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Archives de Tag: Quadrature

Lorsque la vie déraille

02 vendredi Avr 2021

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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En train, Frank Andriat, Quadrature

Quatrième de couverture :

« Son train était prévu à 7h46 vers Bruxelles-Nord d’où il monterait dans le 8h06 vers Liège et Eupen. À 9h22, il descendrait à Verviers-Central. Elle l’attendrait sur le quai, “au pied des escaliers”, avait-elle précisé. Il se sentait un peu fou, comme le soir de leur première rencontre parisienne, quand il s’était retrouvé seul, sans elle, avec pourtant la certitude qu’elle était la femme de sa vie. »

Des voyages, des instantanés de vie surpris dans les trains. L’existence s’y conjugue, au fil des rencontres, à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Des nouvelles comme des huis clos où l’être humain se retrouve face à ses fragilités, à ses drames, mais aussi à sa faculté de résilience. Des nouvelles d’amour et de vie où chacun peut se reconnaitre.

Mon Mois belge commence bien avec ce recueil de nouvelles de Frank Andriat. J’avais reçu l’annonce du lancement en février et j’avais lu les quelques pages de la nouvelle éponyme offertes par la maison Quadrature. Evidemment il n’y avait que la moitié environ de l’histoire et j’étais tellement ferrée (et frustrée) que j’ai demandé tout de suite à recevoir un exemplaire du livre. En plus, j’aime les voyages en train, je connaissais déjà quelques romans jeunesse de Frank Andriat, ça devait me plaire. Merci infiniment à Patrick Dupuis et aux éditions Quadrature !

Six nouvelles composent ce recueil et toutes se passent dans un train.

Un grand homme : Des écrivains se retrouvent ensemble dans un TGV qui les mène à un salon du livre. L’un d’eux, auteur à succès, se montre particulièrement grossier et imbuvable envers les femmes.

Crains les trains ! : En pleine grève de la SNCF, un homme tente de dissuader sa compagne de prendre le train pour Colmar. Il la suit en voiture et essaye à tout prix de la rattraper.

Lorsque la vie déraille : Geoffrey va retrouver Dora après deux mois de mise à l’épreuve de leur amour. Sur le chemin vers la gare de Schaerbeek, il croit apercevoir la jeune femme censée l’attendre sur le quai à Verviers.

Avec des sourires et de la paix : Angéline se rend tous les jours à l’école en train avec un groupe de copains. Leur soi-disant amitié va passer à l’épreuve des préjugés et du regard sur l’autre.

La notification : Sur un mode narratif en hommage à La Modification de Michel Butor, un homme marié à une femme lumineuse traverse la France de Bordeaux à Luxembourg pour retrouver sa maîtresse au caractère totalement opposé.

Une histoire d’amour : Un couple prend le train de Bruxelles à Arlon ; le trajet permet à cet homme et à cette femme toujours amoureux de digérer ou du moins de mettre à distance un diagnostic médical qu’on vient de leur asséner.

Six nouvelles avec leur narration particulière, six décors à la fois identiques et différents (un TGV ou un train omnibus, ce n’est pas la même chose), six personnages principaux (si on compte pour un seul le couple de Une histoire d’amour) qui donnent tout de suite envie de s’intéresser à eux, de s’y attacher ou de les détester. Six ambiances que Frank Andriat sait construire avec art : la longueur des textes (une vingtaine de pages environ) permet de s’y installer et en même temps il maîtrise le suspense et dévoile les secrets au moment où on ne s’y attend pas.

Une grande humanité imprègne ces pages : peut-être, comme beaucoup de gens qui voyagent régulièrement en train, Frank Andriat s’est-il inspiré des visages et des histoires ferroviaires observés dans la vraie vie, en tout cas il nous dresse de magnifiques portraits d’hommes et de femmes avec sa finesse habituelle. Autre plaisir de lecture non négligeable : l’élégance de la langue, qui participe à la finesse des histoires (un auteur qui sait encore employer le subjonctif imparfait : respect, Monsieur ! 😉 (même si parfois c’est un peu appuyé)).

J’ai vraiment beaucoup aimé ! Ce livre sera parmi les cadeaux à gagner à la fin de ce Mois belge.

Frank ANDRIAT, Lorsque la vie déraille, Quadrature, 2021

Catégorie La lettre volée (Nouvelles)

Les dimanches d’Angèle

13 lundi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Le Mois belge 2020, Les dimanches d'Angèle, Linda Vanden Bemden, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Grand-maman est entrée en maison de repos un 2 janvier. Elle y est décédée 5 ans plus tard. Il y eut donc 5 fois 52 semaines de lessives, de visites, de bisous, de sourires. Mais aussi une semaine et demie de dentier perdu, 17 jours de lunettes égarées, 14 jours d’hospitalisation, 5 anniversaires, 8,7 litres de liquides renversés, 4 Noëls et demi, 3650 tartines, principalement à la confiture. Ses angoisses. Mes réponses. Mes angoisses. Sans réponse. Et l’odeur de pisse, évidemment.

Pendant cinq ans, la grand-mère de Linda Vanden Bemden, qui perd la mémoire et est un peu désorientée, a vécu en maison de repos. Chaque fois qu’elle rentrait chez elle après une visite, la petite-fille a écrit un texte qu’elle publiait sur les réseaux sociaux. en voici , réunis dans la collection Miniatures des éditions Quadrature. Des textes qui font une phrase, quelques lignes, une page, et qui disent bien sûr le quotidien d’une dame très âgée, la vie de la maison de retraite. Il y a, malgré la vieillesse, malgré le rétrécissement de la vie, malgré la proximité de la mort toujours tapie en embuscade, il y a de la poésie, du sourire dans les éclats de vie captés par Linda Vanden Bemden. Oh il y a bien sûr parfois le soupir fataliste et un peu débordé d’un soignant, les prises de bec entre résidents qui « perdent la tête » (mais pas le coeur), mais il y a toujours énormément de bienveillance, c’est l’amour indéfectible pour sa grand-mère, « sa princesse », qui illumine ce recueil.

Les dimanches d’Angèle, des textes ciselés, un petit bijou de tendresse et d’humour.

« A l’essentiel

Voilà Angèle installée dans sa chambre double à la maison de vie et de soins.

Presque toute sa vie tient dans une garde-robe : penderie à gauche, étagères à droite, valise sur le toit. Et dans deux petits meubles : l’un à couture, l’autre à tiroirs.

Une leçon d’essentiel, à l’ombre denos encombrements. » (p. 8)

« Feu d’artifice

Ce dimanche, la maison de vie et de soins est pyrotechnie de Noël. Formué ainsi, cela semble prometteur. En réalité, pas du tout : 

-de Noël parce qu’un mini marché de Noël a prs place dans la salle à manger.

-pyrotechnique parce qu’un feu d’artifice est la comparaison qui s’impose quand un pensionnaire éternue après avoir mis en bouche une large part de tartine trempée dans le café.

Pas forcément festif mais très réussi. » (p. 19)

« Ecrits

A la maison de vie et de soin aujourd’hui, des écrits.

-Dans l’ascenseur : « Mercredi de 14h à 16h, atelier blagues et énigmes. »

-Sur le panneau d’affichage Santé : « Tu as entre 60 et 100 ans et tu souaites faire le point sur ta structure musculaire ? Participe à notre atelier. »

-Dans la salle commune : « La vie est frite de petites choses. »

Une lettre de différence et la vie prend des airs de mayonnaise. » (p. 61)

Linda VANDEN BEMDEN, Les dimanches d’Angèle, Quadrature, 2020

Des nouvelles (des Angèle) pour ce Mois belge. Nous sommes lundi mais dans l’octave de Pâques, c’est tous les jours dimanche !

 

La journée mondiale de la gentillesse

08 lundi Avr 2019

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Jacqueline Daussain, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

À première vue, les protagonistes de ce recueil sont peu ambitieux. Ils essaient de garder leur job et leur conjoint, de réussir leur divorce, d’éduquer les enfants, de soutenir un proche, de se pencher sur un mourant… Ils espèrent être appréciés et vivre en harmonie avec leur entourage. Rien d’extraordinaire. À première vue. Car les relations humaines sont rarement simples.

Souvent honteux de leurs peurs et de leurs faiblesses, ces personnages nous touchent parce qu’ils nous ressemblent dans leur désir, si souvent contrarié, de « bien faire ».

Ce ne sont pas moins de vingt-deux nouvelles qui émaillent ce recueil de Jacqueline Daussain, le deuxième qu’elle publie chez Quadrature. Des textes courts, de deux à sept-huit pages, dont de nombreuses nouvelles à chute. C’est la première qui donne son titre au livre, où une quadra toute fraîche reçoit des marques de gentillesse inattendues dans le bus et dans la rue ; elle se rend compte que c’est son look « lendemain de la veille » sans maquillage, cheveux sales cachés dans un foulard, qui fait croire qu’elle est gravement malade. Ca fait hurler de rire sa « copine Rita qui rit toujours » et elles se prennent à jouer les malades quand elles ont envie de rire, de s’évader du quotidien et les réactions des gens sont surprenantes…

Cette nouvelle contient tout ce qui fait l’univers de Jacqueline Daussain : des gens ordinaires, la vie de tous les jours, un regard un brin décalé, un langage vif, direct, familier si nécessaire mais jamais choquant tant l’auteure est au plus près de ses personnages. En quelques pages, elle donne vie et profondeur à un personnage, brosse une situation de vie, capte les doutes, les peurs, le désir de bien faire comme le dit si bien la quatrième de couverture. Ca se passe dans un hôpital, dans la rue, dans un home pour personnes âgées, à la maison, ça parle d’amour, de divorce, de vieillesse, de deuil, de bébés, d’adultes et de vieillards : on peut tous reconnaître une situation vécue, une peur, une erreur, une envie, un amour, un désamour. C’est proche de nous mais il y a la petite touche Jacqueline Daussain, inimitable, un grain de fantaisie, un humour, un réalisme parfois féroce, une émotion qui rendent ses nouvelles vraiment attachantes.

On passe par toutes les couleurs des émotions avec ces textes. Je vous en donne quelques exemples pour vous mettre l’eau à la bouche :

Une si grande étendue de peau à caresser m’a fait vibrer et sourire : c’est la résilience, grâce à la découverte de l’écrivain Colette, d’une femme grosse et délaissée par son compagnon.

Ce n’est pas pour une fois m’a touchée : un père divorcé demande à passer plus de temps avec ses deux enfants, il vient d’apprendre que son père est gravement malade et ne sait comment affronter la situation.

Le papa de Pépette m’a fait frémir : une jeune mère est au chevet de son bébé dans le coma, on comprend au fil de ses pensées comment cette petite fille est arrivée là (Britney-Di, ça ne s’invente pas, il fallait bien mettre un peu de sourire dans cette histoire tragique).

Evidemment, la nouvelle qui m’a le plus fait rire est Cadre à Beauneux (Patrick Dupuis, l’éditeur, m’avait prévenue à la Foire du livre : ce livre est à conseiller à ceux qui ont un « petit fond catholique de tradition » – haha) : une employée d’un sanctuaire marial raconte comment elle en est venue à travailler là, « grâce à » un prêtre qui lui a appris, à elle et à bien d’autres Jojo, à discerner les vertus chrétiennes, surtout la chasteté bien sûr.

Vous l’aurez compris, j’ai passé un bon moment en cette Journée mondiale de la gentillesse !

Jacqqueline DAUSSAIN, Le journée mondiale de la gentillesse, Quadrature, 2018

RDV Nouvelles

Challenge Petit Bac – Littérature belge – Adjectif

A qui se fier ?

09 lundi Avr 2018

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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A qui se fier ?, Agnès Dumont, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

« Elise s’était contentée d’un sourire affectueux. Son grand avait toujours été ainsi : il se méfiait de tout et de tout le monde, et qu’est-ce que cela lui rapportait au bout du compte ? Des aigreurs d’estomac ou des migraines. Maux dont elle-même, heureuse nature, était le plus souvent dispensée. »

Qui sommes-nous ? Qui sont ceux qui nous entourent et que nous croyons connaître ? Nous portons un masque et les autres aussi. Mais ces masques ne sont-ils pas tout aussi vrais que ce qu’ils prétendent dissimuler ?

Plusieurs nouvelles de ce recueil ont été publiées auparavant dans des éditions collectives ou en plaquette individuelle. Du coup, j’imagine qu’il y a eu une belle collaboration entre l’auteure et l’éditeur pour nous proposer ensemble ces douze nouvelles qui, effectivement, ont toutes pour thème la trahison des apparences, les masques que l’on peut se fabriquer ou ceux auxquels croient nos proches, nos amis, nos relations. Elles ont toutes aussi un petit lien avec la ville de Liège mais il n’est pas du tout nécessaire de connaître celle-ci pour les apprécier.

Que ce soit une prof ancienne engagée humanitaire (Nous, c’est pas pareil), un ado cachottier (A qui se fier ?), une jeune couple en vacances au Portugal (Cent cinquante grammes de Christophe Colomb), un papa chargé de ramener des livres de la bibliothèque (Contre une armée de Vikings) ou encore une mère célibataire (Le coeur allègre pour d’autres péchés) pour n’en citer que quelques-uns, tous ces personnages ont quelque chose à cacher ou se croient indétectables au détecteur à mensonges ou se voient atteints par des révélations surprenantes (ou le tout à la fois). Et ce ne sont pas des situations extraordinaires : c’est un quotidien apparemment assez banal qu’observe Agnès Dumont. En quelques lignes, grâce à des détails bien ficelés, elle campe une ambiance, dessine un personnage et… l’ombre de ses doutes. Vous aurez remarqué que certains titres de nouvelles sont assez savoureux : certains sont empruntés à des citations ou à un titre de chanson, tous notés en épigraphe, et traduisent l’humour discret d’Agnès Dumont, présent dans toutes les nouvelles et un poil vachard.

« Il ne se sentait pas le courage de l’appeler sur le champ. D’entendre sa douce voix lui égrener des paroles de réconfort. C’était à lui de la réconforter, merde ! Cette seule pensée amena un nouveau martèlement sur le volant. Avant qu’il ne mette le contact et enclenche la première. Quelle que soit l’ampleur du drame dans sa vie, il y avait toujours, semblait-il, un moment où il enclenchait la première, où il repartait comme si de rien n’était. Ce constat finit de l’accabler. » (p. 33, Au mépris des sémaphores)

Quand je relis mon avis sur un recueil précédent (Demain, je franchis la frontière), je me rends compte à quel point j’ai préféré celui-ci et ça tombe bien, ma foi ! Ce livre, offert par Quadrature, sera à gagner à la fin du Mois belge… 😉

Agnès DUMONT, A qui se fier ?, Quadrature, 2018

RDV Nouvelles ce lundi

Une participation à La bonne nouvelle du lundi

Les blablas du lundi (26) : Foire du livre 2017 et idées folles

13 lundi Mar 2017

Posted by anne7500 in La vie des mots et des notes, Les blablas du lundi

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Editions Luce Wilquin, Eva avian, Foire du livre Bruxelles, Luis Sepulveda, Quadrature, Québec

Quelle merveilleuse journée à la Foire du livre ce samedi ! C’était bien trop court pour profiter de tous les exposants et éditeurs.

Cette année, j’ai fait pas mal d’éditeurs jeunesse parce que j’étais accompagnée pour la première fois de la jeune demoiselle nièce qui aura bientôt 15 ans et qui cherche son bonheur de lecture avec une certaine exigence et un enthousiasme qui font bien plaisir à Tatie (« Ma tante est un cachalot » c’est Alice Jeunesse qui le dit). Superbe découverte : La Joie de lire (que je connaissais de nom bien sûr) et les deux romans d’Els Beerten (auteure belge flamande) vantés par une très chouette libraire « Ca va vous plaire à toutes les deux, les adultes comme les ados aiment ces romans » (oh oui, oui, oui, ça a tout pour me plaire). Les titres : Nous voulons tous le paradis et Nous voulons tous les paradis – Le procès (je ne peux vous les montrer, ils sont déjà emportés par la jeunette mais j’aimerais lire au moins le premier pour le Mois belge.) Nous avons fait une looongue file pour la dédicace du deuxième tome de La fiancée de l’hiver, de Christelle Dabos (au moins l’attente permet à la miss de dominer – un peu – le frisson d’aborder l’auteure dont on a dévoré le tome 1). J’ai aussi eu la joie d’échanger quelques mots avec Eva Kavian, que j’avais envie de rencontrer depuis longtemps parce que j’aime beaucoup les romans jeunesse que j’ai lus d’elle et j’en ai profité pour lui faire signer La dernière licorne, paru chez Mijade.

La Foire, c’est bien sûr les retrouvailles avec les copines blogueuses, lectrices et/ou libraire passionnées elles aussi. La tradition du rendez-vous pique-nique et les rendez-vous programmés ou improvisés chez les éditeurs.

Retrouvailles aussi avec des éditeurs connus, appréciés, aimés :

– Chez Quadrature, les soeurs Pingault (Véronique y publie son premier recueil, Gaëlle y poursuit son joli parcours), Catherine Deschepper qui a convaincu son éditeur de publier pour la première fois des textes et des photos (mais chut, c’est une surprise). Gaëlle et Catherine m’ont reconnue, la seconde se souvenait même de mon prénom et de mon blog, j’étais médusée et très touchée.

– Chez Luce Wilquin (qui fête ses 30 ans cette année), des mots chaleureux échangés avec Valérie Cohen, Françoise Houdart, j’ai glané aussi le roman de Jean Jauniaux que j’ai très envie de lire et pour les 30 ans et deux bouquins achetés, on recevait La cerise sur les mots – Recettes littéraires, un recueil de nouvelles écrites par les auteurs maison (et ce n’est pas un vain mot). J’ai malheureusement raté Dominique Costermans, dont j’ai beaucoup aimé le premier roman (que je vous présenterai en avril).

– Evidemment, je n’ai pas oublié les éditeurs et auteurs du Québec, la classe de Larry Tremblay, le sourire et le rire de Kim Thuy et les beaux yeux bleus de Joséphine Bacon qui m’a conseillé les romans de Michel Jean (et ô miracle, il y en avait sur le stand) et la poésie de Thomas King  : le bonheur à l’état pur avec ces deux grandes dames adorables et déterminées.

Kim Thuy et Larry Tremblay parlent de leurs derniers romans et de leurs habitudes d’écrivains.

Ces retrouvailles renforcent le sentiment que la visite annuelle à la Foire fait partie de mes rituels familiers de lecture, que j’y retrouve une de mes familles de coeur, celles des livres. J’y ai retrouvé un regain de motivation à entendre certains auteurs dire leur intérêt pour nos blogs et le goût de faire connaître les auteurs et maisons d’édition belges notamment.

J’ai aussi devancé Quais du polar en achetant et en faisant signer La fin d’une histoire, le nouveau roman de Luis Sepulveda (dont la jeune demoiselle a choisi, sur les conseils d’un libraire avisé, Le vieux qui lisait des romans d’amour... soupir d’aise).

Cette journée du bonheur de lire et de parler des livres qu’on aime et qu’on a envie de partager m’a donné des idées folles : essayer de lire cette année plusieurs livres des éditions Luce Wilquin et La joie de lire, qui fêtent leurs trente ans, mais aussi des romans de chez Sabine Wespieser qui fête ses quinze ans d’édition en 2017. Pour Luce Wilquin, ça ne devrait pas poser de problème car j’en présenterai l’un ou l’autre en avril mais pour les autres, me tiendrai-je à l’idée, ne me laisserai-je pas tenter par tant d’autres sirènes livresques ?? En avril, je pourrais exhumer de ma PAL un roman de Diane Meur, auteure belge publiée chez SW. Si cette idée un peu éparpillée vous intéresse, n’hésitez pas à m’accompagner, je créerai un onglet Anniversaires d’éditeurs pour y noter nos idées de lecture !

Un kiwi dans le cendrier

05 mardi Avr 2016

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Catherine Deschepper, nouvelles, Quadrature, Un kiwi dans le cendrier

Présentation de l’éditeur :

« Inès sourit. Elle est un kiwi. Sa présence au Lutetia est aussi incongrue que celle du fruit. Dans le cendrier. Qui n’est jamais qu’un autre lieu : même fonction, mêmes enjeux. Tout ira à la décharge, comme les humains laisseront tous leurs corps à la poussière, leurs cendres iront s’envoler dans les airs, leurs os pourrir dans la terre. Qu’ils nourriront pour multiplier. Mais le voyage… le réceptacle… la qualité du cercueil. »

Dans son premier recueil de nouvelles,truculent et lucide, Catherine Deschepper peint des portraits croisés de femmes au coeur desquels elle décortique l’amour, le corps, les enfantements, le voyage, le temps qui passe, l’émotion qui se noue autour des rencontres… La voix des hommes, absente, affleure en filigrane à travers ces existences de femmes. Le propos est tendre, amer, drôle, léger, cruel aussi.

Pour preuve de son goût du décalé, du pas de côté pour aborder son sujet principal (les femmes), Catherine Deschepper prend la peine de nous rapporter les définitions des mots : kiwi, cendrier et incongru. Effectivement le titre peut paraître incongru mais vous devrez patienter un certain temps pour comprendre ce choix. (Petite preuve supplémentaire s’il en est, l’auteure m’a dédicacé ce livre en écrivant à l’envers…)

La première nouvelle, Etat civil, plante le décor ou plutôt les portraits de ces trois femmes que nous accompagnerons tout au long du recueil (ou elles nous accompagneront, car chaque lecteur/lectrice pourra sans doute reconnaître l’une ou l’autre situation entre les lignes) : Emma, mariée, la trentaine volontairement rayonnante et couronnée de quatre enfants ; Inès, quarante ans, deux enfants, fraîchement et douloureusement divorcée ; Zoé, la célibataire conquérante de cinquante ans, peur de rien et la liberté chevillée au corps.

Nous suivrons donc les trois » héroïnes » à travers des thèmes variés, le corps, l’amour, le sexe, les vacances, les loisirs, le sweet home, l’enfance, le temps. Chacune aborde ces pans du quotidien avec le caractère et la philosophie de vie qui est la sienne. Emma a décidé que sa vie serait digne d’un conte de fées (j’ai souri à chaque fois que son mari est évoqué, jamais autrement que par « le prince ») et elle fait tout pour en préserver les apparences et la réalité, le tout en élevant quatre enfants en bas âge… Inès, récemment divorcée, éprouve toutes les douleurs de la séparation mais veut se relever, se reconstruire et ne plus retomber sur un aussi mauvais numéro que le mari en allé. Quant à Zoé, femme libre, elle attire les hommes, les copines en mal de confidences, les enfants qui reconnaissent en elle l’enfant toujours prête à partager leurs jeux, bref c’est l’amie et la maîtresse idéale.

Vous vous doutez bien que, pour atteindre et réussir ces idéaux, il y a un prix à payer : des compromis interminables, une certaine solitude, l’impression de n’être parfois pas à sa place ou plus prosaïquement, ne plus jamais pouvoir prendre un bain seule, passer beaucoup de temps à pousser sa valise entre deux maisons sur des pavés inégaux ou encore se résoudre à fréquenter les sites de rencontres.

La plume de Catherine Deschepper est trempée dans l’humour et l’ironie. Si elle parle de ses trois drôles de dames à la troisième personne, avec un apparent détachement, et dans un style un peu haché (qui suit en fait la réflexion, les hésitations qu’on peut avoir face au quotidien) (et il est loin d’être inélégant, ce style), on sent bien que ses nouvelles sont nourries d’une observation très fine de multiples femmes, d’introspection aussi, d’interrogations qui hantent la vie des femmes modernes (je n’allais quand même pas écrire des femmes d’aujourd’hui car la psychologie de madame Deschepper est autrement fine que dans un magazine féminin) et aussi d’autodérision. Cela demande de l’attention, pour ne pas perdre une goutte de plaisir. En un mot, c’est passionnant. C’est brillant. C’est jubilatoire. Coup de coeur !

« Emma

Trente ans
Mariée
Quatre enfants

Emma est de ces femmes qui ont, au regard des autres femmes, tout réussi. Elle est entrée dans la vie avec un capital de départ suffisamment riche pour pouvoir laisser les conventions s’installer de façon durable et efficace dans son modèle d’existence. Emma a bien évidemment eu une enfance protégée (un peu trop), une adolescence timide (un peu trop), quelques complexes qui la poursuivent (beaucoup trop). Elle est sortie de l’âge ingrat avec un carnet de bal peu rempli et un imaginaire saturé de romances. Elle a, tout naturellement, fait des études de lettres, qu’elle a réussies sans encombre et au cours desquelles elle a rencontré ce qui, à ce moment-là, devait correspondre autant que faire se peut au prince charmant. Elle a veillé à le choisir perspicace, beau, et attentionné. Elle a multiplié les références littéraires, afin de trouver, dans chacun des gestes, actes et pensées du prince la confirmation de son état. Il était drôle, c’était un héros de Perrault (confondant en cela le personnage et l’écriture de l’auteur, le prince devenant Perrault lui-même). Il était sombre, elle évoquait les romantiques, très sombre, il en devenait Allemand. Avait-il quelque pensée légère qu’il dégageait un potentiel érotique aussi interdit que la lecture des romans du Marquis de Sade. Son indifférence même s’apparentait au flegme apparent des hommes tout en retenue de l’Angleterre de Jane Austin, mais sans nul doute, il devait se consumer d’amour à l’intérieur. » (p. 8 – première page)

« Ce qui est terrible, quand on y pense, c’est qu’Emma n’a donc jamais eu de salle de bain, puisqu’ayant quitté une famille, dont elle était membre plus ou moins consentant, pour fonder une famille dont elle est membre plénipotentiaire, elle a simplement glissé de position comme la savonnette dans la baignoire de ses illusions ablutives. De la même manière qu’elle s’interroge sur son statut de membre de la famille, elle s’interroge sur la posture à adopter au sujet de la salle de bains. » (p. 30)

Catherine DESCHEPPER, Un kiwi dans le cendrier, Quadrature, 2015

L’avis de Laeti

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Bref, ils ont besoin d’un orthophoniste !

06 samedi Fév 2016

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots français

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Bref ils ont besoin d'un orthopniste, Gaëlle Pingault, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

« D’autres candidats sont passés avant lui. Ils sont ressortis en souriant. Ou pas. Il a continué à transpirer. Et puis on l’a appelé. Il est entré. Il a vu le type derrière son bureau, qui lui a dit:

– Asseyez-vous.

Il a voulu dire bonjour. Il a dit:

– Bbbbbbbbbbbbb.

Et c’est tout. Il s’est levé. Il est sorti en courant. ça faisait des mois qu’il n’avait plus bégayé. »

Bref, ils ont besoin d’un orthophoniste! est le troisième recueil de Gaëlle Pingault. Etonnante aventure que celle de ces textes, improvisés au fil de la plume sur les réseaux sociaux fin 2011. Une tentative de faire connaître les multiples aspects de l’orthophonie, qui a déclenché un enthousiasme certain. Il semblait donc naturel de lui offrir un écrin littéraire digne de ce nom. C’est chose faite.

Gaëlle Pingault vit en Bretagne et est…orthophoniste.

Gaëlle Pingault a bien écrit des nouvelles qui mettent en scène diverses personnes et facettes rencontrées dans son métier d’orthophoniste – sinon elle ne serait pas publiée chez Quadrature – mais elle est vraiment un écrivain car son recueil est lié par l’histoire de Laure, une jeune femme apparemment ronchon, asociale et mi-intriguée mi-jalouse par sa voisine d’en face, Elisa Gardan. En fait nous ne découvrons le prénom de Laure que tard et la jeune femme révèle peu à peu pourquoi elle passe ses journées seule dans son appartement.

Une histoire aussi émouvante que les courts récits sur l’orthophonie : un bébé sourd, un gamin dyslexique, une petite fille dyscalculique, une vieille dame victime d’un AVC, un homme qui a subi une laryngectomie, un autre atteint de bégaiement, une femme dont l’opération de la thyroïde a abîmé les cordes vocales, une prof qui tire sur la corde (vocale, évidemment – tiens, tiens, voilà qui me concerne, c’est un risque du métier) : au total, une vingtaine de situations racontées avec justesse, avec humanité. Sans oublier l’humour et la légèreté qui désamorcent les drames vécus. Laure aussi se fait la championne de l’autodérision pour ne pas sombrer dans le désespoir.

Tous ces textes, signés de l’expression « Bref, il(s) a(ont) besoin d’un orthophoniste », et le contrepoint conté par Laure nous donnent envie de croire que la communication, et avec elle la vie humaine, peut s’améliorer, progresser, changer ou renaître. Grâce à la compétence et au sourire d’un ou d’une orthophoniste. Sourire communicatif, c’est gagné. Merci, Gaëlle Pingault.

« Il aimerait bien aimer l’école, mais il y a les dictées. Les sujets, les compléments d’objets directs, et les verbes. Il y a les a-avec-accent et les a-sans-accent. Les f qui s’écrivent f et les f qui s’écrivent ph. Il y a les s qui font s et les s qui font z. « Et » à la fin de paquet alors que c’est « ai » à la fin de balai. Un genre de jungle. D’abord, il n’y comprend rien. Et, quand par hasard il comprend, il ne retient pas. Et quand par miracle il retient, il ne pense jamais à l’utiliser à la dictée. Il a toujours zéro. » (p. 19)

« Ma bonne fée a encore dû rater un truc dans la distribution des machins à joyeux grelots et à pompons heureux au-dessus du berceau à ma naissance. A se demander si j’ai vraiment une bonne fée ou si les réductions d’effectif des fonctionnaires étaient déjà à la mode à l’époque. Optimiste, moi, zéro patate. » (p. 79)

Gaëlle PINGAULT, Bref, ils ont besoin d’un orthophoniste !, Quadrature, 2012

Troisième et dernier recueil de cette semaine consacrée aux nouvelles. Je me rends compte que je n’ai présenté que des textes français, tous un peu « à l’écart » de nouvelles classiques. Mina et moi avons choisi aujourd’hui de vous présenter chacune un ouvrage publié par la maison belge Quadrature. Vous découvrirez chez elle Mot compte double, de Françoise Guérin.

 

La vie par effraction

03 vendredi Avr 2015

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Jacinthe Mazzocchetti, La vie par effraction, Le Mois belge, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Quelques heures. Quelques jours tout au plus. Intrusion dans l’histoire de treize adolescents. Morceaux de vies. Arrachées. Rêvées. Courses effrénées pour tenter d’exister.

Les pas de Jessica se perdent dans les rues froides de Bruxelles, tandis que ceux d’Églantine se cherchent. Les yeux assassins de Nina. Les yeux gris de Marine. Du gris de la pluie au soleil des collines. Les rêves hauts de Maria. Le couteau de Julien. Par amour. Le couteau de Vlad. Pour les faire taire. Tous. Ne pas baisser la tête. Jamais.

Jacinthe Mazzocchetti est anthropologue et enseigne à l’Université catholique de Louvain. Elle a publié de nombreux ouvrages et articles scientifiques. Nourrie de récits, de rencontres et de voyages par sa profession, elle s’offre au travers de l’écriture littéraire une mise en mots des émotions qui l’ont imprégnée tout au long de son parcours.

Le titre et la quatrième de couverture, « Ne pas baisser la tête. Jamais. » laissent entendre que les ados héros de ces nouvelles tentent de vivre, malgré tout, ils semblent induire un écho, une intention positive dans leur lutte pour vivre. Pourtant au début de ma lecture, j’ai d’abord été frappée, presque écrasée par le sombre, le rude, le violent de leurs destins.

Violence subie par Jessica, Eglantine, Nina, Vlad, Maria, Samira et les autres, violence qu’ils portent en eux aussi, violence des sentiments quand on aime trop et trop fort. Quand on n’est pas assez aimé aussi. Cette violence, elle a pour noms maltraitance, alcoolisme, viol, inceste, génocide, fuite, exil… mais elle n’est jamais clairement nommée, elle se dévoile au détour d’une phrase, dans un silence sur la page, dans un soupir noyé de larmes, dans un cri de souffrance aiguë. Comment pourrait-elle être nommée puisque, c’est bien connu, ces formes de violence se passent de mots, elles sont souvent sourdes et aveugles, elles ne voient pas l’autre, l’être en devenir comme une personne douée de parole. Heureusement, Margot, Léa, Louis, Julien et les autres essayent envers et contre tout de sortir du cercle vicieux, tentent d’exister face à des adultes souvent enfermés dans leurs certitudes, leur ordre (im)moral, quand ils ne sont pas défaillants, absents, voire inexistants. Car ce sont les ados qui sont les héros de ces nouvelles, avec leur désir de vivre ou d’en finir, leur fièvre, leurs questions, leur idéalisme parfois bien écorné, leur incapacité à prendre distance, leur vie dans l’instant, leur brûlure intérieure.

Pour évoquer ces vies d’ados, Jacinthe Mazzocchetti emploie un style nerveux, à phrases courtes, parfois heurtées, un peu comme cette course contre le temps, cette lutte que mènent nombre de ses héros, une écriture qui rend bien le « à bout de souffle » vécu par certains. J’ai dû m’y accommoder, de même qu’au côté un peu mystérieux des textes qui ne révèlent jamais complètement les choses. Il faut lui reconnaître une grande sensibilité, une empathie envers ses personnages, de la pudeur aussi  si elle en disait trop, elle briserait les secrets intimes de ces adolescents si fragiles, qui ont déjà vécu des expériences tellement difficiles. Les corps trinquent, les personnalités se construisent vaille que vaille. Certains sont sur le chemin de la résilience mais pour d’autres, la route est encore si sombre, si remplie de souffrance… on espère qu’ils ne seront pas lâchement largués au fossé.

Un recueil exigeant sur le plan psychologique.

« Jessica

Elle s’est levée un matin. Les yeux grands. Le regard clair. Elle a ouvert l’armoire, rempli le sac, enfilé ses bottines. Elle a serré monsieur Jo contre son coeur, soulevé le couvercle de la poubelle, tué son enfance. Elle a enterré le rose terni de la peluche sous les déchets. Elle a pris un pull, fouillé le vieux portefeuille de la mère, chiffonné un billet de vingt dans le fond de sa poche. Elle s’est dirigée vers la porte. Les respirations douces de Coralie et de Nathan l’ont retenue un instant. Et puis tout s’est refermé. La pluie de la rue. Désormais.

 

Jessica avance. Son petit trente-six dans les flaques, sa silhouette frêle entre les gouttes, ses quinze ans en valise. Le vide d’une rue endormie. Il doit être cinq heures. Elle trébuche sur le chaos des pavés. Un chien aboie. Elle se presse. Une fois sortie de la cité, elle sera hors d’atteinte. Personne ne la connait au-delà. Un peu tôt pour une écolière. Une voyageuse. Anonyme. Libre.

Elle sourit, le nez dans son écharpe. Encore un tournant avant la chaussée. Un dernier coup d’oeil sur les façades tristes et les ruelles jonchées de cannettes. La rue est à nous. L’accordéon résonne.

Rejoindre la ville la plus proche. Première étape. Ne pas se faire remarquer, ne pas prendre de risques. Marcher sur le bas-côté. Baisser la tête au passage des rares véhicules. Sept kilomètres à parcourir.

Le rouge et le bleu des guirlandes habillent les devantures des portes. Par les tentures entrouvertes, elle aperçoit le doré des sapins. Elle avance, les souvenirs agglutinés dans son bagage. Le coin du feu. Le petit arbre bleu. » (p. 7-8)

Jacinthe MAZZOCCHETTI, La vie par effraction, Quadrature, 2014

Encore merci à Mina et aux éditions Quadrature, puisque j’ai gagné ce livre lors du concours de fin de l’année Quadrature.

Pour ce rendez-vous Nouvelles, Mina présente aussi un recueil de chez… Quadrature, Du côté d’elles, de Denis Riguelle.

Tous les billets des participants sont à retrouver ici.

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Mot compte double

28 vendredi Nov 2014

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots français

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Françoise Guérin, Mot compte double, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

« Les mots me font signe qu’ils ne veulent pas sortir. Ils ont dressé une barricade au fond de ma gorge, ils sont massés là, en embuscade. Fichus mots, vivants et prometteurs, qui se dérobent lorsqu’on veut les enrôler à notre service. »

Françoise Guérin nous emmène au plus profond des âmes, en des lieux inhospitaliers où, souvent, la parole est manquante, avortée ou muselée. Et pourtant, le mot est là, prêt à poindre, fulgurant, étonnant, inespéré… mot qui compte double.

Les mots.

Les mots étouffés, à moitié dits d’une séance de psychanalyse.

Les mots qui trahissent.

Les mots qui accompagnent. Les non-dits.

Les mots crachés comme ‘eau du robinet.

Les mots impossibles des enfances cassées et des blessures inavouables.

Les mots d’un groupe de parole d’A.A.

.Les mots qui tournent en boucle dans la tête folle.

Les mots de la Parole de Dieu qui te surveille.

Les mots transmis de génération en génération.

Les mots qu’on collectionne.

Les mots solidaires.

Les mots qui blessent.

Les mots qui gavent.

Les mots d’amour qu’on n’a jamais dits ou reçus.

Les mots. Françoise Guérin en connaît sans aucun doute un bon rayon puisqu’elle est passionnée d’écriture depuis l’enfance et qu’elle anime des ateliers d’écriture. On dirait qu’elle ne cesse de se nourrir de rencontres, d’humanité, de vécus ordinaires et qu’elle restitue les histoires des uns et des autres avec justesse et acuité. On sent d’emblée qu’elle a l’intelligence du coeur, qu’elle aime nous raconter ces histoires de gens tout simples, souvent très discrets ou abîmés par la vie. Son regard se pose sur les choses et les gens avec intelligence et acuité et sa plume ne craint pas de se tremper dans l’humour noir pour faire passer la pilule des mots qui font parfois si mal.

Parmi ces seize nouvelles, parfois très courtes, j’ai particulièrement aimé Je serai là jusqu’au bout, où un homme en fin de vie se remémore son histoire polonaise qu’il n’a jamais racontée à ses filles, Les uns par les autres, qui m’a ouvert un peu les yeux sur la réalité vécue par les malades alcooliques (et Dieu sait que c’est difficile de me faire plier un peu sur le sujet), Le (délicieux, irrésistible) goût du péché et Tu verras, au goût de soleil Solex et d’espoir abricot. Mais tous les textes de ce recueil sont intéressants, parfois construits de façon implacable pour nous amener à une chute plus ou moins prévisible, parfois écrits sur un mode plus sensible, plus intimiste.

Ce recueil nous invite à ouvrir les yeux sur nos semblables, sur les gens qui rasent les murs, qui attendent en silence, qui ne comprennent pas ce qui leur arrive, qui, sous leurs dehors de loques, gardent une petite étincelle qui ne demande qu’à jaillir. Il suffit d’un mot…

Françoise GUERIN, Mot compte double, Quadrature, 2007

Le blog éponyme de l’auteur

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Petit Bac 2014    Objectif PAL

A l’ombre de la fête

26 mardi Août 2014

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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A l'ombre de la fête, Marie-France Versailles, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Six nouvelles. Six incursions dans l’intimité d’une famille. Moments de crise ou aléas du parcours. Un homme s’inquiète parce que sa fille n’est pas rentrée le soir ; un garçon se demande s’il va encore rejoindre, pour les vacances, son père qui les a quittés, sa mère et lui; une femme, tout à coup, doute de son couple…
Tout le clan se réunira pour les quatre-vingt ans du grand-père… qui jettera sur sa fête une ombre inattendue.

Après le beau premier roman Sur la pointe des mots, j’ai été heureuse de retrouver la jolie plume de Marie-France Versailles à travers ces six nouvelles qui, en réalité, ne sont pas loin de constituer un roman puisque les six personnages de ces textes ont des liens de famille assez étroits et se retrouvent tous dans la dernière nouvelle pour célébrer les quatre-vingts ans du grand-père Louis.

Dès le premier texte, et même si je n’ai jamais vécu l’angoisse d’une fugue adolescente, j’ai eu l’impression de me glisser sans effort dans la tête de Frank, comme si cette langue fine et délicate mettait les mots justes sur une expérience à la fois familière et nouvelle. Et cette magie a fonctionné jusqu’au bout, avec une émotion particulière en ce qui me concerne pour Fanny, une infirmière qui réduit son horaire de travail pour pouvoir se consacrer à l’écriture et Laurence, la soeur aînée hyper-compétente qui se laisse déstabiliser un moment par une émission de radio sur l’enfance.

Pauline offre également beaucoup de richesse à l’appétit du lecteur : à travers les navettes routinières en train, la jeune femme s’interroge sur son engagement en couple. L’ambiance d’un train de navetteurs y est particulièrement bien rendue, nourrie d’une observation très sensible de l’auteure que l’on peut peut-être reconnaître dans la voix parallèle qui intervient dans le récit, celle de quelqu’un qui observe Pauline de loin, anonymement, et l’aide insensiblement à avancer dans sa vie. Une sorte de mise en abyme qui ne dit pas son nom mais qui m’a semblé habile et subtile !

A mon sens, la révélation finale du grand-père n’a pas apporté grand-chose à l’ensemble (c’est un avis tout personnel) et m’a surtout laissée avec un goût d’inachevé : finale trop abrupte à mon goût, petit bémol qui gâche un tout petit peu le coup de coeur…

« Pauline lâche le Marie-Claire, acheté à la va-vite à l’entrée de la gare. Autour d’elle, les voyageurs ont trouvé leur place et les conversations s’animent. Elle s’appuie contre son dossier, le visage tourné vers la vitre du compartiment. Avec le soir, la brume monte et brouille le paysage que le mouvement du train semble dérouler pour elle seule. Il y a une hésitation dans l’air, quelques traits de couleur parlent de printemps. Au noir brut des épicéas se mêle l’or pâle des mélèzes. Il a fait glacial toute la journée, offensive tardive d’un hiver lent à s’esquiver.

Peu à peu, la nuit se glisse entre les troncs et fige le givre qui souligne chaque branche.

Sourde aux conversations, Pauline guette l’instant secret où le gris va gagner, éteindre les couleurs et lui rendre l’agitation du wagon, le bruit du train, et la lumière crue des plafonniers. » (p. 55)

Marie-France VERSAILLES, A l’ombre de la fête, Quadrature, 2010

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