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Quatrième de couverture :
“Peut-être y a-t-il des musiciens plus grands, ou meilleurs. Mais le seul Beethoven à tout instant de sa meilleure musique nous communique l’urgence qui est en lui, de convaincre, d’entraîner. Du pouvoir des formes, du prestige du chant il n’attend rien, mais tout de sa conviction, qu’il a le génie de transmuer en force tout court. Il ne séduit pas, n’enjôle pas. Il prend. Beethoven est une prise. L’emprise ne se desserrera pas.”
ANDRÉ TUBEUF
André Tubeuf est né à Smyrne en 1930. Admis à l’ENS Ulm en 1950, il est agrégé de philosophie en 1954. Jacques Duhamel et Michel Guy font appel à lui, dans les années 1970, en tant que conseiller pour la musique, sans qu’il quitte pour autant son enseignement. Il est également présent dans la presse musicale, Opéra international, L’Avant-Scène Opéra, Harmonie, Diapason puis Classica-Répertoire, et Le Point depuis 1976. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la musique. Parmi les derniers : Divas (Assouline), L’Offrande musicale : Compositeurs et interprètes (Robert Laffont, “Bouquins”) ainsi que deux volumes de cette collection “Classica” : Mozart et Richard Strauss.
J’ai acheté ce livre au début de l’année, pour participer en lecture à l’année Beethoven qui célèbre les 250 ans de sa naissance. Je m’attendais à une biographie « classique » alimentée par un éclairage sur les oeuvres mais ce n’est pas cela que j’ai trouvé dans cet ouvrage d’environ 200 pages. J’ai déjà entendu une ou deux fois André Tubeuf en interview à la radio et j’en ai retenu sa grande connaissance musicale et aussi son parler parfait, presque précieux. C’est un peu cela que j’ai ressenti à la lecture de ce Ludwig van Beethoven : une analyse à la fois serrée, technique, musicologique des oeuvres et un style très lyrique qui demande un peu de concentration. A la fin, l’auteur « justifie » (à peine) le fait de ne pas avoir choisi la biographie traditionnelle, arguant que Beethoven était tout entier voué à sa musique et que seule l’oeuvre compte pour tenter de l’appréhender.
André Tubeuf commence par nous surprendre volontairement en mettant en avant Fidelio, le seul opéra écrit par Beethoven, plusieurs fois remanié, considéré comme vocalement ardu pour les rôles titres. Fidelio, c’est Léonore qui se travestit en homme pour libérer de sa prison son Florestan. Cet opéra est marqué par les idéaux de la Révolution française, tout comme Beethoven (qui admirait Napoléon, mais pas jusque dans ses dérives dictatoriales) et il est – selon André Tubeuf – le portrait du compositeur, épris de liberté.
L’auteur passe ensuite en revue les 32 sonates pour piano, l’instrument par excellence auquel Beethoven a consacré toute sa vie, l’étendue des possibilités pianistiques (Beethoven était attaché à son piano, ou plutôt à ses pianos successifs car il suivait avec attention l’évolution technique de l’instrument), la nouveauté à laquelle il soumet les oreilles de ses auditeurs, la manière dont il repousse sans cesse les limites de la forme sonate.
Les quatuors à cordes sont également l’expression de l’essence même de la recherche artistique du compositeur.
Les cinq concertos pour piano, le concerto pour violon traduisent la modernité de celui que le comte Waldstein envoya à Vienne pour « y recueillir des mains de Haydn l’héritage de Mozart » (le triple concerto pour piano, violon et violoncelle est, toujours selon Tubeuf, plus convenu). Tout comme les concertos, les neuf symphonies ont moins heurté les oreilles du public parce que l’orchestre cherche par nature l’harmonie, même si certains concertos (pas de Beethoven) rivalisent avec l’orchestre, par définition.
Le dernier chapitre, très court, propose une discographie, non pas la discographie idéale, mais celle qui a permis à André Tubeuf de connaître et d’aimer celui dont la musique vous prend d’emblée et ne vous lâche plus. A chaque auditeur ensuite de se constituer sa propre bibliothèque sonore.
Je n’ai pas tout compris d’une part parce que je n’ai fait qu’un an de solfège et que les explications musicales étaient ardues pour moi et d’autre part parce que je me suis rendu compte que je connais très mal les sonates pour piano (la Clair de lune, évidemment, la Pathétique…) et les quatuors à cordes. Mais je ne regrette pas ma lecture, qui m’a donné envie d’écouter et de découvrir encore le grand Beethoven (qui, paraît-il, ne mesurait guère plus qu’un mètre soixante-deux) et qui a été « complétée » par la visite à Bozar de l’expo Hôtel Beethoven : pas biographique non plus sauf dans les repères du début d’expo (ça n’aurait d’ailleurs que peu d’intérêt, en effet) mais une invitation à entrer dans des chambres qui présentent l’image de Beethoven « utilisée », travaillée par des artistes comme Bourdelle, Andy Warhol, Josef Beuys, une réflexion sur la surdité et la réception du son, l’évolution du piano, une reprise de Fidelio par des groupes musicaux de différents pénitenciers américains… bref l’impact que « l’icône » Beethoven a eue et a encore depuis 1827.
André TUBEUF, Ludwig van Beethoven, Actes Sud / Classica, 2009
Ca compte aussi pour le défi Un hiver au chalet catégorie Sculpture à l’hôtel de glace (art / musique)
dominiqueivredelivres a dit:
c’est un des musiciens dont je n’ai pas lu de bio donc je vais sans doute me laisser tenter
j’avais lu un roman qui m’avait touché A l’immortelle bien-aimée – Virginie Reisz c’est un roman touchant et tendre
anne7500 a dit:
Je note le titre de ce roman ! Il y a aussi le deuxième roman d’un auteur belge, Stéphane maladrin,sorti à la rentrée, je crois : Je suis le fils de Beethoven.
aifelle a dit:
Ce n’est pas un peu trop spécialisé justement pour qui ne connaît pas trop la technique musicale ?
anne7500 a dit:
Parfois j’ai lu un peu en diagonale, j’avoue 😉
keisha41 a dit:
Sans doute existe-t-il une approche plus aisée? Pauvre Beethoven, c’était son année…
anne7500 a dit:
Dans pas si longtemps que ça, en 2027, on fêtera les 200 ans de sa mort, on se rattrapera 😉
Geneviève a dit:
Malgré son côté plus « technique » ce doit être très intéressant comme biographie, surtout si on connaît bien la musique. En tout cas bien différent!
anne7500 a dit:
Cette approche m’a surprise. J’ai quelque part dans la pile un livre de la même collection sur Maurice Ravel, je verrai si c’est dans la même optique (quand je prendrai le temps de faire une place à ce livre, bien sûr…) 😉
A_girl_from_earth a dit:
Ouh ça m’a l’air un peu trop pointu pour moi. Bon, on aura raté une année de festivités autour de Beethoven…
anne7500 a dit:
Comme je disais à Keisha, on se rattrapera pour les 200 ans de sa mort en 2027 😉
coupsdecoeurgeraldine a dit:
Alors pas pour moi, qui ne suis ni fan ni connaisseuse de la musique classique. Mais pour ma mère oui, donc je note !
anne7500 a dit:
Je l’ai directement prêté à ma mère aussi 😉