• Anniversaires Maisons d’édition
  • Je remplis ma PAL…
  • Je vide ma PAL…
  • Le Mois belge
  • Lectures thématiques
  • Mémoire 14-18
  • Mots amis à visiter
  • Présentation et contact
  • Quelques projets et challenges

~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Tag: Le Mois belge 2020

Les notes du jeudi : Belgique toujours (5) Nathalie Loriers

30 jeudi Avr 2020

Posted by anne7500 in Des Notes de Musique

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Jazz, Le Mois belge 2020, Nathalie Loriers

Aujourd’hui 30 avril, c’est la Journée internationale du jazz et on a de quoi faire en Belgique. Je vous propose d’écouter la pianiste Nathalie Loriers et son trio dans un extrait de concert qui date un peu mais qui est toujours agréable à écouter !

Et c’est aussi le dernier jour du Mois belge…

De sang royal

29 mercredi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots noirs

≈ 10 Commentaires

Étiquettes

Commissaire Van In, Le Livre de poche, Le Mois belge 2020, Pieter Aspe

Quatrième de couverture :

Alors que le commissaire van In est informé de la mort de Marcus Heydens, retrouvé pendu chez lui, Hannelore, sa compagne, revient passablement éméchée, d’un rendez-vous avec Valentin, le fils de Marcus. Van In, persuadée qu’elle le trompe, ne décolère pas. Suicide ou meurtre ? Que ce bon vivant très fortuné ait mis fin à ses jours semble peu probable. Lorsque Hannelore disparaît, l’affaire prend un tour dramatique, qui va pousser Van In aux portes du Palais royal… Secrets de la grande bourgeoisie belge, imbroglios amoureux, règlements de comptes au commissariat… Impulsif et incorrigible, le célèbre commissaire brugeois est ici au mieux de sa forme !

Je termine mes lectures de ce mois belge avec mon petit Pieter Aspe annuel. Ici Van In et son adjoint Versavel enquêtent sur un puis deux meurtres d’hommes liés à la même femme. En effet celle-ci a eu quatre enfants de trois pères différents et l’un d’eux pourrait bien être celui qui, à l’époque, était un prince connu pour courir le guilledou et est devenu le roi des Belges : vous avez bien compris, il s’agit d’Albert II (pas nommé évidemment par Pieter Aspe), frère du roi Baudouin et père de notre roi actuel. L’affaire se corse pour Van In, car le fils de la première victime, Valentin Heydens, a renoué avec Hannelore, la femme du commissaire, et que celle-ci sent renaître les braises de son ancien amour pour Valentin. De plus, un des pères a gardé son amitié royale, qui le protège notablement. Ajoutez à cela une pincée de franc-maçonnerie et de haute bourgeoisie brugeoise et cela donne un cocktail (non,non, pas une Duvel) potentiellement explosif.

Van In est effectivement en pleine forme, ses réconciliations sur l’oreiller avec Hannelore sont affriolantes (et rassurantes pour la suite) mais j’avoue que ce qui a pimenté ma lecture, c’est la mise en scène d’Albert et Paola, oh très discrète mais très réaliste et surtout les liens inévitables qu’on ne peut s’empêcher de faire avec la réalité : il y a quelques semaines seulement s’est enfin achevé le feuilleton judiciaire et médiatique qui opposait le roi Albert II et sa fille illégitime Delphine Boêl, reconnue sa fille biologique après moult négations, recours, cachotteries et autre test ADN. Le roman de Pieter Aspe a été publié en flamand en l’an 2000 et « l’affaire Delphine Boël » a éclaté en 1999. Le romancier a-t-il été inspiré par cela ? On sait que la réalité dépasse la fiction…

Après de nombreuses lectures très sérieuses et un peu lourdes à la longue, je suis contente de m’être divertie en compagnie du commissaire Van In et de son fidèle brigadier Versavel (qui a été un peu ébranlé dans sa fidélité mais qui s’est repris – cela augure peut-être de prochaines péripéties…)

Quelques citations qui m’ont fait rire une fois de plus :

« Un franc-maçon qui annonce son appartenance à une loge avec une telle facilité, c’était presque aussi louche qu’un supporter d’Anderlecht qui affirmerait devant la caméra après seulement deux petites pils que le club de Bruges avait mérité sa victoire. » (p. 63)

« A l’arrivée de Van In et Versavel, la moitié des habitants de la rue du Pot-à-la-Crème se pressaient sur le trottoir. Alice Deboodt égrenait son chapelet et récitait des Ave Maria à un rythme qui aurait scotché Thérèse d’Avila. » (p. 120)

Et une citation frappée au coin du bon sens :

« Des touristes transis de froid bayaient aux corneilles devant la statue de Jan Breydel et Pieter De Coninck, ces bourgeois qui avaient fait mordre la poussière à la chevalerie française en l’an de grâce 1302 et que le mouvement nationaliste flamand avait récupérés au XIXè siècle pour en faire les symboles du combat pour l’émancipation, tant vis-à-vis de la France que des élites francisées de Flandre. Contrairement à ce que prétendaient les manuels d’histoire, leur lutte n’avait rien d’idéaliste. Jan Breydel était grossiste en jambons. S’il s’était insurgé contre les Français, c’était pour ds raisons avant tout commerciales. De toute façon, se disait Van In en contemplant la scène, les guerres et les révolutions ont toujours une explication financière ou religieuse. Quant aux crimes, ils ont en général pour mobile la folie ou le désir. » (p. 300)

Pieter ASPE, De sang royal, Le Livre de poche, 2012 (Albin Michel, 2010)

Max, en apparence

27 lundi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

≈ 13 Commentaires

Étiquettes

Arléa, Le Mois belge 2020, Nathalie Skowronek

Quatrième de couverture :

En apparence, Max avait laissé Auschwitz derrière lui.
Une histoire ancienne qui avait fini par s’effacer, comme dans mon souvenir le numéro tatoué sur son bras qu’enfant je connaissais par cœur, et que j’avais pourtant fini par oublier.
Mon grand-père Max était à présent un homme d’affaires qui, associé à Pavel, son vieil ami des camps, trafiquait par-dessus le mur de Berlin pour alimenter la nomenklatura d’Allemagne de l’Est en produits de luxe et marchés divers. Tout aurait été pour le mieux, Max vivant au milieu de sa cour, si ce départ pour Berlin (qui avait été il n’y a pas si longtemps le cœur de la machine de mort) ne s’était fait au prix de l’abandon de son épouse et de sa petite fille, restées à Liège.
En apparence seulement.
Car Max chaque matin faisait le tour du zoo de Berlin, avec dans ses poches ses pilules, et un petit sac de diamants.

J’ai lu le premier roman de Nathalie Skowronek, Karen et moi,  il y a cinq ans déjà, j’ai longuement attendu avant de renouer avec elle,par crainte sans doute de ne pas retrouver le même enchantement (parfois je crains de ne plus rien avoir à lire d’un auteur aimé, pourtant ici trois titres sont parus depuis Max, en apparence, dont un tout récent).

Nathalie Skowronek fait allusion à son premier roman dans celui-ci, mais je ne me souvenais pas qu’elle évoquait déjà si explicitement le mal-être lié à ses ascendants, aux manques, aux trous dans son histoire familiale marquée par la déportation des Juifs de Belgique. Donc on peut dire que la narratrice de Karen et moi était déjà presque un double de l’autrice. Ici, celle-ci part sur les traces de son grand-père maternel, Max, rescapé d’Auschwitz ou plutôt de Jawischowitz, un des camps satellites où les prisonniers travaillaient durement à la mine de charbon. Max dont une grande partie de la famille a disparu à Auschwitz, ses parents, sa première femme, une soeur et des frères. Max qui a survécu aux marches de la mort. Une fois revenu, il s’est assez vite remarié avec Rayele, mais il a rapidement délaissé sa femme et sa fille (la mère de Nathalie Skowronek) pour vivre en Allemagne, à Berlin, et y mener des affaires plus ou moins louches avec un ami rescapé lui aussi du même camp, naviguant entre RDA et RFA et s’enrichissant rapidement et volontairement dans le pays où était né le régime nazi.

Max n’a jamais – ou si peu – évoqué ce qu’il avait vécu à Auschwitz. Consciente que les silences familiaux ont mené à la dépression de sa mère et à son propre mal-être, Nathalie Skowronek mène l’enquête auprès des membres survivants de la famille, dont certains ont émigré en Israël. Elle essaye aussi de rassembler ses propres souvenirs, avec pour fil conducteur le numéro tatoué sur le bras de Max, signe non verbal, implicite alors que l’homme n’a jamais raconté son histoire. L’auteure amasse aussi une quantité impressionnante de lectures sur le sujet, ce qui l’aide à construire son roman, tandis qu’elle ne cesse de se poser des questions sur la pertinence de sa recherche.

Cette lecture a suscité en moi de multiples sentiments. J’ai aimé tout cet aspect de recherche et de questionnement bien légitime et tellement délicat de la part de l’autrice vis-à-vis de sa famille. J’ai été surprise par la personnalité de Max, qui a recouvert de silence tout ce qu’il avait subi en tant que Juif jusqu’à la libération des camps : pendant quelques années, j’ai organisé pour les rhétos de mon école la rencontre avec d’anciens déportés et la question de la transmission semblait tellement évidente pour ces personnes que la volonté de silence de Max a vraiment été surprenante. Elle n’est certes pas si manichéenne que cela et l’homme avait vraiment une personnalité très complexe mais quand même… Je dois dire aussi qu’après une série de lecture sur des personnes âgées, sur le thème de la mémoire, du souvenir, dans lequel cette lecture s’intégrait parfaitement, et après plusieurs semaines de confinement et une perspective de sortie étrange, j’ai eu un peu de mal à arriver au bout du livre, assez pesant. Mais cela n’enlève rien à ses qualités et à la sensibilité de son autrice.

« Nous en étions là. A cet amas d’histoires qui se transmettaient à notre insu sans que personne pût ordonner les choses. Lorsque je commençai à m’y intéresser, je compris que je m’étais donné la tâche d’organiser le chaos dont j’étais l’héritière. »

« Quoique je tente, je n’écrirai jamais qu’un ersatz d’une réalité que je ne peux appréhender. Plus j’avance, plus j’interroge, plus je lis, plus je me sais vague, incomplète, en-deçà de ce qui a été. Et l’écrire (faute avouée, faute à moitié pardonnée ?) ne me protège de rien. Quoique je fasse, je reste de l’autre côté. »

Nathalie SKOWRONEK, Max, en apparence, Arléa, 2013

Je publie ce billet alors que nous avons appris hier le décès de Henri Kichka à l’âge de 94 ans. Cet ancien déporté n’a cessé de témoigner de son « expérience » d’Auschwitz, auprès des jeunes notamment. « Un virus microscopique a réussi là où toute l’armée nazie avait échoué » a annoncé son fils hier 26 avril. Nathalie Skowronek évoque le témoignage écrit d’Henri Kichka dans son roman.

Demain n’existe pas encore

24 vendredi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

≈ 12 Commentaires

Étiquettes

Editions La Trace, Le Mois belge 2020, Thierry Werts

Quatrième de couverture :

Soudain, on avait frappé à une lourde porte métallique derrière le procureur, et il était entré. Menotté. Cela faisait deux ans qu’elle ne l’avait pas vu. A cet instant, un grand frisson lui avait traversé le corps et elle avait tremblé comme une feuille, mais s’était acharnée à ne rien montrer. Pourvu que la juge ne s’adresse pas à elle ! Tout, mais pas ça ! Elle avait esquissé un regard timide en direction de son père. Il avait pleuré et elle avait eu honte. Tandis qu’on s’était affairé autour de lui pour lui ôter les menottes, il avait tenté de croiser le regard de sa fille, mais en vain…

Thierry Werts est un juge belge spécialisé dans la protection de la jeunesse, les homicides et le droit humanitaire. Il a pulié un recueil poétique aux éditions Pippa, il aime les voyages et la quatrième de couverture nous dit qu’il s’est sans doute inspiré des personnes rencontrées au cours de ses voyages pour ce premier roman. Roman ou longue nouvelle, plutôt, 97 pages en gros caractères qui se lisent vite.

Ca commence avec Victoire, la maman d’Aurore, qui vient s’énerver contre l’institutrice de sa fille parce qu’elle ne fait aucun effort pour comprendre l’écriture et les difficultés d’Aurore. Un peu plus tard, on retrouve Aurore placée dans un foyer pour enfants, on comprend que son père est en prison pour avoir tué Victoire. En prison, Akemi, le père (son prénom d’origine japonaise signifie « crépuscule »), apprend qu’il est gravement malade. Encore plus tard, le père et la fille se retrouvent à Bamako dans un projet commun de galerie d’art contemporain.

J’ai apprécié la première partie de ma lecture, de nombreuses questions étaient implicites et traitées de façon sensible par l’auteur : pourquoi le père a-t-il tué sa femme ? Comment fonctionnait le couple ? Quel était le problème entre la mèreet la fille ?

Au bout du compte je suis assez déçue : certes les questions trouvent réponse mais l’auteur use tellement des ellipses, de dialogues ultra-simplifiés que j’ai eu l’impression de survoler les choses, de ne jamais les approfondir. Je crois que Thierry Werts a voulu aborder trop de thèmes dans un format court (au point que le projet de galerie d’art dans un pays en développement m’a presque paru caricatural). C’est dommage mais ce n’est que mon petit avis…

« – C’est étrange d’appeler son fils Crépuscule.
– Pas tant que cela pour une japonaise, c’est un signe d’harmonie ultime, le crépuscule permet d’atteindre l’immortalité par un allongement infini de l’instant.
– Le lien entre le jour et la nuit, entre la nuit et le jour …
– Oui, le crépuscule annonce une nouvelle naissance, c’est une période du jour propice à la réflexion au voyage intérieur, le début de quelque chose ! »

Thierry WERTS, Demain n’existe pas encore, Editions La Trace, 2019

Argali publie elle aussi un billet sur ce livre aujourd’hui.

Les notes du jeudi : Belgique toujours (4) Marie Hallynck

23 jeudi Avr 2020

Posted by anne7500 in Des Notes de Musique

≈ 6 Commentaires

Étiquettes

Claude Debussy, Le Mois belge 2020, Marie Hallynck, Muhidin Dürüoglu, violoncelle

J’ai envie de vous faire écouter Marie Hallynck, une violoncelliste belge originaire de ma petite ville de Tournai. Compagne de Muhidin Dürüoglu, fondatrice de l’Ensemble Khéops, elle a été une des artisans de l’ouverture du Concours Reine Elisabeth au violoncelle. Ce n’est pas facile de trouver des vidéos avec un morceau de musique complet. Si vous suivez le lien, vous la trouverez chez elle, en toute simplicité, dans la Sonate pour piano et violoncelle de Claude Debussy, qu’elle joue avec son mari, naturellement.

Brise de mère

22 mercredi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

≈ 12 Commentaires

Étiquettes

Alain Dantinne, Brise de mère, Le Mois belge 2020, Weyrich

Quatrième de couverture :

Une femme dans son siècle, née à la fin de la Première Guerre mondiale. Une vie dans l’ombre de son mari, de ses quatre enfants, en un temps où le patriarcat imposait renoncements et soumission aux mères. Le dernier de ses fils l’accompagne jusqu’aux portes de la mort et raconte…
Un récit riche de révoltes instinctives et d’attachement viscéral, d’incompréhensions générationnelles et de rendez-vous parfois manqués, de colères et de tendresse. Une histoire d’amours, toujours recommencées.

Ce roman est largement autobiographique, mais l’écrit Alain Dantinne lui-même, il a forcément accompli un travail de relecture, de recomposition de la vie de sa mère, de sa propre vie, de sa relation avec cette mère. Alain est le plus jeune d’une fratrie namuroise (je n’avais encore jamais lu de roman avec la ville de Namur en toile de fond – ça pourrait être une thématique pour un prochain mois belge, un roman dans une ville). Il est le benjamin donc, venu sur le tard, et aussitôt chéri, aimé par sa mère avec une force sans doute excessive (Alain Dantinne fera la comparaison avec Gary dans La promesse de l’aube : être aimé si fort dans la petite enfance, c’est être condamné à être un mendiant toute sa vie). Dans l’enfance, le petit garçon en profite pour faire mille bêtises, jamais grondé ou presque, toujours soutenu par sa mère. A l’adolescence, le garçon est de plus en plus rebelle, épris de liberté das une famille très catholique : mauvais élève, il fait régulièrement le mur, part pour de folles équipées, choque volontairement sa mère qui ne le comprend plus mais est toujours présente pour ce fils qui découvre peu à peu son homosexualité. Devenu adulte, le jeune homme parviendra à s’écarter, à trouver son autonomie mais il reviendra quand son père malade sera proche de la mort. Sa mère alors le désigne implicitement comme le gestionnaire de ses affaires, une manière pour elle de renouer, de maintenir le lien avec son fils adoré. Quand elle quittera sa grande maison pour un appartement en séniorie, Alain (avec son frère Paul) accompagnera sa mère jusqu’à la fin de sa vie.

La mère d’Alain Dantinne a vécu une vie longtemps soumise à son mari, à son devoir familial, soucieuse de préserver sans cesse les apparences, elle a souffert de manquer d’amour et de reconnaissance, notamment de sa belle-famille et en même temps, elle a opposé une forme de résistance aux choses subies par une parole tranchante d’une part et par la dépression d’autre part. Une fois veuve, elle reprend vie mais ne parviendra jamais à se défaire des frustrations anciennes.

Cette femme a existé dans le regard et le lien indéfectible avec son fils. Tout comme il s’est mis à écrire pendant qu’il accompagnait les derniers mois de vie de son père (texte paru aux Carnets du dessert de lune, Journal d’un incapable), il a aussi consigné le « journal » de l’accompagnement de sa mère dans son extrême vieillesse, dans son douloureux lâcher prise à plus de nonante ans.

Chacun peut être touché d’une façon ou d’une autre en lisant ce récit sensible et pudique, composé en quatre chapitres faits d’anecdotes, de réflexions, de références littéraires et qui disent l’amour, la maternité, le chagrin, la perte et le deuil. Qui disent la vie et la mort, tout simplement.

Alain DANTINNE, Brise de mère, Weyrich, 2017

De regrettables incidents

21 mardi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

≈ 18 Commentaires

Étiquettes

Armel Job, De regrettables incidents, Editions Robert Laffont, Le Mois belge 2020

Quatrième de couverture :

Pure comme le cristal et belle à faire damner un saint, Olga mène, auprès de sa famille d’origine kazakhe, une vie sans histoire dans une petite commune de Belgique. Jusqu’au jour où le directeur du théâtre de la ville vient proposer à son père de l’engager. En dépit de ses réticences, celui-ci finit par accepter.
Jalousée par les femmes de la troupe, convoitée par les hommes, la jeune première voit très vite les passions se déchaîner autour d’elle. Sa présence contribue à raviver de douloureux souvenirs et à révéler d’indicibles secrets. « De regrettables incidents », ainsi que les qualifie l’ancien directeur du théâtre.

Le sujet de départ est intéressant, une troupe de théâtre amateur et une future jeune première à la situation précaire puisqu’elle peut être renvoyée du jour au lendemain avec sa famille au Kazakhstan et que sa jeune soeur a une grave maladie cardiaque. Mais il me faut l’avouer, j’ai eu du mal à m’attacher à l’histoire et aux personnages au début. Il m’a bien fallu une centaine de pages pour m’accrocher. En fait c’est le moment où on comprend le sens du titre, ce que sont ces « regrettables incidents » que le roman a vraiment pris de l’intérêt pour moi. A partir de là, et après la représentation théâtrale, quand le tout prend des airs de roman policier et que l’auteur distille des surprises à rebondissements pour trouver le fin mot de l’affaire, je n’ai plus pu lâcher le livre. Armel Job a vraiment construit cette deuxième partie comme un imbroglio diabolique.

Même si ce n’est pas le meilleur Armel Job que j’aie lu, j’ai donc fini par apprécier ma lecture. Envers et contre tout, il y a une « recette Armel Job » qui fonctionne : des portraits qui font mouche, un ancrage dans le terroir, un angle différent à chaque fois (ici une jeune fille réfugiée et des couples marqués par des secrets profondément enfouis), une thématique (ici le théâtre qui fait vivre les passions si proches finalement de la vraie vie). Et je reviendrai donc avec plaisir à d’autres textes de l’auteur.

Un exemple de portrait acidulé :

« De toute façon, Arsène Chockier, que ses parents avaient pris soin d’engendrer à titre unique et définitif afin de préserver l’héritage, n’a jamais manifesté le moindre intérêt pour les activités ancestrales de la famille. Malgré une scolarité tumultueuse, il se flatte d’occuper un poste à l’université de Liège, dans le département de philosophie, une science à laquelle personne, à Jalbour, ne comprendrait rien, ce qui le dispense d’en faire étalage. La seule expression de son érudition tient dans une certaine façon de lever le menton qui confère à ses paupières l’obliquité caractéristique des universitaires se penchant vers le commun des mortels. » (p. 82-83)

Armel JOB, De regrettables incidents, Robert Laffont, 2015

Rendez-vous Armel Job en ce Mois belge – J’ai lu ce livre en même temps que mrs pepys, merci pour les échanges !

Un été sans dormir

17 vendredi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

≈ 10 Commentaires

Étiquettes

10/18, auteur flamand, Bram Dehouck, Le Mois belge 2020, Un été sans dormir

Quatrième de couverture :

C’est arrivé près de chez vous, un été étouffant, à Windhoek, petit village belge sans histoire…

Jusqu’au jour où la municipalité fait installer des éoliennes. Ce bruit de pales ! Flap, flap, flap. Le boucher en perd le sommeil. Plusieurs nuits d’insomnie et il pique du nez dans sa spécialité, une recette dont les clients raffolent. Dès lors, par un effet domino aussi logique qu’absurde, les catastrophes s’enchaînent, les instincts se libèrent, et les vengeances s’exercent… Pour le pharmacien, les amants cachés, le jeune désœuvré ou la femme du facteur, rien ne sera plus pareil à Windhoek.

Voilà un roman noir à la flamande, noir et burlesque à la fois. Tout commence dans une ambiance de kermesse, lors de l’inauguration du parc d’éoliennes de Windhoeck (village bien nommé – « wind » signifie vent, comme en anglais). Cela ne peut apporter que des bonnes choses, cette dizaine de géants d’acier de l’énergie renouvelable. C’est ce que veut croire Herman Bracke, le boucher du village, mais dès le début, il ressent comme une menace voilée en regardant les pales tourner imperturbablement. Et de fait… la nuit venue, le commerçant ne parvient pas à dormir à cause du bruit des éoliennes. Il semble le seul de ce petit bourg d’une centaine d’habitants à être incommodé. A force d’insomnie, le boucher va en plein jour tomber endormi dans sa spécialité, le pâté Bracke dont il est si fier et qui a fait sa réputation. A partir de là, comme un jeu de dominos, les événements vont s’enchaîner inexorablement jusqu’au paroxysme final que personne n’aura vu venir.

Bram Dehouck a orchestré cette tragi-comédie avec art, campant une galerie de personnages pittoresques : du pharmacien hautain à la jeune chômeuse sans aucune confiance en elle en passant par le candidat réfugié au corps de rêve et la femme du facteur à l’affût du moindre potin (et j’en passe). Dans ce contexte, le cocktail voisinage aux aguets, plus chaleur caniculaire, plus pâté avarié va rapidement devenir explosif. Ce n’est pas de la plus grande finesse mais j’ai été tenue en haleine tout au long du roman, me demandant à chaque page ce qui allait encore se passer au fur et à mesure, et je n’ai pas été déçue.

J’avais entendu l’auteur, Bram Dehouck, à la Foire du livre 2019, en conversation avec Sonja Delzongle,sur le thème des polars liés à l’écologie. S’il fallait démontrer par l’absurde que les éoliennes ne sont pas nécessairement la panacée, Bram Dehouck a réussi son coup avec ce récit truculent…

Vous pouvez lire le premier chapitre ici.

Bram DEHOUCK, Un été sans dormir, traduit du néerlandais (Belgique) par Emmanuèle Sandron, 10/18 (1è édition Mirobole, 2018

Rendez-vous flamand en ce Mois belge

La Théo des fleuves

15 mercredi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

≈ 10 Commentaires

Étiquettes

Esperluète éditions, Jean-Marc Turine, La Théo des fleuves, Le Mois belge 2020, tsiganes

Quatrième de couverture :

La vieille Théodora ne marche plus, elle ne voit plus. Mais elle se souvient et raconte. Elle nous parle de sa vie, de ses rencontres, ses amours, ses espoirs, mais aussi ses errances, ses drames et ses désillusions.
Théodora est une enfant du fleuve. Née Rom, elle a voyagé au gré des vents. Traversant le temps, elle a vécu plusieurs vies. Née à l’aube du XXe siècle, elle le traverse tout entier. Temps de guerres, de communisme, d’oppressions répétées, l’histoire des Roms se révèle au fil du roman et se confond avec celle du siècle.

Dans ma série « Mémoire et personnes âgées », après Une vie pour rien et …née Pélagie D., j’ai sorti de la PAL ce roman paru chez Esperluète et qui a été sélectionné pour le Prix des Cinq continents de la Francophonie en 2018.

Théodora appartient au peuple tsigane, elle est née dans un pays d’Europe de l’Est (qui n’est pas nommément cité par l’auteur, pas plus que les faits historiques évoqués dans le livre mais ils sont assez faciles à décrypter). Après de longues années d’exil, elle est revenue dans son pays natal pour y retrouver le fleuve qui l’a toujours portée (le Danube) et y mourir. Naître femme Rom, ce n’est pas un destin très enviable. Malgré son amour secret pour le musicien Aladin, son père l’obligera à se marier à un homme rude (et à se lier à une belle-famille méprisante). Dans ce monde, les femmes sont à la merci des pères et des maris. Mais Théodora se libérera de la violence et reviendra vivre avec sa petite fille Carmen dans sa famille d’origine. Elle apprend à lire et à écrire, elle écrit régulièrement dans un cahier tenu secret. Mais cette forme de liberté ne tiendra guère face aux exactions commises par les forces de l’ordre, au nom des lois de plus en plus répressives envers les Roms. Encore une fois, les femmes paient durement ce déchaînement de violences. C’est bientôt la deuxième guerre mondiale, l’exil forcé, la faim, le froid, les camps, l’extermination des Tsiganes. Théodora survivra, elle aura perdu sa fille mais gagné un fils adoptif, Nahum. Elle n’aura de cesse de retrouver Aladin et de construire sa vie. L’amour d’Aladin, de Nahum et de Joseph, un marin idéaliste, émailleront sa vie de lumière.

C’est vraiment un personnage attachant, Théodora, jusqu’à la fin de sa vie elle attire les gens autour d’elle, adultes ou enfants. Elle est le symbole d’un peuple fondamentalement libre mais hélas rejeté, discriminé, persécuté encore aujourd’hui. Le récit de Jean-Marc Turine est à la fois réaliste et poétique, presque onirique par moments, notamment quand il évoque le fleuve, la mer, le voyage et cela montre bien cette ambivalence entre liberté et oppression. On sent la proximité de l’auteur avec ce peuple Rom, à qui il prête sa plume. La musique, avec l’accordéon, le piano et le violon, accompagne et rythme le voyage.

« Je n’ai qu’un livre, celui que m’a donné ma mère à ma naissance et que j’ai donné à mes enfants le jour de leur naissance, la vie. Mon livre rendu fertile par la terre sur laquelle je marche en traversant les saisons. La terre me nourrit de ses fruits et me procure des plantes pour soigner nos corps, la terre qui accueille nos défunts. Mon livre se remplit de l’eau de la rivière dans laquelle je me lave et attrape les poissons, de l’eau des cascades dans laquelle jouent nos enfants nus en été et de l’eau des sources qui nous abreuvent. Je lis mon livre dans les chants et les légendes qui naissent et se recomposent autour du feu qui nous réchauffe en hiver, dans les travaux des femmes lorsque le feu cuit nos repas de tous les jours. Mon livre dit que le Tsigane ne quitte rien ni ne va quelque part, le Tsigane parcourt sa demeure, les terres qu’il traverse. La foulée tsigane est une quête infinie. »

« Théodora marche et, marchant, redonne du souffle à sa vie, elle se fait être en chemin comme une réfugiée qui porte l’avenir du monde. Théodora marche pour dompter l’espace et soumettre le temps à ses interrogations, à ses désillusions. Plus elle marche, plus elle se vide de toute pensée claire, elle crée à chaque fois un dialogue entre son corps et les sensations qu’il recueille. Le corps comme expression de l’esprit, comme exubérance de l’âme. Elle le sent : le corps vulnérable engendre les forces de l’esprit, dans la marche, en chemin, son corps à la fois puissant et fragile. Elle fuit ce qu’elle ne pourra pas oublier. Elle marche jusqu’à manquer d’air. » 

Jean-Marc TURINE, La Théo des fleuves, Esperluète, 2017

Les dimanches d’Angèle

13 lundi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

≈ 15 Commentaires

Étiquettes

Le Mois belge 2020, Les dimanches d'Angèle, Linda Vanden Bemden, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Grand-maman est entrée en maison de repos un 2 janvier. Elle y est décédée 5 ans plus tard. Il y eut donc 5 fois 52 semaines de lessives, de visites, de bisous, de sourires. Mais aussi une semaine et demie de dentier perdu, 17 jours de lunettes égarées, 14 jours d’hospitalisation, 5 anniversaires, 8,7 litres de liquides renversés, 4 Noëls et demi, 3650 tartines, principalement à la confiture. Ses angoisses. Mes réponses. Mes angoisses. Sans réponse. Et l’odeur de pisse, évidemment.

Pendant cinq ans, la grand-mère de Linda Vanden Bemden, qui perd la mémoire et est un peu désorientée, a vécu en maison de repos. Chaque fois qu’elle rentrait chez elle après une visite, la petite-fille a écrit un texte qu’elle publiait sur les réseaux sociaux. en voici , réunis dans la collection Miniatures des éditions Quadrature. Des textes qui font une phrase, quelques lignes, une page, et qui disent bien sûr le quotidien d’une dame très âgée, la vie de la maison de retraite. Il y a, malgré la vieillesse, malgré le rétrécissement de la vie, malgré la proximité de la mort toujours tapie en embuscade, il y a de la poésie, du sourire dans les éclats de vie captés par Linda Vanden Bemden. Oh il y a bien sûr parfois le soupir fataliste et un peu débordé d’un soignant, les prises de bec entre résidents qui « perdent la tête » (mais pas le coeur), mais il y a toujours énormément de bienveillance, c’est l’amour indéfectible pour sa grand-mère, « sa princesse », qui illumine ce recueil.

Les dimanches d’Angèle, des textes ciselés, un petit bijou de tendresse et d’humour.

« A l’essentiel

Voilà Angèle installée dans sa chambre double à la maison de vie et de soins.

Presque toute sa vie tient dans une garde-robe : penderie à gauche, étagères à droite, valise sur le toit. Et dans deux petits meubles : l’un à couture, l’autre à tiroirs.

Une leçon d’essentiel, à l’ombre denos encombrements. » (p. 8)

« Feu d’artifice

Ce dimanche, la maison de vie et de soins est pyrotechnie de Noël. Formué ainsi, cela semble prometteur. En réalité, pas du tout : 

-de Noël parce qu’un mini marché de Noël a prs place dans la salle à manger.

-pyrotechnique parce qu’un feu d’artifice est la comparaison qui s’impose quand un pensionnaire éternue après avoir mis en bouche une large part de tartine trempée dans le café.

Pas forcément festif mais très réussi. » (p. 19)

« Ecrits

A la maison de vie et de soin aujourd’hui, des écrits.

-Dans l’ascenseur : « Mercredi de 14h à 16h, atelier blagues et énigmes. »

-Sur le panneau d’affichage Santé : « Tu as entre 60 et 100 ans et tu souaites faire le point sur ta structure musculaire ? Participe à notre atelier. »

-Dans la salle commune : « La vie est frite de petites choses. »

Une lettre de différence et la vie prend des airs de mayonnaise. » (p. 61)

Linda VANDEN BEMDEN, Les dimanches d’Angèle, Quadrature, 2020

Des nouvelles (des Angèle) pour ce Mois belge. Nous sommes lundi mais dans l’octave de Pâques, c’est tous les jours dimanche !

 

← Articles Précédents

"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

Les mots en cours

C'est dur de mourir au printemps

Les challenges maison !

Le Mois belge d'Anne et Mina
Cliquez sur le logo pour accéder au récapitulatif 2022 et déposer vos liens


Mémoire 14-18


Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et recevoir des notifications de nouveaux articles par mail.

Rejoignez les 252 autres abonnés

Articles récents

  • La troisième fille
  • Les notes du jeudi : Alors on danse… (3) Alexandre Glazounov
  • 20 ans avec mon chat
  • Les indiscrétions d’Hercule Poirot
  • Garçon ou fille

Vos mots récents

ToursEtCulture dans La troisième fille
aifelle dans Les notes du jeudi : Alors on…
anne7500 dans 20 ans avec mon chat
anne7500 dans 20 ans avec mon chat
anne7500 dans Les blablas du lundi (39) : Re…

Les catégories de mots

Les Mots d’archives

Méta

  • Inscription
  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • WordPress.com
Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs

Étiquettes

10/18 14-18 2013 2015 2016 Actes Sud Agatha Christie Agatha Raisin enquête Albin Michel Anne Perry Argentine Armel Job automne Babel BD BD du mercredi Camille Saint-Saëns Casterman Concours Reine Elisabeth Dargaud Didier Jeunesse Editions Bruno Doucey Editions Luce Wilquin Emile Verhaeren En train Esperluète éditions Flammarion Folio Gallimard Gallmeister Guy Goffette haïkus Hercule Poirot hiver Jacques Brel Jazz Jean Sébastien Bach Le Livre de poche Le mois anglais Le Mois belge Le Mois belge 2020 Le mois belge d'Anne et Mina Leonard Bernstein Liana Levi Ludwig von Beethoven Maurice Ravel Mozart Mémoire d'encrier Métailié nouvelles Noël nuit Paris Paul Verlaine piano Pieter Aspe Pocket Points polar Poésie Premier Roman Première guerre mondiale printemps Prix Première Quadrature Québec Rentrée littéraire 2012 Rentrée littéraire 2013 Rentrée littéraire 2014 Résistance violoncelle Weyrich Xavier Hanotte Zulma étoiles

Propulsé par WordPress.com.

  • Suivre Abonné∙e
    • desmotsetdesnotes.wordpress.com
    • Rejoignez 252 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • desmotsetdesnotes.wordpress.com
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné∙e
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre