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~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Catégorie: De la Belgitude

Les Pas perdus du Paradis

12 mardi Jan 2021

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Catherine Deschepper, Editions de Beauvilliers, exil, maladie d'Alzheimer

Quatrième de couverture :

Nathan a seize ans. Un cerveau un peu trop encombrant, des amis triés sur le volet, des parents qui se disputent tout le temps, une grand-mère un peu dingue et une amoureuse qui a fui l’Erythrée. Nathan a seize ans et son univers s’écroule, un soir de pluie (les drames arrivent toujours les soirs de pluie), quand il apprend tout à la fois que Saïma a décidé de partir en « Youké » et que les fantaisies de sa grand-mère vont la condamner à la séniorie. L’une n’a plus d’endroit où loger, l’autre ne peut plus vivre seule dans sa petite maison de la rue du Paradis. La solution semble toute trouvée…

Catherine Deschepper a déjà écrit deux recueils de nouvelles publiés chez Quadrature, Un kiwi dans le cendrier et Bruxelles à contrejour et voilà qu’elle a trouvé un petit éditeur français pour publier son premier roman destiné aux grands ados. Je pense que celui-ci peut même carrément plaire aux adultes par les thématiques qu’il aborde.

Le narrateur est donc Nathan, seize ans, confronté à la détresse d’une famille venue d’Erythrée et qui a traversé l’enfer pour arriver en France (petit détail, je ne sais pourquoi, je me sentais plus en Belgique qu’en France en lisant ce roman). Il est tombé amoureux de Saïma, la fille aînée. Un jour, la mère et la petite soeur de Saïma sont arrêtées par la police et retenues en centre fermé. La jeune fille, qui a échappé par miracle à l’arrestation, veut réaliser le rêve de sa mère : atteindre le Royaume-Uni, le « Youké ». Et pour la cacher, en attendant le grand départ, Nathan (et ses potes, très importants dans l’histoire) trouvent la solution qu’ils pensent géniale : faire habiter Saïma chez Mamynou, la grand-mère de Nathan, dont l’esprit commence à divaguer joyeusement (ou dangereusement, selon le point de vue) depuis quelque temps et que les parents du garçon envisagent très sérieusement de placer. 

Deux thèmes assez lourds donc, l’exil et la maladie d’Alzheimer auxquels se greffent les amours adolescentes et l’amitié. Sur quatre saisons, Nathan et ses amis, Saïma vont grandir, la vraie vie va les presser d’avancer, d’évoluer, d’inventer des lendemains qu’on espère meilleurs. « C’est ça la vie ! » comme aiment à le répéter Saïma et Mamynou. Les adultes vont eux aussi apprendre de cette expérience inédite. Certes Mamynou m’a paru vraiment très à l’ouest dans ses délires et ces jeunes gens portent vraiment beaucoup sur leurs épaules, la fin m’a paru un peu abrupte mais la finesse psychologique que j’avais tant appréciée dans Un kiwi dans le cendrier, le traitement moderne des thèmes sont intéressants. Le roman est plein d’humour et d’espoir finalement, sous la plume élégante de Catherine Deschepper.

Catherine DESCHEPPER, Les Pas perdus du Paradis, Editions de Beauvilliers, 2020

P.S. J’espère que ce joli premier roman sera suivi d’autres textes qui seront mieux mis en valeur par cet éditeur (ou un autre, mais oui ?) : ne vous laissez pas arrêter par cette couverture très austère…

L’avis d’Argali

Challenge Petit Bac 2021 : Adjectif

A propos de Pre

28 lundi Sep 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Daniel Charneux, Editions M.E.O.

Quatrième de couverture :

Pete Miller, un jogger vieillissant, a été l’ami de Steve Prefontaine, une légende du demi-fond américain. Arrivé à l’âge de la retraite, il décide de raconter – avec pour toile de fond la participation des Nifty Tortoises, son équipe de vétérans, au célèbre Hood to Coast Relay et l’histoire des États-Unis des années cinquante à nos jours –, l’épopée sportive de celui que ses supporters surnommaient « Pre ». Un athlète qui professait une haute opinion de son sport : « Selon Steve, l’important n’était pas la victoire, mais la manière. Gagner une course en la gérant, restant prudemment derrière pour démarrer dans le dernier tour, c’était bon pour les poules mouillées, pour les comptables. Ce n’était pas ainsi que lui, Steve Prefontaine, voyait la course. “Et comment la vois-tu, la course, toi, Plouc, avait demandé Bowerman ? – Comme une œuvre d’art, coach ! Une œuvre d’art.” ».

Ce n’est pas la première fois que Daniel Charneux s’inspire d’un personnage bien réel pour écrire un de ses romans : dans Nuage et eau, il nous racontait l’histoire du moine bouddhiste Ryôkan. Ici c’est de l’athlète américain Steve Prefontaine (1951-1975) qu’il raconte le parcours : un coureur doué, obstiné, spécialisé dans les distances de 1500 à 10 000 mètres, qui a « profité » de ses études universitaires pour s’entraîner sérieusement et se faire connaître déjà au-delà de son état natal l’Oregon et des Etats-Unis et qui se préparait aux J.O. de Montréal quand il perdit brutalement la vie dans un accident de voiture. C’était un athlète particulier, qui préférait le style et le panache à la tactique  : faire la course en tête du début à la fin, c’était son idée, comme prouver qu’un coureur issu d’un milieu modeste pouvait se hisser au rang des grands (au prix d’un courage et d’un travail acharnés).

Daniel Charneux fait raconter ce destin par Pete Miller, un narrateur lui-même très amateur de jogging qui a été l’ami de celui qu’on appelait Pre. Veuf, vieillissant, Pete se souvient de celui qui a détenu de nombreux records des Etats-Unis au temps où il courait, mais aussi de sa propre femme morte d’un cancer et d’une course de relais ambitieuse à laquelle il a participé avec tout un groupe de copains quelques mois auparavant.

C’est donc un roman qui parle de course à pieds, de performances, d’ambition mais aussi d’amitié, de deuil, de résilience, de mémoire. Le tout dans la langue fluide et élégante de Daniel Charneux. Bon, je n’ai pas été aussi séduite que le moine Ryôkan (je ne suis définitivement pas sportive) mais j’ai passé un bon moment en compagnie de Steve et de Pre. En toile de fond, l’Amérique des droits civiques, de la guerre au Vietnam, les Jeux olympiques de Munich en 1972 avec l’attentat palestinien, entre autres. De plus, le profane comme moi apprendra quelques anecdotes intéressantes sur l’entraînement et l’équipement des coureurs à pieds.

Merci à Gérard Adam et aux éditions M.E.O. !

Daniel CHARNEUX, A propos de Pre, éditions M.E.O., 2020

Comme tout se passe dans l’Oregon, je peux inscrire ce roman dans le Mois américain.

Pas faite pour

16 mercredi Sep 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions M.E.O., Rentrée littéraire 2020, Véronique Adam

Quatrième de couverture :

Cécile, obscure professeur de violon, plaquée par un compagnon qui réussit mieux qu’elle dans la musique, est une jeune femme frustrée, aigrie, manquant de confiance en elle. Ses amies lui offrent pour son trente-cinquième anniversaire un abonnement à une salle de sport qui va donner à sa vie un tour inattendu.
L’amitié d’une monitrice va l’amener à mettre ses préjugés de côté et lui faire découvrir un univers pour lequel elle ne s’imaginait pas faite.
La rencontre d’un abonné de la salle va bousculer son image d’elle-même et la déposer – peut-être – à l’aube d’une autre existence..

Véronique Adam signe ici un premier roman nourri de sa propre expérience : elle-même est violoniste de formation et a joué dans différentes tournées et événements télévisés puis elle s’est passionnée pour le fitness dont elle a fait son nouveau métier et où elle s’est illustrée au plan sportif. Je crois que j’ai choisi ce livre parce que, comme l’héroïne Cécile au début du roman, je me sens aussi éloignée du fitness et de toute autre envie sportive qu’elle. Mais le cadeau offert par ses amies va finir par prendre beaucoup de place dans sa vie et par carrément la transformer. Elle va gagner en confiance en elle, son regard sur les autres va changer en positif et elle va même rencontrer l’amour, pas le grand amour de toute une vie mais une relation suffisamment forte pour participer à sa métamorphose.

C’est un roman qui peut paraître feel good mais qui illustre bien la vie des jeunes femmes actuelles, leur vie trépidante et pourtant lassante, leurs amitiés, leurs amours qu’elles n’hésitent pas à remettre en question pour un mieux (ou pas – l’ex-compagne de Danny semble rester dans un modèle assez traditionnel étouffant… pour l’homme). Il est intéressant aussi pour l’ouverture d’esprit renouvelée de Cécile grâce à sa coach Véro (tiens, tiens, la coach s’appelle Véronique 😉 non,non, les adeptes du fitness ne pensent pas qu’à leurs muscles.)

Une année de vie racontée avec fluidité par Véronique Adam.

Un grand merci à Gérard Adam et aux éditions M.E.O.

Véronique ADAM, Pas faite pour, Editions M.E.O., 2020

#belgiqueterrelitteraire

Pumpkin Autumn Challenge –Automne Douceur de vivre – Siroter un chocolat chaud sous les saules (feel good)

Exquises petites morts

30 samedi Mai 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions M.E.O., Liliane Schraûwen, nouvelles

Quatrième de couverture :

L’amour… On le cherche, on le poursuit, on le fait et le défait, on en jouit, on en souffre. On le chante, l’écrit, le peint, le joue et le feint… On meurt pour lui, ou l’on tue. Mais que recouvre ce mot ? Nous aimons Dieu (parfois), notre patrie (rarement), nos parents, nos enfants. Nous aimons rire et chanter, nous aimons le sport, le cinéma, et même le chocolat ou le bon vin. Nous aimons nos rêves, nous aimons aimer. Nous aimons, aussi et surtout, cette moitié d’orange dont on nous a dit et répété qu’elle existe, qu’elle est là, quelque part, à nous attendre, et qu’elle comblera tous nos désirs, tous nos besoins.
Le même terme pour désigner tant de choses : possession, jouissance, domination, jalousie, volupté, tendresse, sacrifice… Depuis toujours, Éros et agapè jouent à cache-cache pour mieux nous tromper. Parfois, ils se trompent eux-mêmes, et tout dérape. Le bus fait une embardée, la déception nous dévore, la belle endormie oublie de se réveiller, la foudre frappe pour de bon…

J’ai choisi ce livre parmi les trois propositions d’édition de mai de la maison M.E.O. : j’étais curieuse de découvrir la plume de Liliane Schraûwen, dont des textes ont aussi été publiés chez Luce Wilquin et Quadrature.

« La petite mort », c’est ainsi que l’on désignait l’épilepsie dans la médecine ancienne. Cette expression a pris un sens figuré et familier pour désigner l’orgasme. Au fil de dix-sept nouvelles, Liliane Schraûuwen explore le sentiment amoureux et tout particulièrement le désir : celui qui naît au premier regard ou au premier contact physique, celui qui se contrôle voluptueusement, celui qui domine, celui qui veut posséder à tout prix. Les jeux sado-masochistes, le voyeurisme, le harcèlement, les fantasmes s’invitent dans le sentiment amoureux. Ce qui est intéressant, comme le dit la quatrième de couverture, c’est le moment où les choses dérapent, où la puissance se fait dominatrice, où le jeu érotique devient mortel.

Bon, il me faut avouer que les écrits sur l’intimité amoureuse, l’érotisme, ce n’est pas trop mon goût. Alors, pourquoi, e demanderez-vous, ai-je demandé ce livre ? Eh bien, il faut que je vous avoue qu’après quelques nouvelles bien écrites mais trop « physiques » à mon goût, mon attention a été réveillée grâce à les nouvelles Rabelais, Victor et moi » et Aglaé. La première met en scène une jeune ado qui croit dur comme fer que les bébés naissent par l’oreille, comme Gargantua, la seconde imagine une autre ado totalement fan d’une autrice, Aglaé (qui ressemble furieusement à une certaine Amélie N.) qui lui écrit des lettres de plus en plus pressantes jusqu’à une rencontre tragique avec son idole. L’humour de ces deux textes a relancé mon intérêt pour toutes ces situations amoureuses qu’analyse Liliane Schraûwen avec finesse.

J’ai aussi été touchée par la nouvelle La chance, qui dresse le portrait impitoyable de la moderne solitude des coeurs, de l’égoïsme, l’indifférence, l’irresponsabilité générées dans notre société. J’ai aussi aimé la dernière nouvelle du recueil, Eros et Thanatos, qui évoque une autre forme de solitude et un fantasme particulier. Le titre de ce dernier texte résume à lui seul les subtils aléas du sentiment amoureux.

Au final, je ne regrette pas du tout cette découverte, cachée sous une couverture soignée. Merci à Gérard Adam et aux éditions M.E.O pour l’envoi de ce livre !

Liliane SCHRAUWEN, Exquises petites morts, M.E.O., 2020

Elisabeth de Belgique Une reine entre guerre et paix

27 mercredi Mai 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Non Fiction

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biographie, Concours Reine Elisabeth, Elisabeth de Belgique, Patrick Weber

Quatrième de couverture :

Arrière-grand-mère du roi des Belges intronisé en 2013, Philippe, et avant lui épouse, mère et grand-mère de rois, Elisabeth (1876-1965) est née Wittelsbach, en Bavière. Nièce et filleule de Sissi, éprise de liberté comme l’impératrice, elle a pourtant su mettre sa couronne au service de ses belles ambitions, politiques et artistiques. Incarnation de la résistance belge en 1914 puis prématurément veuve d’Albert Ier, elle a gagné son surnom de « reine rouge » à la fin de sa vie après sa rencontre avec Mao. Entre-temps, elle n’aura cessé d’étonner par son anticonformisme et sa défense acharnée de la paix. Excellente musicienne, elle a fondé le prestigieux concours Reine-Elisabeth. Grande voyageuse, elle a compté parmi les premiers visiteurs de la tombe de Toutankhamon. Fidèle en amitié, elle fut proche d’Albert Einstein, de Romain Rolland, d’Albert Schweitzer, de Colette… 

Si la vie était « normale », en cette dernière semaine de mai, les Belges mélomanes seraient en train de vibrer au son des pianistes finalistes du Concours Reine Elisabeth. Mais le concours a été reporté à l’année prochaine à cause de cette saleté de virus. Pour compenser, j’ai sorti de ma PAL cette biographie de la Reine Elisabeth, écrite par Patrick Weber, journaliste de télé et de radio, écrivain, curieux de nombreux sujets (et homme d’une élégance raffinée à mon goût, ce qui ne gâte rien).

Elisabeth de Wittelsbach, née en Bavière, était la filleule d’une autre Elisabeth, Sissi l’impératrice d’Autriche. Si elle tient de sa marraine une forme d’exaltation et d’énergie brûlante, elle a néanmoins les pieds bien sur terre par son éducation. Son père était féru de science, de nature, d’observation et il tenait aussi à porter secours aux autres. C’est ainsi qu’il fit des études d’ophtalmologie et ouvrit plusieurs cliniques pour soigner un maximum de gens. Il transmet à sa fille cette attention aux autres ainsi que l’amour des arts. Sa mère l’initie à la religion, mais pas comme un carcan. Elisabeth a aussi appris plusieurs langues étrangères qui lui ont permis plus tard de communiquer lors de ses nombreux voyages. C’est une princesse ouverte d’esprit, curieuse, moderne qui rencontre en 1897 le prince Albert de Belgique qu’elle épousera le 2 octobre 1900. Il paraît qu’elle était assez petite et très mince, voire maigre, qu’elle ne correspondait pas aux canons de la beauté en vigueur et que sa santé était assez fragile

Albert n’était pas censé être roi : un peu comme le père d’Elizabeth II d’Angleterre, il a été « obligé » de monter sur le trône après la mort du fils de Léopold II et celle de son frère aîné. Après Léopold Ier et Léopold II qui ont construit la Belgique (le deuxième ayant sans doute une stature trop grande pour ce petit pays et lui ayant légué la colonie du Congo) et ont choisi leurs épouses pour raisons diplomatiques, le nouveau couple qui monte sur le trône à la fin de 1909 change complètement la figure de la royauté. C’est un mariage d’amour, un couple solide malgré les différences. Il paraît qu’elle était assez petite et très mince, voire maigre, qu’elle ne correspondait pas aux canons de la beauté en vigueur et que sa santé était assez fragile (ce qui ne l’a pas empêchée de vivre quasiment nonante ans). Albert était pessimiste de nature, Elisabeth pleine d’allant et d’énergie. Dans ce petit pays toujours prêt à se diviser, ils vont entrer dans la légende avec leur action pendant la première guerre mondiale, lui comme roi chevalier, toujours aux côtés de ses soldats qu’il tient à ménager au maximum, elle comme la reine infirmière, fondatrice de l’hôpital de l’Océan à la pointe des soins pour les blessés de guerre. Après la guerre, Albert accroît encore son prestige en accordant le suffrage universel (du moins aux hommes) et en donnant plus de place à l’identité flamande. Dès lors, durant les années 1920, le couple royal symbolisera vraiment l’unité de la Belgique et vivra des moments exaltants : Elisabeth assiste à l’ouverture de la tombe de Toutankhamon et crée une fondation égyptologique, le couple royal visite le Congo, Léopold, l’héritier du trône, épouse la sublime Astrid de Suède, qui sera tout autant adulée qu’Elisabeth par les Belges.

Les années trente sont, on le sait, plus sombres : la crise économique, les bruits de guerre, la mort accidentelle du roi Albert le 17 février 1934, celle d’Astrid en août 1935, l’invasion de la Belgique en 1940 et la capitulation de Léopold III, qui entraînera après la guerre la question royale et l’accession au trône du jeune Baudouin en 1951. Elisabeth a toujours soutenu les choix de son fils aîné, plaidant pour lui en coulisses, notamment par correspondance.

Une fois les choses apaisées, à partir de 1951, à l’äge de 75 ans, Elisabeth entame une nouvelle vie : elle peut désormais se consacrer totalement à ses passions, la musique évidemment, en relançant le Concours qu’elle a créé en 1937 (et dont elle a eu l’idée dès 1931 avec son ami Eugène Ysaÿe, en créant notamment la Chapelle musicale qui porte toujours son nom). La reine se consacrera encore à de nombreux voyages, au Congo, en Pologne, en Union soviétique et en Chine, au grand dam des autorités belges crispées par ces voyages en pleine guerre froide. Mais Elisabeth a toujours été une femme libre, un peu comme Churchill il lui fallait des défis pour se sentir vivante et elle n’a cessé de mener ces périples et ces rencontres que pour faire progresser la paix et l’amitié entre les peuples. Elle fut notamment amie, au nom de la paix, de la musique, de la culture, avec Albert Einstein, Romain Rolland, Colette, Albert Schweitzer, entre autres.

C’était une fameuse personnalité, pleine d’humour et de ténacité, qui finissait toujours par faire ce qu’elle voulait. Sans doute ne pouvait-on pas résister longtemps à son regard pervenche.

Je suis contente de connaître un peu plus en détail cette reine mythique de la Belgique au travers de cette biographie de Patrick Weber, qui se lit comme un roman. J’aime beaucoup cette mystérieuse photo de couverture, prise sur la plage d’Ostende le 4 août 1911. (Et pour une fois il y a de la non fiction sur ce blog, ça faisait longtemps.)

Patrick WEBER, Elisabeth de Belgique Une reine entre guerre et paix, Payot, 2014 (1è édition  1998)

 

 

De sang royal

29 mercredi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots noirs

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Commissaire Van In, Le Livre de poche, Le Mois belge 2020, Pieter Aspe

Quatrième de couverture :

Alors que le commissaire van In est informé de la mort de Marcus Heydens, retrouvé pendu chez lui, Hannelore, sa compagne, revient passablement éméchée, d’un rendez-vous avec Valentin, le fils de Marcus. Van In, persuadée qu’elle le trompe, ne décolère pas. Suicide ou meurtre ? Que ce bon vivant très fortuné ait mis fin à ses jours semble peu probable. Lorsque Hannelore disparaît, l’affaire prend un tour dramatique, qui va pousser Van In aux portes du Palais royal… Secrets de la grande bourgeoisie belge, imbroglios amoureux, règlements de comptes au commissariat… Impulsif et incorrigible, le célèbre commissaire brugeois est ici au mieux de sa forme !

Je termine mes lectures de ce mois belge avec mon petit Pieter Aspe annuel. Ici Van In et son adjoint Versavel enquêtent sur un puis deux meurtres d’hommes liés à la même femme. En effet celle-ci a eu quatre enfants de trois pères différents et l’un d’eux pourrait bien être celui qui, à l’époque, était un prince connu pour courir le guilledou et est devenu le roi des Belges : vous avez bien compris, il s’agit d’Albert II (pas nommé évidemment par Pieter Aspe), frère du roi Baudouin et père de notre roi actuel. L’affaire se corse pour Van In, car le fils de la première victime, Valentin Heydens, a renoué avec Hannelore, la femme du commissaire, et que celle-ci sent renaître les braises de son ancien amour pour Valentin. De plus, un des pères a gardé son amitié royale, qui le protège notablement. Ajoutez à cela une pincée de franc-maçonnerie et de haute bourgeoisie brugeoise et cela donne un cocktail (non,non, pas une Duvel) potentiellement explosif.

Van In est effectivement en pleine forme, ses réconciliations sur l’oreiller avec Hannelore sont affriolantes (et rassurantes pour la suite) mais j’avoue que ce qui a pimenté ma lecture, c’est la mise en scène d’Albert et Paola, oh très discrète mais très réaliste et surtout les liens inévitables qu’on ne peut s’empêcher de faire avec la réalité : il y a quelques semaines seulement s’est enfin achevé le feuilleton judiciaire et médiatique qui opposait le roi Albert II et sa fille illégitime Delphine Boêl, reconnue sa fille biologique après moult négations, recours, cachotteries et autre test ADN. Le roman de Pieter Aspe a été publié en flamand en l’an 2000 et « l’affaire Delphine Boël » a éclaté en 1999. Le romancier a-t-il été inspiré par cela ? On sait que la réalité dépasse la fiction…

Après de nombreuses lectures très sérieuses et un peu lourdes à la longue, je suis contente de m’être divertie en compagnie du commissaire Van In et de son fidèle brigadier Versavel (qui a été un peu ébranlé dans sa fidélité mais qui s’est repris – cela augure peut-être de prochaines péripéties…)

Quelques citations qui m’ont fait rire une fois de plus :

« Un franc-maçon qui annonce son appartenance à une loge avec une telle facilité, c’était presque aussi louche qu’un supporter d’Anderlecht qui affirmerait devant la caméra après seulement deux petites pils que le club de Bruges avait mérité sa victoire. » (p. 63)

« A l’arrivée de Van In et Versavel, la moitié des habitants de la rue du Pot-à-la-Crème se pressaient sur le trottoir. Alice Deboodt égrenait son chapelet et récitait des Ave Maria à un rythme qui aurait scotché Thérèse d’Avila. » (p. 120)

Et une citation frappée au coin du bon sens :

« Des touristes transis de froid bayaient aux corneilles devant la statue de Jan Breydel et Pieter De Coninck, ces bourgeois qui avaient fait mordre la poussière à la chevalerie française en l’an de grâce 1302 et que le mouvement nationaliste flamand avait récupérés au XIXè siècle pour en faire les symboles du combat pour l’émancipation, tant vis-à-vis de la France que des élites francisées de Flandre. Contrairement à ce que prétendaient les manuels d’histoire, leur lutte n’avait rien d’idéaliste. Jan Breydel était grossiste en jambons. S’il s’était insurgé contre les Français, c’était pour ds raisons avant tout commerciales. De toute façon, se disait Van In en contemplant la scène, les guerres et les révolutions ont toujours une explication financière ou religieuse. Quant aux crimes, ils ont en général pour mobile la folie ou le désir. » (p. 300)

Pieter ASPE, De sang royal, Le Livre de poche, 2012 (Albin Michel, 2010)

Max, en apparence

27 lundi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Arléa, Le Mois belge 2020, Nathalie Skowronek

Quatrième de couverture :

En apparence, Max avait laissé Auschwitz derrière lui.
Une histoire ancienne qui avait fini par s’effacer, comme dans mon souvenir le numéro tatoué sur son bras qu’enfant je connaissais par cœur, et que j’avais pourtant fini par oublier.
Mon grand-père Max était à présent un homme d’affaires qui, associé à Pavel, son vieil ami des camps, trafiquait par-dessus le mur de Berlin pour alimenter la nomenklatura d’Allemagne de l’Est en produits de luxe et marchés divers. Tout aurait été pour le mieux, Max vivant au milieu de sa cour, si ce départ pour Berlin (qui avait été il n’y a pas si longtemps le cœur de la machine de mort) ne s’était fait au prix de l’abandon de son épouse et de sa petite fille, restées à Liège.
En apparence seulement.
Car Max chaque matin faisait le tour du zoo de Berlin, avec dans ses poches ses pilules, et un petit sac de diamants.

J’ai lu le premier roman de Nathalie Skowronek, Karen et moi,  il y a cinq ans déjà, j’ai longuement attendu avant de renouer avec elle,par crainte sans doute de ne pas retrouver le même enchantement (parfois je crains de ne plus rien avoir à lire d’un auteur aimé, pourtant ici trois titres sont parus depuis Max, en apparence, dont un tout récent).

Nathalie Skowronek fait allusion à son premier roman dans celui-ci, mais je ne me souvenais pas qu’elle évoquait déjà si explicitement le mal-être lié à ses ascendants, aux manques, aux trous dans son histoire familiale marquée par la déportation des Juifs de Belgique. Donc on peut dire que la narratrice de Karen et moi était déjà presque un double de l’autrice. Ici, celle-ci part sur les traces de son grand-père maternel, Max, rescapé d’Auschwitz ou plutôt de Jawischowitz, un des camps satellites où les prisonniers travaillaient durement à la mine de charbon. Max dont une grande partie de la famille a disparu à Auschwitz, ses parents, sa première femme, une soeur et des frères. Max qui a survécu aux marches de la mort. Une fois revenu, il s’est assez vite remarié avec Rayele, mais il a rapidement délaissé sa femme et sa fille (la mère de Nathalie Skowronek) pour vivre en Allemagne, à Berlin, et y mener des affaires plus ou moins louches avec un ami rescapé lui aussi du même camp, naviguant entre RDA et RFA et s’enrichissant rapidement et volontairement dans le pays où était né le régime nazi.

Max n’a jamais – ou si peu – évoqué ce qu’il avait vécu à Auschwitz. Consciente que les silences familiaux ont mené à la dépression de sa mère et à son propre mal-être, Nathalie Skowronek mène l’enquête auprès des membres survivants de la famille, dont certains ont émigré en Israël. Elle essaye aussi de rassembler ses propres souvenirs, avec pour fil conducteur le numéro tatoué sur le bras de Max, signe non verbal, implicite alors que l’homme n’a jamais raconté son histoire. L’auteure amasse aussi une quantité impressionnante de lectures sur le sujet, ce qui l’aide à construire son roman, tandis qu’elle ne cesse de se poser des questions sur la pertinence de sa recherche.

Cette lecture a suscité en moi de multiples sentiments. J’ai aimé tout cet aspect de recherche et de questionnement bien légitime et tellement délicat de la part de l’autrice vis-à-vis de sa famille. J’ai été surprise par la personnalité de Max, qui a recouvert de silence tout ce qu’il avait subi en tant que Juif jusqu’à la libération des camps : pendant quelques années, j’ai organisé pour les rhétos de mon école la rencontre avec d’anciens déportés et la question de la transmission semblait tellement évidente pour ces personnes que la volonté de silence de Max a vraiment été surprenante. Elle n’est certes pas si manichéenne que cela et l’homme avait vraiment une personnalité très complexe mais quand même… Je dois dire aussi qu’après une série de lecture sur des personnes âgées, sur le thème de la mémoire, du souvenir, dans lequel cette lecture s’intégrait parfaitement, et après plusieurs semaines de confinement et une perspective de sortie étrange, j’ai eu un peu de mal à arriver au bout du livre, assez pesant. Mais cela n’enlève rien à ses qualités et à la sensibilité de son autrice.

« Nous en étions là. A cet amas d’histoires qui se transmettaient à notre insu sans que personne pût ordonner les choses. Lorsque je commençai à m’y intéresser, je compris que je m’étais donné la tâche d’organiser le chaos dont j’étais l’héritière. »

« Quoique je tente, je n’écrirai jamais qu’un ersatz d’une réalité que je ne peux appréhender. Plus j’avance, plus j’interroge, plus je lis, plus je me sais vague, incomplète, en-deçà de ce qui a été. Et l’écrire (faute avouée, faute à moitié pardonnée ?) ne me protège de rien. Quoique je fasse, je reste de l’autre côté. »

Nathalie SKOWRONEK, Max, en apparence, Arléa, 2013

Je publie ce billet alors que nous avons appris hier le décès de Henri Kichka à l’âge de 94 ans. Cet ancien déporté n’a cessé de témoigner de son « expérience » d’Auschwitz, auprès des jeunes notamment. « Un virus microscopique a réussi là où toute l’armée nazie avait échoué » a annoncé son fils hier 26 avril. Nathalie Skowronek évoque le témoignage écrit d’Henri Kichka dans son roman.

Demain n’existe pas encore

24 vendredi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Editions La Trace, Le Mois belge 2020, Thierry Werts

Quatrième de couverture :

Soudain, on avait frappé à une lourde porte métallique derrière le procureur, et il était entré. Menotté. Cela faisait deux ans qu’elle ne l’avait pas vu. A cet instant, un grand frisson lui avait traversé le corps et elle avait tremblé comme une feuille, mais s’était acharnée à ne rien montrer. Pourvu que la juge ne s’adresse pas à elle ! Tout, mais pas ça ! Elle avait esquissé un regard timide en direction de son père. Il avait pleuré et elle avait eu honte. Tandis qu’on s’était affairé autour de lui pour lui ôter les menottes, il avait tenté de croiser le regard de sa fille, mais en vain…

Thierry Werts est un juge belge spécialisé dans la protection de la jeunesse, les homicides et le droit humanitaire. Il a pulié un recueil poétique aux éditions Pippa, il aime les voyages et la quatrième de couverture nous dit qu’il s’est sans doute inspiré des personnes rencontrées au cours de ses voyages pour ce premier roman. Roman ou longue nouvelle, plutôt, 97 pages en gros caractères qui se lisent vite.

Ca commence avec Victoire, la maman d’Aurore, qui vient s’énerver contre l’institutrice de sa fille parce qu’elle ne fait aucun effort pour comprendre l’écriture et les difficultés d’Aurore. Un peu plus tard, on retrouve Aurore placée dans un foyer pour enfants, on comprend que son père est en prison pour avoir tué Victoire. En prison, Akemi, le père (son prénom d’origine japonaise signifie « crépuscule »), apprend qu’il est gravement malade. Encore plus tard, le père et la fille se retrouvent à Bamako dans un projet commun de galerie d’art contemporain.

J’ai apprécié la première partie de ma lecture, de nombreuses questions étaient implicites et traitées de façon sensible par l’auteur : pourquoi le père a-t-il tué sa femme ? Comment fonctionnait le couple ? Quel était le problème entre la mèreet la fille ?

Au bout du compte je suis assez déçue : certes les questions trouvent réponse mais l’auteur use tellement des ellipses, de dialogues ultra-simplifiés que j’ai eu l’impression de survoler les choses, de ne jamais les approfondir. Je crois que Thierry Werts a voulu aborder trop de thèmes dans un format court (au point que le projet de galerie d’art dans un pays en développement m’a presque paru caricatural). C’est dommage mais ce n’est que mon petit avis…

« – C’est étrange d’appeler son fils Crépuscule.
– Pas tant que cela pour une japonaise, c’est un signe d’harmonie ultime, le crépuscule permet d’atteindre l’immortalité par un allongement infini de l’instant.
– Le lien entre le jour et la nuit, entre la nuit et le jour …
– Oui, le crépuscule annonce une nouvelle naissance, c’est une période du jour propice à la réflexion au voyage intérieur, le début de quelque chose ! »

Thierry WERTS, Demain n’existe pas encore, Editions La Trace, 2019

Argali publie elle aussi un billet sur ce livre aujourd’hui.

Brise de mère

22 mercredi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Alain Dantinne, Brise de mère, Le Mois belge 2020, Weyrich

Quatrième de couverture :

Une femme dans son siècle, née à la fin de la Première Guerre mondiale. Une vie dans l’ombre de son mari, de ses quatre enfants, en un temps où le patriarcat imposait renoncements et soumission aux mères. Le dernier de ses fils l’accompagne jusqu’aux portes de la mort et raconte…
Un récit riche de révoltes instinctives et d’attachement viscéral, d’incompréhensions générationnelles et de rendez-vous parfois manqués, de colères et de tendresse. Une histoire d’amours, toujours recommencées.

Ce roman est largement autobiographique, mais l’écrit Alain Dantinne lui-même, il a forcément accompli un travail de relecture, de recomposition de la vie de sa mère, de sa propre vie, de sa relation avec cette mère. Alain est le plus jeune d’une fratrie namuroise (je n’avais encore jamais lu de roman avec la ville de Namur en toile de fond – ça pourrait être une thématique pour un prochain mois belge, un roman dans une ville). Il est le benjamin donc, venu sur le tard, et aussitôt chéri, aimé par sa mère avec une force sans doute excessive (Alain Dantinne fera la comparaison avec Gary dans La promesse de l’aube : être aimé si fort dans la petite enfance, c’est être condamné à être un mendiant toute sa vie). Dans l’enfance, le petit garçon en profite pour faire mille bêtises, jamais grondé ou presque, toujours soutenu par sa mère. A l’adolescence, le garçon est de plus en plus rebelle, épris de liberté das une famille très catholique : mauvais élève, il fait régulièrement le mur, part pour de folles équipées, choque volontairement sa mère qui ne le comprend plus mais est toujours présente pour ce fils qui découvre peu à peu son homosexualité. Devenu adulte, le jeune homme parviendra à s’écarter, à trouver son autonomie mais il reviendra quand son père malade sera proche de la mort. Sa mère alors le désigne implicitement comme le gestionnaire de ses affaires, une manière pour elle de renouer, de maintenir le lien avec son fils adoré. Quand elle quittera sa grande maison pour un appartement en séniorie, Alain (avec son frère Paul) accompagnera sa mère jusqu’à la fin de sa vie.

La mère d’Alain Dantinne a vécu une vie longtemps soumise à son mari, à son devoir familial, soucieuse de préserver sans cesse les apparences, elle a souffert de manquer d’amour et de reconnaissance, notamment de sa belle-famille et en même temps, elle a opposé une forme de résistance aux choses subies par une parole tranchante d’une part et par la dépression d’autre part. Une fois veuve, elle reprend vie mais ne parviendra jamais à se défaire des frustrations anciennes.

Cette femme a existé dans le regard et le lien indéfectible avec son fils. Tout comme il s’est mis à écrire pendant qu’il accompagnait les derniers mois de vie de son père (texte paru aux Carnets du dessert de lune, Journal d’un incapable), il a aussi consigné le « journal » de l’accompagnement de sa mère dans son extrême vieillesse, dans son douloureux lâcher prise à plus de nonante ans.

Chacun peut être touché d’une façon ou d’une autre en lisant ce récit sensible et pudique, composé en quatre chapitres faits d’anecdotes, de réflexions, de références littéraires et qui disent l’amour, la maternité, le chagrin, la perte et le deuil. Qui disent la vie et la mort, tout simplement.

Alain DANTINNE, Brise de mère, Weyrich, 2017

De regrettables incidents

21 mardi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Armel Job, De regrettables incidents, Editions Robert Laffont, Le Mois belge 2020

Quatrième de couverture :

Pure comme le cristal et belle à faire damner un saint, Olga mène, auprès de sa famille d’origine kazakhe, une vie sans histoire dans une petite commune de Belgique. Jusqu’au jour où le directeur du théâtre de la ville vient proposer à son père de l’engager. En dépit de ses réticences, celui-ci finit par accepter.
Jalousée par les femmes de la troupe, convoitée par les hommes, la jeune première voit très vite les passions se déchaîner autour d’elle. Sa présence contribue à raviver de douloureux souvenirs et à révéler d’indicibles secrets. « De regrettables incidents », ainsi que les qualifie l’ancien directeur du théâtre.

Le sujet de départ est intéressant, une troupe de théâtre amateur et une future jeune première à la situation précaire puisqu’elle peut être renvoyée du jour au lendemain avec sa famille au Kazakhstan et que sa jeune soeur a une grave maladie cardiaque. Mais il me faut l’avouer, j’ai eu du mal à m’attacher à l’histoire et aux personnages au début. Il m’a bien fallu une centaine de pages pour m’accrocher. En fait c’est le moment où on comprend le sens du titre, ce que sont ces « regrettables incidents » que le roman a vraiment pris de l’intérêt pour moi. A partir de là, et après la représentation théâtrale, quand le tout prend des airs de roman policier et que l’auteur distille des surprises à rebondissements pour trouver le fin mot de l’affaire, je n’ai plus pu lâcher le livre. Armel Job a vraiment construit cette deuxième partie comme un imbroglio diabolique.

Même si ce n’est pas le meilleur Armel Job que j’aie lu, j’ai donc fini par apprécier ma lecture. Envers et contre tout, il y a une « recette Armel Job » qui fonctionne : des portraits qui font mouche, un ancrage dans le terroir, un angle différent à chaque fois (ici une jeune fille réfugiée et des couples marqués par des secrets profondément enfouis), une thématique (ici le théâtre qui fait vivre les passions si proches finalement de la vraie vie). Et je reviendrai donc avec plaisir à d’autres textes de l’auteur.

Un exemple de portrait acidulé :

« De toute façon, Arsène Chockier, que ses parents avaient pris soin d’engendrer à titre unique et définitif afin de préserver l’héritage, n’a jamais manifesté le moindre intérêt pour les activités ancestrales de la famille. Malgré une scolarité tumultueuse, il se flatte d’occuper un poste à l’université de Liège, dans le département de philosophie, une science à laquelle personne, à Jalbour, ne comprendrait rien, ce qui le dispense d’en faire étalage. La seule expression de son érudition tient dans une certaine façon de lever le menton qui confère à ses paupières l’obliquité caractéristique des universitaires se penchant vers le commun des mortels. » (p. 82-83)

Armel JOB, De regrettables incidents, Robert Laffont, 2015

Rendez-vous Armel Job en ce Mois belge – J’ai lu ce livre en même temps que mrs pepys, merci pour les échanges !

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