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Archives de Tag: Albin Michel

Agatha Raisin enquête – Sale temps pour les sorcières

15 mardi Juin 2021

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques, Des Mots noirs

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Agatha Raisin enquête, Albin Michel, M.C. Beaton

Agatha Raisin enquête, tome 9 : Sale temps pour les sorcières par Beaton

Quatrième de couverture :

Traumatisée après qu’une coiffeuse rancunière l’a shampouinée à la crème dépilatoire, Agatha Raisin se réfugie incognito dans un hôtel de la côte en attendant que sa chevelure repousse. N’ayant plus rien à perdre, elle consulte également une sorcière réputée pour ses talents. Miracle, la magie opère, mais pour peu de temps, car la sorcière est retrouvée assassinée… Agatha renoue aussitôt avec ses réflexes de détective, aidée par l’inspecteur Jimmy Jessop, ensorcelé par ses charmes. À moins que ce ne soient les effets du philtre d’amour qu’Agatha a acheté à la pauvre sorcière ? 

A la fin de cet opus, Agatha déprimerait presque car elle a l’impression que, où qu’elle passe, la mort frappe, des gens sont malheureux à cause d’elle. Elle revient se réfugier chez elle, à Carsely, dans son cottage et auprès de ses chats après des « vacances » un peu forcées sur la côte, à Wyckhadden, en plein hiver. Là, dans le vieil hôtel cosy où elle séjourne, elle est conviée dans le cercle de vieux résidents à l’année qui s’occupent entre parties de Scrabble, soirées dansantes ou promenades sur la jetée. Et une des résidentes confie son bon plan à Agatha : consulter une voyante (automatiquement rebaptisée une sorcière par Agatha) qui fournit aussi des potions « magiques » contre toutes sortes de maux. Et notre quinqua échaudée par des expériences amoureuses décevantes (elle est évidemment toujours obnubilée par James Lacey) achète à prix d’or un philtre d’amour, qu’elle s’empresse de tester sur un inspecteur local (rencontré par hasard, je vous le promets) qui en devient tout amical, voire empressé. Et voilà que la sorcière est assassinée… et devinez qui retrouve le corps…

Je sais que certain(e)s se sont lassés des enquêtes d’Agatha Raisin, ce n’est pas encore le cas pour moi, ça me fait vraiment une distraction sans prise de tête dont j’ai bien besoin en juin. Cette enquête n’est pas trop dangereuse pour l’intégrité physique d’Agatha, je trouve même qu’elle fait de beaux efforts pour être civile avec les résidents de l’hôtel malgré l’ennui qui la guette et les rigueurs de la saison. Ici M.C. Beaton a mis tout l’humour sur la sorcière et ses produits « miracle », sur la relation entre Agatha et l’inspecteur Jimmy Jessop (tandis que James Lacey et Charles Fraith cherchent malgré tout à avoir des nouvelles de leur amie). Va-t-on croire aux belles promesses vertueuses d’Agatha de retour à Carsely ? C’est que nous verrons au prochain épisode 😉

« Elle était descendue au Garden Hotel, « petit mais luxueux », selon la brochure. Elle regrettait maintenant de ne pas avoir choisi un lieu plus design, moderne et clair. Le Garden Hotel ne semblait pas avoir tellement changé depuis l’époque victorienne. De hauts plafonds, une moquette épaisse et des murs très solides : le lieu était aussi silencieux qu’une tombe. Les autres résidents n’étaient plus tout jeunes. Rien de plus pénible pour une femme d’âge mûr, consciente du temps qui passe et de l’inexorabilité de sa propre vieillesse. Agatha avait brusquement compris pourquoi les hommes d’une cinquantaine d’années s’épanouissaient en jean, boots et blouson de cuir à la recherche d’une minette à exhiber. Elle marchait beaucoup, bien décidée à perdre du poids et à rester en forme.
Dans la salle à manger du Garden, il lui avait suffi d’un regard sur les autres clients pour envisager un lifting. »

« La voiture d’Agatha parcourut en cahotant le chemin menant à la ferme. «Il fait encore plus froid ici qu’à Wyckhadden, dit-elle en regardant les champs blanchis par le givre.
– L’air est un peu plus doux en bord de mer, mais pas tant que ça.
– C’est sérieux votre histoire de neige? demanda Agatha en se garant.
– Un fond froid provenant de Sibérie.
– C’est toujours de la faute de la Sibérie, ronchonna Agatha. Qu’ils se les gardent leurs foutus fronts froids.
– La raison pour laquelle ils nous les envoient, c’est qu’ils savent que nous aimons nous plaindre du temps qu’il fait. C’est le sujet de conversation préféré des Britanniques, après tout.
– Ça et les meurtres.» »

M.C. BEATON, Agatha Raisin enquête – Sale temps pour les sorcières, traduit de l’anglais par Amélie Juste-Thomas, Albin Michel, 2018

Le Mois anglais 2021

Petit Bac 2021 – Gros mot

Challenge Cottagecore 2021

Il fait bleu sous les tombes

20 mardi Avr 2021

Posted by anne7500 in De la Belgitude, Des Mots au féminin

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Albin Michel, Caroline Valentiny, Premier Roman

Il fait bleu sous les tombes par Valentiny

Quatrième de couverture :

« Enfant, lorsqu’il était en vie, il se couchait dans l’herbe, le soir, pour observer le ciel. Aujourd’hui, depuis son carré d’herbe étanche à la lumière, il a beau plisser les yeux, il ne peut plus rien voir. »

Jusqu’il y a peu, Alexis était vivant. A présent, il ne sait plus. Il perçoit encore la vie alentour, le bruissement des feuilles, le pas des visiteurs, et celui, sautillant, de sa petite sœur qui vient le visiter en cachette.
Il se sent plutôt bien, mais que fait-il là ? Il ne sait plus. Ses proches n’y comprennent rien non plus. Quel est le mystère d’Alexis ? Qu’a-t-il voulu cacher à en mourir ?

C’est un premier roman que nous offre ici Caroline Valentiny, et elle n’a pas choisi un thème facile : le deuil, suite au suicide d’un fils de vingt ans. Accident ou suicide, d’ailleurs, les circonstances ne sont pas tout à fait claires et les questions sans réponses, les doutes empêchent Alexis de vraiment trouver le repos au fond de sa tombe. Dans sa gangue de terre, il se sent peu à peu se déliter mais quelque chose l’empêche de se libérer, de partir vraiment.

Accompagner Alexis après la mort, percevoir ses sensations, c’est déjà un point de vue original adopté par l’autrice qui nous introduit aussi dans le coeur et les pensées de Juliette, la petite amie, Madeleine, la mère, de Pierre, le père et de Noémie, la toute petite soeur de cinq ans. Juliette est en colère, contre Alexis et contre elle-même. D’abord sidérée, Madeleine éprouve le besoin d’une sorte de fuite en avant, elle lâche tout, famille, élèves, pour suivre les pas d’Alexis dans les derniers mois de sa vie. Pierre, médecin, s’abîme dans le travail et tente de rester debout. Noémie fait l’école buissonnière et vient régulièrement rendre visite à ce grand frère dont elle sent la présence et à qui elle parle en toute simplicité. J’ai été particulièrement touchée par ce personnage de petite fille et aussi par le parcours de la mère. Ces différentes voix dans le roman expriment les différentes manières de vivre le deuil, ce n’est pas un thème nouveau mais tout sonne juste sous la plume poétique de Caroline Valentiny, et bien sûr aussi le ressenti d’Alexis dans son cercueil. Qui n’a jamais tenté d’imaginer ce que pensent nos disparus, qui n’a jamais ressenti leur proximité ? Nous les imaginons encore bien humains, bien terriens, et c’est ce que donne à ressentir l’auteure avec beaucoup de douceur.

A ce thème du deuil et à la dimension un peu fantastique de la communication avec les morts, s’ajoute le thème de l’environnement et de l’anxiété face aux désastres écologiques. C’est ce qui préoccupait apparemment Alexis en tant qu’étudiant. Et avec le jeune homme, nous refaisons le parcours, nous marchons dans ses traces. Jusqu’à ce qu’Alexis lui-même ait « relu » sa vie et que ses proches aientt su trouver une forme d’apaisement sous le bleu des tombes.

Des textes pareils, aussi pleins d’intériorité, de vérité, de justesse, j’en redemande.

« C’était un bel après-midi de printemps. Les feuilles des arbres bruissaient légèrement sous la brise et le soleil accrochait ses rayons sur les pierres tombales comme si tout devait durer toujours. Il vint à peine à l’esprit de Madeleine qu’un tel endroit puisse recéler tant de beauté. Elle abandonna le prêtre à ses étranges paroles et laissa son esprit la porter jusqu’aux cimes des arbres. Là, il se pouvait que son fils ne fût pas mort. Elle s’appuya un peu plus fort sur le bras de son mari. D’une légère pression de la main il lui fit savoir qu’il la soutenait. Mais depuis quelques jours plus rien ne soutenait Madeleine.
Elle regarda distraitement la première pelletée de terre s’éparpiller sur le bois du cercueil. Elle songea à s’allonger près d’Alexis et à laisser la terre la recouvrir à son tour. Dieu sait pourquoi elle ne le fit pas. Sans doute ne raisonnait-elle plus très juste. Car il n’est pas juste qu’une mère continue à se promener à la surface du monde quand son fils dort dessous. »

« Il expirait sans fin. Doucement il se posait. Comme un baiser peut être, comme la note la plus basse que peut gémir un violoncelle. Son cœur ne battait plus. Le souffle de son désir s’échappait dans les graves. Ses yeux ne cherchaient plus. Le monde battait encore, mais en dehors de lui. Il l’entendait, alentour, sans plus rien dire, sans rien faire. En lui, petit à petit, montait le silence. »

« Évaluation de fin d’année, en maternelle. Qu’est-ce que c’était encore que cette invention-là. Qu’évaluait-on à cinq ans? La précision du picotage, lard du non-dépassage ? Il fallait que chaque enfant soit dans les temps, en avance sur le temps même, qu’il n’aille pas manquer une étape, celle des lacets par exemple, celle du pipi, celle de l’intégration sociale, de la capacité d’abstraction, de la première révolte, de… Cela valait bien la peine de se presser, si c’était pour finir dans une tombe à vingt ans. »

« S’il n’entend pas, s’il n’entend plus, elle chantera quand même, et ce chant d’amour pour son fils endormi ne s’épuisera jamais, même plus tard, quand elle sera vieille, elle continuera de chanter, elle sera mère à jamais d’un enfant, d’un jeune homme, elle restera prise dans ces commencements-là puisque aucune ride sur le visage d’Alexis ne viendra lui dire c’est bon, maman, tu peux te reposer, regarde, ça va, tu as bien fait ton travail. »

« Dans le cimetière de son village natale, six pieds sous terre comme il se doit, le corps d’Alexis poursuivait la lente décomposition qui allait le ramener à sa forme originelle. On débute en silence, sur terre, derrière le rideau des coulisses maternelles ; on termine en silence, sous des rideaux de terre, l’âme évanouie, distraite. »

Caroline VALENTINY, Il fait bleu sous les tombes, Albin Michel, 2020

Merci à Argali pour cette magnifique lecture !

Le Mois belge 2021 – catégorie Esperluète (il s’agit bien d’une histoire de famille dont les liens se modifient suite au deuil)

Petit Bac 2021 – Couleur

Des trains pas comme les autres – tome 1

30 mardi Mar 2021

Posted by anne7500 in Non Fiction

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Albin Michel, En train, Philippe Gougler

Quatrième de couverture :

Philippe Gougler, auteur & présentateur de la série documentaire culte Des trains pas comme les autres, dévoile, pour la première fois, ses pépites : lieux secrets, paysages sublimes et rencontres improbables !
Globe-trotteur infatigable à la malice rafraîchissante et à la curiosité contagieuse, Philippe Gougler parcourt le monde dans des trains mythiques ou merveilleusement pittoresques, à partir desquels il rayonne. Du 
Glacier Express au Train des nuages, le train est pour lui la plus belle manière d’aborder un pays à un rythme qui laisse la place à la rêverie, aux belles rencontres et à l’imprévu.

Dans la famille, nous sommes au moins deux à aimer les trains, une qui travaille pour la SNCB (et à qui j’ai offert ce livre) et moi qui aime prendre ma voiture pour partir en vacances mais qui aime aussi traverser la France en train pour aller passer un weekend à Paris ou à Lyon, me rendre à un salon littéraire ou passer une semaine de vacances dans une ville qui comblera mes envies de repos et de culture. OK je ne suis vraiment pas une baroudeuse intrépide mais quand j’ai découvert l’émission Des trains pas comme les autres, ça m’a beaucoup plu – et ça comble en partie mes envies d’évasion. Découvrir le livre, c’est se remémorer des trains du bout du monde ou relativement proches de nous, c’est retrouver les paysages et les rencontres du journaliste dans treize pays différents.

Dans l’introduction, Philippe Gougler nous explique son amour des trains depuis sa Franche-Comté natale. « Le train, écrit-il, est une incroyable machine à rêves. C’est comme une cabane, un petit endroit protégé qui vous emmène ailleurs… C’est à la fois la promesse d’une aventure et la douceur d’un refuge.

Le temps n’y a pas la même densité, la lenteur laisse à l’esprit tout le loisir d’imaginer, d’appréhender lentement ce qui vous attend. en train, on fait plusieurs fois le voyage, et d’abord en le rêvant. (…)

Le train n’est pas seulement un moyen de se déplacer, d’une façon différente d’envisager le monde, plus paisible, plus profonde, plus humaine. Pour le voyageur, le train est une sagesse. » 

Chaque chapitre situe d’abord sur une carte le ou les trains empruntés par l’auteur et narre quelques précisions sur la machine elle-même, quelques anecdotes avec les conducteurs et les voyageurs, et nous offre ensuite deux ou trois focus sur des visites, des découvertes, des rencontres faites en dehors du voyage en train lui-même.

C’est ainsi que nous découvrons le vrai train qui a servi pour le Poudlard Express et qui s’appelle en réalité le Jacobite et traverse 65 km des Highlands. Philippe Gougler rencontre un charcutier dont la spécialité est le haggis et assiste aux Highland games, l’occasion de tout savoir sur le pouvoir de séduction du kilt.

En Amérique, nous prenons le Buskarill en Bolivie, un « bus sur des rails » et nous visitons le Salar d’Uyuni, le plus grand désert de sel du monde à 3600 m d’altitude et la mine de Potosi, le « Train des nuages » en Argentine pour monter très haut dans la Cordillère des Andes ou le métro de Chicago, véritable train urbain, idéal pour visiter la ville.

En Asie, nous empruntons le Tea Train au Sri Lanka et Philippe Gougler donne de sa personne pour tenter de cueillir le thé avec délicatesse.

C’est dans le sud du continent africain que nous visitons les chutes du Zambèze à bord du Royal Livingstone Express, qui prend le temps de s’arrêter sur son court trajet pour vous laisser savourer votre repas dans la belle voiture-restaurant. Nous découvrons les paysages grandioses du désert namibien avec le Desert Express et nous atteignons le bout du monde, Le Cap en Afrique du Sud grâce au Rovos Rail.

La Suisse, Madagascar, l’Australie, la Suède et l’Indonésie complètent les destinations de ce premier tome (un second est déjà paru).

J’aime beaucoup la bonhomie, la fausse naïveté de Philippe Gougler, son sourire et son goût de la rencontre. Il se fait un peu chambrer en tant que Français mais il n’hésite pas à mouiller sa chemise au sens propre et au sens figuré quand il doit par exemple descendre au fond de la mine de Ratnapura au Sri Lanka ou goûter la « gastronomie » viking suédoise (du hareng fermenté qui sent et qui goûte tout simplement le pourri pour un palais non averti).

Les photos sont superbes, de nombreuses doubles pages ornent cet album : vous pouvez vous en faire une idée sur la page du livre. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à retrouver certains trains vus dans l’émission et à en découvrir d’autres, car je ne la suis pas depuis le début.

Si un beau livre suffit à vous permettre de voyager quand même par les temps qui courent, alors embarquez à bord des trains pas comme les autres !

Philippe GOUGLER, Des trains pas comme les autres – Mes plus beaux voyages, Albin Michel, 2018

Challenge Petit Bac 2021 – Voyage

Agatha Raisin enquête – A la claire fontaine

03 mercredi Juin 2020

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques, Des Mots noirs

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Agatha Raisin enquête, Albin Michel, M.C Beaton

Quatrième de couverture :

Ancombe, paisible petit village, possède une source d’eau douce réputée pour ses bienfaits. Mais l’arrivée d’une société qui veut l’exploiter échauffe les esprits et divise les habitants: s’enrichir ou renoncer à la paix? Lorsque Robert Struthers, le président du conseil municipal, est retrouvé assassiné, l’affaire prend une sale tournure. Pour y voir plus clair, Agatha Raisin décide d’aller à la source et se fait embaucher par la société…

Agatha Raisin est rentrée de Chypre et elle est toujours meurtrie par la froideur de James Lacey à son égard. Cette enquête va nous replonger dans le charme des petits villages des Cotswolds… ou pas. Car ces lieux qui paraissent sans doute idylliques aux touristes sont habités par des jalousies, des rancoeurs, des replis sur soi… tout ce qui peut donner lieu à des crimes et à de pétillantes enquêtes.

La source d’eau d’Ancombe divise donc le village,,entre les partisans  d’une exploitation commerciale et et ses farouches opposants, bien décidés à tout pour protéger la nature. Le président du conseil municipal détenait la clé du vote pour ou contre la société des eaux des frères Freemont, car trois membres étaient pour, trois membres contre, et voilà qu’on le retrouve assassiné dans la fameuse fontaine… 

Pour enquêter – et pour une fois, la police est d’accord car elle piétine – Agatha met ses talents publicitaires au service de la société des eaux et… se laisse charmer par le plus jeune des Freemont, Guy, beaucoup plus jeune qu’elle. Que ne ferait-on pas pour se sentir aimée… ou pour titiller la jalousie de son ancien partenaire ? Et ça marche : Agatha et James laissent de côté leur ressentiment pour collaborer (tant bien que mal quand même) et trouver le fin mot de l’histoire. C’est une enquête pleine de rebondissements où la pauvre Agatha subit la jalousie, la méchanceté des habitants d’Ancombe (à croire que la source ne purifie pas du tout leurs intentions) et est heureusement toujours soutenue par ses amis Mrs Bloxby (la femme du pasteur) et Bill Wong (le jeune policier).

Agatha et James vont-ils renouer ? La question est toujours d’actualité à la fin de ce numéro, que j’ai dévoré (c’est le plaisir de ces lectures « cosy »).

M.C. BEATON, Agatha Raisin enquête A la claire fontaine, traduit de l’anglais par Françoise du Sorbier, Albin Michel, 2017

La guerre d’hiver

05 mardi Mar 2019

Posted by anne7500 in Des Mots finlandais

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Albin Michel, Finlande, La guerre d'hiver, Philip Teir

Quatrième de couverture :

Au premier abord, la famille Paul incarne le rêve de la classe moyenne scandinave : célèbre dans les années 90 pour son étude sur la vie sexuelle des Finlandais, Max est un sociologue réputé. Avec sa femme, Katriina, D.R.H. dans un hôpital, ils vivent dans un appartement spacieux au cœur d’Helsinki. Mais à y regarder de plus près, le tableau est loin d’être idyllique : Max a perdu bien des illusions et désespère de pouvoir terminer un jour son nouveau livre. Son couple bat de l’aile, et ses filles – l’une à Londres, l’autre à Helsinki – mènent leurs vies sans lui. Alors, quand l’une de ses anciennes étudiantes devenue journaliste lui propose de l’interviewer pour son soixantième anniversaire, il accepte sans hésiter… ni imaginer les conséquences de cet entretien sur sa vie et celle des siens.

À mi-chemin entre Richard Yates et Jonathan Franzen, mais avec un charme résolument nordique, le Finlandais Philip Teir explore dans ce premier roman à l’ironie mordante les questions de la jeunesse, des rencontres et des ruptures, de l’amour et de la perte, et de sa résurrection au moment où on l’attend le moins.

Sur la couverture de ce roman est imprimé le macaron « roman conjugal ». En fait c’est plutôt l’histoire d’une famille, les parents Max (qui va fêter ses soixante ans) et Katriina, un couple qui semble en bout de course, et leurs filles, Helen, mariée, deux enfants, fatiguée par le quotidien et qui ne se rend pas compte des conséquences sur son couple, et Eva, qui cherche sa voie dans une école artistique londonienne. Il est question de peur de vieillir, de ne plus être reconnu comme avant, de jeunesse, d’ambition, de jeu de pouvoir, tant dans la vie de couple que dans la vie professionnelle. Le temps d’un hiver et un peu plus, les chapitres passent d’un personnage à l’autre, d’un couple finissant à une tentation, d’une remise en question à un couple naissant, d’une grosse fatigue à l’éclosion d’un talent.

En filigrane, l’histoire de la Finlande contemporaine où les clivages entre campagne et capitale semblent bien marqués (et peut-être les couples de ce roman en sont-ils une allégorie, je n’ai pas assez de clés pour le saisir, toujours est-il que le titre évoque un épisode de la guerre 39-45 pendant laquelle la Finlande a été ballottée entre URSS et Allemagne nazie) mais ce roman est universel et très moderne. J’ai passé un bon moment de lecture.

Les premières lignes :

« La première erreur de Max et Katriina cet hiver -là- et ils devaient en faire beaucoup d’autres avant leur divorce- fut de congeler le hamster de leur petite-fille.
C’était un pur accident.Max marcha sur l’animal.Il sentit quelque chose de mou bouger sous son pied entendit un cri curieux et déchirant- trop tard.Éclair âgé d’un an et demi, finit dans un sac en plastique tout au fond du congélateur. 
Cela suffit pour que leur fille aînée Helen refuse de leur parler pendant deux semaines .Mais en y repensant ,Max se demandait si les problèmes n’avaient pas déjà commencé en novembre. »

« La première semaine de janvier, après seulement quelques heures de jour, le soleil se retire et abandonne Helsinki à la désolation de ses ténèbres hivernales. Quand les ferries de l’après-midi quittent le port sud, il fait pratiquement nuit, alors qu’il est à peine plus de cinq heures, et les bateaux illuminés se détachent lentement du quai – comme des bêtes immémoriales, ils dépassent Sveaborg et s’éloignent en suivant le chenal vers la Suède. »

« En Finlande, la guerre nous a tellement marqués qu’on continue à s’y référer quand on cherche des réponses à nos problèmes. Cela peut parfois sembler un peu absurde. Un journaliste m’a par exemple appelé l’an dernier pour savoir si les années de guerre pouvaient d’une façon ou d’une autre expliquer le déclin de Nokia ces dernières années […] Personnellement, je pense que la vraie raison, c’est la mondialisation et que dans le cas de Nokia, il s’agit tout simplement d’une difficulté à se renouveler. Mais en même temps, le fait que la Finlande soit une jeune nation a influé sur le traitement médiatique de Nokia – les critiques ont brillé par leur absence. Quand Nokia était une entreprise prospère, personne n’a été trop regardant, ce qui en dit long sur la fonction identitaire acquise par la marque. Peut-être n’a-t-elle pas été assez sur ses gardes ? Les Finlandais ont toujours eu besoin de se raccrocher à un récit, comme tous les petits pays. En entrant dans l’UE, nous avons agi à peu près comme une famille paysanne du dix-neuvième siècle : nous avons tout accepté pour épouser un riche propriétaire terrien. C’est bien, mais on y perd aussi une partie de notre intégrité, et plus dure sera la chute. »

Philip TEIR, La guerre d’hiver, traduit du suédois (Finlande) par Rémi Cassaigne, Albin Michel, 2015

C’est chez Cuné que j’avais découvert ce roman.

Il est temps de proposer un roman européen pour Voisins voisines 2019 (Finlande).

Agatha Raisin enquête – Randonnée mortelle

12 mardi Juin 2018

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques

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Agatha Raisin enquête, Albin Michel, Le mois anglais, M.C Beaton, Randonnée mortelle

Quatrième de couverture :

Après un séjour de six mois à Londres, Agatha retrouve enfin ses chères Cotswolds – et le non moins cher James Lacey. Même si le retour au bercail de son entreprenante voisine ne donne pas l’impression d’enthousiasmer particulièrement le célibataire le plus convoité de Carsely.
Heureusement, Agatha est très vite happée par son sport favori : la résolution d’affaires criminelles. Comme le meurtre d’une certaine Jessica, qui militait pour le droit de passage de son club de randonneurs dans les propriétés privées des environs.
Les pistes ne manquent pas : plusieurs membres du club et quelques propriétaires terriens avaient peut-être de bonnes raisons de souhaiter sa disparition. Mais la piste d’un tueur se perd aussi facilement que la tête ou la vie !

Voilà donc Agatha de retour de Londres où elle avait dû reprendre du service dans le étier de communication où elle excellait jadis. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce métier ne révèle pas les meilleurs côtés de son caractère. Et pourtant elle aurait bien besoin de douceur pour reconquérir le coeur de son beau voisin James Lacey. De quelques kilos en moins aussi. La voilà donc inscrite au club de randonnée de Carsely (entraîné par James, of course). A quelques kilomètres de là, une marcheuse un peu trop arrogante se fait tuer à coups de pelle sur la propriété d’un baronnet. Et c’est ainsi qu’Agatha se retrouve une nouvelle fois embauchée pour tenter de trouver l’assassin…

C’est une bonne idée de la part de M.C. Beaton, je trouve, d’éloigner un peu Agatha de son village d’élection : pour une fois, pas de crêpage de chignons au sein de la société des dames de Carsely, pas de rivalités assassines et autres joyeusetés de villages anglais. Pour enquêter discrètement et mieux connaître les Marcheurs de Dembley, Agatha, secondée par James Lacey, va emménager à Dembley même. Mais nous avons quand même droit à des incursions dans la campagne anglaise puisque la victime, Jessica, a été tuée au beau milieu d’un champ de colza. Bienvenue donc chez sir Charles et son majordome homme à tout faire et parfait ours de compagnie Gustav. Ah ils ne sont pas piqués des vers, ces deux-là, sans doute un petit coup de griffe au passage contre ces petits nobliaux de campagne pas toujours très nobles mais qui feront tout pour maintenir la tradition.

Au final, l’assassin n’était pas du tout celui que je croyais (oui, je suis naïve).. Après tout, ce que je retiens de toutes les aventures d’Agatha que j’ai lues jusqu’à présent, c’est son évolution personnelle. Et je peux vous dire que, concernant ses relations avec James, ces dernières ont fait un grand bond mais le suspense reste entier au bout de ce quatrième tome toujours aussi réjouissant !

M.C. BEATON, Agatha Raisin enquête – Randonnée mortelle, traduit del’anglais par Jacques Bosser, Albin Miche, 2016

 Let’s meet Agatha today   

  Déplacement   

La valse des arbres et du ciel

21 lundi Août 2017

Posted by anne7500 in Des Mots français

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Albin Michel, Jean-Michel Guenassia, La valse des arbres et du ciel, Peinture, Vincent Van Gogh

Présentation de l’éditeur :

Auvers-sur-Oise, été 1890. Marguerite Gachet est une jeune fille qui étouffe dans le carcan imposé aux femmes de cette fin de siècle. Elle sera le dernier amour de Van Gogh. Leur rencontre va bouleverser définitivement leurs vies. Jean-Michel Guenassia nous révèle une version stupéfiante de ces derniers jours.

Et si le docteur Gachet n’avait pas été l’ami fidèle des impressionnistes mais plutôt un opportuniste cupide et vaniteux ? Et si sa fille avait été une personne trop passionnée et trop amoureuse ? Et si Van Gogh ne s’était pas suicidé ? Et si une partie de ses toiles exposées à Orsay étaient des faux ?…

Autant de questions passionnantes que Jean-Michel Guenassia aborde au regard des plus récentes découvertes sur la vie de l’artiste. Il trouve des réponses insoupçonnées, qu’il nous transmet avec la puissance romanesque et la vérité documentaire qu’on lui connaît depuis Le Club des incorrigibles optimistes.

C’est le billet de Florence qui m’a fait attraper ce roman sur une étagère de ma bibliothèque où il trônait en évidence. Retrouver la plume de Guenassia et l’univers de Van Gogh suffisait déjà à mon plaisir et si c’était pour parler de Vincent Van Gogh, c’était parfait.

Dès les premières pages, intriguée, j’ai été voir les explications de l’auteur sur les réalités historiques concernant le peintre et ses derniers jours à Auvers-sur-Oise avec notamment le docteur Gachet. Il me faut avouer que je ne savais pas que la thèse du suicide de Vincent était contestée dès le début du 20è siècle. A ce titre, l’angle choisi par Jean-Michel Guenassia est intéressant : il raconte les cent derniers jours de Van Gogh du point de vue de Marguerite, la fille du docteur Gachet et il laisse aussi entendre que le peintre ne souffre (presque) plus des problèmes psychiatriques pour lesquels il a été soigné en Provence.

Le point de vue de la jeune femme permet de parler de la condition des jeunes bourgeoises de l’époque, qui pouvaient déjà passer le bac (à condition d’être fortunées) mais restaient ensuite cantonnées à la maison, sous la coupe de leur père puis de leur époux, qu’elles ne pouvaient bien sûr pas choisir en général. La soif d’émancipation de Marguerite et son opposition passionnée à son père étaient-elles bien réelles ? Je n’en sais rien mais elles montrent bien la condition féminine de la fin du 19è siècle. Le récit est entrecoupé d’extraits de journaux, de lettres de l’époque, qui situent le contexte social et politique de l’époque : l’expo universelle de 1889, le dégoût envers la Tour Eiffel, l’antisémitisme galopant, la richesse économique de la France, l’ambiance fin de siècle et les grands changements qui s’annoncent…

Ce qui est passionnant, c’est de suivre Vincent Van Gogh sur les chemins d’Auvers-sur-Oise en cet été brûlant de 1890 et de voir l’artiste en pleine création, devant une meule de foin, un champ de blé écrasé de soleil, dans le jardin des Gachet, à l’auberge du père Ravoux… On se surprend à deviner le titre des tableaux, très nombreux, que Vincent a peints durant ces trois mois. Guenassia sous-entend aussi une hypothèse intéressante sur la nature du « problème » dont souffrait le peintre (je n’ai pas envie de la révéler ici, bien sûr).

Ceci dit, malgré le côté extrêmement bien documenté du roman et les pages qui se tournaient toutes seules, je n’ai pas été complètement séduite par cette lecture : l’ensemble m’a paru un peu froid, sec, cela manquait d’émotion (sauf quand Vincent est à l’oeuvre). Et puis, pour une fois, je n’ai pas été convaincue par l’aspect romancé d’une véritable biographie : je crois que Vincent Van Gogh, ce peintre visionnaire, n’avait pas besoin d’un roman pour garder toute son aura, son mystère…  Je vais plutôt me replonger dans la contemplation des (vrais) tableaux !

Jean-Michel GUENASSIA, La valse des arbres et du ciel, Albin Michel, 2016

Je ne boude pas ma lecture puisque cela m’a donné l’idée d’une mini-série sur les Van Gogh. Rendez-vous mercredi et vendredi pour compléter cette semaine thématique.

Marguerite Gachet au jardin, 1890

 

Agatha Raisin enquête – Pas de pot pour la jardinière

13 mardi Juin 2017

Posted by anne7500 in Des Mots au féminin, Des Mots britanniques

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Agatha Raisin enquête, Albin Michel, Le mois anglais, M.C Beaton

Quatrième de couverture :

De retour dans les Cotswolds après de longues vacances, Agatha Raisin découvre que son voisin James Lacey, objet de tous ses fantasmes, est tombé sous le charme d’une nouvelle venue au village. Aussi élégante qu’amusante, Mary Fortune est une jardinière hors pair, et la journée portes ouvertes des jardins de Carsely s’annonce déjà comme son triomphe. Mais une Agatha Raisin ne s’incline pas avant d’avoir combattu (quitte à se livrer à l’une de ces petites supercheries peu reluisantes dont elle a le secret) !
C’est alors que la belle Mary est retrouvée morte, enfoncée tête la première dans un de ses grands pots de fleurs. De toute évidence, Agatha n’était pas la seule à souhaiter la disparition de sa rivale…

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé Agatha Raisin, « ses petits yeux d’ours » et son caractère de cochon toujours prompt à s’émouvoir ou à s’emporter selon les circonstances. Quand elle se rend compte qu’on l’aime, qu’elle s’est vraiment intégrée dans ce village des Cotswolds, qu’elle y est populaire, elle irait bien de sa larme à l’oeil et regretterait bien toutes les vacheries qu’elle pense tout bas et les tricheries qu’elle organise avec un ancien complice de Londres (ici, il s’agit de prouver qu’elle a le plus beau jardin de Carsely alors qu’elle a repiqué ses plantes trop tôt et que celles-ci ont été tuées par le gel). Quand elle découvre une rivale dans le coeur de James Lacey, son fringant voisin, elle navigue entre déprime et colère noire. Mais ce qui motive vraiment Agatha, c’est de résoudre une enquête et quand c’est sa rivale qu’on retrouve assassinée dans une mise en scène haineuse, Agatha n’écoute que son sens de la justice et son instinct pour découvrir qui était vraiment cette Mary Fortune. En bonne villageoise, elle en vient à souhaiter que le crime ait été commis par un étranger à Carsely…

Bon, il faut avouer que ce sont surtout les tourments intérieurs et les manoeuvres pas toujours nettes de notre héroïne qui sont au coeur de ce troisième tome de ses aventures, l’enquête paraît presque anecdotique et la solution tarde à sauter aux yeux de James et Agatha, mais il n’empêche que je l’ai retrouvée avec plaisir (il faut dire aussi qu’à cette période de l’année, ouvrir une aventure d’Agatha après un bon paquet de corrections, ça vous vide la tête) ; j’ai aimé aussi l’évolution des personnages secondaires que sont la bienveillante Mrs Bloxby et son pasteur de mari, qui apparaît enfin en vrai dans ce tome 3.

M.C. BEATON, Agatha Raisin enquête – Pas de pot pour la jardinière, traduit de l’anglais par Esther Ménévis, Albin Michel, 2016

       

Une mort qui en vaut la peine

15 mardi Nov 2016

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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1917, Albin Michel, Donald R. Pollock, Etats-Unis, Ohio, Une mort qui en vaut la peine

Quatrième de couverture :

Après Le Diable, tout le temps, couronné par de nombreux prix, Donald Ray Pollock revient avec une fresque grinçante à l’humour très noir.

1917. Quelque part entre la Géorgie et l’Alabama. Le vieux Jewett, veuf et récemment exproprié de sa ferme, mène une existence de misère avec ses fils Cane, Cob et Chimney, à qui il promet le paradis en échange de leur labeur. À sa mort, inspirés par le héros d’un roman à quatre sous, les trois frères enfourchent leurs chevaux, décidés à troquer leur condition d’ouvriers agricoles contre celle de braqueurs de banque. Mais rien ne se passe comme prévu et ils se retrouvent avec toute la région lancée à leurs trousses. Et si la belle vie à laquelle ils aspiraient tant se révélait pire que l’enfer auquel ils viennent d’échapper ?

Fidèle au sens du grotesque sudiste de Flannery O’Connor, avec une bonne dose de violence à la Sam Peckinpah mâtiné de Tarantino, cette odyssée sauvage confirme le talent hors norme de Donald Ray Pollock.

Comme Purge de Sofie Oksanen, voilà encore un bouquin dont je me souviendrai immanquablement du début : les odeurs corporelles et animales, les suggestions visuelles, le portrait des trois frères Jewett et de leur vieux toqué de père sont inoubliables ! Dès le début, on a à la fois le sourire et la grimace de dégoût aux lèvres tant Donald Ray Pollock a de talent et d’humour très noir pour lancer ses personnages dans leur vie romanesque. En alternance avec les trois frères, nous entrerons aussi dans l’intimité d’Ellsworth et Eula Fiddler, un vieux coupe de paysans grugés par un escroc et dont le fils a disparu, le lieutenant Bovard, pressé de partir en Europe pour combattre dans les tranchées viriles, Jasper Cone, inspecteur des sanitaires au pénis surdimensionné, et bien d’autres encore qui, tous, au terme d’une construction impeccable (qui fait un peu penser aux feuilletons du 19è siècle), participeront au final en apothéose de ce western moderne.

Moderne… prenons l’expression avec des bémols : certes nous sommes en 1917, la modernité du vingtième siècle est en marche avec l’entrée en guerre des Etats-Unis, l’apparition de plus en plus répandue des voitures automobiles et des WC individuels, mais nous sommes aussi dans l’Ohio et dans un roman de Donald Ray Pollock dont les personnages, marqués de vieilles croyances, de préjugés, voire de folies en tous genres qui les tiennent carrément à l’écart du monde nouveau en train d’émerger, à l’image des Fiddler qui ne savaient même pas que l’Allemagne existait et encore moins où la situer.

Si Pollock était profondément noir dans Le Diable, tout le temps, son premier roman, il l’est tout autant dans cet opus mais son regard est assorti d’une causticité et d’une imagination féroce. Ca crisse, ça croque sous la dent, ça pétarade, ça sent le vomi, la pisse, l’alcool et la sueur, le sperme et la merde, c’est loqueteux, hallucinant… en un mot, c’est jubilatoire !

Les frères Jewett seront-ils admis au banquet céleste ? Vous le saurez en lisant Une mort qui en vaut la peine !

« J’ai encore vu deux de ces nègres la nuit dernière, annonça Pearl en regardant par l’ouverture grossière qui faisait office d’unique fenêtre. Là-bas, assis dans le tulipier, à chanter leurs chansons. Et ça y allait ! « 
D’après le propriétaire du terrain, le major Thaddeus Tardweller, les derniers locataires des lieux – une famille entière de mulâtres de Louisiane – avaient été décimés par la fièvre il y a plusieurs années de cela et ils étaient enterrés à l’arrière, parmi les mauvaises herbes, en bordure du périmètre de l’enclos à cochons aujourd’hui désert. La hantise que cet endroit où s’étaient mélangés Noirs et Blancs soit toujours contaminé était telle que le major n’avait pu convaincre personne de s’y installer jusqu’à l’arrivée du vieux et de ses fils l’automne précédent, affamés et en quête de travail. Depuis quelques temps, Pearl voyait leurs fantômes partout. Hier matin encore, il en avait compté cinq. Avec son visage émacié et ses cheveux grisonnants, sa mâchoire inférieure pendante et le devant de son pantalon jauni par une vessie incontinente, il avait l’impression d’être à tout instant sur le point de les rejoindre sur l’autre rive. » (p. 10)

« La veille au soir, comme chaque fois ou presque que Pearl s’endormait comme une masse sur sa couverture avant qu’il fasse trop sombre pour y voir, Cane avait lu à ses frères un extrait de « La Vie et les aventures de Bloody Bill Bucket », un roman de gare en lambeaux, aux pages gondolées, qui chantait les exploits criminels d’un ancien soldat confédéré semant la terreur dans tout l’Ouest après s’être converti au braquage de banque. A la suite de quoi les songes de Chimney avaient été peuplés de fusillades dans des plaines désertiques brûlées par le soleil et de foufounes au goût de miel. Il jeta un coup d’œil sur ses frères, qui étaient en train de bâiller en se grattant comme des chiens et mastiquaient ce qui pourrait s’apparenter des morceaux d’agile tandis qu’ils écoutaient l’autre vieux cinglé dégoiser sur ses potes noirs du monde des esprits. » (p. 12-13)

Donald Ray POLLOCK, Une mort qui en vaut la peine, traduit de l’américain par Bruno Boudard, Albin Michel, 2016

Merci à Aurore Pelliet (partie sous d’autres cieux éditoriaux) et à Albin Michel pour l’envoi de ce livre. Désolée pour le temps que j’ai mis à le chroniquer.

Et la vie nous emportera

24 samedi Sep 2016

Posted by anne7500 in Des Mots nord-américains

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Albin Michel, David Treuer, Et la vie nous emportera, indiens, Michel Lederer, Rentrée littéraire 2016

Quatrième de couverture :

Août 1942. Avant de s’engager dans l’armée de l’air, Frankie Washburn rend une dernière visite à ses parents dans leur résidence d’été du Minnesota. Il y retrouve Félix, le vieil Indien en charge du domaine, dont il est plus proche qu’il ne l’est de son propre père. Mais aussi Billy, un jeune métis avec qui il a grandi et auquel l’unissent des sentiments très forts. Ce jour-là, au cours d’une battue pour retrouver un prisonnier de guerre allemand échappé du camp voisin, les trois hommes se retrouvent mêlés à un tragique accident dont ils tairont à jamais les circonstances. Ce drame va bouleverser le destin des Washburn et de leurs proches, à l’image du conflit qui ravage le monde.

C’est le roman d’une maison, d’une grande demeure familiale dans le Minnesota, Les Pins. Une propriété à laquelle on accède par un ponton sur la rivière, une maison entourée de bungalows pour des vacanciers et d’un hangar où vit toute l’année Félix, le vieil Indien qui entretient le domaine, aux ordres d’Emma Washburn, la propriétaire. De l’autre côté de la rivière se trouve un camp où travaillent des prisonniers allemands.

C’est l’histoire d’un jeune homme, Frankie, le fils de la maison, qu’attendent particulièrement Emma, Félix et Billy en ce jour d’été 1942. Billy est indien lui aussi et travaille avec Félix. Le père de Frankie, Jonathan, est bien présent aux Pins en ce mois d’août mais il se tient très en retrait de l’agitation de son épouse (ah la finesse de ce portrait de femme) et de la personnalité de son fils, qu’il juge pas à la hauteur de ses attentes. Frankie rentre de l’école militaire où il a fait ses classes avant de s’engager dans une formation de pilote, il espère en découdre u plus vite avec les Allemands en Europe et en plein ciel. Alors, quand, le jour de son retour, un prisonnier s’échappe du camp, le garçon est tout emballé à l’idée de participer à la chasse à l’homme…

C’est l’histoire de Prudence aussi, celle qui donne son titre original au roman, Indienne elle aussi, orpheline, exemple vivant de toutes les turpitudes auxquelles peuvent être soumises de jeunes Indiennes sans protection. Elle aussi attendra Billy, plus tard, bien après ce mois d’août 1942…

Le drame vécu ce jour-là et immédiatement occulté changera et liera à jamais la vie de tous ces personnages. David Treuer compose un roman plein de secrets et de chagrins enfouis, un très beau roman sur la perte, le deuil, l’identité, un roman sur la guerre aussi (j’ai bien aimé toutes ces explications sur les bombardiers qui donnent enfin à Frankie l’occasion d’être – presque – lui-même), un roman bien mené jusqu’à la révélation complète de ce qui s’est passé ce 8 août 42, encadré par l’arrivée et le départ mystérieux d’un Juif au village, dix ans plus tard. Si on lit la biographie de David Treuer, né d’un père juif autrichien et d’une mère ojibwé, peut-être faut-il y voir un signe, une inspiration… J’ai beaucoup apprécié le lyrisme de certains passages de fin de chapitres qui correspondent à merveille au titre français.

« Il ne parlait pas beaucoup, mais il racontait à Frankie des histoires sur les luttes d’autrefois entre tribus, l’arrivée de l’homme blanc, et il lui apprit à identifier les traces d’animaux, lui rapporta des choses trouvées dans la forêt et lui fit même cadeau de clochettes cousues à des poignets en cuir qui, expliqua-t-il, étaient des clochettes de cérémonie ayant appartenu à un homme-médecine. Pas étonnant que Frankie ait été attiré par lui. Tous les garçons devraient avoir un Indien avec qui jouer. Quelle belle enfance il avait eue ! » (p 25)

« C’est en raison de sa gentillesse – le désir de ne pas causer de peine à ses parents – que l’enfance de Frankie avait été un calvaire. Pour eux, il avait feint de vouloir être « un athlète », tout comme, plus tard, il avait feint de vouloir être « un artiste ». Mon Dieu, quel soulagement il avait éprouvé en sachant qu’il allait être bombardier – un boulot qui n’exigeait ni force ni créativité, et pour lequel sa frêle ossature constituait un atout. L’armée de l’air [en temps de guerre] représentait en définitive la liberté. Il se sentait libéré de l’absurdité, libéré de la nécessité de simuler, libéré d’une certaine forme d’humour, libéré des rapports sociaux, libéré des sentiments. » (p. 117)

« Bien sûr, c’était drôle d’imaginer une bande de types qui regardent un film [‘un peu chaud’], déclenchent une bagarre, puis sautent sur leur vélo pour parcourir un peu plus de trente kilomètres à seule fin de parler à une fille. C’était peut-être drôle, mais triste aussi, parce que les camarades aviateurs de Frankie avaient beau se battre, s’égosiller, pédaler comme des fous et s’abrutir d’alcool, la plupart n’avaient jamais été avec une femme ni avec qui que ce soit. Et si jamais ils l’avaient été, ce n’était tout au plus qu’une passade trop vite oubliée. Aussi, quand ils parlaient ‘cul’, c’était en réalité pour laisser entendre qu’ils espéraient trouver une occasion. Une occasion d’étreindre. D’étreindre et d’être étreint, longtemps, longtemps, longtemps. C’était sans doute ce qu’on appelait l’amour, présumait Frankie. Ou du moins, une version de l’amour. » (p. 184)

David TREUER, Et la vie nous emportera, traduit de l’américain par Michel Lederer, Albin Michel, 2016

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