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Archives de Tag: Quadrature

Le père que tu n’auras pas

07 lundi Mar 2022

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Luc Leens, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Des nouvelles écrites à hauteur d’hommes et de femmes. Une langue qui coule de source et emporte le lecteur. Douze récits où se mêlent émotion, humour et poésie. Des personnages qui, comme nous tous, ont appris en autodidactes à être parents, enfants, époux ou simplement eux-mêmes. Rien de plus que des êtres humains qui font ce qu’ils peuvent lorsque la vie leur réserve un coup du sort : ils résistent ou ils se cachent ; ils en rient ou ils se battent. Quoi qu’ils fassent, Luc Leens ne les juge pas. Il est de leur côté.

« La vie n’est pas un roman, c’est un recueil de nouvelles inattendues, tristes, merveilleuses, déconcertantes. »
(extrait de la préface d’Armel Job)

Voici le dernier recueil en date publié par Quadrature, une nouvelle voix belge à découvrir, celle de Luc Leens, qui a d’abord été traducteur avant de se mettre à écrire lui-même des nouvelles qui lui ont déjà valu plusieurs prix. De l’auteur, l’éditeur dit : « De la traduction, il a gardé le goût de s’effacer derrière ses personnages, de les laisser vivre ou raconter leur vie avec leurs mots, leurs vérités. »

Douze nouvelles relativement courtes (de deux à dix pages), sauf la dernière qui en fait une trentaine et qui donne son titre au recueil, douze nouvelles qui ont pour point commun l’image du père ou de la mère, la transmission, l’héritage reçu ou non des parents ou tout simplement la construction de soi. L’auteur développe ces thèmes à travers différentes formes : nouvelle à chute (Bacchus), multiplication des points de vue (La peau d’une femme), nouvelle policière (Le dernier mot), nouvelle épistolaire (Le féminin de preux chevalier, Le père que tu n’auras pas) et même une forme d’anticipation (prémonitoire ??) dans Le virus de Cooper . Les personnages sont humains, les situations sont ordinaires ou presque et l’auteur nous raconte tantôt avec humour, tantôt avec émotion, toujours avec bienveillance comment Emilie, Thierry, Eva, Thomas, Isabelle et les autres affrontent ces situations et tirent plus ou moins bien leur épingle du jeu de la vie. Luc Leens marche sur un fil où il garde bien l’équilibre : j’ai craint par moments qu’il tombe dans le pathos quand il aborde les thèmes des femmes battues ou du handicap mais l’humour et/ou une lucidité salutaire rattrapent ce risque.

Je dois dire que j’ai particulièrement apprécié le féminisme de Luc Leens dans La peau d’une femme et ans Le père que tu n’auras pas, deux nouvelles qui ne manquent pas de sel non plus. J’ai aussi beaucoup ri (sur ce sujet, autant prendre distance grâce au rire) avec Le féminin de preux chevalier (ah le choix des noms !).

Bref, encore une belle découverte grâce aux éditions Quadrature et à Patrick Dupuis que je remercie !

Allez lire l’avis de Bibliofeel qui vous propose quelques extraits du livre.

Luc LEENS, Le père que tu n’auras pas, Quadrature, 2022

Petit Bac 2022 – Ligne belge Famille

L’alphabet du destin

22 mercredi Déc 2021

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Liiane Schraûwen, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Vingt-six lettres dans l’alphabet. A comme Alexia, B comme Benoît… jusqu’à Z comme Zoltan.
Vingt-six prénoms qui font alterner le féminin et le masculin.
Vingt-six fois soixante minutes entre le lundi, 1 heure du matin, et le mardi, 3 heures du matin.
Vingt-six personnages qui, au long de ces vingt-six heures, vont se croiser, et avec lesquels nous partagerons un moment. Certains ne font que passer, d’autres réapparaissent au fil des textes.
Vingt-six narrations qui, chacune, débutent par A comme Alexia, B comme Benoît, C comme Camille, D comme Didier… jusqu’à Z comme Zoltan.
Vingt-six destins, vingt-six hasards… Mais le hasard existe-t-il vraiment ?

Liliane Schraûwen et Quadrature ont placé la barre très haut en matière de nouvelles avec cette dernière publication 2021 pour la maison néolouvaniste consacrée à l’édition de la nouvelle francophone. Si chaque texte peut se lire isolément, les 26 nouvelles qui composent ce recueil – qui s’égrènent comme les lettres de l’alphabet – constituent cependant un tout intrinsèquement lié. Peut-être cette nouveauté, cette originalité se marque-t-elle par le format du livre, légèrement différent des habitudes.

Cela commence avec Alexia, qui souffre d’insomnie et d’angoisse nocturne et qui ne trouve d’autre solution pour conjurer ses cauchemars que d’appeler Benoît, son ex. Celui-ci, réveillé en pleine nuit, revoit son passé avec Alexia et prétexte qu’il doit retourner travailler à l’hôpital. En réalité, il s’arrête à l’aéroport pour se fondre dans l’anonymat des voyageurs. Il se fait repérer par Camille, une serveuse qui cherche le grand amour et collectionne les aventures. Et ainsi de suite, avec des personnages de A à Z, en alternant hommes et femmes, sur 26 heures de temps. Et nous sommes ainsi plongés dans les histoires de ces 26 personnages, aisés ou pauvres, mariés ou célibataires, jeunes ou vieux, 26 histoires qui interagissent les unes avec les autres, tissant des vies, des destins qui ne sont pas du tout étrangers les uns aux autres.

Ces histoires personnelles, c’est la vie, la vraie vie et Liliane Schraûwen les raconte avec justesse, avec finesse, avec puissance. Sa plume forte et riche en émotions fait mouche. Elle explore les relations humaines, les choix, les décisions mais aussi les hasards apparents qui peuvent bouleverser une, voire plusieurs vies et qui forgent – ou brisent – des destins humains. En quelques pages à peine, elle brosse des portraits intimes, riches d’humanité.

L’alphabet du destin est vraiment un très beau livre. Il est peut-être trop tard – si vous n’êtes pas à proximité d’une bonne librairie belge – pour le glisser sous le sapin mais il constitue un très beau cadeau en toutes circonstances !

Quelques citations sur Babelio

Liliane SCHRAUWEN, L’alphabet du destin, Quarature, 2021

Un immense merci à Patrick Dupuis et aux éditions Quadrature pour cette lecture !

Ce sera mon dernier billet de l’année, à part deux billets musicaux déjà programmés. J’ai besoin de souffler, le trimestre s’achève ce jeudi 23 décembre et cette fin d’année a été bouleversante dans mon école. Je reviendrai le mercredi 5 janvier avec un nouveau rendez-vous ! D’ici là, portez-vous bien, passez de bonnes vacances si vous avez la chance d’en prendre et vivez de belles fêtes de fin d’année !

Même pas mal

19 vendredi Nov 2021

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Brice Gautier, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Un mari toxique, une grossesse non désirée, l’amour qui s’en va, la perte d’êtres chers, un corps malade qui n’obéit plus, chaque personnage de ce recueil doit faire face à la souffrance. Certains l’apprivoiseront comme un animal sauvage, d’autres la retourneront à leur avantage, tous parviendront d’une manière ou d’une autre à l’empêcher d’envahir leur existence.

Douze nouvelles émaillent ce court recueil, qui tournent toutes autour de la douleur physique ou de la souffrance morale. Ou les deux… J’en épingle quelques-unes particulièrement marquantes.

Un homme assez terne et largué par sa femme se met à la course à pied. Peu doué au départ, il en arrive à courir plusieurs marathons par an, infligeant à son corps une épreuve physique que l’adrénaline occulte complètement. (Bigorexie)

Dans un texte entièrement au conditionnel (sauf la chute), un homme imagine qu’on lui annonce le décès de sa compagne. Une verion moderne du mythe d’Orphée. (Euridyce)

Une femme assiste à un concert de piano. Très critique car elle est elle-même pianiste, elle décide de quitter la salle, bien décidée à ne pas regagner son appartement du Vieux-Lyon sans avoir dragué un beau serveur. Mais la mémoire est trompeuse… (Quand minuit sonne)

Une jeune femme va passer seule la nuit à l’hôpital, on refuse à son compagnon de rester avec elle sur un lit de camp. Nuit au calme où les apparences vont révéler leur vrai visage et où une décision pourra enfin être prise. (Je ne veux pas d’ennuis)

Un homme découvre que sa femme le trompe en fouillant dans son téléphone. Les deux tourtereaux se sont baptisés « Têtard » et « Grenouille ». La métaphore batracienne est parfaitement filée jusqu’au dîner de grand luxe où mari et femme vont « conclure » avec ruse. (Potlacht)

Si je n’en retiens ici que cinq, c’est pour vous donner le goût de lire le recueil entier, seuls un ou deux textes m’ont paru de qualité un peu moindre. Tous mettent donc en scène des hommes et des femmes confrontés à la souffrance, mais qui essayent de contourner celle-ci, de l’esquiver, voire de l’endormir, de l’anesthésier. Leurs parades ne sont pas toujours efficaces, leurs décisions sont souvent inattendues, comme le montrent plusieurs nouvelles à chute. Brice Gautier manie l’humour – parfois noir – avec brio mais il sait aussi faire preuve d’une pudeur poignante face à certaines douleurs secrètes, cachées. L’auteur enseigne à Villeurbanne et on reconnaitra avec plaisir certains quartiers de Lyon dans ses nouvelles.

« Je décidai donc d’entrer dans un magasin de chaussures de sport.
Le vendeur repéra vite à mon allure que le trajet le plus long que j’étais capable de faire en courant était de traverser la rue pour éviter une voiture. Il s’employa donc à me vendre la paire la plus chère, la plus technique, celle qui court toute seule, qui respire de manière autonome, qui évite les cailloux et permet de marcher sur l’eau à condition d’atteindre une certaine vitesse. »

« Il m’aurait probablement fallu un père pour m’enseigner l’art complexe du bricolage, mais l’individu m’ayant engendré ne s’était pas fait connaître auprès de moi autrement que par le récit que me fit ma mère de sa fuite précipitée à l’annonce de sa grossesse avancée. »

Brice GAUTIER, Même pas mal, Quadrature, 2021

Un très grand merci à Patrick Dupuis et aux éditions Quadrature pour l’envoi de ce recueil !

Le bruit du rêve contre la vitre

14 vendredi Mai 2021

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Axel Sénéquier, nouvelles, Quadrature

Présentation de l’éditeur :

« Sandra doit arriver d’une minute à l’autre. Il faut qu’elle se dépêche car derrière la vitre, il y a le soleil bleu, la mer jaune et les étoiles violettes qui s’impatientent, il y a cette vie bourdonnante qui attend qu’on la libère, il y a ces rêves qui frappent au carreau et craignent de mourir emprisonnés. Alors épuisé mais heureux, je désigne la fenêtre. L’infirmière comprend et me sourit. Lorsqu’elle tourne la poignée, le vent impatient s’engouffre dans cette chambre close et renverse les fleurs. Le vase explose sur le sol. Et dans les morceaux épars répandus aux quatre coins de la chambre, la lumière du soir se réfléchit et nous fait plisser les yeux. »

Douze nouvelles sur le confinement, le Covid-19 et cette époque trop sure d’elle-même qu’un virus a balayée.

Du 17 mars au 11 mai 2020, Axel Sénéquier est resté confiné dans son appartement parisien. Il a mis ce temps à profit pour faire la connaissance de ses trois enfants et écrire les 12 nouvelles qui composent ce recueil, le deuxième publié par les éditions Quadrature (après Les vrais héros ne portent pas de slip rouge).

Il est aussi auteur de théâtre. Son dernier test PCR s’est révélé négatif mais il continue de se désinfecter les mains plusieurs fois par jour.

Ayant lu, je suppose, mon avis enthousiaste sur le recueil de Frank Andriat Lorsque la vie déraille, Axel Sénéquier m’a très gentiment contactée pour me proposer de lire son dernier recueil Le bruit du rêve contre la vitre. Impossible d’oublier le titre du premier – que je n’ai pas lu – : Les vrais héros ne portent pas de slip rouge 😉

Axel Sénéquier a été inspiré par le premier confinement, comme nous l’explique la quatrième de couverture. Les douze nouvelles mettent en scène des personnes ordinaires dans une situation extraordinaire et nous racontent des histoires que nous avons pu voir évoquer aux infos ou dans divers reportages. Les violences conjugales qui se sont multipliées, les Parisiens qui se sont précipités dans leur résidence secondaire, les apéros Zoom, le télétravail obligatoire, l’occasion rêvée de changer (ou pas) de vie, de métier, la situation catastrophique dans les maisons de retraite, les parents confrontés au travail scolaire et à leurs enfants toute la journée, l’isolement forcé, les applaudissements aux balcons tous les soirs pour le personnel soignant… Autant de scènes dont tout le monde a entendu parler ou a vécues de près, autant de tranches de vie finement observées et détournées par Axel Sénéquier qui rend compte des rêves, des angoisses, des ras-le-bol, de l’inventivité, de l’impuissance, des beautés ou des bêtises humaines. Comment les gens ont pris à bras-le-corps la situation ou l’ont subie, comment ils en ont profité positivement ou pas : un regard lucide et décalé, souvent teinté d’un humour salutaire, qui fait toujours mouche.

Des photographes ont décidé de rendre compte de cette étrange période en photographiant des rues vides ou ce qu’ils voyaient de leur fenêtre ou le retour de la nature en ville. Il fallait que le sujet soit traité par la fiction, pour garder une trace de nos vies confinées : Axel Sénéquier a fait une oeuvre utile tout autant qu’artistique. Merci, Monsieur.

« En décrétant le confinement, on avait comme retiré une bonde sous la ville et toute la vie s’y était échappée. Ce gamin président était un tocard, il aurait dû rester banquier. »

« Les réseaux ont ceci de tragiques qu’ils sont des trépanations virtuelles. Ils permettent d’ouvrir le crâne de ses amis et de voir ce qui se passe dans leur tête. Et parfois, c’est pas joli. »

Axel SENEQUIER, Le bruit du rêve contre la vitre, Quadrature, 2021

Un grand merci à Axel Sénéquier et aux éditions Quadrature pour la découverte de ce livre qui me permet de participer au Mai en nouvelles organisé par The flying Electra et Hop sous la couette

Petit Bac 2021 – Objet 3

Lorsque la vie déraille

02 vendredi Avr 2021

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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En train, Frank Andriat, Quadrature

Quatrième de couverture :

« Son train était prévu à 7h46 vers Bruxelles-Nord d’où il monterait dans le 8h06 vers Liège et Eupen. À 9h22, il descendrait à Verviers-Central. Elle l’attendrait sur le quai, “au pied des escaliers”, avait-elle précisé. Il se sentait un peu fou, comme le soir de leur première rencontre parisienne, quand il s’était retrouvé seul, sans elle, avec pourtant la certitude qu’elle était la femme de sa vie. »

Des voyages, des instantanés de vie surpris dans les trains. L’existence s’y conjugue, au fil des rencontres, à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Des nouvelles comme des huis clos où l’être humain se retrouve face à ses fragilités, à ses drames, mais aussi à sa faculté de résilience. Des nouvelles d’amour et de vie où chacun peut se reconnaitre.

Mon Mois belge commence bien avec ce recueil de nouvelles de Frank Andriat. J’avais reçu l’annonce du lancement en février et j’avais lu les quelques pages de la nouvelle éponyme offertes par la maison Quadrature. Evidemment il n’y avait que la moitié environ de l’histoire et j’étais tellement ferrée (et frustrée) que j’ai demandé tout de suite à recevoir un exemplaire du livre. En plus, j’aime les voyages en train, je connaissais déjà quelques romans jeunesse de Frank Andriat, ça devait me plaire. Merci infiniment à Patrick Dupuis et aux éditions Quadrature !

Six nouvelles composent ce recueil et toutes se passent dans un train.

Un grand homme : Des écrivains se retrouvent ensemble dans un TGV qui les mène à un salon du livre. L’un d’eux, auteur à succès, se montre particulièrement grossier et imbuvable envers les femmes.

Crains les trains ! : En pleine grève de la SNCF, un homme tente de dissuader sa compagne de prendre le train pour Colmar. Il la suit en voiture et essaye à tout prix de la rattraper.

Lorsque la vie déraille : Geoffrey va retrouver Dora après deux mois de mise à l’épreuve de leur amour. Sur le chemin vers la gare de Schaerbeek, il croit apercevoir la jeune femme censée l’attendre sur le quai à Verviers.

Avec des sourires et de la paix : Angéline se rend tous les jours à l’école en train avec un groupe de copains. Leur soi-disant amitié va passer à l’épreuve des préjugés et du regard sur l’autre.

La notification : Sur un mode narratif en hommage à La Modification de Michel Butor, un homme marié à une femme lumineuse traverse la France de Bordeaux à Luxembourg pour retrouver sa maîtresse au caractère totalement opposé.

Une histoire d’amour : Un couple prend le train de Bruxelles à Arlon ; le trajet permet à cet homme et à cette femme toujours amoureux de digérer ou du moins de mettre à distance un diagnostic médical qu’on vient de leur asséner.

Six nouvelles avec leur narration particulière, six décors à la fois identiques et différents (un TGV ou un train omnibus, ce n’est pas la même chose), six personnages principaux (si on compte pour un seul le couple de Une histoire d’amour) qui donnent tout de suite envie de s’intéresser à eux, de s’y attacher ou de les détester. Six ambiances que Frank Andriat sait construire avec art : la longueur des textes (une vingtaine de pages environ) permet de s’y installer et en même temps il maîtrise le suspense et dévoile les secrets au moment où on ne s’y attend pas.

Une grande humanité imprègne ces pages : peut-être, comme beaucoup de gens qui voyagent régulièrement en train, Frank Andriat s’est-il inspiré des visages et des histoires ferroviaires observés dans la vraie vie, en tout cas il nous dresse de magnifiques portraits d’hommes et de femmes avec sa finesse habituelle. Autre plaisir de lecture non négligeable : l’élégance de la langue, qui participe à la finesse des histoires (un auteur qui sait encore employer le subjonctif imparfait : respect, Monsieur ! 😉 (même si parfois c’est un peu appuyé)).

J’ai vraiment beaucoup aimé ! Ce livre sera parmi les cadeaux à gagner à la fin de ce Mois belge.

Frank ANDRIAT, Lorsque la vie déraille, Quadrature, 2021

Catégorie La lettre volée (Nouvelles)

Les dimanches d’Angèle

13 lundi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Le Mois belge 2020, Les dimanches d'Angèle, Linda Vanden Bemden, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Grand-maman est entrée en maison de repos un 2 janvier. Elle y est décédée 5 ans plus tard. Il y eut donc 5 fois 52 semaines de lessives, de visites, de bisous, de sourires. Mais aussi une semaine et demie de dentier perdu, 17 jours de lunettes égarées, 14 jours d’hospitalisation, 5 anniversaires, 8,7 litres de liquides renversés, 4 Noëls et demi, 3650 tartines, principalement à la confiture. Ses angoisses. Mes réponses. Mes angoisses. Sans réponse. Et l’odeur de pisse, évidemment.

Pendant cinq ans, la grand-mère de Linda Vanden Bemden, qui perd la mémoire et est un peu désorientée, a vécu en maison de repos. Chaque fois qu’elle rentrait chez elle après une visite, la petite-fille a écrit un texte qu’elle publiait sur les réseaux sociaux. en voici , réunis dans la collection Miniatures des éditions Quadrature. Des textes qui font une phrase, quelques lignes, une page, et qui disent bien sûr le quotidien d’une dame très âgée, la vie de la maison de retraite. Il y a, malgré la vieillesse, malgré le rétrécissement de la vie, malgré la proximité de la mort toujours tapie en embuscade, il y a de la poésie, du sourire dans les éclats de vie captés par Linda Vanden Bemden. Oh il y a bien sûr parfois le soupir fataliste et un peu débordé d’un soignant, les prises de bec entre résidents qui « perdent la tête » (mais pas le coeur), mais il y a toujours énormément de bienveillance, c’est l’amour indéfectible pour sa grand-mère, « sa princesse », qui illumine ce recueil.

Les dimanches d’Angèle, des textes ciselés, un petit bijou de tendresse et d’humour.

« A l’essentiel

Voilà Angèle installée dans sa chambre double à la maison de vie et de soins.

Presque toute sa vie tient dans une garde-robe : penderie à gauche, étagères à droite, valise sur le toit. Et dans deux petits meubles : l’un à couture, l’autre à tiroirs.

Une leçon d’essentiel, à l’ombre denos encombrements. » (p. 8)

« Feu d’artifice

Ce dimanche, la maison de vie et de soins est pyrotechnie de Noël. Formué ainsi, cela semble prometteur. En réalité, pas du tout : 

-de Noël parce qu’un mini marché de Noël a prs place dans la salle à manger.

-pyrotechnique parce qu’un feu d’artifice est la comparaison qui s’impose quand un pensionnaire éternue après avoir mis en bouche une large part de tartine trempée dans le café.

Pas forcément festif mais très réussi. » (p. 19)

« Ecrits

A la maison de vie et de soin aujourd’hui, des écrits.

-Dans l’ascenseur : « Mercredi de 14h à 16h, atelier blagues et énigmes. »

-Sur le panneau d’affichage Santé : « Tu as entre 60 et 100 ans et tu souaites faire le point sur ta structure musculaire ? Participe à notre atelier. »

-Dans la salle commune : « La vie est frite de petites choses. »

Une lettre de différence et la vie prend des airs de mayonnaise. » (p. 61)

Linda VANDEN BEMDEN, Les dimanches d’Angèle, Quadrature, 2020

Des nouvelles (des Angèle) pour ce Mois belge. Nous sommes lundi mais dans l’octave de Pâques, c’est tous les jours dimanche !

 

La journée mondiale de la gentillesse

08 lundi Avr 2019

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Jacqueline Daussain, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

À première vue, les protagonistes de ce recueil sont peu ambitieux. Ils essaient de garder leur job et leur conjoint, de réussir leur divorce, d’éduquer les enfants, de soutenir un proche, de se pencher sur un mourant… Ils espèrent être appréciés et vivre en harmonie avec leur entourage. Rien d’extraordinaire. À première vue. Car les relations humaines sont rarement simples.

Souvent honteux de leurs peurs et de leurs faiblesses, ces personnages nous touchent parce qu’ils nous ressemblent dans leur désir, si souvent contrarié, de « bien faire ».

Ce ne sont pas moins de vingt-deux nouvelles qui émaillent ce recueil de Jacqueline Daussain, le deuxième qu’elle publie chez Quadrature. Des textes courts, de deux à sept-huit pages, dont de nombreuses nouvelles à chute. C’est la première qui donne son titre au livre, où une quadra toute fraîche reçoit des marques de gentillesse inattendues dans le bus et dans la rue ; elle se rend compte que c’est son look « lendemain de la veille » sans maquillage, cheveux sales cachés dans un foulard, qui fait croire qu’elle est gravement malade. Ca fait hurler de rire sa « copine Rita qui rit toujours » et elles se prennent à jouer les malades quand elles ont envie de rire, de s’évader du quotidien et les réactions des gens sont surprenantes…

Cette nouvelle contient tout ce qui fait l’univers de Jacqueline Daussain : des gens ordinaires, la vie de tous les jours, un regard un brin décalé, un langage vif, direct, familier si nécessaire mais jamais choquant tant l’auteure est au plus près de ses personnages. En quelques pages, elle donne vie et profondeur à un personnage, brosse une situation de vie, capte les doutes, les peurs, le désir de bien faire comme le dit si bien la quatrième de couverture. Ca se passe dans un hôpital, dans la rue, dans un home pour personnes âgées, à la maison, ça parle d’amour, de divorce, de vieillesse, de deuil, de bébés, d’adultes et de vieillards : on peut tous reconnaître une situation vécue, une peur, une erreur, une envie, un amour, un désamour. C’est proche de nous mais il y a la petite touche Jacqueline Daussain, inimitable, un grain de fantaisie, un humour, un réalisme parfois féroce, une émotion qui rendent ses nouvelles vraiment attachantes.

On passe par toutes les couleurs des émotions avec ces textes. Je vous en donne quelques exemples pour vous mettre l’eau à la bouche :

Une si grande étendue de peau à caresser m’a fait vibrer et sourire : c’est la résilience, grâce à la découverte de l’écrivain Colette, d’une femme grosse et délaissée par son compagnon.

Ce n’est pas pour une fois m’a touchée : un père divorcé demande à passer plus de temps avec ses deux enfants, il vient d’apprendre que son père est gravement malade et ne sait comment affronter la situation.

Le papa de Pépette m’a fait frémir : une jeune mère est au chevet de son bébé dans le coma, on comprend au fil de ses pensées comment cette petite fille est arrivée là (Britney-Di, ça ne s’invente pas, il fallait bien mettre un peu de sourire dans cette histoire tragique).

Evidemment, la nouvelle qui m’a le plus fait rire est Cadre à Beauneux (Patrick Dupuis, l’éditeur, m’avait prévenue à la Foire du livre : ce livre est à conseiller à ceux qui ont un « petit fond catholique de tradition » – haha) : une employée d’un sanctuaire marial raconte comment elle en est venue à travailler là, « grâce à » un prêtre qui lui a appris, à elle et à bien d’autres Jojo, à discerner les vertus chrétiennes, surtout la chasteté bien sûr.

Vous l’aurez compris, j’ai passé un bon moment en cette Journée mondiale de la gentillesse !

Jacqqueline DAUSSAIN, Le journée mondiale de la gentillesse, Quadrature, 2018

RDV Nouvelles

Challenge Petit Bac – Littérature belge – Adjectif

A qui se fier ?

09 lundi Avr 2018

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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A qui se fier ?, Agnès Dumont, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

« Elise s’était contentée d’un sourire affectueux. Son grand avait toujours été ainsi : il se méfiait de tout et de tout le monde, et qu’est-ce que cela lui rapportait au bout du compte ? Des aigreurs d’estomac ou des migraines. Maux dont elle-même, heureuse nature, était le plus souvent dispensée. »

Qui sommes-nous ? Qui sont ceux qui nous entourent et que nous croyons connaître ? Nous portons un masque et les autres aussi. Mais ces masques ne sont-ils pas tout aussi vrais que ce qu’ils prétendent dissimuler ?

Plusieurs nouvelles de ce recueil ont été publiées auparavant dans des éditions collectives ou en plaquette individuelle. Du coup, j’imagine qu’il y a eu une belle collaboration entre l’auteure et l’éditeur pour nous proposer ensemble ces douze nouvelles qui, effectivement, ont toutes pour thème la trahison des apparences, les masques que l’on peut se fabriquer ou ceux auxquels croient nos proches, nos amis, nos relations. Elles ont toutes aussi un petit lien avec la ville de Liège mais il n’est pas du tout nécessaire de connaître celle-ci pour les apprécier.

Que ce soit une prof ancienne engagée humanitaire (Nous, c’est pas pareil), un ado cachottier (A qui se fier ?), une jeune couple en vacances au Portugal (Cent cinquante grammes de Christophe Colomb), un papa chargé de ramener des livres de la bibliothèque (Contre une armée de Vikings) ou encore une mère célibataire (Le coeur allègre pour d’autres péchés) pour n’en citer que quelques-uns, tous ces personnages ont quelque chose à cacher ou se croient indétectables au détecteur à mensonges ou se voient atteints par des révélations surprenantes (ou le tout à la fois). Et ce ne sont pas des situations extraordinaires : c’est un quotidien apparemment assez banal qu’observe Agnès Dumont. En quelques lignes, grâce à des détails bien ficelés, elle campe une ambiance, dessine un personnage et… l’ombre de ses doutes. Vous aurez remarqué que certains titres de nouvelles sont assez savoureux : certains sont empruntés à des citations ou à un titre de chanson, tous notés en épigraphe, et traduisent l’humour discret d’Agnès Dumont, présent dans toutes les nouvelles et un poil vachard.

« Il ne se sentait pas le courage de l’appeler sur le champ. D’entendre sa douce voix lui égrener des paroles de réconfort. C’était à lui de la réconforter, merde ! Cette seule pensée amena un nouveau martèlement sur le volant. Avant qu’il ne mette le contact et enclenche la première. Quelle que soit l’ampleur du drame dans sa vie, il y avait toujours, semblait-il, un moment où il enclenchait la première, où il repartait comme si de rien n’était. Ce constat finit de l’accabler. » (p. 33, Au mépris des sémaphores)

Quand je relis mon avis sur un recueil précédent (Demain, je franchis la frontière), je me rends compte à quel point j’ai préféré celui-ci et ça tombe bien, ma foi ! Ce livre, offert par Quadrature, sera à gagner à la fin du Mois belge… 😉

Agnès DUMONT, A qui se fier ?, Quadrature, 2018

RDV Nouvelles ce lundi

Une participation à La bonne nouvelle du lundi

Les blablas du lundi (26) : Foire du livre 2017 et idées folles

13 lundi Mar 2017

Posted by anne7500 in La vie des mots et des notes, Les blablas du lundi

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Editions Luce Wilquin, Eva avian, Foire du livre Bruxelles, Luis Sepulveda, Quadrature, Québec

Quelle merveilleuse journée à la Foire du livre ce samedi ! C’était bien trop court pour profiter de tous les exposants et éditeurs.

Cette année, j’ai fait pas mal d’éditeurs jeunesse parce que j’étais accompagnée pour la première fois de la jeune demoiselle nièce qui aura bientôt 15 ans et qui cherche son bonheur de lecture avec une certaine exigence et un enthousiasme qui font bien plaisir à Tatie (« Ma tante est un cachalot » c’est Alice Jeunesse qui le dit). Superbe découverte : La Joie de lire (que je connaissais de nom bien sûr) et les deux romans d’Els Beerten (auteure belge flamande) vantés par une très chouette libraire « Ca va vous plaire à toutes les deux, les adultes comme les ados aiment ces romans » (oh oui, oui, oui, ça a tout pour me plaire). Les titres : Nous voulons tous le paradis et Nous voulons tous les paradis – Le procès (je ne peux vous les montrer, ils sont déjà emportés par la jeunette mais j’aimerais lire au moins le premier pour le Mois belge.) Nous avons fait une looongue file pour la dédicace du deuxième tome de La fiancée de l’hiver, de Christelle Dabos (au moins l’attente permet à la miss de dominer – un peu – le frisson d’aborder l’auteure dont on a dévoré le tome 1). J’ai aussi eu la joie d’échanger quelques mots avec Eva Kavian, que j’avais envie de rencontrer depuis longtemps parce que j’aime beaucoup les romans jeunesse que j’ai lus d’elle et j’en ai profité pour lui faire signer La dernière licorne, paru chez Mijade.

La Foire, c’est bien sûr les retrouvailles avec les copines blogueuses, lectrices et/ou libraire passionnées elles aussi. La tradition du rendez-vous pique-nique et les rendez-vous programmés ou improvisés chez les éditeurs.

Retrouvailles aussi avec des éditeurs connus, appréciés, aimés :

– Chez Quadrature, les soeurs Pingault (Véronique y publie son premier recueil, Gaëlle y poursuit son joli parcours), Catherine Deschepper qui a convaincu son éditeur de publier pour la première fois des textes et des photos (mais chut, c’est une surprise). Gaëlle et Catherine m’ont reconnue, la seconde se souvenait même de mon prénom et de mon blog, j’étais médusée et très touchée.

– Chez Luce Wilquin (qui fête ses 30 ans cette année), des mots chaleureux échangés avec Valérie Cohen, Françoise Houdart, j’ai glané aussi le roman de Jean Jauniaux que j’ai très envie de lire et pour les 30 ans et deux bouquins achetés, on recevait La cerise sur les mots – Recettes littéraires, un recueil de nouvelles écrites par les auteurs maison (et ce n’est pas un vain mot). J’ai malheureusement raté Dominique Costermans, dont j’ai beaucoup aimé le premier roman (que je vous présenterai en avril).

– Evidemment, je n’ai pas oublié les éditeurs et auteurs du Québec, la classe de Larry Tremblay, le sourire et le rire de Kim Thuy et les beaux yeux bleus de Joséphine Bacon qui m’a conseillé les romans de Michel Jean (et ô miracle, il y en avait sur le stand) et la poésie de Thomas King  : le bonheur à l’état pur avec ces deux grandes dames adorables et déterminées.

Kim Thuy et Larry Tremblay parlent de leurs derniers romans et de leurs habitudes d’écrivains.

Ces retrouvailles renforcent le sentiment que la visite annuelle à la Foire fait partie de mes rituels familiers de lecture, que j’y retrouve une de mes familles de coeur, celles des livres. J’y ai retrouvé un regain de motivation à entendre certains auteurs dire leur intérêt pour nos blogs et le goût de faire connaître les auteurs et maisons d’édition belges notamment.

J’ai aussi devancé Quais du polar en achetant et en faisant signer La fin d’une histoire, le nouveau roman de Luis Sepulveda (dont la jeune demoiselle a choisi, sur les conseils d’un libraire avisé, Le vieux qui lisait des romans d’amour... soupir d’aise).

Cette journée du bonheur de lire et de parler des livres qu’on aime et qu’on a envie de partager m’a donné des idées folles : essayer de lire cette année plusieurs livres des éditions Luce Wilquin et La joie de lire, qui fêtent leurs trente ans, mais aussi des romans de chez Sabine Wespieser qui fête ses quinze ans d’édition en 2017. Pour Luce Wilquin, ça ne devrait pas poser de problème car j’en présenterai l’un ou l’autre en avril mais pour les autres, me tiendrai-je à l’idée, ne me laisserai-je pas tenter par tant d’autres sirènes livresques ?? En avril, je pourrais exhumer de ma PAL un roman de Diane Meur, auteure belge publiée chez SW. Si cette idée un peu éparpillée vous intéresse, n’hésitez pas à m’accompagner, je créerai un onglet Anniversaires d’éditeurs pour y noter nos idées de lecture !

Un kiwi dans le cendrier

05 mardi Avr 2016

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

≈ 12 Commentaires

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Catherine Deschepper, nouvelles, Quadrature, Un kiwi dans le cendrier

Présentation de l’éditeur :

« Inès sourit. Elle est un kiwi. Sa présence au Lutetia est aussi incongrue que celle du fruit. Dans le cendrier. Qui n’est jamais qu’un autre lieu : même fonction, mêmes enjeux. Tout ira à la décharge, comme les humains laisseront tous leurs corps à la poussière, leurs cendres iront s’envoler dans les airs, leurs os pourrir dans la terre. Qu’ils nourriront pour multiplier. Mais le voyage… le réceptacle… la qualité du cercueil. »

Dans son premier recueil de nouvelles,truculent et lucide, Catherine Deschepper peint des portraits croisés de femmes au coeur desquels elle décortique l’amour, le corps, les enfantements, le voyage, le temps qui passe, l’émotion qui se noue autour des rencontres… La voix des hommes, absente, affleure en filigrane à travers ces existences de femmes. Le propos est tendre, amer, drôle, léger, cruel aussi.

Pour preuve de son goût du décalé, du pas de côté pour aborder son sujet principal (les femmes), Catherine Deschepper prend la peine de nous rapporter les définitions des mots : kiwi, cendrier et incongru. Effectivement le titre peut paraître incongru mais vous devrez patienter un certain temps pour comprendre ce choix. (Petite preuve supplémentaire s’il en est, l’auteure m’a dédicacé ce livre en écrivant à l’envers…)

La première nouvelle, Etat civil, plante le décor ou plutôt les portraits de ces trois femmes que nous accompagnerons tout au long du recueil (ou elles nous accompagneront, car chaque lecteur/lectrice pourra sans doute reconnaître l’une ou l’autre situation entre les lignes) : Emma, mariée, la trentaine volontairement rayonnante et couronnée de quatre enfants ; Inès, quarante ans, deux enfants, fraîchement et douloureusement divorcée ; Zoé, la célibataire conquérante de cinquante ans, peur de rien et la liberté chevillée au corps.

Nous suivrons donc les trois » héroïnes » à travers des thèmes variés, le corps, l’amour, le sexe, les vacances, les loisirs, le sweet home, l’enfance, le temps. Chacune aborde ces pans du quotidien avec le caractère et la philosophie de vie qui est la sienne. Emma a décidé que sa vie serait digne d’un conte de fées (j’ai souri à chaque fois que son mari est évoqué, jamais autrement que par « le prince ») et elle fait tout pour en préserver les apparences et la réalité, le tout en élevant quatre enfants en bas âge… Inès, récemment divorcée, éprouve toutes les douleurs de la séparation mais veut se relever, se reconstruire et ne plus retomber sur un aussi mauvais numéro que le mari en allé. Quant à Zoé, femme libre, elle attire les hommes, les copines en mal de confidences, les enfants qui reconnaissent en elle l’enfant toujours prête à partager leurs jeux, bref c’est l’amie et la maîtresse idéale.

Vous vous doutez bien que, pour atteindre et réussir ces idéaux, il y a un prix à payer : des compromis interminables, une certaine solitude, l’impression de n’être parfois pas à sa place ou plus prosaïquement, ne plus jamais pouvoir prendre un bain seule, passer beaucoup de temps à pousser sa valise entre deux maisons sur des pavés inégaux ou encore se résoudre à fréquenter les sites de rencontres.

La plume de Catherine Deschepper est trempée dans l’humour et l’ironie. Si elle parle de ses trois drôles de dames à la troisième personne, avec un apparent détachement, et dans un style un peu haché (qui suit en fait la réflexion, les hésitations qu’on peut avoir face au quotidien) (et il est loin d’être inélégant, ce style), on sent bien que ses nouvelles sont nourries d’une observation très fine de multiples femmes, d’introspection aussi, d’interrogations qui hantent la vie des femmes modernes (je n’allais quand même pas écrire des femmes d’aujourd’hui car la psychologie de madame Deschepper est autrement fine que dans un magazine féminin) et aussi d’autodérision. Cela demande de l’attention, pour ne pas perdre une goutte de plaisir. En un mot, c’est passionnant. C’est brillant. C’est jubilatoire. Coup de coeur !

« Emma

Trente ans
Mariée
Quatre enfants

Emma est de ces femmes qui ont, au regard des autres femmes, tout réussi. Elle est entrée dans la vie avec un capital de départ suffisamment riche pour pouvoir laisser les conventions s’installer de façon durable et efficace dans son modèle d’existence. Emma a bien évidemment eu une enfance protégée (un peu trop), une adolescence timide (un peu trop), quelques complexes qui la poursuivent (beaucoup trop). Elle est sortie de l’âge ingrat avec un carnet de bal peu rempli et un imaginaire saturé de romances. Elle a, tout naturellement, fait des études de lettres, qu’elle a réussies sans encombre et au cours desquelles elle a rencontré ce qui, à ce moment-là, devait correspondre autant que faire se peut au prince charmant. Elle a veillé à le choisir perspicace, beau, et attentionné. Elle a multiplié les références littéraires, afin de trouver, dans chacun des gestes, actes et pensées du prince la confirmation de son état. Il était drôle, c’était un héros de Perrault (confondant en cela le personnage et l’écriture de l’auteur, le prince devenant Perrault lui-même). Il était sombre, elle évoquait les romantiques, très sombre, il en devenait Allemand. Avait-il quelque pensée légère qu’il dégageait un potentiel érotique aussi interdit que la lecture des romans du Marquis de Sade. Son indifférence même s’apparentait au flegme apparent des hommes tout en retenue de l’Angleterre de Jane Austin, mais sans nul doute, il devait se consumer d’amour à l’intérieur. » (p. 8 – première page)

« Ce qui est terrible, quand on y pense, c’est qu’Emma n’a donc jamais eu de salle de bain, puisqu’ayant quitté une famille, dont elle était membre plus ou moins consentant, pour fonder une famille dont elle est membre plénipotentiaire, elle a simplement glissé de position comme la savonnette dans la baignoire de ses illusions ablutives. De la même manière qu’elle s’interroge sur son statut de membre de la famille, elle s’interroge sur la posture à adopter au sujet de la salle de bains. » (p. 30)

Catherine DESCHEPPER, Un kiwi dans le cendrier, Quadrature, 2015

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