Pour le plaisir d’entendre la merveilleuse contralto Marie-Nicole Lemieux (qui est actuellement en Belgique à La Monnaie pour chanter le rôle de Fricka dans Die Walküre de Wagner), voici quelques airs d’opéras ou d’oratorios de G. F. Haendel. Elle est accompagnée par Karina Gauvin dans l’un des airs.
Se fiera Belva ha cinto, air extrait de Rodelinda – Marie-Nicole Lemieux et le Concert de la Loge
Ombra mai fu extrait de Xerxes – Marie-Nicole Lemieux – Ensemble Matheus – Direction Jean-Christophe Spinosi
Caro! Bella! extrait de Giulio Cesare – Marie-Nicole Lemieux, Karina Gauvin, Il Complesso Barocco
La magnifique Marie-Nicole Lemieux avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France interprètent Trois anges sont venus ce soir de Augusta Holmès sous la direction de Adrien Perruchon. Vous trouverez ci-dessous la biographie de la compositrice.
C’est avec cette mélodie que je vous souhaite un Joyeux Noël ! A part un ou deux billets musicaux, je prends des vacances de blog, j’en ai bien besoin. Rendez-vous en janvier !
« C’est en 1887, dans le roman policier Une étude en rouge (A Study in Scarlet), qu’Arthur Conan Doyle présenta pour la première fois son fameux détective Sherlock Holmes. Ce patronyme très répandu était celui que portait depuis sa naissance en 1847 la compositrice Augusta Holmès, qui rajoutera cet accent grave à trente-deux ans, en obtenant la nationalité française. De père irlandais et de mère anglaise, Augusta vit le jour à Paris, près des Champs-Elysées. Alfred de Vigny fut le parrain de la fillette, et aurait même été son père naturel selon d’invérifiables rumeurs, entretenues par la musicienne…
Installée, en 1855, avec ses parents à deux pas du château de Versailles, Augusta perdit sa mère trois ans plus tard. Elle suivit alors les cours de chant de Guillot de Sainbris, mais étudia également le piano, l’harmonie et le contrepoint. Elle complètera cette formation auprès de César Franck à partir de 1875. Toute sa vie, Augusta Holmès côtoya les artistes de son temps, du peintre Henri Regnault, qui la représenta seins nus en Thétis apportant à Achille, pour venger la mort de Patrocle, les armes divines forgées par Vulcain, aux compositeurs Rossini qui l’encouragea, Gounod qui l’accompagna au piano, Saint-Saëns qui la courtisa, Liszt qui la félicita ou Wagner qui l’inspira quelques temps. Quant à l’austère César Franck, organiste de Sainte-Clotilde, respectable père de famille et « Pater Seraphicus » pour ses disciples, il aurait écrit son fiévreux Quintette pour piano et cordes en pensant à sa captivante élève…
Alphonse Daudet la croisa « dans le parc de Versailles ; elle était toute jeune alors, elle aussi, blonde, svelte, marchait, auprès de son père déjà vieux, dans la grande allée du “Tapis Vert“ ; elle pouvait évoluer parmi les statues sans faire tort à son élégante allure, à sa classique beauté. D’autres apparitions d’elle me reviennent du temps où je la voyais au théâtre couronnée de fleurs, superbe et hautaine et cachant sous ces beaux dehors les misères d’une vie déclassée. A Champrosay, la voici toute simple au piano de campagne, nous enchantant de sa belle voix à laquelle répondent en s’égosillant les oiseaux du parc excités par de chaudes et légendaires mélodies (…) Vraiment, c’est une artiste, elle écrit poème et musique, et il y a en elle de l’improvisateur, tout un foyer de chansons en plein air, de refrains de bohème, une expansion où elle brûle et consume une vie ! »
Poétesse depuis sa jeunesse, Augusta Holmès sera également proche de Villiers de L’Isle Adam, Mistral ou de Mallarmé, et de sa longue relation avec le poète Catulle Mendès viendront au monde cinq enfants, dont elle ne s’occupera guère, mais dont trois seront peints avec piano et violon par Auguste Renoir en 1888. Femme du monde et artiste, Holmès n’hésita pas à enfiler l’uniforme d’infirmière pour soigner les soldats français de la guerre de 1870, en écrivant des vers vengeurs contre l’Allemagne. Elle retrouvera cette hargne en s’engageant parmi d’autres musiciens contre Dreyfus. Les autorités lui remirent la nationalité française, et on lui commanda une Ode triomphale pour le centenaire de la Révolution (jouée par mille deux cents musiciens devant quinze mille spectateurs !).
Elle écrira peu après, à la demande de la ville de Florence, un Hymne à la paix pour trois cents choristes, créé en 1890 devant trois mille personnes. De cette époque date également sa grande amitié avec le chef d’orchestre Edouard Colonne. La presse saluait surtout la « virilité » de sa musique, une critique de 1889 rappelant la mentalité de l’époque : « Nul ne croirait, en entendant ses œuvres sans en connaître l’auteur, qu’elles ont été enfantées par un cerveau féminin ».
Malgré les enregistrements de sa mélodie Trois anges sont venus par Ninon Vallin ou Tino Rossi, son œuvre tomba dans un relatif oubli à sa mort en 1903, et attendit les récentes années pour être redécouverte. Employant au début de sa carrière le pseudonyme masculin et wagnérien « Hermann Senta », Augusta Holmès affirma à un journaliste anglais en 1897 : : « J’ai dû me battre (…) et ce, en tant que compositeur et en tant que femme. Ne croyez pas, quoi qu’on en dise, que la carrière artistique soit plus ouverte à mon sexe. C’est une grave erreur. La démarche est infiniment plus difficile, et la bonne camaraderie, qui vient en aide à tant d’artistes, est un sens exclue pour les femmes qui ont eu la chance (ou la malchance) d’être nées musiciennes (…) Quel métier ! ». »
Gioachino Rossini (1792-1868) a un nom qui, prononcé avec l’accent italien, porte à l’allégresse, ne trouvez-vous pas ? Son nom est bien sûr associé à l’opéra avec Le Barbier de Séville, La Cenerentola, L’Italienne à Alger ou encore Guilaume Tell mais il a aussi laissé des oeuvres de musique religieuse connues comme son Stabat Mater ou sa Petite Messe solennelle.
Mois italien oblige, je vous propose d’écouter l’Ouverture de L’Italienne à Alger par l’Orchestre de chambre d’Europe dirigé par Ivan Fischer. Ensuite vous entendrez l’air Che muso, che figuro chanté par Marie-Nicole Lemieux et Nicolas Courjal lors de la fête de la musique 2013 à Orange.
Mustafà, le bey d’Alger, lassé de sa femme Elvira cherche à se trouver une nouvelle compagne. Il charge Haly de sélectionner une candidate. Isabella, une jeune Italienne à la recherche de son amant détenu comme esclave par Mustafà, est sélectionnée. Les deux amants vont utiliser la ruse afin d’échapper à leur triste sort.
Parmi les artistes du Québec, j’ai gardé la meilleure pour la fin (à mon goût) : la magnifique, la généreuse, la chaleureuse contralto Marie-Nicole Lemieux (qui a aussi des liens avec la Belgique, puisqu’elle a gagné en 2000 le premier prix du Concours Reine Elisabeth mais je crains de me répéter).
Je vous propose quelques vidéos, je ne sais que choisir !
Cruda sorte, extrait d’Une Italienne à Alger, de Rossini :
L’amour est un oiseau rebelle, extrait de Carmen de Bizet :
Dieux puissants que j’atteste…Jupiter lance…, extrait de Iphigénie en Aulide de Gluck (avec un ensemble québécois, Les violons du roy dirigé par Bernard Labadie) :
Gabriel Fauré (1845-1924) est né il y a 170 ans. Il faut l’élève de Camille Saint-Saëns que je vous ai proposé la semaine dernière. Et je n’ai pas résisté à vous proposer ces Cinq mélodies de Venise, op.58 sur des textes de Paul Verlaine, puisque Fauré a été sensible à ce genre intimiste sa vie durant. Elles sont interprétées par… Marie-Nicole Lemieux, ma contralto québécoise adorée ! Elles ont été enregistrées à l’Auditorium du Musée d’Orsay en mai 2013. Si vous allez directement sur Youtube, les textes sont offerts mais je n’ai pas trouvé qui l’accompagne au piano.
Pour rester dans l’univers du Québec et prolonger un peu la thématique de l’amour, voici Marie-Nicole Lemieux, la merveilleuse contralto du Québec, et un CD paru chez Naïve (sa maison de disques), qui s’intitule « Ne me résiste pas ». Ne résistez pas à l’émotion, à l’énergie, à la tendresse, à la sensualité de la belle Marie-Nicole dans « Mon coeur s’ouvre à ta voix » extrait de Samson et Dalila, de Camille Saint-Saëns. L’Orchestre National de France est placé sous la direction de Fabien Gabel.
Dans cette vidéo très sympathique (je n’ai aucune objectivité), l’artiste explique la démarche de l’album. Une petite pointe d’accent québécois, ça ne se refuse pas cette semaine…
Ce dimanche, je vous propose un fragment de poème amoureux : A Chloris, de Theophile de Viau (1590-1626) et j’y ajoute une touche québécoise, puisque la magnifique contralto Marie-Nicole Lemieux (du Québec !) chante ce texte, du moins la première stance mise en mélodie par Reynaldo Hahn (compositeur français de nombreuses mélodies entre autres, 1874-1947). Elle est accompagnée par un pianiste américain lui aussi lauréat du Concours Reine Elisabeth, qui vit désormais en Belgique, Daniel Blumenthal, un accompagnateur tout simplement parfait…
En septembre 2013, je vous invitais déjà à écouter Marie-Nicole Lemieux dans L’heure exquise, de Paul Verlaine. Je vous invite à savourer à nouveau ce texte aussi (si ça peut encourager discrètement une demoiselle dans son projet Verlaine…) J’adore cette cantatrice…
S’il est vrai, Chloris, que tu m’aimes, Mais j’entends, que tu m’aimes bien, Je ne crois point que les rois mêmes Aient un bonheur pareil au mien. Que la mort serait importune De venir changer ma fortune A la félicité des cieux! Tout ce qu’on dit de l’ambroisie Ne touche point ma fantaisie Au prix des grâces de tes yeux.
« En 2000, la contralto Marie-Nicole Lemieux devient la première canadienne à emporter le Prix de la Reine Fabiola (1er Prix) ainsi que le Prix Spécial du Lied au Concours Musical International Reine Élisabeth de Belgique. Ce prix prestigieux l’a fait connaître du milieu international et lui a permis de se produire tant en récital qu’à l’opéra et en concert avec les plus grands orchestres. »
Cette petite introduction est tirée du site de Marie-Nicole Lemieux, Elle est belle, pulpeuse, elle a les yeux qui pétillent et un sourire qui vous met le moral au beau fixe pour la journée, elle adore faire le clown avec Ruggero Raimondi, par exemple, lors d’une soirée télévisée au théâtre antique d’Orange, elle met cet humour naturel et ce don de comédienne au service de certaines de ses interprétations mais elle exprime aussi à merveille la passion et le drame.
Je vous propose un extrait (difficile de choisir) de son CD L’heure exquise où elle interprète des mélodies françaises, accompagnée par le pianiste Daniel Blumenthal (un disque paru chez Naïve) : il s’agit du poème éponyme de Paul Verlaine.