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~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives de Tag: nouvelles

A jamais

11 vendredi Nov 2022

Posted by anne7500 in Des Mots britanniques

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Folio 2 euros, Julian Barnes, nouvelles

Présentation de l’éditeur ;

Des champs de bataille de la Somme aux vignobles bordelais en passant par le Paris des surréalistes, quand les Anglais traversent la Manche pour parcourir la France, cela donne des situations tantôt cocasses, tantôt touchantes, mais toujours surprenantes.
Trois nouvelles savoureuses et pleines d’humour du plus francophile des écrivains britanniques.

C’est la couverture de ce Folio 2 euros qui a – évidemment – attiré mon oeil en librairie. Lecture de circonstance et occasion de vérifier si je m’adapte à Julian Barnes (sur les conseils d’une amie, j’ai lu il y a très longtemps Le perroquet de Flaubert et – désolée pour les fans – je me souviens d’un sentiment d’incompréhension et d’ennui…). Les trois nouvelles rassemblées ici, extraites du recueil Outre-Manche me permettaient donc une expérience courte.

Dans Expérience, le narrateur est le neveu d’un vieil homme qui raconte sans cesse, et dans des versions différentes, sa visite à Paris et sa rencontre avec les poètes surréalistes qui lui ont proposé une expérience sexuelle pour vérifier si un Anglais peut distinguer à l’aveugle la différence entre une femme française et une anglaise. Bon, les conversations entre l’oncle Freddy et le neveu sont racontées avec ironie et la fin de l’histoire l’est tout autant mais le sujet est pour le moins « daté à l’époque actuelle.

A jamais, qui donne son titre à ce livre, dresse l’histoire d’une vieille femme dont le frère a été tué en 1917 dans la Somme. Elle conserve toujours précieusement les cartes postales impersonnelles de l’armée sur lesquelles les soldats biffaient les mentions qui ne les concernaient pas – mais son frèe a osé écrire une mention personnelle sur le bord d’une des cartes. Chaque année elle fait le pèlerinage du souvenir dans la Somme, d’Albert à Amiens, elle préfère les petits cimetières du Commonwealth au Mémorial de Thiepval mais elle ne peut pas ne pas passer devant ce mastodonte où sont gravés les noms des soldats disparus sans sépulture. Vieille Anglaise un peu excentrique, son deuil n’est toujours pas achevé des dizaines d’années après la mort de son frère. Elle s’interroge avec justesse sur ce que deviendra la mémoire de tous ces soldats sacrifiés lors de la première guerre mondiale.

La dernière nouvelle, Ermitage, met en scène deux amies célibataires qui « dorment dans le même lit » lors de leurs voyages en France à la fin du 19è siècle. Elles finissent par racheter un château bordelais dont elle vont restaurer le vignoble. Florence apporte l’argent et se contente d’une vie agréable dans sa propriété. Elle lasse à Emily le soin de s’occuper et de bagarrer parfois avec le régisseur et les autres employés du domaine sur la manière de protéger les vignes des maladies et de créer un vin authentique. On est dans le Médoc et le moins que l’on puisse dire, c’est que Julian Barnes connaît parfaitement la région et les grands crus.

Trois nouvelles – surtout les deux dernières pour moi – agréables à découvrir avec leur charme anglais et leur douce ironie.

Julian BARNES, A jamais, traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin, Folio 2 euros, 2008 (Première édition : Denoël, 1998)

La faille souterraine et autres enquêtes

29 lundi Août 2022

Posted by anne7500 in Des Mots suédois

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Henning Mankell, nouvelles, Points

Quatrième de couverture :

On croit bien connaître Kurt Wallander, enquêteur solitaire hanté par la mort… Savons-nous comment le jeune agent hésitant et sans méthode, qui se demandait s’il serait un jour un bon flic, est devenu le commissaire d’Ystad ? Réparties sur une vingtaine d’années, ces enquêtes reviennent au point d’origine : cette première affaire, en 1969, où Wallander échappe de peu à la mort.

De Henning Mankell, j’ai lu et aimé Les chaussures italiennes et Les bottes suédoises. De la série Wallander, dont j’ai acheté plusieurs titres en bouquinerie et que j’avais envie de découvrir à fond, j’ai lu uniquement Meurtriers sans visage, le premier officiel de la série, en… 2012. Bon, ben ça fait dix ans, ça se fête ! Comme j’avais une vague envie de nordique cet été, j’ai sorti ces nouvelles, qui racontent le parcours du jeune policier Kurt Wallander de 1969 (il a 22 ans et est encore en uniforme) à la veille du coup de fil qui l’emmène dans la ferme de Meurtriers sans visage.

La première nouvelle Le coup de couteau part de la mort apparemment par suicide du voisin de Wallander. On suit l’apprentissage, les hésitations, les maladresses mais aussi l’intuition profondément juste de Wallander, intuition qui pousse le jeune policier à agir seul contre les évidences et qui va l’amener aux portes de la mort. Une première enquête qui va le hanter toute sa vie de flic.

La faille est le texte le plus court : au cours d’une vérification de routine, Wallander surprend un jeune étranger qui a assassiné une commerçante.

L’homme sur la plage met en scène la mort d’un industriel à l’arrière d’un taxi. L’enquête piétine avant que l’équipe de Wallander fasse un lien entre la victime et un habitant de la plage.

La mort du photographe est aussi une enquête qui peine à démarrer : le photographe assassiné faisait certes de bizarres recompositions très critiques des visages au pouvoir en Suède et dans le monde (y compris celui de Wallander) mais c’était un homme d’une discrétion absolue.

Enfin, La pyramide, qui part de l’incendie criminel d’une mercerie tenue par deux vieilles dames tout à fait respectables, tient son titre d’un voyage rocambolesque en Egypte par le père de Wallander : la pyramide devient le symbole d’une organisation criminelle dont Wallander veut découvrir tous les « sommets ».

Tout au long de ces cinq nouvelles, nous suivons l’évolution personnelle de Wallander, son couple avec Mona qui bat de plus en plus de l’aile, sa fille Linda qui suivra un chemin éloigné de ses parents, son père avec qui il a toujours eu une relation très compliquée. Nous comprenons aussi l’importance de ses mentors dans la police, à Malmö d’abord puis à Ystad. Enfin, si la série qui démarre en 1990 interroge constamment les policiers sur l’évolution de la société et sur la place de l’état de droit en Suède, on sent que ces questions sont déjà bien présentes dans les premières enquêtes de Wallander.

Je ne suis pas sûre que ce soit un héros très sympathique : il montre peu ses émotions même si elles sont bien réelles, il ne semble pas avoir beaucoup d’humour (mais Henning Mankell en a pour lui en parlant du choix maniaque de ses pulls adaptés aux différentes températures suédoises), il est assez mélancolique… Mais ces nouvelles consistantes (des mini-romans bien construits et détaillés) donnent envie de continuer à découvrir la société à travers les yeux de Kurt Wallander.

« Que se passait-il ? Une faille souterraine avait brusquement fait surface dans la société suédoise. Les séismographes radicaux, les plus sensibles, l’enregistraient. Mais d’où venait-elle ? L’évolution perpétuelle du crime n’avait rien de surprenant en soi. (…) Cette faille à laquelle il pensait (…) se manifestait sous la forme d’une brutalité aveugle. D’une violence gratuite. » (p. 161-162)

« Il possédait différents pulls pour différentes météos et veillait à ne pas les confondre. » (p. 293)

« Peut-être certains se sentent-ils si impuissants aujourd’hui qu’ils refusent de participer à ce que nous appelons le débat démocratique. Eux, de leur côté, sont déjà passés à autre chose. A un monde de rites et de rituels, pour faire court. Si c’est le cas, la démocratie est en mauvaise posture. » (p. 310)

« Qu’est-ce que tu appelles « Suédois » ? Il n’y a plus de frontières. Ni pour les avions, ni pour les criminels. Autrefois, Ystad était à la périphérie du monde. Ce qui arrivait à Stockholm n’arrivait pas ici. Et même Malmö : ce qui arrivait à Malmö n’arrivait pas dans une petite ville telle que Ystad. Ce temps-là est révolu.

Et après ?

Il faudra des policiers d’un genre nouveau. Surtout sur le terrain. Mais des gens comme toi et moi, qui sommes encore capables de réfléchir, on en aura toujours besoin. »

Henning MANKELL, La faille souterraine et autres nouvelles, traduit du suédois par Anna Gibson, Points, 2014 (Editions du Seuil, 2012)

(Finalement cela aura été la seule lecture nordique des vacances.)

Le père que tu n’auras pas

07 lundi Mar 2022

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Luc Leens, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Des nouvelles écrites à hauteur d’hommes et de femmes. Une langue qui coule de source et emporte le lecteur. Douze récits où se mêlent émotion, humour et poésie. Des personnages qui, comme nous tous, ont appris en autodidactes à être parents, enfants, époux ou simplement eux-mêmes. Rien de plus que des êtres humains qui font ce qu’ils peuvent lorsque la vie leur réserve un coup du sort : ils résistent ou ils se cachent ; ils en rient ou ils se battent. Quoi qu’ils fassent, Luc Leens ne les juge pas. Il est de leur côté.

« La vie n’est pas un roman, c’est un recueil de nouvelles inattendues, tristes, merveilleuses, déconcertantes. »
(extrait de la préface d’Armel Job)

Voici le dernier recueil en date publié par Quadrature, une nouvelle voix belge à découvrir, celle de Luc Leens, qui a d’abord été traducteur avant de se mettre à écrire lui-même des nouvelles qui lui ont déjà valu plusieurs prix. De l’auteur, l’éditeur dit : « De la traduction, il a gardé le goût de s’effacer derrière ses personnages, de les laisser vivre ou raconter leur vie avec leurs mots, leurs vérités. »

Douze nouvelles relativement courtes (de deux à dix pages), sauf la dernière qui en fait une trentaine et qui donne son titre au recueil, douze nouvelles qui ont pour point commun l’image du père ou de la mère, la transmission, l’héritage reçu ou non des parents ou tout simplement la construction de soi. L’auteur développe ces thèmes à travers différentes formes : nouvelle à chute (Bacchus), multiplication des points de vue (La peau d’une femme), nouvelle policière (Le dernier mot), nouvelle épistolaire (Le féminin de preux chevalier, Le père que tu n’auras pas) et même une forme d’anticipation (prémonitoire ??) dans Le virus de Cooper . Les personnages sont humains, les situations sont ordinaires ou presque et l’auteur nous raconte tantôt avec humour, tantôt avec émotion, toujours avec bienveillance comment Emilie, Thierry, Eva, Thomas, Isabelle et les autres affrontent ces situations et tirent plus ou moins bien leur épingle du jeu de la vie. Luc Leens marche sur un fil où il garde bien l’équilibre : j’ai craint par moments qu’il tombe dans le pathos quand il aborde les thèmes des femmes battues ou du handicap mais l’humour et/ou une lucidité salutaire rattrapent ce risque.

Je dois dire que j’ai particulièrement apprécié le féminisme de Luc Leens dans La peau d’une femme et ans Le père que tu n’auras pas, deux nouvelles qui ne manquent pas de sel non plus. J’ai aussi beaucoup ri (sur ce sujet, autant prendre distance grâce au rire) avec Le féminin de preux chevalier (ah le choix des noms !).

Bref, encore une belle découverte grâce aux éditions Quadrature et à Patrick Dupuis que je remercie !

Allez lire l’avis de Bibliofeel qui vous propose quelques extraits du livre.

Luc LEENS, Le père que tu n’auras pas, Quadrature, 2022

Petit Bac 2022 – Ligne belge Famille

L’alphabet du destin

22 mercredi Déc 2021

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Liiane Schraûwen, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Vingt-six lettres dans l’alphabet. A comme Alexia, B comme Benoît… jusqu’à Z comme Zoltan.
Vingt-six prénoms qui font alterner le féminin et le masculin.
Vingt-six fois soixante minutes entre le lundi, 1 heure du matin, et le mardi, 3 heures du matin.
Vingt-six personnages qui, au long de ces vingt-six heures, vont se croiser, et avec lesquels nous partagerons un moment. Certains ne font que passer, d’autres réapparaissent au fil des textes.
Vingt-six narrations qui, chacune, débutent par A comme Alexia, B comme Benoît, C comme Camille, D comme Didier… jusqu’à Z comme Zoltan.
Vingt-six destins, vingt-six hasards… Mais le hasard existe-t-il vraiment ?

Liliane Schraûwen et Quadrature ont placé la barre très haut en matière de nouvelles avec cette dernière publication 2021 pour la maison néolouvaniste consacrée à l’édition de la nouvelle francophone. Si chaque texte peut se lire isolément, les 26 nouvelles qui composent ce recueil – qui s’égrènent comme les lettres de l’alphabet – constituent cependant un tout intrinsèquement lié. Peut-être cette nouveauté, cette originalité se marque-t-elle par le format du livre, légèrement différent des habitudes.

Cela commence avec Alexia, qui souffre d’insomnie et d’angoisse nocturne et qui ne trouve d’autre solution pour conjurer ses cauchemars que d’appeler Benoît, son ex. Celui-ci, réveillé en pleine nuit, revoit son passé avec Alexia et prétexte qu’il doit retourner travailler à l’hôpital. En réalité, il s’arrête à l’aéroport pour se fondre dans l’anonymat des voyageurs. Il se fait repérer par Camille, une serveuse qui cherche le grand amour et collectionne les aventures. Et ainsi de suite, avec des personnages de A à Z, en alternant hommes et femmes, sur 26 heures de temps. Et nous sommes ainsi plongés dans les histoires de ces 26 personnages, aisés ou pauvres, mariés ou célibataires, jeunes ou vieux, 26 histoires qui interagissent les unes avec les autres, tissant des vies, des destins qui ne sont pas du tout étrangers les uns aux autres.

Ces histoires personnelles, c’est la vie, la vraie vie et Liliane Schraûwen les raconte avec justesse, avec finesse, avec puissance. Sa plume forte et riche en émotions fait mouche. Elle explore les relations humaines, les choix, les décisions mais aussi les hasards apparents qui peuvent bouleverser une, voire plusieurs vies et qui forgent – ou brisent – des destins humains. En quelques pages à peine, elle brosse des portraits intimes, riches d’humanité.

L’alphabet du destin est vraiment un très beau livre. Il est peut-être trop tard – si vous n’êtes pas à proximité d’une bonne librairie belge – pour le glisser sous le sapin mais il constitue un très beau cadeau en toutes circonstances !

Quelques citations sur Babelio

Liliane SCHRAUWEN, L’alphabet du destin, Quarature, 2021

Un immense merci à Patrick Dupuis et aux éditions Quadrature pour cette lecture !

Ce sera mon dernier billet de l’année, à part deux billets musicaux déjà programmés. J’ai besoin de souffler, le trimestre s’achève ce jeudi 23 décembre et cette fin d’année a été bouleversante dans mon école. Je reviendrai le mercredi 5 janvier avec un nouveau rendez-vous ! D’ici là, portez-vous bien, passez de bonnes vacances si vous avez la chance d’en prendre et vivez de belles fêtes de fin d’année !

Même pas mal

19 vendredi Nov 2021

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Brice Gautier, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Un mari toxique, une grossesse non désirée, l’amour qui s’en va, la perte d’êtres chers, un corps malade qui n’obéit plus, chaque personnage de ce recueil doit faire face à la souffrance. Certains l’apprivoiseront comme un animal sauvage, d’autres la retourneront à leur avantage, tous parviendront d’une manière ou d’une autre à l’empêcher d’envahir leur existence.

Douze nouvelles émaillent ce court recueil, qui tournent toutes autour de la douleur physique ou de la souffrance morale. Ou les deux… J’en épingle quelques-unes particulièrement marquantes.

Un homme assez terne et largué par sa femme se met à la course à pied. Peu doué au départ, il en arrive à courir plusieurs marathons par an, infligeant à son corps une épreuve physique que l’adrénaline occulte complètement. (Bigorexie)

Dans un texte entièrement au conditionnel (sauf la chute), un homme imagine qu’on lui annonce le décès de sa compagne. Une verion moderne du mythe d’Orphée. (Euridyce)

Une femme assiste à un concert de piano. Très critique car elle est elle-même pianiste, elle décide de quitter la salle, bien décidée à ne pas regagner son appartement du Vieux-Lyon sans avoir dragué un beau serveur. Mais la mémoire est trompeuse… (Quand minuit sonne)

Une jeune femme va passer seule la nuit à l’hôpital, on refuse à son compagnon de rester avec elle sur un lit de camp. Nuit au calme où les apparences vont révéler leur vrai visage et où une décision pourra enfin être prise. (Je ne veux pas d’ennuis)

Un homme découvre que sa femme le trompe en fouillant dans son téléphone. Les deux tourtereaux se sont baptisés « Têtard » et « Grenouille ». La métaphore batracienne est parfaitement filée jusqu’au dîner de grand luxe où mari et femme vont « conclure » avec ruse. (Potlacht)

Si je n’en retiens ici que cinq, c’est pour vous donner le goût de lire le recueil entier, seuls un ou deux textes m’ont paru de qualité un peu moindre. Tous mettent donc en scène des hommes et des femmes confrontés à la souffrance, mais qui essayent de contourner celle-ci, de l’esquiver, voire de l’endormir, de l’anesthésier. Leurs parades ne sont pas toujours efficaces, leurs décisions sont souvent inattendues, comme le montrent plusieurs nouvelles à chute. Brice Gautier manie l’humour – parfois noir – avec brio mais il sait aussi faire preuve d’une pudeur poignante face à certaines douleurs secrètes, cachées. L’auteur enseigne à Villeurbanne et on reconnaitra avec plaisir certains quartiers de Lyon dans ses nouvelles.

« Je décidai donc d’entrer dans un magasin de chaussures de sport.
Le vendeur repéra vite à mon allure que le trajet le plus long que j’étais capable de faire en courant était de traverser la rue pour éviter une voiture. Il s’employa donc à me vendre la paire la plus chère, la plus technique, celle qui court toute seule, qui respire de manière autonome, qui évite les cailloux et permet de marcher sur l’eau à condition d’atteindre une certaine vitesse. »

« Il m’aurait probablement fallu un père pour m’enseigner l’art complexe du bricolage, mais l’individu m’ayant engendré ne s’était pas fait connaître auprès de moi autrement que par le récit que me fit ma mère de sa fuite précipitée à l’annonce de sa grossesse avancée. »

Brice GAUTIER, Même pas mal, Quadrature, 2021

Un très grand merci à Patrick Dupuis et aux éditions Quadrature pour l’envoi de ce recueil !

Comme tous les après-midi

30 dimanche Mai 2021

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots d'Asie

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nouvelles, Zoyâ Pirzâd, Zulma

Quatrième de couverture :

Alieh, Rowshanak ou Raeheleh sont souvent à leur fenêtre. Entre le riz pilaf aux lentilles et les pétunias, le voile et une paire de bas, le mari, les enfants, les aïeuls ou les voisines, elles guettent ce qui va venir conforter ou bousculer leurs habitudes.

Au fil des saisons et des générations, avec un art précieux du détail, Comme tous les après-midi forme en dix-huit courts tableaux un kaléidoscope de prodiges minuscules.

Dix-huit petites histoires de deux à cinq-six pages chacune constituent ce recueil de Zoyâ Pirzâd, Chacune est comme un instantané pris en regardant par la fenêtre vers l’extérieur ou en observant la rue, un carrefour ou encore en goûtant le confort de l’intérieur. Beaucoup mettent en scène des femmes iraniennes, quelques-unes des hommes. Dans plusieurs nouvelles, l’observation de l’extérieur est une ouverture tant physique que figurée, une aspiration vers ailleurs, autre chose, dans d’autres c’est l’occasion de ressentir le temps qui passe, de la jeunesse à la vieillesse, du mariage au veuvage, de la vigueur à la retraite. De petits aperçus de vie tout en finesse, où la nourriture a une grande place et qui nous donnent une idée de la condition féminine en Iran. Un joli petit livre, comme un kaléidoscope.

« Je me dis chaque jour :  » Aujourd’hui, je vais écrire une histoire. » Mais le soir, après la vaisselle du dîner, je me mets à bailler et je me dis: » Demain, je l’écris demain, absolument. (…) Demain, après avoir préparé le déjeuner, avant que les enfants ne rentrent de l’école et mon mari du bureau, j’aurai tout le temps. (…) Demain il faut que je me souvienne que… » (p. 9-11)

« Je ne connais pas la voisine d’en face bien que de ma fenêtre je l’aperçoive chaque jour dans sa cuisine ou dans sa cour. Tous les matins, elle y porte son linge pour l’étendre sur une corde tendue entre deux vieux platanes. Puis, elle retourne à sa cuisine où elle prépare le déjeuner. Moi aussi, au même moment, je suis en train de faire le déjeuner. Je fais exactement les mêmes choses au même moment. Seules une ruelle étroite et une petite cour séparent nos activités identiques. » (p. 15)

Zoyâ PIRZAD, Comme tous les après-midi, traduit du persan (Iran) par Christophe Balaÿ, Zulma, 2015

Un Zulma par mois

Mai en nouvelles avec The flying Electra et Hop sous la couette

Le bruit du rêve contre la vitre

14 vendredi Mai 2021

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Axel Sénéquier, nouvelles, Quadrature

Présentation de l’éditeur :

« Sandra doit arriver d’une minute à l’autre. Il faut qu’elle se dépêche car derrière la vitre, il y a le soleil bleu, la mer jaune et les étoiles violettes qui s’impatientent, il y a cette vie bourdonnante qui attend qu’on la libère, il y a ces rêves qui frappent au carreau et craignent de mourir emprisonnés. Alors épuisé mais heureux, je désigne la fenêtre. L’infirmière comprend et me sourit. Lorsqu’elle tourne la poignée, le vent impatient s’engouffre dans cette chambre close et renverse les fleurs. Le vase explose sur le sol. Et dans les morceaux épars répandus aux quatre coins de la chambre, la lumière du soir se réfléchit et nous fait plisser les yeux. »

Douze nouvelles sur le confinement, le Covid-19 et cette époque trop sure d’elle-même qu’un virus a balayée.

Du 17 mars au 11 mai 2020, Axel Sénéquier est resté confiné dans son appartement parisien. Il a mis ce temps à profit pour faire la connaissance de ses trois enfants et écrire les 12 nouvelles qui composent ce recueil, le deuxième publié par les éditions Quadrature (après Les vrais héros ne portent pas de slip rouge).

Il est aussi auteur de théâtre. Son dernier test PCR s’est révélé négatif mais il continue de se désinfecter les mains plusieurs fois par jour.

Ayant lu, je suppose, mon avis enthousiaste sur le recueil de Frank Andriat Lorsque la vie déraille, Axel Sénéquier m’a très gentiment contactée pour me proposer de lire son dernier recueil Le bruit du rêve contre la vitre. Impossible d’oublier le titre du premier – que je n’ai pas lu – : Les vrais héros ne portent pas de slip rouge 😉

Axel Sénéquier a été inspiré par le premier confinement, comme nous l’explique la quatrième de couverture. Les douze nouvelles mettent en scène des personnes ordinaires dans une situation extraordinaire et nous racontent des histoires que nous avons pu voir évoquer aux infos ou dans divers reportages. Les violences conjugales qui se sont multipliées, les Parisiens qui se sont précipités dans leur résidence secondaire, les apéros Zoom, le télétravail obligatoire, l’occasion rêvée de changer (ou pas) de vie, de métier, la situation catastrophique dans les maisons de retraite, les parents confrontés au travail scolaire et à leurs enfants toute la journée, l’isolement forcé, les applaudissements aux balcons tous les soirs pour le personnel soignant… Autant de scènes dont tout le monde a entendu parler ou a vécues de près, autant de tranches de vie finement observées et détournées par Axel Sénéquier qui rend compte des rêves, des angoisses, des ras-le-bol, de l’inventivité, de l’impuissance, des beautés ou des bêtises humaines. Comment les gens ont pris à bras-le-corps la situation ou l’ont subie, comment ils en ont profité positivement ou pas : un regard lucide et décalé, souvent teinté d’un humour salutaire, qui fait toujours mouche.

Des photographes ont décidé de rendre compte de cette étrange période en photographiant des rues vides ou ce qu’ils voyaient de leur fenêtre ou le retour de la nature en ville. Il fallait que le sujet soit traité par la fiction, pour garder une trace de nos vies confinées : Axel Sénéquier a fait une oeuvre utile tout autant qu’artistique. Merci, Monsieur.

« En décrétant le confinement, on avait comme retiré une bonde sous la ville et toute la vie s’y était échappée. Ce gamin président était un tocard, il aurait dû rester banquier. »

« Les réseaux ont ceci de tragiques qu’ils sont des trépanations virtuelles. Ils permettent d’ouvrir le crâne de ses amis et de voir ce qui se passe dans leur tête. Et parfois, c’est pas joli. »

Axel SENEQUIER, Le bruit du rêve contre la vitre, Quadrature, 2021

Un grand merci à Axel Sénéquier et aux éditions Quadrature pour la découverte de ce livre qui me permet de participer au Mai en nouvelles organisé par The flying Electra et Hop sous la couette

Petit Bac 2021 – Objet 3

Rien n’arrête les oiseaux

10 samedi Avr 2021

Posted by anne7500 in De la Belgitude

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Editions Luce Wilquin, François Salmon, Le Mois belge 2021, nouvelles

Quatrième de couverture :

Qu’elles parlent d’amour, de haine, de chaussure gauche ou de microbiologie, les huit nouvelles de ce recueil jouent à ouvrir des brèches dans le quotidien, pour y laisser filtrer le vent grisant de l’imaginaire.

Des histoires comme des bulles de savon qui volent à la dérive dans notre quotidien.

Le premier recueil de François Salmon s’intitulait Rien n’est rouge, voici maintenant Rien n’arrête les oiseaux. Il me faut l’avouer, j’ai du mal à me souvenir des nouvelles précises mais pas de l’impression générale que les recueils me donnent, et le premier de François Salmon m’avait laissé une impression réjouissante. Celui-ci est tout aussi jubilatoire ! Son titre ne correspond à aucun des neuf textes du livre : à chaque lecteur d’en chercher une interprétation personnelle.

Parmi toutes les nouvelles que j’ai particulièrement appréciées :

La première, Le nom des courants d’air, où un homme qui cultive tranquillement son jardin loin du monde se laisse bousculer par une inconnue tombée du ciel à qui il prescrit, pour la guérir, des potions littéraires.

« Il entreprit alors de lui faire la lecture. Deux chapitres de Rabelais, d’abord, pour tonifier le sang, et puis Dostoïevski (pour la tension), une tirade d’Andromaque (rien de tel que l’alexandrin classique quand il s’agit de soutenir le rythme cardiaque). Il ajouta dix sonnets de Verlaine, comme du linge frais sur une peau meurtrie et termina par deux nouvelles macabres de Jean Ray car, il le savait bien, les plus puissants remèdes tirent toujours leur vigueur de poisons virulents. »

Des amours observe des couples soudain en rupture dans différents pays du monde : la chute nous permettra de comprendre le pourquoi de ces séparations.

Sur le champignon met en scène la concurrence entre deux microbiologistes invités à un congrès scientifique.

« Quelle recrue dans ce cénacle très masculin, on pouvait difficilement l’ignorer. Avec ses grands yeux bleus-je-veux, ses talons aiguilles et son chemisier rouge déboutonné jusque-là, elle semblait tombée d’un de ces assortiments de petits chaperons apéritifs qu’on trouve près du comptoir dans les night-shops pour méchants loups. »

Les lois de la pesanteur, à la fin délicieusement fantastique et fantaisiste.

Dans Les listes de Mathilde, une institutrice retraitée et veuve relit (relie) le fil de sa vie à travers ses carnets de listes, qu’elle a tenues chaque jour depuis son adolescence pour endiguer sa peur de l’inconnu, de l’imprévu. La vieille dame parviendra-t-elle à retrouver la spontanéité des amours de jeunesse malgré tout ce temps passé à cocher des cases ?

« Elle pourrait s’arrêter là, refermer le carnet, reposer le couvercle, mais il semble qu’elle n’en n’a pas encore son compte, de ce vieux chagrin séché entre les pages. Elle reprend par le début, explore à présent les jours d’avant la chute, voudrait trouver dans les derniers moments partagés un parfum d’absolu. Elle aimerait que l’amour transpire à travers les mots. Mais non. Les jours qui ont précédé le départ de Martin furent des jours ordinaires, et l’amour, elle le sait, avait laissé la place aux lois de l’habitude, à l’usure, aux griefs. Tout un chapelet de vieilles fatigues, des neuvaines de petites haines quotidiennes, infiniment ressassées. »

« La dernière liste qu’elle a rédigée aux côtés de son homme, tandis qu’adossé à son oreiller, il terminait sans doute les mots croisés du Journal, immuable rituel du coucher contre lequel elle a tant lutté – un journal dans le lit, ça n’était pas propre. Elle se dit qu’aujourd’hui c’était ça,  l’image de leurs vieux jours : chacun noircissait ses propres cases sur ses propres feuillets. Ils traçaient des vies parallèles qu’ils ne prenaient plus la peine d’épier par-dessus l’épaule de l’autre. »

Un truc incroyable raconte les aventures incroyables d’un homme à qui il arrive sans cesse des « trucs incroyables » et qui en a fait son métier : « modèle littéraire vivant » pour écrivains en panne d’inspiration.

« Après avoir tenté vainement d’exercer diverses professions ordinaires, pour lesquelles il s’était rapidement confirmé qu’il n’avait aucune compétence, après s’être donc fait renvoyer d’une brasserie, d’un bureau de comptabilité, du guichet d’un cinéma et d’une entreprise de plafonnage, il s’était résigné à gagner sa vie en pratiquant la seule chose pour laquelle il était doué : s’attirer des emmerdes et des péripéties. Notons tout de même que ce don très particulier n’aurait jamais été de nature à générer un salaire s’il n’avait existé sur terre une autre catégorie d’êtres pourvus d’un seul talent – mais cyniques, ceux-là, sans scrupules, prêts à vendre père et mère pour une bonne histoire : les écrivains en mal d’inspiration. »

« Pour tout dire il se méfie des gens qui lisent. Oui, les lecteurs l’agacent, avec leurs airs entendus, leurs lunettes, la façon grossière dont ils s’absentent de toutes les sociétés, se retranchent dans un prétendu monde intérieur. Et ce halo de superbe dont ils se nimbent dans les parcs et les métros, comme si la fréquentation des romans les élevait à une forme d’ aristocratie joliment surannée. Vraiment, lui qui ne lit pas, il enrage de ce mépris discret que lui réserve le cénacle des bibliophages, alors qu’ils ne sont eux-mêmes qu’un petit peuple frileux qui se protège de la vraie vie derrière des paravents de papier. »

La dernière nouvelle, A pieds joints, la plus longue, qui fait un clin d’oeil cocasse à un personnage d’une autre nouvelle, réussit à réconcilier un Juif et un Iranien grâce à une marchande de chaussures.

Comme on peut le lire dans les extraits, François Salmon aborde de nombreux thèmes, qui se rattachent sans doute au principal : celui de l’amour, jamais une bluette ou une romance indigeste, non, l’amour inattendu, exigeant, l’amour finissant, l’amour en allé, enfoui sous les couches de l’habitude, l’amour qui réconcilie, ou encore l’amitié, un autre nom de l’amour. Les personnages qu’il croque sont tout à la fois drôles et touchants, des gens ordinaires, avec leurs petits grains de folie, leurs manies, leur solitude, leur désir. Cerise sur le gâteau (autre clin d’oeil), François Salmon a beaucoup d’humour, un humour subtil, et il écrit bien, avec des images, des références, des trouvailles et de la légèreté. Comme les oiseaux.

J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à cette lecture qui m’a donné le sourire !

Rien que pour le plaisir, un dernier extrait de la nouvelle Oedipe comédie : « « Vous avez tué votre père ? Parfait. C’est un bon début. Vous connaissez la suite, je pense. Quand vous aurez réussi à coucher avec votre mère, revenez me trouver. Je vous expliquerai la procédure la plus simple pour vous crever les yeux. »
Quel panache, ce psy ! Quel sens de la formule ! »

François SALMON, Rien n’arrête les oiseaux, Editions Luce Wilquin, Collection Euphémie, 2017

Le Mois belge 2021 – catégorie La Lettre volée

Challenge Petit Bac 2021 – animal

Exquises petites morts

30 samedi Mai 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Editions M.E.O., Liliane Schraûwen, nouvelles

Quatrième de couverture :

L’amour… On le cherche, on le poursuit, on le fait et le défait, on en jouit, on en souffre. On le chante, l’écrit, le peint, le joue et le feint… On meurt pour lui, ou l’on tue. Mais que recouvre ce mot ? Nous aimons Dieu (parfois), notre patrie (rarement), nos parents, nos enfants. Nous aimons rire et chanter, nous aimons le sport, le cinéma, et même le chocolat ou le bon vin. Nous aimons nos rêves, nous aimons aimer. Nous aimons, aussi et surtout, cette moitié d’orange dont on nous a dit et répété qu’elle existe, qu’elle est là, quelque part, à nous attendre, et qu’elle comblera tous nos désirs, tous nos besoins.
Le même terme pour désigner tant de choses : possession, jouissance, domination, jalousie, volupté, tendresse, sacrifice… Depuis toujours, Éros et agapè jouent à cache-cache pour mieux nous tromper. Parfois, ils se trompent eux-mêmes, et tout dérape. Le bus fait une embardée, la déception nous dévore, la belle endormie oublie de se réveiller, la foudre frappe pour de bon…

J’ai choisi ce livre parmi les trois propositions d’édition de mai de la maison M.E.O. : j’étais curieuse de découvrir la plume de Liliane Schraûwen, dont des textes ont aussi été publiés chez Luce Wilquin et Quadrature.

« La petite mort », c’est ainsi que l’on désignait l’épilepsie dans la médecine ancienne. Cette expression a pris un sens figuré et familier pour désigner l’orgasme. Au fil de dix-sept nouvelles, Liliane Schraûuwen explore le sentiment amoureux et tout particulièrement le désir : celui qui naît au premier regard ou au premier contact physique, celui qui se contrôle voluptueusement, celui qui domine, celui qui veut posséder à tout prix. Les jeux sado-masochistes, le voyeurisme, le harcèlement, les fantasmes s’invitent dans le sentiment amoureux. Ce qui est intéressant, comme le dit la quatrième de couverture, c’est le moment où les choses dérapent, où la puissance se fait dominatrice, où le jeu érotique devient mortel.

Bon, il me faut avouer que les écrits sur l’intimité amoureuse, l’érotisme, ce n’est pas trop mon goût. Alors, pourquoi, e demanderez-vous, ai-je demandé ce livre ? Eh bien, il faut que je vous avoue qu’après quelques nouvelles bien écrites mais trop « physiques » à mon goût, mon attention a été réveillée grâce à les nouvelles Rabelais, Victor et moi » et Aglaé. La première met en scène une jeune ado qui croit dur comme fer que les bébés naissent par l’oreille, comme Gargantua, la seconde imagine une autre ado totalement fan d’une autrice, Aglaé (qui ressemble furieusement à une certaine Amélie N.) qui lui écrit des lettres de plus en plus pressantes jusqu’à une rencontre tragique avec son idole. L’humour de ces deux textes a relancé mon intérêt pour toutes ces situations amoureuses qu’analyse Liliane Schraûwen avec finesse.

J’ai aussi été touchée par la nouvelle La chance, qui dresse le portrait impitoyable de la moderne solitude des coeurs, de l’égoïsme, l’indifférence, l’irresponsabilité générées dans notre société. J’ai aussi aimé la dernière nouvelle du recueil, Eros et Thanatos, qui évoque une autre forme de solitude et un fantasme particulier. Le titre de ce dernier texte résume à lui seul les subtils aléas du sentiment amoureux.

Au final, je ne regrette pas du tout cette découverte, cachée sous une couverture soignée. Merci à Gérard Adam et aux éditions M.E.O pour l’envoi de ce livre !

Liliane SCHRAUWEN, Exquises petites morts, M.E.O., 2020

Les dimanches d’Angèle

13 lundi Avr 2020

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Le Mois belge 2020, Les dimanches d'Angèle, Linda Vanden Bemden, nouvelles, Quadrature

Quatrième de couverture :

Grand-maman est entrée en maison de repos un 2 janvier. Elle y est décédée 5 ans plus tard. Il y eut donc 5 fois 52 semaines de lessives, de visites, de bisous, de sourires. Mais aussi une semaine et demie de dentier perdu, 17 jours de lunettes égarées, 14 jours d’hospitalisation, 5 anniversaires, 8,7 litres de liquides renversés, 4 Noëls et demi, 3650 tartines, principalement à la confiture. Ses angoisses. Mes réponses. Mes angoisses. Sans réponse. Et l’odeur de pisse, évidemment.

Pendant cinq ans, la grand-mère de Linda Vanden Bemden, qui perd la mémoire et est un peu désorientée, a vécu en maison de repos. Chaque fois qu’elle rentrait chez elle après une visite, la petite-fille a écrit un texte qu’elle publiait sur les réseaux sociaux. en voici , réunis dans la collection Miniatures des éditions Quadrature. Des textes qui font une phrase, quelques lignes, une page, et qui disent bien sûr le quotidien d’une dame très âgée, la vie de la maison de retraite. Il y a, malgré la vieillesse, malgré le rétrécissement de la vie, malgré la proximité de la mort toujours tapie en embuscade, il y a de la poésie, du sourire dans les éclats de vie captés par Linda Vanden Bemden. Oh il y a bien sûr parfois le soupir fataliste et un peu débordé d’un soignant, les prises de bec entre résidents qui « perdent la tête » (mais pas le coeur), mais il y a toujours énormément de bienveillance, c’est l’amour indéfectible pour sa grand-mère, « sa princesse », qui illumine ce recueil.

Les dimanches d’Angèle, des textes ciselés, un petit bijou de tendresse et d’humour.

« A l’essentiel

Voilà Angèle installée dans sa chambre double à la maison de vie et de soins.

Presque toute sa vie tient dans une garde-robe : penderie à gauche, étagères à droite, valise sur le toit. Et dans deux petits meubles : l’un à couture, l’autre à tiroirs.

Une leçon d’essentiel, à l’ombre denos encombrements. » (p. 8)

« Feu d’artifice

Ce dimanche, la maison de vie et de soins est pyrotechnie de Noël. Formué ainsi, cela semble prometteur. En réalité, pas du tout : 

-de Noël parce qu’un mini marché de Noël a prs place dans la salle à manger.

-pyrotechnique parce qu’un feu d’artifice est la comparaison qui s’impose quand un pensionnaire éternue après avoir mis en bouche une large part de tartine trempée dans le café.

Pas forcément festif mais très réussi. » (p. 19)

« Ecrits

A la maison de vie et de soin aujourd’hui, des écrits.

-Dans l’ascenseur : « Mercredi de 14h à 16h, atelier blagues et énigmes. »

-Sur le panneau d’affichage Santé : « Tu as entre 60 et 100 ans et tu souaites faire le point sur ta structure musculaire ? Participe à notre atelier. »

-Dans la salle commune : « La vie est frite de petites choses. »

Une lettre de différence et la vie prend des airs de mayonnaise. » (p. 61)

Linda VANDEN BEMDEN, Les dimanches d’Angèle, Quadrature, 2020

Des nouvelles (des Angèle) pour ce Mois belge. Nous sommes lundi mais dans l’octave de Pâques, c’est tous les jours dimanche !

 

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Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

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