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Archives de Tag: Gallmeister

Les morts de Bear Creek

29 mercredi Juin 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Gallmeister, Keith McCafferty, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Les Montagnes Rocheuses livrent parfois de macabres trouvailles – comme les deux cadavres exhumés au dégel par un grizzly affamé. Rejetant la thèse d’un accident de chasse, le shérif Martha Ettinger se tourne vers Sean Stranahan, peintre amateur, guide de pêche et détective privé à ses heures perdues. Le même jour, Sean est embauché par un club de pêcheurs excentriques pour retrouver une précieuse mouche de pêche volée. Ces affaires vont se télescoper et exiger des deux partenaires une action aussi précise qu’un lancer de mouche et aussi rapide qu’une balle de revolver.

Un billet rapide pour rendre compte de mon Gallmeister du mois. Le thème de juin est Chasse et pêche : comment mieux l’illustrer qu’en repartant sur les rives e la Madison dans le Montana, en compagnie de Sean Stranahan, guide de pêche à la mouche, peintre amateur et enquêteur à ses heures. Dans cette deuxième enquête de la série, il y aura de la pêche, bien sûr (et que de poésie dans les noms de mouches et dans les lancers matinaux et vespéraux) mais aussi de chasse, une chasse à l’homme très particulière et assez glaçante. Une maman grizzly s’invite dans l’aventure dès le début du roman et ne facilitera pas la tâche de Martha Ettinger, la shérif et de ses adjoints. Il s’agit en effet d’identifier deux corps réduits quasiment à l’état d’ossements et de déterminer la cause de leur mort. Pendant ce temps, Sean rencontre également des membres du Club des menteurs et monteurs de mouche de la Madison qui le chargent de retrouver des mouches de collection disparues et très précieuses. Sur le plan personnel (c’est-à-dire amoureux), Sean subit les froideurs de Martha Ettinger mais il ose proposer un rendez-vous à la belle Martinique, jeune étudiante vétérinaire. Les personnages secondaires, la mécanique criminelle, la nature grandiose du Montana, l’humour, tout est à déguster dans ce roman, sans compter l’envie d’aller plus loin encore dans les criques à truites en compagnie de Sean Stranahan et de ses amis.

« – Ce pitoyable sac d’os était un pêcheur à la mouche plutôt bon autrefois. Il s’est mis à caresser la bouteille comme un véritable habitant du Montana. Son urine doit avoir une teneur en alcool de cinquante pour cent. S’il pisse sur votre feu de camp, toute la forêt s’embrase. »

Keith McCAFFERTY, Les morts de Bear Creek, traduit de l’américain par Janique Joui-de-Laurens, Gallmeister, collection Totem, 2020 (1è édition : 2019)

Une année avec Gallmeister (Juin : Chasse et pêche)

Petit Bac 2022 – Animal 3

Animaux solitaires

24 mardi Mai 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Bruce Holbert, Gallmeister, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Comté d’Okanogan, État de Washington, 1932. Russell Strawl, ancien officier de police, reprend du service pour participer à la traque d’un tueur laissant dans son sillage des cadavres d’Indiens minutieusement mutilés. Son enquête l’entraîne au cœur des plus sauvages vallées de l’Ouest, où le progrès n’a pas encore eu raison de la barbarie et où rares sont les hommes qui n’ont pas de sang sur les mains. Bien des mystères qui entourent le passé du policier et de sa famille vont ressurgir petit à petit sur son chemin. 

Premier roman remarquable, Animaux solitaires mêle avec brio les codes du western et ceux des plus grands romans noirs.

Nous sommes en 1932, dans l’état de Washington, au nord-ouest des Etats-Unis, dans le comté d’Okanogan, non loin du Canada. Le progrès (le New deal) a apporté la construction d’un barrage dans cette région sauvage, où les Indiens sont parqués dans des réserves et bien coupés de leurs racines par la catéchisation des prêtres blancs. L’ancien shérif Strawl reprend du service car il est le seul sans doute à pouvoir suivre la piste d’un tueur d’Indiens particulièrement cruel, qui met en scène les corps mutilés de ses victimes. Il est accompagné – sans l’avoir demandé – par son fils adoptif Elijah, un « prophète » dont le don d’écoute et d’attention à la nature est proche du sien.

Strawl est lui-même habité par une violence profondément ancrée en lui, presque le seul moyen pour cet homme profondément solitaire (même s’il a été marié deux fois et a deux enfants) de communiquer avec autrui. Au contact de la nature, sur la piste de celui qu’il croit être le tueur, on dirait que cette violence change, qu’elle devient plus proche de celle des Indiens de la région.

J’ai beaucoup aimé cette lecture très noire, qui trace le portrait d’un homme singulier, de son beau-fils tout aussi étonnant dans une nature dont il sait se faire l’allié malgré son hostilité, lien sublimé par la relation entre Strawl et son cheval Stick. Strawl est à la fois chasseur et chassé, complètement en décalage avec ses contemporains blancs. Il faut avoir le coeur bien accroché pour lire les descriptions des corps et le compte-rendu des tortures « raffinées » que fait subir Strawl à certaines personnes (bien que, je l’avoue, j’étais partagée entre horreur et fou rire tant cela relevait d’une folie très spéciale). Il me faut avouer aussi que la fin du roman m’a laissée un peu de côté : la quête de Strawl et d’Elijah revêt alors un côté mystique, philosophique que je n’ai pas vraiment compris mais cela ne m’a pas empêchée d’apprécier ma lecture. En lisant la biographie de l’auteur, qui connaît très bien cette région des Etats-Unis, j’ai été surprise de découvrir qu’un épisode familial a inspiré l’écriture de ce premier roman

« Strawl retourna les braises agonisantes du matin puis vida dessus le reste de son café. La journée était encore fraîche, l’atmosphère oppressante de la veille avait laissé la place aux hautes pressions et à un ciel bleu. Il ferma les yeux pour les reposer après leur avoir fait subir la fumée de son feu de bois. Il se rappela avec envie la vision que possédaient ses premiers éclaireurs indiens. Ils percevaient des nuances de marron et de vert que personne ne parvenait à distinguer à part eux, ainsi que les formes susceptibles de se déplacer et les espaces qu’elles traversaient. »

« Strawl regrettait d’avoir au-dessus de sa tête le toit et les solives de la grange. Une fois la saison des neiges terminée, il échangeait volontiers un toit contre le froid ambiant. Sous la voûte du ciel, le sommeil peut vous prendre sans que vous en ayez conscience, mais un toit vous passait l’envie d’être surpris. Enfant, il redoutait le souffle de son père qui éteignait la lampe à pétrole. Jusqu’à l’âge de sept ans ou presque, Strawl s’était réveillé en larmes chaque matin, et même si ses parents n’avaient vu en lui qu’un enfant au réveil bougon, ses sanglots étaient un soulagement après une nuit traversée en solitaire. Ses pleurs avaient cessé depuis bien longtemps, mais fermer les yeux et s’abandonner à lui-même exigeait encore trop d’efforts de sa part pour qu’il le fît en toute sérénité. »

« Strawl but le reste du soda et il regretta de ne pas pouvoir se lever et pisser dans cette bouteille de verre tout le venin qui était en lui, puis la reboucher et l’enterrer quelque part, dans un endroit qu’il pourrait oublier dans un jour ou un mois ou un an. »

« Strawl avait le sentiment qu’il en était arrivé à vivre son existence à l’envers, que les années le privaient de sa sagesse au lieu de la lui apporter. Il admettait cette vérité que doit accepter toute personne chargée de faire respecter la loi : même dans la plus vertueuse des existences était tapie l’anarchie, telle une cartouche en place dans la chambre d’un fusil armé, et à tout moment le percuteur pouvait frapper l’amorce et propulser dans n’importe quelle direction la balle de plomb tournant sur elle-même. »

Bruce HOLBERT, Animaux solitaires, traduit de l’américain par Jean-Paul Gratias, Gallmeister Totem, 2017 (Gallmeister, 2013)

Un Gallmeister par mois – Thème de mai : Il était une fois dans l’Ouest

Petit Bac 2022 – Animal 2

Assurance sur la mort

25 vendredi Mar 2022

Posted by anne7500 in Des Mots noirs, Des Mots nord-américains

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Gallmeister, James M. Cain, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Séduit par la troublante Phyllis Dietrichson, l’agent d’assurance Walter Neff conspire avec elle le meurtre de son mari après lui avoir fait signer une police prévoyant une indemnité pharaonique en cas de mort accidentelle. Évidemment, la compagnie d’assurance va suspecter la fraude, mais Walter et Phyllis sont intelligents, déterminés et totalement sans scrupules. Le crime parfait existe-t-il ? Peut-on vraiment échapper à une vie rangée pour éprouver le grand frisson aux côtés d’une femme fatale ?

Un roman qui fit scandale avant d’être à l’origine d’un des plus grands films noirs de tous les temps.

[N.B. Dans le roman, il est question de Phyllis Nirdlinger et de Walter Huff, noms que j’emploierai ici. La quatrième de couverture reprend peut-être les noms employés dans le film ?]

Dès les premières lignes de ce court roman publié en 1937, un effet de prolepse nous fait comprendre que les choses n’ont pas tourné comme prévu pour le narrateur, Walter Huff, agent d’assurances doué et zélé. C’est en démarchant monsieur Nirdlinger que Walter tombe sous le charme troublant de Phyllis, sa femme et qu’il comprend que celle-ci veut se débarrasser de son mari. Et comme nul n’est meilleur pour assurer tous les risques qu’un agent d’assurances hors-pair, Huff dresse un plan parfait pour assassiner le mari encombrant et toucher une substantielle prime d’assurance avec la veuve. On se croirait dans la série policière « Crimes parfaits » où le criminel croit n’avoir négligé aucun détail et où un enquêteur au flair aiguisé démonte le « crime parfait » et démasque le coupable. Pas de policier ici mais les soupçons – attendus – d’un haut responsable de la compagnie d’assurances et un troublant jeu de dupes : qui est le manipulateur réel ? qui tire vraiment les ficelles ? à qui se fier derrière des apparences qui se révèlent trompeuses ? quelles sombres passions oeuvrent au coeur des protagonistes ?

Autant de questions qui trouveront – ou non – leurs réponses au terme d’un roman à la construction impeccable, à l’écriture précise, aussi froide que le coeur de ses personnages principaux, et qui se permet une fin aux allures fantastiques. La couverture de ce Totem me paraît d’ailleurs très bien choisie ! Le livre a été adapté au cinéma par Billy Wilder, avec Barbara Stanwyck et Fred McMurray. James M. Caine est également l’auteur de Le facteur sonne toujours deux fois, également transposé au cinéma.

« C’est en me rendant à Glendale pour ajouter trois nouveaux chauffeurs de camion sur le contrat d’un brasseur de bière, que je me suis souvenu de cette police à renouveler vers Hollywoodland. J’ai décidé d’aller y faire un tour. Voilà comment j’ai atterri dans cette Maison de la Mort, celle dont vous avez entendu parler dans les journaux. La première fois que je l’ai vue, elle n’avait pas l’air d’une Maison de la Mort. C’était une construction de style espagnol, comme toutes celles qu’on voit en Californie, avec des murs blancs, un toit de tuiles rouges et un patio sur un des côtés. Elle avait été construite de guingois. Le garage se trouvait sous la maison, au-dessus il y avait le rez-de-chaussée et le reste était étalé sur le flanc de la colline, là où on avait pu le caser. Un escalier en pierre menait à la porte d’entrée, j’ai garé la voiture et gravi les marches. » (premières lignes)

« Dans ce métier, pour faire affaire, il faut entrer. Une fois que vous êtes entré, ils sont obligés de vous écouter, et on peut assez bien juger de la qualité d’un agent à la vitesse à laquelle il se retrouve assis sur le canapé du salon, avec d’un côté son chapeau et de l’autre ses petites fiches. » (p. 8)

James M. CAIN, Assurance sur la mort, traduit de l’américain par Simon Baril, Gallmeister Totem, 2017

Un Gallmeister par mois (thème de mars : roman noir / Etat : Californie)

Les douze tribus d’Hattie

14 lundi Fév 2022

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots nord-américains

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Ayana Mathis, Gallmeister, Un an avec Gallmeister

Les Douze Tribus d'Hattie

Quatrième de couverture :

Gare de Philadelphie, 1923. La jeune Hattie arrive de Géorgie en compagnie de sa mère et de ses sœurs pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une vie nouvelle, forte de l’énergie de ses seize ans, Hattie épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage. Douze enfants, douze tribus qui égrèneront leur parcours au fil de l’histoire américaine du XXe siècle. Cette famille se dévoile peu à peu à travers l’existence de ces fils et de ces filles marqués chacun à leur manière par le fort tempérament d’Hattie, sa froide combativité et ses secrètes failles.

Voilà un premier roman d’une force inoubliable. Hattie débarque donc de sa Géorgie natale à Philadelphie. Dès sa sortie de la gare, elle sait qu’elle ne retournera pas dans le Sud raciste, quoi qu’il arrive. Elle perd très vite sa mère et ses soeurs (la première meurt, les autres retournent en Géorgie), elle épouse August, un ouvrier, alors qu’elle a seize ans. Des jumeaux naissent, Philadelphie et Jubilee, de beaux bébés aux prénoms qui incarnent le rêve de nouveauté de la jeune mère. Ce premier chapitre du roman est déchirant : les enfants attrapent une pneumonie en plein hiver et on assiste, aussi impuissants qu’Hattie, à leur agonie dans une salle de bain à l’ambiance apocalyptique. Hattie ne se remettra sans doute jamais de cette mort, toute sa vie elle s’enveloppera de solitude et de rudesse pour affronter la vie sans espoir que lui procure August, qui change sans cesse de travail, dépense l’argent du ménage en soirées et en maîtresses. Et pourtant ils restent ensemble, et pourtant Hattie tente d’économiser un peu pour réaliser son rêve, acheter une petite maison.

Ce ne sont pas les neuf autres enfants qui naîtront de ce mariage qui guériront Hattie mais au fil des chapitres qui nous les font connaître, de 1923 à 1980, avec l’évolution de la société américaine, on découvre la vie de la famille, la pauvreté dans laquelle ils ont vécu enfants. Chacun des enfants, malgré ses tentatives de partir, de s’éloigner, voire de couper les ponts – ou même de retrouver le Sud -, est marqué par la rigueur maternelle. Certains en perdent même la raison. Mais on comprend aussi qu’Hattie n’a pas eu d’autre choix que de se montrer si rude car elle devait avant tout protéger ses enfants, tenter de survivre avec et pour eux et il n’y avait pas de place pour la tendresse dans cette survie. Mais Hattie a tenu bon, elle aura connu une longue vie et sa colère s’adoucira un peu grâce à sa petite-fille Sala.

Ayana Mathis a réussi un coup de maître avec ce premier roman longuement élaboré. Hattie n’est pas particulièrement attachante, forcément, mais les événements de sa vie et de celle de ses proches nous attachent à cette femme qui rêvait de liberté et à ses douze tribus.

« Hattie croyait en la puissance de Dieu, mais elle ne croyait pas en ses interventions. Au mieux, il était indifférent. Dieu était la dernière de ses préoccupations, comme elle était elle-même la dernière des préoccupations de Dieu. »

« Mon frère Six a une église, là-bas, faillit-elle lui dire. Cet idiot est marié depuis quinze ans, et il faudrait plus que les doigts d’une seule main pour compter les femmes auxquelles il a fait un enfant, mais ça ne l’empêche pas de raconter que le Seigneur améliorera le sort des Noirs si nous prions et si nous agissons correctement. »

« Toutes ces années de vie commune sans bonheur n’avaient en rien diminué le besoin physique qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Des journées entières s’écoulaient au cours desquelles elle disait à peine un mot à son mari, mais la nuit, c’était autre chose, et leurs corps racontaient une tout autre histoire. »

« Hattie savait que ses enfants ne la considéraient pas comme quelqu’un de gentil, et peut-être ne l’était-elle pas, mais quand ils étaient petits, il n’y avait pas beaucoup de temps pour les sentiments. Elle leur avait fait défaut dans des domaines essentiels, mais à quoi cela aurait-il servi de passer les journées à les serrer contre elle et à les embrasser s’ils n’avaient rien eu à se mettre dans le ventre? Ils ne comprenaient pas que tout l’amour qu’elle avait en elle était accaparé par la nécessité de les nourrir, de les habiller et de les préparer à affronter le monde. Le monde n’aurait pas d’amour à leur offrir; le monde ne serait pas gentil. »

Ayana MATHIS, Les douze tribus d’Hattie, traduit de l’américain par François Happe, Gallmeister, 2014

Une nouvelle participation au Mois de l’Histoire afro-américaine chez Enna

Petit Bac 2022 – Chiffre 2

Une vie inachevée

28 vendredi Jan 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Gallmeister, Mark Spragg, Un an avec Gallmeister

Une vie inachevée - Mark Spragg

Quatrième de couverture :

Dans un ranch délabré du Wyoming, Einar vit reclus depuis la mort de son fils, dix ans plus tôt. Aussi voit-il d’un mauvais œil resurgir sa belle-fille, Jean, qu’il tient pour responsable de l’accident qui a coûté la vie à son fils. Fuyant son compagnon violent, la jeune femme vient se réfugier chez lui. Einar découvre alors l’existence de sa petite-fille Griff, âgée de neuf ans. Le caractère bien trempé de l’enfant et la fascination qu’exerce sur elle la vie au ranch ne laissent pas le vieil homme indifférent. Mais alors qu’un équilibre fragile semble s’instaurer, l’ex-amant de Jean débarque en ville.

Nous sommes dans le Wyoming, un état peu peuplé, dans les environs de la petite ville d’Ishawooa, dans le ranch d’Einar Gilkyson qui vit seul ave son vieux copain Mitch. Le vieil Einar a peu à peu laissé tomber ses activités agricoles, il loue ses terres et garde son énergie pour s’occuper de Mitch, avec qui il a fait la guerre de Corée et qui est lourdement handicapé suite à une mauvaise rencontre avec un ours.

Nous suivons aussi Jean et sa fille Griff, qui fuient les coups de Roy. Elles espèrent aller loin, à l’aventure mais la vieille bagnole poussive ne les mènera pas très loin. Jean se voit contrainte de revenir à Ishawooa, sa ville natale, et de demander accueil à Einar, son beau-père. Ils ne se sont pas vus depuis dix ans, quand Griffin, le fils d’Einar, est mort, une mort qu’Einar reproche toujours à Jean. Le vieil homme découvre l’existence de Griff, sa petite-fille, neuf ans. La gamine est attachée à sa mère malgré les mauvais choix de celle-ci, elle a des antennes et une faculté d’adaptation incroyables : très vite, elle se coule dans la vie du ranch, elle se lie d’amitié avec Mitch sans aucune réticence, elle dépasse ses peurs pour apprendre tout ce qu’elle peut apprendre grâce à Einar. Sa mère ne veut pas s’attarder là mais la magie du lien entre cette petite fille et les deux hommes va faire évoluer, ou plutôt faire reprendre la vie des uns et des autres.

Ce roman qui était depuis longtemps dans ma PAL m’a procuré mon premier vrai frisson de lecture de l’année. Rien de grandiose dans ce vieux ranch mais une amitié et une fidélité plus fortes que la mort, le désir de stabilité et de bonheur d’une petite fille, une attention aux petites choses du quotidien, la capacité à avancer, à laisser le passé au passé, à se parler, à nouer de nouvelles relations : voilà ce qui va faire évoluer Einar, Mitch et Jean, sous le regard de la petite Griff, une gamine sacrément futée. Sans oublier un petit grain de folie qui va embarquer nos deux compères dans une fameuse équipée non loin des montagnes de l’Absaroka (clin d’oeil littéraire donc à Walt Longmire, shérif du comté d’Absaroka).

L’auteur a entre autres dédicacé son livre à Kent Haruf et c’est vrai que l’on peut penser au Chant des plaines, notamment pour les liens intergénérationnels si inspirants. Bref, que du bon dans ce roman de Mark Spragg dont j’ai bien envie de découvrir Là où les rivières se séparent (récit autobiographique) et De flammes et d’argile (qui reprend les personnages de ce roman-ci).

« Elle a la sensation que sa vie n’appartient qu’à elle. Elle n’a pas à sourire ou à être polie, elle n’a pas à répondre ce qu’il faut ni même à réfléchir à ce qu’il convient de dire pour qu’on ne se mette pas en colère, qu’on crie, qu’on l’expédie dans sa chambre. Elle n’a pas à se soucier de la manière dont les hommes regardent sa mère, ni à attendre avec angoisse la prochaine catastrophe. Elle noue ses bras sur l’oreiller qui gonfle sa veste et se promet de ne pas oublier cette nuit. Comme ça, quand elle sera une femme, ce sera son modèle. Il lui suffira de se rappeler cette nuit et elle saura comment se rendre heureuse. »

Mark SPRAGG, Une vie inachevée, traduit de l’américain par Niole Hibert, Gallmeister, llection Totem, 2012

Un an avec Gallmeister – Thème de janvier : C’est la vie – Etat du Wyoming

Défi Un hiver au chalet – Catégorie Dans l’bois, j’veux retourner dans l’bois ! (Nature, faune, écologie)

L’Indien blanc

15 lundi Nov 2021

Posted by anne7500 in Des Mots noirs, Des Mots nord-américains

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Craig Johnson, Gallmeister, Walt Longmire

L'Indien blanc

Quatrième de couverture :

Walt Longmire, le shérif du comté d’Absaroka, n’a pas pour habitude de s’éloigner de ses terres familières du Wyoming. Quand il décide d’accompagner son vieil ami Henry Standing Bear à Philadelphie, où vit sa fille Cady, il ne se doute pas que son séjour va prendre une tournure tragique. Agressée pour une raison inconnue, Cady se retrouve dans le coma. Ell est la première d’une longue liste de victimes, et Walt doit se lancer sur la piste d’un vaste réseau de trafiquants de drogue. Commence alors une longue errance urbaine sous la surveillance d’un mystérieux Indien blanc.

Ce nouveau volet des aventures de Walt Longmire nous entraîne dans une course-poursuite haletante au cœur de la Cité de l’amour fraternel.

Dans cette troisième enquête de Walt Longmire, le shérif au grand coeur (je sais, ça fait cliché mais il est comme ça, Walt), nous sommes à Philadelphie où Walt a accompagné son ami Henry Standing Bear pour une importante expo photos et en profite pour retrouver sa fille Cady, « la meilleure avocate du pays ». Ou plutôt c’est Cady qui profite de l’occasion pour lui présenter son compagnon, Devon Conliffe, une relation assez sérieuse pour le présenter à son père. A l’appartement de Cady, c’est Lena Moretti, la mère de Vic (l’adjointe du shérif dans le comté d’Absaroka, Wyoming) qui accueille Walt, une femme apparemment très libre et sensuelle, épouse et mère de plusieurs flics sauf un, cuisinier (le père chante aussi à l’opéra, c’est une famille assez originale). Hélas, Walt ne retrouvera Cady qu’à l’hôpital, dans un état critique : elle a été agressée en ville, à un endroit où elle n’était pas censée être et est dans le coma, victime d’un grave traumatisme crânien. Quelques jours plus tard, c’est Devon Conliffe, que tout accusait de l’agression envers sa « fiancée », qui est à son tour jeté d’un pont.

L’enquête des policiers de Philadelphie – que le shérif Longmire suit ou aide ou encombre, c’est selon les points de vue – et qui va le mettre lui-même en danger – va révéler un trafic de drogue dans lequel trempent des notables et où un « Indien blanc » joue un rôle d’abord difficile à saisir. Il s’avèrera qu’il a été positivement influencé par Cady, et que cela a déclenché un jeu de dominos, d’où les agressions violentes dont plusieurs personnes ont été victimes.

Dans cet opus, on retrouve la fraîcheur, l’humour, les collègues et amis fidèles de Walt Longmire, son intelligence, son courage, sa vulnérabilité face aux belles femmes de caractère mais surtout son amour tellement fort envers sa fille et le courage qu’il va déployer pour trouver qui l’a agressée sans devenir lui-même un assassin (merci, la Nation cheyenne) et aussi pour attendre que Cady se réveille peut-être un jour. Décidément, Walt Longmire est lui aussi en train de devenir un de mes amis de papier (je l’ai peut-être déjà écrit ?)

Dans la scène d’ouverture, très drôle, où Walt, pour assurer sa réélection, fait la lecture à des gamins :

« — Ça fait combien de temps que tu es shérif ?
— Vingt-trois ans.
Il me semblait que cela faisait plutôt un million d’années.
— Tu connais Buffalo Bill ?
C’était peut-être bien un million, finalement. »

« Je sais que c’est idiot… mais il n’y a pas une seule photo de moi. (Je m’éclaircis la voix, espérant que j’aurais peut être ensuite l’air moins stupide et pathétique). Pas de photos de moi, ni chez elle, ni ici.
Il resta silencieux tandis qu’il me regardait patauger dans la culpabilité de mes émotions mal placées comme un animal blessé.
Je pensais juste que j’étais assez important dans sa vie pour mériter une ou deux photos.
Il tendit lentement un bras par-dessus le bureau et appuya sur la barre d’espacement de l’ordinateur.
Je levai les yeux et la vague qui me submergea fut une déferlante d’émotions : ruisselante, profonde et très ancienne. Je restais là tandis que le flux redescendait, mais l’eau salée resta dans mes yeux et me brouilla la vue.
Le fond d’écran était une photo géante de moi, la tête contre celle de Cady, et il était évident, étant donné l’angle de la prise de vue, qu’elle avait pris la photo en tenant l’appareil à bout de bras. Nous souriions tous les deux et elle avait le nez collé dans mon oreille. »

« Il chuchota, la tête penchée vers moi.
– Où est-ce que vous avez trouvé cette idée pour le fort ?
Je chuchotai à mon tour.
– VTI.
C’est quoi ?
– Vieux Truc Indien. »

« Osgood lança un regard appuyé à Vic et la détailla de son tour du cou en turquoise jusqu’à ses bottes. J’avais une envie irrépressible de le balancer par dessus la balustrade.
– Alors vous venez du Wyoming ?
Elle finit son cocktail trouble et sortit une olive qui avait été empalée sur une minuscule épée en plastique.
– Je viens de la 9ème rue, espèce de sous-merde, et t’avise pas de l’oublier. »

« Je m’assis sur la chaise à côté du lit et contemplai son visage immobile et les objets cheyennes disposés tout autour d’elle, et je me mis à pleurer. Je ne pouvais plus m’arrêter. Toute l’émotion accumulée durant la dernière semaine fissura mon personnage de gros dur, qui commença à craquer comme un morceau de glace jeté dans un seau d’eau chaude. Je sentais le flot de larmes sur mes deux poings réunis. Je ne me rendis pas compte que Michael bougeait, mais je sentis sa main se poser sur mon épaule. La vilaine  bogue de cynisme qui avait tenu Cady à distance et qui m’avait préparé à la laisser partir se délitait. Je passai rapidement de l’abattement au soulagement et lorsque mes yeux parvinrent à s’ouvrir à nouveau je remarquai que j’avais littéralement écrasé l’attelle de mon doigt. » (p. 253-254)

« Comme beaucoup de choses dans ma vie, je l’avais usé jusqu’à la corde, mais c’est l’amour qui l’avait usé, et c’est la meilleure usure qui soit. Peut-être sommes nous comme toutes ces voitures délabrées, ces outils cassés, ces vêtements usés, ces disques rayés et ces livres cornés. Peut-être que la mort n’existe pas, peut-être que la vie nous use à force d’amour, c’est tout. » (p. 346-347)

Craig JOHNSON, L’Indien blanc, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, Gallmeister, collection Totem, 2013

Petit Bac 2021 – Etre humain 5

Le camp des morts

22 mardi Sep 2020

Posted by anne7500 in Des Mots noirs, Des Mots nord-américains

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Craig Johnson, Gallmeister, Walt Longmire

Quatrième de couverture :

Lorsque le corps de Mari Baroja est découvert à la maison de retraite de Durant, le shérif Walt Longmire se trouve embarqué dans une enquête qui le ramène cinquante ans en arrière. Il plonge alors dans le passé déchirant de cette femme et dans celui de son mentor, le légendaire shérif Connally. Tandis que résonne l’histoire douloureuse de la victime, d’autres meurtres viennent jalonner l’enquête. Aidé par son ami de toujours, l’Indien Henri Standing Bear, le shérif mélancolique et désabusé se lance à la poursuite de l’assassin à travers les Hautes Plaines enneigées.

Quelle joie de retrouver le shérif Walt Longmire ! En fait, cette deuxième « aventure » démarre peu de temps après la fin de Little Bird, où – attention, je spoile – s’est terminée par une terrible marche en montagne, accompagnée des Vieux Cheyennes, et par la mort d’une femme que Walt s’était mis à aimer profondément. Il est encore meurtri par ce deuil et il dort toujours dans une cellule au bureau, avec le chien de Vonnie qu’il a adopté, parce que sa maison a le toit percé. Eh oui, l’hiver n’a pas lâché prise, au contraire, au moment où on l’appelle au Foyer des Personnes dépendantes (quel nom !) pour enquêter sur la mort de Mari Baroja. Une mort qui semble tout à fait naturelle mais Lucian Connally, le vieux shérif à l’ancienne et ami de Walt, insiste pour que celui-ci mène une enquête criminelle, car il avait des liens très particuliers avec la défunte. Celle-ci est d’origine basque (je savais déjà grâce à Oyana qu’il y avait des descendants basques au Québec, eh bien il y en a aussi au Wyoming) et justement, un candidat basque se présente pour rejoindre l’équipe du shérif (Vic et Ruby seront vite sous le charme et Santiago Saizarbitoria se révélera excellent au cours de l’enquête). Il faut un certain temps avant que le décès soit effectivement qualifié de criminel (empoisonnement) et alt va se plonger dans le passé douloureux de la défunte pour tenter de comprendre qui l’a assassinée, et pas seulement (d’autres meurtres et tentatives de meurtres vont suivre). Il sera question d’amours contrariées, de violences conjugales, d’enfants illégitimes, de profits juteux liés à l’exploitation du méthane.

Comme toujours, Walt pourra compter sur le soutien indéfectible de son ami Henry Standing Bear, de son adjointe Vic au langage fleuri, de la fidèle Ruby, de son nouvel adjoint – baptisé Sancho – aussi efficace que poli et discret (ça change de Vic 😉 ) et même de sa fille Cady, débarquée de Philadelphie. On aura encore droit à une nuit d’enfer dans la neige et la glace (mais c’est tellement prenant) et à un dénouement inattendu. L’humour et l’immense humanité du shérif Longmire, l’amitié, la fidélité, les grands espaces du Wyoming sont toujours au rendez-vous et qu’est-ce que ça fait bien de connaître un héros aussi attachant ! J’en ai encore pas mal à découvrir sur lui et il y a même encore quelques titres à traduire, quelle chance !!

Beaucoup de citations sur la page Babelio du livre

Craig JOHNSON, Le camp des morts, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, Gallmeister Totem, 2012 (Gallmeister, 2010)

Le Mois américain

Pumpkin Autumn Challenge –Automne frissonnant – Les supplices de la belladone (livre à la couverture noire)

Little Bird

05 vendredi Oct 2018

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Cheyennes, Craig Johnson, Gallmeister, Little Bird

Présentation de l’éditeur :

Après vingt-quatre années passées au bureau du shérif du comté d’Absaroka, dans le Wyoming, Walt Longmire aspire à finir sa carrière en paix. Ses espoirs s’envolent quand on découvre le corps de Cody Pritchard près de la réserve cheyenne. Deux années auparavant, Cody avait été un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol d’une jeune indienne, un jugement qui avait avivé les tensions entre les deux communautés. Aujourd’hui, il semble que quelqu’un cherche à venger la jeune fille. Alors que se prépare un violent blizzard, Walt devra parcourir les vastes étendues du Wyoming sur la piste d’un assassin déterminé à parvenir à ses fins.

Avec  ce premier volet des aventures du shérif mélancolique et désabusé, Walt Longmire, Craig Johnson s’impose d’emblée parmi les plus grands.

J’ai lu à un rythme d’escargot maladif en septembre, même cette première enquête de Walt Longmire n’a pas fait progresser ma vitesse (sauf les 150 dernières pages quand même) mais depuis que j’ai refermé le livre sur le shérif tentant de soigner ses blessures en solitaire après un dénouement particulièrement douloureux pour lui, j’ai senti le coup de coeur monter doucement et c’est bien agréable !

Coup de coeur pour ce personnage si attachant, avec son bon sens, ses failles, son amour pour sa fille (que j’attends avec impatience de connaître de plus près qu’à travers un répondeur téléphonique), ses fidélités, sa sensibilité, son humanité et son humour imparable. Il aime les femmes, Walt, et on ne peut que l’aimer pour ces liens particuliers qu’il a noués avec Vic son adjointe, Ruby sa secrétaire, Dorothy qui le restaure, pour ces femmes de caractère qui l’empêchent de s’encroûter. Il aime son ami Cheyenne Henry Standing Bear, le double Indien de Walt dans la stature physique et morale et dans l’humour. Craig Johnson ne s’est pas contenté d’un héros charismatique, il a aussi créé des personnages « secondaires » bien campés aux traits bien ciblés (le « Hmmmm… C’est bien vrai » de Lonnie Little Bird… inoubliable).

Coup de coeur pour la narration menée par Craig Johnson, prenant bien son temps au début et s’accélérant judicieusement, déployant l’enquête au rythme de la nature grandiose des grandes plaines du Wyoming ou d’une tempête de neige mémorable au cours de laquelle Walt Longmire va se trouver branché en direct avec les Vieux Cheyennes qui le protègent depuis le camp des morts. Lire une histoire qui mêle enquête et grands espaces, qui vous fait sentir les tensions entre Blancs et Indiens aujourd’hui, ça m’a donné envie de découvrir un peu plus le fameux « nature writing » que je ne connais vraiment pas bien.

Coup de coeur particulier pour l’humour des dialogues et les touches de culture qui parsèment ceux-ci. Je pense qu’au fil des lectures, je m’attacherai au shérif Longmire autant qu’au commissaire Adamsberg, c’est dire ! ‘Mon travail n’était jamais aussi bon que lorsque je ne réfléchissais pas ; je considérais parfois mon esprit comme un plan d’eau qui travaillait au mieux une fois que tout s’était déposé dans le fond. Le truc était de ne pas se laisser embourber. » Il y a une légère similitude, avouez !

« Rien de tel qu’un cadavre pour vous faire sentir, disons, décalé. J’imagine que les super flics de la ville, qui se font jusqu’à quarante ou cinquante homicides par an, s’y habituent, mais moi, j’ai jamais pu. J’ai côtoyé assez d’animaux sauvages et de bétail pour que la mécanique de la mort me soit familière. Certains ont une religion qui donne une valeur à ce passage, à ce moment ultime, où, de créature verticale, on devient horizontale. Hier, on était anonyme quelconque, et aujourd’hui, on est le mort couvert d’honneurs, les mains emballées dans des sachets fermés par des élastiques. »

« Aristote disait que certains esprits ne sont pas des vases attendant d’être remplis, mais des feux attendant d’être allumés. Sans parler du bourbon, Lucian était allumé depuis longtemps et ses yeux de Tigre Volant étincelaient encore de vivacité. »

« Personne ne peut se faire un gilet pare-balles contre les émotions, alors on ne peut que trimballer les éclats d’obus avec soi. »

« – Quoi ? Je fais trop de bruit en mangeant ?
– J’aime te regarder manger.
– Pourquoi ?
– Ça te fait tellement plaisir. Tu apprécies ma cuisine.
Je tapotai ma bedaine.
– Ouais, un peu trop, d’ailleurs.
– Oh, Walt. Toutes les femmes de la ville te courent après. T’imagines si, en plus, t’étais beau ? »

« Je descendis la vitre au maximum, c’est à dire à peu près à mi-chemin, et respirai. Dans un contraste frappant, l’air frais du canyon se mêla à l’odeur tiède de moisi qui régnait dans le camion. C’était quelque chose que j’aimais dans le camion de Henry, même si je ne lui avais jamais dit : son odeur chaleureuse de vieux métal, de terre et de cuir. J’avais grandi dans des pick-up comme celui-ci, et j’y trouvais une forme de sécurité, un souvenir sensoriel qui transcendait les marques et les écussons. Je regardais alentour les vestiges de tous ces rêves nomades et pensai à la mobilité de la nostalgie dans l’Ouest. Aucune des roues autour de moi ne retrouverait probablement jamais la route mais restait-il, hébergées dans les intérieurs brûlés par le soleil et dans les carrosseries rouillant lentement, des passions profondément enracinées ? Rien n’était moins sûr, mais l’espoir a souvent un relent d’éternité. »

Melting-pot de citations  et billet pas assez centré sur l’intrigue, très incomplet, très subjectif,  j’en suis consciente, mais si ça peut vous inciter – si comme moi jusqu’à présent, vous ne l’avez pas encore découvert – à lire Craig Johnson…

Craig JOHNSON, Little Bird, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, TotemGallmeister, 2011

Ouf je réussis à lire un titre pour honorer le challenge Nation indienne d’Electra ! (Lisez aussi son avis sur ce roman.)

           Animal

 

 

Montana 1948

30 samedi Sep 2017

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

≈ 23 Commentaires

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Etats-Unis, Gallmeister, Larry Watson, Montana 1948

Quatrième de couverture : 

« De l’été de mes douze ans, je garde les images les plus saisissantes et les plus tenaces de toute mon enfance, que le temps passant n’a pu chasser ni même estomper. » Ainsi s’ouvre le récit du jeune David Hayden. Cet été 1948, une jeune femme sioux porte de lourdes accusations à l’encontre de l’oncle du garçon, charismatique héros de guerre et médecin respecté. Le père de David, shérif d’une petite ville du Montana, doit alors affronter son frère aîné. Impuissant, David assistera au déchirement des deux frères et découvrira la difficulté d’avoir à choisir entre la loyauté à sa famille et la justice.

Mon mois américain, maigrichon cette année, se termine comme il a commencé, par un roman dont le narrateur se souvient avec émotion d’un été de son adolescence et du rôle de son père dans des circonstances tragiques.

Ce roman d’une apparente simplicité (on pourrait presque dire qu’on est dans un « simple » western avec des cow-boys et des Indiens, un shérif et des tartes au chocolat) cache bien des valeurs en ses quelques pages (163 seulement). Roman de formation, de passage de l’enfance à l’âge adulte, roman de l’admiration éperdue d’un fils unique envers ses parents et surtout son père, roman de l’écartèlement entre la justice et la famille (et de quelles pressions est témoin le jeune narrateur !), roman de courage et d’amour meurtri, roman de remise en question des valeurs et de la place des minorités, particulièrement des femmes, roman ancré dans la terre du Montana, c’est tout cela, Montana 1948, porté par une écriture pudique, suggestive (et une belle traduction). Un roman dont la petite musique retentira sans doute longtemps dans mon coeur de lectrice.

Larry WATSON, Montana 1948, traduit de l’américain par Bertrand Péguillan, Totem Gallmeister, 2010

Fin du mois américain et étape dans le Montana

Indian Creek

02 vendredi Sep 2016

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains, Non Fiction

≈ 16 Commentaires

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Festival America, Gallmeister, Idaho, Indian Creek, Pete Fromm

Présentation de l’éditeur :

Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j’avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer.

— Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m’expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t’en constituer toute une réserve avant que

la neige n’immobilise ton camion. Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important, je me lançai :

— Heu… C’est quoi, une corde de bois ?

Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s’apprête à vivre seul au cœur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages.

Indian Creek est un captivant récit d’aventures et d’apprentissage, un Walden des temps modernes. Ce classique contemporain a établi Pete Fromm comme une des grandes voix de l’Ouest américain.

Cette réédition anniversaire est illustrée avec les photos originales de Pete Fromm prises à Indian Creek durant ce fameux hiver.

Tout jeune homme, Pete Fromm n’est guère attiré par les études, il aime plutôt rêver, « traînasser » selon son père. Quand il découvre le cursus de biologie animale, à l’université de Missoula, Montana, il croit avoir trouvé le bon plan pour traînasser à son aise. Un copain étudiant lui donne le goût des récits de trappeurs et autres aventuriers du Grand Ouest et voilà qu’au bout de quelques mois, lui est donnée l’occasion de passer de la théorie à la pratique : passer sept mois d’hiver à surveiller un bassin de jeunes saumons dans l’Idaho, au coeur des Montagnes Rocheuses. Pete accepte sans réfléchir et part avec une montagne de provisions et de matériel rassemblés à l’instinct et en compagnie d’un chiot mi-berger mi-huski, qu’il surnommera Boone.

Notre trappeur en herbe prendra très vite conscience de la folie de son expédition : sa naïveté, son inexpérience ne l’ont pas vraiment fait appréhender la solitude, le silence, le froid auxquels il va faire face pendant sept longs mois. Il doit aussi apprendre à chasser pour se procurer de la viande. Le récit est ainsi truffé d’anecdotes, de descriptions précises, de cet hiver qui va changer à jamais la vie du jeune homme. De retour à la « civilisation », il a du mal à se frotter à la vie en société, il occupera de nombreux emplois liés à la nature avant de finir son cursus universitaire en suivant notamment un cours d’écriture qui lui permet de raconter ses aventures en Idaho et de révéler sa vocation d’écrivain.

Des années plus tard, Pete Fromm raconte cet hiver dans les Rocheuses : c’est passionnant de bout en bout, parce que l’auteur n’enjolive rien, ni de ses motivations, ni de ses « erreurs » et maladresses dans cette nature sauvage, ni de cette solitude profonde qu’il occupe de mille manières et qu’il finit par goûter avec Boone à ses côtés. Paysages, animaux sauvages, vrais chasseurs ou étrangers à Indian Creek, rien n’échappe à l’observation de Pete Fromm. Il en ressort un récit authentique, parfois plein d’humour, parfois très touchant.

Je n’ai pu m’empêcher de quitter Indian Creek la gorge serrée (moi qui ne tiendrais pas trois heures dans une nature aussi hostile) et j’ai bien envie de découvrir les nouvelles de l’auteur. Ca tombe bien, Gallmeister en a publié deux recueils !

« Le soir, pourtant, une fois le courrier relu si souvent que le charme en était rompu, l’excitation retomba et je sentis combien tous ces gens me manquaient. La soirée fut mélancolique. Mais déjà, après deux mois passés ici, ce sentiment s’était atténué et la solitude désespérée du début, cette solitude qui e prenait à la gorge, s’était muée en une émotion lancinante que je savourais presque. » (p. 84)

« Pendant tout ce temps passé à regretter ce que je manquais dans l’autre monde, jamais je ne m’étais rendu compte de ce que je manquerais en quittant Indian Creek.

Je me relevai et me glissai dans mes mocassins. J’étais presque heureux de n’avoir pu partir. Il me restait toute une vie à vivre dans la civilisation, mais à peine quelques mois à vivre ici. » (p. 194)

« (L’aigle) s’avançait dans ma direction, les ailes collées au corps comme celles d’un faucon, poussant des cris à l’approche du sol, sa tête et sa queue blanches et brillantes dans la lumière du soleil.

Je cherchai du regard ce sur quoi il était en train de fondre, sans rien trouver. Alors qu’il semblait près de s’écraser sur les arbres il ouvrit les ailes et remonta en hurlant, emporté à toute vitesse par son élan. Comme il commençait à prendre de la hauteur, il ralentit et plaqua de nouveau ses ailes contre son corps. Puis il s’arrêta complètement et resta immobile un instant avant de retomber en arrière et de plonger à nouveau, reprenant de la vitesse puis remontant vers le ciel, manquant de peu le sommet des arbres. Je le regardai monter et descendre encore et encore jusqu’au moment où, ayant trouvé un courant ascendant, il remonta se perdre dans l’immensité du ciel. Je poussai un grand cri d’enthousiasme, incapable de rester immobile après un tel spectacle. Cet aigle était à l’image de mes sentiments. » (p. 237)

Pete FROMM, Indian Creek, traduit de l’américain par Denis Lagae-Devoldère, Gallmeister, 2016 (première édition en 2006) (existe aussi dans la collection Totem)

Plein d’avis sur la page Babelio du livre

Pete Fromm est un des invités du Festival America, je suis ravie d’inaugurer ce Mois américain avec lui. Enfin, j’ai lu « un Gallmeister en septembre » ! Et j’ajoute l’Idaho à ma balade dans les 50 états.

50 états, 50 billets      Mois américain

 Festival America 2016      Challenge Gallmeister

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