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http://www.memory-press.be/index.php/site/gestouvrages/afficherouvgrande?id=96Présentation de l’éditeur :

L’écrivain Jean-Charles BEAUJEAN nous offre ici un roman extrêmement original : lequel parmi nous, dans sa vie sur-bookée, ne rêverait de disposer, une fois, d’un moment suspendu dans le temps où il pourrait respirer, se lâcher, laisser là ses soucis, ce qui constitue l’ordinaire de sa vie, pour vivre pleinement ses désirs secrets les plus enfouis, les plus intimes, les plus répréhensibles ?  Julie Berger, l’héroïne, va disposer de ce temps : elle a été condamnée à un an de prison ferme pour malversations financières et elle prend la décision de vivre pleinement tous ses rêves, ses phantasmes, ses désirs les plus interdits, en les consignant dans un « carnet de griffonnage » et en les vivant dans son imaginaire, dans le silence insupportable mais pourtant indispensable de sa cellule, dans « le vacarme de son silence ». Bercée par la musique de ses  compositeurs préférés, elle vit pleinement des émotions, les crée, les développe jusqu’à l’extrême, se fabrique une vie, des relations, des passions. L’esprit l’habite entièrement, lui fait vivre très intensément passions et tumultes, l’enveloppe de sa présence totale, absolue, envoûtante… Comment émergera-t-elle de cette altérité permanente, en contradiction  totale avec la grisaille, l’uniformité  et le silence destructeurs des douze mètres carrés de sa cellule ?  M. Beaujean offre au lecteur un texte tout en force, en lucidité, en sensualité, avec des nuances fines et subtiles, au parfum de citronnelle…

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J’ai fait exprès de reproduire en entier la présentation proposée par l’éditeur, pour que vous puissiez vous faire une idée du livre et avoir un point de vue « positif » (vous me direz, l’éditeur ne va pas se tirer une balle dans le pied…) Parce que pour ma part, je n’ai pas du tout aimé ce livre, et je vais tenter d’expliquer pourquoi, sans fard (je ne me sens même pas capable de faire de l’humour pour cela…) Et pour être tout à fait honnête, il est possible que je paraisse injuste, inexacte parce que j’ai sauté des pages, survolé bien des passages pour arriver plus vite à la fin. J’ai quand même fait l’effort d’aller au bout parce que c’est un premier roman sélectionné pour le jury du Prix Première.

D’abord ce début, cette situation initiale m’a semblé complètement artificielle : une femme condamnée à un an de prison pour « escroquerie en col blanc » (dont on ne connaîtra jamais le fin mot), qui se rend sagement en taxi à la prison « Saint Jean de Lou » (mais où l’auteur a-t-il été chercher ce nom ridicule ? si quelqu’un a la référence, je le remercie de m’éclairer) et qui est donc toute contente de profiter de cette « année sabbatique » pour réfléchir, méditer, changer, … etc. C’est vrai qu’on en rêve tous, d’une année de prison, non ? On pourrait penser au début de Millénium, où le héros se retire puisqu’il est interdit d’écrire pendant un an, mais la comparaison s’arrête là…

Ce qui m’a énormément gênée, agacée, irritée, dès le début, c’est que la narratrice passe sans cesse du présent au passé simple et au plus-que-parfait, elle (ou l’auteur) change sans cesse de système narratif. Et cela dure tout au long du livre. En tant que prof de français, je traque ce genre d’erreur dans les exercices d’écriture que rédigent mes élèves, j’essaye de leur apprendre à ne pas commettre ce genre d’erreur. Il n’y a personne dans cette maison d’édition pour faire remarquer ces fautes (grossières) à un écrivain ?

Ensuite, nous assistons à tous les fantasmes, les délires, les rêves que Julie Berger couche dans son carnet (inépuisable, apparemment, les pages s’ajoutent toutes seules, au vu du nombre qu’elle remplit). Mais on ne sait pas tout de suite que ces aventures sont le fruit de son imagination (ou de son cerveau malade) : son auteur lui fait donc vivre les événements les plus variés, rien ne lui (ou plutôt ne nous) est épargné. Amours homosexuelles, fantasmes auto-érotiques, jalousie et piquage du petit ami de la copine, personnalité dominatrice, amitié illimitée avec l’aumônier de la prison, mythomanie… le tout saupoudré de grands élans « poétiques » sur les musiques de Mahler, Schönberg ou Chopin… Résultat : je n’ai pas cessé de me dire « manquait plus que ça », « oh la pauvre, il lui arrive encore ça, en plus ! », « pas de bol, décidément… » Autant de réactions d’ennui, d’exaspération, et un procédé d’écriture qui rend cette héroïne antipathique au possible. En tout cas pour moi, je continue de le préciser.

Enfin, l’auteur n’a pas bien terminé ce premier roman, ou plutôt il m’a semblé incapable de choisir une fin : le dernier chapitre – abracadabra ! – fait intervenir un autre point de vue, celui d’un enquêteur qui nous fait comprendre jusqu’où sont allés les délires de Julie Berger (on n’avait même pas deviné ce qu’elle avait fait, la vilaine). Mais un épilogue remet en selle la narratrice qui nous fait comprendre : non, non, ami lecteur, je suis toujours là, ça ne s’est pas passé comme tu crois… Ah bon. Elle était censée être morte, mais elle veut sans doute toujours tout dominer, la demoiselle, au point de manipuler son créateur, on dirait…

« J’en avais assez de ces platitudes » écrit Julie page 65. Moi aussi. Je crois que tout ce que l’auteur a voulu exprimer dans ce premier roman n’a eu aucun effet sur moi. Ou alors l’inverse de celui désiré.

Bref, un roman fourre-tout, cousu de fil blanc… pour lequel je ne voterai certainement pas ! Comme il y a un meurtre, une héroïne en prison et un commissaire de police, je l’inscris au challenge Thrillers et polars, et c’est un premier roman belge.

Jean-Charles BEAUJEAN, Le vacarme du silence, Memory Press, 2012

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