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~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Tag: Gallmeister

Enfants de poussière

30 mercredi Nov 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Craig Johnson, Gallmeister, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Absaroka, dans le Wyoming, est le comté le moins peuplé de l’État le moins peuplé d’Amérique. Y découvrir le corps d’une jeune Asiatique étranglée est plus que déconcertant. Le coupable paraît tout désigné quand on trouve, à proximité, un colosse indien frappé de mutisme en possession du sac à main de la jeune femme. Mais le shérif Walt Longmire n’est pas du genre à boucler son enquête à la va-vite. D’autant que le sac de la victime contient une vieille photo de Walt prise quarante ans plus tôt, et qui le renvoie à ses souvenirs de la guerre du Vietnam.

Enfants de poussière entremêle passé et présent au gré de deux enquêtes dont les échos inattendus nous entraînent à un rythme haletant des boîtes de nuit de Saïgon aux villes fantômes du Wyoming.

Petit billet sur le Gallmeister du mois.

C’est la quatrième enquête du shérif Walt Longmire que je lis et j’ai trouvé celle-ci passionnante et attachante.

Enquête passionnante parce que le roman mêle deux époques et deux enquêtes de Walt Longmire dans un contexte historique sensible, celui de la guerre du Vietnam. Dès qu’on trouve le corps de la jeune Asiatique dans son comté, Walt reconnaît immédiatement une jeune Vietnamienne. La photo retrouvée dans le sac de la jeune femme renvoie le shérif en 1968 peu avant ce qu’on a appelé « l’offensive du Têt ». Walt était alors enquêteur pour les marines : ses investigations sur un très gros trafic de drogue lui font connaître une jeune prostituée que l’on retrouvera assassinée. Le jeune Walt n’échappera pas à l’enfer des combats pour résoudre ces énigmes. Cela nous permet donc de comprendre encore mieux le shérif dans son comté d’Absaroka et sa détermination à trouver le meurtrier de Ho Thi. Seul Henry Standing Bear, qui a lui aussi fait la guerre du Vietnam, est à même de comprendre les motivations profondes de Walt.

Enquête attachante pour cette amitié unique entre le shérif et « la Nation cheyenne », pour le souci que se fait Walt envers sa fille Cady, en pleine rééducation physique et mentale (voir L’Indien blanc) et pour le maelstrom sentimental dans lequel le secoue son adjointe Vic.

Et bien sûr, toujours autant d’humour, d’auto-dérision dans le chef de mon shérif préféré.

« La beauté, c’est le télépéage de la vie. Moi, j’avais la chance de pouvoir emprunter la bande d’arrêt d’urgence. »

« – Ta chemise aurait besoin d’être repassée, Walter.
Gêné, je lissai les poches de mon uniforme et essayai désespérément de me souvenir du nom de son mari.
– Oui, madame. Comment va George ?
– Il est mort.
Voilà ce qu’on gagne à demander des nouvelles de personnes âgées. »

« Il savait que nos chemins n’étaient pas si différents l’un de l’autre. Nous nous étions tous les deux enfuis le plus loin possible de la guerre, jusqu’aux franges de notre société, mais le Vietnam nous avait rattrapés..
Peut-être n’était-ce pas tant que nous étions hantés, mais c’était la manière dont nous choisissions de gérer ces échos dans notre vie et le moment que nous choisissions pour le faire qui faisaient de nous des êtres à part. peut-être que le combat que j’avais choisi de mener au Vietnam avait laissé des marques. C’était un héritage qui me liait plus fortement aux morts qu’aux vivants. C’était là, disait Ruby, mon défaut. »

« – Vic dit que la plupart des avantages à vivre dans le Wyoming sont inattendus.
– C’est une femme moderne et elle a de grandes attentes. »

Craig JOHNSON, Enfants de poussière, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, Gallmeister Totem, 2014 (Gallmeister, 2012)

Un an avec Gallmeister – thème de novembre : On mène l’enquête

Petit Bac 2022 – Famille 4

Le nom des étoiles

25 mardi Oct 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains, Non Fiction

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Gallmeister, Pete Fromm

Quatrième de couverture :

Confortablement installé avec les siens à Great Falls, une ville paisible du Montana, Pete Fromm a depuis longtemps troqué sa tenue de ranger contre celle de père de famille. Il pensait que ses expériences dans les espaces sauvages des États-Unis appartenaient définitivement au passé. Jusqu’à ce qu’on lui propose de s’installer un mois au cœur de la Bob Marshall Wilderness afin de surveiller la croissance d’œufs de poissons. Comment refuser pareille occasion de renouer avec ces grands espaces qui font partie intégrante de son être ? Plus de vingt ans après son séjour à Indian Creek, voici donc Pete Fromm au seuil d’une nouvelle aventure en solitaire.

Entre souvenirs d’enfance, anecdotes de ranger et confessions d’un père désireux de transmettre son amour de la nature à ses enfants, Pete Fromm confie avec une incroyable sincérité son parcours de vie et nous fait partager ses échappées dans les grands espaces américains.

Dans ce livre, Pete Fromm s’interroge sur la trace qu’il laissera à ses enfants, il se demande quelle « colonne vertébrale » suffisamment solide pour qu’il puisse la transmettre à ses enfants a construit sa vie. Son séjour dans la Bob Marshall Wilderness, vingt ans après les sept mois d’hiver passés à Indian Creek, qui avaient définitivement orienté sa vie, lui apporte les réponses : alors que ses deux garçons Nolan et Aidan n’ont pu être du séjour pour des raisons de sécurité, c’est bien ce goût pour la vie sauvage, ses expériences de travail comme ranger ou maître nageur en pleine nature, ses longues randonnées en montagne qui ont façonné son être. C’est cet amour pour la nature qu’il veut transmettre à ses enfants, tout comme ses propres parents le lui ont transmis, quand ils emmenaient leur famille en vacances ou quand ils l’ont laissé vivre des expériences périlleuses, précaires, peu rentables quand il avait décidé de lâcher ses études pour aller vivre avec des oeufs de saumon à Indian Creek.

Je ne tiendrais pas deux jours dans les espaces que Pete Fromm nous décrit avec une grande connaissance des plantes, des arbres, des animaux mais j’aime toujours le suivre dans ses expéditions. J’admire son courage, son humour, son sens de l’autodérision, je suis touchée par l’hommage qu’il rend à ses mentors dans la vie sauvage, par son attachement à sa femme Rose, qui lui laisse elle aussi la liberté de vivre ses aspirations à la nature, et par son indéfectible fibre paternelle.

« — Tu as vu les empreintes d’ours ? me demanda-t-il.
Je regardai derrière moi.
— Non.
— Les chevaux ont dû les effacer. T’en fais pas, t’en verras plein d’autres !
— Ours noir ou grizzly ?
— Grizzly. Apparemment, ils prennent souvent ce chemin pour aller de Gates à la rivière.
Le chemin que je prendrais tous les jours.
— Génial. »

« Voilà des années et des années, des décennies que je n’ai plus repensé à un seul de ces voyages, que ce désir d’être loin, d’être seul en pleine nature ne m’a plus traversé l’esprit. Peut-être, le jour où je leur ai téléphoné pour leur dire que je partais pour Indian Creek, n’ont-ils pas été aussi surpris que je le croyais. Mais à présent, alors que je suis éveillé et que je regarde par la fenêtre le noir absolu d’une nuit pluvieuse dans le désert, tout me revient et je me rends compte que ce n’est pas seulement une chose ou deux, pas simplement une fusée atterrie ou un job de surveillant d’oeufs de saumon, c’est une vie entière qui m’a conduit jusqu’ici. Mes parents ont ouvert les portes, ils ont autorisé un membre de la portée à devenir sauvage. »

« Ces occasions qui s’offrent. Tout a été le fruit du hasard, tout ce qui m’a amené jusqu’ici. Mon père qui m’a incité à avancer dans une mare. Rader près d’un tonneau, amouraché d’une fille qu’il ne reverrait pratiquement jamais. Un noyé de trop repêché dans un lac que je n’aurais jamais cru voir. Une fille s’approchant de mon fauteuil de maître-nageur pour me parler d’un emploi consistant à être le baby-sitter de saumons. Un supérieur qui croyait tout ce que j’écrivais sur mon formulaire de candidature. La chance extraordinaire d’une épaule cassée qui m’avait placé sous la férule de Sage. Mais, honnêtement, n’est-ce pas toujours comme ça ? Juste un truc qui conduit au suivant, et ainsi de suite ? Sérieusement, y a-t-il des gens qui prévoient ce qui va leur arriver ? »

Pete FROMM, Le nom des étoiles, traduit de l’américain par Laurent Bury, Gallmeister, 2216

Un an avec Gallmeister – thème d’octobre : Retour au Montana

La couleur de l’eau

23 vendredi Sep 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains, Non Fiction

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Gallmeister, James McBride, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

“Enfant, je n’ai jamais su d’où venait ma mère.” Arrivé à l’âge adulte, James McBride interroge celle qui l’a élevé et dont la peau est tellement plus claire que la sienne. Il découvre l’histoire cachée de Ruth, fille d’un rabbin polonais qui a bravé tous les interdits pour épouser un Noir protestant en 1942. Reniée par sa famille, elle élève James et ses onze frères et sœurs dans la précarité, le chaos et la joie. Pour elle, peu importe la couleur de peau. Seul compte l’avenir de ses enfants. Ils feront des études, et ainsi choisiront leur vie. Tressant leurs souvenirs, James McBride raconte, plein d’amour et de fierté, une femme forte et secrète, lucide et naïve, imperméable aux préjugés : sa mère.

Derrière cette magnifique couverture colorée se dévoile l’hommage d’un écrivain, d’un musicien à sa mère. Ruth, à l’origine Rachel Shilsky, est la fille d’un rabbin polonais émigré en Amérique, un homme dur, sans amour, qui a atterri en Virginie, où il se lancera avec succès dans le commerce, avec sa femme handicapée et ses trois enfants. L’enfance et l’adolescence de celle qui changera son prénom en Ruth n’a pas été rose du tout mais la jeune fille en sort sans préjugés de race, alors qu’elle vit dans une pette ville et un état marqués par le racisme. après avoir connu ‘amour avec un jeune Noir de Suffolk, elle quitte définitivement sa famille pour New York où sa rencontre avec Andrew McBride lui apportera l’amour et de nombreux enfants, dont le huitième, James, connaîtra à peine son père, emporté par la maladie. Ruth surmontera tant bien que mal son chagrin et se remariera avec Hunter Jordan, qui lui donnera encore quatre enfants et que James considérera comme son père. Après sa mort, le jeune homme risque de virer drogué, délinquant mais c’est sans doute la musique et l’art qui le sauveront. Toute sa vie, Ruth tirera le diable par la queue pour élever ses enfants, avec une débrouillardise qui force l’admiration, car elle a pour ambition que tous ses enfants fassent des études universitaires pour réussir dans la vie. Et on peut dire, en lisant le récit de James McBride, qu’elle a réussi sa vie malgré les embûches et les épreuves.

Le récit alterne les souvenirs de Ruth, que son fils n’a pas obtenus sans peine, et ceux de James, entre l’état de Virginie et la ville de New York. James a en effet longtemps été « perturbé » dans son identité face à cette mère à la peau claire, la seule Blanche ou presque de leur quartier et qui était un modèle d’ouverture. C’est un texte plein de vie, de couleurs (si j’ose dire), d’anecdotes, d’énergie et surtout plein de l’amour d’un fils pour sa mère. Une lecture très recommandable, qui me donne envie de découvrir les romans de James McBride.

« Enfant, je me demandais souvent d’où venait ma mère, comment elle était arrivée dans ce monde. Quand je l’interrogeais, elle répondait : « C’est Dieu qui m’a faite », et changeait de sujet. Si je m’étonnais qu’elle soit blanche, elle haussait les épaules : Non , j’ai la peau claire ». Puis, elle parlait à nouveau d’autre chose. Exposer son histoire personnelle ne faisait pas partie du programme d’éducation qu’elle appliquait à ses douze enfants café au lait, curieux et indociles. »

« – Mais moi, suis-je noir ou blanc?
– Tu es un être humain. Travaille à l’école, sinon tu deviendras un moins que rien.
-Un moins que rien noir ou blanc?
-Pour un moins que rien, la couleur n’a aucune importance. »

« Mais cela n’en restait pas moins étrange. D’après mon expérience, les gens heureux ne pleuraient pas comme Maman. Ses larmes semblaient provenir d’un monde ailleurs, d’un endroit lointain, situé dans son passé où elle ne laisserait jamais pénétrer aucun de nous, ses enfants. Je sentais que cela cachait une blessure secrète. Je pensais qu’elle aurait voulu être noire comme tout le monde à l’église, car Dieu préférait sans doute les gens de couleur. Un autre après-midi, en revenant de l’église à la maisons, je lui demandai si Dieu était noir ou blanc.
– Ni l’un ni l’autre, répliqua-t-elle agacée. Dieu est pur esprit.
– Mais qui préfère-t-il, les Noirs ou les Blancs?
– Il aime tout le monde. C’est un esprit, je te dis.
– C’est quoi un esprit?
– Un esprit est un esprit.
– De quelle couleur est l’esprit de Dieu?
– Il n’en n’a pas. Dieu a la couleur de l’eau. C’est-à-dire aucune.
Je n’avais rien à opposer à cet argument massue qui aujourd’hui encore me paraît sans réplique. »

James McBRIDE, La couleur de l’eau, traduit de l’américain par Gabrielle Rolin, Gallmeister, collection Totem, 2020

Le mois américain 2022 en solitaire avec Pativore et Belette2991

Petit Bac 2022 – Couleur 3

Un an avec Gallmeister – hors thème de Septembre qui est « Un mois avec… » (comme je n’en lis qu’un par mois…)

Bénis soient les enfants et les bêtes

01 lundi Août 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Gallmeister, Glendon Swarthout, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Ils sont six adolescents à s’être rencontrés dans ce camp de vacances en plein cœur de l’Arizona. Leurs riches parents ne savaient pas quoi faire d’eux cet été-là, et ils ont décidé d’endurcir leurs rejetons en les envoyant au grand air comme de “vrais cow-boys”. Au sein du camp, ces enfants deviennent vite inséparables. Cette nuit-là, alors que tout le monde est endormi, ils ont une mission à accomplir, un acte de bravoure qui prouvera au monde entier leur valeur. Et ils iront jusqu’au bout, quel que soit le prix à payer.

Ce court roman (173 pages) publié par l’auteur en 1970 est un petit bijou : oh certes, on peut dire qu’il est plein de violence et de cruauté mais l’humanité qu’il recèle et qui gagne malgré tout est un véritable cadeau de Glendon Swarthout.

Violence : celle que subissent les six personnages principaux, six enfants ou ados « inadaptés » aux standards américains, fragiles émotionnellement et socialement, mal traités par des parents absents ou démissionnaires qui s’en sont débarrassés le temps des grandes vacances dans une colonie de vacances en Arizona, qui leur promet d’en faire des homme, des vrais.

Violence : celle qu’ils vont évidemment subir dans ce camp, au point d’être rejetés de toutes les équipes, moqués par les chefs et de former le pire groupe élégamment nommé « Les Pisseux ».

Violence : celle dont ils sont témoins le jour où commence le roman – et dont je ne peux ou ne veux rien dévoiler sous peine de gâcher votre lecture, une violence subie par d’autres, celle qui va les mettre en route et les lancer dans une équipée nocturne, un road-movie initiatique qui les changera à jamais.

Humanité : l’humanité blessée que chacun porte en lui, celle dont ils feront preuve les uns envers les autres au cours de cette nuit pleine de dangers, celle de Cotton en particulier, qui réussit à fédérer ses copains autour de ce projet fou.

Humanité : celle dont rêve sans doute l’auteur Glendon Swarthout, en harmonie avec la nature, sans nécessairement donner de grandes leçons de morale.

C’est une lecture que je ne peux que vous recommander en cette période de vacances 😉

Je croyais être hors thème pour le challenge « Un an avec Gallmeister » (je n’ai pas beaucoup lu en juillet et mon critère de choix a d’abord été le plus petit nombre de pages) mais j’ai découvert que le roman a été adapté au cinéma en 1971 par Stanley Kramer.

« Il [Cotton] avait parfois des accès de folie. Son contrôle moteur s’enrayait, il invectivait au hasard des dieux trop indifférents pour être maîtrisés, et son refus de faire face aux dures réalités de la nuit et du jour, du faible et du fort, de la vie et de la mort, et de la gravité, était à la limite de la psychose. C’était un rouquin. »

« Ils étaient désormais sur la Route 66, l’axe central est-ouest de la nation! Au bon vieux temps, transportant de grands pins élagués, qu’on appelait alors des « flagstaff », les trains s’arrêtaient là pour s’approvisionner en eau et se reposer pour la nuit. Aujourd’hui la ville était à un jour de voyage de Los Angeles, et sa rue principale, la Route 66, un véritable caravansérail où l’on trouvait des chambres à dix dollars, des traînées de Diesel, des urinoirs bouchés, des serveuses tuberculeuses, des pilules contre le sommeil, des pâtisseries rassies de la veille, des pneux crevés, du papier hygiénique, des mégots de cigarettes et du café insipide ; l’ambiance y était aussi trompeuse la nuit qu’elle était déprimante le jour. »

« Bêtes et garçons se dévisagèrent. Ils se flairèrent mutuellement. Et soudain, les adolescents de quinze, quatorze et douze ans retrouvèrent le bonheur de l’enfance. Le souffle chaud d’animaux innocents les rendit heureux. Une étrange émotion les emplit, une tendresse qu’aucun d’entre eux n’avait encore jamais connue. Un sentiment de paix les inonda, ils n’avaient plus peur. »

Glendon SWARTHOUT, Bénis soient les enfants et les bêtes, traduit de l’américain par Gisèle Bernier, Gallmeister Collection Totem, 2017

Une année avec Gallmeister (Thème de juillet : Adapté au cinéma)

Petit Bac 2022 – Famille 3

50 états, 50 billets : je réussis à remplir la case Arizona !

Je tenais à publier ce billet pour le challenge Gallmeister. On se retrouve fin août.

Les morts de Bear Creek

29 mercredi Juin 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Gallmeister, Keith McCafferty, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Les Montagnes Rocheuses livrent parfois de macabres trouvailles – comme les deux cadavres exhumés au dégel par un grizzly affamé. Rejetant la thèse d’un accident de chasse, le shérif Martha Ettinger se tourne vers Sean Stranahan, peintre amateur, guide de pêche et détective privé à ses heures perdues. Le même jour, Sean est embauché par un club de pêcheurs excentriques pour retrouver une précieuse mouche de pêche volée. Ces affaires vont se télescoper et exiger des deux partenaires une action aussi précise qu’un lancer de mouche et aussi rapide qu’une balle de revolver.

Un billet rapide pour rendre compte de mon Gallmeister du mois. Le thème de juin est Chasse et pêche : comment mieux l’illustrer qu’en repartant sur les rives e la Madison dans le Montana, en compagnie de Sean Stranahan, guide de pêche à la mouche, peintre amateur et enquêteur à ses heures. Dans cette deuxième enquête de la série, il y aura de la pêche, bien sûr (et que de poésie dans les noms de mouches et dans les lancers matinaux et vespéraux) mais aussi de chasse, une chasse à l’homme très particulière et assez glaçante. Une maman grizzly s’invite dans l’aventure dès le début du roman et ne facilitera pas la tâche de Martha Ettinger, la shérif et de ses adjoints. Il s’agit en effet d’identifier deux corps réduits quasiment à l’état d’ossements et de déterminer la cause de leur mort. Pendant ce temps, Sean rencontre également des membres du Club des menteurs et monteurs de mouche de la Madison qui le chargent de retrouver des mouches de collection disparues et très précieuses. Sur le plan personnel (c’est-à-dire amoureux), Sean subit les froideurs de Martha Ettinger mais il ose proposer un rendez-vous à la belle Martinique, jeune étudiante vétérinaire. Les personnages secondaires, la mécanique criminelle, la nature grandiose du Montana, l’humour, tout est à déguster dans ce roman, sans compter l’envie d’aller plus loin encore dans les criques à truites en compagnie de Sean Stranahan et de ses amis.

« – Ce pitoyable sac d’os était un pêcheur à la mouche plutôt bon autrefois. Il s’est mis à caresser la bouteille comme un véritable habitant du Montana. Son urine doit avoir une teneur en alcool de cinquante pour cent. S’il pisse sur votre feu de camp, toute la forêt s’embrase. »

Keith McCAFFERTY, Les morts de Bear Creek, traduit de l’américain par Janique Joui-de-Laurens, Gallmeister, collection Totem, 2020 (1è édition : 2019)

Une année avec Gallmeister (Juin : Chasse et pêche)

Petit Bac 2022 – Animal 3

Animaux solitaires

24 mardi Mai 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Bruce Holbert, Gallmeister, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Comté d’Okanogan, État de Washington, 1932. Russell Strawl, ancien officier de police, reprend du service pour participer à la traque d’un tueur laissant dans son sillage des cadavres d’Indiens minutieusement mutilés. Son enquête l’entraîne au cœur des plus sauvages vallées de l’Ouest, où le progrès n’a pas encore eu raison de la barbarie et où rares sont les hommes qui n’ont pas de sang sur les mains. Bien des mystères qui entourent le passé du policier et de sa famille vont ressurgir petit à petit sur son chemin. 

Premier roman remarquable, Animaux solitaires mêle avec brio les codes du western et ceux des plus grands romans noirs.

Nous sommes en 1932, dans l’état de Washington, au nord-ouest des Etats-Unis, dans le comté d’Okanogan, non loin du Canada. Le progrès (le New deal) a apporté la construction d’un barrage dans cette région sauvage, où les Indiens sont parqués dans des réserves et bien coupés de leurs racines par la catéchisation des prêtres blancs. L’ancien shérif Strawl reprend du service car il est le seul sans doute à pouvoir suivre la piste d’un tueur d’Indiens particulièrement cruel, qui met en scène les corps mutilés de ses victimes. Il est accompagné – sans l’avoir demandé – par son fils adoptif Elijah, un « prophète » dont le don d’écoute et d’attention à la nature est proche du sien.

Strawl est lui-même habité par une violence profondément ancrée en lui, presque le seul moyen pour cet homme profondément solitaire (même s’il a été marié deux fois et a deux enfants) de communiquer avec autrui. Au contact de la nature, sur la piste de celui qu’il croit être le tueur, on dirait que cette violence change, qu’elle devient plus proche de celle des Indiens de la région.

J’ai beaucoup aimé cette lecture très noire, qui trace le portrait d’un homme singulier, de son beau-fils tout aussi étonnant dans une nature dont il sait se faire l’allié malgré son hostilité, lien sublimé par la relation entre Strawl et son cheval Stick. Strawl est à la fois chasseur et chassé, complètement en décalage avec ses contemporains blancs. Il faut avoir le coeur bien accroché pour lire les descriptions des corps et le compte-rendu des tortures « raffinées » que fait subir Strawl à certaines personnes (bien que, je l’avoue, j’étais partagée entre horreur et fou rire tant cela relevait d’une folie très spéciale). Il me faut avouer aussi que la fin du roman m’a laissée un peu de côté : la quête de Strawl et d’Elijah revêt alors un côté mystique, philosophique que je n’ai pas vraiment compris mais cela ne m’a pas empêchée d’apprécier ma lecture. En lisant la biographie de l’auteur, qui connaît très bien cette région des Etats-Unis, j’ai été surprise de découvrir qu’un épisode familial a inspiré l’écriture de ce premier roman

« Strawl retourna les braises agonisantes du matin puis vida dessus le reste de son café. La journée était encore fraîche, l’atmosphère oppressante de la veille avait laissé la place aux hautes pressions et à un ciel bleu. Il ferma les yeux pour les reposer après leur avoir fait subir la fumée de son feu de bois. Il se rappela avec envie la vision que possédaient ses premiers éclaireurs indiens. Ils percevaient des nuances de marron et de vert que personne ne parvenait à distinguer à part eux, ainsi que les formes susceptibles de se déplacer et les espaces qu’elles traversaient. »

« Strawl regrettait d’avoir au-dessus de sa tête le toit et les solives de la grange. Une fois la saison des neiges terminée, il échangeait volontiers un toit contre le froid ambiant. Sous la voûte du ciel, le sommeil peut vous prendre sans que vous en ayez conscience, mais un toit vous passait l’envie d’être surpris. Enfant, il redoutait le souffle de son père qui éteignait la lampe à pétrole. Jusqu’à l’âge de sept ans ou presque, Strawl s’était réveillé en larmes chaque matin, et même si ses parents n’avaient vu en lui qu’un enfant au réveil bougon, ses sanglots étaient un soulagement après une nuit traversée en solitaire. Ses pleurs avaient cessé depuis bien longtemps, mais fermer les yeux et s’abandonner à lui-même exigeait encore trop d’efforts de sa part pour qu’il le fît en toute sérénité. »

« Strawl but le reste du soda et il regretta de ne pas pouvoir se lever et pisser dans cette bouteille de verre tout le venin qui était en lui, puis la reboucher et l’enterrer quelque part, dans un endroit qu’il pourrait oublier dans un jour ou un mois ou un an. »

« Strawl avait le sentiment qu’il en était arrivé à vivre son existence à l’envers, que les années le privaient de sa sagesse au lieu de la lui apporter. Il admettait cette vérité que doit accepter toute personne chargée de faire respecter la loi : même dans la plus vertueuse des existences était tapie l’anarchie, telle une cartouche en place dans la chambre d’un fusil armé, et à tout moment le percuteur pouvait frapper l’amorce et propulser dans n’importe quelle direction la balle de plomb tournant sur elle-même. »

Bruce HOLBERT, Animaux solitaires, traduit de l’américain par Jean-Paul Gratias, Gallmeister Totem, 2017 (Gallmeister, 2013)

Un Gallmeister par mois – Thème de mai : Il était une fois dans l’Ouest

Petit Bac 2022 – Animal 2

Assurance sur la mort

25 vendredi Mar 2022

Posted by anne7500 in Des Mots noirs, Des Mots nord-américains

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Gallmeister, James M. Cain, Un an avec Gallmeister

Quatrième de couverture :

Séduit par la troublante Phyllis Dietrichson, l’agent d’assurance Walter Neff conspire avec elle le meurtre de son mari après lui avoir fait signer une police prévoyant une indemnité pharaonique en cas de mort accidentelle. Évidemment, la compagnie d’assurance va suspecter la fraude, mais Walter et Phyllis sont intelligents, déterminés et totalement sans scrupules. Le crime parfait existe-t-il ? Peut-on vraiment échapper à une vie rangée pour éprouver le grand frisson aux côtés d’une femme fatale ?

Un roman qui fit scandale avant d’être à l’origine d’un des plus grands films noirs de tous les temps.

[N.B. Dans le roman, il est question de Phyllis Nirdlinger et de Walter Huff, noms que j’emploierai ici. La quatrième de couverture reprend peut-être les noms employés dans le film ?]

Dès les premières lignes de ce court roman publié en 1937, un effet de prolepse nous fait comprendre que les choses n’ont pas tourné comme prévu pour le narrateur, Walter Huff, agent d’assurances doué et zélé. C’est en démarchant monsieur Nirdlinger que Walter tombe sous le charme troublant de Phyllis, sa femme et qu’il comprend que celle-ci veut se débarrasser de son mari. Et comme nul n’est meilleur pour assurer tous les risques qu’un agent d’assurances hors-pair, Huff dresse un plan parfait pour assassiner le mari encombrant et toucher une substantielle prime d’assurance avec la veuve. On se croirait dans la série policière « Crimes parfaits » où le criminel croit n’avoir négligé aucun détail et où un enquêteur au flair aiguisé démonte le « crime parfait » et démasque le coupable. Pas de policier ici mais les soupçons – attendus – d’un haut responsable de la compagnie d’assurances et un troublant jeu de dupes : qui est le manipulateur réel ? qui tire vraiment les ficelles ? à qui se fier derrière des apparences qui se révèlent trompeuses ? quelles sombres passions oeuvrent au coeur des protagonistes ?

Autant de questions qui trouveront – ou non – leurs réponses au terme d’un roman à la construction impeccable, à l’écriture précise, aussi froide que le coeur de ses personnages principaux, et qui se permet une fin aux allures fantastiques. La couverture de ce Totem me paraît d’ailleurs très bien choisie ! Le livre a été adapté au cinéma par Billy Wilder, avec Barbara Stanwyck et Fred McMurray. James M. Caine est également l’auteur de Le facteur sonne toujours deux fois, également transposé au cinéma.

« C’est en me rendant à Glendale pour ajouter trois nouveaux chauffeurs de camion sur le contrat d’un brasseur de bière, que je me suis souvenu de cette police à renouveler vers Hollywoodland. J’ai décidé d’aller y faire un tour. Voilà comment j’ai atterri dans cette Maison de la Mort, celle dont vous avez entendu parler dans les journaux. La première fois que je l’ai vue, elle n’avait pas l’air d’une Maison de la Mort. C’était une construction de style espagnol, comme toutes celles qu’on voit en Californie, avec des murs blancs, un toit de tuiles rouges et un patio sur un des côtés. Elle avait été construite de guingois. Le garage se trouvait sous la maison, au-dessus il y avait le rez-de-chaussée et le reste était étalé sur le flanc de la colline, là où on avait pu le caser. Un escalier en pierre menait à la porte d’entrée, j’ai garé la voiture et gravi les marches. » (premières lignes)

« Dans ce métier, pour faire affaire, il faut entrer. Une fois que vous êtes entré, ils sont obligés de vous écouter, et on peut assez bien juger de la qualité d’un agent à la vitesse à laquelle il se retrouve assis sur le canapé du salon, avec d’un côté son chapeau et de l’autre ses petites fiches. » (p. 8)

James M. CAIN, Assurance sur la mort, traduit de l’américain par Simon Baril, Gallmeister Totem, 2017

Un Gallmeister par mois (thème de mars : roman noir / Etat : Californie)

Les douze tribus d’Hattie

14 lundi Fév 2022

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots nord-américains

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Ayana Mathis, Gallmeister, Un an avec Gallmeister

Les Douze Tribus d'Hattie

Quatrième de couverture :

Gare de Philadelphie, 1923. La jeune Hattie arrive de Géorgie en compagnie de sa mère et de ses sœurs pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une vie nouvelle, forte de l’énergie de ses seize ans, Hattie épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage. Douze enfants, douze tribus qui égrèneront leur parcours au fil de l’histoire américaine du XXe siècle. Cette famille se dévoile peu à peu à travers l’existence de ces fils et de ces filles marqués chacun à leur manière par le fort tempérament d’Hattie, sa froide combativité et ses secrètes failles.

Voilà un premier roman d’une force inoubliable. Hattie débarque donc de sa Géorgie natale à Philadelphie. Dès sa sortie de la gare, elle sait qu’elle ne retournera pas dans le Sud raciste, quoi qu’il arrive. Elle perd très vite sa mère et ses soeurs (la première meurt, les autres retournent en Géorgie), elle épouse August, un ouvrier, alors qu’elle a seize ans. Des jumeaux naissent, Philadelphie et Jubilee, de beaux bébés aux prénoms qui incarnent le rêve de nouveauté de la jeune mère. Ce premier chapitre du roman est déchirant : les enfants attrapent une pneumonie en plein hiver et on assiste, aussi impuissants qu’Hattie, à leur agonie dans une salle de bain à l’ambiance apocalyptique. Hattie ne se remettra sans doute jamais de cette mort, toute sa vie elle s’enveloppera de solitude et de rudesse pour affronter la vie sans espoir que lui procure August, qui change sans cesse de travail, dépense l’argent du ménage en soirées et en maîtresses. Et pourtant ils restent ensemble, et pourtant Hattie tente d’économiser un peu pour réaliser son rêve, acheter une petite maison.

Ce ne sont pas les neuf autres enfants qui naîtront de ce mariage qui guériront Hattie mais au fil des chapitres qui nous les font connaître, de 1923 à 1980, avec l’évolution de la société américaine, on découvre la vie de la famille, la pauvreté dans laquelle ils ont vécu enfants. Chacun des enfants, malgré ses tentatives de partir, de s’éloigner, voire de couper les ponts – ou même de retrouver le Sud -, est marqué par la rigueur maternelle. Certains en perdent même la raison. Mais on comprend aussi qu’Hattie n’a pas eu d’autre choix que de se montrer si rude car elle devait avant tout protéger ses enfants, tenter de survivre avec et pour eux et il n’y avait pas de place pour la tendresse dans cette survie. Mais Hattie a tenu bon, elle aura connu une longue vie et sa colère s’adoucira un peu grâce à sa petite-fille Sala.

Ayana Mathis a réussi un coup de maître avec ce premier roman longuement élaboré. Hattie n’est pas particulièrement attachante, forcément, mais les événements de sa vie et de celle de ses proches nous attachent à cette femme qui rêvait de liberté et à ses douze tribus.

« Hattie croyait en la puissance de Dieu, mais elle ne croyait pas en ses interventions. Au mieux, il était indifférent. Dieu était la dernière de ses préoccupations, comme elle était elle-même la dernière des préoccupations de Dieu. »

« Mon frère Six a une église, là-bas, faillit-elle lui dire. Cet idiot est marié depuis quinze ans, et il faudrait plus que les doigts d’une seule main pour compter les femmes auxquelles il a fait un enfant, mais ça ne l’empêche pas de raconter que le Seigneur améliorera le sort des Noirs si nous prions et si nous agissons correctement. »

« Toutes ces années de vie commune sans bonheur n’avaient en rien diminué le besoin physique qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Des journées entières s’écoulaient au cours desquelles elle disait à peine un mot à son mari, mais la nuit, c’était autre chose, et leurs corps racontaient une tout autre histoire. »

« Hattie savait que ses enfants ne la considéraient pas comme quelqu’un de gentil, et peut-être ne l’était-elle pas, mais quand ils étaient petits, il n’y avait pas beaucoup de temps pour les sentiments. Elle leur avait fait défaut dans des domaines essentiels, mais à quoi cela aurait-il servi de passer les journées à les serrer contre elle et à les embrasser s’ils n’avaient rien eu à se mettre dans le ventre? Ils ne comprenaient pas que tout l’amour qu’elle avait en elle était accaparé par la nécessité de les nourrir, de les habiller et de les préparer à affronter le monde. Le monde n’aurait pas d’amour à leur offrir; le monde ne serait pas gentil. »

Ayana MATHIS, Les douze tribus d’Hattie, traduit de l’américain par François Happe, Gallmeister, 2014

Une nouvelle participation au Mois de l’Histoire afro-américaine chez Enna

Petit Bac 2022 – Chiffre 2

Une vie inachevée

28 vendredi Jan 2022

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Gallmeister, Mark Spragg, Un an avec Gallmeister

Une vie inachevée - Mark Spragg

Quatrième de couverture :

Dans un ranch délabré du Wyoming, Einar vit reclus depuis la mort de son fils, dix ans plus tôt. Aussi voit-il d’un mauvais œil resurgir sa belle-fille, Jean, qu’il tient pour responsable de l’accident qui a coûté la vie à son fils. Fuyant son compagnon violent, la jeune femme vient se réfugier chez lui. Einar découvre alors l’existence de sa petite-fille Griff, âgée de neuf ans. Le caractère bien trempé de l’enfant et la fascination qu’exerce sur elle la vie au ranch ne laissent pas le vieil homme indifférent. Mais alors qu’un équilibre fragile semble s’instaurer, l’ex-amant de Jean débarque en ville.

Nous sommes dans le Wyoming, un état peu peuplé, dans les environs de la petite ville d’Ishawooa, dans le ranch d’Einar Gilkyson qui vit seul ave son vieux copain Mitch. Le vieil Einar a peu à peu laissé tomber ses activités agricoles, il loue ses terres et garde son énergie pour s’occuper de Mitch, avec qui il a fait la guerre de Corée et qui est lourdement handicapé suite à une mauvaise rencontre avec un ours.

Nous suivons aussi Jean et sa fille Griff, qui fuient les coups de Roy. Elles espèrent aller loin, à l’aventure mais la vieille bagnole poussive ne les mènera pas très loin. Jean se voit contrainte de revenir à Ishawooa, sa ville natale, et de demander accueil à Einar, son beau-père. Ils ne se sont pas vus depuis dix ans, quand Griffin, le fils d’Einar, est mort, une mort qu’Einar reproche toujours à Jean. Le vieil homme découvre l’existence de Griff, sa petite-fille, neuf ans. La gamine est attachée à sa mère malgré les mauvais choix de celle-ci, elle a des antennes et une faculté d’adaptation incroyables : très vite, elle se coule dans la vie du ranch, elle se lie d’amitié avec Mitch sans aucune réticence, elle dépasse ses peurs pour apprendre tout ce qu’elle peut apprendre grâce à Einar. Sa mère ne veut pas s’attarder là mais la magie du lien entre cette petite fille et les deux hommes va faire évoluer, ou plutôt faire reprendre la vie des uns et des autres.

Ce roman qui était depuis longtemps dans ma PAL m’a procuré mon premier vrai frisson de lecture de l’année. Rien de grandiose dans ce vieux ranch mais une amitié et une fidélité plus fortes que la mort, le désir de stabilité et de bonheur d’une petite fille, une attention aux petites choses du quotidien, la capacité à avancer, à laisser le passé au passé, à se parler, à nouer de nouvelles relations : voilà ce qui va faire évoluer Einar, Mitch et Jean, sous le regard de la petite Griff, une gamine sacrément futée. Sans oublier un petit grain de folie qui va embarquer nos deux compères dans une fameuse équipée non loin des montagnes de l’Absaroka (clin d’oeil littéraire donc à Walt Longmire, shérif du comté d’Absaroka).

L’auteur a entre autres dédicacé son livre à Kent Haruf et c’est vrai que l’on peut penser au Chant des plaines, notamment pour les liens intergénérationnels si inspirants. Bref, que du bon dans ce roman de Mark Spragg dont j’ai bien envie de découvrir Là où les rivières se séparent (récit autobiographique) et De flammes et d’argile (qui reprend les personnages de ce roman-ci).

« Elle a la sensation que sa vie n’appartient qu’à elle. Elle n’a pas à sourire ou à être polie, elle n’a pas à répondre ce qu’il faut ni même à réfléchir à ce qu’il convient de dire pour qu’on ne se mette pas en colère, qu’on crie, qu’on l’expédie dans sa chambre. Elle n’a pas à se soucier de la manière dont les hommes regardent sa mère, ni à attendre avec angoisse la prochaine catastrophe. Elle noue ses bras sur l’oreiller qui gonfle sa veste et se promet de ne pas oublier cette nuit. Comme ça, quand elle sera une femme, ce sera son modèle. Il lui suffira de se rappeler cette nuit et elle saura comment se rendre heureuse. »

Mark SPRAGG, Une vie inachevée, traduit de l’américain par Niole Hibert, Gallmeister, llection Totem, 2012

Un an avec Gallmeister – Thème de janvier : C’est la vie – Etat du Wyoming

Défi Un hiver au chalet – Catégorie Dans l’bois, j’veux retourner dans l’bois ! (Nature, faune, écologie)

L’Indien blanc

15 lundi Nov 2021

Posted by anne7500 in Des Mots noirs, Des Mots nord-américains

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Craig Johnson, Gallmeister, Walt Longmire

L'Indien blanc

Quatrième de couverture :

Walt Longmire, le shérif du comté d’Absaroka, n’a pas pour habitude de s’éloigner de ses terres familières du Wyoming. Quand il décide d’accompagner son vieil ami Henry Standing Bear à Philadelphie, où vit sa fille Cady, il ne se doute pas que son séjour va prendre une tournure tragique. Agressée pour une raison inconnue, Cady se retrouve dans le coma. Ell est la première d’une longue liste de victimes, et Walt doit se lancer sur la piste d’un vaste réseau de trafiquants de drogue. Commence alors une longue errance urbaine sous la surveillance d’un mystérieux Indien blanc.

Ce nouveau volet des aventures de Walt Longmire nous entraîne dans une course-poursuite haletante au cœur de la Cité de l’amour fraternel.

Dans cette troisième enquête de Walt Longmire, le shérif au grand coeur (je sais, ça fait cliché mais il est comme ça, Walt), nous sommes à Philadelphie où Walt a accompagné son ami Henry Standing Bear pour une importante expo photos et en profite pour retrouver sa fille Cady, « la meilleure avocate du pays ». Ou plutôt c’est Cady qui profite de l’occasion pour lui présenter son compagnon, Devon Conliffe, une relation assez sérieuse pour le présenter à son père. A l’appartement de Cady, c’est Lena Moretti, la mère de Vic (l’adjointe du shérif dans le comté d’Absaroka, Wyoming) qui accueille Walt, une femme apparemment très libre et sensuelle, épouse et mère de plusieurs flics sauf un, cuisinier (le père chante aussi à l’opéra, c’est une famille assez originale). Hélas, Walt ne retrouvera Cady qu’à l’hôpital, dans un état critique : elle a été agressée en ville, à un endroit où elle n’était pas censée être et est dans le coma, victime d’un grave traumatisme crânien. Quelques jours plus tard, c’est Devon Conliffe, que tout accusait de l’agression envers sa « fiancée », qui est à son tour jeté d’un pont.

L’enquête des policiers de Philadelphie – que le shérif Longmire suit ou aide ou encombre, c’est selon les points de vue – et qui va le mettre lui-même en danger – va révéler un trafic de drogue dans lequel trempent des notables et où un « Indien blanc » joue un rôle d’abord difficile à saisir. Il s’avèrera qu’il a été positivement influencé par Cady, et que cela a déclenché un jeu de dominos, d’où les agressions violentes dont plusieurs personnes ont été victimes.

Dans cet opus, on retrouve la fraîcheur, l’humour, les collègues et amis fidèles de Walt Longmire, son intelligence, son courage, sa vulnérabilité face aux belles femmes de caractère mais surtout son amour tellement fort envers sa fille et le courage qu’il va déployer pour trouver qui l’a agressée sans devenir lui-même un assassin (merci, la Nation cheyenne) et aussi pour attendre que Cady se réveille peut-être un jour. Décidément, Walt Longmire est lui aussi en train de devenir un de mes amis de papier (je l’ai peut-être déjà écrit ?)

Dans la scène d’ouverture, très drôle, où Walt, pour assurer sa réélection, fait la lecture à des gamins :

« — Ça fait combien de temps que tu es shérif ?
— Vingt-trois ans.
Il me semblait que cela faisait plutôt un million d’années.
— Tu connais Buffalo Bill ?
C’était peut-être bien un million, finalement. »

« Je sais que c’est idiot… mais il n’y a pas une seule photo de moi. (Je m’éclaircis la voix, espérant que j’aurais peut être ensuite l’air moins stupide et pathétique). Pas de photos de moi, ni chez elle, ni ici.
Il resta silencieux tandis qu’il me regardait patauger dans la culpabilité de mes émotions mal placées comme un animal blessé.
Je pensais juste que j’étais assez important dans sa vie pour mériter une ou deux photos.
Il tendit lentement un bras par-dessus le bureau et appuya sur la barre d’espacement de l’ordinateur.
Je levai les yeux et la vague qui me submergea fut une déferlante d’émotions : ruisselante, profonde et très ancienne. Je restais là tandis que le flux redescendait, mais l’eau salée resta dans mes yeux et me brouilla la vue.
Le fond d’écran était une photo géante de moi, la tête contre celle de Cady, et il était évident, étant donné l’angle de la prise de vue, qu’elle avait pris la photo en tenant l’appareil à bout de bras. Nous souriions tous les deux et elle avait le nez collé dans mon oreille. »

« Il chuchota, la tête penchée vers moi.
– Où est-ce que vous avez trouvé cette idée pour le fort ?
Je chuchotai à mon tour.
– VTI.
C’est quoi ?
– Vieux Truc Indien. »

« Osgood lança un regard appuyé à Vic et la détailla de son tour du cou en turquoise jusqu’à ses bottes. J’avais une envie irrépressible de le balancer par dessus la balustrade.
– Alors vous venez du Wyoming ?
Elle finit son cocktail trouble et sortit une olive qui avait été empalée sur une minuscule épée en plastique.
– Je viens de la 9ème rue, espèce de sous-merde, et t’avise pas de l’oublier. »

« Je m’assis sur la chaise à côté du lit et contemplai son visage immobile et les objets cheyennes disposés tout autour d’elle, et je me mis à pleurer. Je ne pouvais plus m’arrêter. Toute l’émotion accumulée durant la dernière semaine fissura mon personnage de gros dur, qui commença à craquer comme un morceau de glace jeté dans un seau d’eau chaude. Je sentais le flot de larmes sur mes deux poings réunis. Je ne me rendis pas compte que Michael bougeait, mais je sentis sa main se poser sur mon épaule. La vilaine  bogue de cynisme qui avait tenu Cady à distance et qui m’avait préparé à la laisser partir se délitait. Je passai rapidement de l’abattement au soulagement et lorsque mes yeux parvinrent à s’ouvrir à nouveau je remarquai que j’avais littéralement écrasé l’attelle de mon doigt. » (p. 253-254)

« Comme beaucoup de choses dans ma vie, je l’avais usé jusqu’à la corde, mais c’est l’amour qui l’avait usé, et c’est la meilleure usure qui soit. Peut-être sommes nous comme toutes ces voitures délabrées, ces outils cassés, ces vêtements usés, ces disques rayés et ces livres cornés. Peut-être que la mort n’existe pas, peut-être que la vie nous use à force d’amour, c’est tout. » (p. 346-347)

Craig JOHNSON, L’Indien blanc, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, Gallmeister, collection Totem, 2013

Petit Bac 2021 – Etre humain 5

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