’ai l’impression que Michelle Fourez a semé de nombreux petits cailloux personnels dans ce court roman rempli de mots, de musique, de mer, de résilience, de re-connaissance, et même d’un petit chat qui clôt le livre avec tendresse.

Je suis heureuse de commencer ce Mois belge par un coup de coeur.

« Quelques phrases qui disent combien Adrienne (et donc Michelle Fourez) aime la vie dans ce qu’elle a de simple et beau :

« J’ouvre la fenêtre donnant sur le jardin, je rends grâce à la vie d’être là, face à la beauté du monde. » (p. 27)

« Je me lave les cheveux, me douche longuement, bois l’eau tiède à même le pommeau de la douche. Je ris. Je donne en offrande à la vie la fatigue de ce jour, la beauté des chemins parcourus, le chant de l’alouette. » (p. 46)

« Etrangement, mon sac ne me pèse pas. Je marche l’âme légère, le pas léger. La mer est proche et tranquille. Alouettes, bruants des roseaux, paons du jour. 

Et c’est la joie qui me saisit, une joie inattendue. Je marche vers les vagues par des chemins solitaires o chaque pas est un bonheur, une jouissance.

Soudain, le foisonnement rouge d’un champ de coquelicots. » (p. 54)

« J’ai juste envie que la maison ‘enveloppe, envie du silence de la maison, envie que le chat heureux de mon retour frôle mes chevilles, me mordille les jambes. » (p. 67)

Michelle FOUREZ, Adrienne ne m’a pas écrit, Editions Luce Wilquin, 2015

 Prénom  

Le hasard a un goût de cake au chocolat

03 mercredi Mai 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions Luce Wilquin, Valérie Cohen

Quatrième de couverture :

Le hasard existe-t-il ? Les coïncidences peuvent-elles avoir un sens ?
Impossible, vous dirait Roxanne. La charmante jeune femme vit aux côtés d’un compagnon peu loquace, d’une mère angoissée et d’une inséparable sœur. Lorsqu’elle reconnaît, sur un marché aux puces, une photographie de son arrière grand-oncle, ses certitudes sont ébranlées. Cette improbable rencontre la bouleverse.
Persuadée que les signes du destin guident ses pas, sa tante Adèle mettra tout en œuvre pour en convaincre sa protégée. Entre simples coïncidences et clins d’œil de l’existence, le quotidien tranquille de la jeune femme vacille…

Un roman plein d’humour et de tendresse sur les synchronicités et les hasards qui n’en sont peut-être pas. Un récit qui fait du bien, au cœur et à l’âme.

Bon, il me faut l’avouer et je ne ferai pas dans la guimauve : je n’ai pas aimé ce dernier roman de Valérie Cohen. Je suis un peu déçue, parce que j’avais beaucoup aimé Nos mémoires apprivoisées, mais je n’ai pas encore lu les romans intermédiaires, donc je ne jette certainement pas le bébé avec l’eau du bain !

Après avoir tout lu, je me suis dit que l’argument romanesque tenait vraiment à presque rien. J’attendais la révélation d’un secret de famille, de liens particuliers après cette découverte par Roxanne du portrait de son aïeul dans une brocante et la répétition insistante du fait que sa tante Adèle veut protéger ses petites-nièces jusqu’au bout. Finalement, la « révélation » des derniers chapitres est décevante. Toutes ces répétitions sur l’état d’esprit de chacune des femmes de cette famille à qui Valérie Cohen donne successivement la parole, sur les hasards de la vie auxquels on croit ou on ne croit pas, ce rythme leeent,  ce sentiment d’ennui qui m’a souvent prise (et pourtant le roman n’est pas long) : : tout ça pour ça ??  L’intérêt pour les hasards et les synchronicités, les romans étiquetés « feel good », déjà ça ne ma branche pas trop, mais si c’est creux, non merci. Même le style m’a paru mièvre et convenu…

Je suis désolée de ne pas avoir aimé…

Les premières lignes (déjà le coup des pieds gonflés, ça ne m’a pas plu…)

« « Tu es certaine que tu vas bien ? Chérie, regarde-moi. »
Certaines choses ne changeront donc jamais, soupire Adèle en ébauchant un sourire rassurant en direction de son époux. La couleur incertaine des yeux d’André, par exemple, lorsque l’inquiétude s’empare de lui. Ses prunelles vertes se voilent alors d’une nuance de gris, et elles lui font immanquablement penser à un océan avant la tempête. Adèle a toujours adoré l’océan, ses embruns et le bruit de ses colères. L’Atlantique, surtout. Peut-être, parce que c’est le seul dont elle a foulé les plages. Un peu de sable, recueilli dans une bouteille à sirop en verre, traîne depuis des années dans un tiroir de la cuisine. Elle ne sait qu’en faire et rechigne à le jeter. On ne se débarrasse pas si facilement d’un souvenir.
Consciente des regards trop appuyés du notaire et de son époux, Adèle repose le stylo avec délicatesse sur la table en verre. « Une ineptie, ce mobilier moderne », se dit-elle avec aigreur. La vue de ses pieds gonflés par la chaleur et sanglés dans des sandales ouvertes lui paraît éminemment intime, et elle replie, un peu plus encore, les jambes sous la chaise en cuir noir. Un décor minimaliste, savamment étudié pour ne pas laisser trop de place aux émotions. Une étude notariale, antichambre des événements marquants d’une existence, ne peut absorber qu’un quota limité de plaintes et de larmes. »

Valérie COHEN, Le hasard a un goût de cake au chocolat, Editions Luce Wilquin, 2017

Maman Jeanne

28 vendredi Avr 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Daniel Charneux, Editions Luce Wilquin, Maman Jeanne

Présentation de l’éditeur :

Jeanne la femme sans grâce, Jeanne qui a aimé d’un amour interdit, Jeanne qui a donné naissance à l’enfant du péché ne trouvera comme solution à son malheur que l’abandon. Elle s’abandonne elle-même. Elle s’offre à la folie.
L’auteur donne la parole à Jeanne, un siècle après. Rend la vie à celle qui n’a jamais vécu vraiment. Écrit pour la faire exister.

Après Nuage et eau, que j’avais beaucoup aimé, Daniel Charneux a publié ce très court et simple roman, pourtant d’une densité très touchante. C’est le roman d’une femme déshéritée, dépossédée du peu qu’elle a eu, et pendant si peu de temps : une enfant née d’un amour interdit, qu’elle croyait authentique. Une femme du siècle passé, d’avant la guerre de 14, d’abord soumise à son père puis à son premier mari, qui lui a donné trois garçons avant de mourir prématurément et d’obliger Jeanne à se mettre « en service » pour assurer la subsistance de ses enfants. C’est ainsi qu’elle est devenue bonne du curé. Un curé, c’est censé être juste, droit, sincère… Jeanne lui a fait confiance, elle lui a toujours été fidèle, même quand elle a dû quitter le presbytère…

Avec une grande économie de moyens, Daniel Charneux raconte l’histoire de cette femme simple, soumise aux hommes, à la religion, à une époque où les femmes avaient peu de droits et sûrement pas droit à la parole. Une femme dont la vie a été dure, d’ailleurs est-ce une vie, elle ne sait en parler qu’en mettant le mot en italiques. Une femme mise entre parenthèses, une femme effacée, oubliée. Ca m’est difficile d’en dire beaucoup, la fin est bouleversante, ce  roman m’a fait penser à Chercher Sam, de Sophie Bienvenu, ou encore Les Demeurées, de Jeanne Benameur, avec des différences, bien sûr. Il montre aussi l’étendue du talent et des centres d’intérêt de Daniel Charneux, et son regard plein de sensibilité sur le réel.

« Marguerite. Mar-gue-ri-te. Il faut que je l’articule, ce prénom, que je le mâche, que j’en imprègne mes joues, mon palais, pour me rappeler qu’elle a existé, qu’elle a trente-deux ans, qu’elle ne m’a jamais dit « maman ». Camille m’a dit. A son mari, à son fils, jamais elle ne parle de moi. Elle serre les lèvres, elle crispe les mains. Personne ne prononce plus le nom de Jeanne. Jamais. » (p. 19)

Daniel CHARNEUX, Maman Jeanne, Editions Luce Wilquin, 2009

Et un de plus pour les 30 ans des éditions Luce Wilquin

Ana

08 samedi Avr 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Ana, Editions Luce Wilquin, Michelle Fourez

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Présentation de ‘éditeur :

Ana a quitté un mari, une villa, un commerce ambulant florissant – bref, une vie cossue, mais morne – sur un coup de tête, après avoir rencontré sur un marché un fonctionnaire retraité portant beau, Édouard. Mais la vie que celui-ci lui impose, dans une maison décrépite, est celle d’une servante corvéable à merci… Rattrapée par ces réalités à la limite du sordide, Ana commence par se résigner, avant de trouver au bout de quelques années la force de tout quitter à nouveau pour vivre dans le calme d’une solitude acceptée. Un texte sobre, épuré, comme Michelle Fourez sait les faire, sur les illusions perdues d’une femme plus très jeune…

C’est mon Michelle Fourez annuel 😉 Après celui-ci, il me reste un petit Lucioles et deux autres romans, le plus ancien et le plus récent en grand format. J’ai choisi Ana parce que ce personnage est flamand et cela fait un petit lien avec ma lecture précédente.

On retrouve dans ce texte court le cadre et des éléments familiers à Michelle Fourez : une vie à la ferme, une maison dans ce qu’on imagine être le Pays des Collines (près de Frasnes, où habite l’auteure), un prof, un personnage un peu en décalage avec son entourage, un secret enfoui, la présence apaisante de la nature.

Ici, Ana a quitté son mari et son univers rassurant mais morne sur un coup de tête, elle s’est laissé séduire par Edouard, croyant vivre enfin une vie plus cultivée, plus exaltante. Mais elle se retrouve bien mal traitée par ce vil séducteur dont la naissance porte un secret. En est-i conscient ? Ce secret détermine-t-il son caractère et sa manière de vivre ? Ce sont des questions dont nous n’aurons pas la réponse, et pourtant elles sont posées par la narratrice, qui donne des cours de conversation espagnole à Ana. La lecture se termine sur une forme de frustration : certes on est rassuré de savoir qu’Ana a réussi à échapper à Edouard mais nous n’avons pas toutes les réponses aux interrogations posées, c’est peut-être ce qui fait que c’est le texte publié dans la collection Lucioles qui me plaît le moins. Mais la plume de Michelle Fourez, précise et sensible, est toujours bien présente : j’aime comme elle sait faire percevoir les sentiments en évoquant la nature, par exemple lorsque la narratrice regrette l’absence d’Ana en observant qu’un oiseau n’est pas revenu au printemps ou quand le brouillard accompagne l’expérience traumatisante d’une enfant.

Même si j’ai un petit bémol pour ce récit en particulier, je ne me lasse pas de l’univers de Michelle Fourez…

« C’est en octobre 1995 que j’ai rencontré Ana pour la première fois. J’étais assise à la terrasse de notre jardin, tout en haut de la colline. Une terrasse en bois qui ressemble à une scène de théâtre villageoise. Je goûtais les derniers soleils, à la tombée du jour, et un écureuil devait m’avoir distraite : bien que je l’attendisse vraiment, je ne m’étais pas aperçue de la présence d’Ana dans le petit chemin qui monte chez nous, tout en haut de la colline boisée, là où s’arrête le village… L’écureuil avait disparu derrière un tronc et mes yeux étaient revenus au chemin. » (p. 5)

« Février 1998. La neige recouvre la terrasse, et j’attends en vain les deux sittelles torchepot qui nichaient l’an dernier dans le jardin. Cette année, rienque des mésanges, un pic épeiche et des pinsons. Pas les verdiers. Pas le geai. Pas les sittelles torchepot.

Je ne sais ce qu’est devenue Ana. Je ne pense pas qu’elle soit encore au village. Je ne la croise plus jamais, grande sur son vélo trop petit. » (p.7)

Michelle FOUREZ, Ana, Collection Lucioles, Editions Luce Wilquin, 2005

Outre-Mère

01 samedi Avr 2017

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Dominique Costermans, Editions Luce Wilquin, Outre-Mère, secret de famille

Présentation de l’éditeur :

Outre-Mère est moins le récit de la véritable histoire de Charles Morgenstern, juif, bruxellois, enrôlé dans l’armée allemande puis indicateur au service de la Gestapo, que celui de son dévoilement, malgré le silence imposé qui règne encore dans sa famille deux générations plus tard. Que faire des secrets ? De la famille, de la guerre et de ses monstres ? Du silence de la mère ?
Ces questions provoquent tout autant l’enquête de Lucie que l’écriture envoûtante de ce texte. (…)

Dominique Costermans signe ici son premier roman, après avoir publié plusieurs recueils de nouvelles chez Luce Wilquin et chez Quadrature. Je découvre sa plume avec ce texte et il me faut avouer que je suis sous le charme…

J’adore le thème des secrets de famille : celui dont il est question ici, c’est l’engagement pro-nazi d’un Juif bruxellois dont la femme et les deux jeunes enfants ont lourdement payé le prix de son arrogance, c’est la « collection » de demi-soeurs et de cousins dont Charles Morgenstern a parsemé son chemin après la guerre, comme autant de souffrances et de mystères infligés à ses « proches ». Celle qui dévoile petit à petit ces secrets, c’est Lucie la bien nommée, la fille d’Hélène (fille aînée de Charles).C’est le décès de la mère biologique d’Hélène qui entrouvre la porte du secret à Lucie, cela commence à mettre des mots, des formes sur un ressenti confus et oppressant depuis son enfance. A force de recherches, de patience, de questions, de rencontres avec les différents protagonistes, Lucie reconstitue les pièces du puzzle et réussit à faire parler sa mère, levant un tant soit peu le lourd fardeau que « l’auteur de ses jours » lui fait porter depuis si longtemps.

L’auteure donne la parole tantôt à Lucie, tantôt à un narrateur externe qui s’attache principalement à la jeune femme. Le récit est aussi émaillé de passages en « vous », dans un registre judiciaire, directement adressés à Charles Morgenstern. Si l’on est un peu perdu dans sa lecture, un tableau généalogique (signalé dès le début du livre) permet de se repérer entre les personnages. Ainsi ce n’est pas tant l’histoire complète de ce collabo qui importe mais la manière dont le secret se révèle progressivement, les implications qu’il porte sur plusieurs générations (principalement féminines), le questionnement de Lucie face à la « nécessité » de coucher son histoire familiale par écrit. J’ai trouvé le ton de Dominique Costermans particulièrement juste, à la fois lucide et sensible. L’écriture fluide accompagne bien cette forme de résilience vécue par ses personnages.

Ce premier roman est particulièrement réussi.

« C’est un rapport de forces chaque fois renégocié. D’un côté, Hélène et sa souffrance initiale, indicible, incommensurable. Hélène qui attire toute la lumière à elle. De l’autre, moi, et le refus systématique d’entrer dans l’orbite d’Hélène. Mais aussi mon obsessionnelle volonté de savoir.

Plus que mes lectures et mes recherches, c’est parfois une phrase sibylline, au détour d’une rencontre, qui débloque quelque chose. Cette semaine, quelqu’un m’a dit : « Le titre de père, ça se mérite. » La petite phrase a fait son chemin en moi comme la goutte d’eau dans le calcaire. En début de soirée, j’ouvre mon ordinateur et je décide d’écrire à Hélène. Dans cette faille e ma propre conscience de sa souffrance, parce que ses larmes de ce matin m’ont touchée ; dans cette faille de l’histoire de cette Cléo de Mérode, qu’elle a bien voulu me livrer et qui, je le sais, a ouvert une porte et engage Hélène. Se glisser là-dedans avant que les portes se referment et que les ponts se relèvent. » (p. 109)

Dominique COSTERMANS, Outre-Mère, Editions Luce Wilquin, 2017

Merci à Babelio (c’était l’opération Masse critique de janvier et mon avis est depuis le 10 février sur le site) et à l’éditeur pour l’envoi de ce livre.

Belgique : entre collabos et résistants, lecture 1

Les éditions Luce Wilquin ont trente ans cette année, je suis ravie de commencer ce mois belge avec un de leurs romans !

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Les blablas du lundi (26) : Foire du livre 2017 et idées folles

13 lundi Mar 2017

Posted by anne7500 in La vie des mots et des notes, Les blablas du lundi

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Editions Luce Wilquin, Eva avian, Foire du livre Bruxelles, Luis Sepulveda, Quadrature, Québec

Quelle merveilleuse journée à la Foire du livre ce samedi ! C’était bien trop court pour profiter de tous les exposants et éditeurs.

Cette année, j’ai fait pas mal d’éditeurs jeunesse parce que j’étais accompagnée pour la première fois de la jeune demoiselle nièce qui aura bientôt 15 ans et qui cherche son bonheur de lecture avec une certaine exigence et un enthousiasme qui font bien plaisir à Tatie (« Ma tante est un cachalot » c’est Alice Jeunesse qui le dit). Superbe découverte : La Joie de lire (que je connaissais de nom bien sûr) et les deux romans d’Els Beerten (auteure belge flamande) vantés par une très chouette libraire « Ca va vous plaire à toutes les deux, les adultes comme les ados aiment ces romans » (oh oui, oui, oui, ça a tout pour me plaire). Les titres : Nous voulons tous le paradis et Nous voulons tous les paradis – Le procès (je ne peux vous les montrer, ils sont déjà emportés par la jeunette mais j’aimerais lire au moins le premier pour le Mois belge.) Nous avons fait une looongue file pour la dédicace du deuxième tome de La fiancée de l’hiver, de Christelle Dabos (au moins l’attente permet à la miss de dominer – un peu – le frisson d’aborder l’auteure dont on a dévoré le tome 1). J’ai aussi eu la joie d’échanger quelques mots avec Eva Kavian, que j’avais envie de rencontrer depuis longtemps parce que j’aime beaucoup les romans jeunesse que j’ai lus d’elle et j’en ai profité pour lui faire signer La dernière licorne, paru chez Mijade.

La Foire, c’est bien sûr les retrouvailles avec les copines blogueuses, lectrices et/ou libraire passionnées elles aussi. La tradition du rendez-vous pique-nique et les rendez-vous programmés ou improvisés chez les éditeurs.

Retrouvailles aussi avec des éditeurs connus, appréciés, aimés :

– Chez Quadrature, les soeurs Pingault (Véronique y publie son premier recueil, Gaëlle y poursuit son joli parcours), Catherine Deschepper qui a convaincu son éditeur de publier pour la première fois des textes et des photos (mais chut, c’est une surprise). Gaëlle et Catherine m’ont reconnue, la seconde se souvenait même de mon prénom et de mon blog, j’étais médusée et très touchée.

– Chez Luce Wilquin (qui fête ses 30 ans cette année), des mots chaleureux échangés avec Valérie Cohen, Françoise Houdart, j’ai glané aussi le roman de Jean Jauniaux que j’ai très envie de lire et pour les 30 ans et deux bouquins achetés, on recevait La cerise sur les mots – Recettes littéraires, un recueil de nouvelles écrites par les auteurs maison (et ce n’est pas un vain mot). J’ai malheureusement raté Dominique Costermans, dont j’ai beaucoup aimé le premier roman (que je vous présenterai en avril).

– Evidemment, je n’ai pas oublié les éditeurs et auteurs du Québec, la classe de Larry Tremblay, le sourire et le rire de Kim Thuy et les beaux yeux bleus de Joséphine Bacon qui m’a conseillé les romans de Michel Jean (et ô miracle, il y en avait sur le stand) et la poésie de Thomas King  : le bonheur à l’état pur avec ces deux grandes dames adorables et déterminées.

Kim Thuy et Larry Tremblay parlent de leurs derniers romans et de leurs habitudes d’écrivains.

Ces retrouvailles renforcent le sentiment que la visite annuelle à la Foire fait partie de mes rituels familiers de lecture, que j’y retrouve une de mes familles de coeur, celles des livres. J’y ai retrouvé un regain de motivation à entendre certains auteurs dire leur intérêt pour nos blogs et le goût de faire connaître les auteurs et maisons d’édition belges notamment.

J’ai aussi devancé Quais du polar en achetant et en faisant signer La fin d’une histoire, le nouveau roman de Luis Sepulveda (dont la jeune demoiselle a choisi, sur les conseils d’un libraire avisé, Le vieux qui lisait des romans d’amour... soupir d’aise).

Cette journée du bonheur de lire et de parler des livres qu’on aime et qu’on a envie de partager m’a donné des idées folles : essayer de lire cette année plusieurs livres des éditions Luce Wilquin et La joie de lire, qui fêtent leurs trente ans, mais aussi des romans de chez Sabine Wespieser qui fête ses quinze ans d’édition en 2017. Pour Luce Wilquin, ça ne devrait pas poser de problème car j’en présenterai l’un ou l’autre en avril mais pour les autres, me tiendrai-je à l’idée, ne me laisserai-je pas tenter par tant d’autres sirènes livresques ?? En avril, je pourrais exhumer de ma PAL un roman de Diane Meur, auteure belge publiée chez SW. Si cette idée un peu éparpillée vous intéresse, n’hésitez pas à m’accompagner, je créerai un onglet Anniversaires d’éditeurs pour y noter nos idées de lecture !

Les profonds chemins

29 vendredi Avr 2016

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions Luce Wilquin, Françoise Houdart, Le Mois belge, Les profonds chemins, Victor Regnart

Quatrième de couverture :

Françoise Houdart se livre ici, dans son quinzième roman, au délicat travail d’exploration des profonds chemins de l’âme et de l’inspiration d’un artiste, dont la modestie naturelle, l’authenticité et l’attachement fidèle qu’il témoignait au lieu où il vécut ne peuvent préjuger de l’élévation de la vision qu’il avait et professait de son art.
Un petit maître oublié de la peinture du XXe siècle retrouve vie et grandeur sous la plume d’une romancière: le peintre et graveur hennuyer Victor Regnart (1886-1964).

Françoise Houdart s’est intéressée au peintre Victor Regnart, peintre et graveur à tout le moins méconnu, qui a vécu toute sa vie à Elouges, dans le Hainaut.  Profondément attaché à sa mère, Victor quitte le cocon familial  pour épouser sa cousine germaine, Marie, dix ans plus jeune que lui. D’un naturel discret, il n’a guère quitté son village ; il devint professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Mons pour s’assurer un revenu stable, même s’il a connu un certain succès grâce à son travail artistique. D’une classe sociale relativement aisée, il n’a jamais cessé d’observer avec attention ses contemporains, pour la plupart mineurs de fond, petites gens, ouvriers, habitants des courettes qu’il a constamment peintes (même si on ne peut le réduire à cela), buveurs de bière qui allaient oublier dans les estaminets la pénibilité de leur travail et la misère de leur foyer.

Mais il y a aussi des oeuvres dont la genèse est peu voire quasiment pas connue, comme L’Escappé ou les illustrations pour le roman de Radiguet, Le bal du comte d’Orgel (un livre que j’ai dû lire en secondaire, cela m’a rappelé de bons souvenirs). Aussi Françoise Houdart a-t-elle mené des recherches approfondies auprès de parents, de voisins (et leurs descendants), de collègues de Regnart avant de raconter son histoire. Au fait, elle n’écrit pas le roman d’une vie, elle donne la parole à plusieurs personnes (ou personnages quand elle comble les blancs du texte), ou elle procède par petites touches, pour le dire en langage pictural, elle joue sur les retours en arrière, les divers témoignages pour dresser le portrait subtil d’un homme, d’un artiste secret qui valait bien la peine d’être mis en lumière par l’écrivain.

Victor Regnart ne sera pas mis à nu par Françoise Houdart, pour reprendre aussi un genre de tableau, elle lui laisse bien évidemment son mystère, elle continue peut-être à se perdre en ses tableaux, tout comme l’homme aimait se perdre dans les profonds chemins de son village, à la limite du Borinage et des Hauts-Pays. Profonds chemins d’une vie, d’une inspiration, d’une humanité que la romancière a su restituer avec finesse et élégance.

Une belle rencontre entre deux artistes. Une belle rencontre avec ce livre.

La première page :

« Il est des cieux vivants, des cieux habités d’âmes brillantes qui célèbrent à l’infini le mystère de l’univers. Les fresques fabuleuses qu’elles déploient composent aux nuits de ce monde le décor intemporel de l’histoire des hommes. Ici-bas, le théâtre de la vie se joue en continu, au corps à corps : l’incessante transmission du rôle d’exister sans que jamais le rideau ne tombe. Innombrables sont les acteurs appelés à se succéder, mais le rôle – unique pour chaque être – reste inchangé. Il s’agit de naître, vivre et mourir sous le même ciel étoilé. L’âme, encore tout imprégnée du souffle recueilli aux lèvres devenues pierre, largue la fragile amarre, s’éloigne et se perd dans les profonds chemins des constellations.
Est-ce à cela que pense Andréa en cette calme nuit du 9 novembre 1964 ? Il est un peu plus de vingt-trois heures. Rien ne trouble l’eau sombre du silence si ce n’est l’imperceptible miroitement des étoiles.
Il fait un peu froid ce soir. Andréa a jeté un châle de laine sur ses épaules avant de refermer sans bruit la porte de sa maison et de se laisser glisser sur la pierre du seuil.
Quelque chose est arrivé ce soir et le ciel s’en émeut. La mort d’une seule étoile parmi des milliards d’autres peut-elle ainsi bouleverser l’ordre de l’univers ? La mort d’un seul homme parmi des milliards d’autres peut-elle changer celui du monde ?
Andréa ne le sait pas. Ni si là-haut une étoile est morte dont la lumière pourtant ne cessera de briller encore longtemps. Ce qu’elle sait, c’est qu’ici, dans sa petite maison, un peintre est mort cette nuit.
Et qu’il s’appelait Regnart. »

Françoise HOUDART, Les profonds chemins, Editions Luce Wilquin, 2013

L’avis de Mina sur ce livre – Je partage avec elle une dernière lecture commune autour de Françoise Houdart, vous découvrirez chez elle son dernier roman paru, Retour à Domme.

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