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Archives de Tag: 10/18

Les sortilèges du Cap Cod

15 mardi Déc 2020

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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10/18, Richard Russo

Quatrième de couverture :

Il suffit d’un mariage pour que celui de Joy et Jack Griffin, la soixantaine, vole en éclats. Un an plus tard, les noces de leur propre fille au cap Cod scellent leurs retrouvailles. De retour sur les lieux de son enfance, Jack vient y disperser les cendres de ses impitoyables et défunts parents. Le contexte invite à la crise existentielle. Et le bilan des ratés est lourd !

De Richard Russo, je n’ai lu jusqu’à présent – et il y a longtemps – que Le déclin de l’empire Whiting, dont je n’ai que le souvenir de l’avoir beaucoup aimé, au point d’acheter d’autres romans de l’auteur sans leur accorder de temps… Shame on me ! Aussi quand Ingamnic a proposé une LC Richard Russo pour ce 15 décembre, j’ai sauté sur l’occasion. J’ai choisi ce roman pour son format assez court (327 pages), je crois que j’aurais eu du mal à m’arrimer à un roman plus log en ce moment. Et la magie Russo (et Cap Cod) a fonctionné !

Deux mariages, une rupture, des souvenirs en masse, il ne se passe pas grand-chose dans Les sortilèges du Cap Cod, mais le regard à la fois acéré et empathique de l’auteur vous embarque dans l’histoire de ses personnages : le couple Jack Griffin et sa femme Joy, leur fille Laura et ses amis Kelsey et Sunny Kim, le fiancé de Laura, le coscénariste de Jack, Tommy,  et surtout les parents de Jack et de Joy.

Les parents du premier sont des universitaires aigris de nature, qui ont tenté de compenser les années académiques qu’ils jugeaient pourries dans des vacances annuelles au Cap Cod, dans des locations plus ou moins chic selon l’état annuel de leurs finances. Jack a gardé en mémoire la valeur symbolique attachée à cet endroit et aussi les émotions liées à la rencontre un été d’une vraie famille bien plus aimante que la sienne. Quant à Joy, elle vient d’une famille nombreuse où tout le monde porte un prénom en J (je me rends compte en écrivant qu’elle a épousé un homme en J) et où la carrière universitaire importe bien moins que la convivialité, l’attachement, la fidélité indéfectible. Jack et Joy veulent construire leur vie de couple de façon personnelle, ils bâtissent leur parcours en tentant de rester fidèles à « la convention de Truro » qu’ils ont établie lors de leur voyage de noces. Mais quand vient le temps du mariage de leur fille unique, il faut se rendre à l’évidence : les modèles de leurs parents ont influencé, consciemment ou non, leur propre mode de vie de couple. A l’instar de sa mère, snob universitaire invétérée, Jack ne peut s’empêcher de mépriser sa belle-famille tout en acceptant, la mort dans l’âme, son aide financière et Joy souffre de la raideur affective de son mari.

Le mariage de Kelsey, un an avant celui de Laura, fait éclater les ressentiments dans le couple. Et remonter les souvenirs d’enfance, de jeunesse des uns et des autres à la surface. C’est par le regard de Jack Griffin que nous suivons ce remue-ménage psychologique. Un an plus tard, alors qu’il transporte toujours les cendres de ses parents, à disperser quelque part au Cap Cod, le mariage de Laura va dénouer tous les noeuds dans un dîner de répétition apocalyptique : qu’est-ce que j’ai ri, qu’est-ce que c’était bien fichu !

C’est un roman sur le couple, la famille, l’héritage plus ou moins encombrant des parents pour leurs enfants. Les sortilèges du Cap Cod sont à prendre à double sens : magie de l’enfance, magie du souvenir qui jette aussi un voile falsifié sur les personnages devenus adultes. Richard Russo nous emmène au coeur de ces sortilèges dans une construction impeccable, avec empathie et ironie mêlées. De quoi me donner envie de continuer à le lire !

« Pour Griffin, qui avait maintenant cinquante-sept ans – à peu près l’âge de ses parents lorsqu’il avait épousé Joy -, les noms de localités du cap avaient gardé toute leur magie : Falmouth, Woods Hole, Barnstable, Dennis, Orleans, Harwich. Ces toponymes le ramenaient à son enfance, au siège arrière de la voiture familiale, où il avait passé une bonne partie de sa jeunesse, sans ceinture, les bras posés sur les sièges avant, à tendre l’oreille pour attraper des bribes de ce qu’ils se disaient sans jamais essayer de l’inclure dans leurs conversations. Non pas qu’elles l’aient intéressé tant que ça, mais il était conscient que se prenaient là des décisions ayant des conséquences directes sur sa vie, et, s’il les interceptait assez tôt, peut-être aurait-il l’opportunité de donner son avis. Malheureusement, le simple fait que son menton soit posé sur l’appuie-tête semblait l’exclure d’emblée. Dans l’ensemble, les informations qu’il glanait ne valaient pas tant d’efforts. « Wellfleet, disait par exemple sa mère, le nez dans un atlas routier. Pourquoi est-ce qu’on n’a jamais essayé Wellfleet ? » L’année où Griffin entra en seconde, celle de leur dernier séjour au cap, ils avaient déjà ratissé les locations saisonnières de la région. Chaque été, au moment de rendre les clés à l’agence, on leur demandait s’ils envisageaient de revenir l’année suivante. Ils répondaient toujours par la négative, et Griffin commençait à douter que cet endroit rêvé existe pour de bon. Il finit par conclure que le chercher leur suffisait peut-être. »

« C’était au sujet de l’endroit où ils passeraient leur lune de miel qu’ils avaient connu leur premier vrai désaccord. Elle penchait pour les côtes du Maine où elle allait en vacances quand elle était petite. Chaque été, la famille louait la même vieille baraque à moitié en ruines non loin de l’endroit où sa propre mère avait grandi. Les huisseries laissaient passer les courants d’air, la charpente craquait, et le parquet était tellement voilé que si un pion des petits chevaux tombait de la table de la cuisine, on courait après jusque dans le salon pour le récupérer. Mais ils y étaient habitués, et il y avait assez de place pour loger les parents, les cinq enfants et les éventuels visiteurs du week-end. Joy se souvenait des dîners en famille et des excursions le soir vers un parc d’attraction de la région, des parties de Monopoly et des tournois de Cluedo qui duraient la journée entière quand il pleuvait. Même après la mutation de son père dans l’Ouest, ils retournaient passer le mois de juillet dans le Maine, malgré les plages de galets et l’eau trop froide pour s’y baigner. Joy était allée jusqu’à suggérer de louer cette même maison pour leur lune de miel. Ce qui appelait la Grande Question numéro un : pourquoi Griffin l’avait-il convaincue d’aller au cap à la place ? Puisque l’opportunité leur était donnée de suivre les traces d’un mariage heureux – celui des parents de Joy l’avait été, sans l’ombre d’un doute -, pourquoi choisir l’exemple misérable donné par ses propres parents ? »

« Griffin était obligé de reconnaître que la côte déchiquetée du Maine était époustouflante, et sa lumière d’une telle pureté qu’elle en était presque douloureuse. Il ne pouvait s’empêcher de se demander comment les choses auraient évolué si ses parents étaient tombés amoureux de cette partie du monde plutôt que du cap Cod. L’immobilier y aurait été beaucoup moins cher, d’où la question suivante : se seraient-ils satisfaits d’une propriété dans leurs moyens ? En définitive, tout l’attrait du cap, ou presque, résidait dans son inaccessibilité scintillante, sa capacité magique à leur échapper d’année en année, cette fameuse étoffe dont sont faits les songes. »

Richard RUSSO, Les sortilèges du Cap Cod, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, 10/18, 2012 (Quai Voltaire, 2010)

LC Richard Russo :

Retour à Martha’s Vineyard chez Ingamnic, Kathel, Krol, 

Le déclin de l’empire Whiting chez Aifelle, 

Et m…! chez Lilly, 

 

La famille Middlestein

30 mercredi Sep 2020

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots nord-américains

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10/18, Jami Attenberg, La famille Middlestein

Quatrième de couverture :

Comment survivre à sa famille?

Bienvenue chez les Middlestein, une famille au bord de la crise de nerfs depuis qu’Edie, la mère, risque d’y passer si elle ne prend pas au sérieux ses problèmes d’obésité. Le pompon? Le père la guitte pour découvrir à soixante ans les affres du speed dating. Une trahison impardonnable pour leur célibataire de fille, un rebondissement que voudrait bien oublier le fils en fumant son joint quotidien, si sa femme ne s’était pas mis en tête de sauver Edie à grand renfort de Pilates et de Weight Watchers. Une question taraude toutefois les Middlestein : et s’ils étaient tous un peu responsables du sort d’Edie ?

Bienvenue chez les Middlestein, une famille juive d’une banlieue de Chicago dont le personnage central est (comme dans toute bonne famille juive) Edie, la mère qui est vraiment très grosse (ce qu’on appelle de l’obésité morbide) et qui se fout comme d’une guigne (ou presque) des conseils des médecins, des recommandations de sa fille Robin et de sa belle-fllle Rachelle, « une pudibonde obsessionnelle et coincée » (du moins sous le regard de son beau-père Richard Middlestein), et des anxiétés de ses petits-enfants. Mais quand son mari Richard la quitte, entre deux opérations chirurgicales, toute la famille éclate et même Edie, qui s’est toujours bien cachée et caparaçonnée sous sa couche de graisse, vacille.

Jami Attenberg passe d’un personnage à l’autre et d’une époque à l’autre (elle joue pas mal de l’effet de prolepse) dans l’histoire de cette famille née de l’exil pour en comprendre tous les membres, leurs ambitions, leurs rêves, leurs angoisses, leur rapport au corps et au désir et bien sûr, à la nourriture. Une famille pas ultra-religieuse mais qui célèbre les grandes fêtes juives qui marquent aussi son identité (et qui sont aussi de fameuses occasions de célébrer la nourriture).

C’est un chouette roman sur l’amour et la bouffe, un roman tout en contrastes, comme ses personnages bien typés, racontés – comme le dit la quatrième de couverture – avec tendresse et humour par Jami Attenberg. Un roman qui trouve son apogée dans le final, où l’amant d’Edie lui cuisine amoureusement des nouilles et un plat de canard chinois qui contraste avec toutes les nourritures industrielles qu’Edie a consommées pendant longtemps pour combler le manque d’amour dont elle souffrait. Je pense que je me souviendrai de cette femme forte dans tous les sens du terme.

Jami ATTENBERG, La famille Middlestein, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Karine Reignier-Guerre, 10/18, 2015 (Les Escales, 2014)

Le très chouette billet de Kathel

Dernière participation au Mois américain 2020 et l’occasion d’associer un titre à l’Etat de l’Illinois (50 états, 50 romans, vous savez, ce vieux défi que je complète une fois tous les cinq ans)

La terre des mensonges

28 vendredi Août 2020

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots norvégiens

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10/18, Anne B. Ragde

Quatrième de couverture :

Quelques jours avant Noël, en Norvège, dans une ferme délabrée de Trondheim, la tyrannique Anna Neshov se meurt. Ses trois fils, leur père, ombre fantomatique et Torunn, l’unique petite-fille, se retrouvent alors pour la première fois pour une confrontation explosive où éclateront les drames secrets dont sont tissées leurs vies…

Dans ma série « A la ferme » voilà encore une sortie de PAL assez ancienne, sûrement encore un roman découvert grâce aux blogs, acheté et enfoui dans les profondeurs de la PAL. Je ne devrai pas traîner à lire la suite pour ne pas oublier les frères Neshov, même si ce premier tome me laisse un petit goût de trop peu.

J’ai apprécié comment Anne Ragde met patiemment en place ses personnages : elle prend le temps de consacrer un chapitre à chacun des frères, Margido le cadet qui dirige une entreprise de pompes funèbres, Erlend le benjamin,parti loin de la ferme norvégienne pour vivre librement son homosexualité, Tor l’aîné, resté à la ferme avec la mère autoritaire et le vieux père maintenu dans l’insignifiance. Tor qui élève maintenant des cochons et a avec ses animaux un lien très fort, presque charnel, tout comme sa fille Torünn aime les chiens dont elle s’occupe comme assistante vétérinaire. Torünn, le fruit d’une brève relation aussitôt rejetée par Anna, la mère, qui ne peut plus parler dans son agonie mais dont on sent qu’elle a âprement régenté toute sa famille au point que Margido et Erlend décident de s’éloigner ou de partir à l’étranger. Et Torünn est bien sûr elle aussi étrangère à la vie de cette famille. Anne Ragde rend bien la solitude, le mal-être, les frustrations, les non-dits, les aspirations secrètes, comment chacun s’est construit contre ou malgré les « antécédents » familiaux.

Autour du lit d’hôpital d’Anna Neshov puis à la ferme où tous se retrouvent après la mort de la vieille femme, les langues se délient (ou se retiennent toujours, c’est selon) et un secret de famille va éclater à la surface, dont on devine qu’il remonte au temps où les nazis occupaient la Norvège. Cette dernière partie du roman est peut-être un peu rapide, mais je ne doute pas que les choses se déploieront dans la suite.

Détail non négligeable, j’ai lu ce livre pendant la semaine caniculaire du 15 août et cette lecture qui se déroule quelques jours avant Noël dans une Norvège enneigée m’a bien rafraîchie ! 😉

Anne B. Ragde, La terre des mensonges, traduit du norvégien par Jean Renaud, 10/18, 2011 (Balland éditeur, 2009)

Lectures de juillet 2020

03 lundi Août 2020

Posted by anne7500 in Des Mots britanniques, Des Mots français

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10/18, Adrien Goetz, Kate Atkinson, Le Livre de poche, Minette Walters, Pocket, Rhidian Brook

Voici quelques avis très courts pour garder une trace de mes lectures de juillet 2020.

Hambourg, 1946. La ville est en ruines et la nation brisée. Si la guerre est terminée, la vie, elle peine à reprendre ses droits. Des ombres fantomatiques errent parmi les décombres à la recherche de nourriture, d’un proche, d’un espoir. Lewis Morgan, colonel de l’armée britannique, est chargé de superviser les opérations de reconstruction du territoire et de dénazification de la population. Il s’installe dans une somptueuse villa réquisitionnée à son intention avec son épouse et leur dernier fils encore en vie.   Touché par leur situation, le colonel propose aux propriétaires des lieux, un architecte allemand éploré par la mort de sa femme et sa fille adolescente, de rester. Les deux familles partagent alors le même toit, se croisent, se frôlent, mais comment supporter pareille situation quand une haine viscérale continue d’opposer les deux peuples ? Dans cette ambiance oppressante, inimitiés et hostilités vont laisser place à des sentiments plus dangereux encore… 

Magnifique roman inspiré de la vraie histoire du grand-père de Rhidian Brook, engagé dans la dénazification et la reconstruction de l’Allemagne après la seconde guerre mondiale. A Hambourg, le colonel Lewis Morgan décidé de partager la maison réquisitionnée pour sa famille avec ses occupants allemands, un architecte et sa fille. Morgan a perdu un fils pendant la guerre, victime d’une dernière bombe larguée par un bombardier allemand dans son vol de retour, la femme de l’architecte est portée disparue. Les retrouvailles entre le héros de guerre, sa femme et son cadet sont délicates… Dans la maison de l’autre, les sentiments sont forts, ambivalents. Les personnages sont dessinés avec finesse, le contexte historique est troublant et pathétique à la fois : comme les certificats de « blanchissement » qu’attendent les Allemands pour reprendre une vie normale, personne n’est ni tout noir ni tout blanc. Lewis Morgan est attachant et inoubliable, même s’il paraît « absent ». Symboliquement saisie sur une saison, l’hiver 1946 et le début du printemps, c’est une belle histoire de courage, de deuil et de résilience. J’ai beaucoup aimé !

Rhidian BROOK, Dans la maison de l’autre, traduit de l’anglais par Gabrielle Merchez et Frédérique Daber, 1à/18, 2015

« D’où provenait la fascination qu’exercait Olive Martin ? Du spectacle grotesque de son mètre cinquante-cinq pour quelque cent vingt kilos ? De la répulsion qu’elle inspirait ? Elle avait débité sa mère et sa sœur en morceaux qu’elle avait rassemblés sur le sol de la cuisine en une composition abstraite sanguinolente. Le crime mis à part, ce qui rendait son cas exceptionnel, c’est qu’elle avait plaidé coupable et même refusé de se défendre. »

Dès sa première rencontre avec Olive Martin, Rosalind Leigh, qui a accepté d’écrire un livre sur elle, a le sentiment que la meurtrière obèse n’est pas coupable. Mais alors pourquoi ces aveux ?

Rosalind Leigh accepte à contrecœur d’écrire un livre sur une affaire retentissante : celle du meurtre de sa mère et de sa sœur par Olive Martin, une fille énorme qui fait peur à tout le monde dans sa prison et qui a tout avoué de comment elle a égorgé et découpé les corps. Dès sa première rencontre avec Olive, Roz comprend que ces aveux ne correspondent pas à la réalité. Elle-même profondément déprimée (on comprend pourquoi bien plus tard) démêle petit à petit tous les fils de l’affaire, aidée par un ancien flic reconverti en patron de restaurant bizarrement vide.
Roz reprend vie grâce à cette enquête qui révèle des négligences et des lâchetés coupables envers une jeune femme qui ne demandait sans doute qu’à aimer et à être aimée. Retrouvailles avec la romancière Minette Walters : on ne s’ennuie pas une seconde, les dialogues sont acérés (surtout entre Roz et l’ex-sergent Hawksley) et l’autrice laisse planer le doute jusqu’à la dernière page…

Minette WALTERS, Cuisine sanglante, traduit de l’anglais par Philippe Bonnet, Pocket, 2007

Parce qu’il a été témoin d’un violent accrochage entre deux automobilistes, Jackson Brodie, dont nous avons fait connaissance dans La Souris Bleue, va se trouver propulsé dans une série d’aventures incroyables. Les choses s’arrangent… est un thriller, une comédie noire et une satire de la vie contemporaine britannique.
Kate Atkinson y brocarde, entre autres, le théâtre d’avant-garde, une certaine littérature populaire, les promoteurs immobiliers, les nouveaux riches, etc., avec l’humour corrosif qu’on lui connaît.

Dans ce roman de 450 pages, on suit les histoires de quelques témoins d’une violente altercation entre automobilistes suite à un accrochage en plein Edimbourg. Parmi eux, un gentil écrivain de polars doux rêveur, la femme d’un entrepreneur véreux et… Jackson Brodie, qui accompagne sa Julia au festival de théâtre. Ajoutez-y une policière qui habite une des maisons construites par le promoteur véreux, une jeune femme russe déterminée, un sbire armé d’une batte de base-ball et vous obtenez un roman à la construction éblouissante où tout ce beau monde se retrouve pour un final déchaîné et une pirouette de fin encore plus inattendue. J’ai beaucoup ri… J’ai adoré (comme tous les romans de Kate Atkinson d’ailleurs).

Kate ATKINSON, Les choses s’arrangent mais ça ne va pas mieux, traduit de l’anglais par Isabele Caron, 2007

Trois mètres de toile manquent à la fameuse tapisserie de Bayeux, qui décrit la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant. Que représentaient-ils ? Les historiens se perdent en conjectures. Une jeune conservatrice du patrimoine, Pénélope Breuil, s’ennuie au musée de Bayeux, jusqu’au jour où la directrice du musée, dont elle est l’adjointe, est victime d’une tentative de meurtre ! Entre-temps, des fragments de tapisserie ont été mis aux enchères à Drouot. Pénélope, chargée par le directeur du Louvre de mener discrètement une enquête, va jouer les détectives et reconstituer l’histoire millénaire de la tapisserie, de 1066 à la mort tragique de Lady Diana sous le pont de l’Alma…

J’ai choisi ce livre pour ma semaine de vacances en Normandie, puisqu’il est question de la Tapisserie de Bayeux (que je ne suis pas allée revoir pour autant) C’était sympa, instructif, l’idée que la fin de la Tapisserie manque était intéressante, et mêler les deux fins possibles au destin de la monarchie anglaise contemporaine était carrément rocambolesque (avec l’abdication d’Edouard VIII pour épouser Wallis Simpson et les frasques de Diana avec Dodi Al-Fayed avant sa fin tragique à Paris)mais je me suis un peu perdue dans toutes les théories possibles et ça ne me laissera sans doute pas un grand souvenir… J’ai trouvé le couple Pénélope (conservatrice fraîche émoulue de l’école) et Wandrille (journaliste et dandy dilettante) un peu léger. J’ai quelque part Intrigue à Giverny, issu d’une opération Deux poches achetés un gratuit, mais je vais attendre avant de l’extirper de la PAL…

Adrien GOETZ, Intrigue à l’anglaise, Le Livre de poche, 2008

Un été sans dormir

17 vendredi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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10/18, auteur flamand, Bram Dehouck, Le Mois belge 2020, Un été sans dormir

Quatrième de couverture :

C’est arrivé près de chez vous, un été étouffant, à Windhoek, petit village belge sans histoire…

Jusqu’au jour où la municipalité fait installer des éoliennes. Ce bruit de pales ! Flap, flap, flap. Le boucher en perd le sommeil. Plusieurs nuits d’insomnie et il pique du nez dans sa spécialité, une recette dont les clients raffolent. Dès lors, par un effet domino aussi logique qu’absurde, les catastrophes s’enchaînent, les instincts se libèrent, et les vengeances s’exercent… Pour le pharmacien, les amants cachés, le jeune désœuvré ou la femme du facteur, rien ne sera plus pareil à Windhoek.

Voilà un roman noir à la flamande, noir et burlesque à la fois. Tout commence dans une ambiance de kermesse, lors de l’inauguration du parc d’éoliennes de Windhoeck (village bien nommé – « wind » signifie vent, comme en anglais). Cela ne peut apporter que des bonnes choses, cette dizaine de géants d’acier de l’énergie renouvelable. C’est ce que veut croire Herman Bracke, le boucher du village, mais dès le début, il ressent comme une menace voilée en regardant les pales tourner imperturbablement. Et de fait… la nuit venue, le commerçant ne parvient pas à dormir à cause du bruit des éoliennes. Il semble le seul de ce petit bourg d’une centaine d’habitants à être incommodé. A force d’insomnie, le boucher va en plein jour tomber endormi dans sa spécialité, le pâté Bracke dont il est si fier et qui a fait sa réputation. A partir de là, comme un jeu de dominos, les événements vont s’enchaîner inexorablement jusqu’au paroxysme final que personne n’aura vu venir.

Bram Dehouck a orchestré cette tragi-comédie avec art, campant une galerie de personnages pittoresques : du pharmacien hautain à la jeune chômeuse sans aucune confiance en elle en passant par le candidat réfugié au corps de rêve et la femme du facteur à l’affût du moindre potin (et j’en passe). Dans ce contexte, le cocktail voisinage aux aguets, plus chaleur caniculaire, plus pâté avarié va rapidement devenir explosif. Ce n’est pas de la plus grande finesse mais j’ai été tenue en haleine tout au long du roman, me demandant à chaque page ce qui allait encore se passer au fur et à mesure, et je n’ai pas été déçue.

J’avais entendu l’auteur, Bram Dehouck, à la Foire du livre 2019, en conversation avec Sonja Delzongle,sur le thème des polars liés à l’écologie. S’il fallait démontrer par l’absurde que les éoliennes ne sont pas nécessairement la panacée, Bram Dehouck a réussi son coup avec ce récit truculent…

Vous pouvez lire le premier chapitre ici.

Bram DEHOUCK, Un été sans dormir, traduit du néerlandais (Belgique) par Emmanuèle Sandron, 10/18 (1è édition Mirobole, 2018

Rendez-vous flamand en ce Mois belge

Un Noël à Jérusalem

02 mercredi Jan 2019

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques

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10/18, Anne Perry, Jérusalem, Noël

Quatrième de couverture :

Après avoir visité toutes les grandes villes d’Europe, Vespasia avait un rêve : s’aventurer plus loin vers l’Orient. C’est pourquoi ce voyage vers Jérusalem était le plus beau cadeau de Noël que son mari, Victor Narraway, pouvait lui faire. Et la réalité dépasse rapidement ses attentes : au plaisir de la découverte d’une terre chargée d’histoire et de signification vient s’ajouter celui des rencontres faites en chemin. Comme cet astronome avec qui le couple se lie à Jaffa, un homme fascinant qui semble avoir parcouru le monde entier. Mais quand ce dernier est retrouvé égorgé, le seul indice étant un morceau de parchemin écrit dans une langue étrangère, accompagné d’un message implorant Victor de poursuivre la quête du défunt, le voyage des Narraway vers Jérusalem prend une tournure inattendue…

C’est une petite sucrerie de Noël que de lire la cuvée de l’année dans la série des Noëls d’Anne Perry. Mais il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’à un mini-dessert. C’estdonc Lady Vespasia et Lord Narraway, désormais mariés, qui sont les héros de cette aventure en Terre sainte. Ce qui devait être au départ un cadeau de Noël pour Vespasia se révèle dès Jaffa comme un périple à la fois dangereux et ésotérique. L’auteur place dans les pensées et les paroles de Vespasia toute une série de questions sur la foi, l’intérêt d’en avoir une ou simplement respecter des valeurs humaines qui peuvent transcender une vie, le sens de cette vie aussi, de son origine à sa fin, ce qui constituera au final le coeur de l’énigme des parchemins (on s’en doute un peu dès le début…)

Bon, il faut reconnaître quand même que tout ce questionnement était assez redondant… J’ai regretté aussi que le roman ne se passe pas à Jérusalem, contrairement à ce qu’annonce le titre : ce n’est que le but du voyage, réel et spirituel, qu’accomplissent Victor et Vespasia, qui ressortiront de cette équipée un peu capillotractée plus forts et plus unis que jamais.

Premières pages:

« Dans sa chambre d’hôtel, Vespasia contemplait les toits de la ville devant la fenêtre grande ouverte. A l’ouest, le soleil couchant sombrait tel du sang écarlate dans les eaux de la Méditerranée. La lumière déclinait rapidement et l’air s’était rafraîchi. Mais on était déjà à la mi-décembre, et même ici, sur la cote palestinienne à Jaffa, les hivers étaient froids.
Elle resserra son châle en souriant. Ce voyage à Jérusalem était le plus beau cadeau de Noël qu’on lui ait jamais fait. Elle avait visité toutes les grandes villes d’Europe, mais elle n’était jamais allée plus loin vers l’Orient. Était-ce son imagination, ou ce pays était-il diffèrent de tous ceux qu’elle connaissait ? Que valait un endroit que l’on se représente à travers le prisme de l’imaginaire, en le colorant des rêves que l’on en fait et des évènements qui s’y sont déroulés ?
Entend-on à Paris des rires et de la musique, et voit-on les fantômes de la Révolution et de la Terreur ? A Rome, le piétinement des légions résonne-t-il sur les voies pavées de pierre ? Voit-on César, le front couronné de laurier, et le monde a ses pieds ?
Que voyait-on dans ce pays qui était sacré à la fois pour les musulmans, les juifs et les chrétiens ?
Elle aurait dû refermer la fenêtre pour conserver la chaleur dans la chambre. Mais elle avait envie de regarder le ciel s’obscurcir jusqu’au moment ou ne resplendiraient plus que les étoiles. »

Anne PERRY, Un Noël à Jérusalem, traduit de l’anglais par Pascale Haas, 10/18, 2018

Challenge Petit Bac 2019 – Lieu

Challenge Voisins voisines 2019 – Angleterre

Petite musique des adieux

30 mardi Oct 2018

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots irlandais

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10/18, Irlande, Jennifer Johnston, Petite musique des adieux

Quatrième de couverture:

Lorsqu’ils se croisent par hasard sur les hauteurs de Dublin, Clara et Lar sont deux êtres meurtris, éprouvés par l’existence. Pour le reste, tout les sépare : la politique, la religion, leurs tempéraments respectifs. Instinctivement, chacun se méfie du miroir que le malheur de l’autre lui tend. Pourtant, la rencontre aura lieu, pleine de tensions, d’incompréhension, mais aussi d’espoir. Une de ces rencontres qui, insensiblement, modifient le cours de nos destinées? Dans un style limpide, Jennifer Johnston, considérée comme l’un des plus grands écrivains irlandais contemporains, nous offre avec Petite Musique des adieux une magnifique composition à deux voix.

Pour terminer ce mois irlandais, je me suis tournée vers une romancière dont j’ai lu pas mal de titres bien avant le blog, Jennifer Johnston dont j’ai aimé sans réserve tout ce que j’ai lu et j’avais donc une petite appréhension : le charme allait-il toujours opérer ? La réponse est oui, ô joie.

Rien que la couverture de cette édition me plaît déjà : une vitre couverte de pluie à travers laquelle on devine en contrebas une rue dans un mélange de couleurs sombres et claires. Rien ne dit qu’on est en Irlande mais cette image correspond bien à l’atmosphère qui baigne ce roman : la pluie tombe souvent et symbolise le chagrin, le deuil que les deux personnages vivent, les larmes qui coulent ou qui restent bloquées à l’intérieur.

Clara a longtemps vécu à l’étranger pour échapper à une mère étouffante, elle est revenue vivre à Dublin après une rupture amoureuse qui l’a blessée jusque dans sa chair. Lar (Laurence) a fui l’Irlande du Nord sur un coup de tête après la perte de sa femme et de sa fille. Les deux se rencontrent par hasard et sur un malentendu sur Killiney Hill, elle l’invite à passer quelques jours chez elle pour se poser. Tous deux sont tellement écorchés vifs qu’ils s’accrochent régulièrement mais la rencontre a lieu, une sorte de reconnaissance éphémère et finalement bienfaisante de deux douleurs, de deux personnalités très différentes. Le récit passe d’un point de vue à l’autre, sans changement de chapitre il se déroule d’une traite en nous donnant aussi accès au roman que Clara a commencé, dans lequel elle dévoile peu à peu ce qui s’est passé à New York, et aux souvenirs de Lar avec sa femme Caitlin.

J’ai retrouvé la plume sensible, à fleur de peau de Jennifer Johnston, une écriture qui fait toujours place aux déchirements internes de l’Irlande et sait se faire acérée au besoin : j’ai adoré le mordant de certains dialogues, l’humour, l’auto-dérision dont fait preuve Clara. La pluie, la nature qui renaît au printemps, les ombres et les rayons dorés du soleil et aussi la musique de Schubert, accompagnent à merveille cette démarche de deux êtres humains sur le point, peut-être, de renaître.

« Comme j’aime la pluie irlandaise. Grâce à elle on a la peau douce et les cheveux brillants, c’est du moins ce qu’on disait : je doute qu’on le dise encore longtemps. Enfant, j’en étais si convaincue que j’avais coutume de courir dans le jardin lorsqu’il pleuvait et de lever le visage vers le ciel, laissant les gouttes éclater sur ma peau et rouler le long e mon cou et de mes épaules. Quelqu’un mettait toujours vite fin à cet innocent plaisir. Je ris quand je pense à ce que font les gosses de quatorze ans aujourd’hui. » (p. 45)

« – Oublier quoi ?

-L’Irlande. Ce bordel dans lequel nous vivons. Ce morceau de haine. Oui, de haine. Peut-être, me disais-je alors, peut-être ne reviendrai-je jamais. Je deviendrai quelqu’un d’autre, dans un autre pays, et quand on me demandera d’où je viens, je dirai un autre nom. Pas de l’Irlande du Nord – l’Ulster – appelez-la comme vous voulez. Je prétendrai n’avoir aucun lien avec ce pays. Je me sentirai neuf. J’avais vraiment envie de me sentir neuf » (p. 75)

« Je crois que j’écris des inepties dignes d’un roman de gare, mais j’irai jusqu’au bout, de mes notes au moins, pour pouvoir considérer avec une certaine froideur comment je me suis laissé berner et ensuite… ensuite… quel mot devrais-je employer ? Celui me vient à l’esprit est « détruire » mais c’est bien trop fort. « Abîmer » serait plus adapté. Et bien sûr il y a la question de mon avenir, de mon immortalité, que je suis seule à pouvoir assurer aujourd’hui.

A quoi bon de toute façon ?

L’immortalité.

Indispensable vanité.

Quoi qu’il en soit, je veux me soigner – pas seulement les blessures physiques,mais celles de mon coeur et de mon âme. Mon ventre peut toujours porter une cicatrice, je ne vois pas pourquoi je devrais en tolérer d’autres ailleurs, dans mon être. » (p. 155)

« Je vais lui dire toute la vérité ce soir, décida-t-il. Que sa mère aille au diable. Je vais m’asseoir dans ce restaurant et, avec Caitlin à mon côté, je lui dirai tout. Sur l’amour, la haine, le désespoir, sur la nuit qui a recouvert ma vie depuis deux ans. Peut-être posera-t-elle la main sur moi, et à l’endroit o se poseront ses doigts l’obscurité se détachera comme une vieille peau usée. Oui, c’est ce que je vais faire. » (p. 236)

Jennifer JOHNSTON, Petite musique des adieux, traduit de l’anglais (Irlande) par Anne Damour, 10/18, 2004 (Belfond, 2003)

Fin (provisoire) de la balade irlandaise

 

La bruyère incendiée

26 vendredi Oct 2018

Posted by anne7500 in Des Mots irlandais

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10/18, Colm Tobin, Irlande, La bruyère incendiée

Quatrième de couverture :

Chaque été, le juge Eamon Redmond quitte Dublin avec sa femme pour la petite ville de Cush. Là où la mer et le vent semblent avoir le dernier mot, il vient oublier les hommes, et leurs déchirures entre croyances, justice et engagement. Du moins le croit-il. Car si certains souvenirs échappent à la mémoire comme s’effondrent sous la poussée des eaux des pans entiers de la falaise, d’autres résistent à l’érosion. A travers la conscience d’un homme, Colm Toibin explore les vicissitudes du temps, inexorable bâtisseur de destinées. 

La vie du juge Redmond peut se résumer en quelques mots: indépendance, principes, engagement mais aussi solitude. Colm Toibin nous raconte la vie de ce juge dont l’enfance de fils unique, orphelin de mère tout à sa naissance, a été marquée par la figure paternelle, celle d’un professeur austère, militant pour l’indépendance irlandaise. Les étés étaient rythmés par les vacances à Cush, au bord de la mer. Les chapitres alternent les étapes de formation de l’enfance et de l’adolescence d’Eamon Redmond et sa vie d’adulte, de juge qui approche la retraite et se souvient. Les correspondances entre le passé et le présent sont fortes : les mêmes baignades estivales, la présence de la famille, la même maladie qui a frappé et frappe le père et l’épouse du juge, la place de la lecture, l’influence de la religion. A l’instar de la falaise qui s’effrite d’année en année, les convictions morales évoluent avec la société irlandaise, marquée par la puissance de l’Eglise. De même, le juge (qui appartient à une génération à qui on n’a jamais appris à parler de ses ressentis) ne trouve pas les clés pour communiquer émotionnellement avec sa femme et ses enfants devenus adultes. Le corset de ses habitudes va se fissurer petit à petit, notamment à l’approche de la mort.

Ce deuxième roman de Colm Toibin prend son temps, ne donne pas de clés explicites sur la personne du juge Redmond, il laisse pour cela une grande place à la nature, à la mer, au sable, au vent qui balaie la côte irlandaise et ses bruyères. Au temps qui creuse intérieurement les fondations d’un homme.

« La plupart des questions soulevées par cette affaire étaient d’ordre moral  le droit d’une éthique à prévaloir sur celui d’un individu. Au fond, on lui demandait de juger de quelle manière il convenait de mener sa vie dans une petite ville. Il sourit intérieurement à cette pensée et secoua la tête.

En travaillant à son jugement, il se rendit compte plus que jamais qu’il n’avait pas de fortes convictions morales, qu’il avait cessé de croire à quoi que ce fût. Mais au moment de le rédiger, il veilla à n’en rien laisser paraître. Ce jugement était le seul qu’il pût rendre : il était pertinent, bien argumenté et surtout, il était plausible.

Il retourna à la fenêtre et resta un moment à regarder dehors. Comme il était difficile d’être sûr ! Ce n’était pas seulement cette affaire, et les questions qu’elle soulevait à propos de la société et de la morale, c’était le monde dans lequel ces choses se produisaient qui le mettait mal à l’aise, un monde dans lequel des valeurs opposées vivaient si près les unes des autres. Lesquelles pouvaient à juste titre prétendre à être défendues ? » (p. 107)

Colm TOIBIN, La bruyère incendiée, traduit de l’anglais par Anna Gibson, 10/18, 2005 (Flammmarion, 1996)

Balade irlandaise – 3

Quand tu es parti

19 vendredi Oct 2018

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques

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10/18, Maggie O'Farrell, Premier Roman, Quand tu es parti

Quatrième de couverture :

Hospitalisée dans un coma profond, Alice se souvient : de l’amour fou avec John, un journaliste, fils d’un juif intégriste qui l’a renié ; de l’étrange enfant, puis de l’adolescente fragile et rebelle qu’elle a été ; de l’affection de sa grand-mère Elspeth et des heurts avec sa mère, Ann, beauté froide et énigmatique. Et tandis que toute la famille guette le moindre signe d’espoir, la genèse du drame affleure.

J’ai commencé à lire ce livre lentement, un peu au rythme d’Alice que l’on sent profondément triste et désorientée au début, sans bien savoir pourquoi. Et puis dès les premières pages, elle se jette sous les voitures à un passage pour piétons londoniens et se retrouve dans le coma. Dès lors la narration va se placer tantôt du point de vue interne, dans les pensées d’Alice, ou plutôt ses ressentis depuis les limbes où elle s’est « réfugiée », tantôt de divers points de vue externes, dans d’incessants aller et retour entre l’enfance, l’adolescence, la vie étudiante puis adulte d’Alice, entre Londres et North Berwick (Ecosse), jusqu’à son « accident ».

Alice est « l’enfant du milieu » dans une famille de trois soeurs, fille d’un Ecossais discret et d’une Anglaise qui ne s’est jamais vraiment faite à la vie d’une petite ville de bord de mer. Toute la famille vit dans la maison de la grand-mère paternelle, Elspeth. On sent bien le lien particulier qui unit Alice et sa grand-mère et le lien tout aussi particulier (très conflictuel) qui unit Alice à sa mère Ann. Enfant et ado rebelle, la jeune fille peine pourtant à s’affirmer tout en s’échinant à garder le contrôle de sa vie. Et puis un jour c’est l’amour fou avec John, la certitude d’avoir trouvé l’homme de sa vie. Malgré la douleur de voir le père de John, juif très pieux, refuser cette relation et couper les ponts avec son fils.

La force de ce (premier) roman, c’est sa narration éclatée, c’est la maîtrise avec laquelle Maggie O’Farrell mène son récit en distillant les révélations au compte-goutte. C’est aussi sa profonde capacité d’empathie avec un personnage principal auquel je me suis de plus en plus attachée au fil des pages. C’est un roman sur la famille, sur l’amour, sur le deuil, le chagrin qu’on boit jusqu’à la lie. Mais il n’y a pas pour autant de pathos manipulant les émotions du lecteur – sans doute grâce à cette narration éclatée qui nous pousse à lire toujours plus pour savoir ce qui s’est passé dans cette famille, dans ce couple, ou ce qu’on espère voir venir). La fin imaginée par Maggie O’Farrell est très fine, je trouve.

Vous l’aurez compris, j’ai vraiment aimé cette lecture. Après Isabelle Monnin et Craig Johnson, Maggie O’Farrell est la troisième auteure que je découvre cette année après avoir laissé croupir plusieurs de ses romans dans ma PAL et c’est une troisième très belle surprise.

Maggie O’FARRELL, Quand tu es parti, traduit de l’anglais par Marianne Véron, 10-18, 2003 (Belfond, 2000)

A part le fait que son auteure soit née en Irlande du Nord, ce roman n’a pas gand-chose d’irlandais. Marilyne est beaucoup plus dans la note avec Les disparus de Dublin de Benjamin Black.

Un Noël en Sicile

26 mardi Déc 2017

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques

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10/18, Anne Perry, Noël, Un Noël en Sicile

Quatrième de couverture :

Île de Stromboli. Le solitaire James Latterly arrive à son petit hôtel en espérant que le ciel bleu, la douce brise et l’esprit de Noël lui changeront les idées.

Malheureusement, la compagnie – un acteur pompeux, un colonel guindé, des époux mal assortis et un vieillard malade – se révèle d’un ennui mortel. À une charmante exception près : Candace Finbar, jeune adolescente orpheline qui prend James sous son aile et lui fait découvrir les beautés de l’île. Mais le ciel limpide de Sicile se voile bientôt de nuages menaçants : une violente querelle, un gentleman désagréable qui clame être suivi, le volcan qui commence à s’agiter…

Puis c’est le coup de tonnerre : un corps est découvert, et James comprend que le tueur doit se trouver parmi les clients de l’hôtel.

Comment aurais-je pu résister à une telle couverture ?! Rien que pour cette porte bleue patinée par le temps et pour cette couronne de citrons, il ma fallait ce joli objet, sans oublier le côté doudou de cette lecture sans prise de tête pour commencer les vacances.

Soyons honnête, ce n’est absolument pas pour l’intrigue policière – presque anecdotique ici – qu’il « faudrait » lire ce petit roman de 150 pages à peine. Anne Perry a choisi d’y mettre en scène James Latterly, frère d’Hester Latterly épouse Monk, un homme veuf depuis peu et qui porte toujours en lui la honte liée à la ruine de ses parents. Il vient chercher un peu de repos et de réconfort dans l’île de Stromboli. Et c’est là tout l’intérêt de la lecture : cette évocation sensorielle de la douceur de vivre à l’italienne (on est loin du New York enneigé de l’épisode de Noël 2017) – avec l’accueil et les plats colorés de Stefano, les jeux de lumière sur les pentes du volcan – et de la violence de l’éruption du Stromboli durant laquelle se place également une mort violente. Les pensionnaires de l’hôtel ne pourront compter que sur eux-mêmes pour échapper au volcan en furie et au tueur qui se trouve forcément parmi eux. Il faut avouer que cette expédition est assez rocambolesque et peu vraisemblable mais les rapports humains sont comme souvent finement étudiés par Anne Perry et se terminent sur une note positive. Cerise (ou plutôt citron) sur le gâteau : quand, sur le rivage, nos héros épuisés entendent les douze coups de la messe de minuit, tout est bien qui finit bien.

Anne PERRY, Un Noël en Sicile, traduit de l’anglais par Pascale Haas, 10/18, 2017

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