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Présentation de l’éditeur :
L’écrivain Jean-Charles BEAUJEAN nous offre ici un roman extrêmement original : lequel parmi nous, dans sa vie sur-bookée, ne rêverait de disposer, une fois, d’un moment suspendu dans le temps où il pourrait respirer, se lâcher, laisser là ses soucis, ce qui constitue l’ordinaire de sa vie, pour vivre pleinement ses désirs secrets les plus enfouis, les plus intimes, les plus répréhensibles ? Julie Berger, l’héroïne, va disposer de ce temps : elle a été condamnée à un an de prison ferme pour malversations financières et elle prend la décision de vivre pleinement tous ses rêves, ses phantasmes, ses désirs les plus interdits, en les consignant dans un « carnet de griffonnage » et en les vivant dans son imaginaire, dans le silence insupportable mais pourtant indispensable de sa cellule, dans « le vacarme de son silence ». Bercée par la musique de ses compositeurs préférés, elle vit pleinement des émotions, les crée, les développe jusqu’à l’extrême, se fabrique une vie, des relations, des passions. L’esprit l’habite entièrement, lui fait vivre très intensément passions et tumultes, l’enveloppe de sa présence totale, absolue, envoûtante… Comment émergera-t-elle de cette altérité permanente, en contradiction totale avec la grisaille, l’uniformité et le silence destructeurs des douze mètres carrés de sa cellule ? M. Beaujean offre au lecteur un texte tout en force, en lucidité, en sensualité, avec des nuances fines et subtiles, au parfum de citronnelle…
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J’ai fait exprès de reproduire en entier la présentation proposée par l’éditeur, pour que vous puissiez vous faire une idée du livre et avoir un point de vue « positif » (vous me direz, l’éditeur ne va pas se tirer une balle dans le pied…) Parce que pour ma part, je n’ai pas du tout aimé ce livre, et je vais tenter d’expliquer pourquoi, sans fard (je ne me sens même pas capable de faire de l’humour pour cela…) Et pour être tout à fait honnête, il est possible que je paraisse injuste, inexacte parce que j’ai sauté des pages, survolé bien des passages pour arriver plus vite à la fin. J’ai quand même fait l’effort d’aller au bout parce que c’est un premier roman sélectionné pour le jury du Prix Première.
D’abord ce début, cette situation initiale m’a semblé complètement artificielle : une femme condamnée à un an de prison pour « escroquerie en col blanc » (dont on ne connaîtra jamais le fin mot), qui se rend sagement en taxi à la prison « Saint Jean de Lou » (mais où l’auteur a-t-il été chercher ce nom ridicule ? si quelqu’un a la référence, je le remercie de m’éclairer) et qui est donc toute contente de profiter de cette « année sabbatique » pour réfléchir, méditer, changer, … etc. C’est vrai qu’on en rêve tous, d’une année de prison, non ? On pourrait penser au début de Millénium, où le héros se retire puisqu’il est interdit d’écrire pendant un an, mais la comparaison s’arrête là…
Ce qui m’a énormément gênée, agacée, irritée, dès le début, c’est que la narratrice passe sans cesse du présent au passé simple et au plus-que-parfait, elle (ou l’auteur) change sans cesse de système narratif. Et cela dure tout au long du livre. En tant que prof de français, je traque ce genre d’erreur dans les exercices d’écriture que rédigent mes élèves, j’essaye de leur apprendre à ne pas commettre ce genre d’erreur. Il n’y a personne dans cette maison d’édition pour faire remarquer ces fautes (grossières) à un écrivain ?
Ensuite, nous assistons à tous les fantasmes, les délires, les rêves que Julie Berger couche dans son carnet (inépuisable, apparemment, les pages s’ajoutent toutes seules, au vu du nombre qu’elle remplit). Mais on ne sait pas tout de suite que ces aventures sont le fruit de son imagination (ou de son cerveau malade) : son auteur lui fait donc vivre les événements les plus variés, rien ne lui (ou plutôt ne nous) est épargné. Amours homosexuelles, fantasmes auto-érotiques, jalousie et piquage du petit ami de la copine, personnalité dominatrice, amitié illimitée avec l’aumônier de la prison, mythomanie… le tout saupoudré de grands élans « poétiques » sur les musiques de Mahler, Schönberg ou Chopin… Résultat : je n’ai pas cessé de me dire « manquait plus que ça », « oh la pauvre, il lui arrive encore ça, en plus ! », « pas de bol, décidément… » Autant de réactions d’ennui, d’exaspération, et un procédé d’écriture qui rend cette héroïne antipathique au possible. En tout cas pour moi, je continue de le préciser.
Enfin, l’auteur n’a pas bien terminé ce premier roman, ou plutôt il m’a semblé incapable de choisir une fin : le dernier chapitre – abracadabra ! – fait intervenir un autre point de vue, celui d’un enquêteur qui nous fait comprendre jusqu’où sont allés les délires de Julie Berger (on n’avait même pas deviné ce qu’elle avait fait, la vilaine). Mais un épilogue remet en selle la narratrice qui nous fait comprendre : non, non, ami lecteur, je suis toujours là, ça ne s’est pas passé comme tu crois… Ah bon. Elle était censée être morte, mais elle veut sans doute toujours tout dominer, la demoiselle, au point de manipuler son créateur, on dirait…
« J’en avais assez de ces platitudes » écrit Julie page 65. Moi aussi. Je crois que tout ce que l’auteur a voulu exprimer dans ce premier roman n’a eu aucun effet sur moi. Ou alors l’inverse de celui désiré.
Bref, un roman fourre-tout, cousu de fil blanc… pour lequel je ne voterai certainement pas ! Comme il y a un meurtre, une héroïne en prison et un commissaire de police, je l’inscris au challenge Thrillers et polars, et c’est un premier roman belge.
Jean-Charles BEAUJEAN, Le vacarme du silence, Memory Press, 2012
Asphodèle a dit:
Ha mais je ne sais pas quelle prison de luxe a imaginé l’auteure car déjà le silence en prison (à moins ‘être un fou dangereux à l’isolement), n’existe pas !!! Elle aurait dû choisir un monastère (Saint Jean de Machin donne le ton), là on peut parler de silence (demande aux moinillons tiens^^) !Tous les reportages que j’ai vus sur le milieu carcéral ou autres témoignages lus mettent en exergue le vacarme qui y règne et ce n’est sûrement pas celui du silence !!! Rien que de lire la quatrième, j’étais horripilée ! 🙄 En tous les cas ça sonne toc et cheap !!!
anne7500 a dit:
Je ne pensais m^me pas à cet aspect de la prison !! Aspho, tu es une femme qui a les pieds sur terre et ça fait du bien ! Les moines… mouais… il ne fait plus très tranquille du côté où Michèle Martin s’est réfugiée (mais je m’égare, ce n’est pas la même chose que dans le bouquin, ni qu’avec mes moines à moi.)
Gwenaëlle a dit:
Il y a visiblement plusieurs problèmes dans ce livre : pas assez de travail sur le manuscrit, pas de construction claire et solide, aucun effet de réel et aucune relecture de la part de l’éditeur… En plus, le postulat de départ : « chouette, je suis emprisonnée, je vais pouvoir m’éclater et vivre tous mes fantasmes dans ma tête » laisse au mieux dubitatif au pire consterné. Comme le souligne Aspho, la prison, pour le silence, on repassera. Et la fin qui se mord la queue, ça c’est le pompon! Tu as eu bien du mérite d’aller au bout. Et de donner ton avis sans fard (on n’a pas toujours envie de faire de l’humour et parfois, même, c’est déconseillé… )
anne7500 a dit:
Consternant, c’est le mot ! Je ne sais si cet article sera lu en haut lieu… je prépare ma carapace !
Nadège a dit:
Je n’ai pas lu ce livre et ne le lirai certainement pas. La couverture et le titre ne m’inspirent déjà pas des masses, mais après ton billet, il est clair que je ferai l’impasse. Comme vous, j’ai du mal à croire que qqn saute de joie à l’idée de se retrouver en prison et il y a quand même bien d’autres manières pour « disposer, une fois, d’un moment suspendu dans le temps où il pourrait respirer, se lâcher, laisser là ses soucis, ce qui constitue l’ordinaire de sa vie, pour vivre pleinement ses désirs secrets les plus enfouis, les plus intimes, les plus répréhensibles ? » Moi, par exemple, je me sens tout à fait dans ce genre de moment depuis quelques semaines 😉 (bon, je ne réalise pas de désirs secrets répréhensible, mais je n’en ai pas vraiment envie, non plus :p)
anne7500 a dit:
Je ne le conseille pas, rassure-toi ou alors à ceux qui souffrent des mêmes troubles mentaux que cette Julie. Et tu n’en fais pas partie 😉
Sharon a dit:
Le calme et le silence en prison – mais bien sûr ! L’auteur a de l’imagination…
Je ne pense pas que j’aurai eu le courage d’aller jusqu’au bout de ce livre.
anne7500 a dit:
De l’imagination… mal employée, à la rigueur, je suis d’accord.
Littér'auteurs a dit:
Un meurtre, une héroïne en prison, un commissaire de police… Wou là là! Quand, comme tu le laisses à penser, on ne sait pas trop quoi faire de ces ingrédients, plutôt banals quand même, on n’a plus qu’une seule chance : celle de se trouver un éditeur qui marchera dans la combine. Ça, c’est fait. Pour ce qui est du succès, c’est pas dans la poche, à t’en croire !
PS – Iris est arrivée chez moi (hi hi 😉 pourrait croire à un message secret).
anne7500 a dit:
Pardon, Martine, je ne me souviens plus d’Iris !! (oui, c’est bien un message codé !) C’est dans quel bouquin, encore, de quoi t’ai-je parlé récemment… ?
anne7500 a dit:
Ca y est, je me souviens, c’est Anna de Sandre !!
Littér'auteurs a dit:
Chez Anna de Sandre, c’est par là (http://biffureschroniquesads.wordpress.com/)
La page FB d’Iris, c’est par ici : https://www.facebook.com/IrisEtLescalier?fref=ts
Mon billet, c’est dans ce coin : http://litterauteurs.canalblog.com/archives/2012/12/04/25743151.html
anne7500 a dit:
Le billet sur le livre, je l’ai lu. Je ne suis pas sur Facebook (et ne veux pas y être, à chaque fois que j’hésite, la balance penche toujours vers le non…) Je viens lire ton billet !
kathel2 a dit:
He bien, voilà au moins un livre qui ne me tente absolument ! mais quelle idée, aussi ! L’originalité à tout prix, ce n’est pas forcément ce qui fait un bon roman.
anne7500 a dit:
A se demander ce que fait la police ! 😉
Chaplum (@chaplum) a dit:
Quand j’ai lu le résumé, je me suis faite la même réflexion : mais bien sûr, tout le monde rêve d’une année sabbatique en prison ! Allez hop, je passe joyeusement !
anne7500 a dit:
On ne peut même pas « justifier » que c’est du surréalisme à la Belge !
Philisine Cave a dit:
Merci, merci, merci : ma LAL te remercie !
anne7500 a dit:
Ca fait du bien de temps en temps, hein…
alexmotamots a dit:
Mais tu tires à boulet rouge. Ceci dit, au vue de tes arguments, je comprends….
anne7500 a dit:
Oui, c’est rare, mais après tout, pourquoi ne pas oser dire qu’un livre n’est pas bon ?
jerome a dit:
Bon, ça c’est dit. Au moins ta franchise t’honore^^
anne7500 a dit:
Merci 😉
keisha a dit:
Finalement, l’envie de lire pour des prix me quitte de plus en plus. Au moins je peux abandonner sans pondre un billet ou même aller jusqu’au bout. Dommage, dommage…
anne7500 a dit:
Je suis motivée aussi par la bonne ambiance du jury, ce serait dommage de ne pas pouvoir argumenter ! Je me demande ce qu’en auront pensé les autres…
liliba2 a dit:
La quête de la tranquillité en prison, on aura tout vu ! Mais bon, j’aurais pu me laisser tenter par la présentation, juste pour voir, car une introspection peut être intéressante quand elle est bien menée, mais là… Impossible de passer sur la concordance des temps, je lui fais la guerre moi aussi (bien que pas prof !) et ce que tu dis des délires de la miss n’est pas vraiment attirant. Un livre pour fourrer tous ses fantasmes sans que ça en ait l’air ?
Bon, en tout cas, un grand merci de ma LAL, ravie, ravie, surtout qu’elle a plein d’idées précises pour Noël qui arrive 😉
anne7500 a dit:
Un livre pour soigner ses propres névroses, ça existe sûrement ! 😉 Je te souhaite déjà un joyeux Noël plein de bonnes surprises !
liliba2 a dit:
Merci ! A toi aussi !
liliba2 a dit:
Par contre, j’aime assez le titre… (mais oui, ça irait mieux chez des moines, bien que ça ne soit pas l’endroit idéal pour penser à ses fantasmes !!!)
anne7500 a dit:
Tant que ça ne dérange pas le voisin… :))
liliba2 a dit:
mais non… concentré dans sa prière ! 😉
anne7500 a dit:
😉
argali2 a dit:
Pour avoir rendu visite à un ami en préventive (erreur judiciaire mais 3 semaines quand même !!) je peux te dire que la promiscuité empêche toute solitude et même l’évasion dans sa tête ! Pour l’avoir vu souffrir d’une situation désespérante alors qu’il clamait son innocence, je n’aurais aucune envie de lire un récit qui banaliserait le milieu carcéral ou s’en servirait comme d’un décor exotique.
Que dire alors de ces fantasmes 😦
Syl. a dit:
En lisant sur ma messagerie ce titre de roman, j’ai trouvé beau le titre et j’ai mis de côté ton billet pour le lire au calme (ces jours-ci sont à la vitesse lumière).
Alors tu vois ma déception maintenant !!!
Je ne note pas !
anne7500 a dit:
Ta PAL me remercie quand même, j’espère 😉
Maxime a dit:
Le Vacarme du silence…
Puis le silence consterné du lecteur…
Maxime
anne7500 a dit:
Pour le coup, je ne me suis pas tue, je trouverais dommage de ne pas parler des « mauvaises » lectures que l’on fait ! A samedi, je suis impatiente de connaître vos avis à tous…
somaja a dit:
Au moins on sait ce qu’il ne faut pas mettre sur sa liste au Père Noël ! 😉 C’est assez rare que je ne sois pas tentée en passant par ici.
anne7500 a dit:
Pars les jambes à ton cou, ça n’en vaut pas la peine cette fois 😉