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~ Quelques notes de musique et quantité de livres

Archives d’Auteur: anne7500

La troisième fille

28 samedi Jan 2023

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques

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Agatha Christie, Hercule Poirot, Le Livre de poche

Quatrième de couverture :

Fermement décidé à jouir d’un repos bien mérité, Hercule Poirot, le roi des détectives, unanimement reconnu comme tel, reçoit la visite d’une jeune femme qui lui déclare qu’il est trop vieux pour l’aider ! Trop vieux, lui ? Non, mais…

Ce roman a été publié en 1966. Nous sommes donc en pleine période de changement dans la jeunesse britannique, dans les goûts vestimentaires, musicaux, dans l’art de vivre, etc. Hercule Poirot ne serait-il plus à la page, comme le lui lâche la jeune fille venue interrompre son petit déjeuner (shocking !) en lui disant avoir cru commettre un crime ?

Cette jeune fille, c’est « la troisième fille », comme l’expliquera à Poirot son amie Ariadne Oliver, c’est-à-dire la troisième colocataire d’un appartement de jeunes filles, celle qui occupe la chambre la plus moche, autrement dit. En l’occurrence, après recherches, les deux amis l’identifient comme Norma Restarick, fille d’un riche hommes d’affaires rentré en Angleterre avec une seconde épouse après avoir roulé sa bosse en Afrique du Sud. Norma ne supporte pas sa jeune belle-mère et son supposé crime pourrait avoir été de tenter d’empoisonner cette belle-mère. Oui, elle semble bien confuse, ou bien barrée, Norma, et les jeunes gens qui l’entourent sont-ils tous dignes de confiance ?

C’est un écheveau bien compliqué que va devoir détricoter Hercule Poirot, aidé (ou pas ?) par l’ébouriffante Mrs Oliver, et le lecteur peut craindre un instant que les célèbres petites cellules grises ne soient effectivement trop vieilles pour résoudre l’affaire. Il n’en sera rien, bien entendu, mais il n’empêche que pour une fois, j’ai eu l’impression de m’ennuyer un peu face à toutes les ratiocinations du petit Belge au crâne d’oeuf et aux moustaches inoubliables. Pour une fois aussi, j’ai eu quelques intuitions qui se sont avérées justes mais il fallait évidemment le génie de Poirot pour tout mettre au clair. Parmi tous les Poirot lus pour cette ligne de Petit Bac 2022, j’ai quand même eu le plaisir de lire une enquête où apparaissent la romancière Ariadne Oliver et la secrétaire miss Lemon (que j’ai imaginées sous les traits des actrices de la série avec David Suchet dans le rôle d’Hercule Poirot) et le « ping-pong entre Poirotet Oliver m’a bien fait rire.

« Et comment avez-vous su qui j’étais, si je puis me permettre ? Qu’est-ce qui vous a fait me reconnaître ?
— Vos moustaches, répondit aussitôt Norma. On ne peut les confondre avec nulles autres.
Flatté par la remarque, il les lissa avec un orgueil et une volupté que lui seul également était capable de manifester en de telles occasions :
— Oh ! non, c’est bien vrai. Non, on ne voit guère de moustaches aussi splendides que les miennes. Elles sont magnifiques, n’est-ce pas ?
— Oui… euh… enfin, j’imagine que oui.
— Ah ! sans doute n’êtes-vous pas très ferrée dans le domaine de la moustache, mais je peux vous affirmer, miss Restarick — miss Norma Restarick, n’est-il pas vrai ? — que les miennes sont en tous points remarquables. »

« C’est ainsi que les jeunes filles aiment à vivre, à présent. C’est mieux qu’une pension de famille. La première loue l’appartement meublé et se dispose à en partager le loyer. La seconde est habituellement une de ses amies. Ensemble, si elles ne connaissent personne, elles en trouvent une troisième par les petites annonces. Et comme vous le voyez, très souvent, elles arrivent à caser une quatrième locataire dans l’appartement. La première garde la meilleure pièce, la seconde paie un loyer moins élevé, la troisième presque rien mais niche dans une alcôve. Elles décident entre elles, laquelle aura la jouissance du logement, une soirée par semaine… Ce système marche généralement assez bien. »

« Probablement un type du genre beatnick, avec les cheveux longs et les ongles sales. J’en ai vu plus d’un errer chez nous. On n’ose pas leur demander « Qui diable êtes-vous ? » parce qu’il est difficile de se rendre compte si l’on s’adresse à une fille ou à un garçon, ce qui est bien embarrassant. Je suppose que ce sont des amis de Norma. De mon temps, ils n’auraient jamais franchi le seuil de notre demeure. Et si vous essayez de vous débarrasser cavalièrement d’eux, vous découvrez alors que vous avez affaire au vicomte Endersleigh ou à Lady Charlotte Marjoribanks. Ah ! Oui, le monde a bien changé. »

Agatha CHRISTIE, La troisième fille, traduit de l’anglais par Michel Averlant, Le Livre de poche, 2020 (1è publication en 1996)

Petit Bac 2022 – Ligne Agatha Christie – Famille

Challenge British Mysteries 2023

Le Livre de poche a 70 ans en 2023

Les notes du jeudi : Alors on danse… (3) Alexandre Glazounov

26 jeudi Jan 2023

Posted by anne7500 in Des Notes de Musique

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Alexandre Glazounov, Les Saisons

C’est au tour de Glazounov de nous entraîner dans la danse aujourd’hui.

Les Saisons est un ballet allégorique de Marius Petipa en un acte et quatre tableaux, sur une musique d’Alexandre Glazounov (1865-1936). Il a été composé en 1899 et présenté pour la première fois en 1900 par le ballet impérial du théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg avec des décors de Piotr Lambine.

20 ans avec mon chat

25 mercredi Jan 2023

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots japonais

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Editions Philippe Picquier, INABA Mayumi, Picquier poche

Quatrième de couverture :

Tout a commencé avec la rencontre d’un chaton égaré. Une boule de poils vaporeuse accrochée de toutes ses griffes au grillage d’un jardin. Une chatte friande de sardines et de bonite aigre-douce, qui va s’introduire dans la vie de l’auteur pour très longtemps. Mî va partager avec elle quatre-vingts saisons, la rendre sensible à l’odeur du vent, aux signes de la nature, à la température de la lumière, et accompagner chacune des transformations de sa vie. Car ce roman étoilé de poèmes est aussi celui d’une femme habitée par le désir d’écrire et qui, les yeux posés sur Mî blottie à ses côtés, va se transformer en écrivain.

C’est avec ce récit, largement autobiographique, que je débute ma rencontre avec les éditions Picquier. Le catalogue contient plusieurs titres avec des histoires de chats, forcément ça m’intéresse 😉

Mayumi Inaba a rencontré une petite boule de poils blancs, noirs et marron tombée du ciel un jour de 1977. Elle recueille ce chaton qui vient de naître et qui gardera pour toujours la peur du vide. La petite chatte portera le nom de Mî, comme les miaulements qu’elle pousse sans cesse et qui disent sa volonté de vivre. L’entrée de Mî dans la vie de Mayumi va décider de choix importants dans la vie de la jeune femme : le logement à louer ou à acheter, la présence d’un jardin ou de végétation. La présence du chat sera tellement forte qu’elle fera comprendre à Mayumi que son mariage n’a plus de sens et qu’il est temps de divorcer.

C’est vraiment une histoire d’amour très forte et touchante entre un félin et sa maîtresse (quoique ce mot, « maîtresse », n’a guère de sens quand on vit avec un chat) mais c’est aussi l’histoire d’une femme japonaise qui observe les saisons avec Mî, les changements urbains à Tokyo, qui nous fait percevoir quelques aspects de la mentalité et des coutumes japonaises, une femme qui, petit à petit, ose devenir poète et écrivain. Le récit est d’ailleurs émaillé de poèmes inspirés par la vie de Mî.

A noter qu’il ne se passe évidemment pas grand-chose, le rythme est lent, mais je me suis accrochée et j’ai apprécié le compte-rendu de ce quotidien avec un chat à Tokyo. D’autre part j’admire la ténacité avec laquelle l’auteure a soigné son chat pendant plusieurs années, je ne suis pas sûre que j’aurais la même patience – mais bien sûr, cela contribue à ce lien si particulier avec Mî.

« De la nuit lointaine que les yeux humains ne voient pas

Tu reviens

Les coussinets glacés les oreilles dressées

Et moi j’essuie les petites traces de tes pas dans le couloir

L’empreinte de la nuit

Les traces d’un secret qui n’appartient qu’à toi.« 

« Parmi les ouvrages qui me passionnaient à l’époque, il y avait Les Quatre Filles du docteur March, dont les jeunes héroïnes étaient pleines de charme, mais il y en avait une que j’aimais pardessus tout, Jo, la deuxième fille. Etait-ce à cause de son caractère masculin, droit et spontané, ou encore parce qu’elle était envoûtée par le désir d’écrire, je m’opposais farouchement au choix de ma sœur qui ne jurait que par Amy, éperdue d’envie pour celle qui possédait sous les toits un endroit où écrire. Je me perdais en admiration devant cette fille qui avait un endroit où écrire rien que pour elle. »

INABA Mayumi, 20 ans avec mon chat, traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, Picquier poche, 2016 (Editions Philippe Picquier, 2014)

En 2023, un Picquier par mois

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Les indiscrétions d’Hercule Poirot

23 lundi Jan 2023

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques

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Agatha Christie, Hercule Poirot, polar

Quatrième de couverture :

Richard Abernethie vient de mourir brutalement d’une crise cardiaque. Après l’annonce de son décès, les proches accourent aux obsèques. La cérémonie se déroule sans encombre jusqu’à ce que cette écervelée de Cora demande : « Il a bien été assassiné, n’est-ce pas ?  » Cette intervention incongrue jette, évidemment, un froid au sein de la famille.
Six ou huit coups de hache assenés, dès le lendemain, sur le crâne de la bavarde vont justifier l’intervention d’Hercule Poirot.
Son fameux sens de la déduction prouvera que la question de Cora n’était pas si sotte…

Richard Abernethie est l’aîné d’une grande fratrie dont il ne reste que quelques survivants et des neveux et nièces. Lui-même s’est occupé et a fait prospérer l’entreprise et la fortune familiales avant de mourir de maladie, un peu prématurément peut-être. C’est ce que semble sous-entendre Cora, la plus jeune de ses frères et soeurs, lors de la lecture du testament. Cora a toujours été considérée comme une tête-en-l’air, mais ses remarques irréfléchies mettaient parfois le doigt dans le mille. Et cela semble être le cas ici puisqu’elle est assassinée le lendemain de l’enterrement de Richard. Le notaire et ami de Richard Abernethie fait appel à Hercule Poirot pour vérifier les emplois du temps et versions des différents membres de la famille. Et les suspects ne manquent pas : les personnes en manque d’argent chronique, le neveu malhonnête qui cherche à rattraper ses malversations, la nièce ambitieuse qui rêve d’ouvrir sa boutique de luxe, l’autre qui veut soutenir son mari adoré dans ses productions théâtrales… tous intéressés par la fortune Abernethie.

Hercule Poirot va ici enquêter « en sous-marin », recueillant les impressions de Mr Entwhistle, le notaire, chargeant un autre détective de trouver des informations sensibles, avant d’apparaître lui-même dans le manoir familial sous une fausse identité. Pour une fois, heureusement que personne ou presque ne connaît l’homme aux moustaches si soignées ! Son stratagème ne tiendra pas jusqu’au bout mais il parviendra bien à révéler le coupable, dans une révélation finale à laquelle personne – membres de la famille et surtout votre humble lectrice – ne s’attendait. Décidément, Agatha Christie a le chic pour observer et dépeindre ce qu’il y a de plus sombre dans le coeur humain !

« Après le délicieux velouté de poulet et quantité de viandes froides accompagnées d’un excellent chablis, l’atmosphère de deuil s’éclaircit. Personne dans la famille n’avait éprouvé grand chagrin de la mort de Richard Abernethie, puisque personne n’entretenait avec lui des liens très étroits. Certes, l’attitude générale s’était conformée à ce qu’il faut de bienséance et de réserve, à l’exception de la pétulante Cora, qui, à l’évidence, passait un excellent moment. Mais chacun sentait que l’on avait accordé leur dû aux convenances et que l’on pouvait maintenant en revenir à une conversation normale. »

« – C’est ça, vos boniments, monsieur Poirot…, c’est monsieur Poirot, n’est-ce pas ? C’est drôle que je n’aie encore jamais entendu parler de vous.
– Ce n’est pas drôle, répondit Poirot avec sévérité. C’est lamentable ! Hélas ! l’éducation n’est plus ce qu’elle était. »

Agatha CHRISTIE, Les indiscrétions d’Hercule Poirot, traduction révisée de Jean-Marc Mendel, Le Masque poche, 2014

Petit Bac 2022 – Ligne Agatha Christie – Prénom

Challenge British Mysteries

Garçon ou fille

20 vendredi Jan 2023

Posted by anne7500 in Des Mots britanniques, Des Mots en Jeunesse

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Gallimard jeunesse, Pôle Fiction, Terence Blacker

Quatrième de couverture :

Le jour où son cousin Sam, venu tout droit des États-Unis, vient habiter chez lui, la vie de Matthew prend une autre tournure. Elle devient même infernale car le cousin en question se révèle être un garçon arrogant au comportement insupportable. Pourquoi ne pas lui donner une bonne leçon ? Avec la complicité de ses copains, Matthew lance à Sam un défi téméraire : se déguiser en fille une semaine entière ! L’opération Samantha est déclenchée. 

Suite au décès de sa mère, Sam, le cousin américain, issu d’un couple pour le moins atypique (mère très cool, père absent parce que souvent en prison) débarque en Angleterre dans une petite famille aux habitudes bien réglées et à la politesse guindée so british. Le cousin aux longs cheveux a vite fait de semer le désordre dans la maison et dans la bande de Matthew. Aussi les Sheds lui lancent-ils le défi de passer la première semaine de cours déguisé en fille. Voilà Sam transformé en une Samantha plus vraie que nature, censée infiltrer un groupe de filles pour en ramener des infos capitales sur leur mode d’emploi de fonctionnement. Face à l’inoxydable principale du collège, Samantha renverse les codes et fait une infiltrée plus vraie que nature. Mais voilà que son père, surnommé Crash Lopez, se met en tête de venir récupérer son gamin…

Voilà un roman sans prise de tête, qui fait passer un bon moment de détente malgré ses petits défauts et maladresses. Il semble exploiter des clichés bien accrochés comme les bandes de copains ou de copines bien genrés, le prof d’anglais qui préfère évidemment les filles plus studieuses aux garçons chahuteurs, la maman qui fait bouillir la marmite pendant que papa est un parfait homme d’intérieur. Il campe des adultes un peu caricaturaux (la mère intrusive de Tyrone, le père délinquant de Sam et sa petite amie ronronnante, le prof qui ne sort pas de ses cases) mais il ne faut pas oublier que le roman date de 2004 en anglais (2005 en traduction française). Alors, certes, comme je l’ai lu par ailleurs, il ne développe pas à fond les thèmes de l’homosexualité, de la bisexualité (et ne parlons même pas des transgenres – il y a seize ans, c’était ans doute encore trop osé dans la littérature pour ados) mais il a au moins le mérite d’aborder ces questions par le biais de l’humour et de faire un peu bouger les lignes – ou les cases – dans lesquelles garçons et filles sont parfois enfermés. Le rythme est assez soutenu, grâce à la narration polyphonique – quoique celle-ci peut perturber certains jeunes lecteurs moins aguerris.

« Bref, j’ai une famille tout à fait normale, mais dans une version revue et corrigée par un scénariste dyslexique, avec papa dans le rôle de Blanche-Neige et maman dans celui de sept nains ! »

« La parlotte, au-delà d’une certaine dose, ça devient toxique pour un garçon. On peut très bien communiquer en quelques mots, ponctués de quelques grognements, gestes ou mimiques. Mais elles, elles se sentent obligées de cancaner à propose de tout et de n’importe quoi. Dès qu’une idée éclot dans leur tête, et parfois même avant, il faut qu’elles en fasse profiter toutes leurs copines !
Si j’étais misogyne (ça, Dieu m’en garde!), je dirais que de ce point de vue, elles sont nettement plus superficielles que nous. »

Terence BLACKER, Garçon ou fille, traduit de l’anglais par Stéphane Carn, Gallimard Jeunesse, Collection Pôle Fiction, 2012 (Gallimard Jeunesse, 2005)

Les notes du jeudi : Alors on danse… (2) Alexandre Scriabine

19 jeudi Jan 2023

Posted by anne7500 in Des Notes de Musique

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Alexandre Scriabine

La semaine passée, je vous ai parlé de l’anniversaire de la mort de Noureev, alors je continue dans des danses russes.

Ayame Ishise (piano) interprète la « Valse en la bémol majeur op. 38 » d’Alexandre Scriabine.

La pointe du compas

18 mercredi Jan 2023

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots en Jeunesse, Des Mots français

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Actes Sud Junior, Anne Rehbinder, D'une seule voix

Quatrième de couverture :

« Ma mère m’a dévoilé la magnifique et exaltante autoroute des femmes : ‘Fais un métier pour aider les autres, les écouter, les soutenir, les comprendre. Accueille, câline, cajole, rassure, réconforte. Sois dine, sensible, belle, savant, inspirante, désirable… baisable.’ Mais non, c’est ma mère, évidemment elle ne m’a pas dit ‘baisable’. Ca, c’est même sa grande terreur. »

Tessa porte un jogging homme XXL, comme une carapace contre le monde et les diktats imposés aux filles. Elle veut vivre son genre comme elle l’entend.

A seize ans, Tessa a cessé de suivre le modèle de fille imposé par sa mère. Finis les vêtements ajustés, les mini-jupes, les épilations programmées, tout l’attirail destiné destiné à séduire la gent masculine. Ce faisant, elle rejette également les clichés, les « stéréotypes de genre » dont on rebat régulièrement les oreilles des filles. Mais il y a quand même une contradiction entre cette volonté maternelle d’exhiber le corps parfait de sa fille et sa trouille à l’idée que quelqu’un puisse en profiter malhonnêtement. Quel est le secret de ce paradoxe ?

Inutile d’en dire plus sur ce texte court, qui fait partie de la collection « D’une seule voix » d’Actes Sud Junior et est donc destiné à être lu, dit à haute voix. Le langage claque, l’humour, l’auto-dérision accompagnent les thèmes très actuels et les questionnements de Tessa. Il est question de genres, de rôles assignés, de libération féminine, un combat toujours à mener, et d’un autre thème que je ne tiens pas à « divulgâcher ». Il faut le lire aussi pour comprendre le sens du titre.

Miettes (Humour décalé) de Stéphane Servant aborde une partie de ces thèmes, du point de ve d’un adolescent et j’avoue que je l’ai trouvé plus percutant que ce texte-ci. Non que La pointe du compas manque d’intérêt mais je trouve que l’autrice a voulu aborder trop de thématiques super importantes et le format court m’a donné l’impression d’une association de thèmes un peu artificielle. Mais ce livre est hautement recommandable, surtout pour des ados qu’un long texte rebute.

Anne REHBINDER, La pointe du compas, Actes Sud Junior, Collection D’une seule voix, 2022

Thérèse Desqueyroux

15 dimanche Jan 2023

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Classique, François Mauriac, Le Livre de poche, Thérèse Desqueyroux

Quatrième de couverture :

A Argelouse, petit village entouré de landes et de pins, les mariages sont arrangés pour aller les familles et réunir les terrains. Thérèse Larroque devient ainsi Mme Desqueyroux, femme singulière d’un homme ordnaire, enfermée dans sa solitude, piégée par le poids du clan et des intérêts, les convenances et les rumeurs.

Ce roman envoûtant de Mauriac est celui d’une femme prisonnière, un être « coupé de tout, de tous les côtés », une héroïne sombre qui tentera ainsi, quoi qu’il en coûte, sans plus de scrupules, de se libérer du joug de son mariage et du destin qu’on lui impose.

Quand, il y a quelques semaines, Marilyne a proposé une lecture commune autour de l’auteur François Mauriac, j’ai sauté sur l’occasion pour relire ce roman au personnage assez fort pour lui donner son titre. Je l’ai lu il y a longtemps, en fin de secondaire, et j’ai pris beaucoup de plaisir à sa relecture. Je craignais qu’il ne soit vieilli, mais pas du tout, du moins à mes yeux. Bien sûr, il a été publié en 1927, à l’époque les jeunes femmes passent de la tutelle de leur père à celle de leur mari et il faut le lire ainsi, dans ce contexte social. Désolée pour ceux qui ne l’ont pas lu, je vais sans doute dévoiler des éléments importants de l’intrigue.

C’est un roman très court, 140 pages environ, où les choix narratifs et le traitement du temps son très intéressants. Dans la majeure partie du texte, un narrateur externe raconte la fin de journée et la longue soirée où Thérèse Desqueyroux vient de bénéficier d’un non-lieu pour la tentative d’empoisonnement de son mari Bernard et où elle rentre à Argelouse, en train et en carriole, pour retrouver son mari dans la maison familiale. Durant ce voyage interminable, Thérèse se souvient de sa propre histoire et dresse la confession qu’elle veut adresser à son mari. Jeune femme éduquée, intelligente, sans doute plus que les autres de son milieu, singulière – ne serait-ce que par les cigarettes qu’elle enchaîne régulièrement – elle a suivi les conventions de son milieu et a épousé Bernard Desqueyroux, lui apportant des pinèdes et des sources de revenus assez importantes. Très vite, elle va se lasser de cet homme aux goûts un peu frustes. Elle n’a pas non plus l’instinct maternel, sa jeune belle-soeur Anne semble avoir un meilleur contact avec sa propre fille. Une après-midi de canicule et d’incendie, elle saisit l’occasion d’empoisonner peu à peu Bernard à l’arsenic. Elle le fait apparemment sans affect particulier, avec détachement. Quand elle rentre à Argelouse, Bernard lui signifie sa décision : certes il a témoigné de telle sorte que le scandale soit étouffé mais il ne veut plus rien avoir d’intime avec Thérèse, qu’il garde pourtant sous surveillance étroite. Quelques pages pour narrer l’enfermement physique et mental de la jeune femme et quelques pages encore pour comprendre comment elle en sort.

Un roman très court donc, très ramassé, dont le personnage féminin est omniprésent et complexe, sans doute parce qu’elle ne comprend pas clairement elle-même ses propres aspirations ni comment les réaliser sans passer par le modèle tout fait proposé aux femmes de son milieu et de sa génération. J’ai lu dans la postface que Thérèse Desqueyroux est sans doute homosexuelle et qu’elle n’a même pas conscience de cette orientation sexuelle (on est dans les année 1920, rappelons-le). J’avoue que cette « explication » ne m’a même pas effleuré l’esprit mais c’est vrai qu’en contrepoint du couple formé par Thérèse et Bernard, il y a Anne, la soeur de Bernard, à qui Thérèse était très liée avant son mariage, et Jean Azévedo, un jeune homme dont Anne s’est entichée avec passion et que sa famille refuse de la voir épouser sous peine de mésalliance.

Pour me souvenir un peu du Mystère Frontenac, lu aussi en secondaire, je croyais que la religion tenait une grande place aussi dans ce roman , mais en fait pas vraiment, sinon que Thérèse n’a aucun scrupule, on la sent athée, elle suit simplement les convenances de sa belle-famille, en pressentant dans la solitude du jeune prêtre de la paroisse la même solitude que la sienne, le même enchaînement.

« Que peut-elle redouter ? Cette nuit passera, comme toutes les nuits ; le soleil se lèvera demain : elle est assurée d’en sortir, quoi qu’il arrive. Et rien ne peut arriver de pire que cette indifférence, que ce détachement total qui la sépare du monde et de son être même. Oui, la mort dans la vie : elle goûte la mort autant que la peut goûter une vivante. »

« Elle ne comprendrait pas que je suis remplie de moi-même, que je m’occupe toute entière. Anne, elle, n’attend que d’avoir des enfants pour s’anéantir en eux, comme à fait sa mère, comme font toutes les femmes de la famille. Moi, il faut toujours que je me retrouve; je m’efforce de me rejoindre… »

« Les êtres que nous connaissons le mieux, comme nous les déformons dès qu’ils ne sont plus là ! Durant tout ce voyage, elle s’était efforcée à son insu, de recréer un Bernard capable de la comprendre, d’essayer de la comprendre ; mais, du premier coup d’œil, il lui apparaissait tel qu’il était réellement, celui qui ne s’est jamais mis, fût-ce une fois dans sa vie, à la place d’autrui ; qui ignore cet effort pour sortir de soi-même, pour voir ce que l’adversaire voit. »

Merci à Marilyne d’avoir proposé cette lecture commune autour de François Mauriac, j’ai vraiment apprécié ma relecture et le style de l’auteur, son intelligence romanesque, son art de faire sentir l’enfermement intime de Thérèse en le liant à la nature environnante.

« Et c’était le silence : le silence d’Argelouse ! Les gens qui ne connaissent pas cette lande perdue ne savent pas ce qu’est le silence : il cerne la maison, comme solidifié dans cette masse épaisse de forêt où rien ne vit, hors parfois une chouette ululante (nous croyons entendre, dans la nuit, le sanglot que nous retenions). »

François MAURIAC, Thérèse Desqueyroux, Le Livre de poche, 2022 (c’est la 95è édition au Livre de poche !) (Bernard Grasset, 1927)

Marilyne a choisi Le Noeud de de vipères. Voyons aussi les choix des autres participants.

Et maintenant j’aimerais vraiment relire Madame Bovary et Le grand Meaulnes.

Les notes du jeudi : Alors on danse… (1) Rudolf Noureev

12 jeudi Jan 2023

Posted by anne7500 in Des Notes de Musique

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Danse, Rudolf Noureev

Ce n’est pas la première fois que je vous propose un thème lié à la danse en janvier, je continue en ce janvier 2023 où on fait mémoire de Rudolf Noureev, décédé le 6 janvier 1993.

Voici un diaporama et une émission qui évoquent la carrière et la mort de l’artiste russe qui est passé à l’Ouest en 1961.

La plume empoisonnée

11 mercredi Jan 2023

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques, Des Mots noirs

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Agatha Christie, Le Masque, Miss Marple

Quatrième de couverture :

Lymstock est un petit village anglais dont rien ne semble vouloir bouleverser la tranquillité. Pas même cette épidémie de lettres anonymes venimeuses et mensongères qui frappe les habitants les uns après les autres. Pourtant, le calme apparent du village vole en éclats lorsque l’une des victimes du corbeau décide brusquement de mettre din à ses jours. Mais est-ce réellement un suicide ? Appelée sur place par la femme su pasteur, inquiète de la tournure que prennent les événements, Miss Marple n’en semble pas convaincue et va tout faire pour découvrir la vérité…

Un village anglais, voilà un cadre où il se peut se passer beaucoup de choses et où on peut rencontrer une galerie de personnages et de passions plus intéressants les uns que les autres. Ce n’est pas la première fois que la Reine du crime y plante le décor d’une de ses enquêtes. Ici, à Lymstock, village où Jerry Burton vient vivre sa convalescence après un grave accident, en compagnie de sa soeur Joanna, du notaire guindé à sa belle-fille mal-aimée, du médecin dévoué et timide au vieux collectionneur célibataire, de la vieille fille hyper-active à la (trop ?) discrète femme du pasteur, la galerie est intéressante et comme toujours bien campée par Agatha Christie. De parfaites cibles pour le corbeau qui sévit là depuis plusieurs semaines et que la police prend très au sérieux. Surtout quand une des victimes se suicide après avoir reçu une lettre.

C’est Jerry Burton qui est le narrateur de cette enquête. Lui-même victime du corbeau, il observe, cherche, apporte son regard extérieur au village. Il est particulièrement intéressé par la fille aînée de Mrs Symminigton, Megan, qui, à l’âge de vingt ans, traîne ses bas troués et sa paresse apparente dans tous les coins de la campagne environnante. Ici ce n’est que bien tard que Miss Marple apparaît dans le village, appelée en renfort par la femme du pasteur, parce qu’elle « connaît tout de l’âme et de la méchanceté humaine ». La vieille demoiselle est très discrète dans cette enquête mais ses observations, qui compléteront celles de Jerry Burton, et son intervention seront décisives pour découvrir le fin mot de l’histoire.

A travers le narrateur et les différents personnages, Agatha Christie nous mène sur toutes les pistes possibles, jusqu’à un dénouement qu’évidemment je n’ai pas vu venir. Sur le plan humain, mention spéciale à la relation entre le frère et la soeur et à l’amour qui finit toujours par combler le coeur de certains personnages chez Dame Agatha.

« Curieux qu’une jolie créature pût vous troubler au plus profond de vous-même aussi longtemps qu’elle n’ouvrait pas la bouche et que le sortilège disparût à l’instant même où un mot sortait de ses lèvres ! »

« – J’ajouterai, si je puis me permettre, que je suis très heureux de votre collaboration, Mr Burton.
– Voilà ce qui me parait plutôt inquiétant, remarquai-je. Dans les romans, quand le détective se déniche un collaborateur sur le terrain, ledit collaborateur est les trois quarts du temps l’assassin. »

« – Voyez-vous, dit-elle, pensive, réussir un meurtre, c’est un peu comme réaliser un tour de passe-passe.
– Il faut des mains agiles pour tromper les regards.
– Pas seulement. Il faut aussi obliger les gens à regarder un leurre, et au mauvais endroit. Les désorienter, en quelque sorte. »

Agatha CHRISTIE, La plume empoisonnée, traduction d’Elise Champon, Le Masque poche, 2015

Petit Bac 2022 – Ligne Agatha Christie – Art (S’il reste moins de 5 lens à fournir, on peut terminer le challenge en janvier. Je finis donc ma ligne Agatha encore deux titres à lire.)

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"Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres."

Christian BOBIN, Un assassin blanc comme neige, Gallimard

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