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Archives de Tag: 14-18

Le choix d’Adélie

11 jeudi Nov 2021

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots en Jeunesse, Des Mots français

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14-18, Catherine Cuenca, Oskar éditeur

Livre: Le choix d'Adélie, Catherine Cuenca, Oskar Éditeur, Roman - Histoir,  9791021400320 - Leslibraires.fr

Quatrième de couverture :

Lyon, 1913. Dans une France où les femmes sont encore soumises à la loi des mâles, Adélie, 17 ans, jeune fille de bonne famille, veut devenir médecin. Sa vocation rencontre celle d’Antonin, futur médecin lui aussi, mais leur passion naissante va être mise à rude épreuve. Et bientôt, les joies, espoirs et peines d’Adélie se retrouvent balayés par la guerre. Dans le conflit meurtrier qui s’annonce, c’st tout l’ordre ancien qui est remis en cause, et la jeune fille va devoir faire un choix…

Pour ce 11 novembre, j’ai sorti de la PAL un roman découvert et dédicacé par l’autrice au Salon du livre jeunesse de Montreuil en… 2013. Tout vient à point au bouquin qui sait attendre…

Adélie est une jeune fille pleine d’idéal qui veut devenir médecin. Nous sommes en 1913 et si son père, banquier, accepte de payer ses études à la Faculté de médecine, on se doute que, dès que sa fille sera bonne pour le mariage, elle devra regagner les rangs des jeunes filles de bonne famille destinées à devenir des épouses au foyer obéissantes. Et voilà que, lors d’un repas de famille censé être assommant, Adélie rencontre le bel Antonin, qui se destine lui aussi à la profession de médecin, de chirurgien, en passant par l’Ecole de santé militaire. Les jeunes gens se fréquentent un peu en secret, au grand dam de la rigide mère d’Adélie. Mais quand leurs études commencent vraiment, un écart se creuse entre eux, Antonin devient fuyant et Adélie déchante très rapidement. La jeune fille se plonge avec succès dans ses études mais le jour où elle découvre sa réussite en première année de médecine, son succès est éclipsé par la grossesse précoce de sa soeur Mélanie, « obligée » de se marier avec son amoureux, un ouvrier de la Croix-Rousse. Et voici qu’arrive août 14 et la mobilisation. Et voici que ses parents manigancent pour que Adélie fasse un « bon » mariage et lave l’honneur de sa famille face au scandale provoqué par Mélanie. Pour échapper à ce marchandage odieux, Adélie décide alors de s’engager comme infirmière sur le front. Elle connaîtra en particulier les horreurs de la bataille de Verdun, l’insécurité permanente, le sang, la peur, les amputations mais aussi les opérations délicates menées par de bons chirurgiens pour sauver la vie des blessés.

Je m’arrête là, j’en ai déjà raconté beaucoup sur ce roman passionnant et très émouvant. Adélie est un personnage fort, une jeune femme dont les choix seront renforcés par les événements historiques de son époque. Elle garde toujours une honnêteté et une rigueur morale qui se laissent toucher si nécessaire et la font évoluer avec ses proches. Elle sait faire preuve d’un grand courage, qui force l’admiration. Je l’ai accompagnée avec beaucoup d’émotion sur son chemin d’émancipation. Merci à Catherine Cuenca d’avoir créé un personnage et une histoire aussi forts.

Catherine CUENCA, Le choix d’Adélie, Oskar éditeur, 2013

Petit Bac 2021 – Prénom 5

Challenge 14-18 avec Blandine du blog Vivrelire

Cheval de guerre

11 vendredi Nov 2016

Posted by anne7500 in Des Mots britanniques, Des Mots en Jeunesse

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14-18, Cheval de guerre, Folio junior, Michael Morpurgo

Présentation de l’éditeur :

Été 1914. Dans la ferme de son père, en Angleterre, Albert grandit en compagnie de son cheval, Joey. En France, la petite Émilie joue dans un verger avec ses frères. En Allemagne, Friedrich travaille comme à l’accoutumée dans sa boucherie. Pendant ce temps, d’immenses armées se préparent à s’affronter dans le cauchemar de la guerre…

Grâce à Joey, découvrez une très belle et bouleversante histoire d’humanité, racontée avec simplicité par un grand auteur pour la jeunesse.

Ce livre traînait depuis quelques années dans ma PAL et il me faut avouer que, malgré mon intérêt pour la première guerre mondiale et pour l’auteur Michael Morpurgo, j’avais des réticences à me lancer dans cette lecture (crainte de souffrance animale, sujet rédhibitoire pour moi).

Première surprise, c’est le cheval, Joey, qui est le narrateur et cela m’a aidée à dépasser mes craintes. Evidemment, Michael Morpurgo dote son héros de sentiments humains mais c’est uniquement par son regard d’animal que nous vivons sa jeunesse de pur-sang élevé avec amour par le jeune Albert, son difficile apprentissage de cheval de guerre et les aventures et avatars qu’il vivra au front. Sa vie à la guerre sera marquée par de nombreuses rencontres, tant du côté anglais qu’allemand ou français.

Comme Joey est un animal, inutile d’attendre de lui qu’il situe précisément les batailles auxquelles il participe. L’auteur s’est inspiré de divers épisodes de 14-18 comme les attaques au gaz, les pilonnages intensifs impuissants à détruire les barbelés ennemis, le découragement des soldats en 1917, l’introduction des premiers blindés : il montre ainsi toutes les facettes de cette guerre meurtrière, truffée de sacrifices inutiles., humains et animaux.

Le fait que Joey soit fait prisonnier par les Allemands et occupe un moment une écurie de civils français permet aussi à l’auteur de montrer la guerre sous tous les points de vue. Il fait évidemment comprendre que tous les hommes (et les chevaux) sont égaux devant la boucherie de 14-18, une façon d’exprimer ses idéaux pacifistes. En racontant cette histoire de courage, de profonde humanité, Michael Morpurgo se place du côté de la vie. Une vie où une amitié entre un homme et un cheval est bien plus forte que la mort. Et c’était son premier roman…

J’oubliais : j’étais ravie de retrouver les illustrations si fines de François Place.

Michael MORPURGO, Cheval de guerre, traduit de l’anglais par André Dupuis, Folio Junior, 2008

Impossible de ne pas présenter un livre de ce genre en ce 11 novembre. Et ouf, enfin un livre sorti de ma PAL en ce mois de novembre. Et c’est un roman anglais !

Poppy Thiepval

Objectif PAL

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Les notes du jeudi : Mémoires anglaises (2) Frederick Septimus Kelly

10 jeudi Nov 2016

Posted by anne7500 in Des Notes de Musique

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14-18, Angleterre, Elégie pour cordes, Frederick Septimus Kelly, Rupert Brooke

En cette veille du 11 novembre, voici l’Elégie pour cordes « A la mémoire de Rupert Brooke), de Frederick Septimus Kelly. Né en Australie, il a étudié et vécu en Angleterre, il était champion olympique d’aviron (en 1908). Engagé dans l’armée anglaise, il a survécu à Gallipolli mais il est mort le dernier jour de la bataille de la Somme. Cela fera cent ans ce dimanche 13 novembre.

Les notes du jeudi : Mémoires anglaises (1) George Butterworth

03 jeudi Nov 2016

Posted by anne7500 in Des Notes de Musique

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14-18, A Shropshire Lad, Angleterre, Bataille de la Somme, George Butterworth

Ce premier jeudi de novembre,je suis encore à Londres, j’ai préparé ma série de novembre qui sera consacrée au souvenir, à des mémoires anglaises pour coïncider avec ce mois qui voit défiler la fête des saints, le souvenir des morts, la mémoire des soldats de 14-18. On fêtera aussi en poésie le centenaire de la mort d’Emile Verhaeren à Rouen, le 27 novembre 1916 (il s’est réfugié à Londres pendant la première guerre).

Je vous propose aujourd’hui A Shropshire Lad » de George Butterworth, dont je vous ai déjà présenté deux oeuvres lors du mois anglais 2015. Butterworth est mort à l’âge de 31 ans, il a disparu à Pozières, dans la Somme, le 5 août 1916.

La Guerre des Lulus, 1914 – La maison des enfants trouvés

26 mercredi Nov 2014

Posted by anne7500 in Des Mots en images

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14-18, Casterman, Hardoc, La Guerre des Lulus, Régis Hautière

Présentation de l’éditeur :

Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig sont quatre des pensionnaires de l’orphelinat de l’abbaye de Valencourt en Picardie. Tout le monde les surnomme les Lulus. En cet été 1914, lorsque l’instituteur est appelé comme tant d’autres sous les drapeaux, personne n’imagine que c’est pour très longtemps. Et les Lulus ne se figurent évidemment pas une seconde que la guerre va déferler sur le monde finalement rassurant qu’ils connaissent. Bientôt, le fracas de l’artillerie résonne dans le ciel d’été. Il faut partir, vite. Mais lorsque la troupe évacue l’abbaye manu militari, les Lulus, qui ont une fois de plus fait le mur, manquent à l’appel. Sans l’avoir voulu, ils se retrouvent soudain à l’arrière des lignes allemandes.

Ca y est, j’ai découvert les Lulus et je les trouve déjà bien attachants, ces quatre gamins au prénom en Lu, Lucien, Ludwig, Luigi et Lucas, tous quatre orphelins vivant à la Maison des enfants trouvés de Valencourt, quelque part en Picardie. Du plus grand au plus petit, ils feraient presque penser aux frères Dalton, avec leurs disputes perpétuelles et leur petit goût pour le « hors-la-loi » : hors les murs de l’abbaye qui les accueille, ils font les quatre cents coups dans la forêt et leur cabane, ignorants bienheureux (ou presque, car il ne faut pas oublier qu’ils sont orphelins) du monde qui les entoure et de la guerre qui s’approche à grands pas.

Je les trouve déjà très attachants, disais-je, ces quatre galopins, car le scénariste Régis Hautière (que j’ai déjà apprécié dans De briques et de sang) a réussi à planter le décor et les personnages de cette série avec beaucoup de finesse et d’humour avant de laisser la guerre envahir l’espace du village et de l’abbaye. Quatre garçons fort différents, qui se disputent le jour et partagent la nuit leurs angoisses d’orphelins, quatre gamins astucieux, intrépides, avec le chef incontesté, l’intello à lunettes, le petit gros qui a toujours faim et je jeune naïf. Et quand tous les villageois fuient devant l’arrivée des « casques à pointe », ils n’auront pas trop de leur intelligence et de leur sens de la débrouillardise pour survivre dans ce paysage déjà marqué par les obus.

Le dessin de Hardoc accompagne à merveille le récit de Hautière : des couleurs fraîches et vives, un trait dynamique, des visages expressifs, une pointe d’humour sur un fond de décors réalistes et familiers, de belles vues aériennes de l’abbaye, de la forêt ou du village, tout concourt au plaisir du lecteur, jusqu’à la fin de ce premier tome, qui ne vous donne qu’une envie : vous précipiter pour vous procurer la suite ! Car les auteurs annoncent déjà le deuxième tome qui se déroulera logiquement en 1915 et nous offrent quelques croquis et esquisses des personnages, un bel aperçu du talent de Hardoc.

Régis HAUTIERE (scénario) & HARDOC, La Guerre des Lulus 1914 – La maison des enfants trouvés, Casterman, 2013

Les avis de Sandrine, de Moka, Noukette et de Jérôme

Poppy Thiepval

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Les Lieux communs

25 mardi Nov 2014

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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14-18, Les Lieux communs, Xavier Hanotte, Ypres

Quatrième de couverture :

Deux bus roulent vers un même lieu des environs d’Ypres, mais à des époques différentes. En 1915, le bus amène des combattants canadiens à Frezenberg, enjeu de féroces combats contre les Allemands. Aujourd’hui, ce lieu s’appelle Bellewaerde et des employés vont passer une journée au parc d’attraction. Deux univers apparemment étrangers. Des passerelles s’établissent cependant entre eux : le jeune Serge s’étonne de la présence d’un jardinier pas comme les autres. Un roman sur l’horreur de la Grande Guerre. Sur la nécessité de préserver la mémoire de cette époque. Sur la fidélité à la parole donnée qui défie le temps. Trois nouvelles proposent d’autres facettes de ces thématiques.

J’ai relu ce livre parce que je l’ai fait lire à mes élèves en ce mois de novembre et je dois avouer que j’avais un peu peur de cette relecture : ce n’était pas mon roman préféré (de mon auteur chouchou) à l’époque où il est paru et je me demandais s’il passerait le cap douze ans après.

Eh bien je peux dire que je l’ai davantage apprécié en 2014 : je me souviens que le personnage de Bérénice, jeune femme ambitieuse mais presque servile, qui profite de tout ce qui passe sans vouloir s’attacher, me paraissait hautement insupportable. Je suis moins sévère avec elle, sans doute m’a-t-elle plus touchée grâce au regard de son jeune neveu, Serge, le narrateur de la partie contemporaine du roman. Le regard d’un neveu sur sa tante jeune et sympa, qui l’emmène faire plein d’activités (ça me fait penser à quelqu’un, ça…)

Quant à la partie « 1915 », dans la deuxième bataille d’Ypres que les Anglais épuisés tiennent à bout de baïonnette, je l’ai redécouverte sous le regard mélancolique, sensible et lucide de Pierre Lambert. Et je n’ai pu m’empêcher d’admirer à nouveau le jeu d’échos et de doubles qui traversent le roman, d’un chapitre à l’autre, d’une époque à l’autre. Une construction très habile qui perce des passages entre les deux : le jeune garçon « voit » le soldat d’il y a cent ans, il se laisse toucher, intriguer par cet homme, grâce à la touche de réalisme magique dont Xavier Hanotte a le secret. Et à travers Pierre Lambert qui erre à la recherche de son ami, à travers le garçon qui écoute sonner le Last Post à la Porte de Menin sans savoir ce que cela représente, à travers aussi ces deux femmes oublieuses des hommes qui les ont vraiment aimées, c’est toute l’importance de la mémoire, en particulier celle de la Grande Guerre, que le romancier met à l’honneur.

En refermant le roman, je me suis dit que c’est vraiment Xavier Hanotte qui a éveillé, nourri mon intérêt, ma passion pour cette Première guerre mondiale, avec notamment sa traduction des poèmes de Wilfred Owen, le poète qui apparaît dans les rêves de son personnage de roman Barthélémy Dussert et bien sûr avec le roman Derrière la colline qui se passe durant la bataille de la Somme en 1916 et qui m’a fait parcourir les lieux du souvenir le livre à la main. J’ai pris plaisir dans Les Lieux communs à retrouver l’univers et les thèmes du romancier : le souvenir, la mémoire, l’amoureux éconduit, l’amitié, la poésie, le réalisme magique, la promesse, le retour. Et l’émotion des retrouvailles avec un auteur que j’aime tout particulièrement.

Xavier HANOTTE, Les Lieux communs, Belfod, 2002 (Espace Nord, 2013)

L’avis d’Argali

PS : J’ai bien conscience de ne pas beaucoup aider ceux qui souhaitent un avis bien construit sur le roman. Que voulez-vous, avec Xavier Hanotte, je perds toute objectivité. On n’est pas sérieux quand on est « amoureux »…

Poppy Thiepval

Petit Bac 2014

 

En pleine figure

23 dimanche Nov 2014

Posted by anne7500 in Des Mots en Poésie

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14-18, Editions Bruno Doucey, haïkus, Poésie

Tu maudis la guerre

Mais que sonnent les clairons

Et tu suis au pas

(Jean Baucomont)

—

La flamme était haute

De celui que j’ai perdu :

Je m’y chauffe encore.

—

Quand ils s’assemblent

Des absents sont là

Et des morts renaissent.

—

Passant de Fleury,

Prie pour mes rues et mes arbres

Sur ma place vide.

(André Cuisenier)

—

En pleine figure – Haïkus de la guerre de 14-18 – Anthologie établie par Dominique Chipot Préface de Jean Rouaud, Editions Bruno Doucey, 2013

Madame Livingstone – Congo, la Grande Guerre

19 mercredi Nov 2014

Posted by anne7500 in Des Mots en images

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14-18, Barly Baruti, BD du mercredi, Congo belge, Glénat, Madame Linvingstone

Présentation de l’éditeur :

En Afrique centrale durant la Première Guerre mondiale, l’aviateur Gaston Mercier, lieutenant de l’armée royale belge, est chargé de couler un cuirassé allemand sur le lac Tanganyika. Pour en découvrir la position exacte, on lui assigne un guide un peu particulier… Ce dernier, un métis énigmatique en kilt qui semble beaucoup plus instruit que les autres autochtones, prétend être le fils du célèbre explorateur David Livingstone. Petit à petit, alors que la guerre entre puissances coloniales belge et allemande fait rage au cœur du continent noir, le jeune pilote belge va essayer d’en apprendre un peu plus sur l’histoire de cet homme qu’on appelle « Madame Livingstone ».

S’appuyant sur un récit d’Apollo, Christophe Cassiau-Haurie mêle ici aventure et amitié sur fond de Première Guerre mondiale en Afrique. L’exotisme des lieux y est magnifiquement restitué par le dessin de Barly Baruti, en couleurs directes. L’album sera en outre prolongé d’un cahier bonus de 16 pages éclairant sur le contexte historique.

Alors qu’une partie des personnages de cet album (les « coloniaux » et leurs « boys » congolais) ne dépareraient pas dans Tintin au Congo et ses relents colonialistes et racistes, nous assistons à une rencontre tout à fait inattendue entre un aviateur belge et un guide congolais, tous deux assez atypiques. Une rencontre qui va faire « bouger les lignes » à tous points de vue, enfin presque : grâce aux recherches et aux renseignements fournis par l’aviateur et son guide, les Belges vont porter le combat européen de 14-18 au coeur de la région des Grands Lacs (j’ai pensé aussi à la partie « guerrière » du film Out of Africa) tandis que l’homme Gaston Mercier va évoluer, changer au contact de celui qui lui révélera plus ou moins explicitement les exactions commises par les colons belges dans sa région d’origine. Le « cahier » qui complète la BD à la fin de l’ouvrage explique la réalité historique sous-jacente et achève de nous édifier si besoin était. Bref, une belle rencontre, non dénuée d’humour ni de magie, sur un fond historique original.

Mais Madame Livingstone n’est pas qu’une bonne aventure, c’est aussi un bonheur pour les yeux :  des planches aux cases assez larges pour les passages dialogués, un découpage plus serré pour les pages sans paroles, un dessin à la fois élégant, fin et puissant, une richesse de détails sur les visages, la végétation, la faune, les habitations coloniales et des couleurs somptueuses, sans doute réalisées au crayon aquarellé, à l’écoline et à la plume et qui laissent apparaître le grain épais du papier, elles sont parfois très vives, un feu d’artifice sur la page, et parfois elles créent un univers sombre, des nuits africaines peuplées de visages et d’ombres mystérieuses.

Une vraie réussite !

Barly BARUTI (dessins et couleurs) et Christophe CASSIAU-HAURIE (textes), sur un récit de APPOLLO, Madame Linvingstone – Congo, la Grande Guerre, Glénat, 2014

A visiter pour accompagner la BD l’expo Notre Votre Congo. La propagande coloniale belge dévoilée, au Musée BELvue à Bruxelles, jusqu’au 30 novembre.

Poppy Thiepval

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Régénération

18 mardi Nov 2014

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques, Non classé

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14-18, Actes Sud, Pat Barker, Régénération, Siegfried Sassoon, Wilfred Owen

Présentation de l’éditeur :

Derrière les façades massives de l’hôpital militaire de Craiglockhart, le docteur Rivers a pour mission de soigner, pour les renvoyer au combat, les officiers britanniques revenus, corps blessé et raison ébranlée, des champs de bataille de la Grande Guerre. Parmi les patients se trouve le poète Siegfried Sassoon, auquel ses déclarations pacifistes ont valu d’être « banni » en ce lieu par les autorités militaires malgré sa conduite héroïque au front.
Nuit et jour, de cauchemars en hallucinations, les rescapés de la boucherie, devenus étrangers à eux-mêmes, poursuivent dans leurs chambres d’hôpital leur voyage au bout de la souffrance et de l’horreur. Ces hommes détruits que Rivers et Siegfried Sassoon accueillent chacun à sa manière, avant de prononcer, en leur nom, la condamnation de toute guerre, forment le chœur de l’éternelle et universelle tragédie dont ce roman de Pat Barker offre une illustration romanesque sensible et exigeante.

J’ai lu ce roman, partagée entre intérêt, passion et émotion.

Passion parce que, bien sûr, le cadre, c’est la guerre 14-18 et plus particulièrement l’année 1917, celle où les armées commencent à se révolter contre des généraux et des hommes au pouvoir qui pourraient faire cesser la guerre mais n’ont ni le courage ni la volonté d’entamer des négociations de paix. Le livre commence sur l’appel pacifiste du poète Siegfried Sassoon, qu’un ami officier a fait hospitaliser à Craiglockart, où il pourrait être déclaré inapte au service par le docteur Rivers, en raison d’une santé mentale chancelante, et éviter ainsi la cour martiale. Car on le sait, dans l’armée à l’époque, être contre la guerre, c’était passer en cour martiale. Et être vraisemblablement condamné à mort pour l’exemple.

Intérêt aussi parce que le roman met largement en scène ces soldats aux blessures mentales, psychiques, qui les handicapent lourdement et les couvrent de honte : paralysies, tics, tremblements, cauchemars, bégaiement, aphasie… autant de signes de ces névroses de guerre que les psychiatres tentent de traiter, le but premier étant de renvoyer ces soldats et ces officiers au front. Eh oui, la chair à canon ne peut faire défaut.

Et c’est vraiment intéressant de suivre la relation thérapeutique qui se noue entre le docteur Rivers et ses patients, l’approche humaniste qu’il a envers ses malades. Des hommes qui ne comprennent pas toujours le traumatisme qui les a rendus si fragiles, qui tentent désespérément de le refouler et dont le corps parle de façon criante. Quand, à la fin du livre, on assiste à une séance de « soins » du docteur Yealland, on est révulsé devant sa conception du travail psychiatrique.

Face à Siegried Sassoon (que sa mère a prénommé ainsi par amour pour Wagner !), Rivers, lui-même au bord du burn out, se trouve un peu démuni : le poète refuse de jouer le jeu de la folie mais se rebelle un peu face au médecin. Les deux hommes vont évoluer l’un grâce à l’autre, la relation ne sera pas exempte d’ambiguïté, d’ambivalence et ce face à face donne vraiment de l’épaisseur à ce roman.

L’émotion est venue de ce qu’un des personnages du roman, lui aussi envoyé pour trois mois de repos et de soins à Craiglockart n’est autre que Wilfred Owen, grand admirateur de Sassoon qui va l’aider, lors de ce séjour, à trouver sa voix de poète. Les deux écrivains vont voir leur écriture évoluer, s’améliorer durant ces quelques semaines, et tous deux retourneront en France. (On sait que Siegried Sassoon survivra à la guerre, tandis que Wilfred Owen sera tué une semaine avant l’armistice.)

Vous l’aurez compris, le grand intérêt de ce roman est son côté très bien documenté : les médecins Rivers et Yealland ont vraiment existé et ont publié sur leurs observations et leurs soins des névroses post-traumatiques, et les deux poètes sont bien sûr tout à fait authentiques, de même que l’évolution de leur plume. Quant aux personnages secondaires, comme les soldats Burns et Prior ou la jeune Sarah qui a choisi de travailler à la fabrication des munitions de guerre, ils sont traités avec beaucoup de soin et de respect par Pat Barker, qui brosse ainsi un tableau instructif de ce qui se passait « à l’arrière », en Grande-Bretagne (Craiglockart est en Ecosse). Elle n’oublie pas une petite pointe bienvenue d’humour anglais parfois et j’espère vraiment que ses deux autres romans (car il s’agit, paraît-il, d’une trilogie) seront un jour traduits en français.

J’ai encore trouvé une perle sur (ou plutôt contre) les Belges :

« Une voix de mégère s’éleva du fond de la maison.

– Ma logeuse, dit Sarah en réapparaissant. Une Belge, elle a épousé un Ecossais, le pauvre crétin. J’pense pas qu’il savait quel lot il avait décroché. Enfin, elle me fait payer un shilling pour la lessive et, quand on sait que les draps sortent du lit jaune vif, faut pas se plaindre. » (p. 171)

« Cependant un rétablissement n’était pas impossible. Rivers savait trop bien que les premiers stades de la guérison avaient souvent l’allure d’une détérioration. Ouvrez une chrysalide et vous apercevrez une chenille en train de pourrir. Mais jamais vous ne trouverez cette créature mythique, mi-chenille, mi-papillon, digne emblème de l’âme humaine, pour ceux dont la tournure d’esprit les pousse à chercher de tels emblèmes. Non, le processus de transformation est par essence presque exclusivement un processus de décomposition. Après tout, Burns était jeune. Si aujourd’hui marquait un véritable changement, une volonté de se confronter à ce qu’il avait vécu en France, alors son état s’améliorerait peut-être. On pouvait même imaginer qu’il reprenne ses études dans quelques années, pourquoi pas en cultivant cet intérêt inattendu pour la théologie. Cependant, on le voyait mal à l’université, au milieu d’étudiants de première année. Il avait raté l’occasion d’être ordinaire. » (p. 244)

Pat BARKER, Régénération, traduit de l’anglais par Jocelyne Gourand, Actes Sud, 1995

L’avis de Sandrine, que je remercie infiniment pour le prêt de ce roman, qui est désormais complètement épuisé, hélas ! Sandrine cite d’autres passages plus sérieux dans son billet.

Je publie ce billet aujourd’hui, alors que je vais visiter avec une de mes classes la très belle expo « J’avais 20 ans en 1914 » à Liège-Guillemins.

Poppy Thiepval

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Quand je suis endormi…

16 dimanche Nov 2014

Posted by anne7500 in Des Mots en Poésie

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14-18, Poésie, Siegfried Sassoon

Quand je suis endormi, rêvant, engourdi au chaud

Ils arrivent, les sans-logis, les morts silencieux.

Tandis que les obscurs brisants de la tempête

Grondent, vrombissent et mugissent là-haut,

Ils sortent de l’ombre et entourent mon lit.

—

Ils murmurent à mon coeur, leurs pensées sont les miennes.

« Pourquoi es-tu ici, toutes tes gardes terminées ?

D’Ypres à Frise nous t’avons cherché dans les rangs. »

En amère sécurité, je m’éveille, dépossédé d’amis.

Et tandis que pointe l’aube, sous la pluie cinglante,

Je pense au bataillon dans la boue.

« Quand retourneras-tu auprès d’eux ?

Ne sont-ils plus tes frères, tes frères de sang ?

Siegfried SASSOON, Poèmes de guerre

Un poème à retrouver dans le roman de Pat Barker, Régénération, dont je vous parle mardi prochain.

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