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~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Tag: Actes Sud

Tonbo

27 mardi Nov 2018

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des mots du Québec

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Actes Sud, Aki Shimazaki, Tonbo

Quatrième de couverture :

Nobu a fondé en 1981 un juku, établissement de cours privés spécialisé dans la préparation des examens. Six ans plus tard, avec la visite inattendue d’un homme qui réveille le souvenir du suicide de son père, il apprend une tout autre histoire que celle qui a assombri sa jeunesse. Professeur respecté, injustement accusé d’avoir provoqué la mort d’un élève rebelle, le père de Nobu avait vu son destin littéralement pris dans les mailles inextricables d’une rivalité d’étudiants. Mais le drame d’alors prend aujourd’hui une tournure imprévue.

Tonbo est le troisième titre de la deuxième pentalogie d’Aki Shimazaki. Quand je suis allée relire mes billets sur les deux premiers, Mitsuba et Zakuro, je me suis rendu compte que cela datait de 2012 !!! (Ma PAL soupire… et moi aussi.)

Nobu, le personnage principal de Tonbo est apparu dans Mitsuba, où il était employé de la compagnie Goshima. Contraint à la démission, il a fondé un juku, une école privée de cours du soir pour lycéens. Ce cours porte le nom de Tonbo, c’est-à-dire libellule. Cet insecte, c’est aussi le nom d’une ancienne élève de son père qui était lui aussi professeur dans un juku et qui s’est suicidé après un incident avec un étudiant monté en épingle par la presse. Cette étudiante au nom de libellule avait défendu bec et ongles le père de Nobu. Elle s’investissait aussi pour faire vivre les légendes du pays imaginaire du Yamato, une légende fondatrice de l’identité japonaise (un thème récurrent dans cette pentalogie).

J’ai aimé retrouver la délicatesse, la finesse de l’histoire et de la plume d’Aki Shimazaki, c’est une alchimie toujours réussie. J’ai bien aimé aussi le couple solide que forment Nobu et son épouse Haruko : à travers eux on découvre la vie quotidienne d’une famille, d’un prof, d’un juku au Japon, on est donc dans la tradition mais aussi la modernité car Haruko est bien plus libre d’action et de parole que d’autres femmes japonaises, tout comme l’était déjà la mère de Nobu en son temps. Le sensible Nobu, qui va découvrir la véritable histoire du scandale qui a tué son père, perçoit aussi les risques liés à l’explosion (trop) rapide de l’économie japonaise dans les années 80 : un peu comme si la fragilité de la vie familiale se retrouvait aussi métaphoriquement à l’échelle nationale.

« La rivière me fait penser à ma ville natale, Kobe. Près de chez mes parents coulait une grande rivière menant jusqu’a la baie Osaka. L’eau était pure. Je m’y baignais avec mon frère. Au printemps, mon père y allait pour pêcher et cueillir des tsukushi.
Soudain, je sens la douleur m’envahir: devant mon esprit passe l’image de mon père, seul au bord de l’eau. Sa silhouette de dos reste immobile, longtemps, comme s’il était déjà mort. »

« Je désire que mes enfants soient éduqués et instruits au Japon, au moins jusqu’à la fin du lycée. Je ne voudrais pas qu’ils habitent à l’étranger avant de connaître leur propre culture, nos traditions, notre histoire. Ils ne seraient pas Japonais s’ils ne savaient pas nos chansons merveilleuses, ne connaissaient pas notre littérature unique, n’avait pas expérimenté l’opulence de notre nature avec ses quatre saisons bien démarquées. Pour moi, c’est une question d’identité et de racines. »

« Qu’est-ce qui me manquerait alors en pensant au Japon ? A part ma famille et mes amis, ce serait sans aucun doute la nourriture. Les poissons frais, les fruits sucrés et les légumes savoureux. Je m’ennuierais aussi des fleurs de cerisiers, de la lumière du soleil brûlant en été, des feuilles carmin d’érable, du ciel limpide de l’hiver… » (p. 123)

Aki SHIMAZAKI, Tonbo, Actes Sud, 2010

Actes Sud a quarante ans cette année.

      Titre mot unique

La Bataille d’Occident

10 samedi Nov 2018

Posted by anne7500 in Des Mots français, Non Fiction

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Actes Sud, Eric Vuillard, La Bataille d'Occident, Première guerre mondiale

Quatrième de couverture :

De l’ambition d’un stratège allemand à l’assassinat d’un archiduc, du Chemin des Dames à la bataille de la Somme, du gaz moutarde aux camps de prisonniers, La Bataille d’Occident alterne portraits intimes et scènes épiques ou émouvantes pour offrir un récit très personnel de la Grande Guerre irrigué d’une érudition et d’une ironie constantes.

Revisitant de manière polémique le premier conflit mondial, cet « Art de la guerre » met en parallèle les stratégies militaires et leurs conséquences désastreuses à travers quelques journées décisives. Le gâchis est sans précédent, la chair à canon n’aura servi que les intérêts financiers et politiques de décideurs sans scrupules : l’Occident est bel et bien entré dans la modernité.

Pour évoquer la mémoire de la fin de la guerre de 14-18, j’ai sorti ce récit de ma PAL. Eric Vuillard l’appelle « la Bataille d’occident » non seulement parce qu’il parle surtout de la guerre sur le front occidental mais aussi parce que ce conflit a cristallisé des éléments constitutifs des divers pays engagés et qu’il a aussi créé l’Occident moderne.

Eric Vuillard prend son temps pour raconter les événements qui ont amené aux divers ultimatums posés entre la fin juillet et le tout début d’août 14. Et pourtant personne ne veut la guerre, ni les soldats « de base » ni leurs chefs. Mais des experts en art militaire qui ont passé leur vie à élaborer des plans, des stratégies, finissent par imposer leur vision et entraînent des peuples dans un conflit sans fin : c’est le cas du fameux plan Schliffen (et là, chapeau, monsieur Vuillard, j’ai tout compris à la stratégie et ça n’est pas barbant du tout !)

Mais l’auteur ne s’arrête pas là : il fait comprendre aussi – si besoin en était – que la barbarie n’est pas d’un seul côté et que les cruautés les plus raffinées (ou plutôt les plus grossières) de la première guerre mondiale se reproduiraient bien sûr à plus grande échelle en 39-45 mais elles avaient déjà été testées parfois dans des guerres précédentes. Exemple sinistre : les squelettes ambulants qui sont sortis des camps de concentration nazis se voyaient déjà dans les camps de prisonniers, femmes et enfants y compris, faits par les Anglais lors de la guerre des Boers.

Le livre est court, 180 pages seulement, suffisantes pour nous faire percevoir à la fois la dérision et le poids de cette guerre en termes de bilan humain et moral. L’ironie d’Eric Vuillard est mordante, bien servie par son style vif (j’ai trouvé celui-ci plus sobre que dans 14 juillet, livre plus récent, et ma foi, plus lisible). J’ai beaucoup aimé retrouver ainsi ce conteur hors pair.

« Ce fut un carnage. La conscription est le nom de ce déchaînement, de cette terrible générosité de corps, où la jeunesse est envoyée mourir au milieu des champs de betteraves sucrières. »

« Il faut que les sociétés humaines s’affrontent dans le grand paradoxe de leur souffle et de leur déclin. Il faut qu’elles se fracturent et s’ouvrent à la vérité de leur nature contradictoire. Car elles sont vivantes et pour cette raison cherchent à vaincre en elles leur propre ennemi et à atteindre hors d’elles leur propre centre qui sont les points décisifs de leur haine ou de leur amour. Sans cesse, l’Occident aura découvert en lui un abîme nouveau. Toute la science du monde et tous les plaisirs ne le consoleront pas. »

Eric VUILLARD, La Bataille d’Occident, Babel, 2014 (Actes Sud, 2012)

L’herbe maudite

12 vendredi Oct 2018

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots irlandais

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Actes Sud, Anne Enright, Irlande, L'herbe maudite

Quatrième e couverture :

Cette année, les quatre enfants de Rosaleen Madigan retournent fêter Noël en Irlande, dans la maison de leur enfance. Ce sera la dernière fois. Leur mère, veuve depuis quelques années, a décidé de la vendre.
Constance, l’aînée, arrive avec les courses et toute sa famille. Dan rentre de Toronto, sans son copain Ludo, dont il vient pourtant d’accepter la demande en mariage. Leur cadet, Emmet, qui coordonne des opérations humanitaires, traîne un chagrin d’amour. Et la benjamine, Hanna, actrice à la capitale, apporte ses doutes et ses joies face à sa maternité toute récente.
Anne Enright examine cette réunion familiale et le passé de la fratrie avec une formidable acuité psychologique et son franc-parler réjouissant. Elle insuffle dans son roman une profonde empathie pour ces êtres qui négocient chacun un tournant délicat de la vie.

Amateurs d’action et de suspense, passez votre chemin. Par contre, si vous aimez les romans d’atmosphère, si vous aimez la verte Irlande, les études psychologiques, les histoires de famille, ce roman est fait pour vous.

Je découvre l’univers d’Anne Enright avec ce roman dont le titre original est The Green Road, Le chemin vert, qui était peut-être moins attirant en français mais qui représente un peu plus le livre et une de ses héroïnes, Rosaleen, la mère de famille. Au fil des chapitres qui s’intéressent chacun à leur tour à un de ses quatre enfants, à des périodes différents de leur vie, on apprend à connaître cette femme, cette mère devenue veuve et qui est restée attachée à sa maison, ne voyageant jamais, n’entretenant que des contacts épisodiques avec ses enfants, sauf avec Constance, celle qui habite près de chez elle et qui gère sa famille et l’attention à sa mère âgée. On se rend compte que chacun des enfants a du mal à trouver ou à prendre sa place dans sa vie adulte. Est-ce dû à Rosaleen, peut-on qualifier cette mère de toxique ? Ce n’est pas évident, elle semble si tranquille dans sa maison qui vieillit avec elle, elle paraît tellement comprendre de l’intérieur chacun de ses enfants..

En tout cas, Anne Enright dresse de chacun, à travers son destin individuel, un portrait psychologique plein de finesse. Et c’est infiniment touchant. Dan, qui voulait devenir prêtre, a vécu à New York au début des années 1990 alors que le sida faisait encore rage, et il a du mal à nouer une relation solide. Emmett tente de lutter contre la faim dans le monde dans un poste humanitaire et ne parvient pas à exprimer ses sentiments intimes. Constance semble la plus heureuse, mariée, trois enfants, un mari qui lui offre une belle aisance matérielle, mais on la sent submergée par cette famille à qui elle ne sait pas dire non. Hanna, la plus jeune, peine à vivre de son métier d’actrice. Elle est alcoolique et fragilisée par sa maternité toute récente. On sent que les quatre ont une certaine familiarité avec la mort, ou tout au moins qu’ils ont une conscience aiguë que l’on meurt un jour, dans leur vie quotidienne mais aussi dans le souvenir de leur père, mort d’un cancer. Ce qui les relie aussi, c’est la maison familiale dans la lande irlandaise et c’est au moment où leur mère veut la vendre qu’il se passe quelque chose de marquant dans leur vie. Le dernier repas de Noël qu’ils vont y vivre cristallise leurs peines, leurs souvenirs, leur mal être secret et révèle à nos yeux de lecteurs les liens qui unissent inconsciemment la fratrie Madigan. En filigrane, au cours d’un épisode nocturne sur la lande, on comprend aussi que Rosaleen a sans doute été davantage épouse que mère et que cela explique bien des choses.

« Et Dan avait oublié un instant qu’il était un prêtre raté avec une licence en littérature anglaise se préparant à rentrer au pays, après son année à l’étranger, pour y passer un diplôme de bibliothécaire. Il avait oublié qu’il était un vendeur de chaussures, ou un barman, ou même un immigrant. Pendant un instant, Dan avait été un espace ouvert qu’entourait un avenir différent de celui avec lequel il avait franchi la porte. » (p. 63)

« Ils n’étaient pas insensibles à l’humour de la situation, au fait que chacun de ses enfants appelait une femme différente. Ils ne savaient pas qui elle était – leur mère, Rosaleen Madigan – et ils n’avaient pas besoin de le savoir. C’était une femme âgée qui avait désespérément besoin de leur aide et qui, alors même que son absence grandissait au point d’occuper tout le versant glacé de la montagne, rapetissait, n’avait plus que la taille d’un être humain – de n’importe quel être humain – frêle, mortel, vieux. »

Anne ENRIGHT, L’herbe maudite, traduit de l’anglais (Irlande) par Isabelle Reinharez, Acts Sud, 2017

Actes Sud a quarante ans cette année !

Le beau billet de Nadège sur ce roman

Balade irlandaise – 1 – Marilyne m’accompagne dans le voyage, elle vous propose aujourd’hui Rien d’autre sur terre de Conor O’Callaghan.

A la recherche de Marie

03 mardi Avr 2018

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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A a recherche de Marie, Actes Sud, Le Mois belge, Madeleine Bourdouxhe

Quatrième de couverture :

Mariée depuis six ans à Jean, Marie considère son existence comme heureuse. Et pourtant… le bonheur n’est-il qu’une douce routine baignée d’ennui et de vide ? Marie prend soin de Jean comme si elle était sa mère, Jean lui parle comme à une enfant. Est-elle encore femme ? Oui, elle l’est tout à coup, pour un autre qui enflamme son désir, un tout jeune homme qui lui a demandé “Vous aimez l’aventure ?” et qui lui laisse son numéro de téléphone. Marie, cette eau qui dort, rêve de tempêtes. Marie la patiente, la silencieuse, ouvre les yeux et se rend disponible au monde. Histoire d’un voyage introspectif et d’un retour à la lumière, A la recherche de Marie évoque les tourments de l’âme et du coeur avec une sensualité fraîche pleine de pudeur. Dans une langue épurée, légère et précise, Madeleine Bourdouxhe célèbre l’écoute intime et l’émancipation des prisons bâties par la tradition, la famille, l’habitude – et par soi-même.

Pour ce rendez-vous classique belge, je retrouve la plume de ma chère Madeleine Bourdouxhe dans un roman intime, délicat et épuré.

Le lecteur accompagne cette jeune femme de ses vacances à la plage à ses longues promenades dans Paris en passant par des parenthèses en train. La remise en question de Marie, son retour à elle-même telle qu’elle était à 17-18 ans, à une certaine forme de virginité,  passe par le déplacement, le mouvement, métaphore du voyage intime. A travers la quête de Marie, se dessine l’histoire d’une femme façonnée par son éducation, par son milieu, par l’image qu’elle renvoie aux autres, son mari, ses parents, sa soeur, ses relations, image dont tout le monde croit qu’elle est la vraie Marie mais qui, finalement, ne correspond en rien aux désirs de Marie : désirs du corps, de l’esprit, désir de vie, de souffle.  

Ce roman, c’est l’histoire très simple (en apparence)  d’une conquête, celle de la liberté intérieure d’une jeune femme qui parvient à accueillir avec calme toutes les relations qui s’offrent à elle, qui leur donne leur juste place et s’ajuste donc à elles, que ce soit amour, amitié, amitié amoureuse, amour des parents, de la soeur… Elle réussit ainsi à préserver son jardin secret, ses désirs profonds, tout en gardant un coeur vibrant, ouvert.

C’est, me semble-t-il, une forme d’ascèse de la relation que nous conte Madeleine Bourdouxhe et elle le fait d’une plume délicate, précise et raffinée. La finesse de ce portrait de femme tout en retenue, où les paysages accompagnent les émotions humaines, m’a une fois de plus séduite. Il me faudra désormais m’intéresser aux nouvelles de l’auteure, puisque j’ai maintenant lu tous ses romans…

« Octobre fut beau, d’une température égale, chacun e ses jours éclairé d’un soleil pâle. Il y avait dans l’air une mort paisible, sans heurt : les arbres de Paris se défeuillaient doucement.

Il n’y avait en Marie ni enthousiasme, ni haine, ni détresse. Pas d’indifférence non plus. Mais plutôt comme une paix farouche. Si elle éprouvait un désir, c’était celui d’être un homme qui marche sur une route, couche et mange au hasard, s’assied sur un ta de pierres et coupe son pain avec un canif. Si elle éprouvait une joie, c’était l’étrange et  dure jouissance de la disponibilité. Elle marchait d’un pas sûr, les yeux lucides, la tête haute – beaucoup trop haute. Et la saisons de l’année mourait trop tendrement pour la saison du coeur, qui, au souvenir d’une nuit, se marquait d’une fulguration, clarté trop crue, presque froide. » (p. 75)

Madeleine BOURDOUXHE, A la recherche de Marie, Actes Sud, 2009

Le roman a été publié pour la première fois en 1943, ce qui en fait donc bien un classique pour le rendez-vous de ce jour.

A propos de Madeleine Bourdouxhe (sur le site d’Actes Sud qui fête ses 40 ans cette année) :

Née à Liège en 1906, Madeleine Bourdouxhe a fait des études de philosophie à Bruxelles. Résistante lors de la Seconde Guerre mondiale, elle refusa de publier ses nou velles chez les éditeurs parisiens contrôlés par les Allemands. Secrétaire perpétuelle de la Libre Académie de Belgique à partir de 1964, elle est décédée en 1996. Actes Sud a publié deux autres de ses livres : le roman La Femme de Gilles (2004), traduit dans le monde entier et adapté au cinéma par Frédéric Fonteyne, et le recueil de nouvelles Les Jours de la femme Louise (Babel n° 950).

  

Neverhome

30 mercredi Sep 2015

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Actes Sud, Guerre de Sécession, Laird Hunt, Neverhome, Ohio

Quatrième de couverture :

Dans la ferme de l’Indiana qui l’a vue grandir, Constance jouit enfin, auprès de son compagnon, d’un bonheur tranquille. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate et que Bartholomew est appelé à rejoindre les rangs de l’armée de l’Union, c’est elle qui, travestie en homme, prend sans hésitation, sous le nom d’Ash Thompson, la place de cet époux que sa santé fragile rend inapte à une guerre qu’elle considère comme impensable de ne pas mener.
Ayant perdu la trace de son régiment après une bataille féroce où elle a été blessée, Constance, la rebelle, dépouillée de son uniforme, reprend, au sein de paysages dévastés, le chemin de la ferme, guidée par l’amour infini qu’elle porte à son bien-aimé mais profondément hantée par la violence et l’étrangeté des aventures qui ont marqué sa périlleuse initiation à l’univers impitoyable des champs de bataille et à leurs sordides coulisses.
Abondant en rencontres aux frontières du réel avec les monstres que la guerre fait des hommes et des lieux, ce roman magistral, largement salué par la presse américaine, propose, à travers le parcours de son androgyne et farouche protagoniste immergée dans les ténèbres du chaos, une impressionnante méditation en forme d’épopée sur la fragilité des certitudes et l’inconstance de toute réalité.

Voilà un roman étrange et fascinant, dans lequel on peut avoir l’impression de se perdre, de tourner en rond, d’être ballotté(e) au gré du bon (et souvent du mauvais) vouloir des hommes…

J’ai d’abord été fascinée par cette femme, Constance Thompson, qui prend le chemin de la guerre pour (croit-on) prendre la place de son mari, son Bartholomew, de santé trop fragile. Et elle n’a pas froid aux yeux, celle qui se fait appeler Ash Thompson et que son habileté au tir fait devenir bientôt un soldat presque mythique, Gallant Ash. Combats, ennui pendant les temps morts, longues marches, blessures, promiscuité, Gallant Ash n’ignorera rien des réalités de la guerre. Jusqu’au jour où elle tombe aux mains de l’ennemi. Commence alors une errance qui la ramènera dans ses lignes, la conduira aux portes de la folie en lui faisant à nouveau endosser une robe. Le chemin du retour est long, émaillé de rencontres improbables, bousculé entre rêves et fantasmes, hanté des visages de Bartholomew et de la mère de Constance. C’est dans ce retour interminable, labyrinthique, que nous devinons à petites touches les véritables raisons qui ont poussé la jeune femme à quitter sa ferme et son mari pourtant très aimé.

Ce roman de Laird Hunt (je croyais que c’était une femme mais il n’en est rien) est traversé de violence, tantôt franche, tantôt feutrée, violence et désorientation de la guerre civile, violence envers les faibles et surtout les femmes, qui, dans ce contexte de guerre, dans ces années incertaines de la Sécession, prennent des chemins étonnants pour exister, pour résister. A quel prix… A ce titre, la fin du roman a été tout à fait inattendue pour moi : Laird Hunt n’a pas craint de pousser son héroïne jusque là…

Oserais-je faire référence à un de mes romans cultes, lui aussi publié chez Actes Sud ? Les errances, les fantasmes, la souffrance de Constance m’ont fait penser à celle d’Aaron et Sidner (des hommes de ce côté) de L’Oratorio de Noël de Göran Tunström. Des héros broyés par le destin, qui naviguent entre rêve et réalité, entre folie et désespoir, mais qui trouvent des ressources pour se relever et avancer, certainement pas en ligne droite, et qui offrent au lecteur des personnages inoubliables, des récits habités. Ce roman ne plaira sans doute pas à tout le monde mais si vous vous sentez prêt(e) à suivre Constance sur la route, laissez-vous prendre par la main (sans craindre d’être rudoyé…)

« Dans l’ancien temps il y avait des Indiens ici. Des Miami, des Illini, va savoir, ou peut-être de la tribu des Shawnee. Ils avaient leur camp qui se trouve sur la butte qui se trouve en plein milieu du champ de devant. De temps en temps je déterre encore une pointe de flèche. Dans notre terre, il y a des coquilles d’huîtres venues d’eaux très lointaines. Des os d’ours ciselés, et de loup. Quand j’étais petite et que ma mère me laissait filer, je courais jusqu’à la butte avec un bandeau à plume sur la tête. Je crois bien avoir entraîné un ou deux ais à jouer avec moi au fil des ans. On ne peut rien trouver dans la terre qui vous rapproche du passé véritable, mais l’enfant, au crépuscule, tout à sa danse parmi les tiges de blé coupées, sait le faire apparaître. L’enfant que j’ai été a depuis longtemps disparu mais je me rappelle certaines de ses astuces et, de temps à autre, je ramasse une plume perdue dans la cour et je sens une étincelle. Alors les champs semblent bouger. L’air se fait pesant et s’emplit de feux et de visages douloureux. » (p. 72)

Laird HUNT, Neverhome, traduit de l’américain par Anne-Laure Tissut, Actes Sud, 2015

Tiens, c’est le premier roman de la Rentrée 2015 que je lis et le dernier que je chronique pour le Mois américain de Titine ! Remarquable aussi : livre acheté il y a seulement deux semaines et déjà chroniqué, héhé.

Le billet de ptitlapin et de Kathel (publié le 26 octobre)

Mois américain

Le chaste monde

26 mercredi Août 2015

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots français

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Actes Sud, Alexander von Humboldt, Le chaste monde, Régine Detambel

Quatrième de couverture :

En 1789, quand la Révolution française éclate, Axel von Kemp a vingt ans et se morfond dans son château de Regel, près de Berlin. Botaniste mais aussi éminent prospecteur minier des gisements de Saxe, cet ami de Goethe qui rêve de liberté sexuelle et de grands voyages exotiques finit par s’embarquer avec son amie de coeur, Lottie, une jeune femme juive aussi excentrique que profondément désespérée.
  Bardé d’instruments de mesure de toutes sortes, d’herbiers et d’un véritable laboratoire de chimie, leur tandem va arpenter, à pied ou à cheval, la majeure partie de l’Amérique du Sud, depuis le Venezuela, où tous deux débarqueront au terme d’une traversée épique sur un navire négrier, jusqu’au plus haut volcan des Andes, en passant par la remontée de l’Orénoque en pirogue. Dans les mystères de la jungle obscure, qu’ils vivront comme une épreuve initiatique bouleversant leur sexualité, ils trouveront enfin une forme d’épanouissement existentiel et intellectuel sous le signe du romantisme, quand l’écologie naissait à peine et que les poètes allemands pensaient ardemment l’union de l’homme et de la nature.
 Dans ce roman aussi puissant qu’enlevé, dont le protagoniste est très librement inspiré d’Alexander von Humboldt, le plus grand explorateur et scientifique allemand du début du xixe siècle, Régine Detambel s’empare de l’esprit d’une époque dont elle revisite le génie et toutes les passions avec une impeccable érudition que vient voluptueusement bousculer une langue irrévérencieuse.

Juste avant de commencer ce billet, je viens de lire la présentation d’Alexander von Humboldt sur Wiki et je me rends compte à quel point Régine Detambel s’est en effet inspirée très librement de sa vie pour créer le personnage d’Axel von Kemp. Ceci n’est pas du tout une critique négative, au contraire, c’est assez amusant comme elle mélange de vrais noms (comme Willdenow, l’ami botaniste) et des paronymes (comme Regel, le château familial qui, en réalité, s’appelait Tegel). Si l’on compare la fin du roman (qui s’arrête aux frontières de la Patagonie) et la suite de la vie du vrai Humboldt, cela n’a vraiment rien à voir : j’avoue que j’aurais aimé, à la fin du roman ou sur le site de l’éditeur, avoir une explication sur l’inspiration de la romancière. Je crois qu’elle a voulu parler d’une époque, du génie de la science et de la découverte, du lien entre la nature et l’homme au travers d’un personnage complètement atypique, notamment dans ses relations amoureuses (cet aspect du roman étant complètement supposé, si j’en crois la biographie de Humboldt).

La quatrième de couverture en dit beaucoup d’un certain point de vue mais ce n’est pas gênant : très vite, Régine Detambel nous plonge dans les tourments d’un garçon marqué par le suicide de son père, mené à la baguette par une mère autoritaire, troublé par ses pulsions homosexuelles et bridé dans sa soif dévorante de connaître la nature. La mort de sa mère, tout en le déstabilisant d’abord profondément, le libérera définitivement et lui permettra de s’envoler pour les voyages tant espérés.

« Il est facile d’aimer la vie à l’étranger. Jamais on n’est à ce point son propre maître que là où personne ne vous connaît, où votre nom ne dit rien, ne suscite aucun souvenir, et où votre existence est donc exclusivement entre vos mains. Facile de venir à bout du malheur quand il ne peut plus prendre les dimensions de la honte, qu’il n’est plus réfléchi par les innombrables miroirs de l’entourage familier, et que leurs rayons d’infamie ne reviennent pas sur vous, concentrés, pour vous brûler. » (p. 117)

C’est époustouflant de lire les expéditions, les connaissances d’alors, les mesures, les croquis, les carnets de notes, d’abord aux Canaries, puis en Amérique du Sud, sur l’Orénoque, dans les Andes, expéditions au cours desquelles Axel et Lottie vivent des expériences extrêmes, sans craindre de torturer leur corps face au froid, au manque d’oxygène en altitude ou la canicule, les morsures d’insectes et bestioles en tous genres dans la jungle. Une soif de découverte comme une quête sans cesse recommencée d’accomplissement de soi.

On est au début du dix-neuvième siècle et les questions touchant les droits de l’homme, la place de la femme, la colonisation de l’Amérique latine, l’esclavage ne sont pas absentes des observations et des choix de vie de nos deux protagonistes. La réflexion prend parfois un tour féroce sous la plume de Régine Detambel :

« L’esclavagiste Colomb était si pieux qu’il n’enchaînait jamais le dimanche. Ce mécréant d’Axel débarque à Cumana pendant la grand-messe, et les cloches sonnent à toutes volées. Pour son premier pas sur le Nouveau Monde, il a revêtu son uniforme d’inspecteur des mines de Prusse : jaquette bleu foncé à revers blanc, gilet blanc, bottes blanches dans lesquelles il crève de chaud mais qui produisent une forte impression. Une délégation de la Capitainerie générale,menée par Vincente Emparan, gouverneur de la province, avachi dans une calèche aux armes de l’Espagne, attend sur une butte avec les clés de la ville ce légendaire prospecteur annoncé par Charles V. Une sonnerie de clairon fend l’air, un drapeau se gonfle dans le vent. Les Prussiens sont emmenés au son des fanfares dans un carrosse tiré par huit chevaux noirs et huit juments blanches. Un détachement de fantassins surveille la voiture. Derrière, dans la calèche, avancent le gouverneur et l’évêque. Plus une foule de prêtres. Comme cette époque était digne ! » (p. 117)

Il y a même une forme d’Europe avant l’heure :

« Quel malheur que ce soit Colomb qui ait découvert l’Amérique, dit soudain le Français. Maintenant on est obligés de se farcir des tas d’Espagnols arrogants.

C’est toujours mieux que des Anglais ! remarque Axel. » (p. 195-196)

Le corps est omniprésent dans ce roman, la sexualité, l’accord avec la nature, la fatigue, la maternité, une manière de rejoindre la sensualité et la beauté du monde. Je ne sais si le personnage de Lottie a vraiment existé, rien ne permet de l’affirmer, en tout cas Lottie et Axel détonnent complètement d’abord dans cette société prussienne qui semble bien manquer d’imagination (et pourtant il y a Novalis, Goethe, abondamment évoqués), ensuite au coeur de leurs expéditions, dans leur relation d’amitié intime, dans leur quête de liberté.

Au final, sous la langue alerte, leste, pétillante de Régine Detambel, un roman foisonnant, des personnages attachants, des questions toujours actuelles : de quoi passer un excellent moment de lecture !

Régine DETAMBEL, Le chaste monde, Actes Sud, 2015

Et encore un pied en Amérique du Sud, je me rapproche de l’Argentine.

Régénération

18 mardi Nov 2014

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques, Non classé

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14-18, Actes Sud, Pat Barker, Régénération, Siegfried Sassoon, Wilfred Owen

Présentation de l’éditeur :

Derrière les façades massives de l’hôpital militaire de Craiglockhart, le docteur Rivers a pour mission de soigner, pour les renvoyer au combat, les officiers britanniques revenus, corps blessé et raison ébranlée, des champs de bataille de la Grande Guerre. Parmi les patients se trouve le poète Siegfried Sassoon, auquel ses déclarations pacifistes ont valu d’être « banni » en ce lieu par les autorités militaires malgré sa conduite héroïque au front.
Nuit et jour, de cauchemars en hallucinations, les rescapés de la boucherie, devenus étrangers à eux-mêmes, poursuivent dans leurs chambres d’hôpital leur voyage au bout de la souffrance et de l’horreur. Ces hommes détruits que Rivers et Siegfried Sassoon accueillent chacun à sa manière, avant de prononcer, en leur nom, la condamnation de toute guerre, forment le chœur de l’éternelle et universelle tragédie dont ce roman de Pat Barker offre une illustration romanesque sensible et exigeante.

J’ai lu ce roman, partagée entre intérêt, passion et émotion.

Passion parce que, bien sûr, le cadre, c’est la guerre 14-18 et plus particulièrement l’année 1917, celle où les armées commencent à se révolter contre des généraux et des hommes au pouvoir qui pourraient faire cesser la guerre mais n’ont ni le courage ni la volonté d’entamer des négociations de paix. Le livre commence sur l’appel pacifiste du poète Siegfried Sassoon, qu’un ami officier a fait hospitaliser à Craiglockart, où il pourrait être déclaré inapte au service par le docteur Rivers, en raison d’une santé mentale chancelante, et éviter ainsi la cour martiale. Car on le sait, dans l’armée à l’époque, être contre la guerre, c’était passer en cour martiale. Et être vraisemblablement condamné à mort pour l’exemple.

Intérêt aussi parce que le roman met largement en scène ces soldats aux blessures mentales, psychiques, qui les handicapent lourdement et les couvrent de honte : paralysies, tics, tremblements, cauchemars, bégaiement, aphasie… autant de signes de ces névroses de guerre que les psychiatres tentent de traiter, le but premier étant de renvoyer ces soldats et ces officiers au front. Eh oui, la chair à canon ne peut faire défaut.

Et c’est vraiment intéressant de suivre la relation thérapeutique qui se noue entre le docteur Rivers et ses patients, l’approche humaniste qu’il a envers ses malades. Des hommes qui ne comprennent pas toujours le traumatisme qui les a rendus si fragiles, qui tentent désespérément de le refouler et dont le corps parle de façon criante. Quand, à la fin du livre, on assiste à une séance de « soins » du docteur Yealland, on est révulsé devant sa conception du travail psychiatrique.

Face à Siegried Sassoon (que sa mère a prénommé ainsi par amour pour Wagner !), Rivers, lui-même au bord du burn out, se trouve un peu démuni : le poète refuse de jouer le jeu de la folie mais se rebelle un peu face au médecin. Les deux hommes vont évoluer l’un grâce à l’autre, la relation ne sera pas exempte d’ambiguïté, d’ambivalence et ce face à face donne vraiment de l’épaisseur à ce roman.

L’émotion est venue de ce qu’un des personnages du roman, lui aussi envoyé pour trois mois de repos et de soins à Craiglockart n’est autre que Wilfred Owen, grand admirateur de Sassoon qui va l’aider, lors de ce séjour, à trouver sa voix de poète. Les deux écrivains vont voir leur écriture évoluer, s’améliorer durant ces quelques semaines, et tous deux retourneront en France. (On sait que Siegried Sassoon survivra à la guerre, tandis que Wilfred Owen sera tué une semaine avant l’armistice.)

Vous l’aurez compris, le grand intérêt de ce roman est son côté très bien documenté : les médecins Rivers et Yealland ont vraiment existé et ont publié sur leurs observations et leurs soins des névroses post-traumatiques, et les deux poètes sont bien sûr tout à fait authentiques, de même que l’évolution de leur plume. Quant aux personnages secondaires, comme les soldats Burns et Prior ou la jeune Sarah qui a choisi de travailler à la fabrication des munitions de guerre, ils sont traités avec beaucoup de soin et de respect par Pat Barker, qui brosse ainsi un tableau instructif de ce qui se passait « à l’arrière », en Grande-Bretagne (Craiglockart est en Ecosse). Elle n’oublie pas une petite pointe bienvenue d’humour anglais parfois et j’espère vraiment que ses deux autres romans (car il s’agit, paraît-il, d’une trilogie) seront un jour traduits en français.

J’ai encore trouvé une perle sur (ou plutôt contre) les Belges :

« Une voix de mégère s’éleva du fond de la maison.

– Ma logeuse, dit Sarah en réapparaissant. Une Belge, elle a épousé un Ecossais, le pauvre crétin. J’pense pas qu’il savait quel lot il avait décroché. Enfin, elle me fait payer un shilling pour la lessive et, quand on sait que les draps sortent du lit jaune vif, faut pas se plaindre. » (p. 171)

« Cependant un rétablissement n’était pas impossible. Rivers savait trop bien que les premiers stades de la guérison avaient souvent l’allure d’une détérioration. Ouvrez une chrysalide et vous apercevrez une chenille en train de pourrir. Mais jamais vous ne trouverez cette créature mythique, mi-chenille, mi-papillon, digne emblème de l’âme humaine, pour ceux dont la tournure d’esprit les pousse à chercher de tels emblèmes. Non, le processus de transformation est par essence presque exclusivement un processus de décomposition. Après tout, Burns était jeune. Si aujourd’hui marquait un véritable changement, une volonté de se confronter à ce qu’il avait vécu en France, alors son état s’améliorerait peut-être. On pouvait même imaginer qu’il reprenne ses études dans quelques années, pourquoi pas en cultivant cet intérêt inattendu pour la théologie. Cependant, on le voyait mal à l’université, au milieu d’étudiants de première année. Il avait raté l’occasion d’être ordinaire. » (p. 244)

Pat BARKER, Régénération, traduit de l’anglais par Jocelyne Gourand, Actes Sud, 1995

L’avis de Sandrine, que je remercie infiniment pour le prêt de ce roman, qui est désormais complètement épuisé, hélas ! Sandrine cite d’autres passages plus sérieux dans son billet.

Je publie ce billet aujourd’hui, alors que je vais visiter avec une de mes classes la très belle expo « J’avais 20 ans en 1914 » à Liège-Guillemins.

Poppy Thiepval

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La petite dame en son jardin de Bruges

28 lundi Avr 2014

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Actes Sud, Charles Bertin, La petite dame en son jardin de Bruges, Le Mois belge

Présentation de l’éditeur :

Délicat blason d’une vieille dame, un texte tendre et sensible qui se découvre comme un récit, se regarde comme une aquarelle et se dédie par la lecture à toute grand-mère affectionnée.

Sur Charles Bertin (pioché sur le site d’Espace Nord) :

« S’il est une donnée fondamentale de mon être, c’est bien l’attachement viscéral que j’éprouve à l’égard de ma langue, de ma terre et de ma culture. » Ainsi se présentait Charles Bertin (1919-2002), docteur en droit de l’ULB et membre de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, qui fut à la fois poète, dramaturge, romancier et essayiste. Il a entre autres publié chez Actes Sud Les Jardins du désert et La petite Dame en son jardin de Bruges.

Je ne suis pas la première à parler de ce récit en ce mois belge, et cela n’a fait que renforcer mon désir de relire ce livre très aimé, déjà lu et présent dans ma bibliothèque depuis 1996, l’année de sa parution chez Actes Sud. Dans ma vie de lectrice je n’ai que rarement relu des livres, à la fois par manque de temps (accumulation de piles empilées et réempilées…) et sans doute par crainte d’être déçue par la relecture d’un roman resté précieux dans la mémoire. Et pourtant, les trois livres lus et relus (à plusieurs années de distance, quand même) ne m’ont jamais déçue. Il s’agit, vous le le devineriez jamais, de L’Oratorio de Noël, de Göran Tunström, Derrière la colline, de Xavier Hanotte auxquels s’ajoutent maintenant La petite dame en son jardin de Bruges. Et la magie a de nouveau opéré, dès les premières lignes :

« Cette nuit l’envie m’est venue d’aller dire bonjour à ma grand-mère.Ce n’est pas la première fois qu’elle me manque, mais je n’avais jamais éprouvé avec autant d’insistance le besoin de la revoir. Comme elle est morte depuis près d’un demi-siècle, j’ai pensé qu’il était préférable de me mettre en route tout de suite : j’avais déjà un pied hors du lit quand je me suis réveillé pour de bon. »

Voilà donc le début d’un voyage par l’écriture et la mémoire pour aller à la rencontre de Thérèse-Augustine, qui fut d’abord une fille sacrifiée sur l’autel des ambitions de ses parents envers ses frères, puis l’épouse aimante et aimée d’un cheminot qui finit sa carrière à Bruges où le couple habita une petite maison cachée au creux de jardins clos. Pour accompagner un peu la solitude de la grand-mère devenue veuve, les parents du petit Charles eurent l’idée de l’expédier en vacances à Saint-André, dans ce faubourg de Bruges où se nichait ce jardin hors du monde.

« J’ai passé bien des heures heureuses dans ce déambulatoire de verdure dont j’étais la plupart du temps l’hôte unique, si j’excepte le chat de nos plus proches voisins. Quand il faisait soleil, il y régnait, même au plus fort du jour, une pénombre dorée dot la paix claustrale me ravissait et m’inquiétait un peu. L’irréalité de la lumière poudreuse qui jouait à travers les feuilles, ce silence d’eau profonde où j’avais l’impression de me haler comme un plongeur, et jusqu’à la légère oppression que suscitait dans mon esprit la luxuriance d’une végétation qui paraissait capable de submerger toute autre vie que la sienne, contribuaient à me persuader qu’à quelques dizaines de mètres de la chaussée, le monde des hommes était aboli. Un de mes jeux favoris consistait d’ailleurs à me comporter en survivant : je m’étais ménagé à l’insu du chat une ou deux caches dans les buissons, et je négligeais rarement, en vue d’une disette éventuelle, de compléter l’ordinaire de mon goûter en grappillant quelques provisions supplémentaires à la cuisine. 

Les instants de haute félicité que j’ai connus sous mes voûtes de frondaison demeurent unis dans mon souvenir à ces journées de temps incertain que ma grand-mère appelait du temps d’arc-en-ciel, où le soleil continuait à briller entre les nuages au coeur même des averses de pluie tiède. » (p. 18-19)

C’est le début d’une série de vacances où va se nouer entre l’enfant et sa grand-mère un lien indéfectible : douceurs d’été, aventures au jardin, escapades à la mer se mêlent à la révélation de la personnalité originale de la petite dame et à la passion partagée des livres. On parlerait aujourd’hui de complicité inter-générationnelle, mais il s’agit de bien plus que cela : par l’écriture, Charles Bertin dessine le portrait d’une grand-mère très aimée, dont la fin de vie douloureuse ne peut effacer la lumière, la grâce des souvenirs de Bruges, par l’écriture, il tend la main et le coeur vers le royaume des morts où repose la petite dame, pour tenter de la rejoindre en un hommage poétique et reconnaissant : dans ce récit sans doute largement autobiographique, l’écrivain et le poète sait bien que les rêves et les désirs de sa vie d’adulte prennent leur source et leur envol dans la personnalité et la détermination de sa grand-mère. Aïeule et petit-fils se sont épanouis l’un grâce à l’autre, et cette recréation du souvenir, par les parfums, les images, les couleurs et les ambiances, par l’évocation de Bruges, par le poète et romancier que fut Charles Bertin est d’autant plus émouvante par-delà la mort.

« Les touristes se soucient rarement ce genre de nuances : leur curiosité se limite la plupart du temps au coup d’oeil traditionnel sur les quelques édifices illustres qui perpétuent avec une impassibilité apparente l’orgueil d’une gloire sanctifiée par le temps. Mais celui qui prend la peine de gagner ces quartiers moins fréquentés, à l’heure où le silence n’est plus troublé que par la rumeur lointaine de la cité et le tintement de quelque cloche dans une église de faubourg, aura peut-être la chance d’accueillir, au long d’un quai bordé par des eaux mortes ou sur le seuil d’une place où sommeillent quelques maisons sans âge, le souvenir poignant des anciens jours : c’est comme une bouffée de musique ténue, un concert de brume aux flambeaux qui affleure à la surface du passé, la vocalise d’une vie de antérieure de bonheur insoucieux à peine modulée sur l’écran de la mémoire. Peu de chose en vérité, et il faut certes une bonne oreille pour l’entendre, mais il arrive certains soirs privilégiés que la mélodie d’une viole à danser franchisse des siècles de silence pour célébrer comme autrefois les noces de Bruges avec la mer. » (p. 74-75)

Charles BERTIN, La petite dame en son jardin de Bruges, Actes Sud, 1996 (toujours disponible en Babel)

Les avis de Mina, Laeti, mrspepys, Aifelle et Somaja

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Lady Hunt

29 vendredi Nov 2013

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots français

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Actes Sud, Lady Hunt, Rentrée littéraire 2013

Quatrième de couverture :

Laura Kern est hantée par un rêve, le rêve d’une maison qui l’obsède, l’attire autant qu’elle la terrifie. En plus d’envahir ses nuits, de flouter ses jours, le rêve porte une menace : se peut-il qu’il soit le premier symptôme du mal étrange et fatal qui frappa son père, l’héritage d’une malédiction familiale auquel elle n’échappera pas ?
D’autres mystères corrompent bientôt le quotidien de la jeune femme, qui travaille pour une agence immobilière à Paris – plus un effet secondaire qu’une carrière. Tandis qu’elle fait visiter un appartement de l’avenue des Ternes, Laura est témoin de l’inexplicable disparition d’un enfant.
Dans le combat décisif qui l’oppose à l’irrationnel, Laura résiste vaillamment, avec pour armes un poème, une pierre noire, une chanson, des souvenirs… Trouvera- t-elle dans son rêve la clé de l’énigme du réel ?
Sur la hantise du passé qui contamine les possibles, sur le charme des amours maudites, la morsure des liens du sang et les embuscades de la folie, Hélène Frappat trace une cartographie intime et (hyper)sensible de l’effroi et des tourments extralucides de l’âme. Des ruines du parc Monceau à la lande galloise, avec liberté et ampleur elle réinvente dans Lady Hunt le grand roman gothique anglais, et toutes les nuances du sortilège.

Oserais-je dire que je sors de ce roman comme d’un rêve…

Je me suis laissé attirer par la magnifique couverture, puis porter par les rêves, les tâtonnements, les terreurs, les souvenirs de Laura, ses maladresses, son décalage avec la vie « ordinaire », ses tentatives désespérées de trouver un sens, ses hallucinations, ses terreurs encore, ses rêves toujours…

A travers la narration éclatée des trois premières parties du roman, le rouge et le noir dominent : rouge feu, rouge sang, éphélides, rousseur, salomés rouges, noir de la nuit et des forces obscures, noir de l’obsidienne, noir des ombres qui hantent Laura. Le rouge et le noir composent une partition noyée de brume, entre le parc Monceau et les landes bretonnes, de l’avenue des Ternes au pays de Galles.

Si l’on se perd (volontiers, en ce qui me concerne) dans les méandres de l’histoire, il se dégage aussi des traits plus clairs : l’attachement des deux soeurs, Elaine et Laura, le destin tragique du père et l’amour de ses filles, l’épée de Damoclès qui pèse sur les deux femmes depuis leur enfance. La force d’attraction et l’attachement que l’on peut éprouver envers des maisons, maisons d’enfance, maisons rêvées, maisons incarnées… Maisons de légende comme celle où la Dame de Shalott fut condamnée à vivre la malédiction qui lui fut lancée.

Comme les reflets et les ombres dans les miroirs, le roman se fait ainsi chambre d’échos, jeu virtuose entre diverses sources d’inspiration. Il nous dérange, nous invite à croire aux fées, aux sorcières, aux maisons hantées. Nous y accompagnons Laura dans sa douce folie (tiens, une folie, c’est aussi un nom de maison…)

Dans la quête de Laura, dans son lien à la pluie et au vent, il m’a semblé reconnaître un peu du chagrin de l’héroïne des Déferlantes, et c’était bon d’avoir la gorge serrée, de se perdre avec elle dans les souvenirs tragique du père trop tôt parti, dans ses doutes, dans ses errances, guidée par la plume d’Hélène Frappat, poétique, faut-il le dire, délicate et retenue, mais aussi obsédante et lancinante.

J’ai lu ce livre en quelques jours seulement, avec l’impression toutefois en le reprenant à chaque fois que ce que j’avais lu avant se perdait dans la brume, mais je crois, après l’avoir refermé, que sa musique s’insinuera en moi et estompera délicatement le rouge et le noir dans ma mémoire de lectrice.

« Un dimanche s’achève sous la Manche. 

Le dimanche, en fin d’après-midi, personne n’est sûr d’atteindre la nuit. Des particules de nuit recouvrent lentement votre journée de cendres. La cendre ternit l’éclat des lampes. Vous contemplez votre vie comme un passant observe des inconnus derrière une fenêtre. Votre vie soudain étrangère à vos yeux.

Je serre contre moi l’imperméable trop grand de mon père, notre père. Elaine n’en a pas voulu après l’enterrement. Si je disparais sous les tonnes d’eau du tunnel, enveloppée dans l’imperméable froissé transformé en linceul, la femme aux cheveux rouges de mon rêve surgira-t-elle une dernière fois ? » (p. 99)

Hélène FRAPPAT, Lady Hunt, Actes Sud, 2013

Les avis très variés de Cachou, Kathel, Leiloona, Margotte et Skriban

Un très grand merci à Olivier Moss et à PriceMinister pour l’organisation de ces matches de la rentrée littéraire, ainsi qu’aux éditions Actes Sud !

    Logo Rentrée littéraire 2013

Potentiel du sinistre

14 jeudi Fév 2013

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Actes Sud, Premier Roman, Prix Première, Thomas Coppey

Présentation de l’éditeur :

Jusqu’à présent, Chanard a mené la vie d’un ingénieur financier sans défauts, celle d’un employé compétent dans sa branche, porté par des valeurs de performance, d’excellence et d’innovation. Aussi, concevoir le schéma financier permettant de miser des capitaux sur les catastrophes naturelles ne lui semble pas extravagant. Devoir attendre qu’un sinistre survienne pour démontrer la pertinence du schéma n’a en revanche rien de confortable. D’autant qu’il faut une catastrophe colossale, qui batte tous les records. Il faut le désastre du siècle…
La force et la subtilité de ce roman résident dans la restitution d’un discours. L’auteur démonte avec brio quelques concepts chers au management. Il s’empare de toute une phraséologie d’entreprise, montrant sa froideur rationnelle et sa logique implacable aussi bien que sa propension à déborder du champ professionnel pour imprégner jusqu’à la vie intime des aspirants à la réussite.

Quel roman ébouriffant ! Encore un que je n’aurais sûrement jamais lu sans le j**y de la tsf belge, et j’ai même eu très peur qu’il ne pâtisse de ma lumineuse lecture de Nuage et eau, mais non : l’ambiance, les thèmes étaient tellement différents que je me suis laissé embarquer dans ce livre avec une stupéfaction mêlée d’horreur et… de rire.

La quatrième de couverture dit bien la technique employée par Thomas Coppey : restituer un discours, celui du management lié à celui de la haute finance, à travers le personnage de Chanard (il s’appelle ainsi, il n’a pas de prénom, tout comme les autres cadres du Groupe, désignés par leur nom de famille ou leur fonction dans l’entreprise – par contre, dans sa sphère privée, sa femme et sa fille ne sont désignées que par leur prénom, Cécile et Capucine). Dès le premier paragraphe du roman, ce discours stupéfiant est mis en place avec une redoutable efficacité :

« Si Chanard avait des doutes, si certaines de ses paroles sonnaient, lors des premiers entretiens, comme des tentatives pour se vendre, il s’est peu à peu approprié le discours du Groupe. Il fait sa profession de foi avec tact, prenant soin de ne laisser aucune incertitude quant à son humanité. Il admet qu’il y a parfois de la frustration à rentrer tard chez soi et à ne pouvoir consacrer plus de temps à Capucine, née il y a deux mois. C’est mon présent pour son avenir. Marwani, recruteur-manager en quête du profil qui apportera une réelle plus-value à l’équipe recherche du pôle Investment Banking, sait apprécier l’expression d’une telle faiblesse. Il applaudit, il valide puis libère Chanard et shoote un mail à la directrice des ressources humaines. Chanard a du potentiel. Il est smart et courtois. On va le staffer au plus vite et on verra à quel genre de performer on a affaire. Le manager dit bravo, nous augmentons notre Capital Humain. » (p.7)

Mélange d’anglais et de français, charabia spécifique, « potentiel », « Capital humain », « performer »… tout est déjà en place pour suivre la fulgurante carrière de Chanard au sein du Groupe. On pourrait dire que c’est un jeune loup dévoré d’ambition, mais il sait parfaitement se couler dans le discours feutré, policé de ses supérieurs, bien évidemment soucieux du développement professionnel et personnel de leurs collaborateurs pour le plus grand bien du Groupe (et de l’humanité). Et ça marche : il gravit les échelons à toute vitesse et à force de travail (bien évidemment, même le week-end, même pendant les vacances) il réussit à imposer la création d’un produit financier qui permet d’investir sur les catastrophes naturelles potentielles. (Ne me demandez pas d’expliquer, je n’ai rien compris à ce discours pompeux mais là n’est pas l’essentiel.)

Pendant que Chanard réussit au-delà de toute espérance, sa femme, elle, est reléguée à un niveau inférieur à celui qu’elle occupait au sein de la Société avant son accouchement : elle a eu le tort de vouloir un enfant et a réduit ainsi à néant toutes ses perspectives d’avancement de carrière, de promotion (c’est bien connu que la maternité détruit complètement toutes les facultés de réflexion et d’action chez une femme). Mais elle ne s’en tiendra pas là : à l’exemple de son mari tellement bien managé qu’il en réussit de manière éclatante, elle va utiliser les mêmes méthodes dans la gestion de son couple, de sa famille, de l’éducation de sa fille et dans son investissement personnel dans une Association à but social. Ce qui donne lieu à des scènes, des prises de décision et autres recours à des coaches que l’on lit les yeux écarquillés de surprise (quand on n’est pas, comme moi, de ce monde-là…)

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où la « catastrophe du siècle » emmène le système et le produit financier de Chanard au-delà des probabilités. C’est la goutte d’eau (si je puis me permettre le jeu de mot) qui va faire déborder le vase : Chanard est déstabilisé, fragilisé… un peu comme Vautier, le collègue devenu « ami », qui a osé manifester que le Groupe n’était pas tout pour lui… Mais Chanard est tellement formaté par son travail et ses méthodes de management qu’il ne parvient pas bien à identifier la source de son malaise ni à imaginer une autre manière de mener sa vie. J’ai pensé avoir deviné très vite que tout cela se terminerait de manière tragique, mais non : l’auteur a gardé le même sens de l’ironie et de la dérision jusqu’à la dernière page de son livre.

Méthodes de travail et de management modernes (inspirées, paraît-il, de l’armée), pouvoir suprême de la haute finance dans nos sociétés occidentales, formes subtiles de harcèlement au travail, rentabilité à tout prix, toute-puissance des « Ressources humaines » … les thèmes et harmoniques de ce livre sont bien dans l’air du temps. Dans le monde de Thomas Coppey, le langage est tordu, vidé de son sens, dans une subtile perversion qui se cache derrière une soi-disant « éthique » (encore un mot à la mode). Et la construction du roman, de la montée en puissance d’un cadre supérieur, de sa réussite « exemplaire » à sa chute, est terriblement efficace : il y a peut-être de petites longueurs, mais très vite le récit rebondit et nous happe dans sa spirale infernale.

L’auteur a aussi eu l’excellente idée de sembler détacher le monde de Chanard et consorts de la réalité : en appelant les diverses institutions « le Groupe », « la Société », « l’Ecole », « l’Ecole des Ecoles », « l’Association » et last but not least « la Structure », en ne citant pas nommément la grande ville où vit et travaille le héros (mais il y a fort à parier qu’elle ressemble à Paris), il nous place dans une distance qui ferait presque penser à un roman d’anticipation, procédé que renforce le langage froid et technocratique. Et pourtant, cette réalité de la vie économique et financière est loin d’être de la science-fiction…

Je ne parlerai pas vraiment de coup de cœur tant les pratiques décrites dans ce Potentiel du sinistre me répugnent, me sidèrent (mais je suis naïve, je sais, je ne suis qu’une petite prof du secteur non-marchand, aucun intérêt) mais il faut avouer que la mise en situation de cet homme à la fois acteur et victime du système est vraiment d’une efficacité implacable et… jubilatoire !

Thomas COPPEY, Potentiel du sinistre, Actes Sud, 2013

L’avis de Jostein, qui vous explique beaucoup mieux que moi le truc financier, et qui a bien aimé aussi !

Un premier roman remarquable !

Défi PR1

"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

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