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Quatrième de couverture :
Deux enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes après le suicide de leur père. La Loi paternelle disparue, les jumeaux se lancent à la découverte du monde. Mais cette liberté nouvelle est aussi une épreuve, pas toujours facile à négocier : le réel côtoie l’imaginaire, et le monde « civilisé » se comporte de bien étrange manière…
Un conte métaphysique teinté d’inventions langagières, à la fois grandiose et drôlatique.
Le Québécois Gaétan Soucy a étudié la physique, la littérature et la philosophie avant de se lancer dans l’écriture. La Petite Fille qui aimait trop les allumettes a été finaliste du prix Renaudot en 1999.
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Roman étrange et fascinant, roman à tiroirs, conte violemment grotesque, empreint de multiples références sous lesquelles coule une essence psychanalytique, fable emblématique du désir d’indépendance du Québec, comme l’explique la présentation de Pierre Lepape, c’est sans doute tout cela qu’est La petite fille qui aimait trop les allumettes, et bien plus encore.
On pénètre d’abord dans une maison qui se délite et on affronte la mort du père avec deux enfants, deux adolescents plutôt, complètement perdus maintenant que le père n’est plus là pour dicter sa loi. L’un d’eux, « le secrétarien » écrit l’histoire nouvelle qui commence alors. Petit à petit, on découvre ébahi les conditions dans lesquelles ils vivent, l’abandon affectif, la solitude, la violence, l’absence de parole… mais aussi la réalité de la mort du père, le goût des mots que le narrateur a découvert grâce à ce qu’il appelle ses « dictionnaires », des romans de chevalerie, l’Ethique de Spinoza, des contes de fées, les Mémoires de Saint-Simon. Autant de sources qui lui donnent quelques clés, bien étranges et incomplètes, pour découvrir le monde « de l’autre côté de la pinède » (car il faut bien trouver une « boîte à trou » pour enterrer le père) et aller à la rencontre des « semblables » qui y vivent.
Des sources qui façonnent aussi la langue de ce narrateur, la langue de Gaëtan Soucy donc, qui m’a un peu fait penser au début à Si tu passes la rivière de Geneviève Damas. Mais la comparaison s’arrête là, parce que ce roman n’évolue pas vers quelque chose de lumineux, au contraire. Mais de découverte en découverte, de surprise en surprise, on goûte à l’inventivité, à la richesse de réflexion, à l’intelligence de l’auteur qui glisse dans ce roman mille et un symboles que chacun pourra lire et interpréter selon ses propres références. Il y a du Barbe bleue et sa chambre secrète, du Blanche-Neige et son cercueil de verre, du Shakespeare, pour ne citer que quelques exemples. Je l’avoue, je n’ai pas toujours tout compris, mais j’ai apprécié le fond psychanalytique de ce conte de fées à l’envers, qui tisse les questions de l’identité, de la relation à l’autorité, la relation aux autres, l’invention de la liberté entre autres. Il est aussi question d’une religion très prégnante, prescriptrice et dont il est bien difficile de se libérer. Quant à la lecture de Pierre Lepape à propos de l’indépendance du Québec, je n’ai pas assez de clés historiques pour la saisir entièrement, les copines du Québec qui veulent bien m’expliquer ou m’indiquer une source d’explications sont les bienvenues !
Je sens que ce roman mérite une relecture, qu’il ne se donne pas à connaître en une seule fois. Il est vraiment très original et ses inventions langagières, au coeur d’un drame terrible et poétique à la fois, ne sont pas le moindre de ses charmes !
Gaëtan SOUCY, La petite fille qui aimait trop les allumettes, Editions Boréal, 1998 et Points, 2014
Un roman que j’inscris chez Karine pour Québec-au-trésor.
Je publie ce livre aujourd’hui, à l’heure de l’ouverture au public de la Foire du livre de Bruxelles, où le Québec est le pays à l’honneur !
Cette lecture commune avec Marilyne annonce aussi une semaine partagée et consacrée au Québec, du 2 au 8 mars.
Un bon souvenir de lecture et c’est vrai que je revenais souvent sur les passages pour comprendre et visualiser les scènes.
Un univers tout à fait original !
Il y a des livres aussi intelligents que leur auteur et c’est rassurant. Remarque c’est rarement l’inverse, quoi que …
Ca dépend si l’auteur est plusieurs dans sa tête… 😉
Un des grands livres de ma vie de lectrice, de ces perles rares qu’on ne croise que trop rarement.
Je le comprends !
Je t’en dirai des nouvelles, quand e l’aurai lu. Marilyne a déjà aiguisé mon envie et tu en rajoutes…
J’ai vu ça chez Marilyne et… j’ai souri ! J’espère bien que tu nous diras ce que tu en penses !
Grand moment de lecture pour moi aussi, fasciné par le récit, par la langue, totalement dépassée par ce qui s’écrivait, sans pour autant être perdue, mais au contraire absolument fascinée ! Fantastique découverte.
Ca ne m’étonne pas, toi qui aimes tant les contes ! A la semaine prochaine, je suis curieuse !
Bon, ben, fascinée ^-^
Eh bien voilà une nouvelle inscrite à ce challenge québécois ^-^
Chouette alors ! Si tu veux proposer un titre déjà la semaine prochaine, fais-moi signe !
Désolée je parlais de celui de Karine. Je n’aurais pas le temps d’en lire pour ta semaine thématique malheureusement 😦
J’avais compris, d’ailleurs j’ai vu ton comm chez Karine. Pas de souci, tu sais ! 😉
Superbe billet d’aune lecture captivante et bouleversante à la fois. Une plume magnifique.
Grand souvenir de lecture pour moi ; ça m’avait complètement retournée cette histoire.
Décidément plein de gens l’ont lu et c’est bien ! Sa sortie en Points lui a donné de la visibilité en France.
C’est malin, je crois qu’il me le faut maintenant !
Ah mince à cette heure-ci il n’y a que le casse en librairie qui peut te sauver, mais est-ce bien raisonnable !!
Je l’ai lu et j’ai beaucoup aimé, mais comme toi, je crois qu’il mériterait une relecture. Par exemple, j’ai beau être Québécoise mais je n’ai pas du tout remarqué les points sur l’indépendance…
J’aimerais bien trouver un bouquin qui m’explique cette histoire du Québec (ou un bon roman qui m’apprend des choses ?)
Oh mon dieu, tu ne demandes pas ça à la bonne personne haha! Je lis peu de romans québécois, le seul livre que je pourrais te conseiller est L’homme rapaillé de Gaston Miron qui est un recueil de poésie assez nationaliste par bout. L’histoire du Québec en tant que telle, je l’ai appris dans les manuels d’histoire perso :p
J’ai trouvé « La constellation du lynx » de Louis Hamelin, je connaissais de nom et voilà, je l’ai sus la main pour découvrir et connaître…
Tant mieux alors, bonne lecture!:)
J’avais pensé à La Constellation du lynx en réponse à ta question, mais comme je ne l’ai pas encore lu je n’osais pas te le suggérer!
En fait je connaissais ce titre de nom, j’ai même entendu Louis Hamelin en parler lors du Festival America 2012, mais à l’époque le pavé me faisait un peu peur…
Moi aussi j’ai vu certains points communs avec le roman de G. Damas. Par contre cette histoire de fable sur l’indépendance du Québec m’a complètement échappé; du coup il faudrait bien que j’aille lire cette préface (je ne les lis que très rarement d’habitude). Mais peut-être n’est-elle que dans l’édition française, je n’ai pas d’exemplaire sous la main pour vérifier…
En effet, c’est dans l’édition Points que j’ai lu ça. C’est un roman vraiment original en tout cas !
Tu as réussi à m’intriguer au plus haut point !
Héhé ! Et Marilyne t’aura ferrée 😉
Une vraie découverte comme je les aime. Ton duo avec Marilyne est très convaincant 😉
Et ce n’est que le début… 😉
J’en garde le souvenir d’une lecture étrange. D’un univers à part.
Une vraie claque que ce roman ! Il m’a hantée pendant des années. J’ai aussi eu la chance de voir une adaptation théâtrale qui m’avait donné des frissons. C’est le genre de roman que j’hésiterais à relire de peur de ne pas éprouver à nouveau autant d’émotions de tout genre.
Je l’avoue, je ne suis pas sûre que cela me hantera longtemps… 😉
C’est pas grave, va ! 😉 Bon dimanche.
Je n’avais pas vu cette chronique excellente, on ne me dit jamais rien. La lecture de ‘La petite fille’ a été pour moi un grand événement, et chez moi dans ma chronique.
Eh oui, il y a plusieurs amateurs de la bonne littérature du Québec ! 😉