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Albin Michel, Jean-Michel Guenassia, La valse des arbres et du ciel, Peinture, Vincent Van Gogh
Présentation de l’éditeur :
Auvers-sur-Oise, été 1890. Marguerite Gachet est une jeune fille qui étouffe dans le carcan imposé aux femmes de cette fin de siècle. Elle sera le dernier amour de Van Gogh. Leur rencontre va bouleverser définitivement leurs vies. Jean-Michel Guenassia nous révèle une version stupéfiante de ces derniers jours.
Et si le docteur Gachet n’avait pas été l’ami fidèle des impressionnistes mais plutôt un opportuniste cupide et vaniteux ? Et si sa fille avait été une personne trop passionnée et trop amoureuse ? Et si Van Gogh ne s’était pas suicidé ? Et si une partie de ses toiles exposées à Orsay étaient des faux ?…
Autant de questions passionnantes que Jean-Michel Guenassia aborde au regard des plus récentes découvertes sur la vie de l’artiste. Il trouve des réponses insoupçonnées, qu’il nous transmet avec la puissance romanesque et la vérité documentaire qu’on lui connaît depuis Le Club des incorrigibles optimistes.
C’est le billet de Florence qui m’a fait attraper ce roman sur une étagère de ma bibliothèque où il trônait en évidence. Retrouver la plume de Guenassia et l’univers de Van Gogh suffisait déjà à mon plaisir et si c’était pour parler de Vincent Van Gogh, c’était parfait.
Dès les premières pages, intriguée, j’ai été voir les explications de l’auteur sur les réalités historiques concernant le peintre et ses derniers jours à Auvers-sur-Oise avec notamment le docteur Gachet. Il me faut avouer que je ne savais pas que la thèse du suicide de Vincent était contestée dès le début du 20è siècle. A ce titre, l’angle choisi par Jean-Michel Guenassia est intéressant : il raconte les cent derniers jours de Van Gogh du point de vue de Marguerite, la fille du docteur Gachet et il laisse aussi entendre que le peintre ne souffre (presque) plus des problèmes psychiatriques pour lesquels il a été soigné en Provence.
Le point de vue de la jeune femme permet de parler de la condition des jeunes bourgeoises de l’époque, qui pouvaient déjà passer le bac (à condition d’être fortunées) mais restaient ensuite cantonnées à la maison, sous la coupe de leur père puis de leur époux, qu’elles ne pouvaient bien sûr pas choisir en général. La soif d’émancipation de Marguerite et son opposition passionnée à son père étaient-elles bien réelles ? Je n’en sais rien mais elles montrent bien la condition féminine de la fin du 19è siècle. Le récit est entrecoupé d’extraits de journaux, de lettres de l’époque, qui situent le contexte social et politique de l’époque : l’expo universelle de 1889, le dégoût envers la Tour Eiffel, l’antisémitisme galopant, la richesse économique de la France, l’ambiance fin de siècle et les grands changements qui s’annoncent…
Ce qui est passionnant, c’est de suivre Vincent Van Gogh sur les chemins d’Auvers-sur-Oise en cet été brûlant de 1890 et de voir l’artiste en pleine création, devant une meule de foin, un champ de blé écrasé de soleil, dans le jardin des Gachet, à l’auberge du père Ravoux… On se surprend à deviner le titre des tableaux, très nombreux, que Vincent a peints durant ces trois mois. Guenassia sous-entend aussi une hypothèse intéressante sur la nature du « problème » dont souffrait le peintre (je n’ai pas envie de la révéler ici, bien sûr).
Ceci dit, malgré le côté extrêmement bien documenté du roman et les pages qui se tournaient toutes seules, je n’ai pas été complètement séduite par cette lecture : l’ensemble m’a paru un peu froid, sec, cela manquait d’émotion (sauf quand Vincent est à l’oeuvre). Et puis, pour une fois, je n’ai pas été convaincue par l’aspect romancé d’une véritable biographie : je crois que Vincent Van Gogh, ce peintre visionnaire, n’avait pas besoin d’un roman pour garder toute son aura, son mystère… Je vais plutôt me replonger dans la contemplation des (vrais) tableaux !
Jean-Michel GUENASSIA, La valse des arbres et du ciel, Albin Michel, 2016
Je ne boude pas ma lecture puisque cela m’a donné l’idée d’une mini-série sur les Van Gogh. Rendez-vous mercredi et vendredi pour compléter cette semaine thématique.
Marguerite Gachet au jardin, 1890
kathel a dit:
Je ne vais pas me précipiter pour le noter, d’autant que le seul Guenassia que j’ai lu ne m’a pas convaincue (c’était Le club des incorrigibles optimistes que tout le monde a aimé !)
anne7500 a dit:
J’avais adoré aussi mais celui-ci m’a laissée plus froide (et tiens, encore un roman de la rentrée 2016 😉 )
aifelle a dit:
J’avais assisté à une rencontre avec l’auteur au moment de la sortie du roman et j’avais apprécié ; il le défendait bien. Il est sur ma liste à lire, mais tu sais ce qu’il en est de nos listes …
anne7500 a dit:
Peut-être quand il sera en poche ?
sheherazade2000 a dit:
je suis quand même assez tentée 🙂
anne7500 a dit:
Ah mais tu peux, ce n’est pas désagréable du tout 😉
Laeti a dit:
Franchement ça me tentait vraiment bien ton début de billet! Mais même avec ton bémol, peut-être que je me laisserais convaincre par ce titre car ça m’intéresse de connaître un bout de la vie de Van Gogh. Il est tellement mystérieux finalement comme artiste, qui a toujours été piégés par ses démons. La partie de son oeuvre, où il séjourne à Auvers-sur-Oise est d’ailleurs splendide.
anne7500 a dit:
C’est dingue comme il a évolué rapidement dans sa peinture, assimilant des « écoles » puis trouvant xa voie vraiment originale et visionnaire.
alexmotamots a dit:
Une lecture intéressante, mais qui ne m’a pas spécialement marquée.
Tiphanie a dit:
J’ai beaucoup aimé les deux premiers romans de Guenassia, mais celui-ci ne me tente pas, et ton avis mitigé me le confirme.
anne7500 a dit:
Bah il y a tant à lire, autant choisir ce qui nous attire le plus.
coupsdecoeurgeraldine a dit:
Et bien, on peut dire que tu es dans ton époque Van Gogh ! Je note tout de même ce roman, malgré tes quelques bémols. J’en sais si peu sur ce peintre !